Enseignant et écrivain, Patrice Jean vient de publier son 10ème roman, un ouvrage magistral qui fait l’objet d’une bombe.
Jean Dulac est journaliste dans la presse régionale. Son métier l’amène à rencontrer différentes personnalités dans la vie locale afin de faire leur portrait. Quand l’un de ses articles crée la polémique, sa femme et son fils se dressent contre lui avec violence et lui reprochent d’être dépassé, infréquentable, irrécupérable. Jean quitte alors le domicile familial…
Jamais Patrice Jean n’a été aussi grinçant, ironique et impitoyable. Jamais l’auteur de l’homme surnuméraire n’a été aussi inattendu, déroutant et audacieux. Pour l‘écrivain qui a reçu le prestigieux Prix Maison Rouge, derrière l’homme surnuméraire se cache tout simplement le déclassement de l’homme européen. Ou mieux que le déclassement, l’effacement. Et aussi la solitude programmée de ceux qui mettent la vérité au-dessus des intimidations de l’époque. "La Vie des spectres" est le grand roman de la rentrée littéraire.
Jean Dulac est journaliste dans la presse régionale. Son métier l’amène à rencontrer différentes personnalités dans la vie locale afin de faire leur portrait. Quand l’un de ses articles crée la polémique, sa femme et son fils se dressent contre lui avec violence et lui reprochent d’être dépassé, infréquentable, irrécupérable. Jean quitte alors le domicile familial…
Jamais Patrice Jean n’a été aussi grinçant, ironique et impitoyable. Jamais l’auteur de l’homme surnuméraire n’a été aussi inattendu, déroutant et audacieux. Pour l‘écrivain qui a reçu le prestigieux Prix Maison Rouge, derrière l’homme surnuméraire se cache tout simplement le déclassement de l’homme européen. Ou mieux que le déclassement, l’effacement. Et aussi la solitude programmée de ceux qui mettent la vérité au-dessus des intimidations de l’époque. "La Vie des spectres" est le grand roman de la rentrée littéraire.
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00:00Madame, Monsieur, la réélection de Donald Trump
00:02est bien plus qu'un événement politique électoral,
00:05c'est un véritable tournant historique pour les États-Unis
00:08et pour le monde.
00:09Ce moment ne se résume pas simplement à un peuple désireux
00:13de retrouver des frontières sûres,
00:15une sécurité intérieure ou une prospérité économique.
00:19C'est aussi, espérons-le,
00:21un signal clair pour faire valoir une paix durable en Ukraine,
00:25un temps de libération pour la France et l'Europe.
00:29Cette victoire de Donald Trump est aussi un message puissant
00:32et direct pour nous, Français.
00:34Face à l'adversité, la résilience de Trump a été cruciale.
00:38Mais ce qui a véritablement fait la différence,
00:41c'est le courage de ses partisans.
00:43Leur résistance et leur détermination face à l'attaque continue
00:48des médias ou des élites du show business
00:50est tout simplement exemplaire.
00:52C'est un cas d'école.
00:53Elon Musk et Twitter ont joué un rôle important dans ce processus,
00:57à TVL, à son niveau, de faire de même en France.
01:01La victoire de Trump est bien plus qu'un triomphe politique.
01:04C'est une révolte contre l'établissement politico-médiatique
01:07et contre ces élites autoproclamées,
01:09totalement déconnectées des réalités du peuple.
01:13Et cette victoire envoie un signe fort.
01:15Le peuple américain montre qu'il est possible
01:18de se dresser contre l'État profond,
01:21de rompre avec les tendances progressistes dominantes,
01:24de rejeter le déclin, la déconstruction,
01:26la destruction de nos nations.
01:29Une forte incitation que TVL accompagne, ici et maintenant.
01:34Le vent de la liberté s'est levé et il souffle désormais vers nous.
01:37En France, cette soif de liberté s'exprime à travers la presse alternative,
01:42avec TVL en tête de fil, véritable navire amiral.
01:46TVL est un pilier du paysage audiovisuel français,
01:50libre, totalement gratuit et sans publicité.
01:53Il ne vit que des dons de ses téléspectateurs.
01:55C'est sa force et sa vertu.
01:57C'est le gage de son indépendance et de son exemplarité.
