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Transcription
00:00 De toute façon, cette histoire est choquante.
00:02 Cette histoire, elle est insoutenable.
00:05 La souffrance qui parcourt toutes les pages de ce livre
00:08 et évidemment qu'on retrouve dans le film, elle est insupportable.
00:12 Il est dans ta classe ?
00:28 Je pense que j'ai été profondément portée par l'histoire de Vanessa Springora
00:32 et par sa force et sa puissance.
00:34 J'ai dit à Kim que s'il y avait une scène
00:37 qu'elle ne se sentait pas de tourner,
00:40 je trouverais une possibilité de la raconter, de la mettre en scène autrement
00:43 pour ne pas qu'elle ait à vivre quelque chose qui lui semble traumatisant.
00:47 Je crois que je l'ai rencontrée, que j'ai eu le plus beau coup de cœur du monde
00:52 pour la personne que Vanessa est.
00:54 Et je pense qu'immédiatement, il y a une confiance inouïe qui s'est installée.
00:59 Et du coup, j'avais soudainement plus peur de rien.
01:03 Toutes les séquences à caractère sexuel, à caractère intime
01:07 ont été extrêmement découpées, "chorégraphiées",
01:12 si on peut utiliser ce mot,
01:14 mais dans le sens où les limites ont été posées avant le tournage.
01:18 Donc, tous ces plans, ce qu'on allait voir à la limite, ce qui allait être retenu,
01:23 a été discuté avec Kim et avec Jean-Paul,
01:25 et avec mon chef opérateur présent aussi.
01:27 Je leur ai raconté exactement comment je comptais filmer ces scènes
01:32 et ce qu'il en resterait,
01:33 pour qu'il n'y ait aucun danger émotionnel sur le tournage.
01:36 J'ai eu besoin d'avoir leur consentement.
01:39 Ce que je voulais, c'était vraiment de saisir la vulnérabilité du personnage
01:43 et comprendre sa confusion aussi,
01:45 et comprendre comment, à un moment donné,
01:47 elle a pu être attirée par cet homme,
01:49 elle a pu tomber amoureuse de cet homme,
01:51 en tous les cas, elle a été fascinée par cet homme,
01:53 et à un âge tellement inexpérimenté
01:56 que amour, sexualité, fascination, admiration, tout se confond.
02:01 Donc, ça, il fallait le raconter.
02:03 Il fallait aussi, évidemment, raconter la prédation sexuelle qu'elle a subie,
02:07 ce qu'elle a vécu, sinon, ce n'aurait pas été cette histoire-là.
02:11 C'est une histoire qui s'appelle le consentement,
02:13 et cette jeune fille, elle va quand même rencontrer un homme
02:15 qui est un triple prédateur, sexuel, psychologique et littéraire.
02:21 Quand on va voir ce film, on n'est pas juste spectateur.
02:23 On devient, malgré nous, acteur de ce film,
02:26 parce qu'on a tous une façon d'aborder le sujet
02:29 avec notre propre intimité.
02:31 Il faut prolonger le combat qui est celui de Vanessa Springora,
02:34 d'encourager aussi les victimes à parler,
02:37 d'encourager la liberté de la parole.
02:39 Je pense qu'aujourd'hui, il faut dénoncer les abus de pouvoir,
02:42 il faut dénoncer les abus sexuels,
02:44 et il faut continuer de mettre des mots sur ces douleurs qui sont indicibles.
02:48 Quand on ne s'aime plus parce qu'on a subi une violence, un abus sexuel,
02:54 quand on a l'impression qu'on ne mérite plus d'être aimé
02:56 parce qu'on est rongé par, en plus, une culpabilité
02:59 qui est absolument terrible et une souffrance qui est niée,
03:02 une douleur sur laquelle on n'arrive plus à mettre de mots.
03:05 Avec Kim, pour nous, c'était important aussi, en faisant ce film,
03:08 de dire à ces personnes-là qu'elles ne sont pas seules.
03:11 *rires*

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