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Vendredi 18 octobre 2024, SMART IMPACT reçoit Jean-Daniel Kant (Responsable du projet, TerraNeon) , Jacques Sainte-Marie (Directeur du programme environnement et numérique, Inria) , Gina Perier (Fondatrice, Lapee) et Martin Treboux (Responsable de la marque, Cuisines Morel)

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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:14Voici le sommaire. Mon invité aujourd'hui, c'est Martin Treboux, directeur marketing des cuisines Morel,
00:20qui présente la première cuisine biosourcée 100% française. Défi à relever, se débarrasser des cols à base d'hydrocarbures.
00:28Dans le débat de notre émission, on verra si l'intelligence artificielle peut se mettre au service de la protection de l'environnement.
00:35On va découvrir notamment le projet Terraneon, qui est développé à l'Université de la Sorbonne
00:40et qui permet aux décideurs publics et privés de tester l'impact de leurs décisions.
00:45Et puis, dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai l'api et ses urinoirs conçus pour les femmes,
00:51pour mettre fin à leur manque d'accès aux toilettes publiques. Voilà, pour les titres, c'est Smart Impact. Et c'est tout de suite.
00:56L'invité de Smart Impact, c'est Martin Treboux. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes directeur marketing des cuisines Morel,
01:09entreprise créée en 1932. C'est combien de sites de production aujourd'hui ?
01:14Alors, pour cuisines Morel, on a deux sites de production, en Bretagne et en Haute-Savoie.
01:19Et dans le groupe STF, duquel fait partie cuisines Morel, on a un troisième site de production en Gironde, pas loin de Bordeaux.
01:25Et vous proposez, à l'occasion de la Semaine européenne du développement durable, vous présenter votre nouvelle cuisine biosourcée.
01:33Elle s'appelle Fleur. De quoi est-elle faite ?
01:36Effectivement. Donc, la cuisine Fleur, c'est la première cuisine biosourcée 100% française à l'intérieur des panneaux qui composent cette cuisine.
01:45Puisque les cuisines sont fabriquées à partir de panneaux de bois composites, la colle qui lie les particules de bois est une colle végétale.
01:52C'est la première fois qu'une telle innovation arrive sur le marché français, mais aussi sur le marché européen.
01:58Et les bénéfices, ce sont des bénéfices forts pour la qualité de l'air intérieur, mais aussi pour la planète.
02:04Parce que les colles qui sont traditionnellement utilisées, elles sont pétrosourcées tout simplement pour des cuisines, mais pas seulement, d'ailleurs, j'imagine.
02:12Exactement. En fait, on parle de colle urée formaldéhyde, qui utilise des formaldéhydes qui sont un dérivé d'un gaz,
02:22qui est un composé organique volatile assez nocif pour la santé à forte dose, ce qui pose problème,
02:31mais qui est également responsable de la majorité de l'impact carbone des panneaux de cuisine.
02:36Oui. Alors c'était la question que j'allais vous poser. Quand vous prenez une cuisine, son impact carbone, c'est quoi ?
02:42Moi, j'aurais tendance à dire c'est la quantité de bois qu'on utilise. Vous avez dû l'évaluer, ça, j'imagine.
02:48En fait, tout part d'ici, tout part du bilan carbone. En 2022, on fait notre premier bilan carbone avec Cuisine Morel, grâce à un accompagnement de BPI France.
02:59On n'était pas obligé de le faire, mais on avait l'intuition que c'était quelque chose d'important.
03:04On a détecté, quand je suis arrivé dans l'entreprise, un an et demi après, je me repose sur ce bilan.
03:10Je me rends compte qu'à près de 40 % des émissions de l'entreprise sont liées à la fourniture en panneaux de bois.
03:17C'est la première source avant le transport et avant d'autres postes d'émission.
03:24En creusant, je me rends compte que ce qui cause la majorité des impacts à l'intérieur de ces panneaux, c'est la colle.
03:31Alors que c'est une petite partie, c'est peut-être moins de 10 % de la matière, c'est entre 70, 60 et 70 % de l'impact carbone du panneau,
03:39qui est lui-même le composant principal de la cuisine.
03:42C'est très intéressant ce que vous dites. Démarrer d'un bilan carbone pour savoir quel levier activer, c'est vraiment très important.
03:48Effectivement, on a voulu agir dans une vraie démarche d'éco-conception et de prioriser nos actions.
03:54Aujourd'hui, si on veut décarboner notre industrie, on s'est rendu compte que c'était ici qu'il fallait agir en priorité.
04:02Vous identifiez le levier à activer, sauf qu'il faut trouver une alternative. Est-ce que ça existait déjà ? Est-ce que c'est vous qui l'avez développé ?
