• il y a 6 heures
Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.

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Transcription
00:00Bonjour à tous et bonjour à toutes, bienvenue dans Face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
00:04Bonjour Michel !
00:05Bonjour Laurence.
00:05Ravi de vous retrouver pour une heure d'échange autour de l'actualité avec votre point de vue de philosophe
00:10mais aussi de citoyen éclairé.
00:12Et on en a bien besoin en s'étant troublé, mon cher Michel.
00:15Cette semaine, c'était stupeur et tremblement autour des questions de budget, d'économie à trouver
00:20et de hausse d'impôts si faciles à dégainer.
00:23Michel Barnier a répété qu'il n'avait pas le choix tant la situation qu'il a trouvée en arrivant un catastrophique,
00:29les oppositions montent au créneau.
00:31On verra que si les Français se serreront la ceinture, ce ne sera pas forcément le cas de tout le monde.
00:36L'Elysée et le Parlement ont obtenu une hausse de leur dotation à laquelle ils ont renoncé
00:42finalement face à la polémique que cela a déclenché.
00:45L'exemplarité, visiblement, ce n'est pas pour tout le monde.
00:48On va voir ce que vous en pensez.
00:50Autre sujet important, une nouvelle loi immigration est à l'étude côté gouvernement.
00:54Sans doute pour pallier aux insuffisances de la précédente loi
00:58promulguée en janvier dernier, qui a été littéralement désossée par le conseil constitutionnel.
01:02On entendra le nouvel homme fort des sondages, Bruno Retailleau,
01:06marteler qu'il faut de la fermeté.
01:08Il réclame des mesures drastiques en la matière.
01:10La vente du Doliprane, médicament utilisé par des millions de Français
01:15à un fonds de pension américain, cela provoque une levée de boucliers.
01:18Dans ce domaine-là, comme dans tant d'autres, il s'agit de la souveraineté française
01:23qui est remise en cause, un thème qui vous est cher, bien entendu.
01:27Voilà pour notre sommaire de face à Michel Onfray.
01:29Michel, vous avez compris qu'il faut faire des économies ?
01:31Vous êtes prêt à vous serrer la ceinture ?
01:33Oui, oui, moi je...
01:34Les Français aussi, ils ont compris que c'était eux qui allaient se serrer la ceinture.
01:36Oui, moi je peux le faire, donc ça ne me gêne pas.
01:40Mais il y a plein de Français qui ne le peuvent pas, déjà.
01:42C'est-à-dire qu'on voit des gens qui sautent des repas,
01:45on voit des gens qui ne peuvent plus acheter de viande.
01:47Moi, partout, les petits commerces autour de l'endroit où j'habite ferment les uns après les autres
01:50parce que j'ai vu mon boucher qui est formidable l'autre jour,
01:53là, qui m'expliquait que tout s'effondrait, que...
01:56Il est formidable, il travaille plus de 10 heures par jour,
01:59il a une boucherie formidable, il fait des choses extraordinaires,
02:02il est jeune et il me dit, voilà, ça va finir, c'est terminé, je ne peux plus...
02:05Mais à cause des taxes ?
02:07Oui, les taxes, essentiellement les taxes.
02:09Même chose avec le poissonnier qui est à côté,
02:10même chose avec le restaurateur qui est à côté,
02:12c'est entre villes de camp.
02:13C'est-à-dire qu'on va demander à ces gens-là de se serrer la ceinture,
02:17les petits artisans, les commerçants,
02:18enfin, les gens qui travaillent comme c'est pas possible.
02:21Moi, à chaque fois que je passe devant son magasin,
02:23il y a du monde, on se dit, ça existe.
02:25C'est un beau magasin, ça va s'effondrer.
02:29Et ça va continuer, il y a eu un pâtissier qui était extraordinaire,
02:32une espèce d'institution à Caen, même chose, Tifleur, là, ça a disparu.
02:37Alors, parce qu'il y a la hausse des factures d'électricité,
02:39il y a la hausse des taxes, etc.
02:40En tout cas, il faut faire des économies, Michel,
02:42c'est donc le nouveau slogan du gouvernement français,
02:43c'est aussi le titre du JD News,
02:45stop au gaspillage de l'argent public,
02:47surtout quand on sait que c'est les Français qui vont passer à la caisse.
02:50C'est un grand classique dans notre pays qui, je le rappelle,
02:52on a une petite carte, et je l'explicite pour nos auditeurs,
02:55la France est le pays le plus taxé de l'OCDE.
02:59On voit que sur toute l'Europe, c'est le pays qui est déjà le plus taxé.
03:03Il y a un moment où les Français, il y a un problème de refus sur l'impôt ?
03:07Oui, c'est le fameux consentement à l'impôt.
03:08Le consentement à l'impôt ?
03:09Mais moi, je consens à l'impôt, je trouve ça tout à fait normal.
03:14Quand on a de l'argent payé, ça me paraît normal.
03:16Mais je veux dire, il y a des gens qui paient et qui n'ont pas d'argent.
03:18C'est-à-dire que quand vous allez chercher de quoi vous nourrir, tout simplement.
03:22Le petit déjeuner, vous allez chercher votre litre de lait, votre beurre,
03:24de quoi faire votre café, etc.
03:26Vous allez payer des taxes, vous payez des impôts, déjà.
03:28C'est-à-dire que quand on est très pressurisé comme ça,
03:31on se dit, mais ça devient quoi cet argent ?
03:33Où ça passe ?
03:34C'est ça la question.
03:35Donc après, on a une espèce de débat idéologique.
03:37La gauche dit des impôts, des impôts, des impôts, des impôts tout le temps.
03:40Et puis la droite dit, non, non, il faut faire des économies, des économies.
03:43Fait les deux.
03:43Coupé dans les dépenses publiques.
03:44Fait les deux.
03:45On est d'accord.
03:45Il y a juste un moment donné où on se dit, on voit bien quand même
03:47que ce sont toujours les mêmes qui s'en prennent plein la figure.
03:50Les pauvres, les gens simples, les gens modestes, les gens qui travaillent.
03:52Comme toujours.
03:53On écoute juste Michel Barnier qui était à l'Assemblée Nationale
03:55et qui appelle tout le monde à la raison
03:57vu l'état dans lequel il a trouvé les finances du pays.
04:00Ce qui est vrai, monsieur Ciotti, c'est qu'ensuite,
04:04on a mal maîtrisé la sortie de crise.
04:08Et la réalité aujourd'hui, c'est celle-là.
04:10D'ailleurs, vous avez proposé récemment une commission d'enquête
04:15qui devra déterminer les chiffres, les faits, la vérité, la dire aux Français.
04:18Mais moi, aussi longtemps que je serai à ce banc,
04:21comme le Premier ministre, le chef d'équipe d'un gouvernement,
04:24je m'en tiendrai aux faits, aux chiffres et je dirai la vérité.
04:27Et la vérité, Michel Monfray, n'est pas facile à entendre
04:31pour les Français qui se disent, on l'a dit, on se serre la ceinture.
04:34Mais de l'autre côté, l'État ne se serre pas la ceinture.
04:36Oui, oui, ça d'abord, c'est insupportable.
04:38Et l'augmentation des frais de bouche,
04:42de coiffeur pour telle ou telle personne,
04:44à l'Élysée, on se dit, vous allez défendre...
04:48Non, parce que ça, pour le coup, c'est très clair.
04:50Emmanuel Macron fait la même chose que le général de Gaulle.
04:53Il paye tous ses frais personnels,
04:55croquettes de chiens y compris,
04:59et les règle directement à l'État.
05:01Vraiment, il a pris le modèle de Gaulle,
05:03que vous aimez particulièrement, Michel Monfray,
05:05et il règle absolument toutes les dépenses personnelles de transport
05:08liées à son fonctionnement avec son épouse.
