SMART TECH - LE GRAND DÉBRIEF du jeudi 10 octobre 2024

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Jeudi 10 octobre 2024, SMART TECH reçoit Clément Feutry (Chercheur, Square Management Research Center) , Angélique Gérard (présidente fondatrice, STEM ACADEMY) , Julien Pillot (Consultant, Enseignant-chercheur en économie, Inseec - Groupe Omnes Education) et Éric Bothorel (député de la 5ème circonscription des Côtes d’Armor)

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00:00C'est parti pour le grand débrief de l'ActuTech, aujourd'hui autour de la table nous avons
00:07l'économiste Julien Pillot. Bonjour Julien. Bonjour. Consultant, enseignant-chercheur,
00:12à l'INSEC bien entendu, je l'ai dit tellement de fois. Moins fréquent, l'entrepreneuse
00:18Angélique Gérard est avec nous. Bonjour Angélique. Bonjour Delphine. Présidente
00:22de la STEM Academy puis conseillère spéciale du groupe Iliade. Bienvenue dans ce débrief.
00:26A côté de vous le chercheur Clément Feutry. Alors là on est carrément sur une première
00:30Clément. Bonjour Delphine. Première pour le débrief ensemble. Data scientist au sein
00:35du cabinet européen de conseil en stratégie en organisation, Square Management. Alors
00:40nos sujets de débat, on va parler de la chute d'insectes et on va voir si c'est un cas
00:44d'école. On va aussi s'intéresser au Wi-Fi qui arrive dans les avions, à cet accord
00:49qui a été passé entre Air France et Starlink. Mais nous allons commencer avec la rentrée
00:54parlementaire. Alors on va voir ce qu'il en est du numérique avec Éric Botorel qui
00:59est connecté avec nous, député Renaissance de la circonscription Lagnon-Paimpol dans
01:04les Côtes d'Armor. Bonjour M. Botorel. Bonjour Delphine, vous allez bien ? Super. Comment
01:09se passe votre rentrée parlementaire, cette reprise des travaux ? Ecoutez, elle se passe
01:15très bien. En tout cas, elle se passe mieux qu'elle s'est conclue au mois de juin. Très
01:21sérieusement, je pense qu'on a tous très hâte de reprendre les travaux. Alors évidemment,
01:26avec un focus sur le projet de loi de finances qui sont les exercices obligés de cette fin
01:32d'année. Donc peut-être un peu moins de place pour traiter du sujet NIS2 tel qu'il avait été
01:37envisagé qu'il puisse être examiné avant l'échéance du mois d'octobre. Mais enfin,
01:41on aura l'occasion de leur parler. Je pense que ce sera pour un peu plus tard. Alors moi,
01:44j'en parle beaucoup de NIS2. Mais justement, c'était une question que j'avais. Est-ce qu'on
01:47va respecter cette échéance du 14 octobre, qui est normalement vraiment la date butoir pour
01:51transposer la directive dans les Etats membres ? Non, mais vous y croyez un seul instant,
01:55on est le 7. Ce ne sera jamais le 14 et ça a été négocié pendant l'été vis-à-vis des instances
02:04européennes. Mais évidemment, pour qu'elles tiennent compte des particularités qui sont
02:09liées à la décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale au mois de
02:13juin et qui, effectivement, redistribue les cartes. Qu'est-ce que vous avez comme dossier
02:20du numérique, là, sous le coude ? On a un NIS2 qui viendra, ça c'est une évidence. Après,
02:25on ne sait pas sous quelle forme il viendra. Est-ce que ce sera un projet de loi qu'on appelle
02:28DADU, qui embarque plusieurs types de dispositions dont il faut que notre droit s'adapte ? Plutôt
02:37que de prendre le projet de loi à résilience, au départ, dans lequel il y avait DORA, REC et
02:41ELYSEE, peut-être repartir sur un texte moins complexe, issu de la rédaction de l'ANSI, pour
02:49quelque chose qui sera soit avant la fin de l'année, soit en tout début d'année prochaine. Je voulais
02:54quand même vous entendre sur la nomination de Clara Chapaz. Rattachée à la recherche,
03:01il y a cette question peut-être d'un double rattachement, d'ailleurs, avec Bercy ? Oui,
03:06alors je n'ai pas vu les décrets d'attribution pour l'instant. C'était les questions qu'on avait,
03:11j'ai évoqué le sujet avec Clara quand je l'ai rencontrée après sa prise de fonction lors d'un
03:16match caritatif pour E-Enfance. Le premier sujet de discussion, c'était de savoir effectivement si
03:21elle reprenait des périmètres de l'ancien périmètre de Marina Ferrari, parmi lesquels les
03:26télécoms, etc. Il semblerait qu'il y ait une petite redistribution malgré tout, avec d'autres
