• il y a 2 mois
Guidés par le seul plaisir de la découverte et de la transmission, des journalistes font revivre les petites et les grandes histoires du cinématographe, sans hiérarchie de genre ou de forme.
Transcription
00:00Générique
00:03...
00:20-"Forever Cinema", saison 1, épisode 2,
00:23votre dose hebdomadaire et légale de cinéma
00:26vous emmène à la découverte des films d'hier,
00:28dont l'audace et la singularité nous parlent très fort,
00:31à nous, spectateurs d'aujourd'hui.
00:41Et ça tombe bien, notre invité de la semaine
00:43est un cinéaste contemporain qui aime les classiques.
00:46Dans son dernier film,
00:47The Apprentice, Ali Abbasi raconte l'ascension du jeune Donald Trump
00:51et ses références sont à chercher
00:53dans le grand cinéma américain des années 70.
00:59Le match entre deux frères ennemis de l'actor studio,
01:01Harvey Kettel et Robert De Niro,
01:03ou deux visions du jeu d'acteur qui s'affrontent,
01:06ce sera dans notre séquence Versus.
01:10Et tout de suite, on revisite un pan méconnu de l'histoire du cinéma
01:13avec le retour en salle cette semaine
01:15de l'un des premiers longs-métrages du cinéma africain,
01:17La Noire 2, du Sénégalais Ousmane Sembène,
01:20un film indispensable, encore brûlant d'actualité,
01:23à découvrir absolument.
01:25Elle ne parle pas le français ?
01:26Non.
01:27Mais elle le comprend.
01:28Par instinct, alors.
01:31Si on veut.
01:33Alors, comme un animal.
01:39Il est souvent considéré comme le premier film d'Afrique subsaharienne.
01:42La Noire 2 est une oeuvre majeure réalisée en 1966 par Sembène Ousmane.
01:48Ce film a marqué la fin du décret Laval de 1934
01:52qui interdisait aux Africains de faire du cinéma
01:55et il a consacré Sembène comme le père du cinéma africain.
01:58Alors que La Noire 2 ressort en salle près de 60 ans après sa sortie initiale,
02:03nous avons rencontré Catherine Ruel, grande spécialiste du cinéma africain,
02:06qui a bien connu le cinéaste,
02:09et Alain Sembène, son fils,
02:10qui se souvient de son père et de ce film précieux.
02:17J'ai du travail.
02:19J'ai du travail.
02:21J'ai du travail chez les Blancs.
02:23Dans les années 60, on habitait au bord de mer
02:27et je voyais mon père travailler dans sa maison toutes les nuits.
02:31Donc, avec sa pipe, il y avait une odeur de pipe dans la maison.
02:35Il était à ses débuts et toujours en train d'écrire, d'écrire.
02:40Ce n'est pas un inconnu, Sembène.
02:41C'est quelqu'un de très célèbre dans le milieu français.
02:45Beauvoir, Sartre, machin, tout le monde le connaissait.
02:47C'était un grand intellectuel.
02:49Il s'est rendu compte que la jeunesse africaine ne lisait pas.
02:53Pour lui, l'art, la littérature, est un acte politique.
02:58C'est une manière d'éduquer les gens.
02:59Donc, le fait de passer à la réalisation,
03:02c'est quelque chose qui était fondamental pour lui
03:04parce qu'il voulait absolument faire que ses films
03:09et ceux d'autres cinéastes d'Afrique
03:12deviennent comme des cours du soir pour ouvrir la tête des gens.
03:16Il a toujours dit ça, jusqu'à la fin de sa vie.
03:19Monsieur, voici la mère de Johan.
03:21Après deux courts-métrages,
03:22La Noire 2 est le premier long-métrage de Sembène Ousmane.
03:25Il apparaît dans son propre film avec au poignet un objet qu'il ne quittait jamais.
03:30Après la guerre, il était pratiquement un alphabète.
03:33Il est allé en France, d'une manière clandestine.
03:37Avant de partir, ma grand-mère, Ramatoulaï, lui a offert ce bracelet.
03:42Et il le gardait toujours.
03:51La Noire 2, ça part d'un fait divers qu'il a marqué.
03:55C'est l'histoire d'une jeune Sénégalaise qui se suicide.
