Avec Mona Jafarian, franco-iranienne, cofondatrice de l'association Femme Azadi, auteure de "Je suis iranienne" (Editions de l’Observatoire)
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Vous êtes sur Sud Radio. Merci d'être avec nous. Et avec nous, ce matin, Mona Jafarian, franco-iranienne, cofondatrice de l'association Fama Zadi,
00:12auteure de « Je suis iranienne », votre livre sort après-demain. Bonjour, Mona Jafarian. — Bonjour.
00:18— Merci d'être avec nous. Votre livre sort après-demain. Je précise que vous êtes sous surveillance policière parce que vous avez reçu des menaces.
00:27C'est bien ça. Menaces qui viennent d'où ? — De la République islamique d'Iran, mais aussi de France même.
00:35— Et de France aussi. — Oui. — De France aussi. Bon. Mona Jafarian, je voudrais revenir sur cette image, l'image de cette jeune femme qui s'appelle
00:46Aou Dariaï, c'est ça ? — Exactement. — Comment est-ce qu'on prononce, eh bien ? — Aou, qui veut dire « biche » en persan, et Dariaï, qui veut dire « de la mer ».
00:55— « De la mer », « biche de la mer ». — Oui, exactement. — Eh bien cette jeune femme est étudiante dans une université prestigieuse de terre.
01:05On est bien d'accord. — Exactement. Et elle étudiait la littérature française. — Et elle étudiait la littérature française.
01:14— On a vu les images sur les réseaux sociaux, mais on a vu les images diffusées par toute la télévision du monde entier, parce qu'elle traverse le monde,
01:22de cette jeune femme, cette jeune femme qui s'est retrouvée dans son université ou devant son université.
01:29— En fait, elle était dans l'université quand elle a été prise à partie par les Bassijis, qui sont les forts.
01:36— Alors elle a été prise à partie par les Bassijis. Expliquez-nous. — Alors les Bassijis, c'est les forces de répression du régime qui l'ont violentée en premier lieu,
01:46lui déchirant une partie de ses vêtements. Et en signe de protestation, elle va complètement retirer ses vêtements et marcher à l'extérieur de l'université
01:57malgré les risques, puisqu'elle sait à ce moment-là ce qui va se passer. Donc ils vont intervenir pour l'arrêter. Mais elle sera tellement
02:05violemment battue à ce moment-là que les premiers témoignages indiquent qu'elle saignait énormément au niveau de la tête et elle sera ensuite emmenée
02:14par ce qu'on appelle les bocharsis, donc ça veut dire les personnes habillées en civil, mais qui sont finalement des agents du régime.
02:22Et la République islamique a donné comme seule information qu'elle avait été internée en psychiatrie. Donc c'est une manière et de faire croire
02:30qu'elle est folle. Et surtout, il faut savoir que la République islamique a des centres de redressement psychiatrique parce que pour eux,
02:38une femme qui ne porte pas le hijab souffre d'une maladie mentale du dévoilement.
02:44— Elle ne supportait plus, cette jeune femme, qu'on lui impose un diktat vestimentaire, qu'on ne lui laisse pas sa liberté, la liberté de s'habiller
02:55comme elle le souhaitait. Elle ne le supportait plus. C'est pour ça qu'elle s'est déshabillée après ces violences. C'est pour ça qu'elle s'est retrouvée
03:03en sous-vêtement. Elle savait le risque. Elle savait qu'elle risquait sa vie. — Oui. En fait, c'est un geste de résistance incroyable,
03:11mais aussi de désespoir. — On dirait... Ça me rappelle Tiananmen. Ça me rappelle ce Chinois qui s'est retrouvé seul, debout, devant les chars chinois.