03:31acteurs de Bercy. Je n'ai pas à l'heure où je vous parle les décrets d'attribution, mais il
03:34semblerait quand même que Clara ait la main sur quelques administrations bercyennes, ce qui est
03:39plutôt rassurant par rapport aux premiers éléments qui avaient circulé. Parce que ce rattachement à
03:46l'enseignement supérieur et à la recherche, ça vous séduit ? Pour adresser par exemple le sujet
03:51de l'intelligence artificielle, on se dit que c'est pertinent. Pour autant, Clara Chapaz n'a pas non
03:54plus un profit scientifique. Comment vous percevez les choses ? Je pense que sur l'intelligence
04:00artificielle, tout le monde conviendra que parce que d'abord on est le pays organisateur du sommet
04:03de l'action pour l'intelligence artificielle qui aura lieu au mois de février 2025, et ensuite
04:10parce que nous avons, et c'était rappelé par le chef de l'État, engagé des moyens via France
04:152030 sur la formation de 100 000 ingénieurs autour de l'intelligence artificielle pour faire
04:19de la France un pays plus qu'attractif, un pays leader sur le sujet. Ça ne me paraît pas déconnant
04:25que Clara soit rattachée au ministère de l'Enseignement et de la Recherche parce qu'il y a
04:30ce sujet qui est prioritaire. Je ne dis pas que les télécoms ont fait le boulot, on sait bien
04:34qu'on a des sujets sur la couverture, mais admettons que depuis 2017, il y a des choses
04:39qui ont été faites et qu'aujourd'hui on est plutôt sur la queue de la comète qui est le raccordement,
04:44la fin du cuivre, des aspects qui ne sont plus tout à fait ceux de l'urgence avec lesquels il fallait
04:50traiter le sujet il y a quelques mois. Il y a malgré tout des sujets sur la cybersécurité,
04:56mais là c'est pareil, on le sait bien, il y a un sujet qui n'est pas porté uniquement par la
05:01secrétaire d'État, qu'elle soit rattachée à Bercy ou ailleurs, des dispositifs rattachés à Matignon,
05:06le fameux GDSN et puis l'ANSI qui travaillent sur ces sujets. Je pense que c'est une bonne chose
05:12d'abord qu'on ait un gouvernement à cette rentrée, après la trêve des Jeux olympiques, et qu'on se mette au boulot.
05:16Sur les réseaux, il y a quand même aussi un règlement qui est attendu du côté de tous les
05:24opérateurs européens, le Digital Networks Act, d'ailleurs je fais un sujet là-dessus dans Smartag,
05:29mais on aura le temps d'en reparler. Une réaction Angélique Gérard ?
05:32Oui, moi je suis plutôt étonnée, agréablement étonnée du rattachement de Clara Chapaz au
05:39ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Je vois ça d'un très bon signe en fait,
05:43je trouve que c'est un signe très fort du gouvernement qui prouve sa volonté d'investir
05:48en fait sur la recherche, donc on a grand besoin en fait que ça puisse fonctionner ainsi quand
05:55Bercy avait une approche quand même plus centrée sur le développement économique et le soutien au
06:00développement commercial des startups. Clara Chapaz, c'est une figure majeure de l'écosystème français
06:07en termes de startups, elle risque, enfin ce n'est pas qu'elle risque, c'est que je pense qu'on va avoir une
06:11stratégie en fait axée sur, on va venir renforcer les collaborations entre les startups et la
06:19recherche, donc les universités, les labos, pour faire de la France, en tous les cas on l'espère,
06:24une nation de pointe en matière de technologie de rupture. Et puis cette réorganisation, elle peut
06:31aussi vouloir symboliser une vision plus durable et plus intellectuelle du numérique où la formation
06:39des talents, la création des savoirs et l'innovation scientifique prend enfin sa place dans la stratégie
06:46nationale. C'est ce qu'on souhaite et puis on vous souhaite une bonne reprise Éric Botorel, je ne sais
06:52pas comment ça se passe au niveau des rapports de force politique sur les sujets du numérique,
06:56en général vous êtes une poignée, plutôt tous d'accord sur ce qu'il faut faire non ? Oui alors on va
07:02être peut-être un peu moins nombreux, je n'ai pas fait le compte de ceux qu'on avait perdus pendant
07:05l'été, même si entre 2017 et 2022 on avait déjà perdu quelques personnes qui avaient investi sur
07:12Changea par le passé. Le rapport de force, écoutez, il va se mesurer à l'épreuve des textes examinés,
07:19souvent la vérité des prix c'est au moment de la réunion des commissions ou celle de l'assemblée.
