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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pascale de la Tour du Pin pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Il est 19h46 et on continue de parler du trafic de drogue.
00:08Les chiffres sont absolument terribles.
00:09On les évoquait avec Jules Torres tout à l'heure d'après les chiffres du JDD
00:13qui dévoile en exclusivité le bilan de la police judiciaire pour le premier semestre.
00:17182 homicides et tentatives d'homicides recensées en France
00:21sur les 6 premiers mois de l'année.
00:23Bruno Retailleau a pris la parole.
00:25Il a eu effectivement des mots sévères.
00:27Alors vous me direz, oui, les autres ministres de l'Intérieur en avaient eu aussi.
00:30Pas aussi fort.
00:31Pas aussi fort, on est d'accord quand même Jules Torres.
00:33Je disais que c'était très fort.
00:34Bon, le jouant a le goût du sang, il faut arrêter la banalisation.
00:36Il veut un arsenal législatif.
00:38Les narco-enclaves, les narco-racailles.
00:41Les narco-racailles, la mexicanisation de la France.
00:44Mais le ministre de l'Intérieur qui veut taper au portefeuille des consommateurs.
00:48Les trafiquants n'ont plus de limites.
00:50Il demande à tous les services de l'État de se mobiliser, Jules Torres.
00:53Tout ça est très bien, mais tant qu'on n'aura pas réglé la mer des batailles
00:57qui est le sujet migratoire, on n'aura rien réglé.
00:59Ah oui, alors expliquez aux auditeurs d'Europe 1 le lien s'il vous plaît.
01:02La vérité aujourd'hui, c'est que les réseaux criminels exploitent les flux migratoires
01:06pour faire passer leurs drogues.
01:09Aujourd'hui, on sait très bien qu'une partie des jeunes,
01:13on parle souvent des jeunes, mais la plupart du temps,
01:15ce sont des jeunes immigrés qui sont utilisés comme chair à canon
01:18pour les trafiquants de drogue, que ce soit pour les chouffes,
01:22que ce soit pour faire passer de la drogue,
01:24ou que ce soit pour aller tuer une bande rivale.
01:27On sait très bien que la chair à canon qui est utilisée par les trafiquants de drogue,
01:30ce sont des jeunes.
01:32Mais par exemple, les trois grands groupes de drogue,
01:35mafias de drogue à Marseille, elles s'appellent comment ?
01:38La première, c'est la Dezen Mafia.
01:40La Dezen Mafia, c'est donc une mafia algérienne.
01:42La deuxième, c'est Yoda.
01:44Il se revendique du Maroc, donc c'est des Marocains.
01:46Et le troisième, c'est le gang des blacks.
01:48Et ça, on est plutôt sur des gangs qui proviennent de pays d'Afrique noire.
01:51Donc on voit bien qu'il y a un problème migratoire.
01:53On voit bien qu'il y a un problème migratoire aussi,
01:55dans le sens où les conteneurs qui arrivent,
01:57par exemple au bord du Havre.
01:59Je suis très naïve, je suis sûre qu'il y a des auditeurs d'Europe 1 qui se posent la question.
02:02Est-ce que vous savez combien de conteneurs au Havre par jour sont examinés ?
02:06Alors ça, j'aimerais bien savoir, dites-moi.
02:08En pourcentage, 2%.
02:10C'est-à-dire que ça y va franchement ?
02:12Il y a 2% des conteneurs qui sont ouverts
02:15et qui sont examinés par les policiers.
02:17Donc évidemment qu'à un moment donné,
02:19on ne peut plus se permettre ça.
02:22On parle souvent de trous dans la raquette,
02:24mais là je ne sais pas si on a des filets dans cette raquette.
02:26J'entendais ce matin, il y a des ports,
02:28notamment au CET, qui était quand même le deuxième port de Méditerranée,
02:30pour la France aujourd'hui, où il n'y a pas de scanner
02:32pour examiner les conteneurs.
