Avec Jean-Rémi Girard, président du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges).
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00:00 (Générique)
00:03 Il s'agit de la ministre de l'Education nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux Olympiques, Amélie Oudéa Castera.
00:08 Peut-elle encore rester ministre ?
00:11 Eh bien vous répondez non à plus de 90% d'entre vous sur le Twitter de Sud Radio.
00:17 Dernière polémique en date, la ministre annonce finalement renoncer, ça aurait dû être une bonne nouvelle,
00:22 renoncer à la fermeture de quatre classes de préparatoire parisiennes.
00:27 Elle annonce ça, les syndicats crient victoire et tout de suite patatras,
00:31 le recteur de Paris qui n'a pas été prévenu annonce sa démission.
00:35 Rien ne va plus pour Amélie Oudéa Castera qui doit en plus faire face à un appel à la grève de plusieurs syndicats.
00:40 Bonjour Jean-Rémi Girard.
00:42 - Bonjour.
00:43 - Bienvenue sur Sud Radio, vous êtes le président national du SNALC,
00:46 Syndicat National des Lycées et Collèges.
00:49 Plusieurs sujets à aborder avec vous, on va parler de cet appel à la grève dans un instant.
00:53 Mais avant ça, la ministre de l'Éducation nationale annonce,
00:58 c'était une demande de beaucoup de syndicats, que finalement quatre places préparatoires ne seront pas fermées à Paris.
01:03 Victoire pour les syndicats et tout de suite démission fracassante du recteur de Paris.
01:08 Comment on explique un tel fracas ?
01:11 - Alors on rappelle déjà que pour le SNALC qui faisait partie de ce mouvement de défense des classes préparatoires,
01:17 la ministre a pris la bonne décision, c'est-à-dire qu'elle n'a pas fermé ses classes,
01:21 mais qu'elle a quand même ouvert les classes que le recteur de Paris voulait ouvrir,
01:25 notamment celles pour des lycéens professionnels.
01:27 Donc on aura plus de classes préparatoires à Paris à la rentrée prochaine,
01:33 et dont celles que le recteur de Paris souhaitait ouvrir.
01:37 - C'est justement là où je voulais en venir Jean-Rémi Girard.
01:40 Elle annonce pour vous en tout cas et pour les enseignants une bonne nouvelle,
01:43 et malgré tout ça se passe mal.
01:46 - Oui parce que visiblement d'après les informations qu'on a,
01:50 elle aurait oublié de prévenir le recteur de la décision qu'elle avait prise,
01:55 et qu'elle a annoncé devant les organisations syndicales,
01:58 les représentants de parents en Conseil supérieur de l'éducation.
02:02 Et puis d'autre part, avec le recteur de Paris, ça avait l'air compliqué depuis le départ.
02:07 Il faut rappeler que sa première sortie,
02:10 c'était pour critiquer une école publique du 6e arrondissement de Paris.
02:14 Donc c'est très probable que dès le départ,
02:16 le recteur n'a pas senti que le contact était formidable avec la nouvelle définition.
02:21 - Précisons qu'il s'agit d'ailleurs de l'ancien directeur de cabinet
02:24 du précédent ministre Jean-Michel Blanquer.
02:27 Est-ce que ça signifie qu'en fin de compte,
02:29 la ministre de l'éducation nationale ne tient plus son administration,
02:32 qu'elle n'est plus écoutée, qu'elle n'est plus suivie,
02:34 et que par conséquent elle doit démissionner
02:36 parce qu'elle n'arrive plus à remplir sa mission de ministre ?
02:40 - En tout cas c'est compliqué,
02:41 parce que des démissions comme ça de recteurs, c'est quand même extrêmement rare.
02:45 La dernière dont je me souviens, ça remonte quand même à très longtemps,
02:48 et c'était sur des changements de majorité politique.
02:51 Là, c'était l'ancien directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer,
02:54 vous l'avez dit, on ne peut pas imaginer
02:58 qu'il soit contre la politique menée par le gouvernement actuel.
