Députée européenne LFI, Manon Aubry était l’invité de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Manon Aubry, vous êtes l'invitée de la grande interview CNews Europe 1 ce matin, merci d'être là.
00:06Eurodéputée, la France insoumise, présidente de la gauche au Parlement.
00:10Comme tous les jours, il y a énormément d'actualités à commenter, on attend votre point de vue sur différents sujets.
00:16Mais là, on va parler bien sûr, commencer par le gouvernement, le nouveau gouvernement Barnier, le futur gouvernement Barnier.
00:22On en connaît les grands équilibres politiques déjà, il va y avoir 38 ministres dont 16 de plein exercice.
00:29Comment est-ce que vous jugez cette nouvelle équipe ?
00:31J'ai un peu le sentiment qu'on prend les mêmes et on recommence.
00:33Et le message qui est envoyé aux Français, c'est que le meilleur moyen de gouverner dans ce pays, c'est de perdre les élections.
00:40Vous avez un gouvernement de perdant qui, en réalité, ce n'est plus un gouvernement,
00:45c'est une forme de rétrécissement avec une extrême droitisation de la Macronie où...
00:50C'est-à-dire une extrême droite, il n'y a personne qui vient de l'extrême droite dans ce gouvernement ?
00:54Alors, ça ne vous a pas échappé que si ce gouvernement tient, je ne sais pas pour combien de temps, pour quelques semaines ou quelques mois,
01:00c'est uniquement avec le soutien de l'extrême droite et de Marine Le Pen qui a fait le choix,
01:05non pas d'une bienveillance, mais en réalité d'un soutien à ce gouvernement.
01:10Et puis, quand vous regardez dans les noms qui sont annoncés, il y a parmi les noms qui sont annoncés...
01:15Alors, elle ne le soutient pas, mais elle a dit qu'elle ne le censurerait pas.
01:18Alors, si Marine Le Pen a des désaccords politiques avec ce gouvernement, y compris qui n'est pas le reflet du résultat des élections,
01:26normalement, elle devrait le censurer.
01:28Mais on voit qu'une fois de plus, le Rassemblement national et l'extrême droite sont devenus la béquille de la Macronie
01:34qui ne doit sa survie que grâce à l'extrême droite.
01:37Et puis ensuite, si on regarde un petit peu dans le détail des noms qui sont annoncés...
01:42Moi, j'ai été frappée, par exemple, de voir le nom de Laurence Garnier circuler pour être ministre de la Famille.
01:48Laurence Garnier, c'est quelqu'un qui a voté contre la constitutionnalisation du droit à l'avortement.
01:54Laurence Garnier, elle a été manif pour tous, c'est-à-dire qu'elle a manifesté contre le mariage homosexuel.
02:01Laurence Garnier, par exemple, elle est contre les thérapies de conversion.
02:04Bref, c'est une personne homophobe que vous allez placer...
02:07Elle est contre le droit des femmes, que vous allez placer à la tête du ministère de la Famille.
02:12Mais ce n'est pas une provocation, pardon, mais c'est un crachat à l'ensemble des Françaises et des Français...
02:16Alors, elle n'est pas contre l'IVG, elle est contre le fait d'inscrire l'IVG dans la convoi.
02:21Contre la constitutionnalisation...
02:22Et sur le mariage pour tous, c'était il y a 11 ans.
02:24Oui, pardon, mais ça veut dire quelque chose.
02:26Et puis, moi, je crois aux convictions politiques.
02:30Peut-être que vous avez une bande d'arrivistes qui sont au gouvernement.
02:33Mais franchement, je vous le dis, je décolère pas.
02:36En fait, pourquoi on demande aux gens de voter si à la fin, on dit
02:39« mais j'en ai rien à faire de ce que vous votez et c'est moi qui décide tout seul avec mes copains ? »
02:44Ce n'est pas une cohabitation, on nous avait annoncé une cohabitation.
02:47Pardon, mais en réalité, c'est une forme de soumission à la Macronie qu'on nous propose.
02:51Aucune personnalité de gauche n'a voulu y aller.
