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Christian Estrosi, maire de Nice et vice-président de Horizons, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de l'examen du budget 2025 à l'Assemblée nationale, de l’abrogation de la réforme des retraites, du plan "Marseille en grand" et de la méthode Retailleau.

Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres

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Transcription
00:00La grande interview, c'est News Europe 1 avec vous, Christian Estrosi.
00:04Bonjour Christian Estrosi.
00:05Bonjour.
00:06Maire de Nice et vice-président du parti Horizon.
00:09On va parler évidemment de tous les sujets, comme tous les matins.
00:12Je voulais qu'on attaque avec le budget, qui est le gros morceau de la vie politique en ce moment.
00:18Évidemment, l'examen du budget qui a débuté à l'Assemblée.
00:20Qu'est-ce qu'il faut faire selon vous ?
00:21Les grandes tendances, il faut augmenter encore plus les impôts,
00:24il faut baisser drastiquement les dépenses publiques.
00:26Qu'est-ce que vous feriez si vous étiez aux manettes ?
00:29La France vit à crédit.
00:31Et en même temps, nous ne pouvons pas, je pense,
00:37prendre un coup de rabot de manière indistincte.
00:40Or, j'ai le sentiment que quelque part, de manière totalement indistincte,
00:47on s'attaque à tous les petites retraites.
00:52On augmente, alors, par amendement, j'ai vu cette nuit,
00:57les gros revenus, ce qui, pour moi, était normal de manière provisoire,
01:02mais pas forcément de manière pérenne.
01:03La gauche et le modem veulent que ce soit pérennisé,
01:05cette surtaxe sur les très hauts revenus.
01:07Et je trouve que, quelque part, on enlève une volonté d'investir en France,
01:13de prendre des risques sur son propre patrimoine, quelque part,
01:16pour créer de l'activité et de la croissance, dès lors que c'est durable.
01:20Chacun a conscience, aujourd'hui, que nous avons chacun notre part de responsabilité,
01:26y compris les collectivités locales.
01:29Moi, je dis à mes amis qui sont à la tête de grandes associations de collectivités
01:33et qui disent qu'on rejette tout en bloc.
01:35Vous pensez à qui ?
01:37Je pense notamment à l'Association des maires de France,
01:40à David Lysnard, au Léniel, à Lysnard et à tous les autres.
01:45Non, on ne peut pas rejeter en bloc.
01:47Vous leur dites que les collectivités, les mairies doivent faire aussi des efforts.
01:51On ne peut pas dire à des petits retraités, d'ailleurs,
01:54je suis opposé à ce qu'on touche aux petites retraites,
01:57on va vous taper et dire que les collectivités n'auraient pas leur part de responsabilité à prendre.
02:05Nous avons notre part de responsabilité à prendre.
02:08Et d'ailleurs, en tant que vice-président d'Horizon, aux côtés d'Édouard Philippe,
02:13nous avons fait un certain nombre de propositions à cet égard,
02:18pour qu'il y ait d'abord des réductions de dépenses,
02:21regarder l'enchevêtrement de compétences qu'il y a entre collectivités.
02:26Elles payent toutes de la culture, du sport...
02:32Excusez-moi, Christian Estruzzi, mais je l'ai entendu déjà des centaines de fois, le fameux millefeuille.
02:37Oui, mais il y a bien un moment où il faudra que quelqu'un le courage,
02:41et j'ai l'impression que Michel Barnier, qui a une grande expérience en matière de collectivité locale,
02:46pourrait être celui qui, à un moment, tape du poing sur la table
02:49et dise « maintenant, ça suffit ».
02:51Bon, on sait que département-région, c'est Nicolas Sarkozy qui avait fait, semble-t-il,
02:59la proposition la plus rationnelle, qui consistait à ce qu'il n'y ait plus qu'un élu territorial
03:06qui ressiège à la fois au département et à la région.
03:10Mais les sénateurs avaient bloqué.
03:12Les sénateurs avaient bloqué, les sénateurs ont eu tort.
03:16On aurait réduit considérablement la dépense.
03:19Quand vous voyez, par exemple, que le CNFPT,
03:22c'est-à-dire le Centre National de la Fonction Publique Territoriale,
03:26qui est censé former et paye des formateurs à 500 balles par jour,
03:32des gens qui ne sont pas vraiment formés à un niveau exceptionnel,
03:37là où, par exemple, pour mes policiers municipaux, sans avoir à passer par le CNFPT,
03:42alors que j'ai la police municipale la plus qualifiée et la plus nombreuse de France aujourd'hui,
03:47nous pourrions le faire en interne avec des inspecteurs de haut niveau,
03:51c'est 1,3 milliards d'euros par an que ça coûte aux contribuables
03:56et sur lesquels nous pourrions faire des économies.
