Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00:0019h c'est l'heure, ravie de vous retrouver ce soir à l'info avec mes
00:00:04K.L Dorian, comment ça va ? Bonsoir Christine, très bien merci beaucoup.
00:00:08Michel Barnier appelle la jeunesse à s'engager que ce soit dans des
00:00:11associations ou en politique. Lors des commémorations du 11 novembre à Mo, le
00:00:16Premier ministre a évoqué le courage et l'engagement des soldats français
00:00:19pendant la première guerre mondiale. Un message selon lui toujours valable
00:00:22aujourd'hui en temps de paix. Une plaque rendant hommage aux victimes d'un
00:00:26attentat à Marseille a été vandalisée. Il s'agit de l'attentat terroriste
00:00:29commis devant la gare Saint-Charles en 2017 qui avait coûté la vie à deux
00:00:33jeunes femmes tuées à l'arme blanche. La stèle commémorative a été arrachée de
00:00:37sa structure. Les auteurs sont activement recherchés, précise le préfet des
00:00:41Bouches-du-Rhône. Et puis le Premier ministre néerlandais pointe du doigt la
00:00:44surreprésentation de jeunes issus de l'immigration dans les actes
00:00:48antisémites commis à Amsterdam la semaine dernière. Des actes qu'il
00:00:51condamne fermement et qu'il qualifie de chasse aux juifs.
00:00:54Vendredi soir il s'est entretenu en urgence avec les représentants de la
00:00:58communauté juive. Merci beaucoup mon cher Mickaël. Et au sommaire ce soir alors
00:01:04qu'Emmanuel Macron a décidé d'aller au match France-Israël ce jeudi au stade
00:01:09de France, les autorités israéliennes appellent les
00:01:11supporters à éviter cette rencontre en France.
00:01:14Etant passé de pays sûr à pays à risque,
00:01:18sommes-nous devenus à l'international un pays qui ne peut pas assurer la
00:01:23sécurité malgré un dispositif sécuritaire exceptionnel ?
00:01:27L'édito de Mathieu Boccotti.
00:01:29Où est l'amour de la France aujourd'hui ce 11 novembre ?
00:01:34Souvenons-nous qu'ils sont morts pour que nous restions français.
00:01:38Souvenons-nous de ce que nous leur devons.
00:01:40Pourquoi ce paradoxe qu'il y a à rendre hommage à ceux qui sont morts pour
00:01:44défendre des frontières que nous laissons aujourd'hui ouverte à tout
00:01:48vent ? L'analyse de Gabriel Cluzel.
00:01:50Où est l'amour de la France aujourd'hui ce 11 novembre ?
00:01:56Tournons nos regards vers Georges Clemenceau.
00:01:59Celui qui annonce l'armistice à l'Assemblée alors que les socialistes
00:02:04voulaient le faire tomber.
00:02:05Lui, le vieil homme, l'homme de toutes les luttes, se met à pleurer et finit
00:02:09par être applaudi par tous, même par ses ennemis.
00:02:12Georges Clemenceau, celui qui rend hommage à l'esprit de la France.
00:02:16Le regard de Marc Menand qui raconte.
00:02:20Où est l'amour de la France aujourd'hui ?
00:02:22Cette France rongée par la délinquance, alors que Bruno Retailleau s'est dit
00:02:26prêt à retirer les allocations aux parents de délinquants, alors que le
00:02:30ministre de l'Intérieur souhaite envoyer les mineurs délinquants dans des
00:02:33établissements militarisés afin de les reciviliser.
00:02:37On se demandera pourquoi l'armée est de plus en plus souvent envisagée comme
00:02:41solution contre le trafic de drogue pour les jeunes, voire même au pouvoir pour
00:02:45restaurer l'autorité, le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:02:49Où est l'amour de la France aujourd'hui ?
00:02:52Qui en France pour parler aux Français de la nation ?
00:02:55Qui en France pour parler aux Français de la grandeur de la France ?
00:02:59Qui en France pour parler du pays et non parler aux communautés et aux minorités ?
00:03:04On s'arrêtera sur l'analyse de Nicolas Sarkozy de la victoire de Donald Trump.
00:03:08Il souligne que Kamala Harris a parlé à des minorités, aux minorités.
00:03:12Quand Donald Trump a parlé de la nation à la nation, a-t-on honte de la nation
00:03:17française ? L'édito de Mathieu Bocoté, une heure avec nos mousquetaires pour tout
00:03:22se dire et sans tapot.
00:04:17Les agressions antisémites d'Amsterdam dans la nuit de jeudi à vendredi en
00:04:23inquiètent plusieurs. Mathieu Bocoté à l'horizon du match France-Israël dans
00:04:28quelques jours. Emmanuel Macron a annoncé qu'il s'y présenterait pour rappeler que
00:04:33la France est chez elle, partout chez elle. Mais les autorités israéliennes
00:04:37découragent les partisans israéliens de s'y présenter. Question, la France est-elle
00:04:43encore un pays sûr pour les juifs en Europe ?
00:04:46Ce qui est une question qui aurait semblé il y a quelques années absurde.
