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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Gabriel Attal, président du groupe parlementaire Ensemble pour la République.

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00:00Bonjour à tous, bonjour Gabriel Attal. Bonjour Djavie Thambert.
00:05Nous allons évoquer avec vous ce matin le lancement d'une fondation que vous avez appelée Faire Face
00:10et qui vise à lutter contre le harcèlement scolaire, vous allez nous en parler tout à l'heure,
00:14nous en expliquer en particulier les objectifs.
00:16Mais bien entendu on veut tout d'abord entendre votre regard d'ancien Premier ministre,
00:21de responsable politique nationale sur ce qui vient de se passer aux Etats-Unis,
00:24cette victoire de Donald Trump, ce triomphe que les sondages n'avaient d'ailleurs pas vu venir.
00:28Alors Emmanuel Macron a réagi dans sa fonction en félicitant le nouvel élu,
00:33mais vous qui n'êtes plus tenu par les rigueurs ou les prudences diplomatiques,
00:37qu'est-ce que vous en dites de ce retour de cet homme tant décrié et finalement qui est plus fort que jamais aujourd'hui ?
00:44D'abord c'est le choix souverain des Américains et il faut le respecter, il faut le regretter, il faut le respecter.
00:50Moi vous savez la première chose qui m'importe c'est de me demander ce que sera l'impact de ce choix
00:55pour les Français et pour la France. Et oui il y a des raisons d'être inquiets d'un point de vue économique,
01:02puisqu'on voit bien que les tensions commerciales qu'on a pu connaître ces dernières années
01:05probablement seront plus fortes encore, qu'il y aura peut-être encore plus de protectionnisme.
01:10D'un point de vue géopolitique, on peut imaginer un impact de ce choix sur un certain nombre de conflits
01:18et notamment sur le conflit ukrainien.
01:20Puis d'un point de vue des grands défis que le monde a rencontrés, notamment le défi climatique,
01:26évidemment qu'on a besoin de l'engagement des grandes puissances, notamment des États-Unis.
01:30Vous savez en tant que Premier ministre, aujourd'hui encore, j'ai passé beaucoup de temps avec nos concitoyens victimes du dérèglement climatique.
01:37Les habitants du Pas-de-Calais qui ont subi les inondations, les agriculteurs qui subissent le gel, la canicule, les feux de forêt.
01:44C'est un enjeu et un défi absolument majeur.
01:46On va parler du climat. Sur le dossier ukrainien, vous étiez rendu en Ukraine il y a quelques semaines, en septembre.
01:51Donald Trump a dit à plusieurs reprises qu'il pourrait régler le conflit en 24 heures, sans d'ailleurs dire comment il le ferait.
01:58On sait qu'il n'est pas favorable au maintien d'une aide aussi forte, aussi bien militaire que financière des États-Unis,
02:04qui est le premier contributeur aujourd'hui face à cette guerre.
02:08Est-ce qu'il y a une inquiétude là-dessus, d'un désengagement tout simplement de l'Amérique ?
02:13Je crois qu'il y a incontestablement une préoccupation. On doit continuer à soutenir l'Ukraine.
02:18On doit continuer à soutenir l'Ukraine, d'abord parce que les Ukrainiens se battent pour leur liberté.
02:22Ensuite, parce que je le dis, une victoire de la Russie sur l'Ukraine aurait un impact, y compris pour nous, pour les Français.
02:29Elle aurait un impact en termes de déstabilisation économique.
02:33On voit que l'inflation a reculé ces derniers mois.
02:36Une victoire de la Russie sur l'Ukraine aurait un impact pour une inflation à la hausse,
02:40parce qu'en termes énergétiques, en termes agricoles et commerciales aussi, ça aurait évidemment une déstabilisation.
02:46En termes migratoires, également, il y aurait un impact européen.
02:49Est-ce que vous avez peur que Donald Trump fasse des concessions à Vladimir Poutine dans les semaines qui viennent ?
02:53En tout cas, il y a une inquiétude sur l'engagement américain dans le soutien à l'Ukraine, évidemment.
02:58Et donc sur ce sujet-là, comme sur les sujets que j'ai évoqués d'un point de vue économique, d'un point de vue climatique,
03:03évidemment que l'Europe, qui a fait, je crois, des pas importants ces dernières années, va devoir faire des pas de géant.
03:09Pour notre indépendance, pour notre autonomie, pour notre souveraineté.
03:12On doit dépendre davantage de nous-mêmes et moins des autres sur beaucoup de sujets.
03:18Sur notre sécurité, sur notre économie, sur notre protection.
03:21Et donc c'est le travail qu'on va devoir mener.
03:23Et vous savez, c'est aussi un constat qu'on a fait depuis plusieurs années.
