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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

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Transcription
00:00Vous venez d'entendre à l'échiffre d'Axel Dettal, on va commencer par ça, peut-être
00:10une petite réaction, parce que les investisseurs étrangers semblent se détourner de la France
00:14à cause notamment de la crainte d'impôts supplémentaires.
00:17Est-ce que vous comprenez cette réaction de la part des chefs d'entreprises étrangers?
00:21Alors d'abord, il ne faut pas mélanger investisseurs étrangers et chefs d'entreprises étrangers.
00:25Et le problème, c'est que nous avions beau être les champions des investisseurs étrangers,
00:29ça n'a pas franchement amélioré la situation de l'emploi industriel dans le pays.
00:33L'objectif, l'industrie n'était pas en train de remonter, on avait juste stabilisé
00:39les choses avec une balance commerciale qui n'a jamais été aussi déficitaire.
00:42L'objectif, c'est de garder les emplois, les compétences, les qualifications en France
00:47et de les développer et donc il ne suffit pas d'attirer des investisseurs étrangers,
00:51il faut les garder.
00:52Or aujourd'hui, ils partent comme ils sont venus en emportant avec eux les compétences,
00:56les brevets et après avoir essoré nos entreprises.
00:58C'est pour ça qu'il faut une toute autre politique industrielle que celle de la multiplication
01:02des cadeaux qui est à l'œuvre depuis dix ans et qui aujourd'hui montre tout son impact
01:08négatif puisqu'elle a creusé le déficit et qu'elle n'a pas réindustrialisé le pays.
01:12En ce moment, c'est plutôt la multiplication des plans sociaux dans l'industrie et pas
01:15que d'ailleurs.
01:16On a parlé de Michelin, est-ce que vous avez peut-être des remontées d'autres grands
01:19groupes qui pourraient présenter à leur tour des plans sociaux ?
01:22Malheureusement, cette liste des plans de licenciement, elle ne cesse de s'allonger.
01:27Nous en avons recensé à ce jour 230 et ça n'est que la partie émergée de l'iceberg
01:33puisque derrière les plans de licenciement que nous recensons dans les endroits où la
01:37CGT est implantée.
01:39230, il y en a 100 de plus en six mois, c'est ce que vous avez recensé.
01:43Exactement, donc une augmentation très inquiétante, surtout quand on sait que derrière l'impact
01:48majeur, il est sur les petites et moyennes entreprises qui sont très impactées par
01:53leur donneur d'ordre et qui sont aussi impactées par la chute de la demande.
01:57Comme les salaires n'ont pas suivi l'inflation, les Françaises et les Français n'ont plus
02:00les moyens de sortir, de se payer des loisirs, de partir en vacances et ça, ça a un impact
02:03très fort pour les petites entreprises avec un risque de récession aujourd'hui.
02:07Et on voit sur la carte que vous avez préparée avec la CGT que l'ensemble des régions, pratiquement
02:13tout le territoire, il est concerné par ces plans sociaux ou ces risques de plans sociaux,
02:17ce qui fait repartir le chômage doucement pour l'instant à la hausse, mais est-ce
02:20que vous pensez que l'année prochaine, le chômage, il va exploser ?
02:22Tous les indicateurs, en tout cas, sont inquiétants et le disent, que le chômage va augmenter,
02:28il n'y a pas de fatalité, il faut que le gouvernement agisse immédiatement.
02:31Nous demandons un moratoire sur les licenciements parce que cette carte de France le montre.
02:36Si on laisse faire, c'est notre outil industriel qu'on va détruire, qu'on ne va pas réussir
02:40à reconstruire et puis derrière, c'est des territoires qui sont dévastés, des familles,
02:44des vies qui sont anéanties.
02:46Il n'y a pas pire violence sociale que le chômage.
02:49Il faut donc agir.
02:50Le patronat dit que le chômage va repartir d'autant plus qu'on est en train d'alourdir
02:54la fiscalité sur les entreprises.
02:55Est-ce que vous rejoignez Patrick Martin sur ce point ?
02:57Non, pas du tout, parce que ça fait dix ans qu'il y a une politique de l'offre qui a
03:02été mise en place en France avec la multiplication des cadeaux pour les entreprises, notamment
03:07les plus grandes.
03:08C'est un tiers du budget de l'État qui est aujourd'hui consacré à des aides aux entreprises.
03:12Pour quels résultats ? On l'a vu sur cette carte de France, ce qui est très inquiétant.
