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Jeudi 17 octobre 2024, SMART PATRIMOINE reçoit Jean-Baptiste Morel (Responsable de recherche ESG, Arkéa Investment Services) , Sonia Elmlinger (Directrice Générale, Social Care et Lilycare) , Fabian Aknine (Gérant, Sens & Patrimoine) et Pierre François (Directeur général, SwissLife Prévoyance et Santé)

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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine, Smart Patrimoine l'émission qui vous accompagne
00:12dans la gestion de vos finances personnelles mais l'émission qui décrypte également
00:15avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine, une
00:19émission que vous pouvez retrouver tous les jours sur Bsmart4Change, sur les réseaux
00:23sociaux de Bsmart4Change et bien sûr vous pouvez nous écouter en podcast sur toutes
00:27les plateformes de podcast. Au sommaire de cette édition, nous commencerons tout d'abord
00:31avec Investir Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement durable aux responsables
00:35de Smart Patrimoine et en l'occurrence nous ferons un point sur l'application de la CSRD
00:41pour un certain nombre d'entreprises françaises mais aussi européennes et nous tentons de
00:44comprendre pourquoi son application peut être encore complexe pour les entreprises européennes
00:48avec Jean-Baptiste Morel, responsable Recherche ESG chez Arkea Investment Services. Nous
00:54enchaînerons ensuite avec Enjeux Patrimoine, un enjeu patrimoine consacré aux dirigeants
00:59d'entreprises, aux entrepreneurs, aux travailleurs non salariés en lien avec leur contrat de
01:05prévoyance, comment réduire la vulnérabilité des travailleurs non salariés, c'est la question
01:10qui nous animera avec Pierre-François, directeur général de Swiss Life, prévoyant sa santé
01:14mais aussi avec Sonia Helmlinger, directrice générale de Liliker et puis enfin dans la
01:19dernière partie de l'émission, dans l'œil de l'expert, nous nous demanderons comment
01:23réduire les émissions de CO2 de ses finances avec Fabien Hagnin, gérant de Sens et Patrimoine.
01:29On se retrouve tout de suite sur le plateau Smart Patrimoine.
01:36Et nous commençons tout de suite avec Investir Responsable, le rendez-vous dédié à l'investissement
01:40durable ou responsable de Smart Patrimoine et en l'occurrence nous allons faire un point
01:43sur l'application de la CSRD pour les entreprises françaises et européennes et ce point nous
01:51le faisons avec Jean-Baptiste Morel.
01:52Bonjour Jean-Baptiste Morel.
01:53Bonjour Nicolas.
01:54Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine, vous êtes responsable recherche ESG chez
01:58Arkea Investment Services et on va faire un point sur cette réglementation CSRD puisque
02:04la réglementation a évolué, on l'a beaucoup commenté ensemble, beaucoup d'entreprises
02:11parlent de CSRD, certaines doivent s'y soumettre à présent, on va peut-être rappeler rapidement
02:17ce que c'est, c'est quand même communiquer sur son activité, communiquer sur l'impact
02:22de son activité année après année Jean-Baptiste Morel.
02:27Exactement, c'est-à-dire qu'après on a déjà parlé de SFDR pour les sociétés
02:31de gestion, MIFDDA pour les distributeurs et on a un nouvel acronyme un peu barbare
02:35qui est CSRD.
02:36CSRD c'est effectivement la directive européenne qui va fixer les normes de reporting pour
02:41les entreprises sur leurs enjeux de durabilité et c'est une directive qui a été prise
02:45en 2023, transposée en France fin 2023 et dès janvier prochain on va devoir reporter
02:51sur l'année 2024 pour les entreprises françaises, les entreprises qui font plus de 500 salariés
02:56ou 50 millions de résultats.
02:58C'est le fameux trou dans la raquette, ce qui manquait quelque part, c'est-à-dire
03:03qu'en fait les sociétés d'investissement avaient besoin de la donnée pour ensuite
03:07pouvoir définir quelle était finalement la typologie de fonds qui créait, il y avait
03:12effectivement les distributeurs et là maintenant on va enfin avoir cette donnée qui remonte
03:16des entreprises pour la première fois en janvier pour nous dire bah oui effectivement
03:20voilà concrètement ce qui se passe en termes de durabilité.
03:24Oui tout à fait c'est un petit peu la clé de voûte, en tant qu'investisseur on a besoin
03:27de données des entreprises pour pouvoir gérer nos fonds, pour pouvoir décider de nos investissements.
03:34Avec CSRD on va avoir des données qui vont être homogénéisées pour toutes les entreprises
03:40en Europe.
