• il y a 9 mois
Le présodent de la FNSEA, Arnaud Rousseau, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00 Bienvenue et bonjour à vous Arnaud Rousseau.
00:02 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03 Merci de votre présence.
00:04 Vous êtes le président de la FNSEA,
00:06 c'est la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles.
00:09 Vous allez rencontrer Arnaud Rousseau demain,
00:11 le président de la République,
00:13 avec aussi le président des jeunes agriculteurs.
00:15 Alors je précise que c'est une rencontre annuelle,
00:17 mais elle intervient généralement toujours avant le Salon de l'Agriculture.
00:21 Là c'est un contexte particulier, inflammable.
00:24 Ce matin encore, un supermarché a été bloqué près de tard dans les Hautes-Pyrénées.
00:28 Il y a des actions éparses d'agriculteurs.
00:30 Dites-nous dans quel état d'esprit vous allez à cette rencontre avec le président de la République ?
00:35 Écoutez, on y va conscient du travail réalisé et particulièrement déterminé,
00:39 puisque vous l'avez suivi, nous avons eu depuis le mois de novembre,
00:43 des actions pour dire qu'on marchait sur la tête en agriculture.
00:46 On a pris l'opinion publique à témoin avec son soutien
00:49 de l'intérêt de produire pour nourrir en France,
00:52 de veiller au prix de nos produits,
00:54 de faire en sorte qu'on n'importe pas.
00:56 On a d'abord eu un mouvement sur le terrain,
00:58 qu'on a suspendu le temps de travailler,
01:01 parce qu'on est conscient aussi que parfois ça nécessite un peu de temps
01:04 pour faire bouger les lignes et que tout ça vient de loin.
01:07 Cette période a été mise à profit pour travailler.
01:09 Nous avons travaillé avec nos partenaires des jeunes agriculteurs
01:12 pour faire des propositions très concrètes.
01:14 Et maintenant on va arriver dans le temps où on va attendre la décision politique,
01:20 la décision publique, et c'est donc très déterminé
01:22 qu'on va voir le président de la République demain.
01:24 Donc très concrètement, 5 jours avant le salon,
01:26 vous demandez que les actions concrètes soient enfin appliquées sur le terrain.
01:30 On est passé de l'attente, à un mouvement aussi de colère,
01:33 à véritablement quelque chose qui est urgentissime.
01:36 Oui, la colère elle est toujours là.
01:38 Je le redis, ce n'est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations
01:40 que le sujet est terminé.
01:42 Simplement, on l'a dit, il faut travailler.
01:44 Vous savez, la valeur travail en agriculture, c'est une valeur centrale.
01:47 Et donc le rôle d'un syndicat comme le nôtre, la FNSA,
01:50 c'est que nous soyons dans la proposition et que nous cherchions des solutions.
01:53 C'est l'histoire de notre syndicat.
01:55 Et donc là, on l'a dit, on veut maintenant que ça puisse se traduire très concrètement,
01:59 que cette colère, elle trouve finalement des réponses, des solutions.
02:03 Et je le dis encore une fois, pas simplement des mots,
02:05 mais qu'ils puissent se voir dans nos exploitations.
02:07 Mais est-ce que vous pouvez expliquer, Arnaud Roussois,
02:09 nos auditeurs et téléspectateurs, ce qui s'est passé depuis votre mobilisation
02:12 et les promesses qui vous ont été faites très concrètement, à l'heure actuelle ?
02:15 Est-ce que vous avez le début de la trame de ce qui va changer dans la vie des agriculteurs ?
02:19 Nous, d'abord, on l'a dit, il y a plusieurs niveaux.
02:22 Le niveau européen, parce que ce que vos auditeurs doivent savoir,
02:24 c'est que de nombreuses décisions qui concernent l'agriculture sont prises à Bruxelles.
02:28 Et qu'il y avait aujourd'hui un cadre qu'on appelle le pacte vert,
02:31 qui était essentiellement décroissant concernant les sujets agricoles
02:34 et qui n'est pas tenable parce qu'il a été pensé avant le Covid et avant la guerre en Ukraine.
02:38 Et tout le monde comprend que le cadre a changé.
02:40 Donc on a besoin de revenir sur ce cadre.
02:42 Mais quelle garantie vous avez eue sur ce changement ?
