Avec Frédéric Dabi, Directeur général de l'IFOP et co-auteur avec Brice Soccol de "Parlons-nous tous la même langue" (Editions de l’Aube) et Frédéric Micheau, Directeur général adjoint d'OpinionWay
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00:009h10, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05La Vérité en face, alors parfois, évidemment, ça égratigne, c'est difficile d'entendre certaines choses
00:11et nous en avons eu l'illustration tout à l'heure, bien sûr.
00:15Selon l'endroit où on se positionne pour regarder un événement, un lieu,
00:20on n'a pas tout à fait la même perception, ça il faut se le dire impérativement.
00:25Le livre qui suit est intéressant parce que parlons-nous tous la même langue ?
00:31En fonction de ce que l'on voit, en fonction de son lieu d'habitation, de son mode de vie,
00:38comme Xavier en fait tout à l'heure qui lui avait sa vision en fait des choses sur le conflit israélo-palestinien
00:44et je sais que ça divise beaucoup au sein de famille, d'amis bien sûr.
00:48Là c'est la même chose Frédéric Dhabi avec votre livre autour de certains termes vus de France,
00:56la souveraineté, la qualité de vie, l'immigration, l'impôt, le climat, les services publics, etc.
01:01C'est ce qu'on va voir, Frédéric Michaud nous fait le plaisir aussi d'être là ce matin,
01:05directeur général adjoint d'Opinion Way et auteur de votre dernier livre,
01:09c'était Le Gouffre démocratique il y a quelques mois, bonjour.
01:13Alors d'où est venue cette idée d'abord Frédéric Dhabi ?
01:17Alors cette idée avec Brice Socol qui est mon co-auteur, qui a été en cabinet ministériel,
01:23qui est très souvent en contact avec le terrain, notamment avec des élus locaux,
01:27on a voulu voir, on s'est posé trois questions.
01:30D'abord, est-ce que le politique est capable de produire un discours collectif qui rassemble les Français ?
01:37Deuxièmement, ça a été un étonnement de ma part à plusieurs reprises,
01:40notamment dans le cadre d'enquêtes, il faut faire du ciel pour Sud Radio Patrick,
01:44c'est-à-dire que je voyais un décalage sidérant entre une classe politique extrêmement fracturée,
01:50extrêmement marquée par le clivage gauche-droite, on l'a vu par exemple pendant le projet de loi immigration,
01:55et des Français dans les enquêtes, notamment celles pour Sud Radio ou d'autres,
02:00qui étaient beaucoup moins fracturés ou divisés qu'on le disait.
02:04Par exemple, je remarque que le clivage gauche-droite s'est absolument effondré depuis quelques années
02:09sur des thèmes comme l'éducation, l'éducation politique, l'économie, l'économie de l'environnement,
02:20sur les politiques qui étaient dans les métropoles, tout va bien,
02:27et en zone rurale, c'est la catastrophe, vos auditeurs montrent qu'il n'y a pas de ruralité, qu'il y a des ruralités.
02:32Et donc sur cette base-là, plutôt que recourir à un sondage comme on le fait ensemble,
02:38on a fait du qualitatif, on s'est attachés, au début, cette enquête que m'avait commandée Brice Socol
02:43s'appelait les mots du local, comment des mots comme souveraineté, alimentation,
02:48des mots très politiques comme immigration et sécurité, des mots plus intimes comme la vieillesse,
02:54la tranquillité, les paysages, le patrimoine, sont perçus par les Français.
02:58Et la conclusion, c'est quand même qu'il y a beaucoup plus de communs qu'on le dit,
03:02il y a beaucoup plus de constats communs, de points communs chez les Français qu'on dit,
03:06il y a bien sûr des sujets qui divisent, rappelez-vous notre émission la semaine dernière sur les viols de Mazan,
03:11ce qu'on a entendu de la part de notre ami Xavier, mais il y a quand même beaucoup de communs.