03:41CSRD ça fixe des données qualitatives, quantitatives, ça va fixer également des décisions des
03:46entreprises en termes de matérialité, c'est-à-dire qu'elles vont reporter sur les enjeux qu'elles
03:50considèrent comme étant matériels pour elles, aussi bien d'un point de vue financier qu'en
03:54termes d'impact.
03:55Et ne serait-ce que cette première étape, décider finalement ce qui est matériel ou
03:58non, pour nous c'est très intéressant pour comprendre dans quel état d'esprit est l'entreprise
04:01et puis lorsqu'on fait de l'engagement typiquement avec ces entreprises, c'est un bon moyen pour
04:05commencer l'échange.
04:07Données homogénéisées et pourtant toutes les entreprises ne vont pas publier la même
04:10chose Jean-Baptiste Morel.
04:11Alors effectivement les données sont homogénéisées, néanmoins il y a cette notion de matérialité.
04:17C'est-à-dire qu'on va reprendre un autre barbarisme, dans CSRD il y a ce qu'on appelle
04:21les ESRS, donc ce sont les normes, les standards de reporting, il y en a 12, les deux premiers
04:25c'est vraiment, ils sont vraiment globaux sur le positionnement de l'entreprise, les
04:29méthodologies, comment est-ce qu'elles vont considérer qu'un enjeu est ou non matériel
04:33et parmi ces 12, deux sont généraux et les dix suivants, vous en avez cinq sur les
04:39enjeux environnementaux, quatre sur le social et un sur la gouvernance et finalement les
04:42entreprises vont devoir expliquer pourquoi tel enjeu est matériel et si il est matériel
04:47elles vont devoir reporter dessus.
04:48Et cette décision, ces processus et ce rapport, il va ensuite être revu par les commissaires
04:53aux comptes.
04:54Ils sont tous obligatoires ?
04:55Seuls les deux premiers sont obligatoires, les dix autres ne le sont pas, ça dépend
04:59de la matérialité telle qu'elle est perçue par les entreprises.
05:03On rentre quand même dans une réglementation complexe au niveau des entreprises, pourquoi
05:08est allé autant dans un tel niveau de granularité ?
05:12On vient de le dire, la donnée c'est le nerf de la guerre et on a besoin, nous en
05:17tant qu'investisseurs et puis également le grand public, de pouvoir comprendre ce
05:20que font les entreprises donc on a besoin de données très granulaires.
05:23Alors pour participer à la rédaction de certains rapports SRD, c'est extrêmement
05:27granulaire, il va falloir qu'on explique un ensemble de méthodologies mais on en a besoin.
05:31Ça signifie d'une certaine manière une notion de ruissellement, c'est-à-dire que
05:33les entreprises les plus grandes vont commencer à reporter sur ces enjeux-là, un an plus
05:38tard on aura des entreprises de taille encore un petit peu plus petite qui vont également
05:41devoir reporter et finalement je dirais c'est une sorte de cercle vertueux où chacun va
05:44devoir reporter, expliquer pourquoi il considère que les enjeux sont matériels et nous les
05:48investisseurs on va pouvoir aller les challenger sur ces enjeux-là.
05:50Alors cercle vertueux oui, si tant est que la directive européenne soit appliquée
05:55dans l'intégralité des pays de l'Union Européenne et ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
05:58Alors effectivement les États avaient jusqu'à juillet dernier pour transposer en droit national
06:04cette directive, or on a 17 pays au sein de l'Union Européenne, et pas les plus petits,
06:07on parle de l'Allemagne, des Pays-Bas ou de l'Espagne, qui n'ont pas encore transposé
06:11cette directive donc la Commission Européenne a ouvert une enquête, une enquête justement
06:16liée à cette non-transposition, c'est très récent, ça date de fin septembre, pour demander
06:20aux pays de transposer très rapidement cette directive.
06:23Après effectivement tant que cette directive n'est pas transposée dans les pays, nous
06:27on n'aura pas ces données, en tant qu'investisseurs nous n'aurons pas ces données à disposition
06:31et donc dans nos décisions d'investissement malheureusement ce ne sera pas aussi précis
06:35qu'avec ces données de CRCD.
06:37Et plus globalement ce qui est important avec cette réglementation c'est que ça va véritablement
06:41transformer finalement la vision qu'on a des données, c'est-à-dire qu'aujourd'hui en tant
06:45que société de gestion nous sommes responsables de la donnée qu'on va prendre en compte.
06:49Donc nos régulateurs nous demandent d'expliquer pourquoi on prend telle ou telle donnée,
06:53comment est-ce qu'on va discuter avec nos fournisseurs de données etc.