02:01TVL n'est ni à la botte des banques,
02:03ni à la botte d'un oligarque, d'un pays, d'un parti, d'un lobby.
02:06En échange, TVL compte sur votre soutien puissant,
02:10votre mobilisation militante en cette fin d'année
02:12où se construit son budget pour 2025.
02:15Vos dons sont indispensables au fonctionnement de votre chaîne.
02:20Grâce à votre aide, nous pouvons nous autoriser
02:22à voir les choses en grand, à innover, à renouveler,
02:26à avoir de l'ambition, bref, à défendre la liberté à tout prix.
02:52Enseignant et écrivain, Patrice Jean vient de publier son dixième roman
03:09qui fait l'effet d'une bombe et est encensé par l'ensemble de la presse,
03:12même celle avare de compliments.
03:14Roman magistral, chacun a le sentiment de posséder entre ses mains
03:18le roman de la rentrée, la vie des spectres.
03:21Patrice Jean, bonjour.
03:22– Bonjour.
03:23– Monsieur, pour le roman, la vie des spectres,
03:25vous avez reçu le prix Maison Rouge,
03:26le titre avant même d'ouvrir la première page du livre,
03:29et tout un mystère qui ne va pas d'ailleurs sans vous déplaire.
03:32Qui sont ces spectres ?
03:33– Alors les spectres, il y a un spectre dans le roman
03:37qui est l'ami du narrateur, mais un ami qui est mort vingt ans
03:42plus tôt au moment où le roman commence.
03:45Et puis les spectres, il y a évidemment l'aspect métaphorique du terme
03:50dans le sens où chacun, en vivant, laisse derrière soi
03:55des amis qu'il ne voit pas pendant des années,
03:58des versions plus antérieures de lui-même
04:01qui peuvent paraître à ses yeux du jour des spectres.
04:05C'est-à-dire que le passé est une machine à fabriquer des spectres.
04:08Et puis est-ce qu'on vit vraiment, il y a aussi cette idée-là,
04:13est-ce que chaque individu est vraiment intensément présent au monde
04:18ou est-ce qu'il a en lui une part spectrale ?
04:23Donc je joue sur ces différents termes,
04:25donc un vrai fantôme et puis le sens métaphorique.
04:28– Alors votre héros s'appelle Jean Dulac, c'est un journaliste nantais
04:32qui fait le portrait de personnalité de la vie locale.
04:35Il est marié, il est père, il est communiste.
04:38Comment définiriez-vous votre personnage principal ?
04:40Alors j'ai noté plusieurs possibilités, un mélancolique, un sceptique, un marginal.
04:47– C'est les trois, mélancolique parce qu'il vieillit
04:50et commence à se poser la question du bilan de ce qu'a été sa vie.
04:54– Il a 49 ans.
04:55– Il a 49 ans mais il commence à se dire, comme tout le monde,
04:59qu'est-ce que j'ai fait de ma vie, mon Dieu ?
05:02Un sceptique puisqu'il commence aussi à être sceptique
05:06envers ses engagements politiques, envers son propre couple,
05:10envers même la société telle qu'elle est en train de devenir.
05:15Et puis un marginal parce que dès lors qu'il est sceptique et mélancolique,
05:20je dirais qu'il est marginalisé s'il n'a pas en lui l'élan suffisant
05:26pour rejoindre ses anciens camarades communistes par exemple
05:30ou l'élan pour croire à tout ce qu'on lui présente.
05:34– Quand vous lui faites dire, quand j'étais adolescent,
05:37je recherchais la compagnie de mes semblables, aujourd'hui je m'en passe très bien,
05:41le mutisme des animaux me repose du cactage huminien.
05:45– Oui c'est un peu misanthrope mais là c'est le personnage qui,
05:50de temps en temps, et je crois qu'au-delà de mon personnage,
05:54chacun pourra ressentir ça, de se retrouver avec des animaux,
05:59avec des chiens, avec des chiens.
06:00– Est-ce que c'est pas une forme de confort pour lui ?
06:04– De confort de se retrouver avec des animaux ?
06:05– Non, non, de misanthrope après tout.
