Agent tué à Grenoble, fait isolé ou de société ?

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Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcript
00:00Tout à l'heure mais d'abord je voudrais qu'on s'arrête sur ce fait, ce nouveau drame
00:04aujourd'hui, ce nouveau drame. Un employé municipal, il est 7h30 du matin, on est près de l'hôtel de ville à Grenoble. Un employé municipal
00:11intervient après un accident de la circulation, il intervient pour deux choses, le maire l'a précisé, pour porter secours
00:18à l'auteur de l'accident de la route et pour l'empêcher de fuir parce que cet homme prend la fuite
00:24sort une arme à feu et lui tire deux balles dans le thorax.
00:28L'homme est décédé à la mi-journée. Évidemment d'abord
00:33on est choqué, l'homme est toujours en fuite à l'heure où nous parlons
00:36donc nous avons très peu de détails évidemment sur son profil parce que les forces de police sont en train de faire leur travail
00:41en ce moment pour remonter sa piste et interpeller
00:46cet homme. Mais d'abord on est choqué par le fait d'abord
00:50qu'un homme ait une arme à feu et puisse dégainer une arme à feu
00:56après un conflit de la route. Georges Fenech, d'abord juste sur l'état et sur cette nouvelle affaire.
01:03Moi je constate malheureusement avec beaucoup de tristesse qu'une fois de plus un représentant
01:09un représentant de l'autorité est lâchement abattu volontairement.
01:15On a tous en mémoire bien sûr ce qui s'est passé
01:17avec tout récemment le gendarme Comines et puis on se souvient également de
01:24l'assassinat de deux agents de la pénitentiaire
01:26et des policiers. Donc tout ce qui représente de près ou de loin l'uniforme, l'autorité
01:32Un agent de la mairie ça représente l'autorité selon vous Georges Fenech ?
01:35Oui, un agent municipal c'est un représentant de l'autorité bien sûr
01:39il est d'ailleurs parmi les personnes protégées dans la loi puisque l'auteur d'un meurtre sur une personne dépositaire d'autorité publique
01:46et prévoit des peines de réclusion criminelle à perpétuité.
01:50Alors je vous disais tout à l'heure moi ce qui m'a choqué dans l'intervention...
01:54On va écouter les mots d'Éric Piolle mais d'abord on va écouter les mots d'Éric Piolle.
01:57Oui écoutons-les d'abord si vous voulez bien.
01:59Parce qu'on va en parler après. Nathan Devers, c'est juste effectivement ce nouveau drame, ce nouveau
02:06terrible fait divers en accident de la route qui dégénère et cet homme qui sort une arme à feu
02:12Est-ce que ça dit quelque chose de notre société ou est-ce que vous estimez que c'est plutôt un acte isolé ?
02:18Alors d'abord c'est un drame comme vous l'avez dit absolument terrible.
02:22On pense à cet agent qui travaillait pour le service public, qui travaillait pour sa municipalité, qui travaillait pour l'intérêt général
02:29qui se fait tuer absolument sans aucune raison
02:32par quelqu'un manifestement d'irresponsable et c'est un drame absolu.
02:36Ensuite pour répondre très précisément à votre question je pense qu'il faut avoir beaucoup de prudence
02:40à savoir j'aime pas l'expression de faits divers
02:43même si c'est celle qui est consacrée dans le monde médiatique mais parce que ça donne l'impression
02:46d'une forme de relativisation ou de froideur quand on dit c'est juste un fait divers. Je parlerais plutôt de faits tragiques
02:52mais il y a me semble-t-il une forme de danger à prendre des faits tragiques
02:57et par nature il en survient à peu près tous les jours ou en tout cas toutes les semaines en France
03:01pour en faire ensuite des inférences sur l'état global de la société française.
03:04Il me semble que si on veut réfléchir sur la question de l'insécurité en France il faut pas qu'il y ait de tabou
03:09il faut qu'on puisse en discuter, faire un débat là-dessus, réfléchir et poser toutes les questions qu'il faut
03:15mais il faut le faire à la lumière des statistiques annuelles parce que si vous voulez des faits tragiques
03:19imaginons que l'insécurité soit multipliée par deux ou divisée par deux
03:22ça ne changera rien quant à la perception, à l'émotion et à l'indignation que suscitent les faits tragiques.