05:11Donc là, là-dessus, ok.
05:13Mais le sujet, c'est quand même que le budget de l'Élysée
05:15avait été en augmentation,
05:17et puis que tout le monde a fait marche une arrière.
05:19Peut-être qu'il y a un petit symbole, quand même.
05:21Non, mais partout, c'est-à-dire partout,
05:23on peut faire des économies,
05:25y compris même au Sénat.
05:27C'est incroyable,
05:29les salaires des gens qui travaillent au Sénat.
05:31M. Larcher qui vient nous dire des trucs,
05:33on pourrait commencer par le Sénat,
05:35voire être radicalement gaulliste en disant on fait sauter le Sénat.
05:37Et puis, ça pouvait se faire à une époque du général de Gaulle.
05:39Ça amène un peu de stabilité dans notre pays, le Sénat.
05:41Quand on voit l'Assemblée nationale,
05:43il est sûr qu'à l'Assemblée, Michel,
05:45moi je trouve que ça amène de la sérénité.
05:47Le monsieur qui paie les croquettes de son chien, la stabilité,
05:49elle est entre ses mains.
05:51C'est-à-dire que si vraiment il décidait de la stabilité,
05:53il l'obtient immédiatement.
05:55Et s'il décidait de faire des découpes claires ou sombres,
05:57c'est comme on voudra, ici là ou ailleurs,
05:59il le peut aussi, très précisément.
06:01Vous le savez très bien, je le dis souvent.
06:03Mais c'est pas lui qui gouverne, c'est Michel Barnier qui gouverne maintenant.
06:05Comment il doit gouverner aussi, on voit bien.
06:07C'est quand même lui qui a choisi des individus,
06:09qui en a écarté d'autres.
06:11J'ai entendu l'autre jour des bruits de couloir,
06:13des gens qui font de la politique politicienne,
06:15qui ont été sollicités par machin, puis par bidule, puis par antenne.
06:17Non, l'économie, ça peut se faire.
06:19Chacun le sait.
06:21Quand il y a un budget, il y a un moment donné,
06:23quand vous demandez aux gens de faire des économies sur le chocolat
06:25ou de faire des économies sur la viande,
06:27vous vous dites, alors on ne parle même pas des vacances,
06:29il y a des gens qui ne peuvent pas envisager les vacances.
06:31– Vous avez été choqué, d'ailleurs, qu'on ait dans les supermarchés
06:33des antivols sur le chocolat.
06:35Ça veut dire que les gens n'ont même pas de quoi se payer du chocolat.
06:37– Ça veut dire qu'il y a ça, d'abord, oui,
06:39mais moi je sais qu'il y a cette misère, il y a cette pauvreté.
06:41Mais il y a des gens qui sont prêts à payer un dispositif
06:43pour empêcher qu'on vole le chocolat
06:45qui coûte plus cher que le chocolat.
06:47Alors que le prix des vols,
06:49l'argent volé est intégré dans les prix de vente, etc.
06:51On sait que ça fait partie du jeu.
06:53C'est-à-dire que les gens,
06:55quand je vois des représentants de la grande distribution
06:57aujourd'hui qui poussent des hauts cris,
06:59c'est vous aussi qui avez ça entre les mains.
07:01Il y a la possibilité de faire d'autres prix
07:03pour d'autres produits, payer les paysans.
07:05– Après, il y a le cours des marchés mou, aussi,
07:07sur le cacao, sur le sucre.
07:09– Oui, oui, d'accord, ça abonde tout ça.
07:11Mais les paysans français, par exemple,
07:13c'est facile d'aller les regarder dans le blanc des yeux.
07:15– On va en parler dans un instant, les paysans.
07:17– Avec la viande, avec le lait, avec le beurre,
07:19avec tous les produits, de dire, bon, on va faire autrement.
07:21Les marges, on va les changer aussi.
07:23C'est ça, faire des économies.
07:25C'est permettre à des gens de travailler.
07:27Moi, je pense à mon boucher, là, il a envie de travailler.
07:29Il veut travailler, il veut continuer à travailler 10 heures par jour.
07:31Et puis, il y a le talent, il y a la compétence.
07:33C'est-à-dire, quelqu'un qui découpe la viande,
07:35il y a plein de pays où on découpe à la tronçonneuse, la viande.
07:37Là, c'est un métier, c'est vraiment même un art, d'une certaine manière.
07:41Il y a des meilleurs ouvriers de France en boucherie
07:43et on est en train de détruire tout ce patrimoine.
07:45– Alors, on va écouter quand même les Français, Michel.
07:47Précisément sur le fait que la hausse du budget de l'Élysée et du Parlement,
07:51parce qu'il y avait aussi le Sénat et l'Assemblée,
07:53et finalement, ils ont fait une petite marche arrière
07:55en disant que c'était un symbole assez désastreux.
07:59Écoutez les réactions des Français, pleines de bon sens,
08:01sur le fait qu'ils aient renoncé à cette augmentation de budget.
08:05– Et c'est une bonne chose que l'Élysée montre l'exemple,
08:07l'exemplarité, comme il disait Macron, l'exemplarité.
08:11Pour une fois, je suis d'accord.
08:13– Je pense que le fait que ça ait été régularisé à la baisse,
08:15c'est peut-être une bonne chose pour l'égard des Français aussi, peut-être.
08:19Donc, c'est bien.
08:21C'est aussi plus de la conscience, la conscience politique, je pense.
08:23C'est plus pour dire, voilà, on fait un effort,
08:25donc essayez de moins vous plaindre, entre guillemets.
08:27Après, est-ce que c'est vraiment ce qu'ils souhaitaient ?
08:31– Je ne sais pas si c'est un bon message,
08:33c'est peut-être un peu de paraître pour rassurer les gens,
08:37mais je ne pense pas que ça va aboutir à grand-chose.
08:41– C'est vraiment à la marge ces hausses de budget,
08:43c'est quelques millions d'euros,
08:45là on parle de milliards d'économies à trouver, Michel Onfray,
08:47plus de 60 milliards d'économies.
08:49– C'est une petite musique qu'on entend en permanence,
08:51on peut dire, non, ne touchez pas à ça, c'est pas grand-chose,
08:53c'est une goutte d'eau, mais il y a un moment donné
08:55où les gouttes d'eau finissent par faire déborder le vase,
08:57donc on dirait, non, on ne va pas toucher à ça,
08:59ça représente 0,03, ça représente 0,01,
09:01ah ben ça représente, oui d'accord,
09:03mais c'est avec des petits chiffres qu'on additionne
09:05qu'on finit par faire des grosses sommes.
09:07Donc, il y a un moment donné, on dit, c'est drôle,
09:09quand il s'agit de faire payer les plus simples,
09:11les gens les plus simples, les gens les plus modestes,
09:13là, il n'y a pas de problème.
09:15Quand il s'agissait jadis, je rappelle que M. Macron,
09:21c'était l'argent qui avait disparu à l'époque
09:23où il y avait les précisions
09:25sur ce qu'étaient les fortunes des candidats.
09:27Souvenez-vous des 5 euros
09:29qui avaient été supprimés aux étudiants
09:31dès qu'il est arrivé au pouvoir, ou presque.
09:33Vous vous rendez compte, 5 euros ?
09:35Là, pour le coup, la France Insoumise avait fait des choses très parlantes,
09:37c'est-à-dire qu'elle avait dit, voilà ce qu'on peut acheter avec 5 euros.
09:39Alors évidemment, il y avait beaucoup de pâtes,
09:41il y avait beaucoup de biscottes, il y avait beaucoup de choses comme ça,
09:43mais simplement, on dit, c'est tout ce qu'ils ont trouvé à faire,
09:45c'est-à-dire dire, on pourrait peut-être augmenter le budget de l'Élysée,
09:47puis de l'autre côté, on pourrait peut-être taper les étudiants
09:49en leur prenant 5 euros.
