Manuel Bompard : «On est tous unis pour censurer le gouvernement de Michel Barnier»

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Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la motion de censure contre Michel Barnier par "principe" du Nouveau Front Populaire, d'une éventuelle motion de censure du Rassemblement national, de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur et d'une augmentation des impôts.

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Transcript
00:00Bonjour Manuel Bompard, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:04Vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, député de Marseille,
00:08première passation de pouvoir et premier conseil des ministres à venir pour l'équipe Barney.
00:13On va aller voir, d'ailleurs ils vont se retrouver pour un petit déjeuner arrivé en ce moment même.
00:18Le premier ministre qui a affirmé hier, Manuel Bompard, simplement vouloir servir le pays.
00:23Est-ce que, simplement pour cette phrase, et malgré vos divers chances de fonds,
00:26vous lui dites bonne chance pour relever et servir la France ?
00:29Je dis surtout bon courage aux Français.
00:32Et il me semble quand même que tout le monde doit comprendre que la nomination de M. Barney,
00:37ensuite la constitution de ce gouvernement, est une sorte de braquage en bande organisée.
00:43C'est-à-dire qu'il y a eu des élections au mois de juin et au mois de juillet,
00:47qu'il y a une coalition politique, c'est le Nouveau Front Populaire, qui est arrivée en tête,
00:51puisqu'elle dispose du plus grand nombre de députés à l'Assemblée Nationale.
00:54Et on a là, en quelque sorte, le club des perdants qui se met d'accord
00:57pour se répartir les miettes de la Macronie.
01:00Et je pense que ça sera et ça restera dans notre histoire
01:03comme un moment de forfaiture antidémocratique.
01:06Et je crains que ce traumatisme laisse malheureusement des traces.
01:09Vous savez, on n'est pas obligé d'être d'accord avec le Nouveau Front Populaire,
01:11nous sommes dans une démocratie.
01:13Mais le principe de base dans une démocratie, c'est que quand on gagne les élections,
01:17c'est la formation politique qui gagne les élections qui est appelée à constituer un gouvernement.
01:20Ce n'est pas ceux qui perdent.
01:21Et dans une démocratie, il peut y avoir aussi une culture du compromis.
01:24Ce qu'a dit hier Michel Barnier n'est pas forcément de compromission.
01:27Est-ce que vous dites ce matin que quoi qu'il arrive,
01:29quoi que dise M. Barnier lors du discours de politique générale,
01:32ce sera donc la motion de censure de la part du Nouveau Front Populaire ?
01:35Bien sûr que ce sera la motion de censure,
01:36tout simplement pour rétablir un ordre démocratique dans notre pays.
01:40Vous savez, le Nouveau Front Populaire jeudi est arrivé en tête,
01:42mais il ne dispose pas de la majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
01:45À partir de ce moment-là, bien évidemment que si le président de la République
01:49avait respecté le résultat des élections,
01:51c'est-à-dire qu'il avait permis la constitution
01:53d'un gouvernement du Nouveau Front Populaire,
01:55alors nous aurions cherché des majorités, des compromis à l'Assemblée Nationale.
01:59Bien évidemment que dans une situation de majorité relative,
02:02il faut en rechercher.
02:03Mais la question, c'est qui décide du cap politique ?
02:06Et ceux qui doivent décider du cap politique en démocratie,
02:08c'est les Françaises et les Français.
02:09Comment vous pouvez comprendre que la formation politique
02:12qui a fait moins de 6 % aux élections législatives
02:15se retrouve aujourd'hui à la tête du gouvernement ?
02:17Que vous ayez dans ce gouvernement une majorité de ministres de plein exercice
02:21qui soutiennent Emmanuel Macron,
02:23alors qu'il a été battu aux élections européennes
02:25et qu'il a été battu aux élections législatives ?
02:27C'est une négation du message qui a été envoyé par les Françaises et les Français.
02:30Manuel Bompard, ce matin sur CNews Europe 1,
02:32vous dites la motion de censure, quoi qu'il arrive,
02:34qui sera donc portée par les socialistes,
02:36comme l'a dit hier le premier secrétaire du PS Olivier Faure,
02:38au nom du Nouveau Front Populaire.