03:15Ça a quand même, pendant plusieurs années, permis d'enrayer et même de baisser le chômage.
03:20Oui, sauf que le chômage a moins baissé en France que dans les autres pays étrangers,
03:25notamment en Europe.
03:26C'était une tendance européenne.
03:27Est-ce que ça n'aurait pas été encore pire s'il n'y avait pas eu ces allégements ?
03:29C'est ce que répond le gouvernement et le patronat.
03:31À chaque fois, c'est ce qu'on nous dit, sauf que c'est un chantage à l'emploi qui est
03:34inacceptable.
03:35À chaque fois, il faut quand même regarder quand on crée des nouvelles aides aux entreprises,
03:38on nous promet des emplois.
03:40On se souvient du précédent patron du Medef qui nous avait promis un million d'emplois.
03:43On ne les a jamais vus, ce million d'emplois.
03:45Par contre, ce que nous savons, c'est que dans le budget que nous prépare le Premier
03:49ministre, il y a des effets très dangereux, puisque aujourd'hui, ces plans de licenciement,
03:54on les voit maintenant dans le secteur public et parapublic, notamment celui de l'aide sociale
03:59à l'enfance avec des associations qui, aujourd'hui, suppriment des postes avec des mises en danger
04:04pour les enfants.
04:05Aujourd'hui, il y a une journée d'action dans la petite enfance avec des grèves très
04:08importantes dans les crèches et des professionnels de la petite enfance qui appellent à l'aide
04:13en disant que ce n'est plus possible qu'on nous force à maltraiter des bébés.
04:16On ne peut plus fermer les yeux là-dessus et le problème, c'est que le projet de budget
04:20tel qu'il est proposé par le gouvernement va dégrader la situation dans tous les services
04:25publics, mais notamment dans la petite enfance à cause de ces coupes sur les collectivités
04:29territoriales.
04:30Un mot sur l'accord sur l'indemnisation du chômage qui est intervenu la semaine dernière
04:33pour faire un peu plus de 2 milliards d'économies, accord entre les partenaires sociaux.
04:36Est-ce que la CGT va signer cet accord ? Est-ce que vous êtes pour ou pas ?
04:39Eh bien écoutez, nous en débattons actuellement avec une consultation de nos syndiqués.
04:44Ce que nous regrettons, c'est qu'alors que nous sommes dans un moment où le chômage
04:48augmente très fortement, notamment sur les seniors, parce que c'est les seniors qui
04:51sont les premiers concernés par ces plans de licenciement, cet accord va entraîner
04:55une grave baisse des droits des seniors, puisqu'il faudra attendre deux ans de plus pour avoir
05:03une indemnisation améliorée en matière d'assurance chômage.
05:07Et donc aujourd'hui c'est une triple peine pour les seniors, une réforme des retraites
05:10avec deux ans en plus à devoir travailler, des plans de licenciement qui se multiplient
05:15et en plus une baisse de droit à l'assurance chômage.
05:17Donc ça c'est très dangereux.
05:18Vous réservez votre réponse pour l'instant, peut-être vous pourrez répondre à Michel
05:21Barny s'il vous invite.
05:22On a vu aujourd'hui qu'il invitait les présidents des groupes d'opposition, est-ce qu'il invite
05:25aussi les syndicats à le rencontrer dans les jours qui viennent ? Est-ce que vous le souhaitez
05:28en tout cas ?
05:29En tout cas il ne nous invite pas à ce stade malheureusement et effectivement je pense
05:32que ça serait souhaitable.
05:33Il y a aussi dans le budget une mesure qui pourrait ressurgir, qui est proposée par
05:36les sénateurs, qui est de faire travailler sept heures et demie pour zéro, pour financer
05:40la solidarité.
05:41C'est une façon de faire passer un deuxième jour férié qui disparaîtrait sans le dire
05:45vraiment.
05:46Est-ce que c'est une mesure qui vous choque ou pas ?
05:48Oui tout à fait, ça s'appelle travailler plus pour gagner moins.
05:51Ce que je veux dire c'est que la dette aujourd'hui à laquelle est confronté le Premier ministre,
05:57nous n'y sommes pour rien, nous le monde du travail.
05:59Elle a augmenté de 1000 milliards d'euros depuis le septennat d'Emmanuel Macron à
06:04cause justement des cadeaux pour les plus riches et pour les plus grandes entreprises.