02:44 On a déjà, par exemple, très concrètement dans nos exploitations,
02:47 on avait l'obligation de faire 4% de jachères dès cette année,
02:50 des notaires qui ne sont pas mis en culture,
02:52 alors qu'on importe massivement, notamment d'Ukraine,
02:55 et ça, on ne le comprend pas.
02:57 Donc ça, on vient de revenir dessus.
02:58 Il y a d'autres sujets qui concernent les prairies, qui concernent l'élevage.
03:01 Il y a beaucoup de sujets qui sont à reprendre.
03:03 Et ça, c'est à faire avant les élections européennes.
03:05 Puis après, on a le cadre national.
03:07 Sur le cadre national...
03:08 Attendez, Arnaud, je préfère qu'on fasse partie par partie.
03:11 Sur le plan européen, par exemple, très concrètement,
03:13 on a entendu beaucoup d'agriculteurs, et vous-même, ici,
03:16 vous m'aviez parlé du poulet crénien, des céréales, etc.
03:19 Vous avez des garanties sur ce plan-là ?
03:21 Oui, des décisions ont été annoncées concernant l'Ukraine,
03:23 sur un certain nombre de denrées.
03:25 Je pense à la volaille, je pense aux oeufs, je pense au sucre,
03:28 je pense aux céréales.
03:29 Donc ça, c'est une bonne chose, puisqu'on va mettre des clauses de sauvegarde.
03:32 Maintenant, ce qui nous intéresse, c'est que ce soit efficace.
03:35 Des clauses de sauvegarde pérennes ?
03:36 Alors, c'est ce qu'on demande, évidemment.
03:38 On demande deux choses.
03:39 On demande d'abord que ce soit robuste juridiquement.
03:41 On va le mesurer très vite, parce qu'en fait,
03:43 à un moment où les choses rentrent et sont consommées en Europe,
03:48 ou alors elles transitent et repartent, ce qu'on demande...
03:50 Je vous donne un exemple sur le sucre.
03:52 Le sucre, avant la guerre en Ukraine, l'Ukraine importait 20 000 tonnes de sucre en Europe.
03:56 Elle en a importé l'année dernière 700 000 tonnes.
03:59 Tout le monde comprend bien que ça n'est pas tenable.
04:00 Et le sujet n'est pas de refuser que l'Ukraine soit un partenaire de l'Europe
04:05 dans le moment dans lequel on est.
04:06 Le sujet, c'est juste que les choses soient équilibrées.
04:08 Donc ça, ça n'est pas tenable, ça doit se faire vite.
04:10 Et ça doit se faire avec des références qui sont avant la guerre.
04:13 J'entends, mais je vais plus loin sur cette question.
04:15 Du seul point de vue agricole, quels seraient, par exemple,
04:17 pour voir Norosso, la conséquence de l'entrée de l'Ukraine dans l'UE ?
04:20 C'est assez simple, elle a été expertisée.
04:23 Demain, si l'Ukraine était dans l'Union, peut-être dans une vingtaine d'années,
04:29 mais en tous les cas dans l'Union, c'est un quart de l'agriculture européenne,
04:33 l'agriculture ukrainienne.
04:34 Et c'est un coût de 100 milliards d'euros.
04:36 Nous, on pose une question assez simple, en fait.
04:38 C'est que qui paye ?
04:40 Après, c'est un intérêt, parce qu'on voit bien que face à la géopolitique de la Russie,
04:44 notamment sur les céréales, vers le continent africain,
04:47 que l'Europe de moins renforce son poids, ça peut avoir du sens.
04:50 Mais pour les agriculteurs européens et singulièrement pour nous en France,
04:53 la question c'est dans quel cadre, avec quels moyens, avec quelles cohérences ?
04:57 Plus précisément, ma question c'est, est-ce que l'Europe est au service
05:00 des agriculteurs français ou des céréaliers ukrainiens ?
05:03 Non, mais je n'ai pas de doute quand je réponds à cette question.
05:05 En tous les cas, sur ce que nous on porte, l'Europe, vous savez,
05:08 l'agriculture européenne, c'est le premier budget de l'Union.
05:11 C'est près de 26 à 27 % de son budget.
05:14 Et donc, l'agriculture, elle se conçoit forcément de manière européenne.
05:17 D'ailleurs, tous les partis d'où qu'ils viennent en sont d'accord.