02:53Mais aucune personnalité de gauche n'a voulu y aller pour appliquer un programme de droite.
02:57En fait, on a des valeurs, des convictions, des objectifs politiques.
03:01Vous m'auriez dit, et ça aurait été normal, pourquoi vous allez dans un gouvernement
03:05défendre, par exemple, de continuer à avoir une politique d'austérité budgétaire
03:11alors que vous défendez, par exemple, des moyens pour l'éducation et la santé ?
03:15Pourquoi vous allez dans un gouvernement qui n'abroge pas la réforme des retraites
03:17alors que vous avez défendu l'abrogation de la réforme des retraites ?
03:20Donc c'est normal, j'ai de la cohérence politique.
03:22Et franchement, je vais vous dire, tout ce petit jeu, il est assez pitoyable.
03:26Et ce qui m'inquiète, c'est que ça fait du mal à la politique.
03:28J'imagine les gens qui se réveillent ce matin et qui se disent
03:31« ouais, Laurent Wauquiez et tous les Républicains qui crachaient sur les Macronistes
03:34puis qui gouvernent avec eux, à la fin, les gens n'ont plus de colonne vertébrale politique. »
03:38Manon Aubry, Michel Barnier semble vouloir augmenter les impôts des plus aisés.
03:43Pas des classes moyennes, mais des plus aisés.
03:45Et également des entreprises qui font des gros profits.
03:48C'est à préciser, il faudra voir ce qu'il dira dans son discours de politique général.
03:53Vous pourriez le rejoindre sur tel projet ?
03:55Augmenter les impôts, c'est votre truc ou pas ?
03:59J'attendrai quand même de voir.
04:01Non mais oui, c'est votre truc ou pas d'augmenter les impôts ?
04:02Non, moi ce qui est mon truc, c'est davantage de justice fiscale.
04:05Faire en sorte que Bernard Arnault…
04:07Oui mais ça, ça ne veut rien dire.
04:08Si, c'est un peu plus précis qu'augmenter les impôts sans dire ceux desquels.
04:12Parce que la réalité, c'est que ce gouvernement, à mon avis,
04:15il n'écarte pas la possibilité d'augmenter des impôts injustes,
04:18comme la TVA, comme la CSG.
04:20Mais que la réalité, c'est qu'ils viennent dans une situation budgétaire
04:23et ils sont la continuité de Bruno Le Maire,
04:25le ministre de l'Économie et des Finances des missionnaires,
04:27qui a cramé la caisse.
04:29Il a cramé la caisse ces dernières années
04:31en faisant 50 milliards d'euros de cadeaux fiscaux
04:34aux plus riches et aux entreprises multinationales.
04:37Et vous voyez, il y a un sondage intéressant qui est sorti cette semaine
04:39qui démontre que 67% des Françaises et des Français
04:42sont en faveur du rétablissement de l'impôt sur la fortune.
04:45Alors, je pose la question ce matin à Michel Barnier.
04:47Prévoit-il de rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune,
04:50qui, je le rappelle, n'est pas payé par les Français qui nous écoutent,
04:53et payé par un tout petit pourcentage de gens extrêmement riches ?
04:56Voilà une des pistes,
04:57comme la taxation sur les superprofits des grandes entreprises.
05:00Voilà des moyens de ramener de l'argent dans les caisses de l'État.
05:02Donc, augmenter la fiscalité.
05:05Vous savez quel est le taux de prélèvement obligatoire en France ?
05:07Oui, il est à peu près de 50%.
05:0948% selon Eurostat.
05:10Vous savez qu'on est au maximum.
05:1241,7% en moyenne pour la zone euro.
05:15Et 34% pour les pays de l'OCDE.
05:17Et vous nous dites, on peut encore augmenter les impôts.
05:19Et vous savez de combien il est pour les 1% les plus riches,
05:22ce taux de prélèvement obligatoire ?
05:25Il est de 25%.
05:26Ça dépend de quoi on parle.
05:28C'est vous qui me parliez de prélèvement obligatoire, il faut le savoir.