03:26L'Europe doit dépendre davantage d'elle-même.
03:29On a fait des progrès ces dernières années, sur l'industrie, sur la défense, sur le climat, je l'évoquais.
03:34On doit aller encore plus loin.
03:35Et ne plus compter sur les États-Unis. Est-ce que cette élection doit agir, on l'entend beaucoup depuis 24 heures,
03:40comme un électrochoc en quelque sorte pour les pays européens ?
03:42Personnellement, je crois que l'électrochoc a eu lieu depuis maintenant un certain temps.
03:46Vous savez, Trump avait déjà été élu.
03:49Et par ailleurs, on voit maintenant depuis un certain nombre d'années que les préoccupations des États-Unis
03:55se tournent davantage sur eux-mêmes et moins sur l'Europe et sur le reste du monde.
04:00Donc, personnellement, je crois qu'on est sorti de la naïveté depuis longtemps sur le rôle de l'Union européenne
04:06et sa responsabilité immense pour protéger les États membres et notamment la France.
04:10Comment vous l'expliquez, cette victoire, dans un pays où l'économie ne va pas si mal ?
04:15Le chômage est à 4 %, aux États-Unis un peu plus de 4 %, l'inflation a ralenti.
04:19Néanmoins, de très nombreux Américains ont voulu renverser la table au nom notamment de valeurs
04:24qui consistent à dire l'Amérique d'abord, il y aurait une invasion étrangère.
04:28Et ces valeurs-là, vous le voyez, elles progressent partout dans le monde, y compris en France.
04:32Est-ce que la victoire de Trump, c'est peut-être le préambule d'autres triomphes, d'autres victoires,
04:37notamment en France en 2027 ?
04:39Je crois probablement que la société américaine, comme beaucoup de sociétés occidentales,
04:43doute de sa grandeur et de sa puissance autant qu'elle y est attachée.
04:47Et je crois que notre responsabilité, en tout cas mon souhait,
04:51c'est d'apporter des réponses à ces angoisses qui traversent beaucoup de pays dans le monde.
04:55En tout cas, je crois que rien n'est acquis, et certainement pas ni la victoire, ni la défaite
04:59des extrémistes ou des populistes.
05:01Donald Trump a été élu, il y a quelques mois on a vu au Brésil la défaite de Bolsonaro,
05:06on a vu à l'est de l'Europe des extrémistes, des populistes qui gouvernaient,
05:10qui ne gouvernent plus aujourd'hui.
05:12Et on a vu en France la montée du Rassemblement national, vous étiez au 1er logement.
05:14Et on a vu en France la montée du Rassemblement national, dont certains nous disaient qu'il gouvernerait cet été.
05:18Ce n'est pas le cas aujourd'hui, évidemment.
05:20Moi, je vais continuer à me battre et surtout à chercher des solutions pour répondre
05:24aux attentes et aux angoisses de nos concitoyens.
05:26Gabriel Attal, je le disais au début de cet entretien, vous êtes aussi avec nous ce matin
05:29pour nous parler de cette fondation Faire face au harcèlement scolaire,
05:33une fondation que vous avez donc lancée hier, en cette journée d'ailleurs aujourd'hui,
05:37nationale contre le harcèlement scolaire.
05:39En quoi ça consiste ? Quelle est aujourd'hui l'ampleur du phénomène ?
05:43De quoi on parle exactement ?
05:44Vous savez, il y a un an, quand j'étais ministre de l'Éducation nationale,
05:47j'avais précisément voulu répondre de manière claire à cette question.
05:50Et donc, j'avais décidé que plus de 7 millions d'élèves rempliraient un questionnaire
05:54d'auto-évaluation sur le harcèlement.
05:56Quel a été le résultat de ce travail ?
05:59C'est qu'il y a, en moyenne, entre 1 et 2 élèves par classe qui sont victimes
06:05de harcèlement scolaire.
06:06Et que ce chiffre monte à près de 20% dans les écoles primaires, en moyenne.
06:11Et donc, on voit l'ampleur de ce phénomène.
06:13Un élève sur cinq en école primaire.
06:14Et c'est un phénomène qui, d'abord, rend très difficile pour beaucoup d'élèves
06:18le fait d'apprendre à l'école.
06:19Parce que quand vous êtes harcelé à l'école, quand vous n'êtes pas bien à l'école,
06:22évidemment, vous n'apprenez pas bien à l'école.
06:24Et en général, bien souvent, ce phénomène cible des élèves qui travaillent,
06:28qui sont méritants.
06:29Et ensuite, ça bousille des vies.
06:32Vous avez des vies qui sont brisées, qui sont gâchées.
06:35Et vous avez parfois des drames avec des élèves, des jeunes, des enfants,
06:40qui considèrent à un moment que la souffrance est telle
06:43que le seul moyen d'en finir avec la souffrance,
06:46c'est d'en finir avec leur vie.
