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Jeudi 19 septembre 2024, SMART TECH reçoit Jean-Louis Missika (ancien-vice président, IIiad) , Maya Noël (directrice générale, France Digitale) , Alain Staron (président cofondateur, Artifeel) et Marie-Christine Levet (Fondatrice, Educapital)

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00:00Bonjour à tous, on est ensemble pour 28 minutes dans Smartech. C'est la journée du grand débrief de l'actu.
00:14Je vous présente mes commentateurs et les sujets tout de suite après.
00:17Mais je peux déjà vous révéler qu'on a un invité spécial aujourd'hui, Jean-Louis Missika,
00:21qui a eu la chance de s'entretenir avec Xavier Niel et qui a donc abouti à cet ouvrage dont on va évidemment parler.
00:28Ce ne sera pas le seul sujet non plus du jour. Allez, c'est parti pour le grand débrief.
00:35Cette semaine, pour parler de ce qui agite la tech, j'ai convoqué la fondatrice du plus grand fonds d'investissement européen
00:42dédié à la révolution de l'éducation. C'est comme ça qu'on peut présenter du Capital.
00:45C'est bien présenté, merci Dachline.
00:47Bienvenue. Et puis le disrupteur opérationnel Alain Staron qui le prouve tous les jours avec sa start-up Artifi.
00:55Bonjour Dachline.
00:56Et évidemment, je vous l'ai dit en introduction dans ce sommaire, Jean-Louis Missika à qui l'entrepreneur Xavier Niel s'est confié
01:02dans un livre d'entretien, d'entretien même de conversation entre amis.
01:07Une sacrée envie de foutre le bordel, c'est le titre du livre, apparaît le 25 septembre chez Flammarion.
01:13Bienvenue Jean-Louis également.
01:15Merci.
01:16On va confronter nos points de vue tous ensemble sur l'événement qui rassemble la tech chaque année.
01:22Ça s'est tenu hier 18 septembre à Paris, le France Digital Day.
01:26On aura à ce sujet Maya Noël connectée avec nous qui était à la manœuvre, directrice générale de France Digital.
01:33On parlera donc bien évidemment, vous vous en doutez, de Xavier Niel en tête d'affiche à la fois avec son livre
01:39mais aussi avec ce one man show à l'Olympia hier soir.
01:46Et puis troisième sujet, on va falloir quand même qu'on aille vite, qu'on se dépêche pour parler de l'éviction surprise de Thierry Breton.
01:52Pas un mince sujet non plus.
01:54Alors on commence avec Maya Noël qu'on a vue à l'instant.
01:57Bonjour Maya.
01:58Bonjour.
01:59Comment s'est passé ce France Digital Day hier ?
02:01Parce que l'ambiance, j'avais peur qu'elle soit un petit peu morose quand même avec la situation économique,
02:06record de faillite dans les start-up tech, cette incertitude politique.
02:11Comment ça s'est passé ?
02:14C'est vrai que la situation un peu morose et le France Digital Day, c'est un événement qui donne le la de la rentrée,
02:19donc un peu le tempo de ce qui va se passer pour la suite.
02:21Ce qu'on a vu, c'est qu'il y avait un record d'affluence.
02:23Je pense que les personnes qui sont venues avaient besoin un peu de savoir ce qui se passait,
02:27de comprendre un peu ce qui se passait autour d'elles, mais avaient surtout terriblement envie de se retrouver.
02:31Plus de 4000 décideurs étaient présents hier, plus de 30% d'investisseurs et d'entrepreneurs venus des quatre coins de l'Europe.
02:38Et surtout, on a eu différents intervenants qui ont quelque part un peu redonné espoir
02:43et qui nous ont fait comprendre pourquoi on faisait ce beau métier que d'entrepreneur.
02:47Vous avez interviewé Thomas Joly, le directeur artistique des Jeux Olympiques.
02:51Qu'est-ce que vous avez appris de lui ? Pourquoi cette interview ?
02:54Pourquoi cette interview ? Parce que qu'est-ce que le métier d'entrepreneur ?
02:58Qu'est-ce qu'une start-up si ce n'est une envie de changer un peu les codes, de casser les codes et de voir grand ?
03:04Et c'est un peu ce qu'a fait Thomas Joly lors de ses cérémonies d'ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques,
03:09aussi les cérémonies de clôture.
