Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres
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00:00Vous êtes venu ce matin, sur CNews et Europe 1,
00:03pour faire une annonce et parler du téléphone à l'école.
00:07Parmi vos chantiers, il y a l'interdiction des téléphones à l'école.
00:11Ce combat est essentiel à vos yeux ?
00:13Il faut vraiment que tout le monde comprenne de quoi il s'agit.
00:16Aujourd'hui, l'addiction au téléphone portable chez nos jeunes
00:19est une catastrophe éducative et sanitaire.
00:23Éducative parce qu'on a aujourd'hui un effondrement de l'attention
00:26chez nos jeunes, marqué par une crise de la lecture,
00:28une crise du langage, une crise de la pensée,
00:31et aussi une crise sanitaire, j'insiste là-dessus,
00:33avec le développement de vrais problèmes de santé mentale chez nos jeunes.
00:36On a un jeune sur deux dans ce pays qui se dit anxieux
00:38quand il n'a pas son téléphone à côté de lui.
00:40Donc, il faut qu'on ait le courage de dire les choses.
00:42Le portable est nocif pour nos jeunes,
00:44et la responsabilité de l'école,
00:45c'est d'être un lieu de désintoxication numérique.
00:47Alors, dans la loi, cette interdiction est effective depuis 2018.
00:51Ça ne s'applique pas ?
00:54Vous vous rendez compte de ce qu'on venait de dire ?
00:56On a une loi qui est votée depuis six ans et qui n'est toujours pas en oeuvre.
01:00On est dans un pays de fous.
01:01Pourquoi ?
01:02Par manque de volonté politique, je le dis,
01:03parce qu'on a eu peur d'aller jusqu'au bout.
01:06Et il faut qu'on assume, aujourd'hui,
01:08d'avoir cet acte de protection et de préservation de nos jeunes.
01:10C'est absolument fondamental.
01:12Parce que ne pas protéger nos jeunes,
01:14c'est les laisser en proie face à des phénomènes de harcèlement scolaire,
01:17face à des logiques d'isolement,
01:19alors que l'école est censée être le lieu de l'ouverture, par définition,
01:22le lieu de la rencontre avec l'autre,
01:23et puis les laisser aussi dans une logique d'enfermement,
01:26le téléphone portable crée des murs entre les élèves et les enseignants.
01:30Peur, ça n'a pas été fait parce que... Peur de quoi ?
01:32Peur d'affronter qui ? Les professeurs, les élèves, les parents ?
01:35On est, avec le téléphone portable, face à un défi éducatif
01:38qui est l'un des plus grands qu'on ait connus des dernières décennies.
01:41Et donc, forcément, il y a beaucoup de questions qui se posent sur comment faire,
01:43jusqu'où on peut aller, est-ce qu'on aura le soutien des parents dans cette démarche ?
01:47Et ce que je vois dans les établissements qui l'ont testé,
01:49c'est qu'on peut arriver à lever ces difficultés
01:51dès lors qu'il y a le soutien politique.
01:53Donc, concrètement, qu'est-ce qui va changer avec vous ?
01:56On vient de faire le constat, depuis 2018, c'est dans les textes,
01:59et ça n'est pas appliqué. Qu'est-ce qui va se passer ?
02:01Qu'est-ce qui va changer avec Alexandre Portier
02:04au ministère de la réussite scolaire ?
02:06Ça fait un mois que je suis ministre, la loi est votée depuis six ans,
02:10donc il y a un immense chantier pour arriver à la mettre en œuvre.
02:13Ce que je souhaite, c'est vraiment qu'on soit d'arrache-pied sur le dossier,
02:16parce que j'en fais une priorité.
02:17Il ne peut pas y avoir de réussite scolaire, il faut bien qu'on le comprenne,
02:19si on n'arrive pas à créer un climat scolaire
02:22totalement dédié aux apprentissages.
02:24Et on a aujourd'hui 200 établissements en France
02:26qui testent des solutions qui sont très différentes
02:28et qui montrent qu'on peut y arriver.
02:30Alors, qu'est-ce qui pourrait changer ?
02:31Qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place ?
02:33Comment ça se passe dans les établissements
02:36où il y a l'interdiction effective ?
02:38Il y a plusieurs types de solutions qui ont été testées,
02:40et c'est ça qui est intéressant, il faut écouter le terrain.
