La grande interview : Bruno Retailleau

  • l’année dernière
Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Transcript
00:00 Je place donc à la grande interview sur CNews et Europun.
00:03 Bonjour Bruno Rotailleau.
00:04 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:05 Bienvenue, merci d'être ici ce matin.
00:07 Vous êtes le patron des sénateurs LR.
00:10 Vous êtes aussi, Bruno Rotailleau, présenté comme étant l'artisan,
00:13 le père du texte Immigration,
00:15 qui a donc été finalement adopté hier dans la nuit.
00:18 Avant d'évoquer avec vous, Bruno Rotailleau,
00:19 les retombées pour les Français, la situation de la Macronie,
00:23 l'ERN qui a aussi un large sourire.
00:25 Est-ce que c'est la victoire de la droite ?
00:27 Est-ce que vous le revendiquez et vous le dites au effort ?
00:30 Je le revendique parce que j'ai vécu le tout début de ce texte il y a 18 mois.
00:35 J'ai vécu bien sûr 5 jours, 4 nuits non-stop au Sénat
00:39 où on a totalement forgé le texte.
00:41 Je voudrais simplement rappeler que le texte de Gérald Darmanin
00:44 comportait 27 articles et qu'au sortir du Sénat,
00:47 c'était pratiquement une centaine d'articles.
00:49 Donc on l'a totalement remanié.
00:51 On l'a remanié à notre main, ce qui fait qu'aujourd'hui,
00:53 c'est bien la loi sénatoriale, la loi du Sénat, de la droite
00:57 qui a été adoptée hier soir à l'Assemblée.
00:59 C'est la loi du Sénat ?
01:00 Bien sûr, c'est d'abord la loi du Sénat.
01:01 Qui est passée ?
01:02 Bien sûr, c'est le Sénat qui l'a examinée en profondeur.
01:05 Il n'y avait qu'un texte du reste.
01:06 Comment aurait-il pu en être autrement ?
01:09 Puisque c'est la seule Assemblée qui a vraiment délibéré,
01:12 qui a profondément amendé ce texte.
01:15 Et ce texte-là, c'est un texte vraiment de fermeté
01:17 qui va protéger les Français.
01:18 J'en suis très, très fier.
01:19 On va y venir.
01:20 Et ce n'est pas de la demi-mesure pour une fois.
01:22 Je pense que depuis 40 ans, aucun autre texte,
01:24 aucun autre texte sur ce plan-là n'a été aussi ferme.
01:27 Alors vous nous expliquerez, pour ceux qui nous regardent
01:29 et nous écoutent, sur Europe 1 et sur CNews,
01:32 en quoi c'est un avant et un après.
01:33 Pour les LR quand même, Bruno Rotaillot,
01:35 est-ce que c'est une unité retrouvée ?
01:37 Alors surtout à l'Assemblée,
01:38 car au Sénat, il faut le reconnaître,
01:39 le groupe vote de manière homogène.
01:41 Est-ce que cette séquence a permis de ressouder la droite LR ?
01:44 Exactement.
01:45 Et pour nous, cette séquence qui est une conclusion
01:47 avait débuté aussi au printemps,
01:49 puisqu'avec Éric Ciotti, avec Olivier,
01:51 nous avions déposé deux textes de loi,
01:53 une loi ordinaire, et nous on a beaucoup pioché
01:55 d'ailleurs dans ce texte-là pour nourrir nos réflexions au Sénat.
01:58 Nous avions aussi nos propres travaux
02:00 que nous avions faits depuis de nombreuses années,
02:02 et une loi constitutionnelle.
02:03 Donc ça avait été un temps d'unité,
02:05 je me souviens très bien, au printemps.
02:07 On termine sur cette unité.
02:09 Je veux simplement dire qu'hier soir,
02:10 il n'y a pas un seul député LR qui a manqué à l'appel.
02:14 Combien sur combien ?
02:15 62 voix ont été présentes pour voter le texte.
02:18 Je vous pose la question sur l'unité avant d'arriver
02:20 évidemment au fondement du texte et au paysage politique,
02:24 parce que les LR, Bruno Rotaillot, ont souvent été raillés, critiqués.
