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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec David Amiel, député Renaissance de Paris.

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Transcription
00:00Bonjour David Damiel, effectivement député de Paris et on parle de ce nouvel attentat sanglant en Allemagne, on l'a entendu à 7h30 à Magdebourg.
00:09Ça rappelle qu'il y a toujours une menace terroriste qui plane en particulier sur les démocraties européennes.
00:14Vous êtes député donc de la capitale.
00:16Est-ce que vous dites que la menace est plus grande aujourd'hui, notamment au regard de ce qui s'est passé il y a quelques jours en Syrie
00:22avec la chute de Bachar el-Assad, l'arrivée d'un pouvoir islamiste ?
00:25Comment vous l'évaluez ?
00:26Vous avez raison de le rappeler, la menace est toujours présente, y compris ces derniers mois, ces dernières années.
00:31Il y a une guerre dans l'ombre de nos services de sécurité contre le terrorisme qui se poursuit.
00:35Il y a beaucoup d'attentats qui ont été déjoués en France, à Paris, en Europe.
00:40Et vous avez raison aussi de le souligner, la situation en Syrie fait peser potentiellement de nouveaux risques
00:45puisqu'on souhaite tous qu'on n'ait pas en Syrie un scénario à la libyenne, c'est-à-dire une décomposition complète
00:51dans lesquelles pourrait se nicher un nouveau djihadisme international.
00:54Notre diplomatie est extrêmement mobilisée sur la question et vous avez eu raison de le rappeler.
00:59On a aujourd'hui en Allemagne un pays qui est meurtri comme le nôtre l'a été.
01:03On pense évidemment tous à nos amis allemands ce matin.
01:05Mais est-ce que la menace est plus grande, je vous repose la question, aujourd'hui, qu'elle ne l'était,
01:10d'après ce que vous savez, il y a encore quelques semaines ou quelques mois ?
01:13C'est difficile à évaluer parce qu'on ne connaît pas encore ce qu'il va advenir de la situation en Syrie.
01:18Pour l'instant, le groupe djihadiste qui joue un rôle important, HTS,
01:22n'est pas dans ce qu'on appelle le djihadisme international,
01:25c'est-à-dire qu'il a poursuivi une politique qui était tournée vers la Syrie, mais ça peut évoluer.
01:29Évidemment, on est extrêmement attentifs à cela et c'est pour ça qu'avec la Turquie,
01:32nous nous sommes mobilisés avec l'ensemble des acteurs régionaux pour obtenir une stabilisation politique
01:37et éviter que le djihadisme ne prolifère depuis la Syrie.
01:39Vous appartenez à ce qu'on appelait dans le précédent gouvernement le socle commun, le bloc central.
01:47François Bayrou a promis un gouvernement avant Noël.
01:49Il reste peu de temps, on est le 21 décembre.
01:51Le 23 décembre, lundi, ce sera une journée de deuil national pour Mayotte.
01:56Ce sera donc ce week-end, si on calcule bien.
01:58Vous savez, moi je suis parlementaire, je n'ai pas d'annonce à faire sur le jour ou l'heure de la composition d'un gouvernement.
02:04Et puis s'il faut prendre quelques jours de plus pour éviter que le gouvernement ne soit censuré dans quelques semaines,
02:11que cela soit, ce n'est pas ça qui est majeur.
02:13Je crois surtout que les gens sont beaucoup fatigués de cette partie de poker menteur
02:16entre partis politiques qui se déroulent depuis le mois de juillet.
02:20Chacun sait qu'il n'y a pas 36 solutions.
02:22Si on veut avoir un gouvernement qui ne dépend ni des dictades du Rassemblement national,
02:26ni des dictades de la France insoumise,
02:28on a besoin de trouver un accord entre les socialistes, le bloc central et les LR.
02:34Pas un accord sur tout.
02:35Il y a beaucoup de sujets qui seront tranchés aux prochaines élections présidentielles et législatives en 2027.
02:39Mais un accord sur quelques éléments essentiels pour stabiliser la situation économique et financière,
02:45pour préserver la parole et le poids de la France en Europe.
02:49Vous avez rappelé les menaces qui pèsent sur nous,
02:51évidemment pour répondre à un certain nombre d'urgences,
02:53l'agriculture, les services publics, et on pourrait en citer d'autres.
02:55Vous avez parlé de poker menteur.
02:57Je vous demande à quel jeu vous jouez lorsque vous n'entendez pas ce que disent les socialistes,
03:04à savoir qu'à ce stade, ils ne participeront ni au gouvernement,
03:07ni même ne donneront l'assurance qu'ils ne le censureront pas.
03:11Vous avez entendu Olivier Faure à la sortie de Matignon avant-hier.
03:14Qu'est-ce qui va se passer pour que ce que vous appelez de vos voeux se déroule ?