02:43Je suis très attaché.
02:44On a des solutions qui passent par la mise en place du casier,
02:46des solutions qui passent par la mise en place, tout simplement,
02:49de pochettes plastiques.
02:51Et puis, certains établissements font appliquer la sanction.
02:54Et ces trois solutions produisent des résultats.
02:56Mais tout n'est pas qu'une question de normes administratives, de décrets,
03:00c'est d'abord une question de cap.
03:02Et je vois bien qu'en cette rentrée,
03:04on a beaucoup d'établissements qui se demandaient jusqu'où on allait en la matière.
03:08Moi, je le dis très clairement, il faut qu'on aille jusqu'au bout
03:10et qu'on puisse mettre en oeuvre cette interdiction au plus tôt.
03:12Quelles sont vos remontées de terrain ?
03:15C'est-à-dire qu'on voit des élèves avec un téléphone portable
03:17à partir de quel âge, en quelle classe ?
03:20Pendant longtemps, on envoyait au lycée, puis petit à petit au collège,
03:23avec notamment un palier important à l'entrée en sixième,
03:25quand on a un peu plus de temps de transport à faire, etc.
03:29On envoie maintenant à l'école primaire.
03:30Et donc, l'interdiction qu'on doit mettre en oeuvre,
03:32celle qui est inscrite dans la loi,
03:33elle porte sur l'école primaire, sur le collège,
03:36et c'est un chantier immense.
03:37Et le grand palier qu'on doit accomplir,
03:39c'est qu'on ait plus de jeunes demain qui passent en sixième
03:41avec cette habitude du téléphone,
03:43qu'on arrive à les recentrer sur les apprentissages,
03:45sur le lien avec l'enseignant,
03:47qui est le geste pédagogique par excellence.
03:49J'ai un clin d'œil ce matin pour tous les enseignants de France
03:51qui y travaillent dur.
03:53Et puis, évidemment, arriver à les recentrer sur la relation à l'autre,
03:56parce que quand on va à l'école,
03:57c'est aussi pour rencontrer des camarades,
03:59pour taper le ballon dans la cour d'école,
04:01pour arriver à des échanges sur tout ce qui se passe à cet âge-là.
04:04Évidemment. Donc, si je vous suis,
04:07si d'un coup de baguette magique,
04:08vous pouviez interdire le portable à l'école,
04:10il serait interdit dès qu'on franchit la grille
04:13du lycée, du collège, de l'école primaire.
04:15Même dans la cour de récréation.
04:17Je vais vous prendre un exemple sur ce qui a été mis en place,
04:19par exemple, dans un collège du Rhône.
04:21Très concrètement, on a l'établissement
04:23qui a acquis des pochets de plastique,
04:25qui récupère le matin, avec les surveillants,
04:27les téléphones portables,
04:28et les élèves ne l'ont pas pendant la journée,
04:30ils les récupèrent à la sortie.
04:32Ça permet aux jeunes d'être totalement investis
04:33dans ce temps d'apprentissage qui est absolument nécessaire.
04:36Donc, à partir de quand vous allez, entre guillemets,
04:38et quelle va être votre méthode ?
04:39Et à partir de quand vous allez mettre la pression
04:42sur les proviseurs, les directeurs d'école
04:44pour qu'ils soient sensibilisés à votre combat ?
04:49Pour la pause numérique ?
04:50Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse y aller le plus tôt possible,
04:52parce qu'il y a une urgence nationale.
04:54On parle de la santé de nos jeunes.
04:55C'est une mission sous laquelle on n'a pas le droit de faillir.
04:57Et qu'on y aille le plus tôt possible,
04:59en étant le plus pragmatique possible.
05:02Il y a des solutions à mettre en place.
05:04Il y a aussi des questions auxquelles il faut répondre,
05:06pour les enseignants.
05:08Il y a des interrogations, il y a des doutes.
05:10Tous ceux qui l'ont testé nous font des bons retours.
05:12Il faut que cette parole-là, on puisse la mettre sur la table,
05:14la partager.
05:15Et comme beaucoup de Français,
05:17je ne comprendrai pas qu'on ne soit pas en mesure
05:18de la mettre en œuvre au plus tard, à la rentrée scolaire 2025.