Le DANGER des plats industriels

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"ALERTE AUX FAUX ALIMENTS" / Plats cuisinés, barquettes toutes faite les aliments "ultra-transformés" sont soupçonnés être responsables de augmentation du nombre de maladies cardio-vasculaires et de cas obésité. Patrick adore les plats cuisinés, les barquettes toutes faites, simples et rapides. Avant été, il pesait 103 kg. Un médecin lui a conseillé arrêter net ce que les professionnels appellent les aliments "ultra-transformés". Résultat, en deux mois, Patrick a perdu 13 kg. Et il se sent beaucoup mieux. Que sont au juste ces aliments "ultra-transformés" ? Des produits créés de toutes pièces par industrie agroalimentaire, à base de céréales, de fruits, de légumes, de viande ou de poisson. Plus d'additifs, moins de qualités nutritionnelles Céréales du petit-déjeuner, yaourts aux fruits, soupes de légumes : a priori, sains et rassurant sauf que la transformation les prive d'une partie de leurs qualités nutritionnelles, et que ajout additifs et autres produits de synthèse les dénaturent. Ces aliments sont soupçonnés être responsables de augmentation du nombre de maladies cardio-vasculaires et de cas obésité. Comme si notre corps ne les supportait pa

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Transcription
00:00A l'heure du petit déjeuner, en février dernier, une nouvelle inquiétante à la radio
00:07nous a interpellé.
00:08On a préparé barres chocolatées, poêlés de légumes toutes prêtes, tous ces aliments
00:14ultra transformés favorisant les cancers.
00:16Des aliments ultra transformés, nous en avons plein nos placards, sans même le savoir.
00:23Céréales du petit déjeuner, produits laitiers, soupes de légumes, des produits que nous
00:29pensions sains et équilibrés, sans jamais avoir regardé ce qu'ils contenaient vraiment.
00:33Ce que nous donnons à manger à nos enfants est-il bon pour leur santé ?
00:37Qu'est-ce qu'il y a là-dedans, Hissane ?
00:39Un peu de morse à trambasse.
00:43Protéines de lait, amidon modifié, sucre, sirop de glucose fruiteuse, arôme naturel,
00:51concentré.
00:52Des listes interminables et incompréhensibles.
00:57Poisson pané, amidon transformé de manioc, gluten de blé, arôme, maltodextrine.
01:04Tu sais ce que c'est la maltodextrine ? Et caragénane.
01:07Les aliments ultra transformés sont des produits industriels reconstitués à base de dizaines
01:14d'ingrédients, d'additifs, de mauvais sucres.
01:17Ils ont perdu une grande partie de leur qualité nutritionnelle.
01:21Certains chercheurs les appellent même les faux aliments.
01:25Scientifiquement parlant, on peut vraiment dire que de donner régulièrement ces céréales
01:29du petit déjeuner aux enfants le matin, c'est comme donner un bol de confit.
01:32Nous allons découvrir l'une des techniques les plus secrètes des industriels, le cracking.
01:37Il fractionne les céréales, les légumes, les fruits en dizaines de poudres et de sirop
01:43pour refabriquer d'autres aliments qui n'ont plus rien à voir.
01:47On fait des viandes qui ressemblent à des poulets mais qui ne contiennent absolument
01:51pas de viande de poulet.
01:53Bienvenue dans le monde des apprentis sorciers, la fabrique des faux aliments.
02:12Pour mesurer l'impact des aliments ultra transformés sur notre corps, nous avons réalisé
02:17une expérience.
02:18A Aix-en-Provence, voici Patrick, célibataire, 39 ans, notre cobaye consentant.
02:26Ce jour-là, il réchauffe ses pâtes aux poulets en boîte qu'il adore, mais c'est la dernière
02:34fois.
02:35Cet adepte des plats cuisinés a décidé de relever un défi, ne plus manger aucun produit
02:44industriel.
02:45Nous allons le filmer pendant 6 semaines.
02:48Ça fait combien de temps que vous mangez des produits ultra transformés ?
02:52Longtemps.
02:53C'est-à-dire ?