03:19Puisqu'aujourd'hui, ni les socialistes, ni les écologistes ne rentrent dans ce gouvernement, ni ne le soutiennent.
03:24Je regrette d'abord que les socialistes ne fassent pas le choix de rentrer dans ce gouvernement,
03:28y compris pour apporter leurs pierres et pouvoir faire des propositions, contribuer, coélaborer la loi.
03:32Ils ne font même pas le choix de ne pas le censurer pour l'instant.
03:34Ils n'ont pas encore tranché, si je comprends bien les décisions et les déclarations du Parti socialiste de ces derniers jours.
03:39Donc effectivement, j'espère qu'on pourra négocier avec les socialistes des éléments.
03:43Je pense en particulier à la question des services publics, de la transition écologique, de la justice fiscale qui permettront d'éviter la censure.
03:51Est-ce qu'il faut bouger, comme l'a dit le Premier ministre, sur la question des 64 ans, quitte à ne plus en faire un totem indéboulonnable ?
03:59Est-ce que vous êtes sur cette ligne, vous aussi, vous qui avez défendu cette réforme des retraites ?
04:03Est-ce que vous dites aujourd'hui peut-être qu'il faut bouger sur les 64 ans ?
04:07Sur cette question, je pense qu'il faut avoir le courage de la vérité.
04:09Jamais une réforme des retraites n'a été abrogée quand il y a eu une alternance.
04:12Même quand elles ont été sévèrement critiquées.
04:14Lionel Jospin n'a pas abrogé la réforme d'Edouard Balladur.
04:16François Hollande n'a pas abrogé les réformes de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac.
04:20Il les a même renforcées avec la réforme qu'on a appelée celle de Marisol Touraine.
04:24En revanche, on peut améliorer les choses.
04:26Moi, je n'ai jamais cru qu'on pouvait demander les mêmes efforts à un cadre qui a travaillé toute sa vie dans un bureau,
04:31et un ouvrier qui a travaillé toute sa vie dans un chantier.
04:33Et donc je crois que là-dessus, avoir une conférence sociale qui permette d'améliorer les choses pour les catégories populaires,
04:39pour ceux qui ont des métiers pénibles, c'est effectivement juste, important.
04:42C'était une demande de la gauche et je pense que là-dessus, on peut progresser.
04:45Pardon, je vous repose ma question directement. Est-ce qu'on peut revenir ou non sur les 64 ans ?
04:49Selon vous, David Damiel, député de l'ex-majorité ou de la majorité du socle commun ?
04:54Je vous le dis, je crois qu'il n'est pas raisonnable de dire à des personnes qui n'ont pas eu des métiers pénibles
04:59qu'ils peuvent travailler moins, vu le contexte des finances publiques actuelles.
05:03En revanche, je vous le redis aussi, pour les catégories populaires,
05:06pour ceux qui ont des métiers durs, et c'est quand même pour cela qu'il faut se battre en priorité,
05:09je crois qu'on peut améliorer les choses.
05:10La loi spéciale qui permet à l'État de continuer à financer les services publics,
05:15pas de shutdown à l'américaine, donc a été votée,
05:18elle ne règle pas le problème du budget. Il n'y a pas de budget à ce stade.
05:21François Bayrou a parlé d'un budget pour février.
05:23Qu'est-ce que ça veut dire concrètement pour l'économie française, qu'il n'y ait pas de budget aujourd'hui ?
05:27Vous avez raison, la loi spéciale, elle évite la mort subite.
05:29C'est-à-dire qu'elle évite qu'à partir du 1er janvier, on coupe la lumière dans les administrations,
05:33qu'on arrête de verser les prestations sociales, que la France soit en cessation de paiement.
05:36Mais elle n'évite pas la mort lente.
05:38Et aujourd'hui, on a une économie qui est en train de s'arrêter.
05:40On a des industriels qui n'investissent plus parce qu'ils ne savent pas quel sera le niveau d'impôt ou d'aide.
05:44Donc un chômage qui va continuer d'augmenter.
05:46Aujourd'hui, il est stable, il frémit plutôt vers la hausse, donc il va augmenter.
05:50Évidemment, on a un risque de chômage qui augmente si on n'a pas de budget.
05:53On a des agriculteurs qui sont dans une grande détresse.
05:55Et on a des États-Unis qui vont mener une politique extrêmement agressive pour dépecer notre industrie.
06:01La politique de Donald Trump, qu'elle soit la politique commerciale,
06:04la politique de dérèglementation en matière d'intelligence artificielle, d'énergie,
06:08sa politique de baisse des impôts, elle peut balayer notre industrie en quelques mois.
06:12Et moi, je crains que 2025 ne soit une année de carnage industriel,
06:15si nous ne sommes pas capables en France de réagir.
06:17Une année de carnage industriel, dites-vous ce matin.
06:19Bien sûr, on a une mâchoire d'acier américaine et chinoise
06:22qui peut broyer notre industrie européenne en quelques mois.