06:07– Ah oui, le confort du misanthrope, je ne sais pas, je ne sais pas,
06:11je pense que ce n'est pas si confortable que ça,
06:15parce que ses amis lui reprochent de se retirer un peu du jeu.
06:21Donc je ne vois pas la misanthropie comme un confort,
06:25je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il le soit vraiment misanthrope,
06:28là il faudrait vraiment rentrer dans le jeu.
06:30– Il y a une phase plus terrible, je vous la livre à nouveau,
06:33j'ignore si la vie a un sens mais la mienne n'en a pas,
06:35si je n'étais pas né, le monde n'aurait pas été différent,
06:37et si je ne suis rien pour le monde, m'en voudra-t-on de le considérer avec indifférence ?
06:43Ça c'est une vision pour le moins désabusée.
06:46– Oui, bien sûr, alors là je ne vais pas faire le coup,
06:49c'est le personnage qui dit ça, mais un peu quand même,
06:51c'est-à-dire que ça a un moment de son parcours,
06:53et un moment du parcours de chacun, on peut se dire,
06:56effectivement si je n'étais pas né,
06:58la vie du monde n'aurait pas été différente,
07:02et c'est des pensées qui nous traversent tous,
07:04et qu'à ce moment-là du roman, traversent le personnage,
07:08et révèlent sa mélancolie profonde.
07:11– Alors à la suite d'un article qui crée la polémique
07:14et prend à rebrousse-poil la bien-pensance on va dire,
07:17la vie familiale et sociale de Jean Dulac va connaître un délitement accéléré,
07:22cela vous permet d'aborder de nombreux thèmes,
07:24et tout d'abord le naufrage de l'éducation nationale.
07:27Dans le livre, c'est un professeur de français, femme,
07:30qui est cloué au pilori par ses élèves,
07:32mais aussi par la hiérarchie, faisant simple,
07:34pour oser faire étudier les écrivains classiques,
07:36et je me suis dit, à ce moment-là,
07:38est-ce que Patrice Jean n'est pas en train de outrer le trait ?
07:42– Oui, bien sûr, c'est un peu une caricature.
07:45– Ou est-ce qu'on en est là ?
07:46– Non, on n'en est pas tout à fait là, mais…
07:48– Vous êtes enseignant ?
07:49– Oui, je suis professeur, effectivement, de français,
07:52comme le personnage, pas le narrateur,
07:54mais un des personnages du roman,
07:56et effectivement, à un moment, un personnage dit,
08:01ils étudient le misanthrope, justement, de Molière,
08:04et les parents se plaignent un peu parce que la pièce est difficile,
08:07et je crois qu'à un moment, on n'était pas très loin de dire
08:11que d'étudier Molière, c'est de la maltraitance,
08:13et je sais que pour certains, les classiques,
08:17certains classiques un peu difficiles,
08:19sont tellement éloignés des élèves,
08:21tellement peu dans l'élan vital de l'adolescence,
08:25qu'on pourrait penser qu'il est indigne de les étudier.
08:30Mais on n'en est pas là, on n'en est pas là,
08:32mais vous savez, je pense que parfois, il faut forcer le trait.
08:36On m'a reproché, justement, parfois, de forcer le trait,
08:39et d'ailleurs, j'ai répondu dans une interview,
08:41et je vais me reciter, que, en fait,
08:44toute proportion gardée, c'est ce que faisait Molière.
08:46Quand il écrit le misanthrope, puisqu'on en parlait,
08:48quand il écrit Alceste, il force le trait de ce personnage
08:52qui se retire dans sa campagne, qui déteste tout le monde,
08:56pour amuser, et puis pour dire aussi quelque chose de plus profond.
09:00Je pense que forcer le trait, en littérature, c'est nécessaire.
09:05Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il faut toujours conserver l'équivoque,
09:09la demi-mesure, et je crois que la satire, l'ironie,
09:13sont des armes de la littérature,
09:15et je pense que j'ai le droit de les utiliser.
09:19– Alors, vous forcez le trait en dessinant la désagrégation
09:22ou le naufrage de l'éducation nationale,
09:24mais en fait, vous ne répondez pas à la question,
09:26qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut se mobiliser ?
09:29Qu'est-ce qu'il faut faire ? Ou est-ce qu'il faut faire comme votre héros,
09:31c'est-à-dire se lever et se contenter de ranger son assiette dans le lave-vaisselle ?