02:40Elle sera portée par l'ensemble des députés du Nouveau Front Populaire,
02:43le premier signataire, puisque nous sommes une coalition
02:46et l'idée c'est qu'il va y en avoir plusieurs des motions de censure.
02:48Donc l'idée c'est que ça tourne.
02:50Et là, en l'occurrence, oui, pour la première motion de censure,
02:52je crois, symboliquement, puisque certains ont essayé de trouver
02:56ou de chercher des failles au niveau du Parti Socialiste.
02:59Le fait que ce soit un socialiste qui porte la première motion de censure,
03:01je pense que c'est une bonne réponse à ceux qui ont essayé
03:04de chercher des failles dans le Nouveau Front Populaire.
03:06Oui, il n'y en a pas, on est tous unis pour censurer le gouvernement de Michel Paris.
03:09Vous croyez vraiment en la probabilité que cette motion de censure aboutisse
03:14si les voix du RN ne s'y joignent pas ?
03:16C'est mathématique.
03:19D'accord, mais je pense quand même...
03:22Non, vous y croyez ou pas ? C'est ma question.
03:24Moi, si je dépose une motion de censure, c'est avec l'objectif de censurer le gouvernement.
03:27Mais vous avez fait les calculs mathématiques.
03:29Vous savez que ce n'est pas possible sans les voix du RN.
03:31Maintenant, j'observe effectivement que le Rassemblement National
03:34a décidé de trahir ses électrices et ses électeurs.
03:37Parce que, pardon, mais moi je combats les idées du Rassemblement National.
03:41Il y a une nuance. Ils vont attendre de voir et de juger sur pièce.
03:44Non, mais attendez, Sonia Mabrouk.
03:46Il me semble quand même que pendant la campagne des élections législatives,
03:50les électrices et les électeurs qui ont voté pour des députés du RN,
03:54je crois qu'ils l'ont fait avec l'objectif de rompre avec le macronisme,
03:58pas de devenir en quelque sorte le faire-valoir de la continuité
04:02de la politique macroniste en France.
04:04Et donc, eux aussi sont trahis.
04:06En vérité, tout le monde est trahi dans cette situation.
04:08Les électeurs du Nouveau Front Populaire sont trahis par le président de la République
04:12parce qu'ils ont voté pour une formation politique,
04:14qu'ils l'ont mise en tête et que ce n'est pas elles qui gouvernent.
04:16Les électeurs du RN sont trahis puisqu'ils ont voté pour une formation politique
04:21qu'il leur a dit qu'on va rompre avec le macronisme
04:23et qui devient aujourd'hui la béquille de la poursuite du macronisme.
04:26Et les électrices et les électeurs qui, au deuxième tour des élections législatives,
04:30se sont mobilisés massivement pour empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir,
04:33parce qu'il s'est passé ça, entre les deux tours de l'élection législative,
04:36sont trahis parce que c'est aujourd'hui le RN qui a le droit de vie ou de mort.
04:40Et vous, vous êtes les seuls chevaliers blancs dans ce monde de trahison.
04:43Je ne dis pas que je suis le chevalier blanc.
04:44Je dis que les électrices et les électeurs du Nouveau Front Populaire ont été trahis.
04:48Oui, bien sûr, ils l'ont été.
04:50Et les Françaises et les Français l'ont été de manière générale.
04:52Vous dites que le RN, c'est la béquille du macronisme,
04:54alors que beaucoup, en tout cas eux-mêmes, se perçoivent plutôt
04:56comme les arbitres des élégances.
04:58Mais allons plus loin.
04:59C'est quoi la différence ?
05:00Qui décide aujourd'hui ?
05:02Mais qui est la formation politique qui permet à ce gouvernement
05:05de rentrer, de commencer à pouvoir gouverner ce pays ?
05:10Qui est la formation politique qui a fait un pacte secret avec Emmanuel Macron ?