09:51Et parmi les pistes d'économie, il y a aussi
09:53la question des APL, qui revient dans le débat.
09:55Bien sûr, les retraités, vous vous rendez compte ?
09:57Les gens qui ont passé leur vie à payer
09:59les retraites.
10:01Et puis après, toute l'économie
10:03d'une espèce de solidarité planétaire, qui est quand même assez problématique.
10:05On est sur CNews et Europe
10:07avec Michel Onfray. Michel, un petit mot
10:09des agriculteurs, parce que vous en avez parlé.
10:11Leur colère repart, ça y est.
10:13Ils se sont trahis plus de 8 mois après la grande crise
10:15qui les a vus descendre
10:17dans les grandes villes avec leurs tracteurs.
10:19Depuis quelques jours, les jeunes agriculteurs enlèvent
10:21les panneaux des villes de France pour les remplacer
10:23par d'autres. A l'époque, ils les avaient renversés
10:25pour dire, on marche sur la tête, il y a 8 mois.
10:27Là, ils les mélangent,
10:29histoire de dire, voilà, encore une fois,
10:31on est perdus, vous nous avez trahis.
10:33Écoutez quelques témoignages.
10:35On est plutôt, avec les aléas climatiques,
10:37plutôt dans un enchaînement
10:39de mauvaises années,
10:41avec des prix qui
10:43ne viennent pas
10:45compenser les mauvaises années.
10:47Nos politiques
10:49ne sont pas sourdes,
10:51mais n'ont pas les réponses.
10:53Ils ne font rien pour que ça s'améliore.
10:55On pourrait comparer l'agriculture à une vieille bâtisse en ruines.
10:57Une vieille bâtisse que les différents gouvernements
10:59depuis plusieurs décennies ont regardé
11:01s'effondrer en ne commentant
11:03que quelques brèches de temps en temps.
11:05Aujourd'hui, le toit est par terre, il pleut à l'intérieur.
11:07Ce n'est plus possible de vivre.
11:09A chaque crise, à chaque tempête, un grand mur
11:11menace de s'effondrer.
11:13C'est une très belle image qu'utilise cet agriculteur.
11:15Le toit est par terre, il pleut à l'intérieur.
11:17C'est ça, aujourd'hui, l'agriculture française,
11:19qui était la fierté, évidemment, de notre pays.
11:21Oui, mais si on veut
11:23prendre un peu de hauteur sur ce sujet-là,
11:25on voit bien comment le gouvernement essaie de gagner du temps
11:27parce qu'en fait, ce qu'ils veulent, je le dis depuis très longtemps,
11:29c'est la destruction de la paysannerie française,
11:31pour la remplacer par une industrialisation d'alimentation.
11:33C'est-à-dire, aujourd'hui,
11:35on s'en va vers des grandes entreprises,
11:37on va faire de telle sorte que
11:39la viande ne soit plus produite avec des animaux.
11:41Puisqu'on a même les écologistes qui nous disent
11:43« Ah, mais les gaz d'échappement des vaches, c'est problématique.
11:45Ah, mais... »
11:47J'aime bien comme vous le dites.
11:49L'eau qui est nécessaire, etc.
11:51Enfin, il y a des faux chiffres qui sont donnés pour nous dire, vous avez vu,
11:53un petit peu, les problèmes, ces paysans,
11:55dès qu'ils utilisent un produit qu'on peut utiliser
11:57dans d'autres pays, d'ailleurs, et ça ne gêne pas l'Europe
11:59d'importer des produits qui ont été
12:01fabriqués avec des produits toxiques.
12:03Évidemment qu'il y a un moment donné
12:05où on va avoir des grandes entreprises,
12:07on va cloner de la viande, on n'aura plus besoin de ces paysans.
12:09Donc, globalement...
12:11– Vous pensez vraiment que l'État veut
12:13l'éradication de la paysanne en France ?
12:15– Oui, je pense que l'État, aujourd'hui...
12:17– Pourtant, c'est ce qui fait vivre nos territoires ?
12:19– Non, enfin, oui...
12:21– Ceux qui contredisent les paysans, ceux qui sont au cœur de notre pays ?
12:23– Bien sûr, mais je veux dire que la France n'existe plus depuis 1992.
12:25C'est l'Europe, et c'est un projet de l'Europe.
12:27C'est un projet de l'Europe d'industrialiser l'agriculture.
12:29Ils vont le dire clairement.
12:31Sinon, vous êtes visibles, vous êtes lisibles, vous êtes attaquables.
12:33Donc, ils vont expliquer que, bien sûr,
12:35l'immigration est un problème, bien sûr, la paysannerie...
12:37Mais non, ils en veulent, de l'immigration.
12:39Ils en ont besoin, ça fait partie de leur logiciel.
12:41– Capitalistique ?
12:43– Oui, bien sûr.
12:45Le capitalisme, dans sa formule libérale,
12:47c'est pas tant le capitalisme, la production des richesses par la rareté,
12:49c'est vieux comme le monde, et ça va durer autant que les hommes.
12:51Simplement le libéralisme, c'est-à-dire le marché qui fait la loi.
12:53On ne peut pas dire, d'un côté,
12:55le marché va faire la loi,
12:57et partout sur la planète, sauf en Europe,
12:59où les paysans français n'auront pas le droit de ceci,
13:01n'auront pas le droit de cela.
13:03Vous avez des gens aujourd'hui qui peuvent faire des délits de fuite
13:05dans les banlieues avec des voitures,
13:07et on fait savoir qu'il ne faut pas leur courir après
13:09parce qu'on risque de générer des accidents.
13:11Et puis, vous avez des paysans qui se font traîner au tribunal
13:13parce qu'ils ont mal taillé les haies, pas taillé ou trop taillé,
13:15ou taillé les haies dans des dates
13:17qui ne sont pas les bonnes dates,
13:19parce qu'il faudrait préserver les lapins d'ici,
13:21les cailles ici, et puis les escargots ailleurs.
13:23Donc, il y a un moment donné où on se dit,
13:25le problème, il est quand même très visible.
13:27Il suffit juste de dire,
13:29je n'aime pas beaucoup les grossièretés,
13:31mais ce que disait Pompidou, arrêtez d'emmerder les paysans.
13:33Laissez-les travailler, laissez-les produire.
13:35Il parlait des Français, il disait, il faut arrêter d'emmerder les Français.
13:37Oui, les paysans sont des Français aussi.
13:39Et là, pour le coup, laissez-les travailler.
13:41Ils font un travail incroyable, ils travaillent 12 heures par jour,
13:43ils ne prennent pas de vacances, pas de week-ends.
13:45Ils sont sur le pont tout le temps.
13:47Le jour de Noël, ils travaillent. Le 31 décembre, ils travaillent.
13:49Il y a un moment donné, il faut arrêter.
13:51Ils ne sont pas aux 35 heures, nos agriculteurs.
13:53On est bien d'accord.
13:55Mais il y a un moment donné où il faut dire,
13:57non, on va être de leur côté.
13:59Et si on est de leur côté, pour le coup, on fait des choses.
14:01Mais il y a eu Gabriel Attal, il y a eu l'espèce de jurisprudence
14:03de la boîte de foin, où il arrive et il dit, je vais faire ceci,
14:05je vais faire cela, on va en reparler, etc.
14:07Et ils ont l'impression d'avoir été floués.
14:09Mais ils l'ont été. Pour quelle raison ?
14:11Il s'agissait de faire de telle sorte que le Salon de l'Agriculture
14:13puisse avoir lieu, avec la FNSEA.