09:35– Je pense qu'il faut plutôt aller vers le lave-vaisselle.
09:38Mais alors, ça, c'est le…
09:40Je n'ai pas de réponse à ce que doit devenir l'éducation nationale,
09:45parce qu'elle n'est pas totalement responsable
09:49de tout ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est aujourd'hui, si vous voulez.
09:52Elle est prise dans une structure beaucoup plus globale,
09:54beaucoup plus large, et ce que sont les élèves,
09:56ce que sont les parents, ce que sont les professeurs,
09:58la façon dont on enseigne, etc., ne relève pas que d'elle-même.
10:02C'est un peu pour la défendre, finalement.
10:05Je ne crois pas que tous les problèmes viennent de l'éducation nationale.
10:09Quand un élève, pour donner un exemple concret,
10:13étudie, je ne sais pas, Ronsard, ou Châteaubriand, ou Flaubert,
10:17en cours, il pense que c'est important, mais quand il sort du lycée,
10:21ces personnes-là, Châteaubriand, Molière, Flaubert, n'existent pratiquement plus.
10:25C'est-à-dire que la société entière ne leur tourne pas le dos,
10:29mais ne s'y intéresse pas vraiment.
10:31Donc, lui-même se dit, qu'est-ce que je suis en train d'apprendre
10:35des auteurs dont je ne vois jamais la couleur,
10:38en dehors de ces endroits étonnants que sont les lycées.
10:42– Il y a beaucoup de dénonciations dans cet ouvrage.
10:44On parlait de l'éducation nationale.
10:46Alors, il y en a qui pointent, par exemple, l'activité militante,
10:49la militance, qui aveugle la raison, pour reprendre les termes dans l'ouvrage.
10:53D'autres voient une charge contre le wokisme,
10:55le conformisme antiraciste, le jeunisme, à travers Simon,
10:58qui est le fils de Jean, votre héros, ou le féminisme,
11:02à travers les copines, les amis de l'épouse de Jean, Dorian.
11:07Toutes ces dénonciations sont là ?
11:10– Alors, c'est compliqué parce qu'à aucun moment je me suis dit,
11:14je vais faire un roman pour dénoncer le wokisme, etc.
11:21D'ailleurs, le terme, j'ai vérifié, n'apparaît jamais une seule fois dans le roman.
11:25– C'est moi qui l'ai indiqué.
11:26– Oui, mais on me l'a dit plusieurs fois.
11:28Non, le terme n'apparaît pas.
11:30En réalité, le début du roman, c'était le désir de présenter
11:35des personnages qui sont en lien avec la culture.
11:38Ce personnage de journaliste qui va être amené à rencontrer
11:42un universitaire, un libraire, un écrivain, etc.
11:47Or, il se trouve que beaucoup de ces gens,
11:51disons, du domaine de la culture ou de l'éducation,
11:54sont plutôt dans le camp progressiste.
11:56Donc, par fidélité à ce que je connais, ce que je vois,
12:01j'ai donc fait une satire de ce monde-là, et donc du progressisme.
12:06– Est-ce que le sujet, en fait, depuis l'homme surnuméraire
12:09qui était un de vos précédents romans, n'est pas tout simplement
12:12le déclassement de l'homme européen, de l'homme blanc ?
12:15Un déclassement ou la rupture avec un monde incompris,
12:18même quasiment mieux que le déclassement, l'effacement.
12:21C'est un terme qui est dans l'ouvrage.
12:23Le père est l'homme à abattre, surtout quand il est blanc.
12:25– Oui, je pense que c'est surtout…
12:27– Je vous cite maintenant pour être sûr que…
12:29– Il faudrait remettre dans le contexte, je ne sais plus exactement
12:31pourquoi j'ai écrit ça, mais je pense que c'est surtout
12:34sur l'impression du déclassement de la littérature et des arts, etc.
12:40Peut-être que je me trompe, parce qu'on me contredit
12:42tout le temps sur ce point-là.
12:44On me dit tout le temps, mais non, vous avez tort, etc.
12:47Au fond, au XVIIe siècle, il y avait très peu de lecteurs.
12:50Et puis aujourd'hui, ce n'est pas pire, c'est peut-être même mieux.