00:04:50Le simple fait de se poser cette question devrait en dire beaucoup sur
00:04:55l'effondrement moral, l'effondrement civilisationnel, comme dirait l'autre, de
00:05:00notre continent, de notre civilisation. Mais donc deux raisons pour venir. La
00:05:05première donnée par Emmanuel Macron, elle n'est pas fausse, soutient l'équipe de
00:05:08France. Très bien. Mais surtout dans les
00:05:10circonstances, message de solidarité suite aux agressions antisémites
00:05:15d'Amsterdam, que je n'hésiterai pas de mon côté à qualifier de pogrom. Le fait
00:05:20qu'un pogrom n'aboutisse pas, ne veut pas dire qu'il ne soit pas complet, achevé,
00:05:24n'aboutisse pas à la mort des gens qui sont ciblés, ne veut pas dire qu'il n'y a
00:05:27pas une intention de pogrom à travers cela. Donc Emmanuel Macron vient pour
00:05:33dire, marquer sa solidarité avec ceux qui ont été victimes d'une chasse aux juifs
00:05:38il y a de 100 quelques jours aux Pays-Bas. Alors je note, soit d'étant passant, que beaucoup de
00:05:43personnes hésitent encore à utiliser le terme pogrom. On se considère que c'est
00:05:46presque une provocation que de l'utiliser. Étrange, étrange environnement où nommer
00:05:52la réalité d'un crime consiste à accentuer le crime, comme si pour éviter
00:05:56que ça ne se reproduise, mieux vaudrait dire tout doucement, chuchoter, ne pas dire
00:06:00ce qui s'était passé. Et ce qu'on voit par ailleurs depuis vendredi, depuis
00:06:05samedi, qu'est-ce qu'on voit de plus en plus, c'est à quel point ce pogrom,
00:06:09ce léchage était organisé. On n'est pas devant quatre têtes brûlées qui se
00:06:13sont mises soudainement à attaquer des juifs parce qu'ils les ont croisés dans
00:06:16la rue. On est devant une entreprise qui était
00:06:18structurée, qui implique, à ce qu'on en comprend jusqu'à présent, des chauffeurs
00:06:22de VTC, qui implique, à ce qu'on en comprend jusqu'à présent, des groupes
00:06:26communautaires qui décident de structurer cette chasse aux juifs.
00:06:29Donc ayons cela à l'esprit. Je note, soit d'étant passant, qu'on a vu des images
00:06:34Les images sont à ce point frappantes que le premier réflexe consisterait à
00:06:38dire c'est atroce. Mais tout de suite, il y a deux méthodes de relativisation pour
00:06:42nous expliquer que cette chasse aux juifs n'est pas si grave que ça finalement.
00:06:46Première méthode, l'argument du hooliganisme.
00:06:49Il y a toujours eu des violences dans le foot, toujours eu des violences dans le
00:06:53sport. Circuler, il n'y a rien à voir. Cette fois-là, on a tapé des juifs mais
00:06:57on aurait pu taper des polonais ou des néerlandais ou des finnois.
00:06:59Ce n'est pas très grave. Circuler, il n'y a rien à voir. Ça, c'est l'argument
00:07:03relativiste 1. L'argument relativiste 2, c'est l'inversion de la responsabilité.
00:07:08Et on a vu quand cette députée LFI, ce week-end, a eu ce génie mauvais
00:07:16interprétatif, consistant à dire que si les partisans d'Israël ont été lynchés
00:07:21dans ce match, ce n'est pas parce qu'ils sont juifs. Ils ont été lynchés parce
00:07:24qu'ils sont racistes et soutiennent une politique génocidaire.
00:07:28Alors ça, c'est pas mal. Ça consiste à dire donc que si je jette sur quelqu'un
00:07:31l'accusation de racisme et de complicité de régime génocidaire, j'ai donc droit de
00:07:36le taper, j'ai donc droit de le massacrer, j'ai donc droit de le frapper, j'ai donc
00:07:40droit de chercher à le noyer. Il suffit que l'accusation soit suffisamment forte
00:07:43pour que la justice populaire soit autorisée. C'est quand même absolument tordu.
00:07:48Alors, chose de plus dans cette description des événements, le déni de l'islamisme.