07:27C'est à ce moment-là qu'on a une petite idée du rapport des forces. Ok, merci beaucoup d'avoir
07:34été connecté avec nous, on vous laisse reprendre vos travaux, nous on va continuer notre débrief
07:39en plateau. Je voulais qu'on revienne sur la chute de cette start-up industrielle Insecte,
07:44J'ai en français de l'élevage d'insectes. L'entreprise a ouvert une procédure de
07:49sauvegarde juridique, elle a un an pour trouver de nouveaux partenaires financiers puis sauver
07:55sa peau. En vrai, moi ma question c'est comment est-ce qu'on en est arrivé là ? Julien,
08:00quelle est votre analyse ? Les raisons sont multiples, elles sont d'ordre macro et puis d'ordre
08:06microéconomique comme très souvent d'ailleurs pour les histoires de ce type-là. Sur le plan
08:10macro et conjoncturellement on peut évidemment déplorer le fait que la conjoncture actuelle soit
08:16compliquée sur le plan économique. Le lever des fonds aujourd'hui n'est pas un peu plus compliqué
08:20que ce n'était les années précédentes parce que le relèvement des taux fait que l'argent
08:25gratuit n'existe plus et ça devient quelque chose d'assez compétitif de lever des fonds aujourd'hui.
08:29D'ailleurs on le voit, depuis le début de l'année on est sur des levées de fonds de l'ordre de
08:34250 millions d'euros pour les start-up de ce type-là contre un milliard l'an dernier à époque
08:41comparable. Donc on voit qu'il y a un gros coup de frein dont finalement les start-up qui n'ont
08:48pas encore la capacité d'être rentables par leur business model, par l'exploitation de leur
08:52business model, finalement sont les premiers à souffrir. Et donc derrière il faut regarder sur
08:56le plan microéconomique ce qu'a fait Insect ou ce que n'a pas fait Insect mais peut-être qu'il y a
09:00eu des précipitations dans certaines opérations d'acquisition, peut-être qu'il y a eu aussi une
09:05montée en puissance sur le plan industriel, peut-être un petit peu trop rapide par rapport
09:11à la réalité de la demande sur le marché qui leur est adressée. Et tout ça mis bout à bout fait
09:16qu'effectivement derrière on a des start-up d'ordre industriel qui sont en difficulté en France. Et
09:21puis évidemment le dernier étage de la fusée c'est toujours le même, c'est quel est l'état
09:25de notre écosystème de corporate venture en France et en Europe plus particulièrement. On sait que
09:31c'est un vrai relais de croissance au niveau américain et que relativement à ce qui se fait
09:36outre-Atlantique on a toujours un peu plus de mal à passer à l'échelle du fait d'un réseau
09:41de corporate venture qui est un peu plus à tonne. Moi là ce que je lis c'est dans les diverses
09:46analyses, c'est un investissement très important d'argent public, peut-être trop d'argent public
09:53mis dans Insect, peut-être que trop d'ambition avec cette giga usine qui a pris aussi du retard
10:00à cause de la période Covid. Bon est-ce qu'on doit comme ça s'autoflageller alors qu'on était
10:06face à quelque chose de très ambitieux finalement Clément ? Je crois qu'on lit les mêmes choses,
10:10j'ai les mêmes informations que vous. Moi si je prends un peu plus de recul ce que je me dis aussi
10:16c'est que est-ce qu'ils sont finalement pas trop en avance ? Ça s'est déjà vu par le passé,
10:21par exemple même sur des grosses boîtes, Microsoft qui avait essayé de lancer l'iPad
10:25avant l'heure, ça avait floppé complètement. Qui autour de ce plateau a déjà mangé des
10:30insectes finalement ? Moi. Bon finalement on n'est peut-être pas représentatif de la totalité des
10:37français. Et puis c'est quand même d'abord pour l'alimentation animale. Mais de ce que j'ai lu il
10:43me semble que c'est quand même plus cher que d'autres sources d'alimentation. Alors il y a
10:47une ambition écologique qui est totalement louable et souhaitable mais je pense qu'il y a
10:53peut-être une avance de phase un peu trop importante avec le marché que ce soit pour
10:58les animaux ou pour les humains avec des coûts de production qui sont en train de baisser mais
11:03qui n'arrivent pas encore à rattraper l'objectif. Et c'est un peu le principe de la start-up
11:08industrielle, de la deep tech. Angélique quelle est votre lecture de cette aventure entrepreneuriale ?
