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00:00Il est 8h moins le quart, notre invité ce matin c'est le président du premier syndicat
00:08agricole de France, Simon Colbocq, vous recevez le président de la FNSEA.
00:12Bonjour Arnaud Rousseau, vous serez cet après-midi en meeting à Rivezalt, un meeting alors que
00:17la colère gronde chez les agriculteurs, on se le sait des mobilisations sont prévues
00:21peut-être même dès la semaine prochaine.
00:23La ministre de l'agriculture Annie Gennevard a bien tenté de calmer cette colère en début
00:27de semaine, elle était dans le Tarn, dans l'Aude, dans notre région, mais c'est raté
00:31je vous propose d'écouter pour commencer, c'est très court, Lionel Candelon de la coordination
00:35rurale dans le Gers.
00:36Nous ça nous donne envie de mettre à exécution les menaces qu'on a proférées le mois dernier
00:39c'est-à-dire de débarquer dans la capitale Occitanie et à Toulouse et de la verrouiller
00:44et de la fermer de tous les côtés pour affamer la population.
00:46Verrouiller et affamer Toulouse, les grandes villes de France, c'est ce qui nous attend
00:50ces prochains jours ?
00:51Écoutez en tous les cas vous avez compris que la FNSEA avec les jeunes agriculteurs,
00:55nous on est un syndicat responsable et vous voyez notre ambition nous c'est de nourrir
00:59les français avec une alimentation parmi les plus durables au monde, les meilleures
01:05au monde et donc nous notre objectif c'est certainement pas d'affamer les français,
01:09c'est plutôt de leur expliquer l'intérêt qu'on a aujourd'hui à soutenir l'agriculture
01:13qui traverse une passe très difficile notamment ici dans ce département et vous savez je
01:18crois que les adulteurs ils sont fiers de nourrir les français, de nourrir tout le
01:21monde avec une alimentation encore une fois de qualité et à chaque fois qu'il y a une
01:25ferme qui disparaît c'est un peu plus d'alimentation qu'on importe et donc écoutez M. Candelon
01:30pour la coordination rurale il a envie d'affamer, nous on a plutôt envie de dire aux français
01:34on a besoin de vous pour nous soutenir.
01:35À quoi il faut s'attendre alors dans ces prochaines semaines de blocage, ici la frontière
01:39la 9 coupée de nouveau ?
01:41Écoutez chaque département en France prendra ses responsabilités parce que vous avez compris
01:45que ici quand on parle de sécheresse et de tension depuis 3 ans, dans d'autres départements
01:49c'est l'excès de pluie qui est le problème et l'incapacité à travailler dans les champs
01:54donc chacun ajustera aux fonctions, mais on veut évidemment interpeller le pouvoir public
01:58on a 3 sujets, on a évidemment le sujet de l'Europe passoire, vous voyez tout ce qui
02:02arrive de partout, par exemple ici du Maroc, mais on a aussi la problématique du trop
02:09plein de papiers, de servitude, d'entrave et puis enfin on a le sujet du revenu parce
02:15que pour faire ce métier encore faut-il en vivre.
02:17La FNSEA compte un peu plus de 200 000 adhérents à travers la France, il y avait déjà eu
02:21des mobilisations l'an dernier à travers tout le pays, est-ce que vous sentez que la
02:24colère est plus forte cette année que l'an passé ?
02:26Alors d'abord il y a eu du travail de fait depuis le début mais le sentiment très margement
02:30partagé, c'est le sentiment qu'on n'est pas du tout arrivé à l'objectif, que le
02:35changement de logiciel qu'on avait appelé de nos voeux n'est pas au rendez-vous.
02:38Ça veut dire que la colère est plus forte ?
02:39Non, la colère est d'autre nature, on a obtenu un certain nombre d'avancées, je pense
02:44notamment à des modifications européennes sur les contraintes environnementales par
02:48exemple qui concernent les jachères, les ratios de prairies pour les éleveurs de ce
02:52département qui sont dans la montagne, mais ce qui demeure c'est la question du revenu
02:57et ça on a le sentiment que ça n'avance pas, typiquement ici dans ce département
03:01la question de l'eau, vous voyez on sait ce qu'il faut faire mais ça fait des années
03:05et on n'avance pas.
03:06Alors justement dans les Pyrénées-Orientales, vous l'avez dit, la inquiétude c'est surtout
03:09la sécheresse, trois ans que le département fait face à un manque d'eau historique,
03:12même la vigne ne pousse plus dans certains endroits, et ce qui est frappant quand on
03:16discute justement avec des vignerons, les arboriculteurs, les maraîchers, c'est ce
03:20sentiment d'abandon, ils ont le sentiment que depuis trois ans rien n'a été fait,
03:24est-ce qu'ils ont raison de se sentir abandonnés ?