05:31Là, c'est Eurostat, c'est les impôts, les cotisations, les taxes.
05:34Et vous pourriez aller jusqu'à combien ?
05:36Je vous prends les mêmes chiffres.
05:37Moi, je veux diminuer le taux de prélèvement obligatoire des plus pauvres
05:41et augmenter le taux de prélèvement obligatoire des 0,1%
05:45qui va jusqu'à même que 2% de taux de prélèvement obligatoire.
05:49Vous imaginez d'impôts pour ces personnalités les plus riches ?
05:53Et permettez-moi d'avoir un doute quand même sur la volonté de Michel Barnier.
05:56Vous faites là du symbolique.
05:59Non, ce n'est pas du symbolique, ça ramène de l'argent dans les caisses de l'État.
06:01Je vais vous donner un exemple.
06:02Très peu.
06:03Savez-vous combien a prévu de rapporter notre réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune ?
06:08Dites-nous.
06:0810 milliards d'euros.
06:09Savez-vous combien on prévoit de rapporter avec notre réforme de taxation des superprofits ?
06:1510 milliards d'euros.
06:16Ça commence à faire pas mal, non ?
06:17C'est 20 milliards d'euros déjà des 50 milliards d'euros
06:19qui ont été cramés par Bruno Le Maire chaque année.
06:22Donc oui, je veux dire aux gens qui nous écoutent,
06:24ce n'est pas à vous de payer la folie économique du gouvernement passé.
06:30C'est à ceux à qui on a multiplié les cadeaux fiscaux
06:33et vous voyez, si le Président de la République avait respecté le vote des Françaises et des Français,
06:37c'est un gouvernement du Nouveau Front Populaire qui serait à l'heure actuelle à la tâche
06:41et qui aurait rétabli davantage de justice fiscale pour que les petits payent petits
06:44et que les gros payent gros, comme le disaient à juste titre les gilets jaunes.
06:48À l'Assemblée nationale, la France Insoumise a déposé une motion de destitution d'Emmanuel Macron
06:54qui n'a en l'occurrence aucune chance d'aboutir et vous le savez.
06:59Pourquoi faire ça ?
07:00Attendez, je m'arrête là-dessus une seconde.
07:02Ça fait des semaines depuis qu'on parle de cette motion de destitution
07:05qu'on nous dit qu'elle n'a aucune chance d'aboutir,
07:07ne serait-ce que parce qu'elle ne passerait pas l'étape du bureau de l'Assemblée nationale.
07:11Or, les faits l'ont démontré cette semaine.
07:13Oui, c'est une majorité de l'NFP.
07:14Oui, mais vous nous aviez dit,
07:16oui mais regardez, les socialistes ne sont pas d'accord,
07:18ça ne passera même pas l'étape du bureau de l'Assemblée nationale.
07:23Donc vous voyez, ça a passé l'étape du bureau de l'Assemblée nationale.
07:27Maintenant, moi je ne désespère pas de convaincre les députés à l'Assemblée nationale
07:31et ce sera un moment de clarification.
07:33Est-ce que vous êtes du côté d'Emmanuel Macron
07:35qui, aujourd'hui, provoque un coup de force antidémocratique historique
07:38ou est-ce que vous êtes pour le respect des urnes ?
07:41Un coup de force démocratique du président de la République ?
07:43Oui, c'est un coup de force.
07:45Quand vous provoquez une élection
07:46et que vous asseyez sur le résultat de cette élection,
07:49comment ça s'appelle si ce n'est un coup de force ?
07:51Et c'est pour ça que j'appelle à une grande mobilisation populaire.
07:54D'abord, demain, dans la rue,
07:56à l'appel des organisations de jeunesse,
07:57d'associations comme Attaque,
07:59de toutes celles et tous ceux, finalement,
08:00qui comme moi, ce matin, sont dans une colère folle
08:02et ne veulent pas rester les bras croisés face à ce coup de force.
08:05Et puis, vous pouvez aussi signer une pétition sur macron-destitution.fr.
08:09On est déjà plus de 300 000 à l'avoir signée.