04:13En fait, nous, fabricants de cuisine, on fait appel à des fabricants de panneaux pour construire nos cuisines.
04:21Jusqu'à présent, il n'existait aucune alternative. Je découvre tout ce sujet. Je commence des recherches et je trouve une entreprise française
04:31qui s'appelle Evertree, qui a développé une colle végétale fabriquée à base de graines de colza et de tournesol, eux-mêmes cultivées en France.
04:39Je prends contact avec eux. On comprend qu'il y a des expérimentations en cours pour créer des panneaux qui pourraient être utilisés dans la cuisine.
04:49On lance la démarche. Moins d'un an après, la cuisine fleur était sur le marché et les tests de durabilité pour la qualité du produit,
05:00qui est très important pour nous, ont été réalisés dans notre usine bretonne par un institut de certification qui s'appelle le FCB1.
05:07C'est assez rapide, finalement. Un an. Ce n'est pas vous qui inventez la colle. Elle existe, mais elle n'était pas encore industrialisée.
05:16C'est à peu près ce que je comprends. Vous offrez à cette entreprise un débouché industriel réel.
05:23On a construit un partenariat avec Evertree pour appliquer cette technologie à la cuisine. On est heureux d'avoir construit et créé, mis sur le marché,
05:33la première cuisine biosourcée en France. – Est-ce que ces colles sont... Alors, j'imagine que oui. Vous les avez testées.
05:39Mais il y a la question de l'impact carbone et de l'efficacité. Il faut que vos cuisines offrent le même service à vos clients ?
05:46– Effectivement. Chez Cuisine Morel, la qualité, c'est fondamental. C'est pour ça qu'on a réalisé des tests dans l'usine avec ce fameux institut de certification.
05:57Et on s'est rendu compte que la qualité du produit était même supérieure, puisque les panneaux ont une très forte densité et donc une plus grande durabilité.
06:08Donc tous les feux étaient au vert. C'est pour ça qu'on a été prêts à lancer aussi rapidement.
06:13– Alors vous parliez aussi de l'impact sanitaire de ces colles pétro-sourcées. Alors à haute dose, j'imagine. Mais quand même, c'est un autre aspect de votre démarche.
06:25On parle de composés organiques volatiles, c'est ça ?
06:28– Il faut savoir qu'en France, les statistiques, je crois que c'est l'Observatoire de la Santé, disent que l'air intérieur est 8 fois plus pollué que l'air extérieur.
06:39C'est notamment dû à certains éléments des composés organiques volatiles que l'on trouve dans certains meubles et qui prennent leur source dans cette fameuse colle pétrochimique.
06:51C'est d'ailleurs, on va voir ce chiffre, une préoccupation importante des Français.
06:5477% des Français se disent préoccupés par la qualité de l'air intérieur aujourd'hui.
06:58– C'est ça. Et donc au niveau européen, il y a des normes qui régulent le marché de la cuisine.
07:04Les fabricants de panneaux se sont tous mis aux normes européennes actuelles.
07:08Mais nous, face à l'ampleur de l'enjeu, on s'est dit qu'il fallait aller plus loin et imposer un nouveau standard.
07:14C'est pour ça qu'on a voulu sortir cette cuisine biosourcée dont les émissions de formaldéhyde sont divisées par 10.
07:20Il ne reste plus que les émissions naturelles du bois, puisque le bois émet à l'échelle naturelle des quantités négligeables de formaldéhyde.
07:28– Est-ce que vous êtes copié ou concurrencé ? Vous voyez ce que je veux dire ?
07:34Est-ce que le secteur, parce qu'il y a des très grandes marques, on peut citer Ikea, Mobilepal, Aura Merlin,
07:40qui nous vendent des cuisines écoresponsables, qui parlent aussi de matériaux biosourcés, etc.
07:47Comment vous vous situez dans cet environnement-là ?
07:49– Alors d'abord, moi je ne veux pas jeter la pierre sur nos confrères,
07:52parce que tout simplement, jusqu'à présent, il n'existait pas d'alternative.
07:55Je sais que de grandes entreprises, comme celle que vous avez citée,
07:59travaillent sur le sujet pour sortir un produit similaire.
08:02Aujourd'hui, on est les seuls, mais je serai heureux quand tout le monde en proposera,
08:08puisque ça voudra dire qu'on aura réussi notre mission.
08:12Et je pense que demain, la cuisine biosourcée représentera une grande partie du marché de la cuisine.
08:20– Alors, j'espère, je suis dans le même état d'esprit que vous, sauf que ce n'est pas le premier argument.
08:26Quand je vais acheter une cuisine, ce n'est peut-être pas ce que je recherche prioritairement.
