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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Guillaume Daret revient sur les questions qui font l’actualité avec Christine Ockrent, journaliste spécialiste des États-Unis.

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Transcription
00:00Bienvenue dans les 4V, Christine Ockren, spécialiste notamment des Etats-Unis dont vous allez prendre d'ailleurs la direction juste après cette interview pour suivre au plus près ce scrutin à l'issue absolument incertaine, sur quoi ça va se jouer dans ces tout derniers jours.
00:16Ça va se jouer sur la détermination de deux groupes qui sont cristallisés, durcis comme jamais dans la mémoire de tous ceux qui suivent ces élections, étranges pour nous puisqu'on sait que ça va dépendre encore une fois de quelques milliers d'électeurs dans un pays de 338 millions de gens.
00:41Et donc deux groupes extrêmement solidifiés, les Trumpistes, c'est-à-dire le parti républicain sur lequel Trump a pris une emprise encore plus forte au cours des quatre dernières années,
00:56et ceux qui ne sont pas forcément enchantés, enthousiasmés par la campagne de la candidate démocrate, mais qui sont déterminés à ne plus voir, revoir Trump à la Maison Blanche.
01:11Et ce qui est très intéressant, Guillaume, c'est la sociologie de ces deux groupes, parce que côté démocrate, côté pro-Kamala Harris, vous avez une majorité de femmes, et de femmes avec un bon niveau d'éducation, de femmes diplômées.
01:26Du côté de Trump, vous avez une majorité d'hommes, sans éducation supérieure, ni même secondaire, et donc c'est la première fois dans la société américaine qu'on voit un tel écart entre les genres, si vous voulez, les femmes d'un côté, les hommes de l'autre.
01:44Qu'est-ce qui vous a marqué dans ces derniers jours de campagne ?
01:47La violence verbale, un début de violence physique, et on peut craindre le pire.
01:55Il y a un risque de chaos si c'est extrêmement serré ?
01:57Il y a un risque, en tout cas, sinon de chaos, mais de violence préventive, si j'ose dire, du côté du camp Trump.
02:07Et il est évident que Trump lui-même, qui continue de nier qu'il a perdu les élections il y a quatre ans, encourage ses électeurs à dire « Regardez, ils trichent déjà ! ».
02:20Alors justement, le Donald Trump de cette année, en quoi est-ce qu'il est différent de celui de 2020 ou de 2016, ou est-ce que c'est le même pour vous ?
02:27Il a vieilli, on dirait qu'on en est tous là. Il a vieilli, et dans son cas, ça aggrave un certain nombre de traits de caractère dont on avait déjà pu observer et même déplorer les excès.
02:42Donc, hier encore, il ne contrôle pas son verbe, il ne finit pas ses phrases. En même temps, c'est ce que ses partisans adorent chez lui, c'est que ça part dans tous les sens.
02:54Ça sera un président différent de celui qu'il a été dans son premier mandat ou pas ?
02:57Oui, parce qu'il sera mieux préparé, déterminé à se venger de tous ceux… Il le dit depuis le 6 janvier 2021. Il est déterminé à se venger et il a un entourage qui est dans le même état d'esprit.
03:15Et donc, ce sera, je crois, beaucoup plus brutal.
03:21À quoi ressemblerait, à l'inverse, la présidente Kamala Harris si elle était élue ?
03:26Alors là, c'est flou. Honnêtement, c'est flou. Parce que toute la difficulté pour elle, qui est encore vice-présidente, jusqu'à la mi-janvier, parce qu'on croit que tout va se jouer mardi prochain, non.
03:39Déjà, on peut attendre plusieurs jours avant de savoir véritablement le verdict des urnes. Mais en plus, la passation de pouvoir est en janvier prochain.
03:49Donc, elle était très embarrassée parce que, projetée en quelque sorte dans les conditions que l'on sait, elle ne pouvait pas dire que Biden, ce n'était pas bien, d'autant plus qu'elle en faisait partie.
04:01Ça aurait été d'ailleurs, entre parenthèses, un atout ou un handicap pour elle, Joe Biden ?
04:06Sans Biden, elle n'aurait jamais été là. En même temps, ça a été un handicap jusqu'à la dernière gaffe de Joe Biden, traitant les électeurs de Trump de trash, d'ordure.