06:56Demain la donnée elle sera fournie par les émetteurs, par les entreprises,
07:00contrôlée par les commissaires aux comptes et finalement d'une certaine manière la responsabilité,
07:04la charge de la preuve de la qualité de la donnée, elle sera pour les entreprises.
07:08Et à nous ensuite de les interpréter et de les intégrer dans nos processus d'investissement.
07:13On peut se poser la question de manière plus large, peut-être que j'extrapole un petit peu trop,
07:18mais on voit que dans le cadre de cette campagne électorale aux Etats-Unis,
07:23mais peut-être même avant cela, l'ESG a peut-être un petit peu moins le vent en poupe,
07:28en tout cas dans les déclarations médiatiques et politiques.
07:31Vous nous direz peut-être que les faits sont différents, mais en tout cas c'est ce qu'on peut constater.
07:35On voit que cette directive CSRD dont on attend beaucoup en matière d'investissement durable,
07:40finalement n'est pas transposée encore dans 17 pays européens qui prennent leur temps avant de la transposer.
07:46Est-ce que ça veut dire qu'on constate un petit coup d'arrêt sur l'ESG en Europe
07:52et aux Etats-Unis ou est-ce qu'il n'y a pas de lien à faire à ce stade ?
07:56Je ne sais pas si on peut parler de coup d'arrêt.
07:57En revanche, effectivement, il y a peut-être un effet de mode qui est un petit peu passé.
08:01Ce qu'il faut retenir tout de même, c'est d'une part que la Commission a été renouvelée au sein de l'Union Européenne,
08:06donc Ursula von der Leyen a été réélue, donc ça ne remet pas en cause d'une certaine manière...
08:10Il y a une stabilité politique sur le sujet en Europe ?
08:12En Europe et aux Etats-Unis, l'enjeu est peut-être un petit peu différent.
08:15Je pense que c'est en partie politique, il y a effectivement des questions de positionnement politique
08:19sur ce que doivent faire les entreprises.
08:21C'est un petit peu philosophique également.
08:22Traditionnellement, dans les entreprises américaines, on a l'impression que tout ce qui concerne la RSE,
08:28c'est un peu de la philanthropie parfois et le reste de l'activité, c'est business as usual.
08:31Là où, dans l'Union Européenne, on a véritablement cet enjeu de double matérialité
08:35et on considère que ces enjeux de développement durable,
08:37ce sont des enjeux qui sont matériels pour la performance financière des entreprises.
08:40Il y a le salon de l'auto actuellement, on voit que la voiture électrique,
08:44c'est bien un sujet, même si les ventes ont diminué, etc.
08:47Si une entreprise, un constructeur automobile, décide de ne plus le faire de véhicules verts...
08:51C'est vu comme une évolution naturelle.
08:52C'est vu comme une évolution naturelle.
08:53Et donc, c'est très important pour nous, encore une fois, en tant qu'investisseurs,
08:56de comprendre comment ces entreprises vont pouvoir prendre en compte ces sujets-là
09:00dans leur stratégie pour s'assurer qu'elles seront pérennes finalement dans le futur.
09:04Est-ce que les organismes d'investissement vont quand même pouvoir travailler sur la base de CSRD,
09:11même si les données seront incomplètes au niveau européen ?
09:14Oui, tout à fait.
09:15Heureusement, on travaille avec des fournisseurs de données depuis des années,
09:20avant la création de CSRD.
09:21D'ailleurs, CSRD remplace NFRD, qui était une réglementation qui n'était pas forcément assez précise.
09:26Donc, on a l'habitude de travailler avec des fournisseurs de données,
09:29d'extrapoler un petit peu certaines données pour pouvoir en tirer finalement des conclusions.
09:33Donc oui, on va pouvoir continuer à investir, bien heureusement.
09:37Après, je pense que tout le monde sera beaucoup plus rassuré
09:39le jour où l'ensemble des données de CSRD seront finalement disponibles
09:42et qu'on pourra les utiliser de manière claire et précise.
09:46Merci beaucoup, Jean-Baptiste Morel, de nous avoir accompagné dans ce Mare Patrimoine.
09:49Je rappelle que vous êtes responsable de recherche ESG chez Arkea Investment Services.
09:53Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.
10:00Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine.
10:02Nous allons nous demander ensemble comment réduire sa vulnérabilité
10:05lorsque l'on est travailleur non salarié, que ce soit en matière de retraite ou de prévoyance.
10:11Pour cela, nous avons le plaisir de recevoir deux experts du sujet sur le plateau de Smart Patrimoine.
10:15Nous avons le plaisir d'accueillir tout d'abord Pierre-François.
10:17Bonjour Pierre-François.
10:17Bonjour.
10:18Vous êtes directeur général de Swiss Life Prévoyance et Santé.