11:14Déjà c'est triste parce que c'était un de nos fleurons de la French Tech donc évidemment ce n'est pas
11:19une bonne nouvelle. On espère qu'une autre grande prêtresse de l'administration judiciaire du
11:24redressement Hélène Bourboulou arrivera avec les dirigeants à reconstruire l'histoire. En fait ce
11:29projet phare d'Insectes. Insectes c'est quand même le pionnier sur la production de protéines par les
11:38insectes. Ils ont fait des choix. On va peut-être parler même du choix du verre de farine qui est
11:44un sujet parce qu'en tant que pionnier forcément ils ont été sur ce sujet quand d'autres alternatives
11:49concurrentes sont nées sur un marché qui n'est pas encore mature. On peut parler d'Innovacide,
11:54on peut parler également de Nextprotein qui a investi sur la BSF. La BSF qu'est-ce que c'est ?
11:59C'est la mouche soldanoire. Ça demande moins de complexité. C'est des croissances beaucoup plus
12:06rapides de l'œuf à la larve sur la mouche. Vous êtes en 14 jours et vous pouvez... En fait le verre
12:13de farine lui est nourri par des céréales donc il faut les acheter donc il y a un coût. Lorsque la
12:17BSF se nourrit de déchets organiques, agricoles, alimentaires donc en plus c'est joli pour la
12:22planète et donc va pouvoir produire des quantités de protéines en un temps record. Donc aujourd'hui
12:27il y a des concurrents qui n'ont pas levé autant. Je crois que c'est 600 millions d'euros quand même.
12:31Donc on a un acteur qui a une dépendance excessive au capital, qui a construit cette magnifique usine
12:39qui devait produire 60 000 tonnes d'insectes par an mais qui n'a jamais atteint sa maturité
12:45industrielle et donc tout ça fait que ça devient extrêmement complexe et que l'ambition a peut-être
12:51quand même été un peu importante. Est-ce que c'est un mauvais signe pour la réindustrialisation
12:58de notre pays Julien ? Un mauvais signe, il ne faut pas donner à un insecte plus d'importance
13:07qu'elle n'en a. Néanmoins effectivement... Mais Angélique rappelait quand même à juste titre les
13:11600 millions d'euros, on pariait quand même beaucoup dessus. Oui mais elle a aussi parlé
13:15peut-être de quelques erreurs stratégiques et on a pu aussi souligner le fait qu'ils étaient un
13:19petit peu en avance sur le marché, ce qui stratégiquement est toujours un problème. Mais
13:23c'est vrai qu'au-delà de ça on peut se poser la question parce que si on veut réindustrialiser,
13:27on veut le faire aussi de façon propre, on veut le faire aussi sur des technologies qui misent
13:32en mode industriel, nous donnent aussi un avantage concurrentiel ou un avantage comparatif,
13:37sur les marchés étrangers. Donc il faut le faire effectivement sur des industries qui ressemblent
13:41un peu plus à insectes qu'elles ressemblent aux industries de la première ou de la seconde
13:45révolution industrielle. Donc effectivement pour pouvoir réussir à faire monter en puissance ces
13:49industries-là, il faut une amorce, une amorce longue et massive de capitaux qui viennent du
13:54public ou du privé. Mais c'est vrai qu'en ayant un écosystème de corporate venture qui est moins
14:01on va dire dynamique que ce qui peut exister par ailleurs, on a effectivement une ultra-dépendance
14:05à des capitaux publics, on en a parlé tout à l'heure d'ailleurs juste au titre, et peut-être que
14:09ça nous pose une question de savoir si tous nos objectifs de réindustrialisation à périmètre
14:13constant sont effectivement réalisables si on se rêve une réindustrialisation un peu plus verte.