03:10Ce sont des choses hors-nombre qui n'avaient jamais été faites avant.
03:12Donc, on l'a interrogé sur qu'est-ce qui pousse et quel est le vertige qu'on ressent quand on fait ça
03:16et comment on coordonne une équipe.
03:18Ce n'est ni plus ni moins qu'un projet entrepreneurial.
03:21Et aussi, on avait envie d'avoir un gros boost d'optimisme parce que quelque part, comme vous le disiez,
03:26effectivement, la période peut être un peu morose.
03:28Quoique les chiffres montrent que les start-ups se portent quand même plutôt bien et sont assez résilientes.
03:32Mais on avait envie de continuer de s'influencer sur cet optimisme-là
03:35et de jamais voir s'arrêter ces Jeux Olympiques qui, aujourd'hui, laissent un héritage, je pense, hyper positif pour la France.
03:41Alors, vous avez aussi dévoilé la nouvelle liste des 251 grandes entreprises technologiques européennes
03:46qui réussissent à l'échelle mondiale.
03:48C'est ça qui est intéressant.
03:50Comment se positionne la France dans ce classement, dans cette cartographie ?
03:54Alors, c'est une liste qui n'a pas vocation à être totalement exhaustive.
03:57La chance qu'on a en France par rapport aux autres pays d'Europe, c'est qu'on a beaucoup de start-ups
04:00parce qu'on les connaît très bien.
04:02Contrairement à l'Allemagne, par exemple, elle donne leurs chiffres d'affaires.
04:05Donc, on en a aujourd'hui plus que les autres pays d'Europe.
04:08On se porte plutôt bien, mais ça, on le savait déjà.
04:09On fait quand même partie des places les plus attractives en Europe en matière de financement
04:12et on a des très, très belles start-ups qui émergent.
04:14Donc, voilà, la France se porte bien.
04:16Mais ce qui est très intéressant, c'est que même si on a des très belles start-ups en France,
04:20si vous allez dans d'autres pays d'Europe, si vous allez en Espagne, si vous allez aux Pays-Bas,
04:24si vous allez en Suède, elles ne sont pas forcément très connues.
04:27Et c'est ça qu'on veut montrer avec ce listing.
04:29On a aujourd'hui de très beaux potentiels en Europe,
04:31mais qui, au final, gardent un déficit de notoriété,
04:34notamment face à la concurrence étrangère, la concurrence américaine.
04:37Et c'est important de les mettre en avant pour à la fois les mettre en lumière auprès d'investisseurs,
04:42auprès de clients potentiels, et de comprendre en fait quels sont leurs besoins pour continuer à grandir.
04:47Parce que quand on interroge même les politiques,
04:49on s'aperçoit qu'ils ne connaissent pas très bien l'écosystème national.
04:54Ça, c'est assez troublant.
04:55Marie-Christine, vous y étiez hier au France Digital Day ?
04:58J'y étais, donc c'est vraiment l'événement de la rentrée où il y a tout le monde.
05:01Ça remonte le moral ?
05:02C'est sympa, c'est dans un lieu superbe.
05:04C'est au Musée des Arts Forins en plein soleil, donc c'est très agréable.
05:07Après, j'ai trouvé qu'il y avait une bonne ambiance.
05:09Il y avait beaucoup d'investisseurs, étonnamment.
05:11J'ai trouvé qu'il y avait vraiment beaucoup d'investisseurs.
05:13Et j'aurais pensé qu'il y aurait pu avoir plus de startups.
05:15Et surtout, je pense qu'il n'y a pas assez de grands gros.
05:19On a quand même un énorme sujet en France, où ce monde de la tech,
05:22qui est quand même un monde important maintenant,
05:23on a 15 000 startups, on a 1,3 million d'emplois.
05:26Ils ne communiquent pas assez avec le monde des grands groupes.
05:29Et c'est un peu le sujet de nos startups.
05:30Nos startups ne se vendent pas assez dans des grands groupes.
05:33Et il n'y a pas assez de cercle vicieux, de cercle vertueux.
05:36On appelle ça le cercle vicieux, ce cercle vertueux qui existe aux US.
05:40Je regrette juste qu'on n'a pas assez de coopérations.
05:43Des grands groupes, donc pas forcément de la tech, vous voulez dire.
05:45Oui, des grands groupes qui pourraient racheter de l'innovation.