06:08Ce n'est pas parce qu'on a plus dépensé que cette dette a augmenté, c'est parce
06:11que les recettes ont baissé à cause des baisses d'impôts pour les plus riches.
06:14Et donc c'est à eux de payer, ce n'est pas à nous de payer.
06:17On a déjà eu une violente réforme des retraites, trois réformes de l'assurance-chômage,
06:21une réforme du code du travail, un gel de nos salaires dans le public comme dans le
06:24privé.
06:25Donc il faut arrêter.
06:26En plus ces mesures ont un effet récessif.
06:29Aujourd'hui notre économie est en danger parce que les gens n'ont plus les moyens
06:33de vivre, de manger et de partir en vacances.
06:36Alors pour justement les départs en vacances, puisque vous en parlez, ce n'est pas qu'une
06:39question de moyens, c'est aussi une question de disponibilité des trains parce qu'il
06:41y a des menaces évidemment sur le trafic des trains pour les prochaines vacances de
06:44Noël.
06:45Ça commence dès demain d'ailleurs.
06:46Une première salve, si j'ose dire, de grève chez les chemineux, alors officiellement c'est
06:50pour la défense du fret, mais en réalité, Sophie Binet, tout le monde sait que c'est
06:52pour les salaires.
06:53Non, ce n'est pas vrai du tout, c'est pour la défense du fret ferroviaire, c'est très
06:57grave ce qui est en train de se passer.
06:58Il y a des pressions sur les salaires qui sont en toile de fond et on sait que c'est
07:00ça le sous-jacent pour mobiliser.
07:01Mais surtout, aujourd'hui, ce qui est en train de se mettre en place, c'est une privatisation
07:05de notre système de fret ferroviaire qui est très grave pour toutes et tous parce
07:09que là, par exemple, à cause de ce projet de privatisation du fret ferroviaire, on a
07:13arrêté le train des primeurs, le Perpignan-Ringis et c'est déjà des milliers de camions supplémentaires
07:18qui sont sur les routes.
07:19C'est évidemment une pollution pour l'air, des dangers sur la route, il n'y a rien de
07:24plus dangereux quand on est sur la route que des camions et puis une dégradation de nos
07:28infrastructures publiques.
07:29Et ça mérite qu'on mette en danger éventuellement, enfin en tout cas qu'on empêche certains
07:34Français de partir en vacances pour les fêtes ?
07:35Écoutez, ça fait deux ans qu'on tire la sonnette d'alarme en disant qu'il faut stopper
07:39ce projet de privatisation du fret ferroviaire, on n'est pas entendus et donc là, les cheminots
07:43et les cheminottes font une grève d'intérêt général en demandant une chose toute simple,
07:47mettre en place un moratoire sur cette privatisation pour la renégocier auprès de Bruxelles et
07:51se faire respecter.
07:53Il faut que la France se fasse respecter auprès de Bruxelles et qu'on arrête de dépecer
07:57nos services publics.
07:58Que répondez-vous à Éric Ciotti qui demande l'interdiction de la grève dans les transports
08:02de la grève pendant les vacances scolaires des fêtes et également pour les autres vacances
08:06scolaires le premier jour et le dernier jour ? C'est déjà le cas en Italie, il dit qu'il
08:08faut qu'on fasse la même chose.
08:09Je suis très choquée par ses propos, j'avais déjà entendu que le ministre de l'Intérieur
08:15avait des problèmes avec l'état de droit, il faut qu'il intègre que la grève c'est
08:19un droit constitutionnel.
08:20C'est Éric Ciotti, c'est pas le ministre de l'Intérieur, le ministre de l'Intérieur
08:22lui il dit que c'est une prise d'otage.
08:23Oui, voilà, c'est encore pire d'ailleurs puisque comme ministre de l'Intérieur il
08:27devrait savoir qu'on ne joue pas avec les mots et que les prises d'otages c'est extrêmement
08:31grave, certains ils laissent leur vie et qu'on ne peut pas comparer le légitime droit de
08:36grève avec une prise d'otage terroriste, les travailleurs ne sont pas des terroristes
08:41et donc ce que je réponds à Éric Ciotti c'est que la grève est un droit constitutionnel,
08:46c'est un droit fondamental et que c'est un indice de l'état de santé de nos démocraties.
08:50Pour éviter les grèves, ce qu'il faut c'est répondre aux revendications des travailleuses
08:54et des travailleurs.
08:55Les réponses de Sophie Binet dans cette actualité sociale très chargée, merci beaucoup.