06:48Vous lancez d'ailleurs cette fondation avec notamment Béatrice Leblay,
06:51la mère de Nicolas, un adolescent de 15 ans qui avait été harcelé
06:54et qui a fini par se suicider.
06:56C'était le 5 septembre 2023.
06:58Cette fondation, elle vise à quoi ?
07:00À épauler ou à finalement se substituer à l'éducation nationale
07:03qui n'en fait peut-être pas assez dans ce domaine ?
07:05Il faut que tout le monde fasse plus, y compris la société civile.
07:08C'est pour ça que je lance cette association.
07:10Quand j'étais ministre de l'Éducation puis Premier ministre,
07:12j'ai engagé beaucoup de démarches.
07:14Vous avez parlé à l'instant du questionnaire.
07:16On a recruté des personnels dédiés au harcèlement.
07:19Dans chaque établissement scolaire maintenant,
07:21il y a au moins un personnel dédié au harcèlement.
07:23Dans chaque académie, dans chaque rectorat, j'ai changé les règles.
07:26Maintenant, ce n'est plus à l'élève harcelé de quitter l'établissement,
07:29c'est à l'élève harceleur de quitter l'établissement.
07:32Il faut en finir avec cette double peine.
07:34On a engagé beaucoup de moyens.
07:36Mais qu'est-ce que ça pose à la puissance,
07:38notamment des réseaux sociaux, M. Attal ?
07:40Vous savez, on a vu certains pays,
07:42notamment le Danemark où je m'étais rendu,
07:44où le harcèlement a considérablement reculé
07:46parce que l'Éducation nationale et la société tout entière
07:49ont décidé d'en faire une grande cause.
07:51Et avec l'association, qu'est-ce qu'on va faire ?
07:53On va d'abord organiser des interventions en prévention
07:56dans tous les établissements scolaires,
07:58parce qu'il faut prévenir sur ce phénomène.
08:00Ensuite, on va participer à la formation
08:02des enseignants de la communauté éducative,
08:04des parents aussi, parce qu'on a besoin d'eux.
08:06Et enfin, on va accompagner des familles qui vivent des drames.
08:10Vous savez, vous avez des familles parfois
08:12qui sont victimes du harcèlement,
08:14qui souhaitent porter plainte,
08:16qui n'ont pas forcément les moyens de se payer un avocat.
08:18On travaille avec des grands cabinets d'avocats
08:20qui pourront bénévolement
08:22accompagner juridiquement des familles qui en ont besoin.
08:24On pourra les accompagner aussi ponctuellement, financièrement.
08:26En plus de votre association, il y a un numéro
08:28qui existe déjà, un numéro vert pour toutes les familles,
08:30les enfants, les parents, les enseignants
08:32qui peuvent appeler le 3018
08:34en cas de harcèlement scolaire.
08:36Je précise que ce soir, vous serez l'un des invités
08:38de Julien Bugé dans le débat
08:40qui suivra sur France 2
08:42la diffusion du document l'INSEE,
08:44la mécanique du harcèlement.
08:46L'INSEE, c'est cette collégienne de 13 ans dans le Pas-de-Calais
08:48qui avait été elle aussi victime de harcèlement
08:50et qui s'était donné la mort.
08:52Est-ce que vous estimez que l'éducation nationale
08:54est avec vous sur ce projet ?
08:56Vous avez rencontré Anne Jeuneté, la ministrière.
08:58Bien sûr. Je crois qu'on est dans une forme
09:00de tournant culturel dans l'éducation nationale.
09:02En tout cas, moi, je l'ai vu il y a un an en tant que ministre.
09:04J'ai voulu qu'il y ait un électrochoc.
09:06Qu'on ne passe plus ça sous silence.
09:08Qu'on ne mette plus la poussière sous le tapis.
09:10Qu'on remonte les situations problématiques
09:12et surtout qu'on apporte des solutions.
09:14J'ai voulu aussi qu'enfin maintenant
09:16on intègre ce sujet-là à l'éducation même
09:18de nos enfants. On a besoin d'une école
09:20qui apprend davantage la tolérance,
09:22la bienveillance, le respect de l'autre,
09:24le respect des différences. C'est ce qu'on a engagé
09:26à l'école primaire. C'est aussi, j'espère,
09:28ce qui nous permettra d'avoir une société
09:30plus respectueuse, plus humaniste,
09:32plus fraternelle, plus bienveillante.
09:34Par rapport à différents sujets internationaux
09:36dont on a parlé, on en a besoin.
09:38Merci beaucoup Gabriel Attal,
09:40actuel président du groupe Ensemble pour la République
09:42à l'Assemblée nationale.

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