00:07:55Le déni de l'islamisme, ça m'a frappé de voir. On était bien obligés de noter
00:07:59que c'était de l'antisémitisme. Chasse aux juifs, taper sur des juifs, persécuter
00:08:02des juifs en tant que juifs. Il y a un moment donné où il faut bien reconnaître, sauf
00:08:05pour certaines personnes de la France insoumise, qu'on est devant l'antisémitisme. Mais
00:08:10de quel antisémitisme s'agit-il? Peut-on le caractériser? Ou s'agit-il de l'antisémitisme
00:08:15tombé du ciel, sans caractéristique, sans marqueur? Je note, et ça, ça m'a frappé
00:08:20ce week-end, dimanche, au grand rendez-vous. On a reçu, dis-je, le ministre Nicolas Daragon,
00:08:25qui est un homme qui n'est pas sans qualité, mais qui, quand vient le temps de parler de
00:08:29l'antisémitisme, je lui pose la question « mais est-ce qu'on peut parler d'antisémitisme
00:08:33islamiste? » Et j'insiste une fois, deux fois, trois fois, et il refuse. Il refuse
00:08:37parce que, selon lui, il faut distinguer les deux phénomènes. Je ne suis pas certain
00:08:41que si on était devant un antisémitisme de gens qui ont le crâne rasé, si on était
00:08:45devant un antisémitisme de nazions, si on était devant un antisémitisme qu'on peut
00:08:49marquer d'une manière ou de l'autre, je ne suis pas certain qu'il aurait eu autant
00:08:52de réserve, autant de prévenance, au moment de le qualifier. Mais, antisémitisme islamiste,
00:08:59ça semblait le déranger. Comme si ce terme, aujourd'hui, nous devons avoir une certaine
00:09:02réserve en l'utilisant. Il allait encore plus loin, et c'est pour ça que je me permets
00:09:06de revenir sur son cas, tout en disant que c'est un homme qui n'est pas sans qualité.
00:09:09C'est lui qui a dit récemment « les étrangers criminels dehors, les étrangers violeurs
00:09:13dehors, les étrangers islamistes dehors ». Donc, on comprend qu'il veut incarner la
00:09:16fermeté. Mais sur le mot islamisme, soudainement, il avait une pudeur étonnante. Je note parce
00:09:21qu'il parlait de la situation de l'antisémitisme en France, et il dit « oui, l'antisémitisme
00:09:27en France, on le voit, il est instrumentalisé par El-Effi, dit-il, mais il est présent
00:09:31dans les quartiers les plus populaires ». Moi, je trouve que c'est une manière très
00:09:35étonnante d'utiliser ce terme. Le mot « populaire » sert aujourd'hui à désigner les quartiers
00:09:41où le peuple historique français est désormais absent. Le mot « populaire » sert à désigner
00:09:46le contraire du peuple historique français. Plus un quartier est populaire, moins vous
00:09:50allez retrouver l'identité française. Il y a quelque chose dans ce vocabulaire qui
00:09:54me semble quelque peu agaçant. De même, il parlait de communautarisme. C'est à quoi
00:09:58je réponds, mais communautarisme de qui ? Dans le communautarisme, il y a un communautarisme
00:10:02japonais, probablement il doit y avoir un communautarisme norvégien, un communautarisme
00:10:06malgache, pourquoi pas ? Y a-t-il un autre communautarisme qui s'est manifesté ? Est-ce
00:10:10que l'antisémitisme trouve un écho favorable dans toutes ces communautés ou davantage
00:10:15dans certaines communautés ? Et là, c'est la loi des reins de la démographie
00:10:20qui parle, et je le dirais, plus un quartier s'islamise, pas à des musulmans, mais s'islamise,
00:10:25c'est-à-dire des musulmans frappés par l'islamisme, qui ont été colonisés idéologiquement
00:10:29par l'islamisme, plus un quartier s'islamise et plus il s'antisémitise, si vous me permettez
00:10:34cette formule, ce qui nous conduit à ce qui se passera en France dans quelques jours,
00:10:38ce match France-Israël qui suscite de grandes inquiétudes.
00:10:41Alors, certains se sont demandés, à Mathieu Beaucoupté, s'il fallait délocaliser le
00:10:46match. Cette question en supposait une autre. La France peut-elle encore assurer la sécurité
00:10:52des Juifs sur son territoire ? Alors, je vais citer notre collègue Golnadel
00:10:55qui dit ces deux questions qui n'en font qu'une. Est-ce qu'on peut encore assurer la sécurité
00:10:59des Juifs en France ? Mais est-ce qu'on peut encore assurer la sécurité des Français
00:11:02au sens large en France ? Donc, pas seulement des Juifs français, mais des Français au
00:11:06sens large. Et la réponse dans les deux cas, on le sait, c'est plutôt non. Alors, Bruno
00:11:11a dit on ne capitulera pas. Ce match se tiendra. Nous devons, nous ne pouvons pas considérer
00:11:17qu'en certains lieux, la France n'est plus chez elle. C'est le sens, je le redis, de
00:11:21la présence d'Emmanuel Macron à ce match. Mais pour rendre possible ce match au stade
00:11:26de France, on déploie un arsenal, on déploie des moyens qui sont quasiment militaires.
00:11:33Alors, des processus de sécurité exceptionnels, je vais les décrire, mais dire une chose,
00:11:38je vais décrire des processus de sécurité, on va voir que l'État prend au sérieux
00:11:41la sécurité de ce match. Mais j'aimerais simplement qu'on garde à l'esprit à quel
00:11:45point c'est absurde tout ce que je vais décrire. Pour être capable de tenir un match sportif
00:11:49en France, on est obligé de sortir presque une armée pour assurer la protection d'un
00:11:54lieu en France. Mais je reviens sur ça dans un instant. Donc, qu'est-ce qu'il y aura ?