03:59Et on pourrait parler de tous les organismes d'État,
04:02que sont des TEM directs, agences régionales de santé,
04:08les agences pour l'environnement, les agences de l'eau, etc.,
04:12où tout est à revoir, tout est à revoir,
04:15et où on pourrait condenser et n'avoir plus qu'une seule organisation
04:21qui, en matière d'aménagement du territoire, de transition écologique
04:26et d'alimentation en réseau multiple,
04:31et notamment sur les énergies,
04:34apporter une réponse qui diminue par 5 ou 6 la dépense publique.
04:40Sauf que comme les fonctionnaires ont un emploi à vie,
04:43on ne peut pas fermer un centre de formation, c'est impossible.
04:47Oui, mais pourquoi ont-ils un emploi à vie ?
04:50Pourquoi n'abordent-on pas ?
04:52Regardez, on parle du problème des retraites,
04:54où on va ponctionner les collectivités sur leurs caisses de retraite.
04:59Il faut remettre en question l'emploi à vie des fonctionnaires.
05:01Vous ne pensez pas qu'un français est un français,
05:03un travailleur est un travailleur,
05:04qu'il soit membre de la fonction publique territoriale
05:07ou un salarié du privé,
05:09il ne pourrait y avoir qu'un système de retraite pour tous les salariés,
05:14et une seule caisse de retraite pour tous les salariés dans notre pays ?
05:17Ça fait partie des exemples où, sincèrement,
05:20on pourrait regarder les choses au fond
05:22pour réduire la dépense avant de parler impôts.
05:26Le 49-3, on arrêterait les débats,
05:31va être étudié et proposé en Conseil des ministres aujourd'hui,
05:34c'est-à-dire que c'est une possibilité dans les heures ou les jours qui viennent,
05:36le 49-3 pour le budget.
05:3849-3, ça dit motion de censure,
05:40ensuite est-ce que vous craignez que le gouvernement soit censuré ?
05:43Il peut être censuré.
05:46Michel Barnier a beaucoup de courage
05:49de s'attaquer avec si peu de délais,
05:52puisque l'essentiel du budget n'est pas préparé par son gouvernement,
05:55mais par Bercy, on le voit bien.
05:57Et c'est bien pour ça qu'il avait laissé le soin au Parlement
06:01de prendre une part de responsabilité.
06:03De toute évidence, un certain nombre de parlementaires
06:06ne se montrent pas très responsables.
06:08Donc, inévitablement, on risque d'en passer par le 49-3.
06:13Je suis heureux de voir que Michel Barnier
06:16va recevoir les associations de représentants des élus locaux,
06:22et que là aussi, j'ai eu un débat avec Saint-Provence,
06:27avec Renaud Muselier et Catherine Vautrin,
06:30il y a 48 heures de cela,
06:32où on voit que certains sujets avancent bien.
06:36Je réclame depuis longtemps le versement mobilité transport.
06:40On sait qu'en matière de transition...
06:42Aujourd'hui, il y a deux dettes en France.
06:44Il faut qu'on en ait conscience.
06:46Vous avez à la fois la dette économique et la dette écologique.
06:49Vous avez vu les intempéries ces derniers temps ?
06:52Les dizaines de millions...
06:54Vous reprenez l'expression de Michel Barnier.
06:56Oui, parce que je partage la même vision que Michel Barnier sur le sujet.
07:00Et que de ne pas mettre les moyens en matière de transition écologique,
07:05avec le réchauffement climatique,
07:07avec les épisodes orageux qui seront de plus en plus nombreux,
07:10avec les périodes caniculaires qui seront de plus en plus nombreuses,
07:14aujourd'hui, ne pas faire distinctement le choix
07:19sur ce qui doit être économisé en termes de dépenses
07:22et ce qui doit être investi pour notre avenir,
07:25pour protéger les générations de demain face à tous ces épisodes,
07:30serait grave.