03:26En tous les cas, le constat, puisque j'avais eu la chance de venir chez vous ici il y a
03:31un an et demi, c'est que les choses n'avancent pas.
03:33Je crois que tout le monde a compris ce qu'il fallait faire, d'abord pardonnez-moi cette
03:36la palissade mais on ne fera pas d'agriculture sans eau, et l'eau on peut y compris la partager,
03:42ce département accueille énormément de touristes l'été, donc la question c'est d'abord
03:45la question du stockage, on sait très bien que le changement climatique impose aujourd'hui
03:50des réflexions de long terme, et on est incapable dans ce pays politiquement d'avoir une vision
03:55de long terme, il faut qu'on stocke de l'eau, vous voyez, depuis que je suis arrivé hier
03:58soir, et j'en suis très heureux pour les agriculteurs de ce département, mais il est
04:03en train de pleuvoir, la question c'est est-ce qu'on laisse une fois de plus passer l'eau
04:06pour aller à la mer, ou alors est-ce qu'on se pose la question du stockage ?
04:09Donc nos politiques finalement n'ont absolument rien compris, c'est ce que vous nous dites
04:12ce matin.
04:13Je dis très clairement qu'il y a un moment où on est capable de stocker de l'eau, et
04:16ça se voit et on avance, et il y a des projets concrets, où on continue encore une fois
04:20à faire des commentaires, à faire descendre les ministres, à parler de ce qu'il faudrait
04:24faire, que tout le monde sait, que les Espagnols ont fait, que d'autres pays ont fait, mais
04:27nous on a besoin que ça avance, et la question c'est est-ce qu'aujourd'hui, une fois de
04:30plus, on va encore continuer avec des études, en nous expliquant que peut-être en 2035
04:35on aura des solutions, alors que ça fait trois ans qu'il y a des producteurs qui sont
04:38en train de mourir dans ce département...
04:39Et ta vision à l'eau du Rhône qui pourrait être acheminée jusqu'à la fin de l'année
04:41?
04:42Bien sûr, l'eau du Rhône, elle est disponible.
04:43Il y a un accord d'État, on pourrait amener 60 m3 secondes, puisque c'est ce qui reste
04:48de différentiel.
04:49Il faut mettre la tuyauterie, on ne va quand même pas mettre 10 ans à mettre la tuyauterie,
04:52vous voyez, donc les réponses elles sont connues, il faut qu'on les finance, et surtout
04:56il faut qu'on aille vite, il faut qu'on arrête de parler.
04:58Et puis je le dis parce que à chaque fois qu'il y a un projet qui démarre, il y a des
05:01ONG, il y a des associations qui viennent attaquer ça au tribunal, on a aussi un sujet de reconnaissance
05:07de l'agriculture comme étant d'intérêt général majeur, parce que je le redis, en
05:11l'occurrence, il faut de l'eau, ce n'est pas nouveau, il y en a pour peu qu'on la
05:14stocke.
05:15Ici, depuis 2 ans, 3 ans, elle est extrêmement faible en quantité, pour une demi-année,
05:20de l'ordre de 200 à 300 mm en fonction des endroits, là il repleut un peu depuis quelques
05:24semaines, tant mieux, mais ne soyons pas naïfs, stockons-la, trouvons des solutions, et encore
05:28une fois, le Rhône est une solution d'apport, il y en aura d'autres.
05:30Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, est notre invité ce matin.
05:35Et à cause de la sécheresse, Arnaud Rousseau, certains vignerons vont carrément arracher
05:39leurs vignes, ici dans notre département, certaines parcelles qui ne produisent plus
05:42du tout.
05:43Est-ce que c'est la fin, petit à petit, de la viticulture, ici dans les Pyrénées-Orientales ?
05:47D'abord, notre combat, c'est évidemment de faire que des producteurs demeurent sur
05:50tous les territoires en France, et singulièrement ici.
05:53Après, regardons les choses lucidement, il n'a pas plu, et quand la vigne meurt parce
05:57qu'il n'y a plus d'eau, c'est un vrai problème.
05:59Donc, nous, on est des gens pragmatiques, vous voyez, quand on est un agriculteur, on
06:02regarde les choses non pas comme on voudrait qu'elles soient, mais comme elles sont.
06:05Le drame, c'est qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre de vignes qui sont en train
06:08de mourir, vous l'avez dit, et quand la vigne est en train de mourir, il y a un moment où
06:11si elle ne produit plus, il faut qu'on prenne des solutions.
06:12La première solution, on la connaît, c'est de stocker l'eau, parce que s'il n'y a pas
06:16d'eau, il en faut très peu pour la vigne.
06:18D'ailleurs, il n'y a pas d'autres cultures qui nécessitent moins d'eau.