12:54Mais c'est l'impression que j'ai, si vous voulez,
12:57en fréquentant beaucoup de monde justement de la culture,
13:00qui aurait dû, qui devrait se passionner pour la littérature,
13:03de la voir de plus en plus délaissée.
13:07La plupart des gens préfèrent se mettre devant Netflix
13:11ou devant, je ne sais pas moi, des bouquins de développement personnel
13:15que de se dire, je vais lire Chateaubriand.
13:17D'ailleurs, j'ai rencontré une fois une amie,
13:21et je lui avais dit ma passion pour Chateaubriand.
13:23Elle m'avait dit, tu es la première personne que je connaisse
13:25qui aime Chateaubriand.
13:27Je ne savais même pas que ça pouvait exister.
13:29Voilà, c'est ce à quoi je suis confronté.
13:33Et je crois qu'en parler dans un roman,
13:36puisque quand même la littérature, c'est ce qui était quand même lié
13:39à l'Europe, à la France, etc.,
13:41et voir que cette chose-là n'a plus la même importance,
13:43c'est intéressant, je pense.
13:45– Est-ce que ce n'est pas la dénonciation de la solitude, tout simplement,
13:48programmée de ceux qui mettent la vérité au-dessus des intimidations de l'époque ?
13:52Je cite encore Patrice Jean, toujours.
13:54– C'est un bon auteur.
13:55– Je suis sûr, au moins vous allez me répondre que c'est bien vous.
13:58– Oui, oui, ça me dit quelque chose.
14:00Oui, bien sûr, comme on parlait tout à l'heure,
14:02à partir du moment où on a un regard critique,
14:04on est assez vite, ça aussi je m'en suis aperçu, exclu,
14:08assez vite mis de côté, assez vite marginalisé,
14:11comme le personnage de Jean Dulac.
14:13– Dénonciation plus générale de la bêtise ?
14:16– Exactement.
14:17– La bêtise de notre société ?
14:18– Je pense que la bêtise a toujours existé,
14:22elle existera toujours, elle est indéracinable,
14:24mais elle varie ses formes.
14:26Elle n'a pas toujours le même visage, la même façon d'être.
14:31Et aujourd'hui, il y a une bêtise qui n'est pas celle du XIXe,
14:35qui n'est pas celle du XVIIIe, mais qui est là, bien présente,
14:37et que forcément, puisqu'elle est généralement puissante,
14:42elle est aveugle, certain, et on ne la voit pas toujours.
14:45– Il y a un personnage à parentir dans le roman,
14:47en dehors de Jean Dulac, c'est la ville de Nantes.
14:50Très, très présente, ça fera plaisir à Pascal Praud.
14:53Ce n'est pas faire de mauvais esprits que de dire
14:56que cette ville, qui était une des plus belles villes de France,
14:58a subi une transformation majeure,
15:00que je pourrais résumer en une image finalement,
15:03qui est très politique, pardonnez-moi,
15:05mais elle a le mérite de la clarté,
15:06députée du centre-ville de Nantes et Andy Kerbrat,
15:11un extrémiste appelé maintenant le Palmat du Palais-Bourbon,
15:15et élu de la France Insoumise.
15:17Et en fait, beaucoup de gens me disent maintenant,
15:20à Nantes, ils se sentent complètement exclus de cette ville
15:22et de la société qu'elle charrie.
15:24Est-ce que du fait que Nantes était pour vous
15:26la ville où le décor rêvait ?
15:29– Bien oui, pour plusieurs raisons.
15:31Pour la raison que vous avez dite, puisqu'elle a changé,
15:34on en a parlé un peu avant l'émission,
15:36mais il est vrai qu'il y a 20 ou 25 ans…
15:38– C'est bien de la connaître l'un et l'autre.
15:39– Voilà, dans les classements, on voyait toujours Nantes,
15:41la ville où tout le monde veut aller vivre, etc.
15:44Les gens veulent quitter Paris pour aller à Nantes.
15:46Et j'ai l'impression, pour lire, écouter, etc.,
15:50des émissions, voire des individus,
15:52que l'image, en tous les cas, a changé.
15:54Alors, est-ce que c'est mérité ou pas ?