08:29– Bien sûr, mais en fait, lorsqu'aujourd'hui, les préoccupations sur l'empreinte carbone des entreprises
08:39s'accélèrent, la prise de conscience sur la santé prend de plus en plus de place.
08:44Et si on peut avoir une cuisine qui, pour un tarif accessible,
08:51permet de construire des intérieurs design, qui préserve la planète et ma santé,
08:55on pense que cette solution-là a de l'avenir.
08:59– Oui, c'est un argument marketing, tout simplement, on peut mettre ça en avant.
09:03Vous êtes en chemin, il nous reste deux minutes dans cette interview,
09:05vers le statut d'entreprise à mission.
09:07Vous en êtes où du processus ?
09:09– Alors là, ça fait un an qu'on a lancé ce chantier.
09:12On a voulu que ce soit un chantier collaboratif.
09:15On a impliqué des collègues de nos trois sites de production,
09:19représentant tous les métiers de l'entreprise.
09:21On a défini notre mission et nos objectifs statutaires,
09:25qui ont été challengés par la communauté des entreprises à mission.
09:28Et en fait, on va devenir officiellement entreprise à mission au mois de novembre 2024.
09:33– Donc c'est dans quelques semaines,
09:35inscrire votre raison d'être dans les statuts de l'entreprise.
09:39Pourquoi ce choix ?
09:40– Parce que ça pérennise un engagement,
09:42ça donne un cap stratégique à l'entreprise,
09:45pour nos collaborateurs, pour nos partenaires,
09:48et pour également nos clients, revendeurs et particuliers finaux.
09:52Ça montre qu'en fait, on ne prend pas ce sujet-là à la légère,
09:56celui de la contribution sociétale et environnementale,
09:58mais qu'on veut vraiment l'intégrer dans notre ADN.
10:01On sait qu'on part sur certains sujets, parfois de zéro, parfois de loin,
10:05mais au moins, on donne un cap,
10:07et on va se donner les moyens de l'atteindre sur les années à venir.
10:11– Merci beaucoup Martin Treboux, et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:15On passe à notre débat, comment l'intelligence artificielle
10:18peut-elle se mettre au service de la protection de l'environnement ?
10:22Générique
10:28L'intelligence artificielle au service de la protection de l'environnement,
10:31voilà le thème de notre débat.
10:33Je vous présente tout de suite mes invités, Jean-Daniel Kant, bonjour.
10:36– Bonjour.
10:37– Bienvenue, vous êtes responsable du projet Terraneon,
10:40Jacques Saint-Marie, bonjour, et bienvenue à vous aussi,
10:42directeur du programme Environnement et Numérique
10:44à l'INRIA, Institut National de Recherche en Sciences et Technologies du Numérique.
10:48Jean-Daniel Kant, je commence avec vous,
10:50vous êtes enseignant, chercheur en intelligence artificielle
10:52et sciences cognitives à Sorbonne Université,
10:55et responsable de ce projet Terraneon, de quoi s'agit-il ?
10:58– Écoutez, c'est un projet qui vise à essayer d'évaluer
11:03l'impact des activités humaines sur le climat et la biodiversité,
11:07bien sûr pour essayer de les réduire,
11:09donc c'est un outil d'aide à la décision
11:11qui est fondé sur une nouvelle forme d'intelligence artificielle
11:15assez récente qui s'appelle la simulation multi-agent.
11:18Alors en gros, qu'est-ce que c'est ?
11:19C'est des agents logiciels qui peuvent représenter des individus,
11:22des entreprises, des institutions, et qu'on va mettre en interaction
11:25pour essayer de créer un monde virtuel, une économie ou une société virtuelle
11:29qui va être à l'échelle de la société réelle,
11:32donc actuellement on a des modèles à l'échelle de la France,
11:34et ensuite dans ce monde virtuel, vous allez pouvoir tester
11:38des politiques, des stratégies, des décisions,
11:41et regarder l'impact, un impact que je dirais systémique.
11:45Alors justement, mesurer l'impact systémique d'une décision, ça veut dire quoi ?
11:48Ça veut dire que notre idée, c'est qu'on ne peut pas se contenter
11:51uniquement de regarder l'aspect écologique ou économique,
11:53il faut regarder toutes les dimensions.
11:55Donc on va essayer d'identifier des solutions
11:57qui sont bien sûr viables pour l'environnement,
11:59pour le climat et, il ne faut pas l'oublier, la biodiversité,
12:02mais aussi pour l'économique parce qu'il faut pouvoir les financer, ces mesures,
12:06et aussi pour la société parce que dans une démocratie,
12:09elles doivent être acceptées.
12:11Et donc c'est pour ça qu'on veut regarder toutes ces dimensions en même temps
12:14et on a développé, dans mon équipe de recherche,
12:17un certain nombre de modèles qu'on utilise
12:20pour essayer d'apparvenir à ce genre de simulateur.