03:28Donc il y a me semble-t-il un biais de perspective, un biais de raisonnement qui doit être interrogé là-dessus.
03:34Alors vous avez raison Nathan Bever, c'est votre sentiment de ne pas faire une généralité
03:38mais si je pose la question c'est qu'Éric Piolle a tenu une conférence de presse
03:42aux alentours de 17h, Éric Piolle c'est le maire écologiste de Grenoble et que dit-il en substance
03:48que tout le monde peut prendre une balle perdue ?
03:52C'est la conséquence d'une diffusion des armes à feu
03:56là il n'a pas tiré sur un dealer, il a tiré sur quelqu'un qui est venu lui porter secours.
04:00Nous savons que personne n'est à l'abri d'une balle perdue
04:04et c'est notre peur quotidienne dans les règlements de comptes, il y a évidemment
04:08personne ne mérite de mourir, y compris pour le trafic de drogue, il faut que la justice passe
04:15mais c'est notre peur, vous avez vu ailleurs en France qu'il y a eu parfois dans ces règlements de comptes des balles perdues.
04:22Non mais alors écoutez, excusez-moi, je ne sais pas ce que pensent les auditeurs d'Europe 1
04:26mais quand j'ai entendu les mots d'Éric Piolle, personne n'est à l'abri de se prendre une balle perdue
04:32franchement ça me choque, moi je suis choqué par ce type de discours
04:36Vous qui êtes ancien juge d'instruction, Georges Fenech, que dites-vous ?
04:39Moi je me mets d'abord à la place de la famille, c'est un père de famille, 49 ans, avec deux enfants
04:45et quand ils entendent ce que vient de dire le maire, le premier magistrat de la ville
04:50à savoir que cet homme est mort, en plus il travaille pour lui, est mort d'une balle perdue
04:55mais ce n'était pas une balle perdue, ça existe les balles perdues, par exemple effectivement
04:59quand il y a des mitraillages par exemple à la Kalachnikov par des règlements de comptes
05:04et qu'il y a quelqu'un qui est là, qui n'y était pour rien, ça existe
05:08On se souvient à Marseille, une femme qui était à sa fenêtre, qui est morte dans sa chambre, d'une balle perdue
05:12mais là il ne s'agit pas d'une balle perdue, il s'agit d'un meurtre, d'un meurtre volontaire
05:18il a été tué par deux balles dans le thorax au moment où il essayait de faire arrêter que cette voiture s'arrête
05:25parce qu'il venait d'y avoir un accident, je ne comprends pas, je suis extrêmement choqué
05:32comme s'il voulait quelque part banaliser ce fait là, que c'est un fait purement
05:37quand on dit balle perdue ça veut dire que c'est un accident quoi, un accident, une balle qui passait par là
05:41non, cet homme, ce malheureux homme a été tué par des malfaiteurs chevronnés
05:47qui l'ont abattu pour pas qu'il interpelle ce véhicule
05:51Nathan Devers, un homme qui s'interpose, bon alors d'abord les mots d'Eric Piolle
05:57sur la balle perdue quand même, je voudrais entendre votre réaction, tout le monde peut se prendre une balle perdue
06:02c'est la faute de la diffusion des armes en France, attendez, c'est pas le Far West la France quand même, Nathan
06:07mais ce sont des mots qui sont absolument indignes pour la raison que Georges vient de dire
06:11à savoir que quand quelqu'un travaille pour vous, qu'il est agent municipal, que vous êtes maire de la même ville
06:15imaginez, mettons nous une seule seconde à la place des proches de l'individu qui est décédé
06:21vous entendez le maire, le patron de cet homme qui dit en gros c'était un accident, c'est absolument atroce
06:27mais Eric Piolle a raison, c'est-à-dire qu'aujourd'hui dans le cadre des règlements de comptes
06:33mais là c'était pas un règlement de comptes, mais là il parlait des règlements de comptes
06:37sur le fond, il n'a pas tort, ce qu'il faut bien voir c'est qu'aujourd'hui le trafic de drogue
06:42à Grenoble ou ailleurs, prend une telle ampleur qu'il se met à concurrencer l'État