04:00Il écrivait des nouvelles.
04:02Dans Voltaïque, c'est la dernière nouvelle.
04:06Il s'attaque à un tabou au Sénégal, qui est le suicide.
04:09En tout cas, ce n'est pas accepté.
04:11Et en plus, ça monte la relation tendue
04:15entre l'Afrique et l'Europe, la décolonisation.
04:18Le film a été fait en 1966.
04:21On sortait à peine de la colonisation.
04:24Le Sénégal était indépendant depuis quelques années.
04:27Ce qui est intéressant, c'est que Saint-Ben commence son film
04:30par l'arrivée de cette jeune femme,
04:33vêtue comme une princesse, comme une femme de la bonne société,
04:37bien habillée.
04:38Elle n'arrive pas en position d'immigrer, comme on le ferait maintenant.
04:42Est-ce que quelqu'un est venu m'attendre ?
04:44Elle vient dans un rêve,
04:46celui que vivait peut-être Saint-Ben quand il est parti pour la France,
04:50qui était celui de découvrir un autre pays.
04:53Enfin, nous voici arrivés.
04:55C'est aussi le propos de raconter l'histoire de quelqu'un,
04:59comme faisait De Sica, comme faisaient d'autres cinéastes à l'époque,
05:03raconter, incarner le destin de quelqu'un
05:06pour mieux faire comprendre la situation d'un étrange étranger.
05:12Bonjour, Duhana.
05:15Le film aurait pu s'appeler Duhana, du nom du personnage principal,
05:19mais en fait, non, elle s'appelle La Noire d'Eux
05:21parce qu'elle n'a aucune identité.
05:23Elle n'a plus d'identité.
05:25À partir du moment où elle arrive en France,
05:27sa réalité est effacée et elle devient la bonne.
05:30C'est très impressionnant parce que, déjà, de le titre,
05:33on a le fond du film.
05:37Vous permettez, mademoiselle ?
05:40Je n'ai jamais embrassé de néo-néo-femme.
05:43Je n'ai jamais embrassé de négresses.
05:46J'ai l'impression qu'elle n'est pas contente.
05:52Amby Cyndiope, elle est étonnante.
05:54C'est quelqu'un qui prend le personnage,
05:57qui l'interprète de l'intérieur. Elle est Duhana dans le film.
06:00À l'époque, il n'y avait pas d'acteurs professionnels.
06:04Et ce que faisait mon père, il observait les gens.
06:08Et en fonction de la personnalité de la personne,
06:11il choisissait ses acteurs.
06:14Donc, je pense que le rôle lui va comme un grain.
06:17Elle est cette femme amoureuse à Dakar, un peu frivole,
06:20qui monte sur un monument aux morts en sautillant,
06:24qui est amoureuse d'un bel homme qu'elle a rencontré au Sénégal
06:28et qui cherche du travail dans les rues.
06:30Et puis, elle est cette femme enfermée dans un rapport violent
06:34avec l'autre femme de la maison,
06:35puisque c'est quand même aussi un portrait de deux femmes,
06:38une blanche et une noire.
06:40Et puis, c'est une femme qui ne parle pas.
06:41Donc, en fait, dans le film,
06:43elle n'a pas la parole pour sortir ce qu'elle doit faire.
06:47Tout est visuel.
06:48Donc, c'est incroyable. C'est un travail de comédienne incroyable.
06:52Qu'est-ce que je suis ici ?
06:56Cuisinière ?
06:58Femme de ménage ?
06:59Blanchisseuse ?
07:01Et quand les enfants seront là, qu'est-ce que je ferai encore ?
07:08Je suis seule.
07:11Est-ce pour m'enfermer que madame voulait m'emmener ici ?
07:14Il y a cette voix off dans les autres films,
07:16dans les autres courts-métrages, dans Brome s'arrête.
07:20C'est un peu le même style.
07:22Et cette voix off montre un peu sa façon de penser,
07:26d'évoluer tout au long du film.
07:29Cette voix off, en fait, a une double signification.
07:32D'une part, elle ne parle pas français,
07:33donc elle ne peut pas s'exprimer.
07:35Et d'autre part, elle se parle à elle-même
07:37parce qu'elle est toute seule, elle est dans une solitude totale.