03:16C'était un peu l'idée de ce livre, où on sort du sondage classique pour écouter les Français et les mots des Français.
03:22– Les privages ont changé en fait, Frédéric Michaud, vous le constatez vous aussi dans les enquêtes avec Opinion Way ?
03:27– Alors oui et non, ce qu'on voit dans l'opinion publique par nature,
03:31l'opinion publique est en évolution constante, parce qu'il y a un renouvellement démographique,
03:38parce qu'il y a un débat public qui fait avancer les mentalités,
03:42parce qu'il peut y avoir des événements extérieurs, une pandémie, une crise économique, une guerre évidemment.
03:48Donc l'opinion publique est en évolution constante.
03:52Il y a des éléments sur lesquels elle a beaucoup évolué au cours des dernières années,
03:57Frédéric en a cité quelques-uns, il y a des éléments au contraire de stabilité.
04:01Et quand on regarde l'opinion, il faut regarder les deux.
04:04Il ne faut pas voir uniquement ce qui bouge, ce qui est en train de muter,
04:08ou ce qui s'est retourné aussi dans certains cas.
04:10Il faut voir aussi les éléments de permanence, par exemple la fierté d'être français.
04:15Aujourd'hui vous avez 78% des Français qui se disent fiers d'être français.
04:20Ça, ça a toujours été le cas depuis plusieurs années.
04:23L'attachement au cadre national persiste et reste quelque chose de très stable dans le temps.
04:30Sur ce terme, la fierté d'être attaché au pays,
04:35le mot souveraineté, qui était un gros mot il y a quelques temps,
04:40est revenu très à la mode à la faveur malheureusement d'une crise.
04:44Vous le dites Frédéric, vous l'écrivez dans votre livre.
04:47Frédéric Michaud a tout à fait raison de rappeler que l'opinion publique est moins évolutive
04:51que les réseaux sociaux qui bouillonnent et qui parfois ne sont pas la réalité de l'opinion publique.
04:56J'ai toujours que les sondages ne sont pas la réalité, c'est une perception du réel.
04:59Mais c'est vrai qu'il y a des crises qui ont fait bouger les choses.
05:01Le Covid, effectivement, a mis en exergue avec ce qu'on a appelé le joint 40 sanitaire.
05:08Rappelez-vous Patrick, pas de blouse pour des soignants, pas de masque.
05:13Le paracétamol, les Français ont appris avec superbeur que l'aspirine, le paracétamol,
05:17ne se faisait plus du tout en France.
05:20Le terme souveraineté est rentré dans le débat public.
05:24Il a remplacé un terme plus défensif, plus polémique, qui était le protectionnisme.
05:28Alors on voit bien dans le livre que le mot est saisi de manière différente.
05:33A l'échelle des ruraux, dans les ruralités, c'est la souveraineté, ça veut dire perte de souveraineté,
05:39ça veut dire mamise de l'Europe, ça veut dire tracas.
05:41Du côté des urbains, c'est plus l'idée que la souveraineté, c'est une nouvelle liberté
05:47parce que la France retrouve des marges de manœuvre.
05:50Mais c'est vrai que ce livre permet de faire émerger, et je reviens sur le qualitatif,
05:54ce qu'on appelle des imaginaires.
05:56Un imaginaire, c'est comment un système de croyance,
05:59comment les représentations vont, je dirais, faire bouger une opinion publique.
06:04Mais comme Frédéric Michaud le disait très bien, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de clivage.
06:09Il y a des clivages générationnels très forts, notamment sur le débat que vous parliez précédemment.
06:13Où est-ce que vous l'empercevez plus, Frédéric Michaud ?
06:16Dans tous les domaines, il y a des clivages entre les hommes et les femmes,
06:20il y a des clivages évidemment générationnels entre les catégories socio-professionnelles,
06:24selon le lieu d'habitation, selon le niveau de revenu,
06:29le niveau d'économie.
06:31Nous utilisons des données qui sont très détaillées,
06:34mais qui peuvent être en périmètre,
06:37qui peuvent y avoir des résultats du simple au double.