15:56Sans doute.
15:57En tout cas, j'ai joué avec cette image.
16:00J'ai joué avec cette image de la ville que, moi, j'ai connue
16:04dans les années 80.
16:06Enfin, j'ai grandi à Nantes, j'ai fait mes études à Nantes.
16:09Et ce n'était pas une ville qui posait de problème.
16:12Aujourd'hui, il semblerait, mais comme je n'y vis plus,
16:15même si j'ai écrit sur Nantes,
16:18je ne peux pas valider ou pas cette question-là.
16:22Vous voyez, je suis prudent.
16:24– Je comprends.
16:25– Je préfère là.
16:27Mais en revanche, ce qui est certain, c'est que l'image a changé.
16:31Et ça, c'est une vérité.
16:33– C'est-à-dire que le corps électoral a changé.
16:35– Pardon ?
16:36– Le corps électoral a changé.
16:37Là, on peut être d'accord là-dessus.
16:38– Exactement.
16:39– Sur le fait que ce fut une ville bourgeoise de droite,
16:41qu'aujourd'hui, c'est une ville qu'on pourrait casser
16:43à l'extrême gauche.
16:44– Oui, comme la plupart des grandes villes, je pense.
16:47On parlait de la bêtise.
16:49Une bêtise toujours renouvelée, increvable,
16:51incorporée à notre espèce.
16:53Il y a, au-delà de cela, la volonté d'essayer de mieux vous connaître.
16:57Vous, Patrice Jean.
16:58Et alors, j'ai été me réfugier d'une place dans les pages du Figaro.
17:03Et voilà ce que j'ai trouvé.
17:05C'est un romantique, un cœur pur, un naïf,
17:09découvrant avec sidération la bêtise environnante.
17:13Cette bêtise toujours renouvelée, increvable,
17:15incorporée à notre espèce.
17:17Est-ce que ça, ce portrait-là, il vous convient ?
17:19Romantique, cœur pur, naïf.
17:21Découvrant avec sidération la bêtise environnante.
17:24– Le personnage, je veux dire.
17:26– Ah non, c'est bien de vous dont le Figaro parle.
17:28– D'accord.
17:29C'est pour la dernière critique ?
17:31– C'est dans le Figaro, c'est dans la critique de cet ouvrage-là.
17:33J'ai trouvé cela…
17:35– Romantique, oui, certainement.
17:38Un petit pourcentage, comme tout le monde.
17:42Ne serait-ce que par le goût de la littérature, de la poésie,
17:46de l'art, de la passion.
17:48Je reconnais ce rapport au monde.
17:52Sur le côté naïf, je veux bien l'admettre, sur certains points.
17:57Je crois qu'il faut une part de candeur, de naïveté.
18:02Et que ce n'est pas forcément si minable.
18:05Et le troisième point, c'était…
18:08– Découvrant avec sidération la bêtise environnante.
18:11– Oui, alors là, oui.
18:12– Et vous avez oublié cœur pur.
18:13– Cœur pur, là, je ne sais pas.
18:15– Bon.
18:16– Cœur pur, non, comme tout le monde.
18:18Je ne dirais pas comme Pascal que mon cœur est creux et plein d'ordures.
18:22Mais enfin, comme chacun, pur, ça me paraît quand même…
18:26– Présomptueux.
18:27– Présomptueux de le dire de moi-même en tous les cas.
18:29– Il y a aussi dans l'ouvrage, j'ai pas parlé, une épidémie, une pandémie.
18:33On n'en parlera pas plus.
18:34Il faut vraiment le lire, ce livre,
18:36qui affecte principalement les propagateurs de stéréotypes.
18:41– Oui.
18:42– Et le remède, c'est un peu la lecture.
18:44Enfin, c'est même beaucoup, c'est la lecture de Balzac.
18:46Alors, si je lis Balzac, je suis…
18:48– Pas seulement, tous les grands auteurs.
18:50– Tous les grands auteurs.
18:51J'ai cité Balzac, parce que c'était un auteur que j'aime.
18:54Et donc, ça me protège de cette pandémie.
18:56– Tout à fait.
18:57– C'est le vaccin.
18:58– Si vous êtes un grand lecteur.