14:15Ça avait été très compliqué pour Emmanuel Macron.
14:17Oui, mais il a eu lieu, le Salon de l'Agriculture.
14:19Parce que ça aurait pu être totalement bloqué.
14:21Après, effectivement, on a vu ce qui s'est passé.
14:23Mais il a acheté une espèce de paix sociale, là aussi,
14:25en disant, on en reparlera. Et on n'en reparle évidemment pas.
14:27Donc ils ont bien raison de reprendre le tracteur.
14:29Autre sujet, Michel Onfray,
14:31devant de l'actualité, c'est l'immigration.
14:33Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur,
14:35a confirmé le projet d'une nouvelle loi
14:37qui viendrait à l'étude début 2025.
14:39Un texte qui reprendrait
14:41les grandes lignes de la loi qui a été votée l'an dernier
14:43et censurée en grande partie par le Conseil constitutionnel.
14:45On a beaucoup d'exemples
14:47de ce qui se passe en Europe,
14:49parce qu'il y a des pays qui ont décidé
14:51d'envoyer des signaux très clairs.
14:53L'Italie envoie des signaux.
14:55L'Allemagne a fermé une partie de ses frontières.
14:57La Pologne aussi,
14:59avec Donald Tusk, pourtant consensuel,
15:01ancien président du Conseil européen,
15:03a décidé carrément de s'asseoir sur le droit d'asile.
15:05Donc on voit que ça bouge partout en Europe
15:07et que la France, elle, n'envoie pas
15:09de signaux extrêmement fermes.
15:11On va juste écouter Bruno Retailleau,
15:13qui estime que les Français veulent de la fermeté en cette matière.
15:15Au niveau européen,
15:17on est tous alignés.
15:19Il y a un très grand consensus
15:21parce que les peuples,
15:23le peuple français, mais aussi les peuples européens,
15:25nous demandent de reprendre le contrôle,
15:27un contrôle qui nous a échappé.
15:29L'Italie a obtenu des résultats,
15:31moins 64% de flux irréguliers.
15:33Et ce n'est pas l'Italie toute seule qui l'a obtenu.
15:35C'est grâce à des accords que l'Union européenne
15:37avait passés avec la Tunisie
15:39et avec l'Egypte.
15:41Ce que l'Union européenne a fait avec ces deux pays-là,
15:43pourquoi est-ce que la France ne le ferait pas
15:45avec d'autres pays ?
15:47Il faut, là encore,
15:49agir avec une très forte résolution
15:51et ne pas craindre
15:53évidemment
15:55les polémiques qu'il peut y avoir par ailleurs.
15:57Voilà pour Bruno Retailleau.
15:5975% des Français dans un sondage
16:01CSA pour CNews,
16:03Europe 1, le JDD, pensent que la France
16:05doit durcir sa politique d'immigration.
16:07En augmentation
16:09par rapport à l'année 2022,
16:11on est à plus 5%.
16:13Là-dessus, Bruno Retailleau, il est vraiment en phase
16:15avec ce que souhaite le pays ?
16:17Ah oui. Lui, il l'est. Simplement, il n'est pas tout seul.
16:19Vous avez vu comment il est flanqué d'un ministre de la justice
16:21qui, lui, bosse pour le syndicat de la magistrature
16:23et d'un Macron qui, lui, est plutôt du côté
16:25de son ministre de la justice que du côté de
16:27M. Retailleau. D'une part. Et puis d'autre part,
16:29je redis que
16:31la logique européenne, elle est plutôt dans la poudre aux yeux.
16:33Oui, les Allemands
16:35ont repris le contrôle de leurs frontières.
16:37Mais on a vu sur CNews même
16:394 ou 5 gendarmes qui étaient là
16:41et qui laissaient passer les voitures et les camions.
16:43C'est ça pour prendre le contrôle.
16:45On contrôle plutôt les bus et les trains
16:47que les voitures. Oui, mais de temps en temps, on arrête des gens.
16:49Vous avez vu, on contrôle. C'est aléatoire. On ne peut pas.
16:51Parce qu'on n'a pas les moyens. Il n'y a pas les...
16:53Je ne sais pas si c'est la gendarmerie ou les douanes,
16:55mais enfin, il n'y a plus de personnel de douane. De toute façon,
16:57je ne pense pas. Donc, ça doit être la gendarmerie. Il n'y a pas assez de gendarmes
16:59pour arrêter tout le monde. Vous parlez côté français ou côté allemand ?
17:01Là, c'était côté allemand.
17:03Donc, on fait des effets d'annonce.
17:05Et puis, une loi en plus.
17:07Il y a trop de lois. Je me souviens que j'avais rencontré
17:09Nicolas Sarkozy pour Philosophie magazine
17:11alors qu'il était ministre de l'Intérieur
17:13et qu'il m'avait dit
17:15il y a trop de lois en France.
17:17Il faudrait en supprimer plein. Il avait raison.
17:19Je ne parle pas de ce qu'il a fait ou de ce qu'il n'a pas fait,
17:21mais je veux dire qu'il y a une espèce de...
17:23Je crois que là, ce sera la 31e loi sur le sujet.
17:25Oui, mais ça ne sert à rien les lois
17:27si on n'a pas les moyens de les faire appliquer.
17:29Donc, vous dites, il y a une loi.
17:31Formidable ! Il y a quelqu'un qui va être content,
17:33peut-être M. Retailleau, parce que la loi portera son nom.
17:35Et après, est-ce qu'elle sera appliquée ?
17:37On voit bien que la loi, c'est ce qu'on en fait.
17:39Ce n'est pas une idée, la loi. La loi, c'est ce que les juges vont faire.
17:41C'est ce que les gens
17:43qui sont au syndicat de la magistrature vont en faire.
17:45C'est-à-dire pas grand-chose.
17:47Et comme il y a cette idéologie, aussi bien en Europe
17:49que dans les postes essentiels
17:51où l'intelligence fonctionne,
17:53où l'état profond fonctionne,
17:55c'est-à-dire la justice, la recherche,
17:57la diversité, ce genre de choses.
17:59Les médias, évidemment, sauf CNews.
18:01Mais il y a un moment donné
18:03où on voit bien qu'un texte de plus,
18:05si ce n'est pas pour être appliqué,
18:07à quoi bon perdre du temps et d'énergie pour des plans ?
18:09On n'a plus envie de plans. Je pense même d'ailleurs,
18:11je ne suis pas juriste, mais on a un arsenal
18:13qui est déjà suffisant. On n'a pas besoin de perdre du temps
18:15à faire des navettes, des allées, des retours,
18:17des textes. On a changé la virgule, on a mis au conditionnel
18:19quelque chose qui était au futur.
18:21On a fait un grand travail parlementaire.
18:23On a juste envie que les textes soient appliqués.
18:25Si on appliquait simplement ce qui existe déjà,
18:27ce serait déjà pas mal.
18:29Simplement les reconduites aux frontières,
18:31les obligations de quitter le territoire.
18:33C'est une obligation qui n'oblige à rien,
18:35puisque je crois qu'Emmanuel Valls a dit
18:37quand ils sont obligés de quitter le territoire,
18:39ils ont le droit de rester tout de même.
18:41Donc il y a un moment donné où on se dit
18:43à quoi bon des textes, et des textes qui amendent des textes,
18:45et puis à quoi à droite, et puis à quoi à gauche.
18:47Donc tout est affaire de volonté politique,
18:49parce qu'on voit l'Italie, avec Giorgia Meloni,
18:51qui était tellement décriée quand elle est arrivée au pouvoir,
18:53qu'on ne peut pas accueillir tout le monde,
18:55et en même temps, elle régularise une partie des immigrés légaux sur son sol,
18:57parce qu'elle a besoin d'une immigration de travail.