07:31Et je suis heureux de voir que dans cette discussion budgétaire,
07:34Catherine Vautrin nous a confirmé
07:37que là où l'Île-de-France avait le droit de bénéficier
07:40d'un versement mobilité transport allant jusqu'à 3,2 %,
07:44de contribution des entreprises,
07:46là où la province n'avait 3,4, 2%,
07:49alors qu'on a à construire des lignes de tramway,
07:51des lignes de transport qui soient totalement décarbonées
07:54et qui contribuent à la transition écologique,
07:58celle-ci soit prête à faire un effort qui aille jusqu'à 2,5%.
08:03Donc, on a un débat budgétaire qui est intéressant.
08:06Si les élus ne sont pas d'accord de se mettre d'accord entre eux,
08:09naturellement, le 49-3 sera nécessaire.
08:12Christian Estrosi, invité de la grande interview CNews Europe 1.
08:16Le député France Insoumise, Andy Kerbrat, on en parle beaucoup,
08:19il a été arrêté par la police en pleine transaction de drogue.
08:22Il achetait de la drogue. Est-ce qu'il doit démissionner ?
08:25Naturellement.
08:26Comment peut-on concevoir que ceux qui ont à faire la loi,
08:31ceux qui ont à se montrer exemplaires en matière de droits et de devoirs
08:35dans les lois de la République,
08:39puissent encore avoir un droit d'exercer ?
08:42Aujourd'hui, ce qui génère le plus d'insécurité,
08:46qui contribue le plus aux filières de développement
08:49de l'immigration clandestine dans notre pays,
08:52ce sont les filières du narcotrafic pour lesquelles je réclame
08:56que ce soit une grande cause nationale.
08:59Dans mon département, 70% de la filière du narcotrafic est tunisienne
09:07avec des conséquences importantes.
09:10Dans ce domaine, j'ai d'ailleurs fait des propositions
09:13pour que dans les points de deal où il y a des quartiers
09:17qui sont aujourd'hui en dehors des mains de la République,
09:20il y en a en Ile-de-France, il y en a dans la région lyonnaise,
09:24il y en a à Nantes, il y en a à Toulouse,
09:26nous avons quelques points dans notre département,
09:29il y en a à Marseille naturellement,
09:31la force sentinelle, l'armée puisse intervenir,
09:34que nous ayons, et je me réjouis de voir...
09:37Comment l'armée interviendrait ?
09:39On considère, quand on a créé la force sentinelle,
09:43que c'était pour lutter contre le terrorisme.
09:47Mais le narcotrafic est une forme de terrorisme
09:50où naturellement, les conséquences en termes d'insécurité
09:56risquent d'être majeures et peuvent même dans certains quartiers
09:59déclencher des formes de guerre civile.
10:02Donc on peut demander très concrètement
10:04que les militaires sentinelles, qu'on connaît tous dans les grandes villes,
10:08aillent dans les cités.
10:09Viennent en appui à la police nationale,
10:11viennent en appui aux magistrats et à la police judiciaire,
10:14viennent en appui à la gendarmerie.
10:16Mais viennent patrouiller dans les quartiers
10:18où gangrénés par le trafic de drogue.
10:20Mais à partir du moment où on sait qu'il y a un point d'île,
10:23moi j'ai eu un point d'île où nous avons eu un drame,
10:27puisqu'une famille avec des parents et des enfants,
10:30pour sept d'entre eux, ont été atteints par un incendie
10:35et y ont laissé leur vie alors qu'ils n'étaient que des victimes collatérales
10:39d'un règlement de compte à un autre étage de cet immeuble.
10:42Et le lendemain, il n'y avait plus personne.
10:45Alors que M. Attal et M. Darmanin étaient venus la veille sur le terrain...
10:48Donc vous demandez ce matin sur scène aux Européens que l'armée...
10:51Il y aurait eu sur ce point l'armée qui aurait été présente dès le lendemain matin.
10:56Le point d'île ne se serait pas réinstallé.
10:58Je me réjouis de voir que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
11:02ait proposé qu'il y ait un parquet national anti-stupéfiants,
11:07à l'image du parquet national anti-terroriste.
11:10On voit bien qu'on est sur des choses qui, parallèlement, vont un peu de pair.
11:15C'est une proposition que je fais depuis longtemps.
11:17Il la reprend à son compte aujourd'hui.
11:19Je m'en réjouis. Je veux qu'on tape le consommateur.
11:22Plus de consommateurs, plus de trafic de drogue.
11:26Et ce député de LFI est bien un consommateur avec toutes les conséquences
11:30que ça peut avoir à la clé en termes de vie humaine.