02:34Donc ça en dit long quand même sur le dénuement
02:36qui est le nôtre pour lutter face à ce trafic.
02:39Mais pour rebondir sur ce que disait Jules,
02:41sur la question migratoire, c'est vrai que
02:43Retailleau est attendu à la fois sur la question migratoire
02:45et sur la question de la sécurité, évidemment,
02:47puisque l'opinion publique, non sans raison,
02:49fait un lien malgré tout entre le phénomène migratoire
02:51et la question de la sécurité.
02:53La réalité, c'est, est-ce qu'il a les moyens,
02:55encore une fois, en politique, de mener
02:57la politique qu'il veut mener sur le plan migratoire ?
02:59Je crois que personne ne nie,
03:01j'allais dire,
03:03la bonne volonté du ministre de l'Intérieur.
03:05Tout le monde lui accorde un crédit.
03:07Parce que si vous voulez, à la différence de ses prédécesseurs,
03:09c'est qu'au moins, il a toujours été constant
03:11dans sa communication et dans son expression
03:13et dans ses convictions, surtout.
03:15C'est ça qui est le plus important.
03:17On peut considérer qu'en effet, Bruno Ruettailleau,
03:19qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, c'est un nombre de convictions.
03:21Donc ça, on ne peut pas en douter.
03:23Après, le problème, on peut être un nombre de convictions,
03:25mais si on n'a pas les moyens de mettre en œuvre,
03:27j'allais dire, pratiquement, concrètement,
03:29ces convictions, ça va être difficile.
03:31Sur le plan migratoire, il a deux sujets majeurs.
03:33C'est que si vous voulez...
03:35Oui, c'est vrai, il l'a fait avec les charters.
03:37Ils appellent ça des vols groupés.
03:39C'est le retour du charter.
03:41Vous avez complètement raison.
03:43Mais bien sûr.
03:45C'est quoi les charters en son temps,
03:47lorsqu'il était ministre de l'Intérieur ?
03:49Les vols groupés, pardon, excusez-moi.
03:51Si vous voulez, les mesures doivent être
03:53beaucoup plus larges.
03:55Pour se faire, il faut qu'il arrive juridiquement
03:57à desserrer les taux.
03:59Et le problème, c'est qu'on sait très bien
04:01qu'une reprise en main de la politique migratoire
04:03ne peut passer que par une modification
04:05de notre ordre constitutionnel.
04:07Et ça, il ne peut pas le faire. Malheureusement,
04:09il ne peut pas le faire pour lui aujourd'hui.
04:11Il n'a pas les moyens de le faire. Il n'a pas les moyens politiques.
04:13À l'intérieur de son gouvernement,
04:15à l'intérieur de l'alliance politique
04:17dont il est malgré tout dépendant
04:19et dont il est tributaire,
04:21je ne suis pas sûr que tout le monde soit d'accord sur cette ligne.
04:23Certes, il a promis
04:25de présenter un texte de loi
04:27premier trimestre
04:292025 sur l'immigration.
04:31On verra ce qu'il en est.
04:33D'autant plus qu'en plus, le risque,
04:35c'est qu'un certain nombre de dispositions
04:37soient ensuite censurées par le Conseil constitutionnel.
04:39Il y a aussi cette épée de Damoclès.
04:41Moi, je le trouve assez agile, Bruno Rotaillot,
04:43notamment sur ce sujet
04:45de l'immigration. C'est qu'il n'a pas
04:47menti aux Français. Il a dit directement aux Français
04:49« Moi, je pense que pour régler ce problème
04:51migratoire, il faut une réforme de la
04:53constitution. Il faut un grand référendum.
04:55Mais malheureusement, je n'ai rien aujourd'hui
04:57qui me permette
04:59d'aller vers ça. Donc, je vais avancer vers la voie
05:01réglementaire. C'est ces affaires de circulaire.
05:03C'est les coups de pression
05:05au préfet pour notamment les
05:07expulsions des étrangers délinquants.
05:09Et puis, il y a l'aspect législatif.