02:28 Ici même, à la grande interview,
02:29 je me souviens de responsables politiques qui sont venus dire
02:31 "mais c'est la petite droite du monde",
02:33 voire ouspillés par Gérald Darmanin parfois.
02:35 Qu'est-ce que vous ressentez même personnellement
02:37 après des mois de bataille ?
02:39 Et il faut le reconnaître, de grandes implications personnelles.
02:42 On a parfois été critiqués,
02:43 mais il faut reconnaître aussi que c'était aussi à juste titre.
02:46 On n'a parfois pas été à la hauteur,
02:48 mais là, on était à la hauteur.
02:49 Moi, ce qui me réjouit le plus, ce n'est pas pour nous,
02:51 c'est les messages que j'ai reçus de beaucoup de Français,
02:54 de droite ou du centre, qui n'adhèrent pas du tout.
02:56 Et le point commun de ces messages,
02:58 c'était de dire hier et ce matin, dans la nuit,
03:02 "ça nous fait du bien".
03:03 On retrouve une fierté.
03:04 Enfin, la droite est de retour.
03:05 La droite est de retour ?
03:06 Avec des idées, oui, sur le plan des idées.
03:08 On croyait que le clivage était gauche droite, dépassé, terminé.
03:11 Vous dites que le clivage aurait...
03:12 C'est l'échec du macronisme aussi pour cela.
03:14 C'est un échec du macronisme qui avait promis le dépassement du clivage.
03:18 Mais le clivage, il est nécessaire.
03:20 C'est ce qui fonde la politique, la droite et la gauche.
03:22 Pourquoi est-ce qu'au Sénat, ça fonctionne bien ?
03:24 Tout simplement parce qu'on est sur le clivage droite gauche,
03:26 qui est un clivage aussi qui permet à la démocratie de s'exprimer,
03:29 mais aussi de s'apaiser, parce que le clivage, ce sont des idées politiques.
03:35 Alors qu'à la dernière présidentielle,
03:36 on n'a jamais autant voté en fonction de ce que l'on était.
03:39 Que vous soyez urbain ou rural, que vous soyez diplômé, pas diplômé.
03:42 Tandis que le clivage politique transcende, si j'ose dire, toutes ces assignations.
03:46 Parce que si vous êtes, d'ailleurs, objectivement les vainqueurs,
03:50 qui est le véritable bénéficiaire ?
03:52 Beaucoup affirment que c'est le Rassemblement national.
03:55 Est-ce que vous reconnaissez, Bruno Rotaillot, un sens politique à Marine Le Pen,
03:59 qui a un large sourire ce matin ?
04:01 Bien sûr, je lui reconnais le sens de l'opportunisme.
04:04 Opportunisme, c'est tout, pas du flair.
04:06 Mais écoutez, moi qui ai tout suivi,
04:09 je sais qui a apporté dans ce texte ou qui n'a pas apporté.
04:12 Je sais, par exemple, que le Rassemblement national,
04:14 à chacune des étapes, s'est opposé au texte.
04:16 Je me souviens que les sénateurs du Rassemblement national
04:19 se sont opposés au texte au Sénat.
04:22 J'ai vécu aussi toutes ces heures de la commission mixte paritaire
04:25 où les représentants du Rassemblement national
04:27 déposaient des amendements pour des faires où,
04:30 comment dirais-je, s'opposaient à un certain nombre de nos dispositions.
04:33 Donc oui, elle a fait un coup.
04:34 Elle sait faire.
04:36 Ça fait très longtemps qu'elle fait de la politique.
04:37 Un coup qui ressemble au baiser de la mort, à la Macronie.
04:39 Bien sûr, mais bien sûr.
04:40 Qui a tout précipité hier.
04:41 Vous voyez, il y a une grosse différence.
04:43 Qui a apporté dans ce texte les mesures ?
04:46 C'est le fait d'être utile concrètement.
04:49 Voilà. Il y a un coup politique d'un côté.
04:51 Il y a un opportunisme.
04:53 Elle vole au secours de la victoire qui nous était promise de toute façon.