00:11:59Il y aura un double, c'est le Parisien qui nous raconte ça, un double contrôle à l'entrée
00:12:04du stade, un périmètre de sécurité autour du stade antiterroriste. 4 000 personnes sur
00:12:09le dispositif, 1 600 agents de sécurité également engagés par la Fédération française
00:12:14de football. En moyenne, c'est de 1 200 à 1 300 pour les matchs normalement. C'est bon,
00:12:19premièrement. Deuxièmement, capacité du stade de France, 80 000 personnes. Spectateurs
00:12:25attendus cette fois, 20 000. On divise par 4. On divise par 4 pourquoi ? Parce que dans
00:12:31les faits, on a peur que s'il y a trop de gens, dans ce trop de gens, il y ait trop
00:12:35de gens avec certaines idées, certains affects qui fassent en sorte que le tout déborde et
00:12:39non seulement ça ne soit plus sécuritaire, mais ça vire à la foire pour ne pas dire
00:12:43davantage. On ajoute qu'il n'y aura pas de drapeau palestinien. Donc là, on va dire
00:12:48seulement français ou israélien, je devine, mais pas palestinien. Donc, on comprend déjà
00:12:52de quelle inquiétude il s'agit. On n'a pas dit pas de drapeau norvégien, on n'a pas
00:12:56dit pas de drapeau islandais, on n'a pas dit pas de drapeau des îles Féroé, pourquoi
00:12:59pas, mais on dit pas de drapeau palestinien. Donc là, ça nous dit quelque chose de plus.
00:13:04J'ajoute, ce n'est pas un détail, les sacs à dos seront interdits et pas de bouteilles
00:13:10et pas de gourdes. Donc là, on commence à se dire que tenir un match dans de telles
00:13:13circonstances, c'est tenir un match dans un esprit d'occupation, presque un esprit où
00:13:19le match se tient dans une citadelle assiégée dans un territoire étranger. C'est presque
00:13:23l'état d'esprit qui nous est présenté. Et on nous dit, c'est l'enseignement d'Amsterdam,
00:13:29pour assurer la sécurité des joueurs, des spectateurs, des femmes, il faut mobiliser
00:13:35tout cet arsenal sans quoi cela nous échappera. Alors, j'aimerais simplement qu'on se dise,
00:13:41qu'on se pose la question, sans esprit de provocation, la sécurité normalement dans
00:13:48un pays, elle est générée par la qualité des mœurs en ce pays. C'est-à-dire qu'on
00:13:52se fait confiance mutuellement. Ensuite, on sait que dans toute société, il y a des
00:13:56pommes pourries. Donc là, il y a des éléments un peu bizarres. On a besoin de gardiens de
00:13:59sécurité, de policiers, de gendarmes pour être capable de contenir la part de criminalité
00:14:03irrépressible à toute société. Mais là, ce n'est pas du tout de ça dont on parle.
00:14:07Et plus on s'enorgueillit de la qualité des moyens engagés dans nos processus de
00:14:12sécurité, et soit dit en passant, ça coûte un bras et même l'autre. Ça coûte très,
00:14:16très cher tout ça. La diversité est une richesse de ce point de vue. Ça coûte très,
00:14:20très cher. Eh bien, est-ce qu'on se rend compte de tout ce que ça veut dire, cette
00:14:24protection militaire nécessaire pour assurer un match en France? Est-ce qu'on voit à quel
00:14:29point ça veut dire qu'on évolue psychologiquement dans un territoire où nous sommes déjà
00:14:33conquis en quelque sorte?
00:14:34Je vais me permettre de donner un autre exemple qui touche à l'actualité. On ne parle pas
00:14:37de sport ici, mais vous allez voir le lien. C'était la semaine dernière. On n'apprenait
00:14:41que dans le quartier Rosa Parks à Paris. Vous vous en rendez compte? Quelle étrange
00:14:44idée de faire un quartier Rosa Parks à Paris. Je veux dire, aux États-Unis, je comprendrais.
00:14:47Une femme admirable. Mais la France n'a-t-elle pas sa propre histoire? Enfin, fin de la parenthèse.
00:14:50On dit que plusieurs entreprises qui sont installées là, donc frontières de la Seine-Saint-Denis
00:14:55et du 19e arrondissement de Paris, entre les transports en commun et les différentes boîtes
00:15:00où travaillent les travailleurs, les salariés, eh bien, on a créé des systèmes de sécurité,
00:15:06de transport, de navettes pour assurer la sécurité des employés. Donc, vous quittez
00:15:11le métro ou je ne sais quel, le RER, enfin, le transport, vous arrivez au travail et on
00:15:16a besoin de vous sécuriser sur 750 mètres parce que sinon, il y a trop de consommateurs
00:15:20de crac dans ce cas-là qui pourraient vous attaquer. Donc, vous vous promenez sur votre
00:15:24territoire, votre lieu de travail et on est obligé d'embaucher des forces de sécurité
00:15:29immenses pour vous assurer de ne pas vous faire trucider ou massacrer. À la rigueur,
00:15:34on aurait pu investir ces moyens-là à la frontière. Ça nous aurait invité de les
00:15:37mettre dans le 19e arrondissement. Mais quoi qu'il en soit, ayons cela à l'esprit.