18:59Bien sûr, c'est ce que je dis,
19:01quand je fais savoir que l'Europe a besoin de l'immigration.
19:03C'est pour ça qu'elle fait semblant,
19:05il va falloir que ceci, il va falloir que cela.
19:07Mais pourquoi est-ce que le MEDEF pense la même chose
19:09que la France Insoumise ?
19:11Pourquoi est-ce que le MEDEF pense exactement la même chose
19:13que le Nouveau Front Populaire ? C'est quand même étonnant.
19:15Il y a un moment donné, on devrait se dire,
19:17c'est M. Roux de Bézieux qui est toujours le patron du MEDEF.
19:19Le nouveau patron du MEDEF pense la même chose
19:21que M. Mélenchon.
19:23Il y a un moment donné, on devrait s'interroger.
19:25Ça fait tomber, ça fait chuter le travail,
19:27ça fait chuter les salaires
19:29des gens simples et des gens modestes,
19:31à qui on dit, ah mais cher monsieur, si vous n'êtes pas content,
19:33il y a des gens qui sont prêts à travailler pour beaucoup moins cher que ça.
19:35Ils ont dit, d'accord, très bien.
19:37Donc ça fait s'effondrer le travail, ça fait s'effondrer le moral,
19:39et il y a un moment donné, il faut arrêter aussi
19:41de laisser croire qu'on peut fonctionner longtemps comme ça.
19:43Bon, allez, on va faire une toute petite pause,
19:45allez-y, terminé.
19:47Ce qu'il faut faire, c'est restaurer l'État.
19:49L'État est un État faillit.
19:51C'est-à-dire que quand le général De Gaulle arrive au pouvoir en 1946,
19:53vous voyez dans quel État est l'État.
19:55Eh bien, il restaure l'État. Qui veut restaurer aujourd'hui l'État ?
19:57Nous sommes, la logique maastrichtienne,
19:59c'est le dépérissement de l'État.
20:01Logique marxiste. C'est pour ça que Mélenchon et le MEDEF s'entendent.
20:03C'est une logique marxiste, dépérissement de l'État.
20:05Si ce n'est pas l'État qui fait la loi,
20:07c'est le marché qui fait la loi. Et le marché fait la loi
20:09comme le renard fait la loi dans le poulailler.
20:11Vous savez, le renard libre dans le poulailler libre.
20:13Est-ce que c'est ça qu'on veut ?
20:15Si on veut l'État, on remet l'État en place.
20:17Ils ne veulent pas de l'État. Ce sont des libertariens,
20:19ce sont des libéraux, ce sont des gens qui détestent l'État.
20:21Et c'est là qu'il faudrait
20:23qu'on restaure un État en disant non,
20:25la voix de l'État doit être entendue.
20:27Alors pour ce faire, c'est police, justice
20:29et des fonctionnaires qui font véritablement un travail.
20:31Non pas des fonctionnaires qui ont peur
20:33de faire leur travail.
20:35Et puis à un moment donné, avec l'idéologisation,
20:37on peut poser cette question.
20:39Qui juge les juges ?
20:41Personne.
20:43Alors on va faire justement le lien pour la deuxième partie
20:45de Face à Michel Onfray. Vous parlez des fonctionnaires
20:47qui ont peur. Les professeurs, les enseignants
20:49font partie de cette catégorie-là,
20:51qui ont peur. Il y a eu plusieurs hommages rendus
20:53cette semaine. D'une part à Dominique Bernard,
20:55professeure assassinée à Arras, et à Samuel Paty,
20:57qui a été assassiné il y a 4 ans
20:59à Conflans-Saint-Honorin. On entendra
21:01sa sœur, Michaëlle Paty,
21:03qui était notre invitée cette semaine. A tout de suite.
21:05Et on se retrouve dans la seconde partie
21:07de Face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
21:09Michaëlle, on va évoquer ces hommages
21:11qui ont été rendus à deux professeurs assassinés,
21:13Dominique Bernard à Arras, Samuel Paty
21:15à Conflans-Saint-Honorin,
21:17à l'heure justement où certains enseignants,
21:19beaucoup d'entre eux, viennent travailler
21:21la boule au ventre par peur d'être agressés,
21:23violentés. On a eu un exemple encore à Tourcoing
21:25la semaine dernière. On l'a évoqué,
21:27une enseignante frappée parce qu'elle demandait
21:29à une élève de retirer le voile qu'elle portait dans l'enceinte scolaire.
21:31Et puis on va se poser la question de savoir
21:33si c'est bien la laïcité qui est le sujet
21:35et le problème.
21:37On écoute d'abord un témoignage que j'ai trouvé
21:39très fort, bouleversant.
21:41C'est Michaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty
21:43qui était notre invitée cette semaine. Écoutez ce qu'elle dit.
21:47Il n'y a jamais eu de surveillance du collège.
21:49Il n'y a jamais eu de patrouille d'organisé.
21:51Et vraisemblablement, personne n'a été sous écoute.
21:53On a vendu à mon frère l'idée
21:55qu'il était protégé.
21:57Et que
21:59de ce biais-là, il a continué d'aller au collège.
22:01Mais je pense aussi qu'il a continué
22:03d'y aller jusqu'au bout.
22:05Parce que si de lui-même, il se mettait en arrêt maladie,
22:07c'était à montrer
22:09à tout le monde qu'effectivement, c'est lui qui avait eu tort.
22:11Ça allait avoir un effet contre-productif
22:13par rapport à une situation
22:15qui, pour lui, était en train d'être traitée
22:17alors que, véritablement, rien n'était
22:19en train d'être traité pour lui.
22:21Voilà, Michaëlle Paty qui dit que
22:23l'État français n'a pas protégé son frère.
22:25Vous partagez ce constat ?
22:27Oui, bien sûr. Elle a totalement raison.
22:29Et c'est comme ça depuis très longtemps.
22:31C'est-à-dire qu'il y a
22:33le désir de ne pas faire parler de soi
22:35quand on est dans un collège ou dans un lycée.
22:37Si vous faites parler de vous dans la presse locale en disant qu'il y a eu un problème,
22:39ça remonte au rectorat et
22:41votre plan de carrière, il est mort.
22:43C'est terminé, pour un proviseur.
22:45Les enseignants, c'est exactement la même chose.
22:47Puis après, vous avez des syndicats.
22:49On ne parlerait pas des personnes, parce qu'on serait obligés
22:51de dire que parfois, des gens ont été
22:53victimes de ce qu'ils enseignaient eux-mêmes.
22:55On ne peut pas non plus enseigner le vivre ensemble ceci,
22:57le vivre ensemble cela, et on sait ce que ça veut dire,
22:59le vivre ensemble. Donc il y a un moment donné où
23:01on sait très bien que les enseignants ne sont pas soutenus
23:03par leur hiérarchie.
23:05Et qu'on dit que ça ne va pas durer.
23:07Mais ils ne se soutiennent pas entre eux.
23:09Parce qu'on rappelle qu'à Tourcans, une partie des professeurs
23:11a soutenu l'élève qui a agressé
23:13la professeure. Bien sûr. Tout le monde a peur.
23:15C'est ça le problème. C'est-à-dire que tout le monde a peur.
23:17On a peur pour sa carrière
23:19quand on est proviseur. On a peur
23:21de ce que vont penser les collègues en disant « Mais quoi, t'es un facho toi ?
23:23T'es un lepéniste.
23:25Tu veux quoi qu'on puisse être
23:27autoritaire avec un élève ? Mais enfin l'autorité
23:29c'est le fascisme.
23:31T'es Adolf Hitler, t'es pétiniste.
23:33Dans une salle des profs, si vous avez des collègues
23:35qui vous traitent comme ça, vous gardez ça pour vous.