19:00Oui, parce que l'idée…
19:01Certains ont dit que c'est une allégorie, mais ce n'est pas vraiment une allégorie.
19:04Je pense réellement qu'aujourd'hui, peut-être dans toutes les époques,
19:07mais aujourd'hui en particulier, puisque je suis dans cette époque
19:10et pas dans les autres, je vois un décalage entre les mots et les choses,
19:14entre les discours et la réalité,
19:17et par conséquent, entre le mot et ce qu'il signifie.
19:21Je me suis dit, ce décalage constant,
19:24ce rapport un peu, comment dire, déséquilibré au monde,
19:29a sans doute des effets dans notre corps.
19:32Et j'ai pensé que l'effet premier, l'effet psychosomatique,
19:36c'était les boutons et l'épidémie,
19:39et que par conséquent, pour revenir à recoller le signifiant et le signifié,
19:45comme on disait avant, le mot et la chose,
19:47il fallait revenir aux grands auteurs qui, eux,
19:50avaient mis des mots sur des choses précises.
19:53– Voilà, un vaccin qui fonctionne.
19:55Balzac, Balzac et Patrice Jean.
19:58L'écrivain à succès, Alice Ferney,
20:01parle d'élogieuse filiation.
20:04Je reviens au Figaro, décidément.
20:07Ce n'est pas un pamphlétaire à la bloie,
20:09ce n'est pas un optimiste, mais ce n'est pas surviant,
20:11et conclut, c'est un flaubertien avant tout.
20:14Et je me dis, Balzac, Flaubert, élogieuse filiation.
20:19– Oui, c'est évidemment écrasant.
20:22– Je ne comprends pas ça.
20:25Mais il est vrai que ce sont des auteurs que j'ai beaucoup lus,
20:29et en particulier Flaubert, d'ailleurs,
20:32que j'ai vraiment incorporé, je dirais, à ma psyché,
20:36à ma façon d'être, à ma façon de percevoir,
20:38à ma toute petite échelle,
20:40parce que je ne prétends absolument pas lui arriver à la cheville.
20:44Mais je m'inscris dans cette lignée, je crois,
20:51je pense, d'une manière un peu différente de Flaubert,
20:53parce que Flaubert, c'est le 19ème siècle,
20:55donc c'est un roman, disons, pas académique,
20:57mais assez classique, réaliste.
20:59Je ne pense pas que j'écrive ce type de roman,
21:01mais en tout cas, dans l'état d'esprit, oui, c'est ce que je veux.
21:04Et parler aussi du réel, d'ailleurs, du réel, comme le faisait Flaubert.
21:08– Il y a beaucoup d'observateurs et de critiques littéraires
21:10qui vous rapprochent aussi de Michel Houellebecq.
21:13Est-ce que vous partagez ce sentiment, cette filiation-là ?
21:16– Michel Houellebecq…
21:17– Ce n'est pas la première fois qu'on vous le dit,
21:18parce que je l'ai lu cent fois.
21:19– Oui, oui, on me le dit toujours.
21:21Écoutez, moi je pense que Houellebecq,
21:25quand il apparaît dans les années 90,
21:28justement, il remet au centre la question du réalisme
21:31et du pessimisme d'une façon magistrale et violente,
21:36et qu'il a été absolument essentiel dans la littérature française,
21:40et même au-delà, et que par conséquent,
21:42tout écrivain aujourd'hui est plus ou moins dans le sillage de Houellebecq.
21:47En revanche, sur beaucoup de points,
21:49je crois être extrêmement différent de Houellebecq.
21:52Je peux juste en donner un parmi tant d'autres.
21:54– Bien sûr, bien sûr.
21:55– Houellebecq a une formation scientifique,
21:58et il aime bien la science-fiction, il parle souvent du clonage, etc.
22:02Alors que moi, je suis plutôt, dans mes livres,
22:04un critique de la domination scientifique.
22:08Dans un précédent roman, pas dans celui-ci,
22:10je suis plutôt à réfléchir sur ces questions-là.
22:13– Votre ancien éditeur, que j'ai été chercher,
22:15Jean-Pierre Montal, fait de vous ce portrait.
22:17L'idéologie ne l'intéresse pas, il est là pour créer des passages.
