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Thierry Breton, ancien commissaire européen chargé du marché intérieur et des services, est l'invité de BFM Politique ce dimanche 3 novembre 2024.

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Transcription
00:00et j'ai assisté à des réunions pour lesquelles, croyez-moi, il a été peu amène auprès de l'OTAN,
00:05y compris en disant, si jamais vous ne payez pas, je me retire de l'OTAN.
00:08Donc, on sait qu'il est transactionnel, mais voyez-vous, pour être transactionnel,
00:13et j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure,
00:14eh bien encore faut-il qu'on soit en face fort,
00:18et qu'on n'ait pas l'impression de dire, oh là là, mais qu'est-ce qui va m'arriver ?
00:22La plus grande crainte pour l'Europe, que j'ai moi-même, et que j'ai exprimé dans la tribune ce matin,
00:27la plus grande crainte, c'est que, si jamais il gagne, on verra bien,
00:31vous savez, on est à 50-50, donc on verra, les Etats-Unis, c'est toujours très compliqué, et on verra,
00:36mais si jamais Donald Trump gagne, la plus grande crainte que certains Européens,
00:42tels que moi-même, nous pouvons avoir, c'est qu'un certain nombre de pays,
00:46et je les ai déjà à peu près en tête, courent à Washington pour aller négocier des accords bilatéraux,
00:51dire, bon, on oublie l'Europe.
00:52Non, mais lesquels ? La Hongrie ?
00:54Mais non, non, la Hongrie, c'est différent, je viens d'entendre ça.
00:56La Pologne ? L'Italie ?
00:57On se souvient, évidemment, on connaît notre histoire, on connaît l'Europe,
01:01on sait parfaitement que, évidemment, les pays d'Europe du Nord sont très sensibilisés à ce qui se passe,
01:06et on les comprend, notamment en Ukraine et en Russie,
01:09et qu'ils sont à la recherche, évidemment, d'avoir des soutiens,
01:12on voit ce qui s'est passé en Moldavie, on voit ce qui s'est passé en Géorgie,
01:15vous pouvez imaginer aujourd'hui, à Vilnius, à Riga ou à Tallinn,
01:19les capitales des pays baltes, le sentiment qu'on peut avoir,
01:22et je ne parle pas de la Finlande, qui vient de rejoindre, on le sait, l'OTAN,
01:28mais avec ses 1340 km de frontière avec la Russie,
01:32vous imaginez que, comme ils dépendent de la protection de l'OTAN
01:36et donc des Etats-Unis en ce qui concerne l'arme nucléaire,
01:39donc il faudra, vous savez, énormément de leadership
01:42à la tête de nos institutions européennes,
01:44pour tenir les 27 ensemble,
01:47et éviter qu'il y ait cette espèce de course
01:50qui serait, à mon avis, extraordinairement dommageable,
01:53certains pourraient même dire mortifère pour l'Europe.
01:55Donc les morts qui viennent, oui, je le dis, sont existentiels pour l'Europe.
01:59On sent par ailleurs que le Donald Trump de 2024
02:01est assez différent du Donald Trump de 2016,
02:03il est beaucoup mieux préparé, il est aussi beaucoup mieux entouré,
02:07et les contre-pouvoirs aux Etats-Unis se sont affaiblis,
02:09c'est le cas de la Cour suprême,
02:11c'est le cas de certains médias qui, désormais,
02:13ont abandonné le combat contre Donald Trump.
02:16Est-ce que vous pensez que l'homme auquel nous avons affaire aujourd'hui
02:19est plus efficace qu'en 2016 et donc plus dangereux ?
02:22Plus efficace, j'en suis certain,
02:23parce qu'évidemment, d'abord, il a appris
02:26qu'on ne sort pas impunément de quatre années de présidence
02:28du premier pays de la planète,
02:30je parle d'un point de vue économique et militaire.
02:32Donc bien sûr qu'il est plus efficace, il connaît les mécanismes,
02:36il connaît aussi les interactions qu'il peut avoir avec
02:39ses grands interlocuteurs,
02:41il connaît pratiquement tous les grands interlocuteurs de la planète,
02:43que ce soit Xi Jinping, on va parler de Poutine évidemment,
02:46les Européens, que Viktor Orban.
02:49Viktor Orban va jouer un rôle, si c'est lui, je le dis de façon précaire.
02:52Et quand Donald Trump appelle quelqu'un en Europe,
02:53c'est Viktor Orban, il n'est pas Von der Leyen.
02:55C'est exactement ce que je disais ce matin dans la tribune.
02:58Oui, il faut le savoir, on peut le regretter,
03:01on peut dire mais c'est affreux, on peut dire mais ce n'est pas possible.
03:04S'il veut connaître quelque chose sur l'Europe,
03:07il n'appelle pas la présidente du Parlement européen,
03:10il n'appelle pas la présidente de la Commission européenne,
03:13ni même le président du Conseil, il appelle une personne,
03:16c'est Viktor Orban. Donc c'est comme ça.
03:18Et donc l'Union européenne n'a plus moyen de peser ?
03:19Non, on peut peser, encore une fois, si jamais nous-mêmes nous exerçons notre leadership.
03:24Il va falloir un leadership immense, énorme, infaillible
03:28pour nos institutions européennes, en particulier le Parlement,
03:30la Commission et le Conseil, précisément pour faire face à tout ça.
03:35Mais pour reprendre à votre question,
03:36qui était effectivement, est-ce qu'il est mieux préparé ?
03:40Il va également, il connaît beaucoup de monde maintenant,
03:43vous l'avez noté implicitement dans votre question,
03:46en 2016, le monde des affaires était violemment opposé,
03:50voire tétanisé par son arrivée.
03:51Moi, je suis surpris, dans toutes les interactions que j'ai
03:54avec l'ensemble de mes correspondants,
03:58de constater qu'aujourd'hui, le monde des affaires,
04:01dans son ensemble américain, il est beaucoup plus neutre.

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