Deux syndicats du CHU de Montpellier déposent un préavis de grève illimitée pour les personnels des urgences de Lapeyronie à partir d'aujourd'hui. La CGT et Force Ouvrière, le syndicat majoritaire, dénoncent une situation intenable pour les personnels et les patients. Un rassemblement est prévu à 8h30 ce matin devant les urgences.
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00:00Et les 7h43, grève illimitée à partir d'aujourd'hui aux urgences du CHU La Peyronnie à Montpellier.
00:07Une grève après plusieurs alertes au mois de janvier pour dénoncer une situation intenable pour les personnels et les patients.
00:14On en parle avec votre invité Sébastien Garnier, le secrétaire force ouvrière de l'hôpital.
00:18Laurent Brun, bonjour.
00:20Bonjour.
00:21Deux syndicats ont déposé ce préavis de grève, la CGT et le vôtre, force ouvrière, qui est le syndicat majoritaire.
00:28Mais j'ai envie de dire, un peu comme toujours à l'hôpital, malheureusement pour vous, cette grève, elle ne va pas trop se voir.
00:34Elle ne va pas trop se voir. On espère qu'elle aura de la visibilité.
00:38On utilise effectivement tous les vecteurs qui sont les nôtres, notamment le volet médiatique,
00:43pour sensibiliser la population sur le fait que nos collègues sont à nouveau sous l'eau.
00:48C'est une constante, ce n'est pas quelque chose qui est nouveau, mais qui s'accentue au fil du temps et au fil des années,
00:53puisque notre bassin démographique ne fait que se développer,
00:57et aucune étude vraiment raisonnable n'a été menée pour reconfigurer la volumétrie de nos urgences.
01:05Aujourd'hui, les mètres carrés ne sont plus suffisants, mais on est en déficit aussi de surveillance
01:12par rapport au fait qu'il nous manque des ressources humaines.
01:15C'est la demande que portent les agents aujourd'hui, tout simplement parce qu'on constate un flux de patients constants
01:22qui a augmenté de plus de 4 000 par an.
01:25Justement, combien de personnes viennent chaque jour aux urgences à Montpellier ?
01:28Actuellement, nous sommes sur des pics d'activités qui sont à plus de 180-190 passages par jour.
01:36Comme je vous l'ai dit, ça fait 4 000 passages de plus par an.
01:39Ça, c'est une constante régulière.
01:41Combien de médecins pour s'occuper de ces patients du coup ?
01:44Je ne vous dirai pas le nombre de médecins, mais si je ne me trompe pas, je pense que c'est 6 ou 7.
01:49Il y a un nombre de paramédicaux qui est insuffisant aujourd'hui, surtout sur les zones à risque,
01:55c'est-à-dire la salle d'orientation, là où le tri se fait.
01:59Lorsque les patients arrivent, on a des brancards qui se cumulent et qui s'entassent les uns à côté des autres.
02:06Ça devient extrêmement compliqué en termes de surveillance.
02:09C'est chronophage.
02:13Clairement, l'attente génère du stress, génère de l'agressivité.
02:16On connaît toutes les difficultés qui, après, peuvent encourir.
02:19160 personnes par jour, ce n'est pas juste en ce moment parce qu'il y a une épidémie de grippe particulièrement sévère.
02:26C'est quelque chose de récurrent, malheureusement.
02:29C'est quelque chose qui est récurrent.
02:31C'est quelque chose qui, nationalement, est pareil, puisque tous les services d'urgence aujourd'hui sont sous l'eau.
02:37Il y a, en fait, le pic épidémique aujourd'hui.
02:41C'est la goutte qui fait déborder le vase, comme on a pu le constater préalablement avec le Covid.
02:45Notre système de santé est arrivé à bout de souffle.
02:48Clairement, nos politiques nous laissent en pâture.
02:51Il faut se dire les choses.
02:53Il n'y a plus d'évolution aujourd'hui pour donner des conditions de travail correctes à nos collègues.
02:59Bien évidemment, notre inquiétude, c'est non seulement que la prise en charge ne soit pas bonne,
03:03mais que, derrière ça aussi, on perde encore des professionnels,
03:06parce qu'on n'en a pas tant que ça sur le marché.
03:08Ça devient très tendu.
03:10On va venir précisément à vos revendications, à ce que vous demandez.