00:15:41Et là, on se dit, j'y reviens, il faut défendre donc le Stade de France. Tout cet équipement-là,
00:15:46c'est quand même sérieux, tous ces hommes, tous ces moyens, défendre le Stade de France.
00:15:49Il faut le protéger. Je suis d'accord, mais contre qui? Si on est en France, il faut mobiliser
00:15:55tout ça. Contre qui doit-on le défendre? Est-ce qu'on peut caractériser l'inquiétude?
00:15:59Et moi, je pense qu'on a la réponse, elle nous a déjà été donnée autrefois par le
00:16:02ministre de l'Intérieur. Kevin et Matteo? Non, les supporters britanniques. Je suis
00:16:06persuadé que c'est deux dont on s'inquiète. Je reprends les mots ici d'un ancien ministre
00:16:09de l'Intérieur, ce n'est pas moi qui les prends. Vous semblez dire du Stade de France
00:16:15qu'il est assiégé? Vous n'allez pas un peu loin peut-être? Je pense que c'est un
00:16:19peu le cas. En fait, j'irai même plus loin. C'est-à-dire, c'est comme si le match se
00:16:23déroulait en territoire sinon palestinien ou à tout le moins en territoire pro-palestinien.
00:16:29En territoire où le fait d'être pro-palestinien est plus important que tout ce qui caractérisera
00:16:33sinon ce territoire. Donc, l'identité pro-palestinienne, et on comprend pro-palestinienne, version
00:16:39agressive. Version agressive, c'est-à-dire, s'il y a des Juifs, ils peuvent y passer,
00:16:44leur sécurité sera menacée. Mais ça, cet environnement-là, on parle véritablement,
00:16:48on a souvent... Je me rappelle en 2021, on se demandait de manière polémique. Évidemment,
00:16:53certains se demandaient de manière polémique, est-ce que la Seine-Saint-Denis est encore
00:16:55en France? Est-ce que le Stade de France est encore en France? Plusieurs réponses se faisaient
00:16:59entendre, certains osaient dire que ce n'était pas le cas. Alors, on y revient. Quand un
00:17:05territoire change de population, il change d'identité. Et là, j'entends les rassureurs
00:17:10nous dire que c'est lié à Gaza, tout ça. Avant Gaza, pas de souci. Avant Gaza, il
00:17:15n'y avait pas de problème. Arrêtez de penser qu'il y a des problèmes fondamentaux en France
00:17:19de communautarisme, de tension, d'islamisme. 2001, match France-Algérie, on se souvient,
00:17:25l'hymne national sifflé, probablement pas par les supporters français, si je peux me
00:17:29permettre. L'hymne national sifflé dans les circonstances, le terrain est occupé. On
00:17:33s'en souvient, le match ne peut pas se terminer. Donc, tout cela, à l'époque, je crois qu'on
00:17:37appelait ça, c'était trois ans après la grande fraternité Black-Blanc-Beur. On s'en
00:17:41souvient, la propagande se fait souvent démentir par le réel. C'est fascinant. Donc, c'était
00:17:45des tensions intercommunautaires. Je crois que c'est le vocabulaire des sociologues.
00:17:48Dans les faits, on devrait plutôt parler d'un choc des civilisations au quotidien qui,
00:17:54dans ces circonstances-là, les Juifs se sont transformés en communautés tampons. Et je
00:18:01dirais que l'islamisme en Europe, pas seulement en France, l'islamisme en Europe est peut-être
00:18:05en train de réussir l'exploit que voulaient faire les nazis, c'est-à-dire réussir à
00:18:09avoir un territoire Judenfrei, sans Juifs, un territoire sans Juifs. C'est l'objectif
00:18:12des islamistes. J'ai quelquefois l'impression qu'un morceau par morceau de territoire, ils
00:18:17y parviennent en Europe.
00:18:18Merci beaucoup pour votre regard, Mathieu. On va écouter peut-être quelques secondes
00:18:25avant de parler du 11 novembre avec vous, Gabriel Cluzel, le cœur de l'armée française
00:18:30qui reprend la Marseillaise. C'est le jour.
00:18:32C'est aujourd'hui le 11 novembre.
00:19:02La onzième heure du onzième jour du onzième mois a été signée en 1918, l'armistice
00:19:10de la grande guerre qui a été une hécatombe, Gabriel Cluzel, pour l'Occident et pour la
00:19:14France en particulier. En quoi ce sacrifice nous honore et nous oblige, n'est-il pas
00:19:20cependant paradoxal de leur rendre hommage alors qu'ils sont morts pour en défendre
00:19:25des frontières que nous laissons aujourd'hui ouvertes à tout vent ?
00:19:30Oui, alors il faut peut-être rappeler ce qu'a été la grande guerre parce que j'ai
00:19:34écouté Europe 1 hier et j'ai eu la surprise de constater qu'au cours d'une enquête
00:19:38qu'ils ont faite, qu'un certain nombre de passants qu'ils avaient interrogés ne
00:19:42savaient absolument pas pourquoi ce jour était férié. C'est quand même assez gravissime.