04:57 Donc, elle en partage une petite partie, alors qu'en réalité, elle n'a rien fait.
05:02 Est-ce que vous ne partagez pas plus que cela ?
05:03 Parce que pour la préférence nationale Bruno Rotaio,
05:05 qui est actée, qui est votée, qui est dans la loi,
05:08 eh bien elle, elle réclame une victoire idéologique.
05:10 Et vous, vous avez inscrit cela dans le marbre.
05:13 Il y a une différence.
05:14 Je vais vous l'expliquer, cette différence.
05:16 D'abord, elle, par exemple, en 2022, elle disait
05:19 les allocations familiales doivent être exclusivement réservées aux Français.
05:22 Nous, on dit non.
05:24 Les allocations familiales et d'autres aides
05:27 pourront être accessibles aux étrangers s'ils sont méritants.
05:30 Quand ils auront travaillé, par exemple...
05:32 J'entends la nuance.
05:33 Mais à la fin, reconnaissez que vous êtes d'accord sur le fond.
05:37 Mais on est d'accord sur le fait, nous, on l'exprime,
05:39 moi, je l'exprime depuis des années.
05:41 D'abord, une aide sociale, ça n'est pas un dû.
05:43 La solidarité nationale, ça se mérite.
05:46 Et le sens d'une communauté nationale,
05:48 c'est qu'il y a des citoyens et des étrangers
05:50 et qu'ils n'ont pas les mêmes droits.
05:52 Et que quand les étrangers pénètrent sur le sol national,
05:55 eh bien avant d'avoir des droits, il y a des devoirs.
05:58 Les devoirs de se comporter en France
06:00 comme on doit se comporter, respecter la loi,
06:03 les principes républicains, nos modes de vie.
06:05 J'ai fait inscrire, et c'est très rare,
06:07 dans ce texte sur les problèmes de régularisation,
06:09 le respect du mode de vie, des modes de vie françaises.
06:12 Il est vrai que quand on pose la question aux Français,
06:14 on va voir ce sondage pour CNews,
06:17 Bruno Rotailleau, 71% des Français
06:20 sont favorables à cette préférence nationale.
06:22 Et même, ça dépasse les clivages.
06:25 Malgré tout, c'est un avant et un après.
06:27 La gauche, la France insoumise, regardez ce qu'elle dit.
06:30 Les écologistes, le Parti socialiste,
06:33 c'est une loi de la honte, de l'indignité.
06:35 Jean-Luc Mélenchon parle d'une France défigurée.
06:37 Ça vous fait sourire ?
06:38 Ça me fait sourire parce que quand Jean-Luc Mélenchon dit une chose,
06:41 vous pouvez être sûr que la vérité, c'est l'inverse, si vous voulez.
06:43 C'est une boussole inversée.
06:45 Non, mais je souriais tout simplement pour voir,
06:49 dans ces critiques très acerbes,
06:51 le retour du vieux clivage droite-gauche,
06:54 qui est un clivage encore actuel.
06:55 Un mot, la tripartition macronienne,
06:57 c'est-à-dire deux ailes radicales sur la droite et la gauche
07:00 et un grand centre mou, ça ne marche pas.
07:03 C'est un poison pour la démocratie.
07:05 Ça ne marche pas. Et alors, qu'est-ce qui va se passer ?
07:06 Parce que ce matin, dans quel État ?
07:08 Et là, je vous demande aussi votre avis, votre regard.
07:11 Dans quel État se trouve la majorité ?
07:13 Démission dans la nuit, pas encore semble-t-il acceptée
07:16 par la première ministre du ministre de la Santé.
07:18 20 votes contre chez Renaissance.
07:20 Une crise de nerfs hier de l'aile gauche.
07:22 À quoi ressemble la situation politique ce matin ?
07:25 On arrive au bout du chemin du macronisme.
07:27 Et là, les Français peuvent voir ce qu'est vraiment le macronisme.
07:30 Cette majorité, qui n'était pas une majorité absolue,
07:32 ne tenait en réalité que lorsqu'il y avait des petites mesures.