22:20Les notions de droite ou de gauche lui sont parfaitement étrangers,
22:24seuls contre la littérature.
22:26Je ne me trompe pas ?
22:28– Disons que les notions de droite et de gauche
22:31ne me sont pas quand même à ce point-là indifférentes,
22:34mais je mets au-dessus la littérature, effectivement.
22:37C'est-à-dire que dans ma perception et ma vie,
22:40il y a la littérature, ensuite la politique est en dessous,
22:45en revanche, je pense que la littérature a tout à fait le droit
22:47de s'engager, de parler de politique, etc.,
22:50dès lors qu'elle reste profondément littéraire.
22:53Le but, quand on écrit un roman,
22:55ce n'est pas, à mon sens, de défendre la veuve et l'orphelin
22:59ou de donner ses opinions politiques,
23:01mais c'est d'abord de créer un grand roman,
23:03c'est-à-dire analyser l'âme humaine, la condition humaine,
23:06ce genre de questions,
23:08et dans la condition humaine, il y a la question politique.
23:11– Est-ce que votre image d'écrivain du camp des réacs,
23:15conservateur, n'est pas un frein, un élément
23:18qui vous empêche de vous voir décerner ?
23:20Par exemple, vous étiez en lice pour le Renaud d'Eau,
23:22mais est-ce que c'est possible pour un écrivain conservateur,
23:26si vous acceptez le terme ?
23:29Est-ce que Patrigeon peut être concours 2024, 2025 ?
23:34– Je ne sais pas si je suis un écrivain conservateur.
23:36– C'est mérité, pourtant, est-ce possible ?
23:39– Écoutez, je pense qu'il faudrait vous interroger
23:42les membres du prix Renaud d'Eau, mais…
23:46– Je vais faire plus simple, Patrigeon.
23:48Est-ce que le fait d'être un écrivain considéré comme réac
23:52ou conservateur, je mets des climats,
23:54– Vous venez de dire considéré comme, ça c'est très important.
23:56– Considéré comme, peut être un frein pour le jury du Renaud d'Eau ?
23:59– Je pense que oui, ça peut…
24:01En tout cas, ce n'est pas un accélérateur,
24:03j'allais dire de particules,
24:05ce n'est pas un accélérateur, c'est quelque chose
24:07qu'il va falloir dépasser, outrepasser, qu'il va falloir contourner.
24:11Ce n'est pas un atout, à mon sens, pour un certain nombre de prix,
24:15ça c'est certain.
24:16– Houellebecq, ça n'aura pas le prix Nobel de littérature,
24:18Patrigeon ne rend pas le Renaud d'Eau.
24:20– Mais il a eu le prix concours, Houellebecq,
24:22une période en 2007, je crois, 2008, je ne sais plus,
24:25pour la carte et le territoire, 2010 peut-être, je ne sais plus.
24:30Non, moi je fais un appel à tous les membres,
24:33tous les jurys de me donner un grand prix.
24:36– Elle a raison, est-ce possible ?
24:40En l'état, est-ce possible ?
24:42En l'état des éditeurs, en l'état des jurys
24:44qui composent ces maisons-là, est-ce que c'est possible ?
24:47Ou alors, parlons concrètement, est-ce que tout ça n'est pas faisandé ?
24:51– J'espère que non, j'espère que c'est possible,
24:55oui, je pense que c'est possible.
24:57Maintenant, il est évident que je ne suis pas consensuel.
25:02– Vous ne cherchez pas à l'être.
25:04– Je ne cherche pas à l'être et je ne chercherai pas à l'être.
25:06Donc si le prix à payer, pour écrire ce que j'ai envie d'écrire,
25:11c'est de ne pas avoir de prix, je suis prêt à le payer, évidemment.
25:17– Vous le faites déjà ?
25:18– Je le fais, je le fais avec…
25:20– C'est le roman de la rentrée,
25:22c'est le roman de la rentrée, La vie des spectres.
25:24Je vous invite vraiment à vous le procurer dès maintenant,
25:27c'est le livre qu'il faut offrir pour Noël,
25:30parce que c'est le temps qui permet d'offrir des livres encore.
25:33Merci beaucoup Patrice Jean, merci d'être venu de si loin.
25:36– Merci.
25:37– Merci à vous.
25:38– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org