05:20 Donc la question c'est, qu'est-ce que pèse l'Union européenne dans son volet agricole
05:24 face à tout ce qui se passe en termes de géopolitique ?
05:27 On pourrait passer du bassin méditerranéen, on pourrait parler de l'Ukraine,
05:30 on pourrait parler de la Russie et au-delà.
05:32 Donc nous, affirmer cette vision, une vision qui est moins naïve
05:35 et qui donne la capacité de produire pour réduire les importations,
05:38 encore une fois, produites avec des conditions qui ne nous sont pas demandées.
05:41 Revenons dans le cadre national. Par exemple, pour être très précis,
05:44 sur le plan élevage, ce plan devait être lancé avant le salon de l'agriculture à Arnault-Rousseau.
05:49 C'est ce qu'a dit le Premier ministre Gabriel Attal.
05:51 Est-ce que ce calendrier, il est respecté aujourd'hui ?
05:53 Écoutez, vous vous souvenez que la semaine dernière, on avait dit que le tempo n'était pas le bon.
05:57 Je me réjouis de voir que la semaine dernière, des réunions importantes ont eu lieu
06:00 avec l'ensemble des représentants des filières d'élevage.
06:03 Et les décisions ? Après les réunions, est-ce qu'il y en a ?
06:05 Au moment où je vous parle, je ne les connais pas,
06:07 puisque je pense que c'est le président de la République qui se réservera l'annonce.
06:10 Mais c'est nécessaire dans toutes les productions d'élevage
06:13 de pouvoir donner de la vision et avancer.
06:15 Je vais vous prendre un exemple. En apiculture, dont on oublie que par définition, c'est de l'élevage,
06:20 il y a des besoins en ce moment, sur le plan apicole, de sécuriser le volet sanitaire,
06:24 de favoriser l'écoulement de la production française, qui est très attaquée,
06:28 y compris avec des miels importés qui ne sont pas du miel, qui sont de la fraude.
06:32 Donc le secteur apicole a besoin de soutien.
06:35 Nous attendons du président de la République que sur ce volet précis que je viens de vous décrire,
06:38 on puisse accompagner les apiculteurs. On a besoin de 4 à 5 millions d'euros.
06:41 Il faut le faire tout de suite.
06:42 Et si ces annonces ne sont pas faites avant le Salon de l'agriculture,
06:44 est-ce que vous reprendriez votre mouvement de colère ?
06:47 Nous, depuis le début, on est très clair sur le sujet. On a pris nos responsabilités.
06:51 Alors qui ne les a pas prises ?
06:53 J'attends du pouvoir politique, mais en l'occurrence du président de la République,
06:57 puisque c'est lui qui vient samedi, qui nous annonce ce qu'est sa vision de l'agriculture
07:02 des prochaines années et qu'est-ce qu'on fait tout de suite.
07:04 On est caution aussi qu'il y aura un temps après le Salon de l'agriculture, notamment avec la loi.
07:08 Ma question, expliquez-nous le plan.
07:10 Si ces annonces sont faites, évidemment vous jugerez en monnaie sonnante et trébuchante,
07:14 mais si elles ne sont pas faites Arnaud Rousseau, d'ici 5 jours, que se passera-t-il ?
07:17 Si elles ne sont pas faites, les agriculteurs feront le constat qu'on se moque d'eux
07:20 et j'imagine que les actions reprendront.
07:22 On l'a dit, nous de toute façon, dans le moment dans lequel on est,
07:24 il n'y a pas d'esprit de recul. Il faut que les décisions attendues depuis longtemps
07:28 se mettent en œuvre avec des actions d'urgence, elles ont été décrites,
07:32 et leur application, parce que sur la mesure élevage, par exemple,
07:35 qui concerne les bovins sur le fiscal et le social, on nous explique que ce sera
07:38 une mise en œuvre en 2025, il n'en est pas question.
07:40 C'est 2024 sur l'ésolat 2023, c'est l'engagement du Premier ministre.
07:43 Donc ça maintenant, il faut que ça se mette en place.
07:45 Continuons avec des exemples très précis.
07:47 Des contrôles ont été annoncés sur des distributeurs et industriels, Arnaud Rousseau,
07:51 pour faire appliquer la fameuse loi EGalim, afin de préserver, bien sûr,
07:54 le revenu des agriculteurs. Bruno Le Maire l'avait annoncé ici même.