12:24Oui, et on va donner des exemples, évidemment,
12:26pendant ce débat, Jacques Saint-Marie.
12:28Question très générale, pour commencer,
12:30sur comment l'intelligence artificielle peut finalement
12:33permettre d'anticiper ou d'améliorer la prédiction
12:37de phénomènes climatiques extrêmes.
12:40On voit qu'on en a de plus en plus souvent,
12:43ils sont en train presque de devenir la norme, d'ailleurs.
12:45Effectivement, effectivement.
12:47La question IA et environnement, ça reste un sujet de controverse,
12:50il y a des impacts environnementaux de l'IA,
12:52je ne les néglige pas, ils sont très importants,
12:54on en dira deux mots sans doute tout à l'heure.
12:56Mais l'IA peut être aussi un outil important
12:58pour les prédictions de changements climatiques.
13:01Je vais poser cette question un peu provoquante quelque part.
13:04Qu'est-ce qu'un rapport du GIEC sans numérique ?
13:06Ça veut dire qu'on n'a pas beaucoup de mesures,
13:08c'est-à-dire qu'on n'a pas de modèles,
13:09c'est-à-dire qu'on a peu de prédictions, on a peu d'anticipation.
13:12Et justement, la disponibilité des données,
13:14aujourd'hui, on a des satellites, on a des capteurs dans plein d'endroits
13:16qui nous donnent beaucoup, beaucoup de données
13:18qui permettent d'améliorer les modèles existants.
13:20Ces modèles étaient souvent basés,
13:22c'était mon travail de début de carrière
13:24quand j'étais jeune chercheur sur des équations physiques,
13:26mécaniques, biologiques.
13:28Et avec les données disponibles, on peut améliorer ces prévisions-là
13:31et avoir des choses qui sont beaucoup plus précises.
13:34De deux façons.
13:35Quand on dit qu'il y aura plus 3 degrés, plus 4 degrés
13:37à la fin du siècle sur la Terre,
13:39oui, mais quel est l'impact local ?
13:41Qu'est-ce que ça veut dire pour l'agriculteur
13:43qui cultive des fruits et légumes en Occitanie ?
13:46Qu'est-ce que ça veut dire pour le tourisme à tel endroit ?
13:48Qu'est-ce que ça veut dire pour l'aménagement
13:50ou pour le retrait du trait de côte dans les zones portuaires ?
13:52On a besoin d'avoir des choses beaucoup, beaucoup plus précises
13:55à une échelle très, très, très locale.
13:57Et dans ce contexte-là, l'IA, la science des données
14:00couplée à d'autres formes de modélisation
14:02fournit des outils très précis
14:04et qui améliorent très, très, très sensiblement l'existant.
14:07C'est déjà le cas aujourd'hui.
14:09On ne parle pas d'une IA fantasmée dans le futur.
14:12Non, c'est déjà le cas.
14:14Il y a déjà une hybridation importante
14:16entre ces modélisations que je qualifie de classiques
14:18et qui ont encore beaucoup de choses à nous apprendre
14:20et ces techniques qui sont nouvelles.
14:22L'hybridation, quel sera le point d'atterrissage
14:24très proche des données et de leur puissance
14:27ou des modèles et de leur capacité
14:29de prendre en compte certains phénomènes
14:31et certaines lois physiques ?
14:33La réponse n'est pas claire.
14:35La prévision de la météo à court terme,
14:37des impacts climatiques et des événements extrêmes,
14:39oui, effectivement, il y a quelque chose d'important.
14:42Je parlais de la production d'énergie,
14:44les panneaux solaires, les éoliennes
14:47ont besoin de connaître finement le temps
14:49pour pouvoir, et je pense que mon collègue...
14:51Justement, vous m'offrez la...
14:53Il est intéressé par ces questions-là.
14:55Ça offre la transition à Jean-Denis Lecomte
14:57parce que, par exemple, la gestion des énergies renouvelables,
14:59en quoi Terra Néon,
15:01cette intelligence artificielle sur laquelle vous travaillez
15:04peut permettre... Parce que la difficulté,
15:06c'est effectivement
15:08la prévision, l'intégration
15:10au réseau, au mix énergétique,
15:12le fait que, évidemment,
15:14ces énergies dépendent de la météo,
15:16du soleil, du vent, etc.
15:18Comment votre outil permet
15:20d'être plus efficace en la matière ?
15:22Justement, cet outil va permettre d'évaluer...
15:24C'est le démonstrateur qu'on a actuellement,
15:26d'évaluer un mix.
15:28Imaginez que vous êtes au gouvernement
15:30et que vous vous posez la question
15:32de la façon de produire l'électricité en France.