06:41Par exemple, aux deux extrémités de l'échelle générationnelle,
06:44ce sont des choses qu'on observe en fonction des sujets.
06:47Ça renvoie aussi plus généralement à le fond de la politique, c'est le verbe.
06:54Il y a quelques années, il y a un livre qui était publié qui s'appelait « La magie du discours ».
06:59Ce qui est très frappant dans la politique actuelle,
07:02c'est que le verbe ne semble plus entendu par les Français.
07:08Il y a une forme d'incompréhension entre d'un côté les citoyens, de l'autre côté les élus,
07:13avec un véritable dialogue de sourds,
07:16des citoyens qui considèrent que les élus sont déconnectés de leur réalité,
07:20alors que la proximité c'est la principale attente que les Français envoient aux élus.
07:25Et puis aussi peut-être des élus qui ont de plus en plus de difficultés
07:30à comprendre les problématiques quotidiennes des citoyens.
07:34Et là, dans cette relation, dans ce regard en chaîne de faïence,
07:38il y a quelque chose qui définit, je trouve, très pertinemment la situation politique actuelle.
07:45– Et là, ce que dit Frédéric, il met le doigt sur le cœur de ce livre.
07:49Il y a bien sûr des fractures, mais il y a beaucoup de communs,
07:52il y a beaucoup de constats communs.
07:54Et on voit dans cette enquête qualitative menée avec Brice Socol
07:57avoir un cadre de vie préservé, être en sécurité, bien vieillir.
08:02Rappelez-vous comme la réforme des retraites a percuté ça.
08:05Et Patrick, la crise du politique, c'est-à-dire qu'est-ce qui fait
08:08que les sortants soient systématiquement battus ?
08:11Qui est eu ce qui s'est passé aux élections législatives ?
08:14N'est-ce pas un problème d'écoute entre les représentants et les représentés,
08:19et surtout des élus nationaux ?
08:22Pas des élus locaux qui échappent à ce discrédit,
08:24parce que l'élu local, le maire notamment, permet encore cette magie qui est…
08:29Alors, pas partout.
08:31Aujourd'hui, ça change quand même beaucoup.
08:34Il arrive par son action à changer la vie.
08:36Pourquoi les maires sont quasiment tous reconduits ?
08:39Même en 2014, quand la gauche a perdu 170 villes,
08:42vous ramenez ça au nombre de villes de plus de 10 000 habitants,
08:4570% des maires de grandes villes ont été réélus.
08:49Le problème, c'est que les Français voient un spectacle politique,
08:53notamment à l'Assemblée, mais qui ne leur parle plus.
08:55Quand, au mois de décembre 2023, les élus s'écharpent sur l'immigration,
09:00les Français sont très étonnés, alors que sur cette question,
09:02qui est une question, on le sait, inflammable, compliquée,
09:05on a entendu Jean-Jacques Brunin tout à l'heure, avec Oetman Nasrou,
09:08il y a énormément de points communs.
09:10Et ce qui était avant une césure très forte entre la gauche et la droite,
09:14c'est très…
09:19Vous avez…
09:23Comme ça…
09:26Sur notre…
09:29Aujourd'hui, il y a une dégradation de l'État démocratique,
09:32notamment depuis Emmanuel Macron, à l'arrivée au pouvoir.
09:36Et Frédéric Michaud, vous, vous avez écrit, justement,
09:39« Le gouffre démocratique », qui signifie quoi ?
09:41Alors que là, il y a un fossé, justement ?
09:43Il y a un fossé qu'on observe depuis une quarantaine d'années,
09:46dans les enquêtes, tout ça est extrêmement bien documenté.
09:49Ça fait des années qu'avec Frédéric, nous établissons le même diagnostic,
09:54enfin le même, disons que c'est un diagnostic qui s'aggrave.
09:57On a vraiment un fossé qui se creuse entre…
09:59Votre norme de la confiance que vous faites.