02:54Bien 10 ans, voire plus, 10-20 ans.
03:03Ça représente quel pourcentage ?
03:0680-90% facile, sans problème.
03:09Pourquoi manger des produits comme ça ?
03:12Facilité, manque de temps, pas spécialement envie de cuisiner.
03:16C'est pratique, 2-3 minutes au micro-ondes, on se cale dans le canapé, on mange dans
03:22la télé, on se détend, on n'a pas de vaisselle à faire.
03:27Patrick a toujours cru manger sainement.
03:30En barre de céréales, je prenais plutôt ça.
03:34Pour lui, ces barres sont pleines de vitamines.
03:37Je pense que c'est bien, je peux me tromper.
03:41Mais sa balance, elle, ne trompe pas.
03:48103,9.
03:49103,9 kg pour 1,70 m.
03:54Et sa dernière prise de sang est mauvaise.
03:57Son taux de transaminase, des enzymes présentes dans le foie, est beaucoup trop élevé.
04:02Le médecin que j'ai vu m'a dit que j'avais en gros un foie gras, comme le foie gras qu'on
04:11mange à Noël.
04:12Moi, je l'ai là.
04:13Du coup, j'ai pensé à plein de choses, comme une hépatite ou quelque chose de vraiment
04:17touchant le foie et d'assez grave.
04:19À aucun moment, je n'ai pu penser que ça venait de ce que je mangeais chez moi.
04:23Vraiment, je n'y ai même pas pensé.
04:26L'arrêt des produits ultra transformés aura-t-il un effet sur le poids et les analyses
04:33sanguines de Patrick ?
04:34Je suis à 100 kg au lieu de 103,9.
04:40Nous allons le suivre au jour le jour dans sa nouvelle vie, sans nourriture industrielle.
04:44Pour percer le mystère des aliments ultra transformés, nous avons dû quitter la France
04:55pour la Belgique.
04:56Voici la seule entreprise qui a bien voulu nous dévoiler l'un des process les plus
05:04confidentiels de l'agroalimentaire.
05:06Chaque année ici, plus de 50 000 tonnes de pois jaunes sont destinées à finir dans
05:13nos assiettes.
05:14Mais aucun de ces pois ne ressortira entier de l'usine.
05:19Ils vont être décomposés en trois ingrédients.
05:24On appelle ça le cracking.
05:26Le directeur commercial est très fier de cette technologie.
05:33Grosso modo, le pois contient un quart de volume en protéines, un quart de volume en
05:38fibres et la dernière moitié, c'est de l'amidon.
05:41Et donc le travail de notre usine, ça va être séparé, c'est trois composants.
05:47Voilà, c'est là que tout démarre.
05:52Broyeuse, centrifugeuse, c'est dans cet entrelac de tuyaux que le pois est décomposé.
05:59Il finira en trois poudres, trois ingrédients vendus séparément à l'industrie agroalimentaire.
06:05Voici la poudre de protéines, par exemple.
06:08Donc là, concrètement, on retrouve ça dans quoi ?
06:15On fait des viandes qui ressemblent à des poulets, mais qui ne contiennent absolument
06:19pas de viande de poulet.
06:20Un autre exemple, ce sont les substituts laitiers, un lait de pois.
06:24Donc il y a l'aspect du lait qui en apporte la même qualité et les mêmes quantités
06:29de protéines, mais qui est 100% en base végétale.
06:32Des produits inventés de toutes pièces par l'industrie.
06:37Certains ont été élaborés dans ce laboratoire juste à côté de l'usine.
06:41En ce moment, les techniciens travaillent sur une nouvelle recette qu'ils estiment
06:47prometteuse.
06:49La crème fouettée sans lait, fabriquée avec notre poudre de protéines de pois.
06:54Dégustation à la clé, avec de vraies fraises, du potager celle-là.
07:00C'est vrai qu'on dirait vraiment une chantilly.
07:07C'est notre travail d'essayer que le produit soit le plus agréable, qu'il soit bien sucré,
07:14bien onctueux en bouche, comme le serait n'importe quel produit du marché.