00:19:46J'y ai vu une certaine échec quand même de l'éducation nationale et de l'éducation
00:19:49familiale aussi. Donc la grande guerre a fait en France 1,4 million de morts. Il y avait
00:19:55900 Français qui tombaient par jour, 900 par jour, vous imaginez ? C'est 5,5 millions
00:20:01de blessés, plus d'un million d'invalides, c'est 600 000 veuves, près d'un million
00:20:08d'orphelins et puis il y a tous les traumatismes physiques, au-delà des traumatismes physiques,
00:20:12psychologiques aussi que l'on peut imaginer. Aujourd'hui, on parlerait de syndrome post-traumatique.
00:20:18Donc c'est toute une population qui a été décimée. Moi, mon père qui était médecin
00:20:23militaire me disait que c'est une forme d'eugénisme à l'envers qui s'est passé puisqu'on envoyait
00:20:28se faire tuer la fine fleur de la population. C'est le principe de la conscription puisqu'on
00:20:34laissait à l'arrière les plus fragiles psychologiquement, physiquement aussi. C'est aussi toute une
00:20:40fécondité intellectuelle qui a été tuée. On sait qu'il y a eu l'auteur du Grand Maul,
00:20:47évidemment Alain Fournier, et puis Charles Peggy. Charles Peggy, qu'aurait-il pu écrire
00:20:51encore s'il n'avait pas été tué là-bas. Donc c'était aussi une guerre fratricide
00:20:56puisqu'elle a opposé des gens qui partageaient la même culture, les mêmes mœurs, la même
00:21:00civilisation, la même religion. Et parmi eux aussi, il faut noter, il y avait des gens
00:21:06issus, parmi ceux qui sont tombés, au nombre de 72 000, des gens issus des colonies. Alors
00:21:1272 000, ça fait 6% des morts au total. C'est terrible, c'est beaucoup. On imagine la souffrance
00:21:20que peut représenter de mourir si loin de chez soi et de combattre si loin de chez soi.
00:21:24Mais néanmoins, cela veut dire aussi que près de 95% de ceux qui sont tombés n'étaient
00:21:31pas issus des colonies. C'est un truisme. Alors pourquoi je dis ça ? Non pas pour minimiser
00:21:36leur mérite, mais parce qu'aujourd'hui, quand on regarde toute la filmographie ou
00:21:40toute la littérature contemporaine sur le sujet, on a l'impression que c'est 100%
00:21:45de ceux qui sont morts qui étaient issus des colonies. Et alors pourquoi ? Ecoutez,
00:21:50on ne s'intéresse pas aux braves gens ordinaires devenus braves de l'Hexagone qui sont tombés.
00:21:56Parce qu'aujourd'hui, on ne s'intéresse à la Grande Guerre que pour deux raisons.
00:21:59La première, enfin dans la filmographie en tout cas, de façon générale, sauf exception.
00:22:04D'abord, pour montrer qu'on a fait des populations, des colonies de la chair à canon.
00:22:11Vous voyez, c'est le premier objectif. Et le deuxième, c'est un objectif antimilitariste,
00:22:16de Boris Vian, antipatriotique, pour montrer à quoi peut conduire le patriotisme au drame
00:22:23du patriotisme. Moi, j'ai été très surprise, par exemple, que jamais on ne soit saisi de
00:22:30la famille Ruelan. Est-ce que vous connaissez la famille Ruelan ? La famille Ruelan, c'est
00:22:33une famille qui habitait Saint-Malo. Il y a dix garçons qui ont été mobilisés. Il
00:22:38y en a six qui sont morts. Vous voyez, c'est quand même une histoire absolument triste
00:22:44C'est incroyable, mais en même temps, une belle tristesse. Ils ont fait ce sacrifice.
00:22:49Je suis sûre que les Américains s'en seraient déjà saisis, mais visiblement, ça n'intéresse
00:22:54pas nos professionnels du cinéma. Alors, il n'y a pas un village en France qui n'ait
00:23:01pas son monument aux morts. D'ailleurs, quand j'étais allée en Guadeloupe, j'en
00:23:04avais vu en Guadeloupe. Il y en avait des très beaux. C'est ou un coq, ou une victoire
00:23:09ailée, ou une femme qui pleure, ou les trois à la fois, et puis des noms. Beaucoup de
00:23:13noms. Parfois, comme dans la famille, les mêmes noms de famille. Vous imaginez la
00:23:17souffrance pour la famille qui a perdu un, deux, trois, quatre fils. Et puis, des prénoms
00:23:21Charles, Louis, Léon, Auguste, etc. Et puis, vous remarquerez au passage que c'est très
00:23:26genré. Je n'ai vu aucune féministe s'en plaindre. Je ne dis pas que les femmes n'aient
00:23:31pas souffert pendant la guerre de 1914, mais néanmoins, ceux qui sont morts là-bas étaient
00:23:35tous des hommes. Il n'y avait pas que des privilèges d'être un homme à cette époque-là.