10:21Et à vos côtés, nous avons le plaisir de recevoir Sonia Helmlinger.
10:24Bonjour Sonia Helmlinger.
10:25Bonjour Nicolas.
10:26Vous êtes directrice générale de Lilycare.
10:28Alors si nous vous recevons ensemble, c'est parce que Lilycare et Swiss Life Prévoyance et Santé
10:36ont travaillé conjointement à créer un premier indice, le premier indice de vulnérabilité
10:42qui vient étudier, regarder comment se sentent les travailleurs non salariés.
10:47Donc on parle de dirigeants d'entreprise généralement,
10:50mais aussi de ce qu'on peut appeler des freelancers, des indépendants.
10:54Et cette étude qui est venue leur demander un petit peu
10:57quel rapport ils avaient à la prévoyance et à la retraite
11:01et surtout est-ce qu'ils se sentaient vulnérables ou non vis-à-vis de ces sujets-là.
11:04On va commencer avec vous Sonia Helmlinger.
11:07Les travailleurs non salariés se sentent-ils suffisamment protégés aujourd'hui ?
11:11La réponse est dans la question, mais effectivement que nous dit l'étude ?
11:15Est-ce qu'il y a un constat d'être suffisamment protégés aujourd'hui ?
11:18Alors non, on le voit dans l'étude réalisée avec Swiss Life France justement et Lilycare.
11:2484% des travailleurs indépendants se sentent mal protégés
11:29et se sentent vulnérables vis-à-vis de leur couverture en protection sociale.
11:3384% ! C'est une immense majorité quand même.
11:36Immense, et quand on interroge les moins de 40 ans, ce chiffre augmente à 93%.
11:41D'accord.
11:42Donc ils se sentent mal protégés, mal informés, voilà, et donc c'est quand même un chiffre édifiant.
11:4993% des indépendants, des travailleurs non salariés qui se sentent vulnérables.
11:57Pierre-François, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que...
12:00Alors, ça veut dire déjà que je pense qu'il y a une méconnaissance très forte de la réalité,
12:04objective, vers laquelle ils risquent d'être confrontés en cas de difficulté.
12:08Et comme les cas les plus graves sont heureusement les cas rares,
12:12ils n'y sont pas confrontés si souvent que ça.
12:14D'accord.
12:15Et donc cette vulnérabilité, elle est aussi liée à l'inconnu et à la très forte méconnaissance,
12:19d'autant plus que notre système est quand même globalement très complexe
12:23et donc il n'attire pas forcément le quotidien d'une profession TNS
12:28et qu'il y a généralement beaucoup d'enjeux.
12:30Bien sûr.
12:31Et donc on voit bien l'énorme difficulté à comprendre comment ça se passe
12:34et à se dire, mince, s'il se passe quelque chose, qu'est-ce qui arrive ?
12:36Et de ne pas prendre le temps d'en regarder.
12:38Ça veut dire quoi s'il se passe quelque chose ?
12:39Parce qu'on parle beaucoup de retraite et de prévoyance, là on n'est plus sur les prévoyances.
12:42Sur la prévoyance, on va dire, c'est plutôt le cours au moyen terme pendant la période d'activité,
12:47c'est-à-dire essentiellement un problème de maladie ou d'accident qui génère un arrêt de travail,
12:51voire une invalidité ou au pire un décès.
12:53D'accord.
12:54On va dire, sur la retraite, c'est, ok, je bosse, je bosse, je bosse.
12:59On sait que la retraite des professions TNS est quand même assez faible.
13:03Bien sûr.
13:03Qu'est-ce qui va se passer à la retraite ?
13:04Et généralement, c'est, je commence à m'y préparer ou à y penser un peu tard.
13:08D'accord.
13:09Et donc cette vulnérabilité, elle est très forte dans cette méconnaissance de l'existant
13:14et en même temps cette connaissance que ça peut être grave.
13:17D'accord.
13:18On sait que ça peut être grave, mais on ne sait pas très bien ce qui va se passer si ça arrive.
13:21C'est un petit peu comme si vous n'étiez pas assuré pour votre habitation et que vous
13:25savez qu'il peut y avoir un incendie, mais s'il y a un incendie, qu'est-ce qui va se passer ?
13:28Et le paradoxe, c'est que tout le monde s'assure pour sa maison.
13:31Bien sûr.
13:32Pas forcément pour soi-même.
13:35Sonia Hemlinger, je reviens sur ce 93% des moins de 40 ans,
13:38ça veut dire que quand on a moins de 40 ans, la retraite, on n'y pense pas
13:40et un accident grave de la vie, on n'y pense pas non plus.
13:42Ça concerne les 40 ans et plus, c'est ça ?