07:40Et donc, cette voix off transmet aux spectateurs
07:43les émotions qu'elle est en train de vivre,
07:46émotions qui l'enferment de plus en plus
07:48dans une sorte de folie, presque.
07:50Dans cet enfermement, elle finit par un peu perdre des pédales aussi.
07:59Maman, viens voir.
08:03Qu'est-ce qu'elle a ?
08:04Je sais pas. Elle dit qu'elle n'est pas malade.
08:06Viens, laissons-la.
08:10Elle pleure.
08:15Il voulait montrer qu'il y avait deux communautés,
08:19l'africaine sénégalaise et française,
08:23qui ne communiquaient pas,
08:25que chacun était dans ses préjugés,
08:27qu'à la moindre problématique,
08:30automatiquement, on se réfugiait dans ses certitudes.
08:34Il n'y avait pas du tout de communication.
08:37Johanna ! Johanna, tu es sortie !
08:41Sors de là !
08:42Veux-tu sortir ?
08:44Dehors !
08:47Johanna ! Johanna, sors !
08:50Dans le film, il y a beaucoup de choses signifiantes.
08:53C'est très visuel.
08:55Par exemple, quand elle est avec son fiancé sénégalais,
08:58il y a derrière lui des tentures avec la tête de Lumumba.
09:02Il y a des choses qui placent les personnages
09:05dans une époque et dans une situation politique.
09:08Tu sais où est le masque ?
09:10Le masque, c'est l'Afrique.
09:12Ce masque voyage avec elle.
09:14C'est très étonnant car ses patrons sont à Dakar
09:16et là, ils viennent en France en vacances.
09:18Il n'y a aucune raison qu'ils prennent ce masque.
09:20Dans ce mouvement d'aller-retour du masque,
09:23il y a aussi l'aller-retour des relations
09:26entre la colonisation et l'Afrique,
09:29entre la France décoloniale et l'Afrique,
09:33entre le rapport entre le néocolonialisme et l'Afrique.
09:36Il y a tout ça aussi dans ce masque qui voyage comme ça.
09:44Si La Noire 2 faisait 1h10 à l'origine,
09:47Semben Ousmane n'avait pas de carte professionnelle française
09:50obligatoire pour réaliser un long-métrage.
09:52Il est contraint de couper son film pour arriver à une durée de 59 minutes.
09:57C'est ce qui lui a permis de faire sortir ce film.
10:00À une minute de plus, ce n'était pas possible.
10:03Dans la version de 1h10, il y a une partie couleur
10:07et tout le reste est noir et blanc.
10:08La couleur, c'est tout ce qu'elle imagine.
10:11C'est ses débuts en France.
10:13C'est le produit de son imagination.
10:16Elle voit un peu la vie en rose.
10:18Et en fait, la vie est en noir et blanc.
10:22Mais cette partie a dû être coupée.
10:24Duana, enlève tes chaussures.
10:27N'oublie pas que tu es une bonne.
10:29Et maintenant, les enfants sont là, alors finis de rigoler.
10:34J'étais allé à un festival à Salonique.
10:36À la sortie du film, un cinéaste chypriote m'a abordé.
10:40Il m'a fait une remarque.
10:42Il m'a dit qu'en tant que chypriote, ce film me parle.
10:46Et je ne m'attendais pas à ce qu'il dise ça.
10:49Et effectivement, quand on regarde bien le film,
10:51on voit que ce film traite des rapports de force.
10:55On n'a pas l'impression que c'est un film d'hier.
10:58Malheureusement, quand on voit les séquences à Dakar,
11:00c'est comme si le temps n'avait pas passé.
11:02Et c'est ça qui est très étonnant.
11:04Et le message que transmet Saint-Ben à l'intérieur,
11:07c'est un message tromblant.
11:09C'est un message aussi de considérer des gens autrement
11:13que comme des bonnes et des hommes à tout faire,
11:16ou juste comme des migrants qui nous emmerdent quelque part.
11:20Donc il y a ce truc de reconnaître l'altérité
11:23et reconnaître la beauté des autres.
11:26Pour affirmer, vous aussi, que la Noire 2 n'a rien perdu
11:29de sa force politique et de sa beauté,
11:31rendez-vous dans les salles de cinéma
11:33pour découvrir le film dans une version magnifiquement restaurée.
