• il y a 3 mois

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Transcription
00:00On apprend très vite à une femme comment simuler.
00:01Quels bruits faires, qui sont parfois complètement ridicules.
00:04Parce que nous, on sait bien, quand on se masturbe seule, pardon,
00:07mais on ne fait souvent pas tous ces...
00:08Donc en fait, il n'y a rien qui est vrai.
00:09J'aimerais qu'on réhabilite ou qu'on admire les parcours de femmes
00:15quand ils s'emparent de la sexualité, de leur sexualité.
00:19Qu'on n'ait plus honte de son désir.
00:21Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'une personne devant une porte fermée ?
00:24Quand elles ne savent pas vraiment si elles sont vouées.
00:27Je suis partie d'une pulsion et d'une envie très intime.
00:29Réfléchir peut-être à mon désir et à une femme
00:33dont le principe serait de ne plus ressentir ce plaisir.
00:36Elle est dans une société qui lui impose tellement
00:39de jouer un rôle de perfection à tous les niveaux
00:42qu'elle en devient comme un robot rigide.
00:45Et au fur et à mesure, il faut que quelque chose lâche en elle
00:48pour qu'elle reconnecte à ses sens.
00:49C'est là où ça m'a hantée, ce film.
00:52Parce que la première chose, quand on est une femme et une jeune femme,
00:56ça m'a amenée vachement en arrière.
00:57Tu apprends très vite que la rue, l'espace public n'est pas à toi.
01:00On doit sourire.
01:02L'espace intime, même dans le couple, ce n'est pas gagné.
01:05Il n'est pas non plus à toi, cet espace, vraiment.
01:07Ton corps, il n'est pas à toi non plus.
01:09Parce qu'on l'a modelé en fonction,
01:11et donc tu te retrouves très vite à devoir, très jeune en tant que fille,
01:14te poser des questions sur ton poids, ta poitrine, tes fesses.
01:18Et pour, par le regard masculin.
01:21La parole, en plus moi j'ai commencé dans le même cinéma,
01:23donc la parole, il n'y en avait pas.
01:25C'est simple, il n'y en avait pas.
01:27C'était vraiment juste un corps.
01:28Les émotions, c'est pareil.
01:30Ah non, il ne faut pas trop que tu ouvres ta gueule.
01:31Il ne faut pas non plus que tu pleures trop.
01:33C'est vraiment quelque chose de robotique.
01:35Complètement désincarné dans le corps, mais dans l'âme aussi.
01:37Un idéal de projection.
01:38Voilà, ne soit rien, comme ça on pourra projeter sur toi ce qu'on a envie d'imaginer.
01:42Le monde qui est en face, je ne veux pas dire, pas tous les hommes,
01:46mais s'accommodent avec ça.
01:48C'est-à-dire que oui, ils doivent se douter que ce n'est peut-être pas forcément,
01:50oui toujours.
01:51Surtout, je dirais qu'il y a une époque qui s'est accommodée de ça.
01:53Et puis là, il y a un mouvement qui s'enclenche et qui s'engage.
01:56Et c'est ce qu'on a envie d'explorer et qui dit d'accord, on est en train de se réveiller.
01:59Il y a des choses qu'on s'était dites ou qu'on avait conçues,
02:01peut-être qu'on n'avait pas envie de voir.
02:02Il y a comme un chemin qui s'ouvre devant nous.
02:04Tu as du plaisir ?
02:06Pourquoi pas ?
02:08Les actrices peuvent avoir une culture du rapport à l'image
02:11où on leur demande dès le plus jeune âge,
02:13où on leur a demandé par le passé de s'offrir,
02:15d'offrir le corps au regard du réalisateur ou de la réalisatrice.
02:19Et nous, on a beaucoup travaillé à inverser ce processus.
02:23Il y a la question de la liberté de l'acteur ou de l'actrice.
02:27Et en fait, surprise, Me Too a créé un truc formidable.
02:31En fait, la période qu'on vient de traverser et les réflexions qu'elle produit
02:35ont créé un espace de liberté.
02:36Alors certains voudraient faire croire le contraire et c'est bien dommage.
02:39Mais la vérité, c'est que quand on discute tous ensemble
02:42du sens des scènes et des scènes sexuelles,
02:44du sens qu'on veut leur donner,
02:45des sensations qu'on essaie de faire naître tous ensemble,
02:47une fois que tout le monde est dans la même énergie
02:51et dans le même système de pensée,
02:52que tout le monde peut s'exprimer,
02:53ce qui veut dire que le pouvoir est entre les mains de l'acteur,
02:57alors on ouvre un autre champ des possibles.
02:59Ce qui m'intéresse moi surtout,
03:01c'est de pouvoir travailler à l'exploration des plaisirs féminins.
03:05J'ai l'impression qu'on a vraiment très peu exploré ce sujet.
03:09On se dit oui, il y a eu déjà plein de films érotiques,
03:11il y a plein de films pornos,
03:12on est submergé par des images de sexualité ou d'intimité.
03:16Il y a tout à faire, tout à refaire au contraire.
03:18Et justement, dans une nouvelle dynamique,
03:20d'aller faire un film érotique en ayant comme toile de fond le consentement
03:25que tout le monde ait son espace
03:26et de l'amener énormément d'excitation,
03:29plus que justement quand on est dans une dynamique de domination.
03:34On nous a longtemps demandé de nous projeter dans des films
03:37écrits par des hommes pour un public plutôt masculin.
03:40Parfois on peut ressentir,
03:41ah bon, alors ok, c'est une histoire de femme.
03:44Comme si l'idée que le plaisir d'une femme,
03:46quand il n'est pas seulement la validation de la performance de l'homme,
03:49c'était déjà un peu moins intéressant.
03:50En fait, ça s'est manqué d'imagination
03:52parce que c'est au contraire à cet endroit-là
03:54qu'on sort de scénarios établis, d'histoires qu'on connaît déjà
03:57et qu'il se passe quelque chose d'un peu nouveau.
03:58Le plaisir des femmes n'est pas qu'une histoire de femme.
04:01C'est bon, c'est dans le son.
04:02Voilà, parfait.

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