08:11Il faut qu'on augmente la pression parce que sinon,
08:13on a un homme tout seul depuis l'Elysée qui décide pour notre âme.
08:16Manon Aubry, invitée de la grande interview CNews Europe.
08:19Un vrai coup de force, ce n'est pas celui de Nicolas Maduro au Venezuela
08:22qui a expulsé son rival Nicolas Maduro
08:24qui a toujours été soutenu par Jean-Luc Mélenchon.
08:25Ce n'est pas ça un coup de force démocratique ?
08:28Alors, écoutez, j'aime bien comment vous ressortez régulièrement
08:31le sujet Venezuela, mais je vous invite...
08:33Il vous gêne ?
08:33Non, il ne me gêne pas.
08:34Je vous invite à travailler vos dossiers
08:36puisque au Parlement européen,
08:37on a voté une résolution cette semaine,
08:39mais j'imagine que vous ne l'avez pas vue.
08:41Et dans cette résolution, précisément,
08:43nous appelons à un recontage des voix.
08:48Nous appelons, comme l'ont fait des pays comme le Brésil
08:51et d'autres États d'Amérique latine,
08:53à ramener le calme dans les rues aujourd'hui du Venezuela
09:00et à retenir des élections dans un cadre démocratique
09:04et dans un cadre contrôlé.
09:05Donc, non, nous ne soutenons pas Nicolas Maduro.
09:09Vous ne soutenez plus Nicolas Maduro ?
09:10Non, nous ne l'avons jamais soutenu.
09:11Ah oui, Jean-Luc Mélenchon l'a soutenu.
09:12Et je vous invite à trouver des paroles
09:15que j'ai pu tenir en soutien à Nicolas Maduro.
09:17Et puis, n'hésitez pas à aller regarder la résolution
09:19qu'on a votée cette semaine au Parlement européen.
09:20Manon Aubry, vous voyez Emmanuel Macron finir son mandat ou pas ?
09:25Franchement, vous pensez qu'il est capable de le tenir, son mandat ?
09:29Je veux dire, il est détesté dans le pays.
09:31Il est minoritaire dans l'opinion publique.
09:33Il ne gouverne que grâce à des coups d'averse.
09:35Mais il est président de la République sous la Vème République.
09:40Il a été élu démocratiquement.
09:42Et c'est justement parce que je tiens la démocratie qu'il bafoue
09:45que je pense qu'aujourd'hui, il n'est plus en mesure, franchement,
09:48je le vois, y compris en tant que députée européenne,
09:50sur la scène européenne, il n'a plus aucune crédibilité.
09:52Nos collègues viennent nous voir et nous disent
09:53attendez, le président de la République provoque des élections
09:58et puis ensuite, il s'assoit sur le résultat des élections.
10:00Je veux dire, dans n'importe quel autre pays européen,
10:03il y aurait une mobilisation de nos homologues européens
10:06pour dire la démocratie et l'État de droit sont en danger.
10:09Donc, je lance l'alerte.
10:10On ne peut pas donner des leçons à des États comme la Hongrie.
10:12Et de l'autre côté, avoir un président de la République
10:15qui s'assoit sur nos principes démocratiques fondamentaux,
10:18comme le fait Emmanuel Macron.
10:19Donc, je vous le dis, tôt ou tard, Emmanuel Macron partira
10:23et il nous faut préparer la relève.
10:25Avant 2027, vous l'entendez ?
10:26Je pense que c'est aujourd'hui une possibilité assez forte.
10:30D'ailleurs, beaucoup d'éditorialistes, de journalistes l'envisagent aussi.
10:34Et je le dis, nous, on est prêts à gouverner.
10:36On l'était prêt là.
10:36Avec qui ?
10:37Jean-Luc Mélenchon sera le candidat de la France insoumise ?
10:39S'il y a une présidentielle anticipée ?
10:43Je pense qu'en tout cas, il en a les forces, la capacité, l'écho.
10:46Et l'envie, visiblement.
10:47Et l'envie, ce sera à lui d'y répondre.