10:01Notamment, puis certaines de vos enquêtes,
10:03mais vraiment un fossé qui se creuse entre les citoyens, les politiques,
10:08qui parlent presque deux langues différentes,
10:10qui habitent deux mondes différents,
10:13et qui s'éloignent de plus en plus dans une forme d'incompréhension mutuelle.
10:17Ça explique en grande partie la montée de l'abstention,
10:21alors c'est à nuancer avec les dernières élections législatives,
10:24mais une forme de retrait civique de la plupart,
10:27d'une grande partie en tout cas, des citoyens.
10:30Ça explique ce que disait Frédéric sur la dégradation
10:34de la perception de la vie politique.
10:37Autrefois, faire de la politique, c'était une activité noble.
10:40Le prestige de l'élu s'est complètement évaporé.
10:43Les élus ne sont absolument plus respectés.
10:47C'est démonétisé, totalement.
10:49Ils sont perceptus comme étant corrompus, malhonnêtes,
10:53servant avant tout leur intérêt personnel plus que l'intérêt général.
10:57Bref, on connaît l'élite.
10:59Ce qui est loin d'être vrai.
11:01On continue d'en parler justement dans un instant avec vous,
11:04Frédéric Dhabi, Frédéric Michaud, et puis vous, 0826-300-300,
11:07si vous voulez réagir.
11:09Est-ce que vous avez ce sentiment qu'il y a vraiment ce décalage,
11:12ou est-ce que vous retrouvez que vous habitez en périphérie,
11:15dans les villes moyennes ?
11:17Je veux parler du monde d'un côté des villes,
11:21et de l'autre des champs.
11:23Parce que ça ne veut rien dire.
11:25Parce qu'aujourd'hui, la plupart des Français vivent dans des villes,
11:29disons, moyennes.
11:31Il n'y a que 1000 villes depuis 10 000 habitants.
11:36Vous avez complètement raison.
11:38Il n'y a pas une ruralité, il y a des ruralités.
11:40Est-ce que nous parlons la même langue ?
11:420826-300-300, Radio Libre.
11:44Parlons vrai jusqu'à 10h.
11:479, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0.
11:54Et 10.
11:56C'est absolument le cas.
11:58Quand on parle et quand on prend certains mots,
12:02le vocabulaire, bien sûr, on disait,
12:04le verbe qui n'a plus le même effet,
12:06utilisé par les politiques, services publics,
12:08commerce, frugalité, alimentation, transition,
12:10industrie, paysage, patrimoine,
12:12vous en prenez beaucoup, Frédéric Dhabi.
12:14Démocratie, c'est ce qu'on a vu tout à l'heure.
12:18Paysage, patrimoine, d'ailleurs,
12:20c'est assez intéressant parce que
12:22quand on évoquait tout à l'heure aussi
12:24la souveraineté,
12:26et puis la transmission,
12:28il y a en fait cette préoccupation.
12:30C'est intéressant d'ailleurs le chapitre
12:32que vous consacrez à ça, Frédéric Dhabi.
12:34C'est vrai que là aussi, voilà un terme
12:36qui n'est pas appréhendé de la même manière
12:40à l'échelle urbaine qu'à l'échelle rurale.
12:42On voit bien, et c'est la thèse du livre,
12:44qu'il y a beaucoup de points communs.
12:46À l'échelle rurale, le patrimoine,
12:48c'est le cadre de vie, c'est la nature,
12:50c'est l'absence de bruit.
12:52Souvent, la qualité de vie des ruraux,
12:54et on fait des enquêtes avec l'association
12:56des familles rurales, se construit
12:58en décalage avec ce qui est vu
13:00dans l'imaginaire des ruraux
13:02comme les contraintes et les problèmes
13:04que vivent les urbains.