07:19Ce sont ces ingrédients issus du cracking que nous retrouvons sur les interminables
07:25étiquettes de nos aliments ultra transformés.
07:28De l'amidon de pois pour donner de l'épaisseur à une choucroute, ou de la texture à une
07:34pizza.
07:35En plus de tous les autres additifs et colorants.
07:40Du point de vue de l'industriel, son produit ne pose aucun problème.
07:45Évidemment, nous sommes les fournisseurs des briques qui permettent de construire l'aliment.
07:50C'est aussi la responsabilité du maçon de faire son choix de briques et on ne peut
07:56pas être responsable de toute la liste des ingrédients.
07:59Les poudres de cette usine finiront dans 2000 aliments différents partout dans le monde.
08:09Tout ou presque peut faire l'objet d'un cracking.
08:13Comme le lait, qui peut être craqué entre autres en protéines, caséines, lactosérum
08:21ou hydrolysa.
08:22Même principe pour l'œuf, la pomme de terre, le riz ou le maïs.
08:31Des ingrédients dont l'industrie agroalimentaire raffole.
08:37Ils ne coûtent pas cher et sont simples à utiliser.
08:40Mais fractionnés, réduits en poudre, sont-ils bons pour la santé ?
08:49En France, un scientifique alerte depuis des années sur les dangers du cracking.
08:54Il en a même fait un livre.
08:57Il travaille à l'INRA, l'Institut national de recherche agronomique.
09:01Anthony Fardet est spécialiste en nutrition.
09:08Mon job, c'est d'essayer de trouver comment faire pour que les gens vivent longtemps,
09:12mais surtout en bonne santé.
09:13Ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui.
09:15Selon lui, à force de décomposer les aliments, l'industrie fabrique de petites bombes sanitaires.
09:22Il nous en fait la démonstration à partir d'un simple grain de blé.
09:27Alors, donc là ici, vous avez un épi de blé.
09:31La première étape de crackage ou de fractionnement, c'est évidemment la production de farine blanche.
09:37Donc la farine qui est une farine raffinée.
09:40Donc pourquoi raffinée ?
09:41Parce qu'on enlève les couches externes, ce qu'on appelle le son de blé.
09:45Et le germe de blé.
09:50À cette étape, la farine vendue au consommateur a déjà perdu une bonne partie de ses qualités nutritionnelles.
09:57Et ce n'est pas tout.
10:01Mais où le fractionnement va commencer à poser problème,
10:04c'est quand on commence à fractionner la farine en gluten et amidon.
10:08Ce fameux gluten accusé de provoquer de plus en plus d'intolérance.
10:13Et qu'on ajoute en masse depuis maintenant 20-30 ans dans les plats préparés
10:19pour améliorer la consistance des sauces.
10:21Les derniers fractionnements sont les plus problématiques.
10:24D'extrose, sirop de glucose, de fructose, que des mauvais sucres.
10:30Au final, le grain de blé est désintégré en 13 éléments différents.
10:35On joue un peu aux apprentis sorciers, puisque, par exemple,
10:39le sirop de glucose, en termes, en tant que sucre caché,
10:42augmente notre consommation de sucre rapide.
10:44Donc peut à long terme aussi être associé à l'excès de poids
10:48et pourquoi pas une insuline aux résistances et ensuite le diabète de type 2.
10:51Et donc, on a le résultat aujourd'hui,
10:53c'est qu'on a une explosion des maladies chroniques qui est de plus en plus,
10:57justement, associée et liée ou corrélée à cette consommation excessive
11:02d'aliments fractionnaires recombinés.
11:08À Aix-en-Provence, Patrick commence son régime.
11:14Il a décidé de faire appel à un coach en nutrition.
11:17Bonjour Patrick.
11:18Bonjour.
11:19Enchanté.
11:19Également.
11:20Stéphane.
11:21Stéphane Guilbault va l'aider à faire une croix sur tous les produits ultra transformés.
11:26Et pour cela, il n'est pas venu les mains vides.
11:30Pour le tout début, ça sera un pack.
11:33Un pack, carrément.
11:38Vous voyez ce que c'est ?
