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Jeudi 19 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Ouissem Barbouchi (Président Fondateur, Obafrica AM)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique, le thème ce soir, c'est celui des marchés boursiers africains.
00:16Nous en parlons régulièrement, aussi régulièrement que possible avec Wissem Barbouchi qui est à mes côtés, le président fondateur d'Aube Africa.
00:23Bonsoir Wissem, on essaie de se voir quand même quelques fois dans l'année pour faire un point avec vous sur ces marchés boursiers africains.
00:31Petit bilan, c'est quoi la photo finale 2024 pour les grands marchés africains sur lesquels vous investissez Wissem ?
00:38Oui, alors il reste quelques semaines à la photo finish.
00:41Disons que l'année 2024 a été une année globalement bonne pour le continent africain, pour les pays africains de manière générale.
00:47Sur le plan économique, 3,6% de croissance avec toujours pas mal de disparités, des pays à plus de 6% comme Côte d'Ivoire, Sénégal
00:55et puis des pays avec des croissances un peu moins élevées comme l'Afrique du Sud qui tournent autour de 20%.
01:00Sur le plan politique, une année riche, il y a eu une année où on a eu 15 élections, il devait y en avoir 17 au départ,
01:06deux ont été reportées a priori l'année prochaine, le Mali et le Sud-Soudan.
01:10Toutes les élections se sont globalement bien passées, il n'y a pas eu d'heure particulière.
01:15Les dernières sont celles du Ghana et de la Namibie, on a même une présidente qui a été récemment élue en Namibie, tout s'est bien passé.
01:22Et puis sur le plan boursier, une bonne année, toutes les entreprises africaines sont dans le vert en 2024 en divise locale
01:29et en euros on a, à part l'Egypte et le Nigeria, toutes les autres bourses qui sont aussi dans le vert.
01:36C'est intéressant, la petite parenthèse sur les élections, parce que c'était l'année des élections partout dans le monde,
01:41c'est 60% du monde qui a été appelé aux urnes, je parle en termes de PIB, 40% de la population mondiale.
01:51C'est intéressant, tout s'est bien passé sur les 15 élections qui ont eu lieu en Afrique,
01:55est-ce que ça veut dire quelque part que la perception du risque politique est en train de changer ?
02:01On a toujours vu le continent africain comme étant évidemment une source de risque politique importante pays par pays,
02:08c'est une vision qui appartient peut-être un peu au passé aujourd'hui ?
02:12Le risque politique existe, mais il existe désormais partout, j'ai envie de dire d'une certaine manière.
02:16Il existe, il existe toujours et j'avais eu l'occasion d'évoquer ce point-là quand j'étais venu la dernière fois pour parler notamment du Gabon.
02:23Ce qui se passe, c'est qu'il y ait une élection démocratique, qu'il y ait un coup d'Etat,
02:28quelle que soit la situation dans laquelle le pays va se trouver, ce qu'on a vu ces dernières années en Afrique,
02:33c'est que les entreprises continuent de travailler et sur le plan économique, il n'y a jamais eu de rupture.
02:40On avait vu ces dix dernières années quelques ruptures sur certains pays, je pense notamment au Kenya,
02:45il y a une petite dizaine d'années, ou à la Côte d'Ivoire aussi, où post-élection les gens allaient manifester
02:51parce qu'ils avaient stoppé de manière temporaire l'économie.
02:55Ce qu'on voit ces dernières années, c'est que disons qu'il y ait élection ou pas élection...
02:59Le risque politique se traduit plus forcément par un risque économique fort.
03:03Exactement.
03:04Très intéressant.
03:05Quelles sont les grandes visions que vous avez pour 2025 sur le plan macro-économique, sur le plan boursier également ?
03:14D'ailleurs, sur le plan boursier, il faut peut-être redonner un peu l'idée des performances de cette année 2024.
03:20Sur le plan économique, c'est toujours un continent qui va tirer la croissance mondiale.
03:24On attend 4,2% de croissance pour le continent africain contre environ 3% pour l'économie mondiale.