05:15Tout ça a été documenté pour dire
05:17si c'est M. Barnier, nous ne censurerons pas le gouvernement.
05:20Oui, je pense que les électrices et les électeurs du RN,
05:23mais vous me direz à la limite, c'est leur problème.
05:25Mais peut-être que la prochaine fois, ils devraient se dire
05:27qu'ils ont été bien manipulés quand même.
05:28Manuel Bompa, est-ce que c'est de la trahison
05:30ou est-ce que c'est un esprit de responsabilité à l'inverse de votre position
05:34qui est de dire censure, volonté aussi de destituer le président ?
05:37Est-ce que vous ne cherchez pas le chaos ?
05:39Jean-Pierre Raffarin dit qu'après M. Barnier, c'est la loi de la jungle.
05:42C'est peut-être votre volonté ?
05:43C'est fort d'allure de dire ça, madame.
05:44Dans une démocratie, vous ne pouvez pas considérer
05:46qu'il n'y a qu'une seule option politique qui est possible
05:48et que tout le reste, c'est le chaos.
05:49Un gouvernement conduit par Lucie Castex,
05:52comme nous en avions fait,
05:53la proposition qui cherche des majorités à l'Assemblée nationale
05:55pour augmenter le pouvoir d'achat,
05:57pour développer nos services publics,
05:59pour répondre aux problématiques des Françaises et des Français,
06:01ce n'est pas le chaos.
06:02Quant à la procédure de destitution du président de la République,
06:05c'est un article de la Constitution, madame,
06:07l'article 68 de la Constitution.
06:09Quand on décide d'utiliser un article de la Constitution,
06:12donc une procédure qui est prévue par le droit à la Constitution...
06:16On peut vouloir le chaos institutionnel,
06:18tout en respectant la Constitution.
06:19Mais, madame, il faut faire attention avec cette logique,
06:21parce que si vous essayez d'expliquer aux gens
06:23qu'ils utilisent les outils de la Constitution
06:26pour faire leur travail,
06:27c'est mon cas, je suis un député de l'opposition,
06:29je n'ai pas été élu pour approuver la politique d'Emmanuel Macron.
06:32Je cherche à utiliser les moyens à ma disposition
06:34pour respecter la parole que j'ai donnée aux Françaises et aux Français.
06:37Si vous considérez désormais qu'utiliser les moyens de la Constitution,
06:40c'est faire preuve du chaos,
06:41alors il faudra dire aux gens qu'est-ce qu'ils doivent faire d'autre.
06:44Moi, je préfère que les gens se battent
06:46en utilisant les outils prévus par notre Constitution,
06:48c'est ce que je fais,
06:49et j'appelle les Françaises et les Français
06:51à appuyer cette motion de destitution du président de la République.
06:54Ils peuvent le faire en signant une pétition
06:56qui est sur le site macron-destitution.fr,
06:58on est à près de 350 000 personnes qui ont signé cette pétition,
07:02c'est quand même la preuve que tout le monde a compris
07:04qu'il y avait un problème avec le président de la République.
07:06350 000, ce n'est pas des millions de Français.
07:08Ce n'est pas mal, madame, 350 000.
07:10Ce que je vous propose, c'est que vous fassiez une pétition
07:13pour soutenir Michel Barnier,
07:14puis on verra combien il y aura de signatures.
07:16Pourquoi moi ?
07:17Non, vous ou quelqu'un d'autre.
07:18Un nom en particulier.
07:19Je ne suis pas sûr qu'il y aura 350 000 signatures.
07:21Un nom en particulier cristallise les critiques et attaques de la gauche
07:24et celui du ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
07:26qui sera d'ailleurs notre invité à votre place,
07:28demain ici même.
07:29Mathilde Panot avait déclaré,
07:30avant même d'ailleurs l'officialisation du gouvernement,
07:32qu'il avait fait preuve, monsieur Rotailleau, de racisme.
07:35Est-ce que vous estimez aujourd'hui
07:36que le ministre de l'Intérieur de la France est raciste ?
07:38Il a fait preuve de racisme, oui, bien sûr.