10:49Ce n'est pas à moi d'y répondre pour lui.
10:51Et vous souhaitez que ce soit lui ?
10:52Moi, je pense que c'est un bon candidat pour le nouveau Front populaire.
10:55Et que je pense qu'on a besoin de maintenir à la fois la dynamique,
11:00l'unité d'action, mais aussi la force qui a été la sienne
11:05des précédentes élections présidentielles.
11:08Maintenant, l'avenir nous le dira sur la manière dont ce sera organisé.
11:12Mais nul ne peut ignorer, vous montrez à l'instant pour ceux qui voient
11:16les images sur CNews, les images de la fête de l'humanité.
11:20On ne peut pas nier aujourd'hui qu'il y a un écho populaire dans le pays
11:25de ce que porte le nouveau Front populaire, de ce que porte Jean-Luc Mélenchon.
11:29Et je souhaite en tout cas qu'on se donne un maximum les moyens d'aller gagner.
11:32Jean-Luc Mélenchon qui a dit qu'il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires.
11:36Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps.
11:38Pourquoi il ne s'intéresse qu'aux quartiers populaires et aux jeunes,
11:43pas à la France qui travaille, à la France périphérique, à la France des centres-villes, accessoirement ?
11:47Ça ne vous a pas échappé que dans les quartiers populaires,
11:51vous avez aussi la France qui travaille.
11:52Vous avez la France qui se lève tôt à 4 heures du matin.
11:54Par exemple, les femmes de ménage qui viennent nettoyer ce studio.
11:57Mais ce qu'il a dit, et c'est une phrase sortie de son contexte,
12:01c'est qu'en réalité, dans la jeunesse et les quartiers populaires,
12:04ce sont aujourd'hui des segments de la population française qui votent le moins.
12:08Et quand on est des démocrates, on devrait s'intéresser à faire en sorte que les gens votent le plus.
12:12Je sais bien qu'Emmanuel Macron, il est en train d'essayer de nous dégoûter de la politique.
12:16Il est en train d'essayer de nous résigner.
12:17Et vous savez, quand tous les dégoûtés de la politique s'en vont, il ne reste plus que les dégoûtants.
12:23Et nous, on essaie de faire en sorte que les dégoûtés se réinvestissent dans la politique
12:27et qu'il ne reste plus que les dégoûtants.
12:28Et que les dégoûtants, eux, s'en aillent.
12:30Parce que les dégoûtants, ce sont ceux qui nous gouvernent à l'heure actuelle contre la volonté populaire.
12:34Donc oui, la France insoumise fait un travail de mobilisation de la jeunesse et des quartiers populaires
12:41parce qu'on ne peut pas se satisfaire que dans la jeunesse et les quartiers populaires,
12:45il n'y ait qu'une personne sur trois qui aille voter, comme ça a été le cas dans les dernières élections.
12:49On continuera à les sensibiliser, à les mobiliser,
12:51mais évidemment que ce ne sera pas les seules personnes à qui on s'adressera.
12:54La grande interview sénieuse européen de Manon Aubry, eurodéputée de la France insoumise.
12:58Manon Aubry, je voudrais vous entendre sur ce qu'a dit Boilem Sansal dans le Figaro Magazine.
13:03Ça sort aujourd'hui, interrogé par Alexandre Devecchio, écrivain franco-algérien.
13:09Il vient d'être naturalisé français, Boilem Sansal.
13:11Il dit la France est un pays à la ramasse, qui vit sur des gloires passées.
13:15Pourquoi la France coule-t-elle ?
13:17Je résume grossièrement, mais c'est vraiment ça.
13:19Boilem Sansal identifie trois raisons.
13:21Il parle de la médiocrité de notre personnel politique, petit un.
13:25Petit deux, il parle d'une immigration de très bas niveau qui refuse de s'intégrer.
13:29Et petit trois, il parle d'un islam archaïque, retour de bâton de nos ex-colonies.
13:34Quel est votre point de vue sur ce que dit Boilem Sansal,
13:38qui est algérien, je le répète, et qui vient d'être naturalisé français ?