03:30En 2023, sur les 20 plus fortes croissances dans le monde, on avait 9 pays africains qui étaient dans ce classement.
03:36Je pense qu'on ne sera pas loin a priori aussi en 2024.
03:39Sur le plan politique, beaucoup moins d'élections.
03:42On a une seule élection qui est attendue en fin d'année en Côte d'Ivoire, qui là aussi devrait a priori bien se passer.
03:47Sur le plan boursier, c'est difficile de se projeter et de dire ce que vont faire les marchés boursiers africains.
03:53En revanche, ce que je peux dire, c'est que les valorisations des marchés boursiers africains restent très attractives.
03:58Quand on voit la bourse saisonnale des valeurs mobilières avec notamment la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou encore des marchés comme l'Égypte
04:05à moins de 10 fois les résultats, on se dit qu'on a encore de la place pour voir les bourses africaines performer comme elles l'ont fait cette année et l'année dernière.
04:15C'est des marchés qui sont animés aujourd'hui. Nous, on se désole de voir l'attrition de nos cotes boursières en Europe et en Europe au sens large.
04:26J'inclue le Royaume-Uni, etc. On termine tous l'année avec beaucoup plus de sorties boursières que d'entrées.
04:32Est-ce que les marchés africains offrent une animation, une dynamique un peu différente de ce point de vue-là ?
04:39Oui, alors il y a deux éléments. Le premier élément, il est d'ordre structurel, c'est-à-dire que les marchés africains commencent à se structurer.
04:44On voit beaucoup de marchés qui commencent à avoir des fonds de pension, des institutions, des assureurs.
04:51Donc des cornerstones, des investisseurs un peu longs qui sont capables de tenir des positions sur le long terme.
04:57Exactement, et qu'on voit vraiment apparaître. Le Maroc est un très bel exemple. On a vu ces 20 dernières années le Maroc devenir un pays mature sur le plan boursier,
05:04sur le plan institutionnel en tout cas de la part des investisseurs. Ça, c'est le premier élément.
05:08Le deuxième élément, c'est que là encore une fois, on voit des bourses africaines qui sont de plus en plus matures.
05:15Et cette maturité, on la voit aussi à travers des IPO qui sont de plus en plus importantes.
05:18Alors récemment, le gouvernement égyptien a annoncé 10 IPO prévus pour 2025, des entreprises d'État qui vont rentrer en bourse.
05:26On a vu récemment une IPO au Maroc d'une société agricole qui s'appelle CMGP qui a été sursouscrite 40 fois quand même.
05:32Et on en attend encore deux autres l'année prochaine, Dyslog dans la logistique et Nutricrops qui est une filiale de l'OCP.
05:38Et donc tous ces éléments-là, l'offre à travers des IPO qui sont de plus en plus importantes, la demande à travers des marchés locaux qui deviennent de plus en plus matures
05:48font qu'il y a une structuration des marchés boursiers africains qui devient de plus en plus intéressante.
05:52Ce qui manque peut-être un peu, c'est l'intérêt de la part des investisseurs étrangers.
05:55Et c'est vrai que quand on voit ce qui s'est passé ces dernières années avec la Chine, avec les États-Unis aussi, l'Europe, avec les multiples valorisations qu'on peut observer,
06:03peut-être aussi parfois le manque de croissance des entreprises, on se dit que le sens de l'histoire c'est qu'à un moment donné,
06:08ce continent qui va quand même représenter un quart de la population mondiale en 2050 et qui va environ avoir 500 millions d'habitants
06:15qui seront considérés comme étant des habitants de la classe moyenne, finira bien par susciter d'intérêt.
06:20On verra si les investisseurs effectivement osent regarder un petit peu au-delà du seul marché américain ou européen.
06:27En tout cas, l'Afrique a toujours été un enjeu géostratégique.
06:31Ces dernières années, la Chine bien sûr, la Russie, beaucoup moins l'Europe, beaucoup moins la France, Wissam.