15:34Évidemment, c'est une question majeure. On connaît les impacts de l'énergie.
15:36Donc, en fait, on va définir...
15:38On a modélisé un peu plus en détail
15:40la production d'électricité avec les différentes sources,
15:42donc le nucléaire, le solaire, le voltaïque, etc.
15:44Et ce qu'on demande...
15:46Donc, on part du mix
15:48actuel et on demande
15:50au simulateur de réaliser
15:52un mix qu'on pense meilleur.
15:54Donc, on va tester un nouveau mix. Par exemple, on va mettre
15:56que des énergies renouvelables.
15:58Et ensuite, le simulateur, qui est complètement calé
16:00entre le mix actuel et la consommation réelle,
16:02va essayer de planifier
16:04une transition entre le mix actuel
16:06et le nouveau mix.
16:08Et il va nous expliquer aussi pourquoi il y arrive
16:10ou pourquoi il n'y arrive pas. Parce que ce qui est intéressant
16:12dans la simulation multiagents, contrairement à l'IA
16:14à base de données actuelles, c'est qu'elle est complètement explicable.
16:16Donc, on peut vraiment comprendre
16:18la raison pour laquelle, par exemple,
16:20un mix est meilleur qu'un autre.
16:22Et donc, cet outil permet non seulement
16:24d'évaluer le mix, mais de nous dire, pour chaque mois,
16:26le nombre de centrales
16:28qui font lancer en construction
16:30de panneaux photovoltaïques, d'éoliennes,
16:32les emplois dans tel ou tel secteur qui doivent être créés,
16:34les investissements financiers
16:36qui doivent être
16:38utilisés pour pouvoir
16:40réaliser au mieux le mix
16:42qu'on a mis en objectif.
16:44Donc, ça fait un outil assez puissant pour essayer
16:46d'avoir la meilleure combinaison.
16:48Et on l'évalue sur un...
16:50Un outil de décision pour, vous nous dites,
16:52un gouvernement, un État,
16:54mais aussi pour des opérateurs privés,
16:56un chef d'entreprise,
16:58peut-être avant d'installer une usine à tel ou tel endroit,
17:00ou de prendre, justement, des décisions
17:02sur comment elle va
17:04être construite, quel mix énergétique
17:06pour la faire tourner, etc.
17:08Et l'énergie, le mix énergétique,
17:10c'est un exemple qu'on a traité en ce moment,
17:12mais on s'intéressait aux transports.
17:14En fait, on travaille dans tous les secteurs.
17:16Quand une entreprise cherche à décarboner son activité,
17:18on peut tester des solutions
17:20grâce au système. Quand il y a aussi des réglementations,
17:22on voit au niveau européen,
17:24c'est une bonne chose, beaucoup de réglementations
17:26proactives qui sont produites pour l'environnement,
17:28on peut tester l'impact sur un secteur
17:30d'activité ou sur même une entreprise
17:32et ses congruents.
17:34Donc, l'impact de ces réglementations.
17:36Jacques Saint-Marie, est-ce qu'il faut créer
17:38des IA qui sont
17:40spécifiques ? C'est-à-dire
17:42spécialisés sur, je veux dire,
17:44l'agriculture, les énergies renouvelables,
17:46etc. etc.
17:48Vous avez raison de soulever ce point-là.
17:50C'est vraiment capital et je pense que ça a deux intérêts.
17:52D'un point de vue économique,
17:54même de souveraineté, et d'un point de vue environnemental.
17:56La tendance qu'on voit actuellement
17:58et les outils, alors je vais citer un mot que tout le monde utilise
18:00quand on parle d'IA, Chad GPT par exemple,
18:02ce sont des outils généralistes. On peut leur poser
18:04plein de questions. Un poème de Baudelaire, une recette
18:06de cuisine, l'histoire de Victor Hugo,
18:08quel temps il va le faire demain.
18:10Bien sûr, c'est très bien, ça a le côté généraliste,
18:12mais on va aller sans doute vers des choses plus dédiées,
18:14plus spécifiques, et ça a vraiment un double
18:16intérêt. Le premier, ça sera des choses plus petites,
18:18moins gourmandes en énergie,
18:20tant le matériel
18:22informatique qu'il faut construire, les cartes graphiques,
18:24les GPU, que l'énergie consommée,
18:26bien entendu, et des fonctionnements
18:28plus souples,
18:30plus sobres, une innovation beaucoup
18:32plus facile en termes économiques, parce que bien
18:34entendu, si vous ne disposez
18:36que d'outils gigantesques qui ne tournent
18:38que sur les plateformes de quelques grands acteurs,
18:40vous avez tendance à verrouiller beaucoup le système.