07:57 Mais qu'est-ce qui garantit que ça va aller au-delà, j'allais dire,
08:00 d'une certaine séquence politique et médiatique aujourd'hui ?
08:02 Écoutez, au moment où je vous parle, rien ne le garantit,
08:05 si ce n'est l'intérêt que, collectivement, on a à faire respecter la loi.
08:08 Quand le ministre, M. Le Maire, est diligent des contrôles,
08:11 on trouve plus d'une centaine de gens qui sont en infraction,
08:14 ce qui veut dire qu'il y a des gens qui s'affranchissent de la loi
08:16 de manière très à l'aise. Ça, ça ne peut pas durer.
08:18 Maintenant, si l'État ne veut pas faire son travail, que personne ne doute
08:21 qu'à un moment, les agriculteurs reviendront pour faire appliquer
08:24 ce qui est la construction du prix en marche avant, qui est essentiel pour nous.
08:27 Qui est essentiel parce que si on ne respecte pas le prix de la matière
08:30 première et de l'école, alors derrière, il n'y a plus rien qui tient.
08:33 Donc ça, on a besoin de l'État. On a besoin aussi d'aller plus loin
08:36 sur le contrôle du prix. On a besoin, sur le commerce,
08:39 de vérifier que les échanges se font de manière loyale.
08:42 Pas question de ne pas échanger, comme je le lis parfois.
08:45 On veut continuer à échanger, mais de manière loyale.
08:48 - Mais c'est quoi de manière loyale ? Parce que parlons des...
08:50 C'est quand même le cœur aussi de la colère, ces fameux accords
08:53 de libre-échange sur le plan européen et mondial.
08:56 La FNSEA, Arnaud Rousseau, expliquez-nous votre position.
08:59 On n'est pas contre ces accords de libre-échange.
09:01 Et certains affirment que vous auriez un double discours à Bruxelles
09:04 et puis pas le même dans les territoires.
09:06 Oui pour les accords de libre-échange à Bruxelles et pas vraiment
09:09 quand on est dans les territoires en France.
09:11 - On n'a qu'un seul discours et je voudrais être précis.
09:13 C'est le Mercosur, vous voyez, qui est un accord de libre-échange
09:16 qui concerne tout un tas de domaines, dont de la viande bovine,
09:19 99 000 tonnes, dont on ne veut pas.
09:21 Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'accord de libre-échange
09:23 avec le Mercosur et pourtant on commerce.
09:25 Il y a déjà 300 000 tonnes tous les ans qui arrivent d'Argentine, du Brésil.
09:29 Donc vous voyez que se focaliser sur les accords de libre-échange,
09:32 alors que par ailleurs on a des échanges en dehors de ces accords,
09:35 déjà aujourd'hui, qui rentrent dans des conditions de production
09:38 avec de la viande aux hormones, dans des feedlots qui ne sont pas
09:40 notre modèle, qui rentrent.
09:41 C'est là très précisément.
09:43 Donc il ne faut pas se focaliser en disant "on ne veut pas d'accord".
09:45 Il y a déjà du commerce qui se fait et c'est tant mieux,
09:47 parce qu'y compris en viande bovine, on exporte de la viande vers l'Italie.
09:51 On voudrait rouvrir le marché algérien qui est fermé pour des questions sanitaires.
09:55 Donc le commerce, il existe.
09:57 Quand vous êtes un producteur de vin, vous avez besoin de commercer.
09:59 Quand vous êtes un producteur laitier, vos fromages ont besoin d'être vendus,
10:02 y compris hors de la France, quand vous êtes un céréalier également.
10:05 Donc le sujet, ce n'est pas de refuser les échanges.
10:07 Le sujet, c'est de le dire.
10:09 Il ne faut pas le faire avec des règles qui sont parmi les plus drastiques,
10:11 les plus durables en Europe.
10:13 Et tant mieux pour le consommateur.
10:15 Et ouvrir nos portes à des gens qui ne respectent aucune de nos normes.
10:17 Je crois que c'est cohérent.
10:19 C'est ce que portent les FNSE.
10:20 On vous entend depuis tout à l'heure ce matin,
10:22 attendre des réponses vraiment extrêmement concrètes.