11:34Dès qu'on est au volant d'une voiture et qu'on a consommé de la drogue,
11:39on est un danger mortel.
11:41On l'a vu avec Pierre Palmade sur un autre sujet.
11:45Que les guetteurs, qui sont souvent des mineurs,
11:48qui touchent jusqu'à 2 000 ou 3 000 balles par mois
11:51de la part des filières de grands trafiquants,
11:54puissent être lourdement condamnés, y compris s'ils sont mineurs,
11:58et qu'on fasse sauter l'excuse de minorité à leur égard.
12:01Et puis enfin, comme je le pratique moi,
12:04couper tout simplement les allocations familiales
12:08aux familles dont un des membres est un trafiquant de drogue.
12:13Nous sommes en train de regarder avec le procureur de la République
12:17et la Caisse d'Allocations Familiales comment passer des accords.
12:20Tout comme expulser d'un logement social
12:23une famille dont un de ses membres est concerné.
12:26J'ai déjà 150 familles qui ont été expulsées
12:29dans mon parc de logements sociaux depuis près de deux ans,
12:33où nous avons la justice qui nous accompagne.
12:36Et les voisins vous disent quoi ? Vous disent on a retrouvé la paix ?
12:40Et les voisins nous disent, enfin dans notre cage escalier,
12:43nous retrouvons la tranquillité.
12:45Je dis que nous ne devons pas avoir la main faible sur un sujet comme celui-là.
12:49Et lorsque je vois Madame Sandrine Rousseau
12:52qui vient ce matin au secours de ce député LFI
12:56en disant qu'il faut changer notre regard sur les consommateurs,
13:01ce sont des malades, il faut les traiter.
13:04Ce sont des malades, ok, mais il faut leur enlever toute responsabilité publique
13:07parce que ce sont des dangers publics, tout simplement.
13:11On voit les conséquences sur les violences conjugales,
13:16sur ceux qui représentent un danger au volant d'un véhicule de manière durable,
13:23et la chaîne est longue de tout ce qu'il pose comme danger dans notre société.
13:28Christian Estrosi, maire de Nice, avec nous ce matin sur CNews et sur Europe 1.
13:32Une députée propose l'autorisation en France du contact tactique,
13:37c'est-à-dire quand il y a un refus d'obtempérer que la voiture de police,
13:40comme ce qui se fait en Grande-Bretagne, ait le droit de faire chuter le deux-roues,
13:44donc la moto ou le scooter. Est-ce que vous êtes favorable ou pas à cette autorisation ?
13:49Nous n'avons même pas besoin de cela puisque ma police municipale
13:52utilise depuis une quinzaine de jours un instrument extrêmement facile à utiliser
13:58qui s'appelle le stick-and-stop,
14:02c'est-à-dire un espèce de harceau que vous lancez sur la chaussée
14:06et qui arrête automatiquement et qui crève les pneus,
14:10mais qui ne les crève pas brutalement,
14:12qui les amène à se dégonfler progressivement.
14:15Alors là, en l'occurrence, c'est lors d'un refus d'obtempérer.
14:19Désolé de vous couper, mais c'est quand une voiture de police est derrière la moto.
14:25D'abord, porter danger à une vie humaine quelle qu'elle soit,
14:31y compris celle d'un délinquant, c'est toujours un sujet moral
14:35où il faut être assez équilibré.
14:38Celui qui refuse d'obtempérer lorsqu'il y a un policier ou un gendarme au lieu de la chaussée,
14:44parce que jusqu'à présent, j'ai eu un gendarme qui chez moi a perdu la vie
14:49à cause d'un refus d'obtempérer,
14:52c'est une chose.
14:54Amener celui qui se comporte en refus d'obtempérer
14:59à avoir des pneus qui se dégonflent progressivement
15:02sans provoquer d'accident sur la chaussée jusqu'à ce qu'il soit immobilisé,
15:07me semble une manière plus raisonnable.
15:10Nous avons mis cela au point, nous en avons fait la démonstration
15:13avec toute l'efficacité nécessaire et naturellement, au bout du compte,
15:17la police n'a plus qu'à le recueillir et à le neutraliser.
15:20Merci beaucoup Christian Estrosi, maire de Nice,
15:23vice-président d'Horizon d'être venu ce matin sur CNews et sur Europe.
15:27Bonne journée à vous, bonjour au Niçois.
15:29Merci beaucoup.

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