07:35 Quand c'est de l'eau tiède, on arrive à contenter
07:37 la partie droite et la partie gauche.
07:39 Mais quand on veut être utile, quand on doit décider des mesures efficaces,
07:42 et c'est ça la politique.
07:43 C'est pour ça que les Français n'y croient pas,
07:45 parce qu'ils pensent que la politique, c'est plus efficace.
07:47 Mais c'est vrai que le macronisme, sa majorité ne tient qu'avec des demi-mesures.
07:51 Et là, on voit bien que désormais, quand il faut des mesures fortes,
07:54 eh bien, tout ça se déglingue.
07:56 Et c'est en train de se déglinguer.
07:57 Le macronisme débouche sur l'impuissance et sur l'immobilisme.
08:01 Et quand on veut en sortir par ces mesures fortes, eh bien, tout s'effondre.
08:04 J'ai l'impression que c'est l'après Macron que vous êtes en train d'acter.
08:07 Bien sûr. Il a commencé, d'ailleurs, pas forcément de sa faute.
08:10 Il a commencé, il a encouragé.
08:12 C'est son échec, hier ?
08:14 C'est un échec du macronisme, bien sûr.
08:16 Le macronisme a tenu, alors il est talentueux, il manie le verbe,
08:21 mais les mots sont vides de sens en même temps,
08:24 parce qu'ils peuvent prendre un sens le matin et un autre sens le soir.
08:28 Et en cela, ce n'est pas seulement une forme, comme on dirait, d'immobilisme.
08:32 C'est aussi une forme de désespérance au sens où cela désespère les Français,
08:36 parce que ça fait penser qu'il n'y a pas de conviction,
08:38 qu'on est capable d'en changer d'une journée à l'autre.
08:41 Et ça, ce n'est pas la politique.
08:42 Pour moi, la politique, ce sont les convictions.
08:43 Bruno Retailleau, vous voulez dire que là, ce matin, après que la loi immigration,
08:47 l'une, quand même l'un des textes les plus importants, ait été votée,
08:49 vous ne savez pas ce que pense Emmanuel Macron sur l'immigration ?
08:52 Non, je ne pense pas. Non, je vais l'écouter ce soir, sans doute comme vous.
08:56 Mais je pense que c'est révélateur.
08:58 Ce texte-là dit beaucoup sur ce qu'est Emmanuel Macron, sur ce qu'est le macronisme.
09:03 Les Français vont ouvrir les yeux.
09:04 Ceux qui les avaient encore fermés, si j'ose dire, ou simplement à demi ouvert.
09:08 Mais pour moi, c'est une évidence.
09:09 Il y a eu, pendant toutes ces semaines, pendant 18 mois,
09:12 une forme de radiographie, vous voyez, de ce qu'est le macronisme.
09:16 Et on le voit que soit la majorité se défait parce que les mesures,
09:20 le texte du Sénat était fort et donc insupportable pour une partie de la majorité.
09:24 On le voit, y compris du gouvernement.
09:26 Mais c'est sûr que pour l'instant, ça n'a été que des toutes petites mesures.
09:29 Alors, qu'est-ce que vous attendez de sa prise de parole ce soir,
09:33 dans un contexte dont vous décrivez la fin du macronisme ?
09:37 Que peut-il dire ?
09:38 Je n'en attends rien.
09:39 Je n'en attends rien.
09:40 J'attends quand même qu'il respecte la démocratie parlementaire,
09:43 parce qu'il méprise le Parlement.
09:45 Il méprise beaucoup le Parlement, bien sûr.
09:46 Non, mais il y a un doute sur le, comment dire, le parcours du texte.
09:49 Vous êtes tranquille sur le texte, sur la promulgation du texte ?
09:52 Je ne suis pas tranquille parce que je pense qu'il peut lui aussi faire des coups.
09:56 Mais ce serait, je pense, pour ce texte-là, antirépublicain.
10:00 Est-ce que vous pouvez le formaliser clairement ?
10:02 Quel coup peut-il faire qui serait un coup porté au Parlement et à la démocratie ?
10:06 Je pense qu'il pourrait retirer, en tout cas ne pas le retirer,
10:09 mais ne pas le promulguer, ne pas signer le texte.