13:42Écoutez, si la France est en train d'être déclassée,
13:46notamment d'un point de vue économique sur la scène internationale,
13:49personnellement, je pense que c'est davantage dû au fait que nos services hospitaliers se dégradent faute de moyens.
13:55On a tous fait l'expérience.
13:56Moi, j'ai 34 ans et je me souviens, quand j'étais petite,
13:58j'attendais moins de temps aux urgences que quand j'y suis allée récemment.
14:02Je me souviens que quand j'étais petite, quand j'allais à l'école,
14:05on avait davantage de moyens que nos enfants en bas âge à l'heure actuelle.
14:10Et qu'est-ce qui s'est passé en 30 ans ?
14:12Qu'est-ce qui a eu de différent dans la société française en 30 ans ?
14:14Il y a eu un désinvestissement massif, notamment dans nos services publics.
14:18Mais je vais plus loin.
14:19Il y a eu un désinvestissement massif de ce qui fait société, ce qui fait le vivre ensemble.
14:23Ce qui fait le vivre ensemble, c'est qu'on a...
14:25Et qui ne veut pas vivre avec qui aujourd'hui ?
14:26Mais tout le monde veut vivre avec tout le monde.
14:28Moi, je veux vivre avec vous, je veux vivre avec tous ceux qui nous écoutent.
14:32Parce que faire société, c'est avoir des repères communs.
14:35On l'a vu, ça peut donner des grands moments.
14:36On l'a vu pendant les Jeux olympiques.
14:38Vous avez un sentiment d'appartenance en commun.
14:40Mais si tout est fait pour nous diviser dans la société,
14:43notamment en fonction de la couleur de peau, en fonction de la religion,
14:46comme il le fait d'ailleurs, alors vous divisez notre peuple
14:49et alors, précisément, vous créez des repères différents.
14:52Vous visez à fracturer notre société.
14:55Et je pense que pour rassembler la société, il faut des repères communs,
14:59mais il faut aussi des moyens communs, il faut des services publics communs.
15:03Il faut ce qui a fait la grandeur de la France, je pense que c'est son état social
15:07et qu'il l'est en train de se déditer, c'est vrai.
15:10Et je suis inquiète pour l'avenir parce qu'il peut y avoir un décrochage
15:13de la France et de l'Union européenne sur la scène internationale
15:17de cette fameuse grandeur passée, un terme à la rigueur que je peux reprendre,
15:21mais je pense qu'elle est véritable que sur les questions économiques et sociales.
15:25Merci beaucoup, Madame Aubry, c'était votre grande interview.
15:27C'est dommage, on devait parler du procès des viols de Mazan
15:31et j'observe que la question des droits des femmes passe très régulièrement
15:35à la trappe sur l'ensemble des plateaux télé.
15:37On nous a même fait la remarque, à nous, les politiques, qu'on n'en parlait pas assez,
15:40mais j'observe qu'on nous pose assez peu la question,
15:42alors que c'est un procès qui fait date d'une femme qui a été violée
15:46sous soumission chimique par 50 hommes et qui démontre la culture du viol
15:50dans notre société et moi, j'en appelle à une véritable prise de conscience collective
15:54si on veut agir contre les violences sexistes et sexuelles.
15:56C'est un sujet qui me tient à cœur et c'est pour ça que je voulais le mentionner
16:00à votre antenne parce que j'ai été très touchée,
16:02y compris par le témoignage de Gisèle Pellicot,
16:04mais aussi des hommes qui sont accusés et qui utilisent parfois des arguments
16:10de viol involontaire, comme s'ils n'avaient pas conscience de ce qu'ils pratiquaient
16:14et qui, je crois, doivent tous nous interpeller.
16:16Excusez-moi d'avoir fait durer cette interview,
16:18mais je pense que le sujet était important.
16:20Merci beaucoup, Manon Aubry.
16:21C'était votre grande interview CNews Europe.
16:23Et on y reviendra plus en longueur quand vous reviendrez sur le plateau.
16:26Merci à vous.