11:40Je crois savoir, c'est un panier vapeur, non ?
11:44Exactement, c'est un panier vapeur.
11:46C'est un mode de cuisson qui va permettre de cuire les aliments rapidement.
11:50La particularité, c'est que ça va donner un goût.
11:52Le bambou donne un goût.
11:53Et l'autre particularité, c'est que quand on a découvert ce genre de cuisson,
11:58en tout cas, ce mode de cuisson, on n'a plus d'excuses pour dire
12:00« je n'ai pas eu le temps de cuisiner ».
12:05Fini le micro-ondes et les plats tout prêts réchauffés.
12:08Stéphane va surveiller Patrick de très près.
12:12Attention, je vais perdre.
12:14Une nouvelle vie commence.
12:16C'est parti.
12:19Ce jour-là, Patrick se soumet à un exercice pratique.
12:23Apprendre à acheter les bons produits.
12:26Ceux qui ne contiennent pas d'aliments ultra transformés.
12:30Son coach l'emmène en expédition au supermarché.
12:33Il est imbattable pour les dénicher en décryptant les étiquettes.
12:38Les charcuteries, le gros problème des charcuteries,
12:39c'est qu'elles ne sont plus ce qu'elles étaient.
12:42Saucisson de lardèche, moi, ça me fait rêver.
12:45Puisque j'imagine le paysan qui produit son produit.
12:47Et quand on commence à lire, ben voilà, lactose.
12:51Avant, on utilisait l'agnole, c'est de l'alcool de sureau,
12:55en fait, pour faire le processus, pour démarrer le processus de fermentation.
12:58Aujourd'hui, un industriel veut aller très, très, très vite.
13:00Il utilise du lactose qui va accélérer ce processus.
13:03C'est du sucre, c'est le sucre du lait.
13:05Ensuite, on a le poivre et un, deux, trois, quatrième ingrédient
13:08et cinquième ingrédient, du dextrose et du sucre qui sont deux sucres.
13:13C'est encore une fois l'empire du sucré qui prend le dessus
13:17parce qu'il faut que tout flatte, que tout ait un goût.
13:20Et les saucissons n'ont plus de goût, puisque la viande n'a pas de goût.
13:28Ah oui, il y a un petit arrêt au plat cuisiné.
13:29Oui, voilà, petit arrêt.
13:31Généralement, c'est à peu près, c'est généralement ce type de produit.
13:36Ouh, il est là, ouais.
13:39Ou celui-là, par exemple.
13:42D'accord, aiguillette de poulet.
13:44Viande de porc, 27%, sirop de glucose, amidon de riz.
13:47Il faut qu'on m'explique pourquoi.
13:48Je ne fais pas revenir une viande de porc avec du sirop de glucose
13:52et de l'amidon de riz.
13:53On ne peut pas avoir une alimentation basée sur ce type de produit.
13:56Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible.
13:57Je suis totalement faux, mais je pensais justement, je pensais être
14:01dans le bon schéma, on va dire, et en fait, ce n'est pas du tout.
14:07Pour être sûr de ne pas se tromper, Patrick a décidé de privilégier
14:10désormais le rayon frais au détriment de la nourriture industrielle.
14:16Mais avant de partir, Stéphane veut attirer son attention
14:19sur un ingrédient particulièrement dangereux, selon lui,
14:23le sirop de glucose fructose.
14:26C'est des gaufres, des gaufres, c'est de la farine, des oeufs, du lait,
14:30de l'eau ou du sucre et c'est terminé.
14:33Ces petites gaufres, en fait, n'ont pas que ça, de l'huile de colza,
14:36du sirop de glucose fructose.
14:38C'est un sucre extrêmement violent pour le pancréas.
14:41Il y en a très souvent dans tous les produits pour enfants.
14:44C'est un sucre qui n'est pas cher.
14:45Du coup, il faudrait me montrer ce que je peux manger.
14:49Nous avons voulu en savoir davantage sur ce fameux sirop
14:53issu d'un cracking poussé à l'extrême, celui du maïs.
15:03Une des usines en pointe dans ce domaine est basée aux Pays-Bas.