07:40Écoutez, quand monsieur Rotailleau disait, il y a un an,
07:44je ne vous parle pas d'il y a 30 ans,
07:45il y a un an, qu'un certain nombre de Français
07:48étaient en voie de régression vers leurs origines ethniques,
07:52je cite exactement les propos qui ont été tenus par monsieur Rotailleau.
07:56Excusez-moi, ça s'appelle un propos raciste.
07:58Vous êtes bien placé pour savoir que c'est un délit, pas une opinion.
08:02Je vais aller au bout.
08:03Quand monsieur Rotailleau classe les Français
08:06en disant qu'il y aurait des Français normaux,
08:08et qu'il y aurait des Français qui sont des Français de papier,
08:10excusez-moi, en République, il n'y a qu'une catégorie de Français,
08:13ce sont des Français.
08:14Quelles que soient leurs origines,
08:16quand ils sont Français, ils sont Français.
08:19Donc oui, bien sûr, quand on commence à classer les Français,
08:22quand on commence à considérer que la régression vers les origines ethniques,
08:25c'est-à-dire qu'il y aurait des races,
08:27et qu'il y aurait des races qui seraient inférieures,
08:29puisqu'on parle de régression.
08:30Oui, c'est un propos raciste.
08:32Dans ce cas-là, si on fait une hiérarchie entre les races,
08:34ce n'est pas une opinion, c'est un délit,
08:36et il est condamné dans notre pays.
08:37Ça n'a pas été le cas pour monsieur Rotailleau,
08:38ou alors l'épisode m'a échappé.
08:40Vous avez raison, pour l'instant, il n'a pas été condamné.
08:42Malheureusement, dans notre pays,
08:44il y a malheureusement encore des propos racistes
08:46qui ne sont pas condamnés.
08:47Mais oui, il y a des propos racistes, madame.
08:49Mais maintenant, si vous considérez...
08:51Je suis très heureux de vous entendre dire ça.
08:53Si vous pensez maintenant que quand on est condamné pour racisme,
08:56ça doit avoir des conséquences,
08:58je suis tout à fait d'accord avec vous,
09:00mais ce serait bien qu'on s'en rappelle ici, à CNews,
09:02où on a laissé la parole pendant des années et des années
09:04à un homme, monsieur Zemmour, qui avait été condamné
09:06à multiples reprises pour des propos racistes.
09:08Pardonnez-moi pour la présomption d'innocence,
09:10c'est-à-dire comme lorsque madame Panot est entendue
09:12dans le cadre d'une enquête pour apologie de terrorisme,
09:14avant de dire qu'elle fait de l'apologie de terrorisme,
09:16j'attends l'enquête et la justice.
09:18Ça s'appelle la présomption d'innocence.
09:20Je crois savoir que CNews et LFI y sont attachés également.
09:24Je crois que je suis pour la présomption d'innocence,
09:26mais en l'occurrence, je vous évoquais l'exemple
09:28de monsieur Zemmour.
09:29Lui, il a été condamné, madame, et ça n'a pas empêché,
09:31notamment sur cette chaîne, qu'on lui déroule le tapis rouge
09:34pendant des années et des années.
09:36Vous voyez, il y en a des gens qui voient les condamnations
09:38un petit peu à géométrie variable.
09:39Mais tout à fait, monsieur Mélenchon,
09:41on l'a peut-être entendu pour probablement injure publique,
09:43parce qu'il avait comparé le président d'une université
09:46à Adolphe Eichmann, mais voyez-vous,
09:48on attend encore, c'est la différence.
09:50Maintenant, vous ne l'avez pas attendu, d'ailleurs.
09:52Si, je l'ai dit, c'est présomption d'innocence.
09:53Oui, vous, peut-être personnellement,
09:54mais on ne va pas ici reprendre ce qui s'est passé
09:56pendant cette année.
09:57On va poursuivre l'entretien.
09:58Mais pendant des mois et des mois, des semaines et des semaines,
10:00j'ai vu des bandeaux, y compris sur cette chaîne de télé,
10:03disant que la France insoumise était un parti antisémite,
10:05alors que personne à la France insoumise, vous voyez,
10:07n'a jamais été condamné pour antisémite.