05:47C'est quand même ça le but des startups.
05:50On s'est introduit en bourse, mais les fenêtres des IPO sont quand même un peu fermées.
05:54Donc c'est plutôt à un moment donné de se vendre et de créer ce cercle vertueux,
05:58de réinvestir dans d'autres sociétés, etc.
06:00Merci Maya Noël d'avoir été connectée avec nous.
06:03Cette idée que l'entrepreneur, c'est quelqu'un qui a envie de changer le monde,
06:08ça on l'entend beaucoup de la part de Xavier Niel.
06:11Oui, bien sûr, absolument.
06:13Je pense que c'est peut-être la personne
06:16qui symbolise le mieux l'entrepreneuriat en France aujourd'hui.
06:19Et c'est pour ça d'ailleurs qu'il remplit l'Olympia
06:23et qu'il est suivi par des centaines de milliers de gens sur Twitter ou sur X.
06:30Oui, il y a une grosse communauté.
06:32Sur la politique, est-ce que vous l'interrogez dans le livre ?
06:35On passe à notre deuxième sujet.
06:36Allez, ça y est, on y va.
06:37Une sacrée envie de foutre le bordel.
06:39Donc ça, c'est le titre du livre d'entretien du fondateur du groupe
06:42qu'il y a de maison-mère de fris, inventeur de la première box Internet.
06:46C'est le gars qui a cassé tous les prix dans les télécoms
06:50et aussi les codes dans ce secteur.
06:53Et puis qui a embarqué cette communauté de fans, de fris notes,
06:56qui n'en finit pas de grossir, j'ai l'impression,
06:59puisque hier, Xavier Niel a même fait le show à l'Olympia, hier soir.
07:04Visiblement, c'était absolument réussi, c'était une fête.
07:09On ne sait pas trop à quoi s'attendre.
07:11Jean-Louis, je ne sais pas si c'était prévu comme un coup de com' autour du livre
07:16ou une blague entre potes qui, finalement, s'est réalisée.
07:19Je crois que c'est un peu des deux.
07:21C'est-à-dire que l'éditrice, Sophie de Closet, a dit
07:25qu'on pourrait lancer le livre dans un lieu un peu mythique comme l'Olympia.
07:31Xavier n'aime pas faire les choses comme tout le monde,
07:35donc l'idée d'être assis sur un fauteuil et interviewé par un journaliste
07:38ne lui plaisait pas tellement.
07:40Du coup, c'est comme ça que s'est devenu cette espèce de show un peu potache,
07:46délirant et en même temps très amusant.
07:49Les gens étaient vraiment...
07:51Personne, je pense, n'est venu là en espérant avoir la leçon pour devenir milliardaire,
07:57mais beaucoup étaient venus là pour s'amuser.
07:59Je crois qu'ils n'ont pas été déçus.
08:01Il n'y a pas eu beaucoup de vrais tips pour comment devenir milliardaire.
08:04Il y en a eu quelques-uns.
08:06D'abord, il a dit que c'était par l'entrepreneuriat.
08:09Ce n'est quand même pas rien.
08:11Il a dit qu'il y a deux manières d'être milliardaire.
08:13Soit on est fils de milliardaire, soit on crée une entreprise.
08:18Soit on crée une entreprise.
08:19Sur la politique, parce que vous le titillez dans le livre,
08:22ça ne vous tente pas une présidence de la République ?
08:26Pourquoi pas, après tout ?
08:28Il dit quand même que pourquoi pas maire de Paris ?
08:30Une ville qu'il adore, mais un doux rêve sur lequel il ne parie pas beaucoup.
08:35Mais il dit que ce ne sont pas les politiques qui changent vos vies,
08:37les politiques mettent des règles.
08:39Et mon œuvre, c'est de savoir contourner ces règles.
08:43Vous êtes d'accord avec ça, Alain, entrepreneur ?
08:48On essaie plutôt, dans ce qui nous concerne, d'être en avance sur les règles.
08:52On va chercher les régulateurs là où ils ne savaient pas qu'on pouvait être.
08:57Il y a très longtemps, Jean-Luc s'en souvient,
09:00j'ai fait de la pub pour les alcools à la télévision.
09:03C'était rigoureusement interdit.
09:05Je l'ai fait d'une manière qui ne pouvait pas l'interdire.
09:08Vous êtes un voyou également, Alain, c'est ça ?