15:08Cette société multinationale a accepté de nous ouvrir ses portes
15:12pour parler innovation et excellence.
15:16Mais pas question de filmer le processus industriel.
15:23Le directeur du site nous emmène sur les quais.
15:28C'est ici qu'accostent d'immenses barges chargées de maïs.
15:33Des tonnes de grains qui vont être craqués.
15:36Ici, vous pouvez voir un maïs qui vient peut-être de France,
15:40de la région d'Alsace ou de Bordeaux.
15:45Notre maïs est séparé en différents produits.
15:49Mais notre but principal, c'est d'en faire des amidons.
15:52L'objectif, c'est que les produits finis aient plus d'épaisseur,
15:57une meilleure apparence.
15:59Par exemple, ce qui est le cas avec le maïs,
16:01c'est qu'il a plus d'épaisseur et plus d'épaisseur d'épaisseur.
16:05Cela permet aux chips d'être plus croustillantes.
16:09Et c'est utile aussi pour allonger la durée de conservation des produits.
16:17Le directeur nous montre ensuite du sirop de glucose,
16:21résultat du craquing de maïs.
16:25C'est ce qu'on appelle du sirop de maïs.
16:27Le sirop est fabriqué à partir d'un amidon transformé
16:31qui est liquide, comme ça.
16:33On l'utilise pour des sodas et toutes sortes de produits,
16:37comme certains bonbons, etc.
16:41En revanche, il semble beaucoup plus mal à l'aise
16:44sur la transformation du maïs, cette fois en glucose fructose,
16:49le sirop ultra sucré qui inquiète les nutritionnistes.
16:53La majorité des produits fabriqués en Europe,
16:56c'est du sirop de glucose.
16:58On ne fait pas de sirop de fructose ici.
17:00Vous ne faites pas de sirop de fructose en Europe ?
17:03Non, on ne fait pas ça aux Pays-Bas.
17:05Vous produisez du sirop de fructose en Europe ou pas ?
17:09En principe, non.
17:12Pas ici ?
17:13En principe, non.
17:15Et tout ce qui concerne le fructose, le sirop de maïs,
17:20je préfère qu'on n'en parle pas,
17:22parce qu'il y a beaucoup de polémiques autour de tout ça.
17:26Peut-on dire que tous vos produits sont bons pour la santé ou nocifs ?
17:30En principe, on fabrique de la nourriture saine, bien sûr.
17:35Mais c'est comme pour tout dans la vie.
17:37Quand vous mangez,
17:39vous devez consommer suffisamment,
17:43mais sans excès.
17:45Je pense que c'est une règle de base.
17:48Si vous buvez trop d'alcool ou que vous mangez trop de gâteaux,
17:51peu importe, ce n'est pas sain.
17:57Ces produits issus du cracking sont omniprésents
18:00dans notre alimentation,
18:02et nous les mangeons sans même le savoir.
18:05Ces aliments ultratransformés, c'est des calories pas chères à produire,
18:11qui sont consommées souvent par les plus pauvres,
18:13qui consomment le plus ces produits, les plus obèses et les plus diabétiques.
18:17Donc, on est dans une logique commerciale.
18:21On n'est plus dans une alimentation au service de l'humain et de l'aliment.
18:25Enregistrement.
18:27De son côté,
18:28Patrick poursuit son expérience devant la caméra de son coach,
18:32qui tient un journal de bord.
18:34On est samedi 2 juin, il est 8h30.
18:36On attaque à nouveau le coaching avec Stéphane pour le marché.
18:44Carottes, pommes...
18:46C'est une première ?
18:47Oui, quand j'étais minot avec mes parents,
18:49mais dans ma vie d'adulte, c'est la première fois, je crois.
18:54Le marché une fois par semaine
18:57et cuisine maison à tous les repas.
19:00Ce qu'on va essayer, c'est le petit panier bambou vapeur.
19:03On va prendre une carotte, une courgette.
19:06On va faire des morceaux comme ça.
19:11Le garde-à-peau.
19:14Je vais te laisser le cuire après.