06:25Comment on évite un carnage ? Juste par un budget ?
06:28Juste par une coalition qui va se former autour de François Bayrou ?
06:31Il faut d'abord une action au niveau européen.
06:33Et le président de la République est très mobilisé sur la question.
06:35On a beaucoup parlé d'Elon Musk ces derniers mois, ces dernières années,
06:39pour ses prises de position politique, avec lesquelles je suis en complet désaccord.
06:42Mais il est vrai qu'Elon Musk a révolutionné l'industrie américaine,
06:45pour Tesla, pour SpaceX.
06:47Comment se fait-il que les Elon Musk européens,
06:49parce qu'on a aussi des entrepreneurs, des industriels avec beaucoup de talent,
06:52ne créent pas des SpaceX et des Tesla européens ?
06:55Ça devrait être notre priorité absolue.
06:58Il y a évidemment une stabilité fiscale, industrielle, réglementaire à apporter.
07:01Vous avez évoqué le président de la République.
07:03C'est aujourd'hui son anniversaire d'ailleurs,
07:05mais c'est dans la sphère médiatique et politique plutôt sa fête.
07:08Il est critiqué pour ses déclarations à Mayotte.
07:11Notamment, je cite par la gauche, pour avoir dit aux habitants en colère,
07:14je cite le président,
07:16si ce n'était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde.
07:19Fin de citation.
07:20Et puis il y a un article aussi du Monde, du journal Le Monde,
07:23qui rapporte des propos contestés par l'Elysée,
07:26où le président aurait dit, je cite encore,
07:28le problème de l'hôpital, c'est que c'est rempli de mamadou.
07:30Le président, vous le connaissez bien, vous avez été conseiller à l'Elysée,
07:33est-ce qu'il parle comme ça en privé ?
07:35Non, jamais.
07:36L'Elysée a d'ailleurs démenti ses propos et ses ragots absolument immondes.
07:39On peut avoir bien des désaccords avec Emmanuel Macron,
07:42et c'est parfaitement légitime d'avoir un débat sur la politique qu'il mène,
07:45sur celle qu'il devrait mener.
07:46Mais toute sa vie, il a combattu le racisme, l'antisémitisme,
07:50la xénophobie et le sexisme.
07:52Et malheureusement, vous savez, ce n'est pas la première fois depuis 10 ans,
07:55qu'on a comme ça des boules puantes qui sont régulièrement lancées contre lui,
07:59des ragots qui sont colportés.
08:01Je regrette d'ailleurs que la presse s'en fasse l'écho,
08:04et je crois que tout ça ne grandit pas beaucoup le débat public.
08:07Mais on l'a constaté, les Français l'ont constaté,
08:10il lui arrive quand même d'avoir un langage un peu vert pour être, disons, féministe.
08:15Enfin pardon, un langage vert, ce n'est pas un langage raciste.
08:17Les propos qui sont rapportés sont absolument intermiables
08:20et ne correspondent en rien, en rien,
08:23à ce que le président de la République dit en public et en privé,
08:27à ce qu'il pense et à nouveau à ce qu'il a fait le combat de toute sa vie.
08:29Vous ne l'avez jamais entendu parler comme ça en tout cas.
08:30Jamais je ne l'ai entendu tenir des propos racistes, xénophobes, antisémites
08:33ou quoi que ce soit, bien évidemment.
08:35C'est tout le contraire de ce qu'il a et de ce qu'il porte.
08:37Si le gouvernement de François Bayrou est à son tour renversé,
08:40la question de la responsabilité d'Emmanuel Macron se posera,
08:45en tout cas ses opposants la donneront.
08:48Vous avez entendu notamment Jean-Luc Mélenchon qui dit
08:51il se prépare à une présidentielle anticipée, Marine Le Pen aussi.
08:53Vous n'y croyez pas ?
08:54Pas du tout, parce que l'émission du président de la République,
08:57ce serait non seulement un chaos institutionnel majeur,
09:00mais ça ne réglerait rien,
09:01puisque aujourd'hui le blocage n'est pas à l'Élysée, il est au Parlement.
09:05C'est parce qu'on a un Parlement éclaté
09:07que des gouvernements sont censurés tour à tour
09:09et on sait très bien pourquoi Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen disent ça.
09:12Parce que l'un et l'autre souhaitent avoir une présidentielle anticipée,
09:15parce qu'ils ont d'ailleurs chacun peur de la concurrence dans leur camp.
09:18Jean-Luc Mélenchon voit le nouveau Front populaire exploser,
09:20Marine Le Pen a probablement peur de l'ascension de Jordan Bardella
09:23et de son propre calendrier budgétaire,
09:25et je crois que c'est notre responsabilité de défendre les institutions de la République.
09:28Merci David Damiel, député Renaissance de Paris,
09:31et c'est la suite de Télémathas.