10:08On va en parler, vous aurez l'occasion de vous défendre.
10:10Gabriel Attal, patron des députés ensemble pour la République,
10:13veut des garanties du Premier ministre sur,
10:15Manuel Bompard, les droits LGBT, sur le droit à l'avortement.
10:18Michel Barnier dit qu'il ne veut pas répondre à des polémiques.
10:20Il dit qu'il n'y a aucune ambiguïté.
10:22Il y a vraiment une inquiétude sur ces sujets ?
10:23Bien sûr qu'il y a une ambiguïté ou des inquiétudes,
10:26puisque sont nommés au sein du gouvernement de M. Barnier
10:30des personnes qui ont eu des positions sur,
10:34on va dire, la liberté, sur la lutte contre l'homophobie,
10:38sur la lutte pour l'égalité des droits,
10:40sur la lutte pour les droits des femmes,
10:42qui sont des positions incompréhensibles et insupportables.
10:46Je rappelle qu'il y a un certain nombre de ministres de ce gouvernement
10:48qui, il y a quelques mois, ont voté contre, par exemple,
10:51l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution.
10:53Pas pour autant qu'ils sont contre l'IVG.
10:55Alors pourquoi ne l'ont-ils pas permis
10:57de sanctuariser ce droit en l'inscrivant dans la Constitution ?
11:00Parce qu'ils estiment qu'il n'y a peut-être pas de danger dans notre pays ?
11:02Monsieur Barnier lui-même...
11:03Peut-être qu'ils estiment qu'il n'y a pas de danger dans notre pays
11:05sans pouvoir être contre l'IVG ?
11:07Vous l'entendez ou pas ?
11:08Non, je ne l'entends pas parce que c'est un argument de mauvaise foi.
11:11Je vais vous dire pourquoi.
11:12Parce que, par exemple, il y a d'autres pays en Europe
11:14dans lesquels le droit à l'IVG est remis en cause.
11:17Et j'observe que, par exemple...
11:18Oui, d'autres.
11:19Oui, mais j'observe que, par exemple,
11:21que les députés européens du Rassemblement national
11:24au Parlement européen,
11:25quand il y a des résolutions pour défendre le droit à l'IVG,
11:28ils votent contre.
11:29Donc ils peuvent dire en France
11:30qu'on ne le vote pas parce que ce n'est pas menacé.
11:32Mais quand c'est menacé dans d'autres pays en Europe,
11:34alors dans ce cas-là, pourquoi ils ne votent pas pour, madame ?
11:36Pour Renaud Retailleau qui est attendu,
11:37Manuel Bompard aussi au sujet de l'immigration
11:39pour un contrôle plus ferme ou ferme tout court.
11:41Et peut-être une nouvelle loi proposant
11:43la fin de l'automaticité du droit du sol
11:45pour les enfants d'étrangers nés en France.
11:47Ou encore la conditionnalité des prestations sociales
11:49à une durée de résidence minimale.
11:51Ça, je précise, c'est ce que voulait M. Retailleau
11:53avant d'entrer au gouvernement.
11:54Il nous précisera demain quelle est sa ligne et son objectif.
11:58Il l'a dit avant.
11:59Ce ne sera pas surprenant pour vous.
12:01Mais, madame, ces dispositions-là,
12:03non seulement il l'a dit avant,
12:04mais il a essayé de les mettre en place
12:05et ça a été censuré par le Conseil constitutionnel,
12:07je dois vous le rappeler,
12:08au moment des débats sur la loi immigration.
12:10Donc ce sont des propositions
12:12qui sont des propositions contraires à notre Constitution.
12:15Donc je ne sais pas si M. Retailleau
12:17va s'entêter sur ce sujet.
12:18Mais il est évident que s'il s'engage sur cette voie,
12:21il nous retrouvera sur sa route.
12:23Parce qu'effectivement, c'est inacceptable
12:25de continuer à défendre des mesures,
12:27notamment ce concept-là de préférence nationale
12:29qui classe, encore une fois, les Français
12:31en fonction de leur origine
12:33et qui fait que certains auraient des droits particuliers
12:36que d'autres n'auraient pas.