19:16Et puis les fameux fruits secs qu'on a achetés,
19:18que je te conseille de manger en cas de fringales.
19:20Ça, je peux en manger n'importe quoi.
19:21N'importe quoi.
19:23Une petite fringale du soir, je m'en bouffe deux, c'est bon.
19:25Je préfère te voir manger ça comme un morceau de pain ou un biscuit.
19:29Ouais, ça marche.
19:30Allez, c'est parti.
19:32En huit jours à peine, les progrès sont spectaculaires.
19:38Je suis à 100 kg.
19:41Au lieu de 103, 900, le 28.
19:43Voilà.
19:44Sinon, ces chiffres, tu t'y attendais ?
19:47Non, je m'attendais à...
19:49Je sentais que j'avais minci,
19:51le fait de pouvoir remettre des fringues que je ne mettais pas avant.
19:54Mais pas autant.
19:55Parce que, mine de rien, il y a beaucoup de tentations à côté.
19:58Et c'est dur.
20:00Mais j'ai bien tenu.
20:02Je n'ai rien lâché.
20:04C'est quoi que tu as trouvé le plus difficile ?
20:06Ne plus manger de sucre.
20:08Je n'ai plus hâte de sucre.
20:10Il manque quelque chose dans mon alimentation.
20:11Il manque un goût, quoi.
20:12Donc, je suis plutôt content.
20:15Je continue, maintenant.
20:19Patrick semble redécouvrir la saveur des aliments authentiques.
20:23Car le cracking fait perdre aux matières premières leur goût
20:26et leur consistance d'origine.
20:29L'industrie doit donc ajouter des arômes et des additifs.
20:35C'est ce que fait cette usine d'Ile-de-France.
20:37Inconnue du grand public,
20:39elle fournit pourtant les géants de l'agroalimentaire.
20:46Il y a du basilic, des extraits de basilic,
20:48des extraits de café, des extraits de cacao, de la vanille.
20:53On a à notre disposition une multitude de matières premières
20:55pour formuler selon ce que veut notre client
20:58et ce qu'on veut apporter au consommateur.
21:02Ici, les aromaticiens créent de nouvelles saveurs.
21:07Pour l'essentiel, avec des produits naturels
21:09mais souvent détournés et transformés.
21:13Leur imagination semble sans limite,
21:15comme avec cette fumée liquide.
21:20On est sur de la fumée liquide.
21:21Du bois, on a extrait une fumée liquide
21:24qui est 100% issue du bois.
21:26Vous sentez comme si vous faisiez un barbecue.
21:28On va mettre ça dans des jambons, dans des chips, etc.
21:32C'est très puissant, c'est très fort.
21:34Avec ça, on va pouvoir apporter soit des notes poulet,
21:36des notes fumée, soit à 100% une note fumée.
21:39D'accord, donc ça, c'est les fameux chips au goût fumé.
21:42Exactement, c'est les chips au goût fumé.
21:43Les chips au goût jambon.
21:45Le goût jambon.
21:46Exactement, donc on va créer un arôme jambon
21:48et on va le mettre une note fumée dessus.
21:49Si on veut un jambon fumé.
21:51Là, vous avez un arôme naturel poulet,
21:53une base poulet, c'est ça.
21:55On a recréé, il n'y a pas de viande dedans.
21:57Il n'y a pas un seul poulet qui est rentré ici ?
21:59Il n'y a pas un seul poulet.
22:00Tout est 100% végétarien.
22:02Il n'y a pas de produits animaux ici.
22:04Et alors, comment vous faites ?
22:05On va chercher les molécules qui apportent cette note poulet.
22:07C'est le travail de l'aromaticien.
22:09C'est des années d'études pour savoir comment on formule un poulet.
22:12Dans cette ambiance de laboratoire,
22:14au cœur de la nourriture ultra transformée,
22:17nos questions leur semblent un peu naïves.
22:23Vous comprenez que ça puisse faire peur ?
22:25On comprend que ça puisse faire peur.
22:26On est dans cette image d'Epinal ou des histoires de Martine
22:30où on imagine qu'on va chercher les œufs le matin à la ferme.