14:20Et pourquoi est-ce qu'on n'a pas ces gros fonds aujourd'hui capables de soutenir notre deep tech ?
14:27C'est je pense avant tout culturel aussi. Moi j'étais juillet dernier avec un...
14:33Dans Venture Capitaliste il y a la notion du risque, donc dans ces métiers-là le risque existe.
14:39Je veux bien entendre qu'on n'a pas la culture du risque mais ce sont des métiers où on risque
14:43de l'argent. Pourquoi est-ce qu'on en risque moins en Europe qu'ailleurs ?
14:49Il y a un fonds, il vise surtout son exit à 5-6 ans donc forcément il a aussi cette analyse du
14:57risque. Donc son objectif c'est quand même de gagner de l'argent et de faire x3, x4.
15:03Mais c'est pareil outre-Atlantique, son objectif c'est aussi de gagner de l'argent.
15:08Oui absolument, absolument.
15:10Mais sur des marchés qui sont quand même très différents parce qu'effectivement il y a une dimension culturelle.
15:15Nous en Europe c'est vrai qu'on a eu plutôt tendance à se reposer sur de la finance institutionnelle,
15:19là où effectivement aux Etats-Unis la finance de marché a de suite pris une place prépondérante
15:25dans le financement de l'économie. Et puis effectivement les Etats-Unis c'est un marché de quasiment 300 millions,
15:31un marché captif en tout cas qui crée une amorce qui est importante parce que c'est un gros marché.
15:37Nous on n'a pas cet effet marché européen.
15:40N'étant pas clairement unifié pour l'instant, non on n'a pas forcément ça.
15:44Et même c'est pire, c'est que chez nous il y a de la concurrence entre les pays, entre les Etats membres
15:48qui se font parfois du dumping à l'intérieur des frontières de l'Union Européenne.
15:53Donc effectivement tout ça crée aussi de la déperdition parce que là où on pourrait aussi avoir des stratégies d'investissement
15:59qui flèchent finalement ces investissements vers 1, 2 ou 3 wannabes champions de leur secteur respectif,
16:04ici on essaime beaucoup plus et à la fin on a moins d'économies d'échelle.
16:08Alors qu'est-ce que devrait faire le gouvernement, l'Etat face à cette chute libre d'insectes selon vous ?
16:15En tout cas c'est un bon exemple en matière de discipline budgétaire déjà,
16:19de se dire qu'il faut regarder au plus près et pas attendre l'échec cuisant comme celui qu'on a effectivement noté.
16:27Parce que là très clairement ça reflète un manque de rigueur et de suivi.
16:32Qu'est-ce qu'on fait s'il faut aller au sauvetage ?
16:34Je pense que c'est important.
16:36J'ai eu trop d'argent investi notamment par l'API France pour ne pas sauver le soldat insecte,
16:42mais par contre il va falloir regarder de plus près ce qu'ils font.
16:45C'est aussi votre analyse Clément ?
16:46Oui, j'ai pu observer qu'il y avait eu de nombreux rachats de concurrents par le passé d'insectes.
16:52Ça rejoint un peu la théorie qu'on essaime un peu et qu'il y a beaucoup de concurrence aussi en Europe.
16:58Ça me rappelle aussi ce qui s'était passé avec Luco qui avait racheté un de ses concurrents en Allemagne
17:05et qui avait été le début un peu des problèmes.
17:08Donc je pense que c'est aussi dans la façon dont on gère son budget d'acquisition des concurrents
17:15qu'il faut être plus vigilant en tout cas sur ces deux exemples-là.
17:18J'ai l'impression qu'il y a un pattern qui se distingue.
17:21On passe à notre autre sujet, le haut débit dans l'avion.
17:23Air France signe avec Starlink.
17:26On nous dit que l'été 2025 ça va être génial.
17:29On va pouvoir à bord des avions Air France bénéficier d'un accès Wifi à très haut débit comme à la maison.
17:36Je reprends les termes.
17:37Ce sera gratuit, accessible à tous les voyageurs quelle que soit leur classe dans l'avion.
17:42Il faudra quand même avoir un compte FlyingBlue.
17:45C'est un moyen de fidélisation évident et sans doute de monétiser des nouveaux services.