05:11Ça, en effet, ça arrivera au début de l'année
05:132025. Et qu'est-ce qu'il va faire, Bruno Rotaillot ?
05:15Il va faire une transposition du pacte asile-immigration
05:17qui a été voté au Parlement européen
05:19il y a quelques mois. Et il va essayer de
05:21faire revenir les
05:23éléments de la loi immigration votée par
05:25Gérald Darmanin. Vous savez qu'il avait été retoqué
05:27par le Conseil constitutionnel. Il y avait 36 articles
05:29qui avaient été retoqués.
05:31Et là, ça va être très difficile.
05:33Je suis moyennement d'accord avec Arnaud.
05:35Ça va être très difficile pour les macronistes de nous dire
05:37qu'on va voter contre parce que
05:39ce n'est pas le bon moment pour une loi immigration.
05:41Sauf que c'est deux lois, le pacte asile-immigration
05:43et la loi immigration qui étaient sorties
05:45de la commission exparitaire en décembre dernier
05:47qui ont été votées par les macronistes,
05:49qui ont été votées par Elisabeth Borne,
05:51qui ont été votées par Gabriel Attal. Donc, bon courage à eux
05:53pour dire aux Français
05:55le délit de séjour irrégulier, vous êtes 80% à être
05:57d'accord, on ne va pas voter pour parce que ce n'est pas
05:59le moment. Le retour
06:01des peines planchers, ce n'est pas le moment alors que tous les Français sont
06:03d'accord. Je pense qu'il a raison
06:05de prendre l'opinion à témoin sur tous ces sujets-là.
06:0775% à 80% des Français
06:09sont aujourd'hui d'accord avec les propositions qui sont
06:11formulées par Bruno Rottayo et je pense
06:13que voilà, on assistera à un spectacle
06:15politique, un théâtre politique s'il n'y arrive pas.
06:17Bon, ça on suivra effectivement sur
06:19l'arsenal législatif qu'il demande
06:21et qu'il peut obtenir ou pas,
06:23c'est ce que vous nous dites. Je voudrais juste qu'on dise un mot
06:25quand même sur ces villes moyennes qui sont
06:27engrainées par le trafic de drogue. Jean-Christophe Couville,
06:29secrétaire national du syndicat de police
06:31Unité. Est-ce que vous pouvez
06:33nous expliquer cette explosion dans ces villes moyennes ?
06:35Pardon, mais Poitiers, c'est 90 000
06:37habitants. Je regardais aussi les chiffres
06:39du JDD qui faisait le palmarès
06:41des villes engrainées par le
06:43narcotrafic, en tout cas sur l'année 2023 qui était
06:45une année record. Sans surprise, Marseille arrive en tête
06:47en deuxième position d'avalanche.
06:4964 000 habitants ! On a aussi
06:51Avignon qui est référent. C'est 90 000 habitants.
06:53Expliquez-nous.
06:55Ça va au-delà d'une question de géographie,
06:57je pense, Jean-Christophe Couville.
06:59Oui, alors en fait, c'est
07:01plusieurs facteurs. Le premier facteur, déjà,
07:03effectivement, il y a certains quartiers
07:05dans les villes moyennes où maintenant, on a redistribué
07:07la pauvreté. Il faut le dire aussi,
07:09il y a des quartiers où on met des gens fragiles,
07:11des gens pauvres, un peu paumés entre eux.
07:13Et donc, du coup,
07:15il n'y a pas forcément l'accès à l'emploi.
07:17Il faut former cette jeunesse.
07:19Mais ça a toujours existé, ça, Jean-Christophe Couville. C'est terrible.
07:21Mais qu'est-ce qui se passe, là, maintenant ?
07:23Aujourd'hui, que les villes moyennes soient engrainées
07:25par le trafic de drogue.
07:27Vous mettez ces quartiers-là,
07:29vous baissez le nombre de fonctionnaires de police.
07:31Depuis Sarkozy, je suis désolé,
07:33on avait perdu 13 000 policiers.