18:42Alors que dans des choses beaucoup plus spécifiques,
18:44dédiées, je vais donner un exemple parce qu'on me l'a cité plein de fois,
18:46j'aime bien le citer, en agriculture,
18:48l'agriculteur tournesol a créé son propre LLM,
18:50Large Lung Wage Model, pour faire
18:52du conseil aux agriculteurs. Et je pense
18:54que c'est quelque chose qui a vocation à se développer.
18:56Avec aussi la souveraineté dont vous parlez,
18:58c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la France ou même l'Europe,
19:00on est plutôt en retard sur...
19:02Il y a des grandes entreprises françaises sur
19:04l'intelligence artificielle qui ne sont pas totalement
19:06à la rue, mais quand même,
19:08si on prend l'exemple des GAFAM, on a plutôt toujours eu
19:10un train de retard. Donc ça peut être un moyen
19:12de récupérer, de monter
19:14à bord de ce train ? Exactement.
19:16Je ne prône aucunement le solutionnisme technologique,
19:18je suis là pour défendre
19:20la priorité des questions
19:22environnementales, mais l'IA est une donnée,
19:24dans plein de domaines, vous l'avez cité,
19:26c'est une donnée, c'est quelque chose qui est là,
19:28qui est complètement transformant.
19:30Il ne faut pas en avoir peur, il faut s'adapter. Mais effectivement,
19:32les questions de souveraineté sont des choses qui sont importantes
19:34et, vous voyez, avec
19:36des données qu'on connaît, qu'on maîtrise,
19:38et des outils qui sont
19:40effectivement complètement souverains, c'est quelque chose
19:42de capital. Une IA, si elle est générale
19:44et très très grosse,
19:46comme vous l'aviez dit, ce n'est pas explicable. On a du mal, des fois,
19:48à diagnostiquer son comportement et diagnostiquer
19:50ses biais. Ils peuvent être très importants
19:52et, dans bien des domaines, c'est vraiment quelque chose
19:54de stratégique, d'avoir des outils
19:56dont on maîtrise le comportement et qui sont
19:58compatibles avec nos lois et nos sociétés.
20:00Jean-Daniel Kant, Terraneon,
20:02pour l'instant, c'est un projet de recherche,
20:04ça peut devenir une entreprise ? Vous êtes dans quelle démarche ?
20:06On est justement dans la démarche
20:08de transformer, parce qu'on considère que la simulation
20:10multi-agents, c'est très disruptif,
20:12c'est arrivé à maturité technologique pour être
20:14maintenant diffusé. Et donc, effectivement,
20:16on est engagé dans un processus de création
20:18de start-up autour du projet. Donc, on espère créer
20:20la start-up d'ici un an, un an et demi.
20:22Voilà. Donc, on est soutenu
20:24par une SAT, l'UTEC, on est soutenu par le
20:26CNRS Innovation, par exemple,
20:28pour justement essayer
20:30de... Parce qu'évidemment,
20:32il y a beaucoup de travail. C'est vraiment un nouveau domaine
20:34de l'IA qu'il faut maintenant
20:36développer. Et donc,
20:38voilà, on est... Mais ça veut dire que
20:40pour grandir encore,
20:42c'est aussi une question de financement, de besoin de
20:44financement, par exemple. Oui, oui, effectivement.
20:46S'il y a des investisseurs qui nous écoutent, nous sommes
20:48tout à fait intéressés. Oui, oui,
20:50c'est ça. Parce que, voilà, il faut...
20:52On est, si vous voulez,
20:54l'IA actuelle des données,
20:56elle date de 1945 au niveau théorique.
20:58L'IDA, la simulation multi-agents, ça date
21:00des années 90-2000. Donc, vous voyez, on a
21:0260 ans d'écart. Alors, on va essayer
21:04de les rattraper ces 60 ans. Mais
21:06néanmoins, effectivement, ça nécessite un peu
21:08d'investissement. Mais néanmoins, déjà,
21:10on a une base. Puisqu'en fait, ce que TerraNeon,
21:12c'est aussi une plateforme d'intégration
21:14de modèles. Donc, notre idée, c'est
21:16qu'on pourrait collaborer avec des gens qui développent des briques,
21:18des entreprises, des organismes
21:20de recherche, pour essayer d'avoir un modèle de plus en plus
21:22complet, comme un miroir, encore une fois,
21:24de l'économie et de la société dans lequel on peut tester des idées.
21:26Oui. Alors, je voudrais, évidemment,
21:28il nous reste une minute trente, qu'on parle
21:30aussi, Jacques Saint-Marie, de
21:32l'impact de l'IA. Parce que
21:34ça produit quand même pas mal de
21:36CO2. Expliquez-nous. Enfin, il faut l'entraîner,
21:38il faut digérer des milliards,
21:40de milliards de données. Donc, faire tourner
21:42des serveurs. C'est ça, l'impact de l'intelligence
21:44artificielle ? Voilà. Alors, l'impact du numérique
21:46et de l'intelligence artificielle, c'est effectivement quelque chose
21:48qui est en forte croissance. Alors, on cite souvent
21:502,5 % de l'empreinte carbone,
21:52par exemple, en France.