17:50Je voulais votre réaction là-dessus sur ce partenariat qui vient de se nouer.
17:55Déjà ce sera gratuit, pas pour tout le monde.
17:57Évidemment Air France pour mettre en place ce service va payer la facture auprès de Starlink
18:02qui s'est très bien facturé ce type de service.
18:04C'est normal, c'est un prestataire.
18:07Effectivement.
18:08Ce qui m'interroge sur cet exemple qui révèle quelque chose de plus structurel et structurant dans l'économie numérique aujourd'hui
18:20c'est la capacité aujourd'hui d'opérateurs privés de mettre la main sur des infrastructures essentielles.
18:28Aujourd'hui sur les 8100 satellites qui sont en orbite basse
18:33et qui permettent évidemment de pouvoir éventuellement proposer ce type de service Internet
18:37dans des avions qui survolent la planète.
18:41Donc ces 8100 satellites, il y en a 6000 qui sont déjà à la possession de Starlink.
18:46C'est à peu près 75%.
18:48Effectivement, au-delà de l'exemple qu'on est en train de traiter,
18:52ça nous dit quelque chose sur la capacité finalement d'entreprises privées
18:56qui peuvent avoir des intérêts qui sont très éloignés de l'intérêt général
18:59de pouvoir aujourd'hui bypasser complètement tout un tas de réglementations.
19:05Parce que là où auparavant elles étaient tenues à une certaine responsabilité
19:10et du fait d'utiliser des infrastructures essentielles publiques,
19:14là aujourd'hui elles sont capables de dire
19:16non mais écoutez les réseaux satellitaires c'est à nous,
19:19les câbles sous-marins qui sont essentiels pour pouvoir faire transiter l'information à haute fréquence d'un continent à un autre,
19:24c'est à nous aussi et en fait on a de moins en moins besoin du public
19:27et donc pourquoi pas s'en affranchir un peu plus.
19:29Donc il y a une question derrière l'exemple qui est celui qu'on traite aujourd'hui,
19:33il y a aussi une question de souveraineté numérique et de souveraineté tout court.
19:38Air France est quand même la première compagnie européenne à signer avec Starlink,
19:42donc filiale de SpaceX on le rappelle.
19:44Alors il y a déjà des contrats avec Starlink.
19:47Starlink qui est une filiale de SpaceX.
19:50Il y a United Airlines, Hawaiian Airlines
19:53et donc effectivement la promesse en termes d'expérience client en vol est prouvée, démontrée.
20:00Donc vous avez jusqu'à 350 mégabits à 10 000 mètres d'altitude,
20:03donc c'est quand même un record.
20:05Alors c'est le débit théorique, on verra ce qu'il y aurait exactement.
20:07C'est le débit théorique mais il y a le temps de latence et vraiment c'est au top.
20:11Donc effectivement les deux compagnies aériennes qui travaillent aujourd'hui avec Starlink
20:14sont très contents et notamment leurs clients.
20:17Effectivement ça pose la question de la souveraineté technologique
20:20parce que Starlink est un acteur dominant mondial aujourd'hui.
20:24Donc on peut se poser plein de questions sur d'éventuels conflits géopolitiques aussi,
20:28de savoir qu'on se retrouve coupé comme ça du jour au lendemain.
20:31Mais ce qui représente un défi aujourd'hui européen important,
20:36c'est de se dire que les initiatives que l'on a en termes d'organisation satellite et d'investissement
20:41ne permettent pas aujourd'hui à une entreprise comme Air France
20:45de pouvoir en fait aller vers cette souveraineté.
20:48Donc il y a le réseau Iris qui est en cours de construction
20:51mais qui ne permet pas aujourd'hui d'offrir ce que Starlink offre.
20:55Et puis il y a peut-être un sujet qui moi me tient à cœur sur la question environnementale et la durabilité,
21:00c'est qu'il va falloir qu'on encadre quand même cette gestion durable de l'espace orbital
21:05et les débris spatiaux qui vont être de plus en plus nombreux.
21:08Il faut savoir que les débris spatiaux, le plus gros risque,
21:11ce sont les populations au sol qui le courent.
21:15Et alors c'est vrai que le fait d'avoir des satellites en basse orbite,
21:20ça permet d'avoir une meilleure connexion parce que c'est plus proche des avions dans le ciel.
21:24En revanche, ça ne permet pas d'avoir une connexion absolument partout.