00:23:39J'aurais bien aimé savoir ce qui pourrait nous reprocher s'il pouvait parler. On marque
00:23:45une pause et on se pose la question.
00:23:51Où est l'amour de la France aujourd'hui ? C'est la question qu'on se pose ce soir
00:23:54dans cette émission. Gabrielle Cluzel, on parle du 11 novembre. Et la question que j'allais
00:23:59vous poser, c'est que pourraient nous reprocher ce soir-là s'ils pouvaient parler, ces soldats
00:24:06morts pour la France ?
00:24:07Cette question, je me la suis posée parce qu'il y a quelques jours, ça vous a peut-être
00:24:10échappé, mais il y a trois dépouilles de soldats qui ont été retrouvés à Floride-Vendômeau.
00:24:14Floride-Vendômeau, ça fait partie de ces villes rasées qui n'ont jamais été reconstruites.
00:24:19Ce sont des villes tombées pour la France, qui sont près de Verdun, des villages en
00:24:21réalité. Et à la faveur de travaux pour installer un fil électrique, ils ont retrouvé
00:24:28ces trois dépouilles de soldats. Ils vont essayer de les identifier et puis les enterrer
00:24:32à Douaumont s'ils ne retrouvent pas leur identité. Mais je me suis dit, c'est un peu
00:24:36la statue du commandaire. Qu'est-ce qu'ils ont envie de nous dire ? Qu'est-ce qu'ils
00:24:42nous diraient évidemment ? Ils nous diraient, mais qu'est-ce que vous avez fabriqué avec
00:24:46notre pays ? Ces frontières pour lesquelles nous nous sommes battus, pour lesquelles nous
00:24:50avons laissé notre vie, vous les avez laissées ouvertes. Notre pays ressemble à un squat,
00:24:56nous le vendons à l'encamp. Je pourrais parler de l'industrie, de l'immobilier, etc. Et c'est
00:25:04que je crois que nous serions fondés à avoir honte, vraiment honte. Alors on ne peut pas
00:25:12laisser faire ça comme ça, vous êtes d'accord ? Alors il faut évidemment entretenir leurs tombes,
00:25:16leurs monuments aux morts. Il y avait un article dans le Figaro aujourd'hui qui expliquait que dans
00:25:22un certain nombre de cimetières, les tombes des soldats étaient très abîmées. Théoriquement,
00:25:28quand vous êtes tombé pour la France, vous avez le droit à une concession perpétuelle. Mais dans
00:25:31les faits, elles tombaient dans l'abandon. Et vous savez, entre la cancel culture qui consiste à
00:25:37détruire au piolet un monument, et la cancel culture qui consiste à laisser s'effondrer par
00:25:43négligence un monument, il n'y a qu'une question de chronomètre. Donc c'est profondément honteux.
00:25:49Mais il ne faut pas non plus laisser s'écrouler ceux pour qui ils se sont sacrifiés. C'est surtout
00:25:54ça qui est vraiment frappant. Vous savez, sur une des célèbres affiches du Secours français qui
00:26:00se démène dans tous les sens pour entretenir précisément ces tombes, il y avait marqué,
00:26:05ça se faisait autrefois et je vois que cette année, d'autres l'ont un peu remise au goût du jour,
00:26:10il y avait marqué « Souviens-toi qu'ils sont tombés pour que tu restes français ». Sauf que les
00:26:18frontières pour lesquelles ils se sont battus, elles ont été en réalité enfoncées de deux façons,
00:26:23par la mondialisation, par la circulation des biens et des personnes. Alors les biens,
00:26:28c'est évidemment les traités de libre-échange. Je rappelle que la moitié des poilus en 1914 étaient
00:26:32des agriculteurs. On pourrait peut-être en souvenir d'eux avoir un peu de respect en ces
00:26:37périodes de signature de Mercosur pour ces agriculteurs. Et puis c'est la circulation
00:26:43évidemment des personnes avec une immigration massive. Et rester français, ce n'est évidemment
00:26:51pas seulement habiter un hexagone, c'est être français dans ses tribes, dans sa culture,
00:26:56dans sa civilisation, dans ses mœurs. C'est ce qui animait ces poilus. Il suffit de lire les lettres
00:27:00de poilus, voir ce qu'ils écrivaient à leurs enfants et à leurs épouses pour comprendre. Et
00:27:05bref, tout cela, nous devrions être vigilants. Ce matin, sur X, Emmanuel Macron a posté un
00:27:13message en joignant à porter le bluet de France. Je ne l'ai pas là, mais je l'avais avant-hier,
00:27:19comme ça n'allait pas avec le reste. Donc, apporter le bluet de France en soutien aux soldats,
00:27:26je vois que personne ne l'a, aux soldats tombés ou blessés pour la France. En quoi, Gabrielle
00:27:32Cluzel, cet hommage peut-il sembler paradoxal ? Oui, alors moi, je vais vous dire, j'ai une
00:27:39réaction, je ne vais pas vous mentir, une réaction un peu violente en voyant ce tweet ce matin. Et je
00:27:44l'ai trouvé profondément hypocrite. Pourquoi ? Parce qu'il ne faut pas quand même manquer d'air
00:27:49pour rendre hommage, je ne l'ai pas le premier, on va dire, pour sa défense, rendre hommage à ceux
00:27:53qui sont morts pour nos frontières et s'en moquer aujourd'hui comme d'une guigne et les laisser
00:27:59violer toute la journée, parce que c'est exactement ce qui se passe. Et le premier hommage d'un chef
00:28:05d'État, ce n'est pas de porter le bleuet, c'est de faire en sorte que ce pourquoi il soit mort soit
00:28:10respecté. Vous savez, on parle beaucoup de notre civilisation, mais la base de notre civilisation,
00:28:14c'est le commandement, tu honoras ton père et ta mère et vous conviendrez que nous en sommes loin.