22:34Il faut ouvrir les yeux.
22:36Vous ne pouvez pas avoir des chips de saveur poulet brisé.
22:39Un cuisinier, le meilleur du monde,
22:41ne pourra pas vous faire des chips de saveur poulet brisé.
22:44Il y a des produits qui existent uniquement
22:46parce qu'on est capable de faire des associations de molécules.
22:53Ces arômes ne sont pas les seuls
22:55à entrer dans la composition des aliments ultra transformés.
22:58Il y a aussi les additifs.
23:00Plus de 300 officiellement répertoriés.
23:05Parfois naturels, souvent chimiques,
23:07ils donnent couleur, consistance et goût
23:10aux produits industriels issus du cracking.
23:17Toutes ces substances,
23:19un ingénieur de l'industrie agroalimentaire
23:22les a achetées et utilisées pendant 20 ans.
23:25Écœuré, Christophe Brusset a fini par écrire un livre
23:28sur les pratiques du secteur.
23:35L'agroindustrie tient tellement bien ses employés,
23:38il y a une telle omerta, une telle loi du silence,
23:42une telle pression et une peur des représailles
23:44que personne n'ose parler.
23:46Je viens de l'industrie.
23:48Tout ce que je raconte dans ce livre, c'est vrai.
23:50C'est des souvenirs, des choses que j'ai vécues.
23:52Il n'y a pas tellement grand-chose à discuter.
23:55Personne ne pourra dire que ce n'est pas vrai
23:57puisque c'est des choses que j'ai vues et que j'ai faites.
24:00Son livre n'a fait l'objet d'aucune poursuite, d'aucun procès.
24:06Ce qui l'inquiète le plus aujourd'hui,
24:08c'est l'utilisation à haute dose des additifs.
24:13Concernant la quantité de produits chimiques qu'on ingurgite,
24:16j'avais fait un calcul avec des produits que je fabriquais.
24:19Je fabriquais, par exemple, un croque-monsieur
24:21avec mon fameux jambon industriel
24:24qui contenait, je crois, 5 % en poids d'additifs.
24:28On est sur des doses qui sont réellement non négligeables.
24:31Oui, vous arrivez sur un produit
24:34à avoir des 2, 3, 4, 5 % d'additifs dans le produit.
24:38Donc, si on consomme de l'additif,
24:41donc si on consomme des sodas light,
24:43si on consomme du jambon industriel,
24:45si on consomme du pain industriel, du pain de mie industriel,
24:48des carottes râpées industrielles,
24:50tous ces produits-là contiennent des additifs.
24:53Et aucune étude, aucune étude n'a jamais été faite
24:57pour voir quels sont les effets à long terme
24:59de tous ces mélanges d'additifs qu'on prend chaque jour de sa vie.
25:03Toute cette nourriture ultra transformée
25:06est-elle contrôlée, évaluée et par qui ?
25:12En Europe, une agence, l'EFSA,
25:17est chargée d'estimer les risques sanitaires de ce que nous mangeons.
25:23Elle se trouve à Parme, en Italie.
25:31Et c'est l'un de ses directeurs qui nous reçoit
25:34avec visiblement un peu d'appréhension.
25:37Bonjour.
25:38Bonjour.
25:39Bonjour, Guillaume Dessels, enchanté.
25:41Enchantée, je vous en prie.
25:43Vous pouvez nous rappeler, dans les grandes lignes,
25:45combien d'additifs et d'arômes sont autorisés dans l'Union européenne ?
25:48Je crois qu'il y a à peu près entre 300 et 400 additifs alimentaires
25:55et peut-être 200 arômes sur le marché européen.
26:01Il y a plus que 200 arômes, non ?
26:04Pardon, je dois peut-être confondre avec une autre catégorie.
26:07Je crois qu'il y a plus de 2000 arômes.
26:09D'accord, OK.
26:11Plus de 2000 substances aromatisantes sont en effet autorisées.
26:15Il y a tellement d'ingrédients à évaluer
26:17que même à l'EFSA, on s'y perd un peu.