13:44Ben oui, effectivement.
13:46En tout cas, c'est ce qu'on pense, mais j'imagine que ce n'est pas la réalité.
13:48Sur 4 millions d'indépendants en France, il y a quand même aujourd'hui 400 inscriptions
13:53par jour de freelancers, d'auto-entrepreneurs à l'Ursa, en France.
13:57Donc oui, c'est en train de grandir et il y en a 1,5 million qui ne sont pas couverts.
14:01Donc ça montre vraiment le peu d'informations sur la population jeune ou plus ancienne,
14:09alors que l'impact est très important.
14:11C'est-à-dire que s'ils ont une perte de revenu, ils vont mettre en péril leur famille,
14:16leur patrimoine éventuellement, puisqu'ils n'auront presque pas de ressources.
14:21C'est ce que j'allais dire, le risque c'est quoi ?
14:22Ça veut dire qu'on a un arrêt de travail prolongé dans une activité
14:27dans laquelle on est le seul ou la seule à travailler,
14:30on ne peut plus générer de revenus et on n'a pas de plan B, c'est ça ?
14:33Et à plus long terme, si on n'a pas suffisamment préparé sa retraite,
14:36on peut se retrouver à avoir une retraite avec pas suffisamment de revenus, c'est ça ?
14:40Tout à fait. Pour vous donner un exemple concret,
14:42un indépendant, par exemple, qui a la Sécurité sociale des indépendants,
14:46qui a un revenu autour de 2500 euros en moyenne net,
14:50le premier mois de son arrêt de travail,
14:53entre la carence de 7 jours de la Sécurité sociale des indépendants,
14:57il aura 945 euros par mois.
15:00Donc là, c'est vraiment un faible revenu qui peut le mettre en danger et mettre en danger sa famille.
15:07Pierre-François, pourquoi est-ce que c'est aussi sous-évalué aujourd'hui ?
15:12Parce qu'effectivement, c'est loin. Est-ce aussi parce que ça coûte cher ?
15:17Alors, c'est pas gratuit, effectivement. On pourra y revenir sur les enjeux.
15:21Mais en fait, le problème, c'est pas tant le prix.
15:23Parce que certes, les montants ne sont pas énormes,
15:25mais on parle, pour une couverture prévoyance des niveaux de revenus qu'évoquait Sonia,
15:29sur une prime annuelle autour de 1000 euros pour avoir une couverture correcte.
15:32Donc certes, c'est pas zéro, mais c'est tout à fait accessible.
15:35Donc c'est une centaine d'euros par mois, à peu près.
15:36Une centaine d'euros par mois pour avoir une couverture qui sera très correcte
15:39en cas d'arrêt de travail, toujours pareil, invalidité.
15:41Donc l'équivalent d'une mutuelle, quelque part.
15:43Oui, un petit peu. Et c'est ça, le point que vous évoquez, Nicolas, est intéressant.
15:46Parce qu'autant la mutuelle, tout le monde dit « j'en ai une, il n'y a pas de soucis »,
15:49ou une complémentaire santé. Nous, on dit plutôt complémentaire,
15:51mais la mutuelle parle à tous. Alors que les enjeux d'une complémentaire sont faibles en enjeux.
15:56On se fait rembourser une consultation, un médicament, à part quelques cas hospitaliers.
16:00Les enjeux ne sont pas si importants que ça, mais ça parle à tout le monde.
16:03Alors que la prévoyance parle à très peu, alors que les enjeux peuvent être énormes.
16:06L'exemple qu'a évoqué Sonia est très fort.
16:09La part sécurité sociale en cas d'arrêt de travail ou d'invalidité d'un TNS,
16:13elle est très très basse. On est de l'ordre de grandeur de 1000 euros par mois,
16:17voire moins, assez vite. Dès qu'on passe les 3 mois et les 6 mois, on est encore moins que ça.
16:20Et donc s'il n'y a pas de patrimoine, ce qui est le cas comme beaucoup de TNS
16:25au début de leur activité, la situation peut être dramatique.
16:28Et ce point, il est paradoxal parce que l'objectif numéro un des assureurs
16:33est certes de faire du business, mais aussi de faire leur boulot pour servir ces cas-là.
16:37Et on voit bien que les cas de personnes qu'on connaît parfois qui ont ces difficultés
16:41sans avoir ces couvertures, le regrettent amèrement ensuite.
16:44Et quand on leur dit « mais ça t'aurait coûté tant », quelque part, ils se rendent à leur chaise
16:48en disant « ah bon, finalement c'était abordable. »
16:50C'est un manque d'information, oui, beaucoup, tout à fait.