11:41Harvey Keitel et Robert De Niro,
11:43deux mythes hollywoodiens passés par l'actor studio
11:46cofondés par le grand Elia Kazan.
11:48Deux adeptes de la méthode créée par le russe,
11:51qui a fait de la musique et de l'art
11:54Deux adeptes de la méthode créée par le russe Konstantin Stanislavski
11:58à partir du vécu des comédiens et de leur mémoire affective.
12:02Deux styles pourtant bien différents.
12:05Né en 1939 à Brooklyn, Harvey Keitel aime changer de cap.
12:09Après une jeunesse turbulente, il s'engage dans les Marines,
12:12découvre le théâtre, puis rejoint l'actor studio
12:15où il est formé par Lee Strasberg et Stella Adler.
12:19Connu pour son approche brute et instinctive,
12:22Keitel puise dans ses expériences personnelles.
12:25Sa carrière décolle en 1973 avec Mean Streets de Martin Scorsese,
12:30où il partage l'affiche avec un certain Robert De Niro.
12:34De Niro a quatre ans de moins que Keitel.
12:36Comme lui, il a grandi à New York.
12:38Son père, peintre, et sa mère, poétesse,
12:41l'élèvent dans une atmosphère aussi artistique que bohème.
12:46Après avoir fréquenté la High School of Music and Arts,
12:48De Niro rejoint l'actor studio.
12:52C'est vrai, ça s'est passé !
12:54Dans Mean Streets, les deux compères jouent leur partition à la perfection.
12:59Keitel campe Charlie, un rôle qui reflète sa capacité
13:02à jouer des personnages complexes et tourmentés.
13:05De Niro, lui, est Johnny Boy, personnage électrique et provocateur,
13:09qui met déjà en avant son perfectionnisme.
13:13Scorsese, le New-Yorkais, utilise parfaitement les deux solistes,
13:16Keitel, le tourmenté,
13:18et De Niro, le caméléon.
13:211976.
13:23De Niro est Travis Bickle,
13:25vétéran du Vietnam aliéné et insomniaque,
13:28devenu chauffeur de taxi à New York.
13:30Pour se préparer, De Niro obtient une licence de taxi
13:33et conduit de nuit pendant plusieurs semaines.
13:37Il devient cet homme en proie à une profonde solitude
13:40et à des troubles mentaux croissants.
13:42Tu parles à moi ?
13:45Je suis le seul ici.
13:46Taxi Driver est un tournant dans sa carrière.
13:49Ce rôle lui rapporte une nomination à l'Oscar du meilleur acteur
13:52et cimente sa réputation d'acteur de la méthode par excellence.
13:57Keitel est aussi de l'aventure Taxi Driver.
13:59Il joue Sport, un personnage certes secondaire,
14:02mais qui laisse une impression durable.
14:05Sa prestation contribue à l'ambiance oppressante et sombre de Taxi Driver
14:09et renforce le contraste avec le personnage de De Niro.
14:13Sors de là, mec. Sors de là.
14:16Si De Niro est devenu une star,
14:18il continue de préparer ses rôles avec une précision quasi obsessionnelle.
14:22Ses transformations physiques
14:24et l'immersion dans l'univers de ses personnages deviennent sa signature.
14:29Pour le parrain d'eux, il apprend l'italien et part vivre en Sicile
14:32pour capter l'essence du jeune Vito Corleone.
14:37Au tournant des années 70-80,
14:39Harvey Keitel décide, lui, de changer de continent.
14:42Il se met au service de la fine fleur du cinéma européen.
14:46Bertrand Tavernier, Nicolas Srug ou Ettore Scola.
14:51De Niro, lui, enchaîne les performances.
14:53Après Taxi Driver, il est le dernier nabab pour Elia Kazan,
14:57puis retrouve Scorsese pour New York, New York.
15:00Un an plus tard, il est Michael Wronski
15:02dans Voyage au goût de l'enfer de Michael Cimino.
15:05Enfin, il décroche le Graal, l'Oscar du meilleur acteur pour Raging Bull,
15:09Scorsese toujours, dont il est à l'origine.