10:24 Est-ce que vous n'avez pas suspendu trop tôt, trop vite le mouvement,
10:26 croyant peut-être avoir eu gain de cause trop rapidement en Rousseau ?
10:29 Pas du tout.
10:30 Parce que certains disent, j'allais dire, la base.
10:32 C'est un mot noble.
10:34 Beaucoup d'agriculteurs et de paysans pensent que vous auriez pu maintenir
10:36 un peu plus la pression et obtenir davantage.
10:38 Cette décision a été prise collégialement à l'FNSE.
10:41 Ce n'est pas simplement la décision du président.
10:43 Elle a été prise dans un moment où, au terme des annonces d'urgence,
10:46 il nous semblait ensuite que le temps plus long,
10:49 et on vous venait d'y faire référence, ça ne va pas s'arrêter avec le salon,
10:52 avait besoin d'être travaillé.
10:54 Je précise aussi que depuis, un certain nombre d'actions se poursuivent,
10:58 à l'initiative des départements.
11:00 Vous l'avez dit, sur des blocages de la grande distribution.
11:03 Et vous continuez à se poursuivre ? Des actions comme celle-là ?
11:05 Encore une fois, c'est l'initiative du terrain.
11:08 Et vous les encouragez ?
11:10 Nous, ce qu'on encourage, c'est le fait de continuer à mettre la pression
11:13 pour qu'on puisse avoir le maximum de résultats probants au salon
11:16 et continuer le travail sur la loi.
11:18 Dans cinq jours, c'est-à-dire que les annonces doivent intervenir
11:20 entre là, votre interview, et ce samedi ?
11:23 On dit la même chose depuis trois semaines, Sonia Mabrouk.
11:25 On dit la même chose et on a fait preuve de responsabilité.
11:28 Je le dis aussi parce qu'il n'y a pas eu un blessé sur ces manifestations.
11:32 Il n'y a pas eu de dégradation.
11:34 Heureusement, il y a eu, mais c'est autre chose, évidemment.
11:36 Un accident dramatique dans la Riège, qui a d'ailleurs été un élément,
11:40 vous savez, dans la décision de suspendre le mouvement.
11:43 Parce que que les gens commentent en disant "on l'a levée trop tôt"
11:46 ou "trop tard" ou "pas comme il fallait" ou "on aurait dû faire mieux".
11:49 C'est l'avis de la responsabilité, vous voyez ?
11:52 Je vous pose directement la question.
11:53 En fait, vous dites responsabilité Arnaud Rousseau.
11:55 Certains estiment que vous avez négocié une sorte de paix avec le gouvernement
11:59 puisque vous êtes leur principal vis-à-vis.
12:01 Est-ce que vous êtes une sorte de, j'allais dire, entre guillemets,
12:04 complice du gouvernement ou est-ce que vous voyez votre rôle, au contraire,
12:07 comme un rôle de responsabilité pour ne pas que ça dégénère ?
12:09 Soyons sérieux, la FNSA, elle va fêter ses 78 ans cette année.
12:14 Elle négocie depuis 78 ans avec tous les gouvernements,
12:18 quelles que soient leurs couleurs politiques.
12:20 Parce que ce qui fait notre colonne vertébrale,
12:23 c'est d'être un syndicat de solution qui veut faire avancer l'agriculture.
12:26 Donc nous négocions avec ce gouvernement aujourd'hui.
12:28 Nous négocions avec le précédent gouvernement, avec le suivant.
12:32 C'est notre histoire.
12:33 Exercer une responsabilité, faire en sorte qu'on trouve des solutions
12:37 et des voies de progression, c'est notre ADN.
12:39 Après, certains considèrent que c'est de la connivence.
12:42 Nous concernant, ça n'est ni défiance ni complaisance.
12:46 C'est la responsabilité engagée et la volonté de trouver des solutions.
12:49 Et puis après, les agriculteurs, ils se définiront, vous savez,
12:51 ils sont libres de pouvoir voter pour qui ils veulent, comme ils veulent.
12:54 La FNSA, ce n'est pas un syndicat politique.
12:55 La FNSA, c'est un syndicat qui porte l'avenir de l'agriculture
12:59 et qui veut le faire dans un monde qui aujourd'hui est dans un grand trouble.