16:53Sonia Heimlinger, justement, il ne se passe pas une semaine sans que dans la presse,
16:58effectivement, on constate ce que vous nous disiez, c'est qu'il y a de plus en plus de freelancers,
17:02de plus en plus de gens qui se lancent à leur compte,
17:05effectivement, peut-être pour plus de flexibilité, peut-être pour aller chercher un peu plus de revenus
17:08dans certains cas ou autres.
17:10Comment bien s'équiper si on veut faire les choses bien,
17:13mais si on anticipe aussi qu'on va avoir quelques années avec des revenus un peu plus faibles
17:17avant potentiellement d'avoir des revenus plus élevés ?
17:20Alors déjà, il y a trois grandes familles, je dirais, sur la prévoyance.
17:24Donc le décès, l'invalidité, l'arrêt de travail.
17:27Donc la première chose, c'est de se poser les bonnes questions pour répondre à ces besoins réels.
17:33Déjà, de combien j'ai besoin pour vivre si je suis en arrêt de travail, pour protéger ma famille,
17:38pour éventuellement, si j'ai des salariés, protéger aussi les charges de l'entreprise,
17:44parce qu'il y a aussi la garantie frais généraux.
17:46De combien j'ai besoin pour vivre ?
17:47Ensuite, si on doit laisser un capital à ses enfants, à sa famille, si je décède,
17:53quel capital je dois laisser pour mettre en sécurité mes enfants s'ils sont petits, s'il y a des études ?
18:00Donc c'est se poser les bonnes questions, bien évaluer ses besoins et les faire évoluer dans le temps
18:05puisqu'on change aussi, on se marie, on a des enfants, la vie évolue, on a des revenus qui augmentent.
18:12L'arrivée d'un enfant crée une prise de conscience chez certains entrepreneurs ou certaines entrepreneurs ?
18:18Oui, quand même pas mal.
18:19On a beaucoup de questions sur la grossesse, les arrêts de travail liés à la grossesse, etc.
18:24Donc oui, il y a une prise de conscience quand il y a un enfant qui arrive, bien sûr.
18:28Pierre-François, les questions à se poser, la bonne démarche pour s'équiper ?
18:31Sonia l'a évoqué, c'est faire un bilan et savoir effectivement de quoi on a besoin.
18:35Selon les situations, en cas d'arrêt de travail court, finalement la structure survivra sans difficulté.
18:42Donc il n'y a pas besoin de chercher d'avoir par exemple ce qu'on appelle des franchises courtes qui sont quand même coûteuses.
18:46Si un indépendant est capable de tenir trois mois, il va aller chercher une franchise longue qui sera moins coûteuse.
18:51Donc ça, ça se discute et ça se travaille.
18:52Et ce qu'a évoqué Sonia qui est aussi très important, vous l'avez dit,
18:55c'est qu'au début, les besoins peuvent paraître pas énormes, mais ça peut très vite bouger au cours du temps.
19:00Et donc il ne faut jamais négliger ça. Et donc faire le point très régulièrement de sa couverture, c'est essentiel.
19:05Malheureusement, si vous vous couvrez pour un revenu de 100 et que cinq ans après, vous êtes à 400,
19:10au moment du sinistre, s'il y a un problème, c'est 100 qui va être réglé par l'assureur.
19:15Donc il faut vraiment être très conscient de ces évolutions et de cet impact dans le quotidien.
19:20Et donc dans le cadre de la préparation, le faire aussi régulièrement, c'est tout à fait essentiel.
19:24Je pense que beaucoup d'entrepreneurs ont connu ce cas de figure où effectivement, lorsqu'on se lance,
19:29on ne s'attend pas à avoir beaucoup de revenus. Donc en fait, on se repose beaucoup sur les revenus du conjoint.
19:34Et quand ça commence à fonctionner, finalement, on commence à intégrer ce deuxième revenu qui est là.
19:38Mais c'est là où il faut mettre à niveau aussi potentiellement pour dire voilà, il y a ce deuxième revenu.
19:42Ça serait très bien. On peut être très progressif.
19:44On peut commencer avec des couvertures essentiellement sur le décès et l'invalidité qui sont moins chers et qui sont majeurs,
19:49parce que c'est rare, mais ça peut être très, très catastrophique ou dramatique.
19:54Et puis aller vers d'autres garanties ensuite. Les contrats sont très souples et très adaptables aujourd'hui.
19:58Sonia Heimlinger, petite question très pratico-pratique avant d'aller peut-être sur la retraite, c'est qui paye ?
20:04Quand je dis qui paye, c'est que certains régimes d'indépendants ne font pas la différence entre une personne morale et une personne physique,
20:11mais d'autres le font, par exemple une EURL ou une SASU.