15:12Pour ce film, il prend 27 kilos
15:14et s'entraîne intensivement à la boxe
15:16pour maîtriser les mouvements et le style de Jake LaMotta.
15:20De Niro enchaîne ensuite des personnages marquants
15:23pour Sergio Leone, Brian De Palma ou Michael Mann.
15:28De son côté, Harvey Keitel s'investit dans des rôles
15:31qui se détachent des stéréotypes hollywoodiens.
15:34Dans La leçon de piano de la Néo-Zélandaise Jane Campion,
15:38il devient un colombre amoureux d'une pianiste.
15:42Harvey Keitel collabore aussi avec Abel Ferrara.
15:45Ensemble, ils explorent les recoins les plus sombres de l'âme humaine,
15:48dont Bad Lieutenant est le point d'orgue.
15:50Keitel est ce policier corrompu, accro à la drogue,
15:53en quête de rédemption.
15:56Plus tard, il donne aussi sa chance à un jeune réalisateur
15:59nommé Quentin Tarantino,
16:00qui le veut pour être son Mr. White dans Réservoir Dogs,
16:04puis pour incarner Winston Wolfe, le nettoyeur de Pulp Fiction.
16:09Je suis Winston Wolfe.
16:10Harvey Keitel et Robert De Niro,
16:12bien qu'issus de la même école théâtrale,
16:14ont suivi des chemins distincts pour devenir des icônes du cinéma.
16:19Retrouvez Taxi Driver, La leçon de piano,
16:22Voyages au bout de l'enfer et plein d'autres
16:24sur ciné plus OCS et à tout moment sur MyKanal.
16:36Après les excellents Borders en 2018
16:39et Les Nuits de Machad en 2022,
16:41le réalisateur danois d'origine iranienne Ali Abbasi
16:45s'est intéressé à un grand sujet de l'histoire contemporaine,
16:48la naissance politique de Donald Trump,
16:51joué par Sebastian Stan,
16:52et sa relation avec son mentor, l'avocat Roy Cohn,
16:56interprété par Jeremy Strong.
16:58Un premier film en langue anglaise
16:59pour lequel le cinéaste a eu deux influences majeures,
17:02mais très différentes,
17:03Macadam Cowboy de John Schlesinger 1969
17:06et Barry Lyndon de Stanley Kubrick 1975,
17:09deux classiques vus par Ali Abbasi.
17:36C'est plus Jeremy's influence que la mienne,
17:38mais, toutefois,
17:40il y a quelque chose à propos de cette relation
17:44et de ces deux extérieurs
17:47qui se battent contre la société
17:50au New York,
17:52avec l'époque,
17:53avec la fraîcheur et l'authenticité de l'époque.
17:57C'est absolument inspirant.
17:59Macadam Cowboy est aussi un film d'amitié
18:03ou une histoire d'amour,
18:04de toute façon,
18:05et c'est exactement ce que l'on voit ici.
18:28Il y avait une certaine façon de faire des choses,
18:30une certaine façon d'opérer la caméra.
18:33C'était un langage.
18:35J'ai vraiment aimé ce langage et j'ai essayé de le recréer
18:39car il donnait aussi une sorte d'immédiatité et de rawness
18:43à la histoire, ce qui, je pense, est adéquat.
18:45Je me suis mis au point,
18:47comme si j'avais un charme pour une petite blonde.
18:51Quand je me sens bien,
18:53j'y vais.
18:57Et là, tu es là, mon beau diable.
19:00Pas mal.
19:01Pas mal.
19:03Il y a quelque chose, au New York,
19:05qui devient très rapidement fétichiste.
19:08C'est comme, oh, New York.
19:11Il y a eu tellement de films sur New York.
19:13Il y a eu beaucoup de versions.
19:15Il y a la version de Scorsese, la version de Coppola.
19:17Intéressantement, la version de New York que je n'ai pas vue
19:20est la version de New York sur le brin de la collapse,
19:23qui était le cas, à l'époque, au moins dans les années 70.
19:28Et une autre chose intéressante,
19:30généralement, quand on regarde le cinéma américain,
19:34c'est que dans n'importe quelle ville américaine,
19:37à chaque coin de rue, il y a une personne sans-abri.
19:40Il y a toujours des personnes sans-abri
19:42et c'est une partie de l'image de la rue.