26:20Est-ce que vous faites les études vous-même
26:22pour évaluer les risques sur les arômes et les additifs ?
26:24Non, l'agence ne fait pas d'études.
26:27Il y a deux types d'études sur lesquelles on travaille.
26:30Tout d'abord, toutes les études disponibles
26:32font une recherche sur tout ce qui concerne le produit
26:36ou la substance qu'on veut étudier.
26:38L'autre partie, c'est les études qui sont obligatoires,
26:43imposées par la législation à l'industriel
26:46qui veut mettre une substance sur le marché.
26:48C'est quoi le pourcentage d'études qui provient des industriels
26:52et le pourcentage qui provient d'études indépendantes ?
26:55Ça, ça dépend au cas par cas.
26:57C'est très dépendant de quelles substances on parle.
27:00Une substance qui est nouvelle,
27:02il y a toutes les chances qu'on ait que les études de l'industriel.
27:05Au détour d'une question,
27:07le directeur va faire un aveu de faiblesse.
27:10C'est quoi votre budget ?
27:1280 millions d'euros.
27:1480 millions d'euros ?
27:15Oui, ce qui n'est pas grand-chose.
27:17Je suis bien d'accord avec vous
27:19quand on voit la responsabilité, l'impact du travail de l'EFSA.
27:23A l'entendre, c'est comme si l'agence n'avait pas les moyens
27:26d'assurer sa mission.
27:28Pour leur part, les représentants de l'industrie
27:32estiment que les dernières études
27:34liant aliments ultratransformés et maladies chroniques
27:37ne sont pas probantes.
27:41Notre expérience avec Patrick, elle,
27:44semble concluante.
27:46Six semaines après avoir totalement arrêté
27:49les aliments ultratransformés,
27:51il reçoit les derniers résultats de ses prises de sang.
27:54Les transaminates, les ASAT.
27:56Je suis à 31.
27:58Son foie va beaucoup mieux.
28:00J'étais à 49 le 11 avril.
28:02Tu étais à 126.
28:04Tu en as conscience ?
28:06Oui, t'inquiètes.
28:08Je suis content.
28:10Vous attendiez, en arrêtant les produits industriels,
28:13à ce que ce soit aussi rapide ?
28:15Aussi rapide que ça, non.
28:17Je savais que ça se ferait pas du jour au lendemain,
28:20mais je pensais pas que ça diminuerait aussi vite.
28:23Et Patrick a aussi fondu.
28:26Le ventre.
28:28Le ventre.
28:30On est à 103 aussi.
28:32Il a perdu 15 cm de tour de taille.
28:38Et sur la balance...
28:4195,200 à billets.
28:43Ça fait combien de mois qu'il y a six semaines ?
28:46103,900.
28:48Ça fait presque 10 kg en moins.
28:51Chaque fois que je compte sur la balance
28:53et que je vois que le poids diminue,
28:55ça fait plaisir.
28:57Vous vous sentez comment ?
28:59Beaucoup mieux.
29:01Même dans ma vie de tous les jours.
29:03Tellement mieux qu'il va oser ouvrir son placard.
29:06Mon but serait de pouvoir remettre ce cuir-là.
29:09Ça a été un de mes premiers cuirs.
29:13C'est encourageant, ça.
29:15C'est plus qu'encourageant.
29:17Mais ça dépend.
29:19Surpris et un peu ému,
29:21Patrick retrouve des sensations perdues.
29:25Le simple fait de ne plus avoir le ventre qui vient toucher,
29:29rien que ça, déjà, c'est que du bonheur.
29:32T'as moins de poids.
29:34T'as plus de poids.
29:36T'as plus de poids.
29:38T'as plus de poids.
29:40Déjà, c'est que du bonheur.
29:42T'as moins l'estomac oppressé.
29:44Tu peux mieux bouger sur la moto.
29:46T'es 100 fois mieux.
29:48C'est quand même agréable.
29:51D'après une étude récente,
29:53plus d'un tiers des calories consommées chaque jour en France
29:57provient des aliments ultra transformés.
30:10Sous-titrage Société Radio-Canada

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