13:06Et chez les urbains, on l'a vu pendant le Covid,
13:08Frédéric le disait, c'est un moment
13:10de création des tendances. Cette envie,
13:12rappelez-vous la phrase d'Alphonse Allais,
13:14soit de construire des villes à la campagne,
13:16soit la tentation, non pas de Venise,
13:18mais de partir dans un cadre
13:20préservé. On parlait
13:22du rapport des Français au maire,
13:24au maire de leur ville,
13:26et c'est vrai que dans la qualité
13:28de vie, il y a le cadre
13:30de vie préservé, et là, il n'y a pas
13:32de décalage entre ruraux
13:34et urbains, entre jeunes et personnes
13:36âgées. On attend surtout de son
13:38territoire qui ne soit pas en déclin,
13:40qu'il évolue. Et là, par rapport
13:42aux mots qui ont changé par rapport à ce qu'on disait,
13:44s'il y a un terme où le clivage gauche-droite
13:46s'est absolument effondré, Patrick,
13:48c'est la notion de service public.
13:50Il y a encore 15 ans, il n'y a pas si longtemps que ça,
13:52sous Nicolas Sarkozy, qu'est-ce qu'on voyait ?
13:54Les gens de gauche disaient, il faut plus de fonctionnaires.
13:56Les gens de droite disent, ils ne travaillent pas assez,
13:58il faut en remplacer un sur deux,
14:00Nicolas Sarkozy a raison de leur serrer
14:02la vis. Aujourd'hui, il y a un
14:04attachement énorme dans les territoires
14:06aux services publics, qui sont vus comme des services
14:08au public. Un petit café,
14:10c'est un service public.
14:12Il y a une confusion, parfois, d'ailleurs.
14:14Ça peut être une confusion, mais ce sont
14:16les mots des Français. C'est une vision extensive
14:18et, j'en termine là,
14:20le départ des services publics
14:22d'un territoire abîme le paysage,
14:24fait perdre de la valeur patrimoniale
14:26à sa ville et
14:28plonge son territoire dans le déclin.
14:30N'oublions pas que l'imaginaire majeur des Français,
14:32malgré les JO, malgré ce
14:34shoot anti-déclin...
14:36C'est ce que vous constatez aussi, Frédéric Michaud,
14:38dans vos enquêtes à Opinion Way ?
14:40Oui, sur certains sujets,
14:42c'est évident que le retrait
14:44des services publics matérialise
14:46une perte de puissance
14:48de l'État.
14:50Alors, il y a d'autres indicateurs,
14:52on voit la question des comptes publics,
14:54en ce moment, qui arrivent sur le devant
14:56de la scène, alors que pendant longtemps, en dépit
14:58de la situation très dégradée,
15:00l'opinion publique ne voyait pas très bien
15:02cet enjeu.
15:04Donc, il y a plusieurs indicateurs comme ça,
15:06qui indiquent le déclin.
15:08On le voit aussi par domaine de compétences
15:10ministérielles, dans l'éducation,
15:14en économie, c'est évident aussi,
15:16en matière de santé, avec la question
15:18de l'hôpital, qui est très
15:20tangible pour toute une partie de Français.
15:22Effectivement, ça touche l'imaginaire, parce que
15:24quand l'État s'affaiblit, c'est
15:26d'une certaine manière la nation qui s'affaiblit.
15:28La France, c'est le prototype
15:30de l'État-nation.
15:32Donc, si l'État
15:34collapse, ou en tout cas
15:36s'affaiblit,
15:38eh bien, le sentiment national
15:40s'étiole. Alors, il y a des éléments
15:42qui contribuent encore à le maintenir.
15:44Je pense à la devise républicaine,
15:46la liberté, 96% des
15:48Français y sont attachés. L'égalité,
15:5092. La fraternité, un peu moins,
15:52mais quand même, 88% des Français y sont
15:54attachés. Ça, ça reste
15:56très structurant,
15:58dans la perception qu'ont les Français
16:00de leur pays, et donc
16:02d'eux-mêmes, mais les faiblesses
16:04de l'État, la paralysie,
16:06parfois l'obésité de l'État, dont on parle
16:08beaucoup en ce moment, ou l'impuissance,
16:10ça, ça contribue à
16:12ternir le moral national.