13:01 Comment le président de la République va-t-il être accueilli
13:04 dès l'ouverture du Salon de l'agriculture ?
13:06 Vous l'avez compris, l'attente est très forte.
13:08 Donc ça ne sera pas un salon comme les autres.
13:10 C'est un salon où le président de la République devra d'abord dire ce qu'il entend faire,
13:14 entendre aussi l'agacement.
13:16 Personne n'imagine qu'il puisse, comme tous les ans,
13:19 défiler dans les allées sans avoir eu un propos fort, clair
13:22 et être à l'écoute du monde agricole qui a d'ailleurs vendu des sucres.
13:26 Donc un accueil électrique qui est attendu, voire…
13:30 Il y a une très forte attente, mais je pense que personne ne l'ignore et pas lui.
13:33 Et en tous les cas, on lui redira demain après-midi.
13:35 Donc ça ne sera pas un salon comme les autres, c'est évident.
13:37 Pour autant, le Salon de l'agriculture, ça reste un moment
13:41 où les agriculteurs viennent vendre leurs produits,
13:43 montrer leurs animaux, accueillir les Français.
13:46 Nous, on pense que c'est aussi important…
13:48 C'est une très belle vitrine, elle le restera.
13:50 J'insiste, il faut encore un moment sur le plan politique,
13:52 c'est-à-dire l'accueil du président et des politiques ne se fera pas comme avant.
13:55 C'est ce que vous dites…
13:56 Non, mais personne n'imagine que chacun va venir faire la photo au cul des vaches,
13:59 comme le veut l'histoire populaire.
14:01 Aujourd'hui, le président de la République, mais je dirais tous les partis politiques,
14:05 sont attendus sur ce qu'est leur vision de l'agriculture,
14:08 comment ils entendent la construire.
14:09 Et donc, évidemment, ce sera encore une fois un salon différent.
14:13 Nous, ce qu'on veut, c'est des réponses du gouvernement.
14:16 Et puis c'est aussi que l'ensemble des personnels politiques
14:19 qui viennent sur ce salon puissent dire aussi quelle est leur vision de l'agriculture.
14:23 Et vous n'excluez pas des actions qui pourraient se tenir au salon de l'agriculture,
14:27 avec certains disent peut-être retirer les bovins
14:30 pour qu'il n'y ait pas justement une sorte de mise en scène politique ?
14:33 Non, écoutez, soyons sérieux, ce salon, vous savez,
14:36 c'est un an de travail pour ceux qui l'organisent.
14:38 Ce sont des gens qui ont fait des concours pour leurs animaux depuis des mois,
14:41 qui sont extrêmement fiers de ce qu'ils font
14:43 et qui ont raison d'être fiers de ce qu'ils sont.
14:45 C'est un concours général agricole qui se tiendra, quoi qu'il arrive.
14:48 Donc ne confondons pas ce qu'est la vie du salon,
14:51 le grand public, la nécessaire communication,
14:53 la mise en valeur de nos produits et de nos animaux,
14:56 avec ce qu'est le moment politique,
14:58 qui est un moment attendu, qui ne sera pas un moment comme les autres,
15:01 sur lequel il y a un niveau d'exigence élevé
15:03 et sur lequel on attend des réponses très concrètes.
15:05 Et demain, pour conclure avec le président de la République,
15:07 le principal message et l'état d'esprit qui vous anime,
15:10 ce sera en quelques mots, Arnaud Rousseau, pour conclure ?
15:13 Ce sera une détermination totale à faire passer auprès du président de la République
15:17 la nécessité qu'il n'y a pas à prendre de demi-mesure.
15:20 Il faut y aller à fond, il faut y aller profondément,
15:23 il faut y aller dans la durée, parce que l'attente est tellement forte
15:26 que si la réponse n'était pas au rendez-vous,
15:29 derrière on ouvre une période d'incertitude majeure
15:32 qui serait finalement contre-productive pour le gouvernement.
15:36 Donc s'il veut prendre le risque, c'est sa responsabilité.
15:39 Mais je veux lui redire que le monde agricole est d'une détermination totale
15:43 comme elle l'a rarement été.
15:44 Avec le soutien des Français d'une grande majorité de la population française.
15:48 Merci Arnaud Rousseau, c'était votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1 et à bientôt.
15:52 Merci Sonia Mabrouk.
15:53 [Musique]
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