23:37Vous ne dites rien et vous dites
23:39« Je vais laisser faire. » Et puis voilà. Et puis un jour,
23:41effectivement, il se passe des choses où on dit, alors quand je dis
23:43des choses, c'est des gifles, des insultes, des crachats.
23:45Vous vous rendez compte. Il y a quand même une cérémonie
23:47qui est facultative.
23:49Oui. En hommage à ses professeurs,
23:51c'était facultatif.
23:53Par exemple, le général de Gaulle en disant le 11 novembre...
23:55Mais par peur. Par peur qu'il y ait des incidents.
23:57Par peur qu'on interrompe le mage.
23:59Il y a eu 78 problèmes.
24:0178 incidents avec des gens qui ont choisi de faire
24:03des célébrations, quand dans d'autres endroits
24:05il n'y a pas eu de célébrations parce qu'on aurait
24:07mis 2 ou 3 zéros au problème.
24:09Donc on le sait très bien, là aussi,
24:11qu'il n'y a pas d'État, que l'État ne soutient pas
24:13ses enseignants, que dans la hiérarchie...
24:15Hiérarchie, étymologiquement, c'était le pouvoir du sacré.
24:17Il n'y a plus de sacré. Il n'y a plus de pouvoir.
24:19Et aujourd'hui, c'est le pouvoir partout.
24:21C'est-à-dire que ces gens qui ne veulent pas de pouvoir
24:23laissent le pouvoir de la jungle.
24:25Est-ce qu'il vaut mieux une hiérarchie dans laquelle
24:27on dira que le professeur sera soutenu devant les élèves,
24:29le proviseur sera soutenu par le rectorat,
24:31et le ministre soutiendra
24:33le proviseur ou les autres du rectorat, etc.
24:35Voilà, il y a une hiérarchie
24:37dans laquelle on dit qu'on fait corps.
24:39Il n'est pas question que la rue fasse la loi.
24:41On voit bien que c'est la rue qui fait la loi, ici.
24:43On voit qu'Emmanuel Macron ne va pas, par exemple,
24:45dans la manifestation contre l'antisémitisme
24:47parce qu'il a peur de la rue.
24:49Les enseignants ont peur de la rue.
24:51Les gens qui dirigent les établissements scolaires,
24:53ils ont peur de la rue.
24:55Ils ont peur qu'un parent arrive en disant
24:57« Mais t'es quoi, toi ? »
24:59Et puis il arrive avec un couteau et dit
25:01« Moi, je veux pas de problèmes.
25:03J'ai juste envie de partir à la retraite tranquillement. »
25:05La fameuse expression « pas de vagues » est assez juste.
25:07Et on voit bien, par exemple, quand vous prenez
25:09l'archipel du Goulag de Solzhenitsyn,
25:11quand il fait l'analyse, trois gros volumes
25:13pour nous expliquer comment fonctionne l'Union soviétique,
25:15il y a une espèce de gros machin,
25:17c'est la même chose avec Lanzmann,
25:19quand il fait son film magnifique « Shoah »,
25:21où il nous dit « C'est une petite chose,
25:23plus une petite chose. »
25:25Et puis d'un seul coup, on appelle ça la Shoah.
25:27« Moi, j'ai juste conduit un train.
25:29Moi, j'ai juste ouvert un aiguillage.
25:31Moi, j'ai juste ouvert une porte.
25:33Moi, j'ai juste fait descendre des gens du train.
25:35Moi, j'ai juste fait rentrer des gens dans un autre endroit.
25:37Moi, je savais pas que… »
25:39Et puis après, on m'a dit « Ça, c'est des cadavres.
25:41J'ai fait un trou pour les mettre.
25:43Et là, effectivement,
25:45il y a une espèce de responsabilité en permanence,
25:47pas de l'État.
25:49J'ai vu cette dame, l'épouse d'un gendarme,
25:51qui dit « L'État a tué mon mari. »
25:53Je comprends sa peine, cette dame.
25:55Mais c'est pas vraiment l'État, c'est tout le monde.
25:57C'est tous ceux qui n'ont rien dit.
25:59C'est la question de la résistance et de la collaboration.
26:01– Michel Onfray, est-ce que là, on est sur un sujet de laïcité ?
26:03Est-ce que c'est ça le sujet central ?
26:05Ou pas ? C'est autre chose selon vous ?
26:07– D'abord, la laïcité a une histoire.
26:09Et la laïcité a une histoire
26:11qui n'est pas la même dans une civilisation judéo-chrétienne
26:13et dans une civilisation musulmane.
26:15La civilisation judéo-chrétienne, elle se construit sur une Bible
26:17qui est construite avec un Ancien et un Nouveau Testament.
26:19Et dans le Nouveau Testament, on a les Évangiles.
26:21Dans les Évangiles, on a la parole d'Évangile,
26:23on a la parole de Jésus qui dit
26:25« Il faut rendre à César ce qui appartient à César
26:27et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »
26:29C'est-à-dire qu'on a une vraie séparation possible.
26:31C'est pas Jésus qui invente la laïcité.
26:33Enfin, disons que ceux qui combattent le christianisme
26:35s'empareront de cette phrase de Jésus
26:37pour inventer une laïcité qui permet de dire
26:39c'est une affaire privée et personnelle
26:41la religion et la foi
26:43sur le terrain de la République.
26:45Vous gardez ça pour vous, on veut pas savoir si vous êtes juif,
26:47si vous êtes chrétien, etc.
26:49Dans le texte sacré
26:51de l'Islam, qui est le Coran,
26:53on peut ajouter la charia, on peut ajouter les hadiths du prophète,
26:55on peut ajouter la Syrah
26:57qui est la biographie du prophète.
26:59Il n'y a pas de place pour la laïcité.
27:01Ça s'appelle la théocratie.
27:03En l'étymologie, théo-Dieu, cratie, le pouvoir de Dieu.
27:05C'est-à-dire qu'en politique,
27:07le pouvoir revient à Dieu.
27:09Dans la démocratie, démos, c'est le peuple
27:11et le pouvoir du peuple. Dans la république,
27:13la chose est publique. Dans la république
27:15et la démocratie, c'est le peuple qui est souverain.
27:17Il y a Dieu, mais Dieu, il reste là où il est.
27:19Il nous embête pas. Il a été puissant
27:21un temps, quand il y avait une théocratie chrétienne.
27:23Et la théocratie chrétienne,
27:25elle disparaît en 1792 avec la décapitation
27:27du roi Louis XVI et avec
27:29l'instauration de la République.
27:31Il n'est pas possible d'envisager la laïcité dans un texte
27:33qui nous dit que tout est parole de Dieu.
27:35C'est-à-dire que la politique, c'est Dieu. La charia, c'est quoi ?
27:37C'est la parole de Dieu. C'est la parole du prophète
27:39qui reprend la parole de Dieu. Donc c'est assez difficile
27:41de reprendre la question de la laïcité
27:43qui est devenue une espèce de mot-valise
27:45et passe partout. Voyons du côté de
27:47Napoléon. Napoléon, quand il a
27:49permis de résoudre la question juive,
27:51si on peut le dire aussi de cette
27:53manière-là, il l'a fait parce qu'il y avait un étaphore,
27:55évidemment, avec Napoléon. Il aurait aujourd'hui
27:57la possibilité de dire, nous allons fabriquer des
27:59interlocuteurs. C'est pas la même chose
28:01d'avoir l'imam Chalgouni, qui était une formidable
28:03personne, et puis d'avoir des gens qui pensent
28:05qu'en dégorgeant quelqu'un, on va aller au paradis.
28:07Il faudrait que l'islam puisse avoir un interlocuteur.