07:35Un policier sur deux qui partait à la retraite n'était pas remplacé.
07:37Ça nous a fait énormément de mal.
07:39Parce qu'encore une fois, il faut voir ça sur le terme long.
07:41On a fermé des écoles de police.
07:43Puis après, il a fallu refermer
07:45des écoles de police, etc.
07:47Ça prend du temps. Il faut
07:49remplacer les policiers qui partent à la retraite
07:51et créer des nouveaux postes. Comme je vous dis aujourd'hui,
07:53on ne peut en former que 4 000 par an, point final.
07:55Donc, en fait, si vous avez une balance négative,
07:57vous pouvez à peine remplacer
07:59les policiers qui partent.
08:01Donc ça, on a eu déjà un gros coup.
08:03La population française augmente, mais pas le nombre
08:05de policiers. C'est ça qui est terrible, en fait.
08:07Et donc, en fait, on ne suit pas cette croissance.
08:09Et après, l'éclatement, j'allais dire,
08:11des frontières a fait que,
08:13dans l'Europe, il n'y a pas que le marché
08:15économique classique.
08:17Le marché de la drogue aussi, ma foi,
08:19a été facilité.
08:21Ce n'étaient plus les grandes familles qui tenaient
08:23les réseaux, mais des petits réseaux entre eux qui allaient directement
08:25se servir dans d'autres pays, d'autres filières.
08:27Vous ajoutez à ça aussi les progrès
08:29techniques et technologiques qui fait que
08:31maintenant, là où il y avait du hachis, une fois par
08:33an sur une récolte, maintenant, on peut en produire
08:35deux ou trois récoltes par an.
08:37Enfin, tout ça fait qu'à un moment donné, les prix baissent.
08:39Vous inondez le marché. Et effectivement,
08:41ce n'est pas que la France. C'est toute l'Europe
08:43et c'est le monde entier qui est,
08:45j'allais dire, c'est le péril blanc, entre guillemets.
08:47Voilà, la cocaïne, les nouvelles
08:49drogues chimiques. Et tout ça, effectivement,
08:51on a une société, nous, qui malheureusement
08:53consomme beaucoup. Voilà.
08:55Beaucoup trop. Et donc, c'est là-dessus qu'il va falloir
08:57aussi s'il y a une question de santé publique
08:59parce que ce sont nos gamins, aujourd'hui,
09:01qui sont menacés par ça. Et tout dépend de notre société.
09:03Vous avez raison, Jean-Christophe Rouvy. Vous avez raison.
09:05Le secrétaire national du syndicat de Police Unité et
09:07le ministre de l'Intérieur veut taper au portefeuille aussi
09:09des consommateurs.
09:11Ça va peut-être faire bouger les lignes. Merci beaucoup, en tout cas.
09:13Jules Torres, filez...
09:15Vous filez où, là ?
09:17Je vais chez l'ami Eliott Deval. Mais si Adrien
09:19Bagé me le permet, je reviendrai très vite chez vous.
09:21Je vous remercie infiniment. Je vous attends ce week-end.
09:23Arnaud Benedetti, je vous revois bientôt, aussi.
09:25Merci. Avec plaisir.
09:27Dans un instant, vous restez avec nous.
09:29Olivier d'Artigolle va nous rejoindre dans ce studio.
09:31Vincent Roy, également.
09:33Et puis, je recevrai Alain Knoll.
09:35C'est le fils de Mireille Knoll,
09:37cofondateur de l'association qui porte le nom
09:39de sa mère.
09:41Les circonstances sont assez terribles puisque des tags
09:43antisémites ont été retrouvés dans
09:45l'immeuble
09:47de sa mère, là où elle a
09:49été assassinée dans des conditions sauvages parce qu'elle
09:51était juive. Il sera là.
09:53Et il va réagir à l'actualité. Vous allez voir qu'il a des
09:55mots assez durs et assez sévères pour Emmanuel
09:57Macron. Tout de suite.

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