• il y a 2 mois
En salles le mercredi 16 octobre 2025
Transcription
00:00C'est la saison des champignons, et dans la foulée de « Quand vient l'automne » de François Ozon,
00:04il est temps de voir « Miséricorde » d'Alain Guiraudy.
00:30En deux mots, c'est l'histoire d'un jeune homme qui revient dans un village de l'Aveyron,
00:39et qui, un peu comme le Terenstam de Théorème, va semer le désir et le trouble partout où il passe.
00:46Il s'installe chez la veuve d'un boulanger.
00:49Il se trouve qu'on comprend qu'il avait un petit faible lui-même pour le boulanger quand il était jeune.
00:54Et puis, il va s'incruster.
00:57Au grand désespoir du fils du boulanger et de Catherine Fraud,
01:01qui aimerait bien voir son copain rentrer chez lui.
01:04Et puis, tout à coup, il va se rapprocher d'une espèce d'ogre, de rustre paysan en Marseille.
01:13Il va se rapprocher d'un curé qui croise sans arrêt à la chasse aux champignons.
01:17Il y a un meurtre, il y a une enquête policière qui est à lieu, qui elle-même est très drôle.
01:23C'est ça qui est très fort dans le film, c'est qu'on est quand même dans un registre assez dramatique.
01:26Et en même temps, il y a toujours un humour assez sardonique, pas sans rire, voire limite grivoire, qui arrive sans crier gare.
01:34C'est un film assez amoral aussi, comme le film d'Ozon d'ailleurs.
01:37Et qui est le plus amoral dans l'histoire ?
01:39C'est peut-être bien le personnage du curé, qui vient donc à deux grands monologues vraiment passionnants,
01:43un peu dérangeant aussi, sur la culpabilité collective et sur le fait qu'est-ce qu'il faut punir les criminels ?
01:51Bon, ça ne sert pas à grand-chose d'après notre brave curé.
01:53Le film est extrêmement drôle. Vraiment, à Cannes, les gens hurlaient de rire dans la salle.
01:57Et il est extrêmement dérangeant.
01:59Dérangeant au point que moi, vraiment, j'en ai été troublée des jours.
02:03Je suis sortie de là, mais c'est dingue, je me disais, ce n'est pas possible, je suis de droite.
02:06Voilà, pour vous dire à quel point le film m'a dérangée.
02:09Parce qu'il y a effectivement ce discours, qui a l'air d'être celui de Guy Rodi derrière le curé,
02:17sur l'inutilité de la prison, mais presque le bonheur, la joie de savoir les assassins en liberté.
02:25C'est quelqu'un qui, il y a un moment, qui dit, je pourrais l'aimer en secret toute ma vie.
02:29Je ne spoilerai pas, évidemment, la séquence finale.
02:33Mais voilà, tout le monde riait, et moi, elle m'a un peu glacée.
02:36Je me suis dit, mais alors, en fait, plus rien n'a de sens.
02:38Voilà ce que peut produire une comédie signée Alain Guy Rodi,
02:41qui réalise là, pour moi, vraiment un de ses tout meilleurs films avec L'Inconnu du Lac.
02:48Va falloir que tu t'installes.
02:49Ça, ce n'est pas à toi d'en décider.
02:52Tu me lâches maintenant.
02:55C'est comme ça que vous cherchez les champignons ?
02:59C'est un film qui est entièrement basé sur le regard.
03:01Chaque personnage est constamment sous le regard d'un autre, y compris le personnage principal.
03:07Quand il se balade en forêt, on a toujours l'impression que quelqu'un le regarde.
03:10Est-ce que c'est le curé ? Est-ce que c'est les gendarmes ? Est-ce que c'est quelqu'un d'autre ?
03:13Et là, tout le film est conçu comme ça, ce qui est quand même un vrai tour de force.
03:16Et puis, il y a la qualité d'interprétation qui est liée à la grande variété du casting.
03:20C'est un désir qui circule énormément entre des personnes très différentes.
03:26Des beaux, des moches, des grands, des petits, des hommes, des femmes.
03:29Il y a même un curé qui est un personnage vraiment clé de l'histoire.
03:34Le grand charme de ce film, c'est qu'on ne sait vraiment pas où il va.
03:38Marie parlait des champignons, comme dans le film d'Ozon.
03:42Et puis, comme dans le film d'Ozon, on part sur une base qui est assez branlante.
03:47Et en fait, elle va donner lieu à plein, plein, plein de pistes possibles.
03:51Et c'est ce qui est vraiment très séduisant dans ce film, c'est de ne jamais savoir où on va.
03:54On est à la fois dans tout ce qu'il y a de banal, vraiment, dans la vie de ces gens,
04:01dans la modestie, j'allais dire, de leur existence,
04:05le côté très français, très réaliste, finalement, de leur vie,
04:09et la bizarrerie la plus totale qui surgit à travers le désir et à travers le crime, évidemment.
04:17C'est vrai que c'est une comédie noire, on pourrait même dire une farce macabre,
04:23et en même temps, très pleine de vitalité.
04:27C'est vraiment un film gorgé de vie, gorgé de sève, gorgé de désir.
04:33Miséricorde, Dieu soit loué, c'est très bien.
04:36Je ne suis pas près de remanger de l'omelette aux cèpes, mais en attendant, Miséricorde, c'est très bien.

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