03:19— Exactement. Et c'est exactement ce qui s'est passé. Et par ce geste héroïque, elle permet de remettre en lumière le combat du peuple iranien
03:30qui n'a jamais cessé de combattre la République islamique, même s'il n'y a plus de protestations massives dans les rues en raison de la répression
03:38sanguinaire qu'il y a eue il y a 2 ans. Mais les Iraniens continuent tous les jours, quotidiennement. Et c'est très important de préciser
03:46que ce n'est pas que les femmes iraniennes, parce que les hommes iraniens se battent à leur côté. C'est vraiment tout un peuple qui est uni aujourd'hui
03:54contre ce régime que nous, on estime occupant dans notre pays, qui est l'Iran. — Alors on ne sait pas évidemment quel est le sort. Malheureusement,
04:02on sait qu'elle a été internée. Donc on ne sait pas quel est son état de santé. Est-ce qu'on pourra avoir des informations, vous pensez, sur...
04:09— C'est très difficile. Mais les Iraniens trouvent toujours le moyen de faire fuiter les informations. Donc je pense que d'ici quelques heures, voire jours,
04:19on saura où est-ce qu'elle est et ce qu'ils sont en train de lui faire. — Vous avez vu les réactions en France, notamment la réaction de Sandrine Rousseau,
04:27qui vous a... — Oui, ça m'a mis dans une colère folle. — ...qui vous a scandalisé. — En fait, je préfère... — Ne pas en parler.
04:35— Voilà. Je préfère qu'il n'en parle pas plutôt qu'il n'ait pas le courage de désigner clairement ce contre quoi luttent les Iraniennes,
04:44à savoir l'islamisme, la charia. Donc quand je dis l'islamisme, c'est l'islam politique. La charia et cette oppression religieuse patriarcale.
04:54Et Sandrine Rousseau, elle botte systématiquement en touche. Que ce soit quand elle parle des Afghanes ou des Iraniennes, elle n'a pas le courage
05:03de désigner l'ennemi. Donc on est face à des jeunes femmes de 15-25 ans qui osent brûler leur voile. Elles ne le plient pas pour le poser à côté d'elles.
05:11Elles le brûlent. Donc c'est quand même qu'elles sont en train de dénoncer cet outil d'asservissement dont se sert la République islamique.
05:19Et elle n'a pas le courage de le faire. Donc moi, j'appelle ça des féministes de salon. Des féministes de salon. C'est-à-dire que là-bas, on a des enfants
05:25qui se tiennent debout face au moella. Et ici, on a des politiques qui courbent les Chines pour surtout pas froisser leur électorat.
05:32Donc je préfère qu'elles ne tweetent pas si elles n'ont pas le courage de dire les choses telles qu'elles sont.
05:37— En tout cas, cette jeune femme a remis effectivement le sort des Iraniennes sur le devant de la scène. Et il le faut. Quand je pense que je recevais
05:45Louis Boyard vendredi matin, que Louis Boyard était incapable de me dire qui était Narjes Mohammadi.
05:51— Oui, j'ai vu. — Vous avez vu ça ? Narjes Mohammadi, prix Nobel de la paix. — Il a appelé ça « Cherchez la petite bête ».
05:55— D'ailleurs, on a vu toutes les réactions de la classe politique après l'affaire de Houhou. Et tout le monde a tweeté,
06:05que ce soit en femme-vie-liberté ou quelque chose. Mais en tout cas, tous les politiques ont eu un mot pour elle.
06:12Donc j'ai été voir quand même du côté de LFI. Et rien, rien. Il n'y a rien de ce côté-là. Non. Non, rien.
06:19— Pour la jeune femme qui s'est dévoilée hier en Iran, qui a risqué sa vie, qui risquait sa vie, pas un mot.
06:27— Non. Il y a juste qu'à retweeter un tweet de quelqu'un d'autre. Mais sinon, tout le reste, rien du tout chez LFI.
06:34— Merci, Mona Jafarian. Merci d'être venue nous voir. Je rappelle que vous êtes franco-iranienne, cofondatrice de l'association
06:40Femmes Azadie, auteure de « Je suis iranienne ». Votre livre sort aux éditions de l'Observatoire après-demain, mercredi.
06:47Merci beaucoup. Merci d'être venue. Il est 7 h 19. Vous êtes sur l'antenne de Sud Radio. Le rappel des titres de l'actualité avec Laurie Leclerc.
06:54Laurie.