09:11Oui, pas vraiment, un petit peu, mais c'est pas ça.
09:14On veut faire avancer le monde.
09:16Les politiques ne regardent que le rétroviseur.
09:18Ils régulent sur ce qui s'est passé.
09:20Ils n'ont pas les critères pour regarder devant.
09:22C'est les entrepreneurs qui regardent devant.
09:24Un entrepreneur qui regarde devant, il crée un monde
09:27pour lequel le régulateur ou la politique n'a aucun code.
09:30Ça doit devenir compliqué parce qu'en termes de réglementation,
09:33ça commence à être garni dans le domaine du numérique.
09:36L'innovation, par définition, c'est une rupture.
09:41Par rapport à l'ensemble des règles qui gouvernent un secteur,
09:49que ce soit le secteur des taxis, par exemple,
09:53si on prend le cas de Uber,
09:56ou que ce soit le secteur de l'hôtellerie,
09:58si on prend le cas de Airbnb,
10:00vous vous rendez bien compte que ces boîtes,
10:02ce qu'elles ont fait, elles ont contourné,
10:04ou en tout cas, elles ont joué avec un système de régulation
10:07qui n'avait pas pris en compte leur existence.
10:10Et dans le bouquin,
10:13Xavier raconte qu'au moment où le piratage a commencé,
10:17le piratage informatique a commencé,
10:19il y avait zéro régulation.
10:21Et vous savez comment la justice a essayé de lutter contre le piratage ?
10:29Ils ont accusé les pirates de vol d'électricité
10:32parce qu'ils se branchaient sur le système de l'entreprise
10:35et donc ils volaient de l'électricité.
10:37Et donc vous avez des jeunes gamins de 16-17 ans
10:40qui se sont retrouvés devant des flics et des juges
10:44parce qu'ils avaient volé de l'électricité,
10:46tout simplement parce que le délit de piratage n'existait pas.
10:49Et donc il a fallu ensuite construire toute une réglementation,
10:52toute une architecture juridique,
10:55qui fait que maintenant vous avez le cybercrime
10:58et la lutte contre la cybercriminalité.
11:01Je voulais en savoir un petit peu plus sur la manière dont vous avez fonctionné,
11:04parce que c'est vraiment très réussi au niveau du ton conversationnel,
11:08on a l'impression d'entendre Xavier Niel parler quand on lit le livre,
11:12donc ça se lit très facilement,
11:14il ne faut pas avoir peur des gros mots,
11:17c'est du langage du quotidien,
11:19c'est vraiment très réussi.
11:21Je sais que c'est vous qui l'avez convaincu
11:23et je vais vous le raconter dans la préface,
11:25il vous dit, pose tes questions et on verra bien.
11:27On verra ce que ça donne, c'est typique de Xavier Niel.
11:30Comment vous avez procédé ?
11:32Vous avez eu des entretiens très réguliers, à heure fixe ?
11:34Oui, bien sûr, j'ai réussi à bloquer sur son agenda
11:39pas mal d'heures d'entretien,
11:41il y a plus d'une quinzaine d'heures d'entretien,
11:44et on était tous les deux face à face,
11:47j'avais mon téléphone qui était posé sur la table,
11:50et j'enregistrais nos conversations.
11:53Il faut savoir qu'on se connaît depuis très longtemps,
11:57Xavier et moi, j'ai été vice-président d'Iliadfri,
12:00et que ce type de conversation,
12:02on les avait avant de façon informelle,
12:05et en réalité, ce qu'on a fait,
12:07c'est qu'on a essayé de formaliser un peu
12:09ces discussions que nous avions
12:11de façon plus informelle auparavant.
12:14Quand vous dites formaliser, ce n'est pas formel,
12:16du tout comme forme.
12:18On est passé de la parole au texte,
12:21et surtout, on a enregistré.
12:23Ça m'a amusé, parce qu'il y a même un passage
12:26où vous le challengez, ce récit,
12:28Marine Le Pen arrivait au pouvoir,
12:30il vous dit que ce serait une super nouvelle pour le monde,
12:33et vous écrivez dans le livre Le Monde, en Italie,
12:36on comprend bien qu'on parle du journal Le Monde,
12:38mais quand même, vous écrivez,
12:40mais tu veux dire Le Monde, le journal,
12:42c'est-à-dire que vous jouez vraiment la retranscription.