16:14– Je rebondis sur ce qu'a dit Frédéric
16:16Michaud. C'est vrai que
16:18dans les imaginaires, il y a une différence
16:20rurale-urbain. Les urbains sont
16:22très attachés à la notion de liberté,
16:24notamment liberté d'accéder à tous les
16:26services publics, tout ce qui
16:28s'offre à eux, même si, n'oublions pas,
16:30la France, ce ne sont pas que des
16:32métropoles. C'est ces mille villes de plus
16:34de 10 000 habitants, ce sont ces
16:36petits territoires. 24 ou 25%
16:38des Français vivent en commune rurale
16:40souvent. On confond, agriculteurs,
16:42ils ne sont que 1%, donc il y a du monde
16:44dans la ruralité, alors qu'à l'échelle
16:46rurale, on est plus attachés à
16:48l'égalité. Et très vite,
16:50ça glisse sur les inégalités,
16:52l'injustice, l'injustice d'avoir
16:54un accès aux soins qui n'est pas bon,
16:56l'injustice de voir un service public
16:58reculer. Mais malgré ça,
17:00on a sur ces sujets, beaucoup de
17:02Français qui disent, on pense un peu
17:04la même chose. Et la crise du politique,
17:06c'est la crise du résultat,
17:08le politique ne change plus la vie,
17:10il se montre impuissant dans toute une série de sujets,
17:12toute une série, par exemple, d'affaires
17:14qu'on a vues très récemment sur le domaine de l'insécurité
17:16et de la délinquance, l'affaire
17:18Philippine, l'affaire Lola, des gens
17:20sous QTF qui ne sont pas reconduits
17:22à la frontière, mais il y a
17:24aussi
17:26rapport à
17:28les
17:30sentiments
17:32et d'entre eux,
17:34et dans le livre
17:36avec Brice Socol, on détaille
17:38quatre moments où il y a eu cette crise.
17:40Le référendum du 29 mai
17:422005, les Français votent non,
17:44et d'ailleurs on travaillait ensemble avec Frédéric
17:46à cette époque, et tout à fait,
17:48c'est 2005, et quelques mois après,
17:50quelques années après, on fait passer
17:52un traité qui enterre ce résultat,
17:54le traité de Lisbonne,
17:56les gilets jaunes, le Covid,
17:58malgré une bonne gestion, on a eu le sentiment
18:00qu'on nous a imposé des choses, et très récemment,
18:02par rapport à cet imaginaire de la vieillesse du bon vivre,
18:04cette réforme des retraites,
18:06on en a parlé souvent ici, deux tiers des Français
18:08l'ont rejetée, trois quarts
18:10des personnes actives, voilà, c'est cette crise
18:12de l'écoute, avec le sentiment que les politiques
18:14ne comprennent pas complètement les mots
18:16des Français. – Alors est-ce qu'ils ne comprennent pas
18:18ou est-ce qu'ils sont un peu débordés,
18:20et qu'ils ne peuvent pas agir ?
18:22Frédéric Michaud,
18:24c'est peut-être autre chose, parce que...
18:26– Oui, non, parce que dans ce que dit Frédéric,
18:28il y a
18:30de manière sous-jacente, mais aussi
18:32très présente,
18:34une asymétrie entre d'un côté
18:36des moyens qui sont
18:38considérables, notamment les impôts,
18:40qui sont prélevés,
18:42et qui ne cessent d'augmenter, et de l'autre
18:44côté, des résultats
18:46qui ne sont absolument pas à la hauteur
18:52des prélèvements.
18:54Donc la puissance
18:56qui est celle de la...
18:58Lui parle
19:00à changer
19:02le slogan que tu as cité tout à l'heure
19:04des années 70.
19:06Et c'est vraiment intéressant
19:08parce que c'est le point de départ des Gilets jaunes,
19:10c'est où va l'argent ? – Oui, oui, c'est vrai.