28:09Je sais bien qu'il y a des sunnites, je sais bien qu'il y a
28:11des chiites, je sais bien qu'il y a des gens
28:13qui s'inspirent du Maroc, d'autres de l'Algérie,
28:15certains du Qatar, etc. Mais ça,
28:17c'est le travail d'un chef de l'État.
28:19Je me souviens quand le président Sarkozy
28:21avait été élu, il avait toute une théorie sur les deux
28:23rives de la Méditerranée. Il avait travaillé ça avec
28:25Henri Guaino, et j'avais eu l'occasion de poser
28:27quelques questions à Henri Guaino sur ce sujet-là.
28:29Mais ça, c'est une question beaucoup plus générale.
28:31Quand la Turquie a voulu entrer dans l'Europe
28:33et qu'on lui a refusé, moi j'étais pas pour
28:35qu'elle entre en Europe, mais je pense qu'elle aurait pu fonctionner
28:37comme un partenaire européen,
28:39en disant, mais vous êtes l'entrée sur l'Orient
28:41et l'Occident, le point de passage,
28:43et à ce moment-là, on va refaire un Maghreb
28:45à partir d'une Turquie qui pourrait
28:47rester un peu kémaliste, c'est-à-dire laïque. Il y a eu
28:49une laïcité en Turquie et elle n'existe plus.
28:51Et c'était un travail à faire pour qu'on n'en arrive pas
28:53à ça aujourd'hui. Quel chef de l'État
28:55pourrait le faire aujourd'hui ? Sûrement pas Emmanuel Macron.
28:57Mais un chef de l'État qui aurait vraiment une dimension
28:59civilisationnelle, dirait,
29:01alors pas avec la Turquie aujourd'hui,
29:03probablement avec le Maroc. Je pense que le Maroc
29:05pourrait jouer ce rôle-là. Mais en disant,
29:07avec l'actuel roi
29:09qui est le commandeur des
29:11croyants, il y aurait la possibilité
29:13de refédérer un Maghreb,
29:15de refédérer un Islam, et de peser
29:17dans une relation avec l'Europe.
29:19C'est un grand projet de société
29:21et de civilisation pour un chef de l'État. C'est pas du tout
29:23je vais choisir un ministre et puis je vais choisir
29:25un premier ministre, je vais mettre X temps pour
29:27le choisir. Quand la politique s'est devenue ça,
29:29c'est pas très intéressant. – Un dernier mot, Michel,
29:31sur ces hommages au professeur
29:33assassiné. Je voudrais qu'on écoute
29:35le maire d'Arras qui a pris la parole
29:37après l'hommage pour Dominique Bernard.
29:39Il a cité Saint-Exupéry
29:41avec une phrase très intéressante. J'aimerais que vous la commentiez
29:43ensuite. On l'écoute.
29:45– Je terminerai par cette phrase
29:47de Saint-Exupéry
29:49qui donnera le ton des prochains mois.
29:51Si tu diffères de moi, mon frère,
29:53loin de me léser,
29:55tu m'enrichis. Vive l'école,
29:57vive la vie,
29:59vive la République,
30:01et vive la France. – Est-ce que vous êtes d'accord
30:03avec ça ? Est-ce que la différence nous enrichit,
30:05Michel, mon frère ? – Non, on a vraiment l'impression
30:07qu'il y a un type qui écrit des discours, il a pris un dictionnaire
30:09des citations, il a cherché à… – Sur Wikipédia.
30:11– Différence, et puis oui, maintenant vous avez raison,
30:13c'est sur Wikipédia, on tape différence,
30:15il y a 10 personnes qui ont dit ceci, alors il y a des proches,
30:17il n'y a que lui, il y a Saint-Exupéry…
30:19– Cette phrase de Saint-Exupéry, elle n'est pas du tout… Elle est détournée, là ?
30:21– Mais ça veut dire quoi, la différence ?
30:23– La différence m'enrichit, mon frère. – Et c'est quoi, la différence ?
30:25Voilà des gens, je ne sais pas qui est ce monsieur, je ne parle pas de lui,
30:27mais voilà des gens, tous ceux qui nous parlent de différence
30:29disent que les 10 millions de gens qui ont voté pour Marine Le Pen,
30:31on n'en veut pas. Et ce sont des gens
30:33qui nous parlent de tolérance, de respect,
30:35de la différence, etc. Mais c'est quoi, la différence ?
30:37C'est comme la gauche, quand elle nous dit, après Sartre,
30:39il faut penser contre soi-même. Jamais elle pense contre elle-même, la gauche.
30:41Moi, je suis de gauche et je pense contre moi-même.
30:43Alors là, ça ne va pas du tout, quand vous pensez contre vous-même
30:45dans ces cas-là et que vous dites, ça, ça ne marche pas,
30:47même si on est de gauche. Eh bien, si on est de gauche,
30:49disons que la gauche s'est trompée sur ce sujet.
30:51Ah ben non, la gauche, elle a toujours évidemment raison.
30:53Et là, on joue du violon à tous les sens du terme.
30:55– Et c'est très noble de jouer du violon.
30:57– Oui, en l'occurrence, c'était du violoncelle.
30:59Et de l'arbre. Et c'est formidable.
31:01Et c'est formidable. Mais pour moi, c'était un hommage privé.
31:05Ça ne peut pas être un hommage public et républicain.
31:07Les poèmes, la dame qui peint, je ne parle pas de la peinture,
31:11mais la musique qui était très belle, les interprètes qui étaient très belles,
31:13les voix, tout ça a été formidable.
31:15Mais c'était un hommage privé.
31:17Je ne suis pas sûr qu'on avait besoin d'un hommage privé.
31:19Vous imaginez le discours d'un général de Gaulle
31:21dans un lieu comme celui-ci ?
31:23Sûrement pas de l'arbre et des petits oiseaux
31:25et des cheveux bleus blancs rouges.
31:27– On est en face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1.
31:29Michel, on va garder un tout petit peu de temps,
31:31parce que je voudrais qu'on parle vraiment du Doliprane.
31:33C'est extrêmement symbolique à mes yeux
31:35à propos des questions de souveraineté qu'on évoque souvent.
31:37Il y a eu l'annonce par Sanofi
31:39de la vente à 50% de cette filiale
31:41qui fabrique un médicament antidouleur que nous connaissons tous.
31:43Ça pose évidemment la question
31:45parce que c'est vendu à un fonds de pension américain
31:47et non pas à un fonds de pension européen ou français.
31:49On va écouter juste quelques salariés
31:51des usines de Lisieux et de Compiègne
31:53qui assurent la production du Doliprane,
31:55qui sont évidemment extrêmement inquiets et qui sont en grève.
31:58– On se souvient tous de la belle partie Covid
32:02qui s'est passée il y a quelques années
32:04où tous les salariés de l'usine,
32:06tout le monde en fait, est venu travailler tous les jours.
32:09Et là, en gros, le remerciement que l'on a,
32:11c'est de se retrouver vendus à un fonds de pension américain.
32:15– C'est invraisemblable finalement
32:17de se dire qu'on n'a pas tiré les leçons de la crise Covid
32:20et qu'on peut laisser faire ce genre de choses comme ça
32:23parce que c'est des grands groupes.
32:25Ils doivent aussi rendre des comptes, je pense.
32:27– Aider ainsi ce médicament, encore une fois,
32:30qui est le fleuron français,
32:32le céder à des investisseurs étrangers
32:34ne nous rassure pas du tout
32:36car nous n'avons aucune garantie à moyen ou long terme
32:40du maintien de cette production.
32:43– Pour les interrogations, l'inquiétude des salariés,
32:46il y a de grandes déclarations des présidents de Sanofi,
32:48de l'État qui dit mais non, ne vous inquiétez pas,
32:50tout est sous contrôle.
32:51On n'a tiré aucune leçon,
32:53véritablement, de ce qui s'est passé
32:55pendant la période Covid, Michel Onfray.