12:37C'est contraire au principe d'égalité
12:39qui est au cœur de notre Constitution.
12:40Et pour contrôler davantage les flux migratoires,
12:42comme le fait le...
12:43Attendez, je termine juste ma question.
12:44Les socialistes en Allemagne, Olaf Scholz,
12:46ou les socialistes sociodémocrates en Danemark,
12:49est-ce que c'est possible pour vous,
12:51ou vous le rejetez également ?
12:52Ce n'est pas parce que des socialistes ailleurs en Europe
12:54font des erreurs et s'engagent sur une mauvaise voie
12:56que je dois la reprendre à mon compte.
12:58Vous savez, on pourra débattre,
13:00et ça prendrait un petit peu de temps,
13:01sur la question de l'immigration, si vous voulez.
13:03Ce que j'observe, c'est qu'on est en permanence,
13:05chaque année, avec des nouvelles propositions de loi
13:08et qu'à chaque fois, on nous dit que ça n'a rien réglé.
13:10Donc peut-être qu'à un moment,
13:11il faut se poser la question de savoir
13:12si la manière avec laquelle on traite du sujet est la bonne.
13:15Je ne le crois pas du tout.
13:16Et je rappelle que ce serait bien
13:18qu'on ne passe pas notre temps
13:19à pointer du doigt une partie des Français.
13:21Une personne sur dix en France
13:23est un travailleur immigré
13:25et bien moi, je vous dis,
13:26au lieu de les dénigrer en permanence,
13:27on devrait les remercier.
13:29Je voudrais conclure cette grande interview, Manuel Bompard,
13:31par deux questions.
13:32D'abord, au Proche-Orient, avec ce qui se passe
13:34et le risque d'escalade entre Israël et l'ESBOLA,
13:37après les opérations inédites
13:38autour des Bipers ou des Tolkiwokis.
13:40D'abord, juste une première précision,
13:42est-ce que vous considérez l'ESBOLA
13:43comme une organisation terroriste ?
13:45Ce n'est pas la position de la France.
13:46La France ne considère pas l'ESBOLA
13:48comme une organisation terroriste.
13:50Moi, je suis aligné avec la position
13:51de la diplomatie française.
13:52L'Union Européenne estime que la branche militaire
13:54du ESBOLA est organisation terroriste.
13:55Donc pas l'ESBOLA en tant que telle.
13:57Mais est-ce que la branche militaire l'est ?
13:58Mais ça, c'est la position de l'Union Européenne.
14:00Mais est-ce que vous êtes d'accord sur cette ligne ?
14:02Sonia Mabouk, avant de parler de ça,
14:04si vous voulez bien,
14:05il s'est passé, la semaine dernière,
14:07des actes qui ont été salués
14:09par une partie des observateurs politiques
14:11en France qui me stupéfait.
14:13Des terroristes ont été visés.
14:14Mais, madame, je vous rappelle
14:16qu'on a frappé de manière indistincte
14:18des personnes qui étaient équipées
14:20d'un beeper ou d'un...
14:22Je crois qu'on appelle ça un beeper
14:24qui, parfois, avait pu être posé
14:26sur une table dans un commerce.
14:27C'est-à-dire que ça a frappé des civils
14:29qui n'avaient aucune responsabilité.
14:30Je parle des personnalités visées.
14:31Il faut déplorer, évidemment,
14:33s'il y a des personnes qui ont été touchées.
14:35Madame, ça s'appelle une violation
14:36du droit international.
14:37Monsieur Bompard, quand des terroristes sont visés,
14:39ça ne vous satisfait pas ?
14:40Mais pas n'importe comment, non.
14:42Ça dépend...
14:44Là, on parle d'actes qui sont des actes
14:46de violation du droit international.
14:48Dans le droit international,
14:49on ne frappe pas des civils de manière indistincte.
14:51Et par ailleurs, ce sont des actes
14:52qui contribuent à une surenchère
14:53dans une région où il y a un danger immense.