04:23Ce qui a permis à Trump, qui est quand même un génie de la com', de parader en blouson des boueurs et à conduire assez difficilement, d'ailleurs, un gros camion d'ordure.
04:34Vous l'imaginez comme une présidente qui, pour le reste du monde, serait plus pro-Europe, serait plus multilatérale ou c'est une vision qu'on a depuis la France ?
04:43Je crois que c'est une vision qu'on a depuis ici et que partagent d'ailleurs beaucoup d'Européens. Kamala Harris, c'est une autre génération.
04:52Joe Biden était un vieux de la vieille et un atlantiste absolument convaincu.
04:59Elle a une toute autre histoire et de toute façon, on sait que ce qui préoccupe aux premiers chefs, les décideurs américains, quels qu'ils soient, c'est la Chine,
05:13donc le pivot vers l'Asie. Et donc, ce qui nous concerne, nous, et ce qui concerne plus encore, évidemment, l'Ukraine, c'est de savoir jusqu'à quel point Kamala Harris poursuivait.
05:26Elle s'est engagée vis-à-vis de l'Ukraine. Elle n'a jamais parlé des Européens. Mais voilà, jusqu'à quel point poursuivrait-elle le soutien, quels qu'en soient les limites d'ailleurs, à l'Ukraine ?
05:39Sur quoi les Américains vont faire leur choix ? Est-ce que c'est sur l'économie ? Est-ce que c'est sur l'immigration ? Est-ce que c'est sur autre chose ?
05:45Qu'est-ce qui aurait été le plus important à leurs yeux ?
05:47D'après les sondages, qu'il faut toujours prendre avec prudence, mais s'agissant des intentions de vote, l'économie à 81 %, et c'est très nouveau, les enjeux internationaux.
06:00On dit toujours la politique étrangère, ce n'est vraiment pas le sujet pour eux. Et là, oui, à plus de 60 %, je crois, ils considèrent que ce qui se passe en Ukraine,
06:11ce qui se passe au Proche-Orient surtout, ce qui peut se passer avec la Chine à Taïwan, ça compte.
06:18Alors très concrètement, Donald Trump de retour à la Maison-Blanche, c'est terminé pour l'aide à l'Ukraine ou c'est un peu exagéré de dire ça ?
06:24C'est sûrement exagéré, d'autant que ce qui caractérise Trump, c'est l'imprévisibilité. Mais il faut se souvenir qu'il a une détestation particulière pour Zelensky,
06:35parce que le président ukrainien avait refusé de lui servir sur un plateau des preuves fabriquées ou non de la corruption du fils Biden.
06:48Il y a ce fameux coup de fil de Trump président qui dit, alors moi je veux bien t'accorder de l'argent, mais voilà.
06:56Et donc là, comme toujours avec Trump, les relations personnelles sont très importantes.
07:03Alors il y en a deux dont on parle un peu moins, qui ont un rôle absolument stratégique quand on voit finalement le destin de Kamala Harris et les candidats à la vice-présidence.
07:10Tim Walz qui serait le vice-président de Kamala Harris, J.J. Vance qui serait le vice-président de Donald Trump. Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire de chacun ?
07:18J.J. Vance, c'est Trump en plus intello, plus vertébré si j'ose dire, et beaucoup plus ferme dans ses convictions, d'autant qu'il en a changé récemment.
07:35Il faut toujours se méfier des convertis, en général ils sont encore plus durs.
07:40Et donc lui, c'est un obsédé de la démographie. Et donc voilà, avant de s'engager dans cette campagne, il avait eu cette formule malheureuse en disant que les bonnes femmes à chien-chien, en l'occurrence des chats, sans enfants, c'était épouvantable.
07:58Tim Walz, potentiel vice-président de Kamala Harris.
08:01Tim Walz, c'est un choix plus intéressant de la part de Kamala Harris parce que c'est l'Amérique rurale. C'est l'Amérique des petits lycées, des petites équipes de foot.
08:16Ce qui est intéressant avec Walz, c'est qu'il connaît très bien la Chine parce qu'il a enseigné en Chine et a emmené en Chine plusieurs fois ses propres élèves.
08:30Et donc il y a ce complément-là, l'Amérique rurale, qui va faire la différence. Une Amérique rurale qui est très Trumpisée, si je vous dis.
08:39Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin, Christine Ockren. C'est à vous, Damien et Estelle.

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