03:02 - Oui mais pardon Jean-Rémi Gira,
03:04 le recteur démissionne alors que, vous l'avez dit vous-même,
03:06 la ministre a pris la bonne décision.
03:08 Est-ce que ce n'est pas plutôt le recteur qui a eu tort de démissionner ?
03:12 - Alors ça, on laisse au recteur ses choix, ses envies,
03:16 peut-être une carrière et autre chose.
03:20 Néanmoins, s'il n'avait pas envie de travailler avec elle,
03:22 il a peut-être plutôt bien fait de démissionner.
03:26 J'ai plutôt envie de dire que des hauts fonctionnaires qui démissionnent
03:28 quand ils sont désavoués ou quand ils ne sont pas d'accord avec la politique,
03:32 c'est plutôt l'exception.
03:33 Pour une fois qu'il y en a un qui le fait,
03:34 nous, on va plutôt le saluer que dire qu'il a eu tort.
03:38 - C'est même devenu l'exception, on l'a vu avec certains ministres
03:41 pendant les débats sur la loi immigration.
03:42 Ils n'étaient pas contents de la loi, ils sont restés ministres malgré tout.
03:45 Vous, vous êtes enseignant Jean-Rémi Gira,
03:47 est-ce que vous avez encore envie de travailler avec cette ministre,
03:49 Amélie Oudéa Castera ?
03:52 - Alors, vous savez, les enseignants, les personnels,
03:56 savoir qui est ministre, ça influe finalement assez peu sur notre travail quotidien.
04:00 Ce qui influe, c'est la politique qui est menée, évidemment.
04:03 La personne qui la mène, c'est assez accessoire.
04:07 Maintenant, on ne va pas se le cacher,
04:09 cette ministre, elle a quand même fait une entrée en matière extrêmement catastrophique.
04:14 Elle n'est pas très soutenue dans la société.
04:16 Vous l'avez dit même sur le sondage que vous faites.
04:19 Elle n'est pas davantage soutenue dans les salles des professeurs,
04:22 dans les salles des maîtres, dans les établissements.
04:25 Donc, nous, il ne s'agit pas de demander la démission de la personne
04:29 parce qu'on ne pense pas que ça changera grand chose à la politique qui est menée.
04:32 Néanmoins, c'est compliqué d'avoir une nouvelle ministre qui découvre le ministère
04:36 à une période où, en plus, il y a énormément de travail,
04:41 il y a énormément de dossiers.
04:42 Gabriel Attal a laissé une palanquette de dossiers sur la table avant de partir.
04:45 Et on est dans les répartitions des dotations horaires,
04:48 dans les établissements scolaires et ça ne se passe d'ailleurs pas bien du tout.
04:51 - Raison pour laquelle c'est compliqué.
04:53 Dernière question.
04:54 Trois syndicats appellent à un mouvement de grève mardi prochain.
04:58 Est-ce que vous vous joignez avec le SNALC à cet appel à la grève ?
05:01 - Alors, on est en train d'en discuter.
05:03 S'il y a un appel spécifique à la voie professionnelle, peut-être qu'on le rejoindra.
05:07 Nous, au SNALC, on est rarement très passionné par les grèves ponctuelles
05:10 de un jour qui se répètent.
05:12 On aimerait plutôt arriver à construire un jour un mouvement long,
05:16 comme ça s'est passé au Canada, par exemple.
05:20 Néanmoins, on comprend très, très bien les raisons de ces appels.
05:26 On n'arrive plus à recruter d'enseignants.
05:28 Il faut quand même le dire.
05:30 Les conditions de travail, la rémunération n'attirent plus.
05:33 Donc, au-delà de la ministre, il y a quand même une crise de fonds
05:38 qui n'a jamais été aussi grave qu'aujourd'hui à l'éducation nationale française,
05:41 qui, on va le dire très simplement, est en train de s'effondrer.
05:44 - Effectivement. On en reparlera en tout cas peut-être avec vous, Jean-Rémi Girard.
05:47 Merci beaucoup, président du SNALC, Syndicat national des lycées et collèges.