20:14Est-ce que c'est quelque chose que l'on paye avec son compte personnel ou est-ce que c'est quelque chose que l'on finance avec le compte de l'entreprise ?
20:20Alors ça va dépendre effectivement de son statut. Donc si on est salarié d'une SASU, là on va avoir le statut salarié,
20:27même si on est chef d'entreprise, on va dire, et ça va être un contrat mandataire social salarié.
20:33Si on est EURL, SARL, ça sera plutôt l'entreprise. Dans le cadre de la loi Madeleine, on pourra le passer en charge dans le cadre de l'entreprise.
20:42Si on est auto-entrepreneur, non. Là, ça va passer en personnel, si on peut dire ça comme ça.
20:47Donc là, il n'y a pas de différence entre entreprise et personnel dans le cadre d'auto-entrepreneur.
20:51Tout à fait, mais c'est essentiel en tant qu'auto-entrepreneur encore plus, parce que souvent ils ont été salariés avant,
20:57donc ils pensent qu'ils sont couverts comme quand ils étaient salariés, et puis tout d'un coup, ils se lancent dans le grand bain de l'indépendance
21:04et ils pensent que s'ils sont malades ou s'ils ont quoi que ce soit, ils sont couverts de la même façon.
21:09Ce n'est pas du tout le cas, et là, c'est vraiment un risque important pour eux.
21:13Le choc peut être rude. Pierre-François, la retraite, c'est encore plus lointain, mais il faut y penser aussi quand on est indépendant.
21:22Et là, de la même manière, ça se fait de manière progressive. Alors, il y a plein de façons de préparer sa retraite différente selon les problématiques des uns et des autres.
21:28On peut avoir plutôt une tendance à aller vers l'immobilier ou vers les valeurs mobilières.
21:32Chacun peut y trouver son compte, mais de la même manière, ça se prépare, ça s'anticipe.
21:36Et puis, on dit souvent, c'est les pieds ruisseaux qui ont les grandes rivières.
21:39La retraite, c'est quelque chose qui se prépare dans la durée et de manière régulière.
21:43Et là aussi, avec les évolutions de la loi PAC, les contrats pairs, etc., il y a aujourd'hui des contrats qui sont vraiment très intéressants,
21:50qui permettent d'accompagner régulièrement, qui sont aussi très adaptables. On peut définir un certain niveau au début, s'adapter régulièrement.
21:56On peut, selon la situation de l'entreprise ou du TNS, modifier ses versements, faire des versements exceptionnels en fin d'année.
22:05Globalement, les outils existent et permettent vraiment de préparer très sereinement les choses.
22:09— Sonia Henninger, on finira avec vous sur ce sujet de retraite. — Je suis d'accord avec Pierre. C'est très très souple.
22:14Commençons petit. On met un certain budget par an ou par mois. — Et on prend l'habitude.
22:20— Exactement. On prend l'habitude. Et il faut impérativement le faire parce qu'on sait très bien...
22:24Voilà. Entre les finances publiques et le vieillissement de la population, on sait très bien que pour les travailleurs indépendants
22:30et les chefs d'entreprise, c'est un enjeu majeur que de commencer dès qu'on peut à préparer sa retraite.
22:35— Je traduis ce que vous entendez par « enjeu majeur ». Globalement, on sait qu'il faut aussi compter sur soi pour préparer sa retraite.
22:40— Exactement. — Merci beaucoup, Sonia Henninger, directrice générale de l'Élicaire. Merci, Pierre-François, directeur général de Swiss Life,
22:47prévoyance et santé. Merci à vous de nous avoir suivis. On se retrouve tout de suite dans « L'Œil de l'expert ».
22:56Et pour finir cette émission, l'œil de l'expert. Et aujourd'hui, l'expert qui nous accompagne est Fabien Achnin. Bonjour, Fabien Achnin.
23:02— Bonjour, Nicolas. — Merci d'être avec nous sur le plateau de Smart Patrimoine. Vous êtes gérant de Sens & Patrimoine,
23:06un cabinet qui donne la priorité aux investissements écologiques, éthiques et solidaires. Et justement, avec vous, on va se demander
23:11comment réduire les émissions de CO2 de ces finances, tout simplement. — Oui. Tout à fait. Alors tout d'abord, un petit mot en termes d'enjeu
23:20sur les émissions de CO2 liées à nos finances, donc que ce soit au compte courant et toutes les solutions d'épargne qu'on peut avoir.
23:25On estime que ça représente entre 10 et 16 tonnes de CO2 par an par français en moyenne. Ça correspond à environ une douzaine de vols
23:33Paris-New York chaque année. C'est considérable. — Est-ce qu'il y a des solutions pour réduire justement ce nombre de tonnes de CO2 par année ?