19:48Et quand on travaillait sur The Apprentice,
19:51j'ai réalisé à quel point ils ont retouché
19:54l'image de la rue de l'Amérique du Sud.
19:57Même dans Midnight Cowboy,
20:00même dans Taxi Driver,
20:01la réalité était tellement pire.
20:04Roy Cullen est un con.
20:06Il a été arrêté trois fois.
20:08Je vais te laisser un secret.
20:10Les gens m'envoyent parce que je suis un gagnant.
20:12Comment tu es allé ?
20:13La première règle est la plus simple.
20:15Attaque, attaque, attaque.
20:17Pour nourrir la trajectoire et le personnage du jeune Donald Trump,
20:21Ali Abassi s'est inspiré d'un autre chef-d'œuvre des années 70,
20:24signé Stanley Kubrick.
20:28J'ai une relation intéressante avec Barry Lyndon.
20:32La première fois que je l'ai vu, je n'ai pas aimé.
20:35Surtout parce qu'il a deux parties.
20:38Il a une sorte d'inverte V-dermaturgie.
20:43Il monte, les choses se passent bien,
20:45et à un moment donné, les choses se dégrossent.
20:50Quand les choses se dégrossent,
20:52j'ai vraiment senti que c'était drôle et difficile à regarder.
20:56Je l'ai vu à nouveau et je me suis dit que c'était le point.
20:59Le point, c'est que tu montes avec lui
21:01et que tu souffres tout au long du chemin.
21:05Je suis très désolé de vous le dire, Mr. Lyndon,
21:09mais je suis peut-être obligé de perdre la jambe.
21:12La jambe est probablement en dessous de la jambe.
21:23Perdre la jambe ?
21:26Pourquoi ?
21:28Je pensais que Ryan O'Neill,
21:31Ryan O'Neill, qui, j'ai entendu, n'est pas très heureux avec le film,
21:35lui-même, intéressantement.
21:37Je pense qu'il a fait un excellent portrait d'une personne
21:41qui a une très profonde ambivalence sur la vie.
21:46Il veut être quelqu'un, il veut faire quelque chose,
21:50mais il ne sait pas exactement quoi, ou qui, ou où aller.
21:54Il veut juste survivre et monter.
21:57Pour moi, c'était une très bonne métaphore pour Donald.
22:01Je ne pense pas que Donald Trump ait commencé
22:04à faire des cours pour devenir un politique,
22:08un président, ou autre chose,
22:10mais il voulait être quelqu'un et faire quelque chose.
22:13De la même manière que Redmond Barry,
22:17il y a cette fantastique ligne qui dit quelque chose comme
22:21l'effet des mêmes qualités qui ont accéléré
22:25l'ascenseur de Redmond au sommet,
22:30qui a fait tomber Heston.
22:32On pourrait vraiment dire que c'est l'évolution de Donald Trump.
22:37Avant le tournage, Ali Abassi a tenu à montrer Barry Lyndon à ses 3 comédiens,
22:42même si le style de son film est à l'opposé de celui de Kubrick.
22:46De toute façon, Sébastien, Jérémy et Maria sont vraiment amoureux de films.
22:54Ce n'était pas un film d'art qui devait être regardé,
22:59mais je pense que c'est parce que ce film est tellement stylé.
23:03Et notre film, en quelque sorte, c'est l'opposé.
23:06Nous jouons avec la langue des nouvelles,
23:11qui est censée être objective et non un style.
23:15Donc je pense qu'ils se demandaient s'ils devaient le filmer de cette façon,
23:19et regarder comme ça, ce qui n'était pas le cas, bien sûr.
23:24Ne manquez pas The Apprentice d'Ali Abassi,
23:26un des temps forts du dernier festival de Cannes,
23:28en salle à partir du 9 octobre.
23:31Forever Cinema, c'est fini pour aujourd'hui,
23:33mais l'émission continue sur My Channel et les réseaux sociaux de Cine+, OCS,
23:37à la semaine prochaine pour un nouveau voyage au pays du cinéma.
23:40C'est là où tu es, n'est-ce pas ?
23:42Je n'y suis pas.
23:43Oui, dans les films.
23:44C'est là que tu as ce truc sur ton dos.