06:40Dans le cadre d'une administration américaine gouvernée par Trump,
06:44est-ce que les États-Unis trouveraient ou retrouveraient un intérêt particulier sur ces marchés africains sur le plan stratégique, j'entends ?
06:53Sur le premier mandat de Donald Trump, il y a eu très peu d'intérêt de la part de ce président pour le continent africain.
07:01C'est un des rares présidents à ne s'être jamais déplacé en Afrique pendant son mandat.
07:05Joe Biden était en Afrique du Sud, si je ne dis pas de bêtise, il n'y a pas très longtemps.
07:09Ce qui peut se passer, c'est qu'on voit depuis quelques années un intérêt croissant des Russes et des Chinois pour le continent africain.
07:21Ce continent-là peut aussi être un enjeu géopolitique pour l'administration américaine.
07:26C'est un continent qui représente un tiers des ressources naturelles dans le monde.
07:34C'est un continent qui peut aussi intéresser Trump de par la population afro-américaine, qui a été une base d'électeurs assez importante dans le cadre de son gros mandat.
07:44Il y a aussi un point important, il y a un accord qui avait été voté en 2000 sous Clinton, qui s'appelle l'AGOA, l'African Opportunity Agreement Act.
07:54C'est un accord de libre-échange qui permettait à 32 pays africains d'exporter plus de 6 000 produits aux États-Unis.
08:00Cet accord-là expire en 2025. Il faudra voir ce que l'administration Trump va faire de cet accord-là.
08:06J'espère qu'il sera prolongé, parce que c'est un accord qui est important pour les 32 pays qui sont concernés.
08:13Dans tous les cas, le sens de l'histoire aussi, c'est que les pays africains soient en mesure d'élargir la base de leurs exportations,
08:23d'être peut-être aussi un peu moins dépendants des États-Unis, parce que c'est vrai que beaucoup d'économies africaines sont dépendantes du dollar.
08:30Beaucoup d'économies africaines sont dépendantes du dollar d'une part, parce que les importations et les exportations sont en dollar,
08:36mais aussi parce qu'une partie de la dette extérieure de ces pays-là est libérée en dollar.
08:39Le sens de l'histoire aussi, c'est qu'à un moment donné, il y ait peut-être un peu plus de Chine, un peu plus de Russie,
08:44et aussi un peu d'Amérique dans les relations extérieures des pays africains.
08:48Qu'est-ce qu'on peut dire de la stratégie que vous gérez ? Le fonds, c'est le African Picking Fund, c'est ça ?
08:54Chez ObAfrica Asset Management, Ouissem. Ça fait deux belles années consécutives, j'ai l'impression.
09:02Oui, c'est un fonds qui a fêté ses 10 ans en novembre. Il a été lancé en novembre 2014. Il a fêté ses 10 ans en novembre 2024.
09:10Il fait partie des rares fonds pur Afrique, parce qu'il y en a plus beaucoup.
09:14Quand j'ai lancé ce fonds-là en 2014, on était une dizaine. Aujourd'hui, on doit être deux ou trois.
09:19Et puis, c'est un fonds qui est distribué sur la plupart des plateformes d'assurance vie en France.
09:22Donc, c'est possible pour les CGP et autres de s'inscrire sur ce fonds.
09:27La performance en 2023 était bonne. Oui, il a fini l'année à plus 37 %. La performance en 2024 est relativement...
09:32C'est annonce bonne. Oui, on est à plus 13 % à la fin vendredi dernier.
09:38Et c'est vrai que comme en 2023, le fonds a souffert en début d'année de la dévalorisation de la livre égyptienne,
09:42et comme en 2023, les performances opérationnelles des entreprises égyptiennes ont plus que compensé cette dévaluation,
09:47donc on a observé un rattrapage qui a eu lieu tout au long de l'année.
09:50C'est un fonds qui reste un fonds small mid-cap Afrique. C'est un fonds qui reste investi essentiellement dans le secteur de la consommation,
09:55puisque c'est dans ce secteur-là qu'on croit le plus et qu'on pense bénéficier de cette émergence de la classe moyenne.