03:14Vous avez rencontré la direction hier.
03:16Vous nous direz ce qu'elle vous a dit.
03:18Mais d'abord, moi, ce que je voudrais savoir, c'est est-ce que, compte tenu de cette situation,
03:22il y a un danger à se rendre aux urgences au CHU de Montpellier pour les patients ?
03:28Il y a un danger, non, parce que la prise en charge est toujours bien assurée.
03:34Ce qui est dangereux, effectivement, c'est qu'on a une population de plus en plus vieillissante
03:38avec une recrudescence de patients de plus de 75 ans
03:41qui nécessite beaucoup plus de surveillance rapprochée.
03:45Ce que, clairement, sur une salle d'orientation qui est bondée, on ne peut pas faire.
03:48Et là, effectivement, il y a un danger dans la prise en charge.
03:51Il y a un danger sur un défaut de surveillance, et donc sur le volet sécuritaire.
03:55Malgré ce, nos collègues se donnent à fond.
03:59Et nécessairement, ils assurent le service qu'ils doivent assurer.
04:04Mais quand ils partent de là, les premières discussions qu'on a avec eux, c'est toujours la même.
04:09C'est-à-dire, nous avons l'impression de ne pas mener à bien nos missions,
04:13parfois même d'être maltraitants.
04:15Et ça, c'est quelque chose qui est vraiment très inquiétant,
04:17parce que ça veut dire que, clairement, ils sont prêts à passer à autre chose
04:20et à changer d'orientation professionnelle.
04:22Et ça, c'est criant.
04:24Alors, je le disais, vous avez rencontré la direction hier.
04:27Qu'est-ce que vous avez demandé ? Qu'est-ce qu'on vous a répondu ?
04:30Nous, ce qu'on a demandé, c'est des mesures coup de poing aujourd'hui,
04:33parce qu'il faut répondre à l'urgence.
04:36Parce que, clairement, il y a un projet architectural de modernisation du CHU
04:40qui va aller jusqu'en 2028 pour les urgences.
04:43Mais aujourd'hui, il faut tenir jusque-là.
04:45Donc, les personnels ont demandé du renfort en ressources humaines, bien évidemment,
04:50du renfort infirmier, du renfort aide-soignants.
04:53Également, la création d'un service de post-urgence médicale,
04:56parce que la vraie problématique des urgences, c'est d'arriver à fluidifier le parcours des patients
05:01et de pouvoir les orienter vers un secteur qui sera de la post-urgence,
05:05qui aujourd'hui n'est pas assez volumineux,
05:08et renforcer la fonction de transport des patients,
05:12pour pouvoir, là aussi, avoir une plus grande rapidité d'exécution
05:17pour amener les patients vers les services d'imagerie ou les services d'hospitalisation.
05:22Est-ce que la direction a ce personnel sous le coude ?
05:25Est-ce qu'elle peut répondre à ces revendications ?
05:28Concernant les personnels paramédicaux,
05:30elle nous dit qu'aujourd'hui, elle n'a plus de problèmes de tension sur ces secteurs-là,
05:35ce qui veut dire qu'elle peut recruter.
05:37C'est-à-dire les aide-soignants ?
05:39Les aide-soignants, les infirmiers.
05:41Il y a du monde qui attend pour rentrer à l'hôpital.
05:44En revanche, sur le service de post-urgence médicale qui devrait ouvrir prochainement
05:50et qui devrait accorder 15 lits supplémentaires sur ce post-urgence,
05:55on ne trouve pas de médecin urgentiste pour assurer cette fonction.
05:58Donc aujourd'hui, c'est statu quo.
06:00Et bien évidemment, les urgences continuent à s'engorger.
06:04Merci Laurent Brun.
06:06Je rappelle que vous êtes le secrétaire du syndicat Force Ouvrière au CHU de Montpellier.
06:11Et je précise qu'un rassemblement est prévu à 8h30 tout à l'heure,
06:14à ces salles devant les urgences, avec le personnel qui ne travaille pas
06:17et qui va se manifester.
06:19Oui, puisque d'autres seront grévistes mais assignés.
06:21Mais assignés, c'est le principe.
06:23C'est le principe.
06:24Merci à eux. Merci à vous. Bonne journée.
06:26Merci à vous.