21:27Pour ça, on continue d'avoir besoin de satellites géostationnaires.
21:31Enfin quand même, on voit là l'avance considérable prise par Starlink d'Elon Musk.
21:36Oui, c'est une avance considérable.
21:39On voit aussi qu'il a bien pensé son plan avec SpaceX d'un côté
21:43qui permet de mettre en orbite les satellites d'une autre de ses sociétés, finalement Starlink.
21:49Donc là-dessus, tout est bien huilé.
21:52Il y a effectivement toutes ces questions de pollution orbitale, on va dire.
21:58Mais pour l'instant, j'ai l'impression que les utilisateurs,
22:01ce qu'ils veulent, c'est surtout avoir le Wi-Fi dans l'avion.
22:03Ça pose aussi la question de ça, c'est la dépendance à la connexion des utilisateurs.
22:08Parce que finalement, il y avait déjà des avions qui étaient équipés de Wi-Fi.
22:12C'était une technologie un peu plus ancienne
22:15et qui était équivalente à de la 3G finalement dans les avions.
22:19Donc un peu frustrant pour l'utilisateur compulsif
22:22qui voulait actualiser au plus vite, voir ses vidéos en streaming.
22:27Et là, on a un franchissement d'un gap technologique
22:31qui permet de retrouver des usages tels qu'à la maison,
22:36de pouvoir télétravailler dans l'avion,
22:38de pouvoir avoir un divertissement plus varié que ce qui est proposé par la compagnie.
22:43Donc ça permet normalement de faciliter l'expérience utilisateur dans les avions.
22:49Oui, et puis de générer des nouveaux revenus.
22:51Je disais que ça va permettre de monétiser des nouveaux divertissements aussi dans l'avion.
22:55Il y a tout un écosystème qui va se bâtir autour de ça,
22:58qui est quand même très faible aujourd'hui, très petit.
23:01L'essentiel sera comme du B2B.
23:03C'est vraiment des facturations entre des sociétés comme Starlink
23:07et des compagnies aériennes.
23:09Puisque si vous devez vous connecter à 10 000 pieds d'altitude à votre compte Netflix,
23:14en vrai, vous êtes déjà abonné à Netflix.
23:16Si vous devez vous connecter à Deezer, vous êtes déjà abonné à Deezer.
23:19J'imagine les possibilités en termes de e-commerce.
23:22Je suis dans l'avion, je vais pouvoir réserver plein de services à destination,
23:27peut-être des guides, des tours opérateurs
23:29qui vont s'emparer forcément de ces nouveaux moyens de connexion.
23:32Des choses qui seront déjà,
23:33peut-être pas de façon aussi fluide que pourrait le permettre une connexion de ce type-là,
23:36mais ça se fait déjà à travers des conciergeries.
23:38Et puis même les compagnies aériennes proposent déjà aussi ce type de service.
23:41On n'est pas à l'âge de pierre pour l'instant, franchement.
23:44Mais c'est intéressant le sujet de la monétisation,
23:46donc cet aspect économique, parce que Air France doit équiper 200 avions.
23:51Donc c'est cette technologie satellitaire en orbite basse.
23:55Et le coût d'investissement n'a pas été révélé publiquement par Air France.
23:59Déjà, effectivement, vous l'avez souligné,
24:01dès l'été 2025, ces équipements et ces infrastructures
24:05vont commencer à être déployés,
24:07mais on ne sait pas sur quel calendrier, en fait, il va être achevé.
24:11Donc ça pose en fait la question de l'équilibre des coûts d'investissement.
24:16Parce qu'à court terme, on a effectivement un avantage compétitif.
24:19Air France a un avantage concurrentiel aujourd'hui,
24:22et donc va attirer sans doute beaucoup de clients.
24:25Mais en même temps, on ne sait pas dire
24:27quelles sont les économies potentielles qu'Air France va arriver à faire
24:31ou les gains additionnels avec de l'e-commerce online sur les avions.
24:36Oui, quel va être le retour sur investissement finalement,
24:39tant qu'ils se sont engagés à ne pas augmenter le prix du billet
24:42pour ce service-là, en tout cas ?
24:44Je ne suis pas au courant d'une exclusivité quelconque.
24:46Je crois que, comme disait Angélique, aux Etats-Unis,
24:48il y a plein de compagnies qui ont fait affaire, je dirais,
24:50avec Starlink sur cette technologie.