10:02Et c'est un fonds qui reste au focus sur les valorisations. C'est un fonds qui, aujourd'hui, affiche un multiple de PE de 13 fois,
10:07avec, sur certains marchés, des multiples qui sont inférieures à Asie et d'autres qui sont proches.
10:12Hyper concentré. C'est-à-dire qu'avec un univers d'investissement comme l'Afrique, vous avez 24 positions, 24 sociétés en portefeuille aujourd'hui ?
10:21Oui, c'est un fonds. Il y a environ un marché de 2000 sociétés investissables aujourd'hui.
10:25C'est vrai que le parti pris a été pris depuis 3 ans de concentrer le portefeuille pour être tout proche des entreprises,
10:30pour aussi avoir des convictions plus fortes, et encore une fois d'aller sur ces sociétés qui doivent bénéficier de l'émergence de cette classe moyenne.
10:36Parlez-nous d'une boîte qui fait partie de vos fortes convictions et qu'on a envie de découvrir, parce qu'on ne les connaît pas forcément beaucoup, les entreprises qui opèrent en Afrique.
10:45Je peux vous parler peut-être d'une société dont je n'ai pas parlé ici par le passé, qui s'appelle Labelle Vie, qui est une société dans le secteur de la distribution alimentaire.
10:51Donc c'est Labelle, plus loin Vie. Ce n'est pas La-Belle-Vie. C'est Labelle comme un label.
10:55Exactement. La-B-E-L, plus loin Vie.
10:57C'est un fonds chez Zecafour, qui est une entreprise marocaine, qui a aujourd'hui un peu plus de 200 magasins.
11:04Le Maroc, c'est un pays où la distribution moderne est encore sous-pénétrée. On est entre 10 et 15 % de pénétration pour la distribution moderne.
11:12Le réseau des épiciers reste le réseau majeur de la distribution alimentaire.
11:16Mais le sens de l'histoire, c'est que la distribution moderne prenne un peu plus de parts de marché, et Labelle Vie joue un rôle clé là-dedans.
11:22C'est une entreprise qui a présenté cette année un plan stratégique, un Capital Market Day.
11:26C'est un élément important, puisque dans la communication des entreprises africaines, le fait d'organiser des journées d'investisseurs, c'est quelque chose de relativement nouveau.
11:33Ils ont annoncé un plan pour 2028, où l'objectif est de doubler le chiffre d'affaires à 28 milliards de dirhams,
11:37de garder une marge d'Ebitda à 9,3 % et de quadrupler le nombre de magasins.
11:41C'est une entreprise qui est dans le portefeuille depuis quelques temps, que je connais depuis plusieurs années et que je suis.
11:47La stratégie face aux magasins de proximité locale, c'est quoi ?
11:53C'est d'attaquer ce réseau de magasins de proximité locale avec des magasins du même style ?
11:59Ou c'est le grand hypermarché Carrefour qu'on a connu ?
12:03Il y a des hypermarchés, mais c'est marginal dans leur surface.
12:07C'est plutôt du petit de la petite enseigne ?
12:09Le sens de l'histoire, c'est le local et la proximité.
12:11C'est des petits formats. Ils ont des petits formats Carrefour, Carrefour Marquette,
12:17qui ont vocation à susciter l'intérêt des consommateurs marocains,
12:22et surtout d'aller aussi dans des villes qui sont parfois des villes où la distribution moderne est quasi inexistante.
12:27C'est un peu la stratégie de ce groupe.
12:29C'est un groupe qui affiche des multiples diversifications plus très intéressantes.
12:32On est à 17-18 fois les résultats dans un marché marocain qui est autour de 22 fois aujourd'hui.
12:36Merci beaucoup Wissem, merci de venir nous parler de ces marchés boursiers africains
12:40que vous connaissez particulièrement bien depuis 10 ans notamment,
12:43avec cet anniversaire, cette année anniversaire pour le African Picking Fund que vous gérez.
12:48Vous êtes le président fondateur d'Aube Africa Asset Management.
12:51Wissem Barbouchi qui est avec nous, l'invité de ce cadreur thématique de SmartBank.

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