19:12– Comment être
19:14à utiliser l'argent
19:16des Français ?
19:18Et là, on a
19:20vraiment quelque chose qui est très problématique
19:22pour l'opinion actuelle.
19:24– Et Frédéric Michaud, Frédéric Dhabi,
19:26les Gilets jaunes, qui sont évidemment
19:28cette crispation
19:30autour de ça.
19:32Est-ce qu'on parle de la même chose, bien sûr ?
19:34Que ce soit en fait sur les prix,
19:36sur l'accessibilité, sur la proximité,
19:38sur les services,
19:40sur la liberté et la façon de vivre.
19:42– Oui, c'est vraiment tout à fait ça.
19:44Cet imaginaire du déclin se cristallise
19:46sur deux institutions, l'école,
19:48l'hôpital, la santé et l'éducation
19:50qui sont comme par hasard, vous vous rappelez Patrick,
19:52les deux premiers enjeux dans notre baromètre annuel
19:54des priorités des Français.
19:56Et la question du retour sur investissement,
19:58du pognon de dingue, pour reprendre cette phrase célèbre,
20:00d'où va l'argent et du service rendu
20:02est absolument capitalée.
20:04Les Gilets jaunes, il y avait en plus,
20:06rappelez-vous, cette idée
20:08du travail qui payait mal, c'est-à-dire
20:10je travaille, je ne suis pas au chômage,
20:12mais je ne mentirai pas, d'ailleurs dans la hiérarchie des préoccupations,
20:14le chômage n'est plus qu'en
20:16douzième position, puisque
20:18maintenant l'injustice ce n'est plus être au chômage,
20:20c'est avoir un travail qui paye mal, et les Gilets jaunes
20:22c'était cette révolte de ne pas être
20:24écouté, d'avoir été bons élèves,
20:26on a pris des voitures au diesel
20:28comme on nous l'a dit,
20:30on a pris un pavillon dans une ville périphérique
20:32comme on nous l'a dit, et finalement on ne s'en sort pas.
20:34– Alors comme on nous l'a dit, et puis comme on pouvait,
20:36évidemment on se le payait aussi.
20:38– C'est le sentiment aussi
20:40d'être totalement invisibilisé,
20:42de ne pas exister
20:44ni pour les élus,
20:46ni pour les médias,
20:48de ne pas passer dans les médias,
20:50de ne pas trouver dans
20:52les chaînes de télévision des personnes
20:54qui nous ressemblent, de ne pas entendre
20:56dans les chaînes de radio des personnes
20:58qui parlent comme nous,
21:00qui parlent comme nous,
21:02qui parlent comme nous,
21:04qui parlent comme nous,
21:06qui parlent comme nous,
21:08donc ce sentiment
21:10de ne pas être
21:12dans l'entre-soi, déconnecté
21:14des réalités quotidiennes des Français,
21:16sauf au moment des élections,
21:18où là, il y a un théâtre qui se met en place
21:20– A la différence des îles de l'Eco.
21:22– Pour solliciter les fébriles des Français.
21:24– Mon cher Frédéric Michaud, vous avez bien
21:26décrit Sud Radio justement,
21:28qui est à l'écoute.
21:30– C'est votre succès.
21:32– Bien sûr, bien sûr.
21:34– Et d'éviter cette déconnexion
21:36d'être le relais.
21:38– Un dernier mot.
21:40– Oui.
21:42– Un mot très simple qu'utilisent beaucoup
21:44les politiques, c'est le mot mobilité.
21:46Mais les gens ne disent jamais ce mot.
21:48Ils disent déplacement, prendre sa voiture,
21:50prendre son vélo, etc.
21:52C'est très simple et les mots comptent beaucoup.
21:54– Dans un instant, c'est Valérie Expert
21:56avec Gilles Gansman et Dédé Bercoff
21:58qui vous donnent la parole
22:00et qui parle vrai de midi à 14h.