12:44Oui, absolument, c'est ce que je dis dans l'introduction,
12:48Xavier Niel, c'est un style, c'est un ton,
12:51c'est une gouaille, c'est beaucoup de gros mots.
12:54Bon, alors, est-ce que vous gardez les gros mots,
12:56est-ce que vous ne les gardez pas ?
12:57On a gardé les gros mots.
12:58Donc, on a du con et du bordel,
13:00y compris dans le titre d'ailleurs,
13:02assez souvent dans ce...
13:04Mais c'est sa manière à lui de fonctionner,
13:07de garder ses racines avec la ville de Créteil
13:10où il a vécu pendant si longtemps.
13:12Et pourquoi vous dites que Xavier Niel est rassurant ?
13:15Je le trouve rassurant.
13:17Je dis qu'il est rassurant en comparaison
13:20avec un certain Elon Musk.
13:22C'est vrai.
13:23On est nombreux dans mon cas.
13:25Je pense que je ne suis pas le seul à penser ça.
13:27Mais je dis oui, effectivement,
13:30que Xavier, non seulement a gardé les pieds sur terre,
13:33mais il a gardé le contact avec le monde réel,
13:35il a gardé le contact avec les gens ordinaires.
13:37Et d'ailleurs, ça s'est vu hier.
13:39Et il le travaille même.
13:40Il le travaille, absolument.
13:41Il fait en sorte de s'entourer de jeunes,
13:43de rester en paix avec ce qui se passe.
13:45Et à l'école 42, il y va régulièrement
13:47discuter le coup avec les jeunes qui étudient là-bas.
13:50Il a les catacombes.
13:52Les catacombes, ce n'est pas seulement un hobby,
13:55je dirais, individuel.
13:57Il y a une communauté des catacombes.
14:00Et les gens qui visitent les catacombes,
14:02ils ne sont pas milliardaires.
14:04C'est pour lui une manière, justement,
14:06de garder le contact.
14:08Et d'ailleurs, vous avez vu ce qu'il dit sur Musk
14:10dans le bouquin.
14:11C'est violent.
14:13Ce qui m'interroge,
14:15il s'avère que je suis en train de lire un livre
14:17sur le mythe de l'entrepreneur
14:19qui prend comme exemple la mythologie
14:21autour de Steve Jobs.
14:23Est-ce que là, il y avait aussi, peut-être,
14:25une recherche de la part de Xavier Niel,
14:27d'une certaine postérité et le choix même ?
14:30Vous dites que vous êtes amis d'une vingtaine d'années.
14:33Vous avez effectivement travaillé
14:35de manière rapprochée avec lui chez Iliad.
14:37Mais vous êtes aussi l'auteur
14:39d'ouvrages, d'entretiens
14:41avec des personnalités illustres.
14:43Raymond Aron.
14:45Le cardinal de Stigé.
14:47Est-ce qu'il a eu cette recherche aussi,
14:49à un moment, de se dire finalement
14:51que c'est peut-être un objet pour la postérité ?
14:53Est-ce que vous avez senti ça ?
14:54Vous savez, la postérité des livres,
14:56on ne sait pas ce qu'elle est au moment où on le sort.
14:58Le spectateur engagé, le livre que j'ai fait
15:00avec Raymond Aron, je crois qu'on doit être
15:02à la 20e édition.
15:03On a sorti une nouvelle édition de l'année dernière.
15:05Il est traduit dans une cinquantaine de langues.
15:08Donc oui, effectivement,
15:10quand on fait un ouvrage comme celui-là,
15:12c'est certainement pas comme une soirée à l'Olympia.
15:15C'est quelque chose qui laisse une trace.
15:17On dit verba volens, scripta manens.
15:19Les écrits restent.
15:21Et je pense qu'il y a aussi
15:23beaucoup de choses fausses qui se sont dites
15:25sur Xavier.
15:27Sur son séjour en prison,
15:29sur ce qu'il fait, sur ce qu'il vit, etc.
15:31Et pour lui, c'était aussi une manière
15:33de rétablir un peu les choses
15:35et de dire sa vérité.
15:37C'est pas la vérité, mais c'est ça.
15:40Je voudrais insister aussi sur un point
15:42qui me paraît important.
15:43C'est que dans ce livre, on ne parle pas
15:45que de sa vie et de son parcours.