21:5410, 15 % de l'électricité consommée.
21:56Mais c'est quelque chose qui est en très forte croissance.
21:58En très, très forte croissance.
22:00Effectivement. Et donc, il y a des impacts sur les terres rares,
22:02bien entendu, qui sont extraites dans des conditions
22:04un petit peu particulières. Le faible taux de recyclage
22:06et la consommation
22:08électrique. Et donc, nous, côté INRIA,
22:10des équipes de recherche qu'on a,
22:12on partenait avec des universités, d'autres acteurs,
22:14d'autres organismes de recherche et des entreprises.
22:16On travaille aussi à réduire cet impact environnemental.
22:18Par exemple, en travaillant sur ce qu'on appelle des techniques
22:20d'IA frugales. Frugales,
22:22qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu'à nouveau, on va regarder
22:24juste les données signifiantes.
22:26On va travailler avec une précision adaptée
22:28et on va avoir des algorithmes qui vont être très
22:30efficients pour obtenir
22:32la réponse, tant dans la forme d'apprentissage
22:34que dans la partie d'interrogation
22:36après du modèle.
22:38Merci beaucoup. Merci à tous les deux. C'était passionnant.
22:40A bientôt sur Bismarck for Change.
22:42On passe à notre rubrique Smart Ideas
22:44tout de suite.
22:52Smart Ideas, c'est notre rubrique consacrée
22:54aux startups. Startups à impact positif.
22:56Je vous présente mon invité, Gina Perrier. Bonjour.
22:58Bonjour. Bienvenue. Vous êtes la fondatrice
23:00de Lapie créée en
23:022018, le produit lancé en
23:042019. C'est quoi Lapie ? Expliquez-moi.
23:06Lapie, c'est un urinoir
23:08féminin
23:10pour les événements en plein air
23:12type festivals, marathons, etc.
23:14Quand est venu
23:16le déclic ? Pourquoi vous avez dit qu'il faut
23:18créer ça ?
23:20Au départ, je suis architecte et je travaillais
23:22pour un festival qui est très gros
23:24au Danemark qui s'appelle Roskilde Festival.
23:26Et là, sur le terrain,
23:28j'en pouvais plus.
23:30On l'a tous vécu. On a tous vu nos copines
23:32ou nos femmes poireauter pendant des heures
23:34pour aller aux toilettes. Exactement. J'étais tout
23:36le temps dans des files d'attente, mais hyper longues
23:38pour des toilettes souvent très sales.
23:40Et en fait, le plan B
23:42auquel on était plein à recourir,
23:44c'est de juste trouver un endroit
23:46et faire pipi. Et en fait, c'est
23:48dégradant, c'est horrible. Du coup,
23:50le festival
23:52n'est pas du tout hygiénique non plus dans ces cas-là.
23:54Il y a des gens qui prennent des photos.
23:56Il y a du harcèlement
23:58qui découle de ça. Et en fait,
24:00c'est juste une situation qui est inacceptable.
24:02Et moi, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi
24:04il n'y avait pas déjà une solution.
24:06Vous avez cherché ? Vous avez dit
24:08est-ce que quelque chose existe ? Complètement.
24:10Et en fait, je me suis dit, nous, ce qu'il faut,
24:12ce n'est pas un truc qui soit bricolé, etc.
24:14Parce qu'en fait, chaque année, ce festival,
24:16il y avait un prototype quelque part.
24:18Un peu genre 4 palettes, des rideaux de douche.
24:20Enfin, voilà. Toujours quelque chose
24:22de bricolé alors qu'il y a un besoin qui est
24:24évident. Et je ne comprenais pas pourquoi
24:26il n'y avait pas une vraie solution industrialisée
24:28comme les urinoirs pour hommes qui étaient
24:30déployés par centaines dans les festivals.
24:32Et du coup, on s'est vraiment
24:34inspirés des produits
24:36qui existent déjà pour hommes.
24:38Parce qu'on s'est dit, il faut un produit industrialisé
24:40qui soit déjà prêt à intégrer une industrie
24:42qui existe déjà. Donc l'industrie des locations
24:44de WC et des événements.
24:46Mais alors, c'était quoi le cahier des charges ?
24:48Parce que quand on fait un...
24:50Je vais vraiment débarquer avec mes questions
24:52de Béotien, celui qui n'y connait rien.
24:54Mais la difficulté, c'est quoi ?