24:52Là, en Europe, c'est d'abord Air France,
24:54mais peut-être qu'ils vont être rattrapés par la concurrence qui est rude en ce moment.
24:57Oui, il n'y a pas d'exclusivité.
24:59Il n'y a pas d'information là-dessus.
25:01Donc, je pense que ce n'est pas exclusif.
25:03Sur les chiffres qui ont circulé, on parlait d'investissements
25:06de type infrastructure entre 15 et 25 000 euros par avion équipé.
25:11Et ensuite, évidemment, un abonnement entre Air France et Starlink
25:14pour pouvoir utiliser la bande passante d'une certaine façon.
25:18Et là, on peut imaginer qu'il y a une partie fixe et une partie variable
25:21en fonction des appels de bande passante qu'il peut y avoir.
25:23Donc, effectivement, la facture risque d'être extrêmement salée.
25:27Et on peut imaginer tout un tas de façons qu'Air France
25:30peut avoir de compenser, voire même faire un retour sur l'investissement.
25:33Ça peut être par la prise de part de marché sur le court terme,
25:36du fait de communiquer son avantage concurrentiel.
25:38Mais aussi, on peut imaginer effectivement,
25:41quand bien même il s'en défendrait,
25:43qu'il répercute une partie du coût sur le prix des billets,
25:47voire même qu'un jour, ce qui est gratuit passe payant.
25:50Ou alors qu'il y ait un accès gratuit en mode freemium.
25:52Mais si tu veux avoir un accès un peu plus rapide,
25:54qui permette effectivement de voir des films en HD,
25:56peut-être que ça pourrait être monétisé.
25:59Ça, ça veut dire que c'est ce que permet aujourd'hui,
26:01effectivement, la 5G.
26:03C'est de faire des services différenciés,
26:05de créer des nouveaux business models pour tous ceux
26:07qui vendent cette connexion Internet.
26:09Mais enfin, ça pose la question de la neutralité du Net.
26:11Aussi.
26:12Aussi. Et ça, ce n'est pas une question simple.
26:15Je voulais aussi vous faire réagir,
26:17parce que Air France, une compagnie européenne
26:19qui signe avec Starlink américain,
26:22ça veut dire encore une fois qu'on n'a pas été capables
26:24de proposer une offre compétitive.
26:26Ça met en lumière le manque d'investissement
26:28dans des solutions européennes.
26:30Même si, encore une fois, il existe Horizon Europe
26:32ou Iris, qui ont le mérite d'exister.
26:35Et Julien ?
26:36Non, mais c'est d'autant plus pertinent
26:38comme question et comme interrogation
26:40que tout à l'heure, tu parlais en fait
26:42de la surpopulation de satellites en orbite.
26:45Ce qui fait qu'en fait, les satellites d'Elon Musk
26:47aujourd'hui, ils ont préempté des espaces.
26:49Et que plus ils ont préempté d'espaces,
26:51moins il y a d'espaces disponibles
26:53pour des offres concurrentes.
26:55Parce que derrière, ça risque de créer
26:57des risques de collision en cascade
26:59avec des vrais dangers, à la fois pour
27:01la tenue des réseaux, mais plus important,
27:03sur la retombée des débris spatiaux,
27:05éventuellement sur des maisons ou sur des personnes.
27:07Donc effectivement, le fait d'avoir préempté
27:09des espaces, quelque part,
27:11crée aussi une barrière à l'entrée
27:13pour des réseaux concurrents
27:15de taille à peu près similaire.
27:16Et on peut peut-être imaginer que
27:18Starlink se transformera en fournisseur
27:22de services Internet, finalement.
27:24Un peu comme on a eu
27:26l'accès au débit en France,
27:28à travers d'abord le réseau de France Télécom,
27:30qui était installé depuis toujours.
27:32On peut imaginer aussi un nouveau business model
27:34du côté de Starlink.
27:36Affaire à suivre. Merci beaucoup
27:38pour vos éclairages à tous les trois.
27:40Julien Pillot, Angélique Gérard et Clément Feutry
27:42étaient avec moi dans Smartech.
27:44On se retrouve très bientôt sur la chaîne
27:46BeSmart4Change et aussi en podcast.
27:48Je sais qu'il y en a beaucoup qui nous écoutent comme ça.
27:50À très bientôt.

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