15:47On aborde des sujets comme
15:49l'impact des réseaux sociaux sur la démocratie,
15:51les risques de l'intelligence artificielle,
15:53les désillusions du numérique.
15:55Et là-dessus, il a des idées
15:57vraiment intéressantes,
15:59assez originales, parfois un peu
16:01provocatrices.
16:03Vous parlez d'un bon sens geek.
16:05Oui, exactement.
16:07Ce n'est pas un bon sens paysan,
16:09c'est un bon sens geek.
16:11C'est une autre forme de bon sens.
16:13Et je pense que les gens
16:15qui liront ce livre pourront aussi
16:17comprendre un certain nombre d'enjeux.
16:19Par exemple, le rôle de l'éducation.
16:21Pour faire la transition
16:23avec Marie-Christine.
16:25Mais le rôle de l'éducation dans laquelle
16:27il montre que l'éducation nationale
16:29et les systèmes éducatifs
16:31en général n'ont pas pris en compte
16:33la révolution de la connaissance que représente
16:35l'internet et sont complètement dépassés.
16:37Du coup, les enfants ne sont pas éduqués
16:39correctement aujourd'hui à cause de cette
16:41non prise en compte de la révolution numérique
16:43et du fait que vous avez maintenant
16:45un accès à des milliards d'informations,
16:47à des milliards de connaissances
16:49sur le web.
16:51Une des principales choses que vous devez faire,
16:53c'est essayer d'apprendre à s'en servir.
16:55Absolument.
16:57C'est un discours, je pense,
16:59qui fait du bien.
17:01Marie-Christine, à entendre,
17:03on entend beaucoup de choses sur
17:05les smartphones, c'est terminé,
17:07la guerre aux écrans, tout ça.
17:09En fait, le fond du sujet, c'est ce qu'on fait
17:11avec ce numérique, comment on l'apprivoise.
17:13J'ai bien aimé aussi cette idée
17:15que les plus beaux moments, c'est quand il est au bureau.
17:17Entreprendre, c'est aussi être un amoureux
17:19de son travail.
17:21Il dit que pour lui, travailler, c'est jouer.
17:23C'est la même chose.
17:25C'est même plus marrant
17:27que le loisir des catacombes.
17:29C'est là où il s'éclate.
17:31Il s'éclate.
17:33Peut-être que vous voulez une réaction
17:35avant qu'on passe au sujet.
17:37C'est un sujet très libre
17:39et très impertinent.
17:41C'est vraiment un esprit libre.
17:43Je l'ai bien connu aussi
17:45puisque j'ai été à la fois concurrente
17:47de lui il y a longtemps.
17:49C'est vrai qu'on a vu
17:51arriver la Freebox
17:53qui faisait l'Internet, le téléphone
17:55et la télé, mais c'était vraiment une disruption
17:57énorme dans ce secteur
17:59des télécoms.
18:01C'est vrai que tout ce qu'il a entrepris...
18:03C'est un scoop que j'ai sorti d'ailleurs.
18:05On profite pour le rappeler.
18:07En 2002, dans SVM.
18:09Je trouve qu'il a cassé les codes.
18:11Déjà, il casse les codes lui-même
18:13parce qu'il n'est pas ici du CIRA.
18:15C'est vrai qu'il a cassé les codes.
18:17Il a cassé les codes en créant
18:19le plus grand incubateur.
18:21Il a cassé les codes en créant l'école 42
18:23totalement gratuite.
18:25C'est bien d'avoir une vision
18:27positive de l'entreprenariat
18:29et des gens qui réussissent.
18:31C'est vrai qu'en France, on a tendance
18:33à avoir des gens qui réussissent
18:35et souvent dans une prison dorée.
18:37Là, on a quelqu'un d'accessible.
18:39Moi, il est intervenu devant
18:41tous les entrepreneurs
18:43de nos fonds. On vend plus de 40
18:45entrepreneurs vraiment en one-to-one.
18:47C'était une bouffée d'optimisme.
18:49C'est quelqu'un de très optimiste.
18:51Il voit toujours le bon côté des choses.
18:53Il voit toujours des solutions à tout problème.
18:55C'est quelqu'un de très optimiste
18:57et qui donne envie d'entreprendre.
18:59Alain,
19:01autre sujet important.
19:03J'ai envie de dire
19:05tableau blanc sur fond blanc.