14:56Et moi, je pense à nos compatriotes
14:58et à nos amis libanais,
14:59parce que le Liban est un ami de la France.
15:01Et je leur dis que nous nous tenons
15:03aux côtés du peuple libanais
15:05face à ces risques de surenchère et d'escalade
15:07qui sont particulièrement insupportables
15:09et particulièrement inacceptables.
15:10Parce qu'on peut venir sur les plateaux de télévision
15:12faire ci, faire ça, etc.
15:14Mais je crois que personne n'a intérêt
15:15à l'embrasement généralisé d'une région
15:17dans laquelle il y a eu déjà
15:18beaucoup trop de souffrance et beaucoup trop de morts.
15:19Personne n'a intérêt à l'escalade,
15:21mais Michel Barnier hier, le Premier ministre,
15:22a rappelé le droit d'Israël à se défendre.
15:24Il faut le sanctuariser.
15:25Vous pensez aussi à ce droit,
15:26tout autant que vous pensez aux Libanais ?
15:28Mais Madame, d'abord,
15:30M. Barnier aurait pu avoir un mot
15:32pour les victimes civiles,
15:34la population gazaouie qui frappait
15:36depuis un an maintenant par des conditions
15:38qui sont des conditions atroces
15:39et qui fait dire à un certain nombre
15:41d'observateurs internationaux,
15:42et je reprends cette caractérisation à mon compte,
15:44qu'il y a aujourd'hui un génocide
15:46en cours à Gaza.
15:48Donc, M. Barnier aurait pu avoir un mot
15:50sur ce sujet.
15:51Quant au reste, oui, ma perspective politique,
15:53c'est la possibilité pour le peuple palestinien
15:55de pouvoir avoir droit à un État
15:57et la possibilité, bien évidemment,
15:59d'une cohabitation en sécurité
16:01pour l'État palestinien
16:03et pour l'État israélien.
16:04Mais on n'y arrivera, Madame,
16:05qu'à la fin de l'opération israélienne à Gaza,
16:08que dans le respect du droit international,
16:10qu'avec la fin de la colonisation,
16:12parce que c'est seulement dans le respect du droit international
16:14qu'on arrivera à obtenir la pédance du régime.
16:16Est-ce que dénoncer, et à juste raison,
16:18évidemment, les morts palestiniens,
16:20vous empêche de dire qu'Israël a le droit de se défendre ?
16:22Mais non, Israël n'a pas le droit de se défendre
16:24dans toutes circonstances et en faisant ce qu'il a envie.
16:26Parce que le droit de se défendre,
16:28ça n'existe pas dans le droit international
16:30de manière à pouvoir frapper de manière indistincte
16:32des populations civiles,
16:34de tuer des femmes, des enfants.
16:36Une contribution dans la revue The Lancet
16:38estimait à à peu près 200 000 victimes
16:41directes ou indirectes,
16:43le nombre de personnes qui sont mortes à Gaza.
16:45Donc peut-être que ça ne vous fait rien,
16:47mais moi, personnellement, ça me fait quelque chose.
16:49Je vous pose la question.
16:51Est-ce que condamner et dénoncer les palestiniens
16:53vous empêche de dire qu'un pays peut se défendre ?
16:55Mais j'observe que M. Barnier a été incapable
16:57d'avoir ne serait-ce qu'un mot
16:59de compassion. Et je pense que
17:01la position de la France est une position
17:03qui nous fait honte sur la scène internationale,
17:05que la France devrait enfin dire à M. Netanyahou
17:07qu'il doit s'arrêter et créer les éléments
17:09de force par l'embargo sur les armes,
17:11par la reconnaissance de l'État de Palestine.
17:13Voilà ce que j'aurais attendu d'un gouvernement
17:15qui rétablit la parole de la France,
17:17une voix forte pour la paix.
17:19Comme nous en avons été longuement fiers,
17:21et malheureusement, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
17:23C'était votre grande ITV sur CNews Europe 1.
17:25Je vous souhaite bonne journée et à bientôt.

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