06:20Donc, on a besoin de se battre, mais on parle de la viticulture, il y a beaucoup d'arbores
06:24et d'éculteurs dans ce département, il y a aussi un sujet, et je pense aux éleveurs.
06:28Donc, tout le monde a besoin d'eau.
06:30Maintenant, là où il y a des drames, il faut pouvoir apporter des solutions, et donc
06:35il y a un plan d'arrachage définitif qui a été proposé et négocié par la profession.
06:38Je ne dis pas que c'est ça l'avenir, je dis que pour un certain nombre de gens qui n'ont
06:42pas de solution alternative, plutôt que de détourner le regard, la responsabilité c'est
06:46aussi de leur apporter des solutions.
06:47Et vous, Arnaud Rousseau, vous à la FNSE, est-ce que vous faites vraiment le boulot ?
06:51Je vous pose la question parce qu'on dit que les choses n'avancent pas, peut-être que
06:54quand vous regagnez la région parisienne, que vous discutez avec le ministre de l'Agriculture
07:00ou le Premier ministre, peut-être qu'il y a d'autres sujets plus urgents que ce petit
07:03coin de France, que sont les Pyrénées-Orientales qui sont asséchées, peut-être que le Mercosur,
07:07peut-être que les règles, peut-être que la question des revenus dans sa globalité,
07:10c'est plus important, peut-être que la question des Pyrénées-Orientales passe finalement
07:14tout au bout de la liste des revendications des agriculteurs, non ? Est-ce que vous, vraiment
07:19en tant que syndicat, vous faites aussi le boulot ?
07:20Non, mais vous savez, on peut faire tout un tas de reproches à tout le monde, nous on
07:24est à l'oeuvre.
07:25La question de l'eau, elle est ici vraiment au sommet des problématiques, mais elle l'est
07:30partout.
07:31La question de l'eau en France et le sujet du défi et des modifications climatiques,
07:35c'est une question qui se pose partout.
07:37Il se trouve que dans d'autres régions de France, en ce moment, il y a énormément
07:39d'eau.
07:40Mais peut-être qu'on parlera de sécheresse dans six mois.
07:41Et donc la question du stockage, c'est une question de bon sens.
07:45Les Romains, les Grecs le faisaient bien avant et avaient compris bien avant.
07:48Donc nous, on est à l'oeuvre partout.
07:51Est-ce qu'on obtient des résultats partout ?
07:53Vous savez, depuis un an, je suis arrivé il y a un an et demi comme président de la
07:57FNSEA, j'en suis à mon deuxième Premier ministre, j'en suis à mon deuxième ministre,
08:00on a attendu un Premier ministre pendant deux mois, on a attendu un gouvernement pendant
08:03quinze jours.
08:04Vous ne pouvez pas bosser en France.
08:05Non, mais vous savez, pour faire avancer, on a besoin d'interlocuteurs.
08:08Un syndicat, c'est un corps intermédiaire dont le rôle est de faire le lien entre les
08:12producteurs sur le terrain et les pouvoirs publics.
08:14En France, à Bruxelles, où beaucoup de décisions politiques se passent.
08:18Encore, faut-il avoir des interlocuteurs ? Vous voyez bien ce qui se passe.
08:21La ministre est descendue.
08:22Je crois que ça n'a pas toujours été bien ressenti.
08:25La question, c'est quelles sont les décisions prises ? Vous savez, les adulteurs, ils se
08:28nourrissent de décisions concrètes sur leur ferme.
08:29Les déclarations politiques, les grandes intentions, les « vous verrez demain ce qu'on
08:32va faire », ça, ça ne mord plus.
08:34Nous, ce qu'on veut, c'est quand est-ce qu'on est capable de stocker de l'eau,
08:37quand est-ce qu'on est capable d'avoir un certain nombre de réponses ? Vous savez,
08:40toutes les molécules dont on a besoin pour protéger nos arbres, nos vignes, ça aussi,
08:43c'est un sujet.
08:44Merci beaucoup Arnaud Rousseau, vous êtes le président de la FNSEA.
08:47Vous serez cet après-midi en meeting à Rivezalte, au domaine de Rombaud.
08:51C'est à 14h pour tous les agriculteurs et agricultrices du département et même d'ailleurs
08:57de la région.
08:58Bonne journée à vous.
08:59Merci pour votre invitation.
09:03Dans un instant sur France Bleu Roussillon, nous partons sur le marché de Sored.
09:08Et oui, mais attention, notez que celui de Saint-Cyprien est annulé aujourd'hui en
09:13raison des intempéries de la nuit.
09:15En revanche, celui de Sored est maintenu et nous retrouvons les producteurs sur le marché.
09:22C'est à suivre sur France Bleu Roussillon.

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