32:57– Là encore, je vous dis, ça fait partie de l'idéologie
32:59européiste et mastrigienne,
33:01il s'agit de travailler au fonds de pension américain
33:03plutôt que de travailler au porte-monnaie des salariés
33:06qui ont tous raison,
33:07et les syndicalistes ils ont tous raison.
33:09Souvenez-vous, vous avez parlé de Duralex il y a quelque temps,
33:11moi je ne suis pas économiste,
33:12mais on pourrait presque lancer une souscription nationale
33:14pour racheter cette chose-là en disant
33:16mais nationaliser, il n'y a plus d'argent
33:18donc je ne vois pas comment on pourrait nationaliser.
33:20Mais de dire, après tout, sur le principe de la coopérative,
33:22faisons une espèce de grand geste national.
33:24Vous savez, des fois en France, on a une peinture fabuleuse
33:26et il faut l'acheter et on dit…
33:28– Et les Français se mobilisent, voilà.
33:30– Les Français se mobilisent et on trouve de l'argent
33:31pour acheter des belles peintures qui peuvent rester en France.
33:33Il y a un moment donné où économiquement, là je fais le naïf,
33:36il faudrait que je m'en entretienne avec des économistes.
33:39– Mais la scénophile c'est quand même très gros.
33:41– Moi je suis sûr que des gens donneraient beaucoup d'argent
33:43et qu'on pourrait peut-être même faire ça de manière européenne
33:46pour créer une espèce de coopérative,
33:48de mutualiser tout ça, j'en sais rien.
33:50Je pense que plutôt que de dire on prend, on garde, on jette, on vend,
33:53on peut penser dans une autre logique
33:55et comment est-ce qu'on pourrait faire pour permettre aux salariés ?
33:57Parce que le Doliprane, j'en ai encore pris ce matin,
33:59tout le monde en prend, je crois qu'il y a le Malox,
34:01il y a un certain nombre de produits dont tout le monde
34:03fait une utilisation abondante avec les problèmes que nous avons
34:06et les santé, etc.
34:07On devrait pouvoir dire non, c'est pas possible,
34:09cette souveraineté il faut qu'elle reste en France,
34:11il faut qu'elle reste chez les ouvriers qui savent faire et produire.
34:14Et on doit pouvoir imaginer d'autres formules que de dire
34:16nous allons permettre à des Américains de pouvoir avoir de l'argent.
34:20Alors évidemment quand vous êtes dans un fonds de pension,
34:22vous dites mais moi je veux que ça marche.
34:24Donc le problème c'est pas de savoir s'il y a une souveraineté nationale,
34:26je ne sais quoi.
34:27Là on fait semblant de nous dire mais oui, on va leur dire,
34:29quand on va leur vendre, vous n'aurez pas le droit de ceci,
34:31vous n'aurez pas le droit de cela.
34:32Ils vont dire oui d'accord, bien sûr.
34:33Et puis dans trois ans ils vont dire ah bah oui,
34:35on est en faillite ici, c'est pas possible,
34:37ailleurs on est obligé de redévelopper ailleurs,
34:39on va produire ça je sais pas où, en Pologne,
34:41ou éventuellement dans un pays du Maghreb,
34:44Les gens auront été grugés sur plusieurs années.
34:46Je ne crois pas, et je pense que les salariés syndicalistes non plus,
34:48ils ont raison, je ne crois pas à l'État.
34:50Je ne crois pas à ceux qui sont mastrichiens
34:52et qui s'en viennent de toute façon dans cette logique-là,
34:54faire de telle sorte qu'il faut effectivement marcher avec les États-Unis
34:57et permettre aux fonds de pension de fonctionner sur le dos
34:59des ouvriers, des travailleurs, des employés.
35:01Si on veut vraiment de la souveraineté nationale que fait Montebourg,
35:04qui n'a pas été capable d'aller jusqu'au bout de son idée,
35:06mais qui lui défendait cette idée du souverainisme national,
35:09là il y aurait quelque chose à faire.
35:11Une espèce de grand mouvement populaire en disant
35:13« Allez devenez propriétaire de Doliprane, de ces entreprises. »
35:17Rachetons-les.
35:19Et je ne sais pas si c'est faisable ou envisageable,
35:21mais je pense qu'un économiste pourrait dire « On ferait la torte parce que... »
35:23Ils ont raison.
35:25Mais je pense que ce sont des pistes qu'on n'envisage pas,
35:27parce que comme avec Duralex,
35:29qui eux montrent que la solution autogestionnaire,
35:32la solution girondine, la solution ouvrière,
35:35elle existe, plutôt que de se dire « On va se passer le ballon
35:37pour que des gens puissent faire d'immenses bénéfices
35:39sur le dos des Français,
35:41sur la santé des Français des travailleurs. »
35:43Mais ça veut dire que l'on assiste au dépeçage
35:45de tous les pans de la souveraineté de la France,
35:47que ce soit économique, sociale,
35:49en matière d'immigration, en matière de tout.
35:51Je dirais les bijoux de famille, si on peut se permettre l'expression.
35:53Souvenez-vous qu'à une époque, on a quand même vendu les autoroutes.
35:55C'est formidable. On est sûr que l'argent rentre
35:57et on s'en va vendre ça à des privés.
35:59Mais il se passe quoi ?
36:01Parce que l'État avait besoin de faire rentrer de l'argent dans les caisses.
36:03Oui, mais on sait que l'argent peut aussi rentrer
36:05quand on entretient les autoroutes
36:07et que ça reste une propriété nationale.
36:09Moi, je suis pour certaines nationalisations,
36:11si c'est possible ou si c'est pensable,
36:13parce que c'est le souverainisme.
36:15Il y a un moment donné, on dit,
36:17« Mais sinon, c'est une arme de guerre.
36:19On est entre les mains d'un pays qui dira,
36:21« Non, je ne vous donne pas du Doliprane. C'est terminé.
36:23Non, vous n'aurez pas de Malox.
36:25Ou non, vous n'aurez pas tel ou tel produit. »
36:27C'est comme quand on vend notre technologie nucléaire aux États-Unis.
36:29C'est quand on vend notre technologie aussi militaire à d'autres pays.
36:31Il y a un moment donné, on se dit,
36:33« Mais c'est quand même pas possible. »
36:35C'est quand même pas possible de prêter la bombe atomique aux Allemands.
36:37Souvenez-vous, Emmanuel Macron disait...
36:39— Ça vous avait choqué. Vous m'en parlez souvent.
36:41— Oui, vous vous rendez compte. Le général De Gaulle fait ça
36:43pour qu'il y ait une souveraineté nationale.
36:45Et d'un seul coup, on dit, « Mais la souveraineté,
36:47on la partage tous ensemble. » Ça veut dire quoi ?
36:49Que les Allemands ne peuvent pas être nos ennemis.
36:51Mais d'une certaine manière, ils le sont depuis des années.
36:53Donc quand il s'agit de viser leurs intérêts...
36:55Et ils ont raison. Ils ont raison, les Allemands, de faire ce qu'ils font.
36:57— Ils défendent leurs intérêts.
36:59— Absolument. Ils ont raison de faire ce qu'ils font.
37:01C'est un grand peuple. C'est une grande civilisation.
37:03C'est une grande culture.
37:05Mais ils ont compris, effectivement,
37:07que s'il s'agissait de permettre
37:09la souveraineté nationale allemande,
37:11ça passait avant l'Europe. Et ils ont bien raison.
37:13Et nous avons tort de ne pas faire comme eux.
37:15— Merci beaucoup, Michel Onfray,
37:17pour cette très belle heure passée en votre compagnie
37:19sur CNews et sur Europe. On se retrouve la semaine prochaine.

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