10:12 Première chose.
10:13 Ensuite, on voit bien qu'il veut se servir du Conseil constitutionnel
10:16 dans un face à face avec le Parlement.
10:18 Je mets en garde aussi sur cette pratique.
10:20 Vous mettez en garde qui ?
10:21 Le Conseil, je vais vous l'indiquer.
10:23 Le Conseil constitutionnel n'est pas une instance d'appel du Parlement.
10:29 Il y a la souveraineté populaire, il y a un état de droit.
10:32 Les deux ne doivent pas s'opposer.
10:33 Le Conseil constitutionnel ne doit pas faire de la politique,
10:36 il doit respecter le droit.
10:38 J'attends de voir ses décisions.
10:39 Je pense que dans ces décisions-là, il y aura sans doute quelques censures.
10:44 Mais ce sera...
10:45 Donc il y a des mesures qui sont clairement anticonstitutionnelles ?
10:47 Clairement non, clairement non.
10:49 Parce que, clairement non.
10:50 Vous semblez aller vers une censure de certaines mesures.
10:52 D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur l'a reconnu lui-même hier.
10:54 Je connais suffisamment le droit pour dire que le droit,
10:57 vous pouvez lui faire dire beaucoup, beaucoup de choses.
10:59 Je le sais suffisamment.
11:01 Simplement, s'il y a des censures, ce sera la preuve
11:04 que ce que nous avançons avec mes amis, les Républicains,
11:06 c'est-à-dire que pour avoir des mesures fortes,
11:08 il faut une révision constitutionnelle.
11:09 Alors, nous aurons ces preuves qu'il faudra une révision constitutionnelle.
11:13 Alors ça, nous allons en parler, parce que ce que vous aussi,
11:15 vous promettiez en tous les cas,
11:17 c'est l'un des éléments de votre argumentaire, Bruno Rotailleau.
11:20 À l'instant, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
11:23 dit que le texte a été voté sans les voix du RN.
11:26 Alors, mathématiquement, le texte est-il passé grâce aux voix du RN ?
11:31 S'il s'était abstenu, le texte serait passé ric-rac.
11:35 Mais s'ils n'avaient voté pas de texte ?
11:37 C'est Élisabeth Borne qui le dit à l'instant.
11:40 Non, mais c'est une question que vous me posez.
11:41 Oui, Élisabeth Borne affirme que le texte est passé sans les voix du RN.
11:45 Je pense que c'est ridicule.
11:46 Je pense que c'est une tartufferie.
11:48 Je pense que les élus du RN, ce sont des élus qui font partie du Parlement.
11:54 D'ailleurs, Emmanuel Macron a mis en valeur lors de la première rencontre de Saint-Denis.
11:58 Il a invité le président du RN, Jordan Bardella,
12:01 et il lui a tressé des louanges au moment de chaque élection.
12:06 Il s'est ingénié, d'ailleurs, à créer ce face-à-face entre lui ou le chaos,
12:11 c'est-à-dire le RN. Il en a profité.
12:13 À l'instant, Élisabeth Borne dit avoir quand même
12:16 le sentiment du devoir accompli.
12:20 Vous qui avez négocié avec elle, Bruno Retailleau,
12:23 vous qui avez vu tous les changements.
12:24 Il y a eu quelques bras de fer, même.
12:26 Elle le dit, vous pensez, le sentiment du devoir accompli, c'est ce qu'elle ressent ?
12:30 En tout cas, moi, je ne vais pas la critiquer.
12:33 C'est une femme de gauche. Objectivement, nous n'avons pas...
12:35 Qui a voté un texte de droite.
12:37 Elle ne l'a pas voté, elle l'a proposé.
12:38 Qui a laissé voter.
12:39 Simplement, ce que je veux dire, parce que moi, je respecte toujours mes adversaires.
12:42 C'est une femme de gauche, très bien.
12:44 Mais dans les contacts et les échanges que nous avons eus,
12:47 qui ont été parfois rudes, souvent, c'était la femme d'État.