19:07Lundi 16 septembre,
19:09Thierry Breton a publié cette image.
19:11Mon portrait dans la nouvelle commission.
19:13Il n'y avait pas d'image. Blanc sur blanc.
19:15Il ne siègera plus
19:17à la commission européenne.
19:19Dans la foulée, il a publié sa lettre
19:21de démission très amère.
19:23Il raconte
19:25que la présidente de la commission,
19:27Ursula von der Leyen,
19:29a demandé à la France de retirer son nom
19:31de la liste des candidats à la commission
19:33pour un portefeuille prétendument
19:35plus influent pour la France.
19:37Alors que le 25 juillet, il était entendu
19:39que ce serait Thierry Breton qui reviendrait.
19:41Emmanuel Macron l'avait même annoncé
19:43officialisé.
19:45Il évoque des tractations
19:47dans son dos.
19:49Il évoque des raisons personnelles
19:51qui n'ont pas été discutées avec Ursula von der Leyen.
19:53Alors là, je pense que ça n'a pas été discuté.
19:55Tout le monde voit à quoi on fait allusion.
19:57Il a quand même monté une fronde
19:59contre la présidence.
20:01Je voulais peut-être une réaction
20:03sur ce que ça veut dire aussi
20:05politiquement sur l'influence
20:07de la France au niveau de l'Europe.
20:09Jean-Yves Musiquet, vous êtes aussi un homme politique.
20:11Je pense que ça traduit
20:13quand même
20:15une certaine forme d'affaiblissement
20:17de la France dans le concert européen
20:19qui est directement lié d'abord
20:21à la crise politique que nous traversons
20:23aujourd'hui et au fait
20:25que l'Assemblée nationale n'a pas
20:27de majorité
20:29et qu'on voit mal comment à l'horizon
20:31pourrait se dessiner une majorité.
20:33Et puis aussi quand même
20:35la situation budgétaire du pays
20:37qui est de plus en plus critique
20:39et qui fait que la voix de la France
20:41dans le concert européen est quand même
20:43beaucoup plus faible,
20:45beaucoup moins entendue,
20:47parce qu'il y a eu un certain déplacement
20:49du pouvoir européen
20:51vers l'Est, vers les pays de l'Est,
20:53les pays qui sont à la frontière
20:55de la Russie à cause de la
20:57guerre en Ukraine. Il n'y a pas que la France
20:59qui est affaiblie. L'Allemagne aussi est affaiblie.
21:01Mais la France
21:03est plus affaiblie que l'Allemagne
21:05et on sait que
21:07Van der Leyden et Thierry Breton
21:09c'était comme l'eau et le feu.
21:11C'était une haine
21:13inexpiable.
21:15Et Van der Leyden, qui est une
21:17fine politique, à mon avis plus fine politique
21:19que Thierry Breton,
21:21a trouvé le moment,
21:23la bonne fenêtre d'opportunité
21:25pour réclamer son départ et être
21:27débarrassé d'un adversaire
21:29qui aurait
21:31quand même plombé pas mal
21:33son mandat à la tête de la présidence.
21:35Thierry Breton a apporté énormément les nouvelles
21:37réglementations autour du numérique.
21:39Est-ce que son départ, ce n'est pas une bonne nouvelle
21:41pour les entrepreneurs en se disant
21:43qu'on peut être plus relax
21:45dans la nouvelle commission ?
21:47Le Digital Market Act
21:49c'est quelque chose
21:51de fondamental pour les entrepreneurs
21:53puisque justement ça contraint
21:55les gatekeepers
21:57à faire attention
21:59et puis on arrête la verticalisation absolue
22:01ce qui fait qu'il n'y a plus la place pour les petits.
22:03Je trouve que Thierry Breton fait un excellent travail
22:05et ce n'est pas parce qu'il part que les textes sont abrogés.
22:07Restons là-dessus.
22:09Après, pour paraphraser Raymond Haron,
22:11on assiste à la rotation des élites.
22:13Il y avait 5 pays forts en Europe
22:15et ce n'est plus les mêmes maintenant.
22:17On va vers l'Est.
