Thierry Breton, ancien commissaire européen chargé du marché intérieur et des services, est l'invité de BFM Politique ce dimanche 3 novembre 2024.
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00:00Qu'est-ce que vous répondez à ces dirigeants français qui souhaiteraient davantage voir Trump passer ?
00:07Vous les comprenez ?
00:10D'abord, Jordan Bardella est assez proche des positions de, ce n'est pas la première fois du reste que je le constate, de Mme Mélanie,
00:17qui dit exactement la même chose.
00:19Quant à Mme Le Pen, sa patronne, elle est plutôt plus proche des thèses de M. Urban.
00:24Alors on verra bien ensuite comment tout ça peut fonctionner.
00:27Ça reste Trumpiste dans les deux cas.
00:29Pas de la même façon et pas avec les mêmes mots.
00:32De façon un peu soft ou de façon un peu plus marquée.
00:34Mais derrière, voyez-vous, d'abord ce que je voudrais dire, c'est qu'en Europe, la Hongrie s'est clairement exprimée.
00:40Je crois qu'on ne peut pas le faire plus clairement.
00:42Il semble même que M. Urban a parlé de bouteilles de champagne.
00:44Il a débouché le champagne, c'est Donald Trump qui l'a dit.
00:46J'ai dû rester aller le voir il n'y a qu'un jour, j'ai passé beaucoup de temps avec lui en tête-à-tête.
00:49C'est important parce qu'il faut parler avec tout le monde en Europe.
00:51Il ne faut pas aller dire, tiens, je vais parler uniquement avec un tel ou un tel, on est 27.
00:54Il faut parler avec tout le monde en Europe.
00:56Même si on n'est pas d'accord.
00:58J'allais dire surtout si on n'est pas d'accord.
01:00Et c'est vrai que je sais qu'il est très en contact avec M. Trump.
01:07Mais vous avez M. Fito qui est le Premier ministre slovac.
01:11Mais vous risquez d'avoir M. Johnson qui risque de redevenir le Premier ministre slovène.
01:17Vous avez le Premier ministre peut-être aussi qui va changer en Tchéquie.
01:22Vous avez également des positions qui ont été prises, on le sait, dans des gouvernements qui sont très à droite, voire un peu plus.
01:28Je fais l'allusion en particulier à la Suède.
01:31Vous avez un certain nombre.
01:33C'est quoi la place de la France d'Emmanuel Macron ?
01:36On va peser quoi que ce soit dans la discussion avec Donald Trump ?
01:39Mais l'Europe, encore une fois, ce n'est pas où, c'est et.
01:41Et donc il faut, parce que c'est notre démocratie, on est ce qu'on est, il faut respecter ce que nous sommes.
01:46Mais il faut avoir un projet ensemble.
01:48Et pour tous, parce que je l'aurai parlé à tous.
01:50Croyez-moi, pour tous.
01:52Oui, mais les Français se demandent aussi dans notre relation personnelle, entre guillemets.
01:56La France avec les États-Unis, la France d'Emmanuel Macron ne sera plus du tout un interlocuteur privilégié.
02:00Mais non, détrompez-vous, parce que.
02:02Et du reste, je ne veux pas.
02:05C'est amusant, parce que lorsque je parlais de ces questions avec Victor Orban, il me disait au fond, c'est sa vision des choses.
02:13Je le dis, mais au fond, il y aura trois personnes qui comptent en Europe, me dit-il.
02:19C'est ce que je dis à M. Trump.
02:22Alors, il se met à part, ou il se met dans les trois.
02:25Puis il dit, il y a le chancelier allemand et le président français.
02:28Voilà la vision.
02:29Donc, alors, ce n'est pas du tout celle que je défends, évidemment.
02:32Parce que l'Europe, c'est 27.
02:34Ce n'est pas trois.
02:36Donc, c'est la raison pour laquelle je vous ai dit.
02:38La France sera toujours la France.
02:40La France est une puissance dotée, c'est-à-dire qui dispose de l'arme nucléaire.
02:44On est le seul, encore une fois, sur le continent, parmi les 27.
02:47Ça nous donne évidemment une position qui est un peu différente.
02:51Et il faut en être conscient.
02:52Il faut aussi que les autres, les 26 autres, en soient conscients.
02:55Mais c'est comme ça que ça risque d'être vu.
02:59Et non pas de parler directement avec nos institutions.
03:02Personnellement, de là où je suis, évidemment, je ne suis plus commissaire,
03:05mais je me battrai pour que les institutions soient respectées.
03:08C'est très important pour notre démocratie.
03:09Les institutions, je le rappelle, c'est le Parlement européen,
03:11c'est le Conseil européen et c'est la Commission européenne.
03:14Donc, si on n'y veille pas, évidemment, le plus grand risque pour nous en Europe,
03:21c'est d'avoir une fragmentation par rapport, justement,
03:25à ceux qui voudront se positionner différemment aux Etats-Unis.
03:29Je le rappelle, notre économie, elle est intégrée.
03:32On l'a démontré pendant les vaccins et pendant la crise du Covid.
03:35Notre économie, elle est forte que si jamais nous avons un marché intérieur
03:38qui est assertif par rapport à ce qu'il représente d'intérêt pour les autres,
03:42on doit rester ouvert, mais avec nos conditions maintenant clairement exprimées.
03:45On l'a fait, je l'ai rappelé tout à l'heure, pour les règles du numérique.
03:50Ils doivent maintenant se plier à nos règles et non pas à l'inverse.
03:52On l'a fait pour les films conducteurs, on l'a fait pour l'industrie propre.