12:51 Et elle a exercé un métier, un beau métier, préfet.
12:54 Et c'est ce qui marche en matière d'immigration.
12:56 Et c'est ce qui ne marche pas.
12:58 Et je voyais bien que dans nos mesures qui étaient critiquées par ailleurs,
13:01 finalement, pas grand chose ne la choquait.
13:03 Parce qu'elle a conscience qu'on est au bout du bout
13:05 et qu'on est dans un chaos migratoire.
13:07 Les Français, regardez, c'est incroyable.
13:09 Les sondages, vous vous en faites aujourd'hui un état.
13:12 J'écoutais un politologue tout à l'heure en face de Dimitri Parvenko.
13:16 Franchement, c'est le seul, un des seuls sujets où les Français,
13:19 qui sont un peuple si gaulois, si fracturé, se retrouvent 75 à 80%.
13:24 Mais aussi une majorité d'électeurs de M.
13:26 Mélenchon disent qu'il y a trop d'immigration et qu'on sent à nos mesures.
13:31 C'est nouveau, ça.
13:32 Alors si c'est une victoire politique et de vos idées aussi, Bruno Rotaillot,
13:36 la porte, si la porte est ouverte à une entrée au gouvernement, vous y allez ?
13:40 Non, mais pas de débauchage.
13:42 Le problème du macronisme, je vous l'ai expliqué, c'est qu'on est au bout du bout
13:46 et que Rémi-Alain Macron, je ne pense pas qu'il puisse se réformer.
13:49 Il aurait pu former un gouvernement de coalition après la présidentielle
13:54 où lorsqu'il a constaté qu'au législatif, il n'avait pas de majorité absolue.
13:59 Il ne l'a pas fait.
13:59 Je pense qu'il n'a pas du tout envie de partager le pouvoir.
14:03 Ça reste Jupiter, quoi qu'on en dise par ailleurs.
14:06 On est d'accord que le texte a été voté grâce à vous et grâce aux voix du RN.
14:10 Est-ce que vous le dites aussi clairement ce matin ?
14:12 Il a été voté, c'est nous qui l'avons fait.
14:15 Il a été voté grâce aux voix LR, grâce aux voix de la majorité aussi quand même.
14:20 Il y a les trois quarts de la majorité présidentielle qui l'ont voté
14:22 et grâce aux voix du RN, bien sûr.
14:24 Mais le RN, un député RN, une voix RN à l'Assemblée
14:28 égale une voix aussi de n'importe quel autre député.
14:31 Je veux simplement dire que je ne compte pas les textes,
14:34 notamment les lois de programmation militaire de l'intérieur, défense, etc.
14:39 qui ont été votés aussi par les députés du RN
14:43 avec d'autres députés LR ou de la majorité présidentielle.
14:46 Et pour conclure, Bruno Rotaillot, croyez-vous vraiment,
14:48 vraiment que ce texte va changer les choses ?
14:50 Il y a quelques semaines, ici encore,
14:52 vous affirmiez l'importance d'une révision constitutionnelle
14:55 que le droit français prime sur les normes et les traités européens.
14:58 Emmanuel Macron ne veut pas du tout aller vers cette réforme.
15:00 Alors, que dire aux Français ?
15:01 Il ne les changera, je vais vous dire.
15:03 Le point le plus fondamental, c'est que vous aurez pu,
15:06 vous pouvez voter les textes les plus durs du monde
15:08 s'il n'y a pas la volonté politique de les appliquer.
15:11 Les textes ne sont rien.
15:13 La politique, vous voyez, ce ne sont pas des textes d'abord.
15:16 C'est du droit sans doute, mais c'est d'abord le courage de la volonté,
15:18 le courage de faire.
15:20 Emmanuel Macron, même si nous avons eu le courage de forger ce texte
15:24 et de le voter, aura-t-il désormais le courage de l'appliquer ?
15:27 J'en doute.
15:28 Merci Bruno Rotaillot.
15:29 C'était votre grande interview ce matin sur Europe 1 et CNews.
15:32 Et à bientôt.
15:33 Merci à vous.
15:34 [Musique]
15:38 [SILENCE]

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