23:40— Oui. Il y en a plusieurs. La première, ça va être dans l'immobilier responsable. Alors l'immobilier, on le sait, c'est un secteur qui émet
23:47beaucoup de CO2, du fait du CO2 généré par la construction des biens immobiliers et par l'énergie nécessaire pour chauffer et climatiser
23:57l'été les bâtiments. Première solution, ça va être des SCPI labellisés ISR. — D'accord. — Avec deux approches possibles sur ces SCPI-là.
24:05Première approche, elles vont acheter des biens immobiliers aux dernières normes environnementales. C'est ce qu'on appelle l'approche
24:12ou bien la deuxième approche, ça va être... Elles vont acheter des biens immobiliers classiques et elles vont entreprendre des gros travaux de rénovation énergétique
24:19de ces biens immobiliers. C'est ce qu'on appelle l'approche best-in-progress. — D'accord. — Et c'est l'approche la plus utilisée par les sociétés de gestion
24:25des SCPI. Deuxième solution sur l'immobilier responsable, ça va être d'investir dans un support qui est éligible sur certains contrats d'assurance-vie
24:33et certains plans d'épargne-retraite, qui va recycler des immeubles de bureaux... — Bien sûr, oui. — En logement. — Le fameux recyclage urbain.
24:41— Exactement. Le recyclage urbain. Là, on a un triple avantage. Ça permet de réduire la pénurie de logements, d'apporter une réponse à ce sujet important.
24:49Ça permet de limiter l'artificialisation des sols. Et ça permet de limiter le bilan carbone de la construction.
24:56— Et ça offre une solution, notamment face à la ZAN, ce dispositif de zéro artificialisation nette qui va notamment encourager de plus en plus d'acteurs
25:08à transformer l'existant plutôt que de créer de nouveaux bâtiments. Deuxième solution d'investissement sur les marchés côtés, par exemple.
25:13— Exactement. Donc ça va être des investissements en action ou en obligation dans le secteur de la transition énergétique. Donc là, on va investir dans des supports
25:21qui vont financer des actifs sur des énergies renouvelables notamment, des actifs également sur des sociétés qui fabriquent des trains...
25:35— D'accord. — ...et également des sociétés dans le bâtiment spécialisé dans l'efficacité énergétique. Il faut bien veiller à ce que ces supports soient labellisés
25:42Greenfin. Greenfin, c'est le label vert par excellence du ministère de la Transition écologique qui liste 8 types d'activités éligibles au financement
25:54de la transition énergétique, notamment le bâtiment, l'énergie ou les mobilités douces. Et enfin, ce label Greenfin exclut les investissements sur les énergies fossiles.
26:05— Alors l'idée n'est pas de faire un débat entre les différents labels, mais vous privilégiez Greenfin dans vos investissements.
26:10— Oui. — Pas ISR, pas les autres labels européens. On est sur... Vous privilégiez Greenfin.
26:14— Oui. Le label Greenfin, c'est vraiment le label le plus engagé en termes écologiques. Le label ISR, c'est un label plutôt généraliste.
26:23Mais le label Greenfin, c'est vraiment le label de la transition énergétique, oui.
26:27— Troisième solution d'investissement si on veut réduire les émissions de CO2 de ces finances, Fabien Rachnin.
26:33— Donc ça va être l'investissement en actifs naturels. — D'accord. — Je pense notamment à l'investissement en forêts.
26:38C'est un investissement qui est de plus en plus plébiscité par les épargnants. Pourquoi c'est intéressant ? Parce que les forêts, par définition,
26:47ça n'émet pas de CO2. Au contraire, les arbres, quand ils poussent, ils vont séquestrer le CO2 pendant des dizaines d'années.
26:53Et d'un point de vue financier, ça a aussi du sens, puisque ces actifs, du fait de la transition énergétique et du recours accru au bois,
27:02que cela va entraîner, ces actifs devraient se valoriser dans les prochaines années. Et enfin, il y a un avantage fiscal quand on investit
27:10sur les forêts, notamment en termes d'impôts sur le revenu et en termes d'impôts sur la transmission.
27:16— Merci beaucoup, Fabien Rachnin, d'être venu sur le plateau de Smart Patrimoine nous détailler donc ces différents investissements
27:22lorsque l'on veut réduire les émissions de CO2 de son épargne et de ses placements. Je rappelle que vous êtes gérant chez Sens & Patrimoine.
27:29Merci beaucoup. — Merci à vous, Nicolas. — Merci à vous également de nous avoir suivis. Et je vous donne rendez-vous très prochainement sur Bismarck for Change.

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