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00:00Caroline Chaplin, responsable de l'association Face à l'inceste dans l'héros, qui organise une table ronde à Montpellier aujourd'hui, Anne.
00:06Bonjour Caroline Chaplin, vous organisez cette table ronde à l'hôtel de ville à Montpellier, on va en reparler.
00:14Les chiffres de l'inceste en France sont édifiants, trois enfants par classe, on estime, en moyenne, sont victimes d'inceste.
00:21Vous avez, vous, mené des sondages avec votre association, et en fait ce qui en ressort c'est que le sujet concerne vraiment tout le monde.
00:28Oui, en effet, l'inceste est loin d'être marginal, je vous remercie.
00:32L'association qui existe depuis plus de 20 ans est en partie connue pour les études et les enquêtes que nous menons,
00:39et en effet, parmi les derniers chiffres que nous avons réalisés, donc c'est un inceste qui a été commandé à l'IPSOS,
00:49il s'est révélé qu'un Français sur dix est victime d'inceste.
00:530467586000, on vous pose cette question, la parole des enfants est-elle suffisamment écoutée face à l'inceste ?
00:59Un Français sur dix victime d'inceste, ça veut dire puisque chaque victime a un entourage, on connaît tous ou presque quelqu'un qui a été ou qui est victime d'inceste.
01:09Oui, tout à fait, parmi les questions qu'on a posées aux sondés, il s'est révélé qu'un tiers des sondés déclarent connaître une victime d'inceste dans leur entourage.
01:21C'est pour ceux qui sont au courant, on estime qu'il y en a plein aussi dont on ne connaît pas l'histoire forcément.
01:28Cette table ronde que vous organisez aujourd'hui à l'hôtel de ville de Montpellier, elle est ouverte à qui ?
01:33Elle est ouverte d'abord aux professionnels, aux étudiants, l'accès est gratuit à cet événement, mais plus largement au grand public soucieux de s'informer sur le sujet.
01:45Professionnels, c'est-à-dire professionnels en contact avec les enfants, des enseignants, des professionnels de santé ?
01:51Oui, tout à fait, touchant professionnels confondus, oui, tout à fait.
01:54Et ces professionnels-là, ils sont formés dans leur cursus ou pas du tout ? Et c'est justement grâce à ce genre de réunion de table ronde qu'ils vont pouvoir avancer sur le dossier ?
02:03Sur la question de la formation, il y a une part variable, en effet, et c'est ce qui nous motive aussi à réaliser cet événement.
02:11Et cette part variable, en effet, on souhaiterait pouvoir l'améliorer, il faudrait que la formation soit obligatoire pour tous les professionnels.
02:20Et je repense au témoignage que vous avez évoqué tout à l'heure à propos d'un de vos auditeurs et d'une expérience qu'il a vécue avec un médecin,
02:28il ne faudrait pas qu'il y ait une part, il ne faut plus que ça repose sur la chance de tomber sur un professionnel formé,
02:34mais il faut que tous les professionnels soient formés, en effet, et à écouter la parole d'un enfant victime.
02:39Témoigné ce matin au 04-67-58-6000 sur cette question, la parole des enfants est-elle suffisamment écoutée face à l'inceste ?
02:46Bonjour Françoise, à Saint-Gélie-du-Fesque, votre avis sur cette question ?
02:54Françoise, est-ce que vous êtes là ?
02:55Puisque l'acte se produit par quelqu'un en qui il avait confiance, il peut en avoir honte, il peut avoir peur s'il a reçu des menaces,
03:02donc il n'y aura pas toujours de la parole.
03:04Moi je voulais attirer l'attention sur les gestes qu'il manifeste, son comportement, et peut-être ses dessins aussi.
03:11Vous voyez, j'ai devant moi des dessins d'enfants qui montrent des choses équivoques, sur lesquels il faut le questionner.
03:18Alors le dessin, c'est peut-être l'enseignant qui peut parler à la maman, c'est le plus souvent à la maman que l'enfant se confie,
03:24ou que la maman est plus sensibilisée là-dessus, c'est les statistiques qui le montrent.
03:29Mais bref, s'il n'y a pas de parole, bien sûr qu'elle doit être écoutée, prise en compte et crue,
03:34mais il y a d'autres signes qui montrent qu'il y a eu des gestes incestueux.
03:37Et c'est ça qu'il faut organiser aussi, ce repérage.
03:40Merci beaucoup Françoise pour votre témoignage avec Caroline Chaplin.
03:44Il y a des gestes, quels gestes ? On peut repérer à quoi il faut faire attention quand on est en contact avec un enfant ?
03:50Alors il y a les changements de comportement d'abord qui doivent alerter, qui sont cumulés et répétés dans le temps.
03:57Après il faut savoir que ce qui n'est pas évident, c'est qu'un enfant peut aussi ne manifester aucun signe, ça peut aussi arriver.
04:02Même s'il y a des constantes changements de comportement, ça peut être une urésie, ça peut être comportements sexuels qui ne sont pas du tout adaptés à son âge,
04:10ça peut être repli sur soi, en effet il se renferme, il est moins ouvert, rupture de confiance avec les adultes.