24:56C'est la place ? C'est réussir à réduire
24:58l'emprise au sol ?
25:00Parce qu'un urinoir, ça prend moins de place
25:02qu'une toilette générale ?
25:04C'était quoi le cahier des charges ?
25:06Le cahier des charges, c'est vraiment de l'efficacité et un gain de temps.
25:08Donc faire un produit où on sait
25:10qu'on va juste faire pipi rapidement.
25:12Donc en fait, c'est ça. On a observé les urinoirs
25:14pour hommes. On s'est dit, mais pourquoi c'est si efficace ?
25:16Qu'est-ce qui se passe ? Et en fait, c'est parce que
25:18on n'est pas dans une cabine fermée. On est dans un endroit
25:20où les personnes qui attendent
25:22voient la personne qui est en train d'uriner.
25:24Du coup, on va se presser automatiquement.
25:26On va juste passer le temps nécessaire
25:28pour faire pipi rapidement et c'est tout.
25:30Et pour nous, c'était important parce que dans les cabines de festival,
25:32je ne vais pas citer toutes les activités
25:34qu'ils peuvent y avoir.
25:36Mais il fallait vraiment que ce soit un lieu
25:38où on utilise rapidement.
25:40Mais alors, quelles sont les caractéristiques
25:42de vos urinoirs ?
25:44Ils sont à trois places.
25:46Mais on ne se voit pas l'une l'autre
25:48pendant qu'on fait pipi.
25:50C'est ouvert. Il n'y a pas de porte
25:52ni de verrou. Mais on est assez caché
25:54pour faire pipi, mais uniquement
25:56pipi. Et en fait, c'est vraiment
25:58un équilibre entre être
26:00assez intime pour faire pipi, mais pas trop intime
26:02pour d'autres activités.
26:04La clé de notre produit, en fait, c'est ce design
26:06qui permet d'avoir de l'intimité
26:08sans porte et sans verrou.
26:10Ça vous a pris combien de temps ?
26:12Entre le principe
26:14de dire, ce n'est pas possible, c'est insupportable,
26:16faire quelque chose, et le premier
26:18urinoir livré.
26:20Le dessin est venu assez vite
26:22parce qu'on a regardé vraiment
26:24cet urinoir pour hommes. On s'est dit, ok, il faut juste
26:26presque tirer des murs pour avoir
26:28de l'intimité pour nous.
26:30Et en fait,
26:32on l'a dessiné très rapidement.
26:34Très vite après, on était en contact
26:36avec un fabricant
26:38et la direction du Gros Festival
26:40dont j'ai parlé déjà.
26:42Et assez rapidement,
26:44on a lancé la production,
26:46on a levé des fonds, lancé la production, etc.
26:48Et on a pu, du coup, livrer en 2019
26:50nos premiers produits.
26:52Et alors, 5 ans plus tard, vous en êtes où ?
26:54Et 5 ans plus tard, on est dans 19 pays.
26:56On était au Marathon pour tous
26:58des JO.
27:00Au 20 km le dimanche dernier.
27:0220 km de Paris, oui.
27:04On a à peu près
27:06plus de 60 clients dans le monde.
27:08On est surtout en Europe. On est bien déployé
27:10en France, mais on est aussi en Australie.
27:12On est bien déployé en Australie.
27:14On est aussi en Colombie et en Mongolie.
27:16Est-ce que les festivals
27:18ou les événements sportifs
27:20qui ne le font pas sont en train de se ringardiser ?
27:22Vous voyez ce que je veux dire ?
27:24Moi, je trouve complètement. En fait,
27:26à un moment donné, quand on voit un festival
27:28qui, du coup, inclut notre produit,
27:30qui est en plus voyant, rose, visible,
27:32il y a tout de suite
27:34une atmosphère plus inclusive qui se crée
27:36et on se sent plus accueilli dans un événement comme ça.
27:38Et du coup, si on va, après,
27:40notre événement, on va voir que des cabines
27:42avec des files d'attente hyper longues et des urinoirs pour un partout,
27:44en fait, on ne se sent pas
27:46forcément
27:48bien accueilli.
27:50Et du coup, oui, je pense que
27:52complètement, on voit vite le contraste.
27:54Maintenant qu'on voit des événements avec nos lapis,
27:56si on voit des événements sans, ça fait tout de suite
27:58un peu étrange.
28:00Merci beaucoup, Gina Perrier. Bon vent
28:02à Lapis. Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:04Je voudrais remercier rapidement
28:06Alexis Mathieu et Marie Billet en charge de la programmation
28:08et de la production.
28:10Théo Boscar et Saïd Mamou.
28:12Théo Boscar, le réalisateur. Saïd Mamou, l'ingénieur du son.
28:14Salut.