06:46que dans un certain nombre de territoires on a des autorités mafieuses qui ont le pouvoir de la mafia
06:51qui pourrissent la vie des habitants des quartiers concernés
06:55et qui pourrissent la vie évidemment en générant une violence inouïe
06:59et en créant une situation où en effet personne n'est à l'abri, pas forcément d'une balle perdue
07:05mais en tout cas d'une situation où la vie des individus, la vie des citoyens est gâchée
07:10alors ça ne retire en rien le fait qu'Eric Piolle n'aurait pas dû dire ça sur le moment, c'était complètement décalé
07:15c'est quand même, il est en responsabilité, c'est le maire, ben oui mais bon Georges Fenech vous vous rendez compte
07:20heureusement que vous employez ce mot, c'est le mot que j'attendais mais qu'il n'est pas venu de la bouche de Nathan Devers
07:26Nathan Devers nous dit, il n'a pas tout à fait tort, mais il est surtout responsable dans sa vie
07:33on ne peut pas dire n'importe quoi
07:35vous parlez du trafic de stupéfiants, bien entendu que cette criminalité elle relève
07:40au principal de la police nationale et de la gendarmerie
07:43mais vous savez aujourd'hui il y a ce qu'on appelle un continuum de sécurité
07:49c'est-à-dire que la police municipale du maire est associée dans le cadre de ses attributions, dans le cadre d'une complémentarité
07:56à la sécurité dans la commune, ce que M. Piolle a du mal à comprendre et en tout cas à accepter, voyez-vous
08:05et donc souvenez-vous, moi je me souviens en 2020, la lettre assassine que lui avait adressée Gérald Darmanin
08:13après l'intervention de la police dans le quartier Mistral
08:16pour lui dire, mais qu'est-ce que vous attendez en gros, pour mettre de la vidéo-surveillance
08:21pour augmenter vos effectifs de police municipale, c'est pas son souci M. Piolle
08:25quand vous lui parlez de sécurité, il vous répond sécurité alimentaire, il vous répond sécurité climatique
08:31il est responsable de la situation, Georges Fenech
08:33la sécurité de la personne, physique et bien, c'est pas son souci premier, loin de là
08:37il en est responsable parce que c'est vrai que les faits délinquants sont exposés à Grenoble
08:40Comment expliquez-vous que Grenoble soit aujourd'hui la sixième ville la plus criminogène de France
08:48on est plus en danger à Grenoble qu'à Paris
08:51pourquoi ? Parce que c'est un contexte général d'un laissé-aller
08:55où il n'y a pas suffisamment effectivement de vidéoprotection, il n'y a même pas de centre de supervision
09:00de vidéoprotection digne de ce nom comme il s'existe à Nice par exemple
09:04vous avez à Grenoble, grosso modo, un policier municipal
09:08pour 1500 habitants, alors qu'à Nice, il y en a un pour 500 habitants
09:12vous voyez le rapport ?
09:14donc voilà, et puis vous avez un maire qui entretient un climat aussi de laxisme, de laissez-faire
09:19rappelez-vous, c'est lui qui était pour le burkini à la piscine
09:23c'est lui qui était pour le hijab pour les footballeuses
09:26il est trop permissif, il voulait désarmer les policiers aussi
09:29il a un prisme idéologique
09:30Eric Cuelles voulait désarmer les policiers également
09:32ils sont pas armés, la police municipale de Grenoble n'est pas armée
09:36on est obligé de se poser la question de sa responsabilité
09:40parce que quand même, imaginons, je ne sais pas le contexte précis
09:43le déroulement de ces faits
09:45mais peut-être que si ce policier municipal
09:47qui a un uniforme, donc il est une cible
09:49avait une arme, peut-être qu'il aurait pu
09:52riposter, en tout cas dissuader
09:54quelqu'un de lui tirer dessus, voyez-vous ?
09:56donc c'est un ensemble, on ne peut pas évacuer la responsabilité
10:00quelque part du premier magistrat de la ville

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