04:18Donc il y a toute une série de signes qui peuvent être repérés et qui seront exposés à l'occasion de cet événement à la table ronde ce soir.
04:26Françoise nous parlait de dessins à l'instant, on sait que ça fait effectivement aussi partie des choses qu'on peut regarder d'un peu plus près.
04:34Oui tout à fait, je voudrais, les dessins oui bien sûr, les enfants vont aussi s'exprimer à travers ce moyen-là.
04:41Je voudrais revenir sur un aspect de sa remarque, permettez-moi, ça concerne le fait que ça se passe dans la famille et que le crime soit commis par un membre de la famille.
04:51Et c'est en cette raison-là, pour cette raison-là, que l'inceste doit être abordé et regardé de manière vraiment spécifique.
04:58Ce n'est pas uniquement une violence sexuelle faite à un enfant, c'est une violence sexuelle faite à un enfant par une personne de confiance et de la famille.
05:06Et donc en fait, dans notre plaidoyer, c'est ce que nous défendons, c'est la reconnaissance d'un crime spécifique d'inceste et d'un accompagnement d'une prise en charge spécifique pour les victimes.
05:19Ce qui rend la parole peut-être encore plus compliquée, on ose peut-être moins dénoncer quelqu'un de sa famille ?
05:25Bien sûr, la loyauté familiale, elle pèse beaucoup et à plus forte raison quand on est mineur et qu'on dépend entièrement économiquement, psychologiquement et affectivement de sa famille et de ses parents.
05:34Alors les problématiques, on les voit bien, qu'est-ce qu'on peut faire maintenant ? Qu'est-ce que vous prônez vous, à la fois comme accompagnement, comme prise en charge, comme moyen de détection ?
05:45Au plus haut niveau, c'est les lois, c'est l'avancée législative. On milite pour l'imprescriptibilité du crime d'inceste notamment.
05:55Pas de prescription, pour être plus clair.
05:58Tout à fait, puisqu'on considère que c'est un passeport pour l'impunité. On considère que l'abolition de la prescription est un premier outil de prévention, d'une certaine manière, dissuasif.
06:10Elle est de combien aujourd'hui la prescription ?
06:12Elle est de 30 ans, à compter de la majorité, sur les viols incestueux.
06:22On va parler de la formation, de façon plus pragmatique. La formation des professionnels est aujourd'hui un réel enjeu.
06:28Et également, permettez-moi d'élargir la question aux parents.
06:33Les parents aussi doivent être outillés et informés.
06:37Quand, par exemple, dans une fratrie, c'est l'un, le frère ou la sœur.
06:42Les filles peuvent agresser aussi, même si dans une proportion bien moindre que les garçons.
06:48Dans une famille, comment les parents peuvent réagir ? Vers qui ils peuvent se tourner ?
06:53Quels sont les outils qui peuvent être mis à leur disposition ?
06:56L'accompagnement à la parité, à la parentalité et l'information sur l'inceste auprès des familles, c'est aussi un enjeu tout à fait fondamental.
07:03On avait Eddy qui nous disait, sur notre page Facebook, en réaction à la question du jour,
07:09il est temps qu'il y ait des lieux pour accueillir ces enfants-là. C'est aussi ce que vous défendez ?
07:15Alors oui, ça rentre dans un cadre plus général de ce qu'on défend de prise en charge globale des enfants victimes d'inceste.
07:25Et en effet, il y a déjà des exemples qui existent.
07:28On a pu évoquer à l'occasion de nos échanges de la maison Papillon qui a été ouverte très récemment.
07:35Donc ça, dans les Pyrénées-Orientales, dans la région.
07:38Il faut savoir qu'il existe depuis la fin des années 90 la maison Jean-Bru à Agen, de l'association des docteurs Bru.
07:46Rien dans les rots ?
07:48A ma connaissance, en tout cas pas.
07:51Mais c'est vrai que ça repose sur des initiatives associatives.
07:54Il y a la maison des femmes à Montpellier qui est adossée au CHU, qu'il faut signaler, qui a été ouverte il y a peu de temps
08:03et qui, en l'occurrence, peut aussi accompagner des femmes et des enfants victimes de violences intrafamiliales.
08:09Mais il faudrait peut-être des lieux spécifiquement dédiés ?
08:12En tout cas des lieux dans lesquels les professionnels sont formés spécifiquement à l'inceste et au psychotrauma en fait.
08:19Merci beaucoup Caroline Chaplin d'avoir été avec nous ce matin.
08:24Je rappelle donc que vous êtes la référente héroltèse de l'association Face à l'inceste.
08:29Vous organisez aujourd'hui à l'hôtel de ville de Montpellier une table ronde sur le sujet.
08:34C'est ouvert à tous, c'est gratuit, vous l'avez dit, pour ça il suffit de s'inscrire en gros, il y a encore des places ?
08:38Oui tout à fait, il faut écrire un mail à contact34.fr
08:42On mettra tout ça sur le site de francebleu.fr et ça commence à 17h, c'est la fin de journée ?
08:47A 17h, accueil assuré dès 16h30.
08:49Pour en discuter notamment avec des professionnels. Merci beaucoup Caroline Chaplin.
08:52Merci à vous.