22:19Je crois aussi que
22:21juste un dernier mot
22:23parce que je ne veux pas prendre la parole pour Marie-Christine
22:25mais je crois aussi que
22:27quand même sur cette question
22:29de la réglementation
22:31il y a une vraie réflexion qu'il faut mener
22:33et notamment je pense que
22:35ce n'est pas tant
22:37le DSA
22:39ou le Digital Market Act
22:41qui posent problème
22:43que le document qui est sorti après
22:45sur l'encadrement de l'intelligence artificielle
22:47de la recherche intelligente.
22:49Ce document-là
22:51on a voulu le sortir le plus vite possible
22:53et peut-être que des fois
22:55il aurait mieux fallu réfléchir à deux fois
22:57parce que ça va inciter les startups
22:59à aller s'installer dans des pays
23:01où ils ne sont pas réglementés.
23:03Il y a une lettre ouverte qui sort
23:05aujourd'hui même d'ailleurs dans plusieurs quotidiens
23:07nationaux pour demander
23:09à repenser plus de compétitivité
23:11que réglementation sur l'IAC.
23:13Je voulais avoir la réaction parce qu'on n'a plus beaucoup de temps
23:15de Marie-Christine Levay.
23:17Est-ce que aussi ce départ de Thierry Breton
23:19ça vous inquiète par exemple pour des dossiers que vous pouviez porter
23:21auprès de lui
23:23au niveau européen ?
23:25Non, pas pour des dossiers européens mais je pense qu'il a quand même eu
23:27quelque chose dont il faut reconnaître
23:29le courage de s'affronter les gars-femmes
23:31et les grandes plateformes.
23:33Et ça c'est un courage dont on a vraiment besoin
23:35parce qu'il y a une place prépondérante
23:37qui est prise par ces gars-femmes
23:39et on a besoin d'un courage politique.
23:41Après là c'était une décision purement politique
23:43d'animosité énorme
23:45entre les deux et à la fin c'est quand même l'Allemagne
23:47qui gagne.
23:49Il faut lui reconnaître un courage énorme
23:51et il faut espérer quand même qu'on garde ce courage énorme
23:53parce qu'autrement il y a une mainmise
23:55de la tech énorme
23:57par les gars-femmes et les grandes plateformes
23:59sur tous les sujets. Il a eu le courage sur la modération
24:01il a eu le courage sur...
24:03Il faut garder ce courage européen.
24:05Effectivement, on voit ce courage
24:07à travers ne serait-ce que les postes
24:09d'Elon Musk qui ont été vraiment
24:11insultants.
24:13Le dernier est génial parce que Elon Musk lui souhaite
24:15bon voyage et il lui répond
24:17il reste des places pour Mars parce que moi je verrais bien
24:19quelques réglementations pour là-bas.
24:21Il garde son sens de l'humour
24:23tiré breton et puis il ne s'en laisse pas compter
24:25face à Elon Musk.
24:27Donc c'est un symbole aussi
24:29finalement de la force de l'Europe
24:31qui s'en va, c'est ça qu'on peut craindre.
24:33Moi c'est le gros danger.
24:35Si on avait quelqu'un qui a réussi à faire face
24:37qui a réussi à imposer des textes et qui part.
24:39Je trouve ça dommage.
24:41Quant au texte sur la réglementation
24:43de l'IA, je suis entièrement d'accord et on assiste
24:45à ce qu'on fait à la conversation.
24:47Il faut réglementer mais si on réglemente trop vite
24:49parce que la technologie va de plus en plus vite
24:51et bien ça finit par se prendre la queue et on finit par
24:53figer le système. C'est un vrai risque.
24:55C'est même ces journées qu'il récupère
24:57une partie seulement.
24:59Ce que je voulais dire c'est que
25:01c'est une Finlandaise
25:03qui récupère
25:05le dossier numérique.
25:07Elle récupère le dossier souveraineté numérique.
25:09Elle a l'air très compétente
25:11et donc il faut aussi lui laisser sa chance.
25:13Ce que je voulais préciser c'est que Stéphane
25:15ces journées lui récupère la place française
25:17on va dire.
25:19Mais son portefeuille sera
25:21complètement différent.
25:23Il sera plutôt sur les questions de stratégie
25:25marché intérieur, industriel.
25:27Merci beaucoup à tous les trois
25:29Marie-Christine Levet d'EDU Capital
25:31Jean-Louis Missika et Alain Staron
25:33d'Artifil de m'avoir accompagné pour ce débrief.
25:35On se retrouve très bientôt pour de nouvelles
25:37discussions sur la tech.