00:28:18Alors, moi, je suis allée avec mes enfants à la cérémonie du 11 novembre ce matin, devant le
00:28:23monument aux morts. Alors, j'ai une petite satisfaction, c'est qu'il y avait des touristes
00:28:28en face de ce monument aux morts. Il y avait un hôtel de luxe, à l'arrivée des gens, c'était un
00:28:32peu incongru parce qu'ils étaient en peignoir, je ne sais pas, ils devaient être dans le spa. Mais
00:28:35ils regardaient la cérémonie du monument aux morts, qui était très belle, vraiment de très
00:28:39belles tenues. Et je me suis dit qu'au moins, ces touristes, ils reviendront chez eux en disant
00:28:43il n'y a pas que la cérémonie des JO que la France est capable de faire. Et puis, il y a eu un très
00:28:51beau, comment dirais-je, très beau discours, oui, qui a été écrit par Jean-Louis Thieriot. Vous
00:28:58savez, le ministre délégué des anciens combattants, il aime l'armée, il aime la France, il aime les
00:29:02anciens combattants. Il disait que nous avions un devoir de gratitude, un devoir de lucidité, un
00:29:07devoir d'espérance. Mais j'ai été très frappée parce qu'il a oublié des combattants. Il a parlé
00:29:11de la guerre de 14, il a parlé ensuite de la guerre de 39-45, il a parlé de l'Indochine. Et
00:29:16puis, il a fait un bond, il a parlé des OPEX et notamment du Liban. Mais il n'a pas parlé des
00:29:22combattants d'AFN, d'Afrique du Nord, c'est-à-dire ceux de la guerre d'Algérie et des combats au
00:29:26Maroc et en Tunisie. Et je me suis demandé s'il y avait quelque chose à l'intérieur de notre pays
00:29:31qui lui avait donné l'intuition qu'il fallait qu'il évite ce sujet. Mais la guerre d'Algérie,
00:29:37ça a fait quand même 25 000 morts militaires et c'était la dernière guerre de conscription,
00:29:40donc ce n'était pas tout à fait négligeable. Alors, je crois que, écoutez, Marc pourrait faire
00:29:48ça mieux que moi parce qu'il a beaucoup d'élan, mais je crois qu'il faut engager nos familles en
00:29:52France à aller à Douaumont, cultiver un devoir de mémoire, cultiver la mémoire de nos propres
00:29:58ancêtres, retrouver toutes les photographies, expliquer aux enfants pourquoi ils sont morts,
00:30:03qu'ils ne répondent plus la prochaine fois qu'ils seront interrogés par Europe 1,
00:30:07qu'est-ce que c'est que le 11 novembre ? C'est un jour férié.
00:30:09Il y a quelque chose qui m'a émue, j'ai envie de partager avec vous, ce sont des gens qui m'ont
00:30:19envoyé des photos. Alors regardez, ça, ça s'appelle la marche de nuit pour la France. Alors,
00:30:23si certains vont jusqu'à Chartres dans la nuit du 10 au 11 novembre, une initiative est lue hier
00:30:29soir à Compiègne. Une quarantaine de jeunes adultes ont marché pour rejoindre la clairière
00:30:35de l'armistice en priant pour la France et ses soldats morts pour elle, 35 kilomètres pour
00:30:40arriver à la statue de Fauche et assister à la messe de 6h30 dans l'église de Rotonde. Des
00:30:45petites initiatives dont personne ne parle. Certains y voient un signe d'espoir, d'autres
00:30:50un signe d'espérance. Rappelons que le 11 novembre 1918, dites-moi si je dis une erreur,
00:30:57à 11h, c'est dans la clairière de Compiègne, au milieu de la forêt, que l'armistice avait été
00:31:02signé dans un wagon-restaurant. L'armistice est signé dans la nuit et c'est à 11h qu'il est
00:31:11effectif. C'est-à-dire que malheureusement, entre l'instant où on a posé les signatures des uns et
00:31:18des autres, on aura 5-6 heures durant lesquelles les massacres continuent. Et n'oubliez pas,
00:31:24on l'a évoqué ici, Augustin Trébuchant, le dernier mort à 10h45. Voilà, donc jusqu'au bout,
00:31:35il y a eu des escarmouches, jusqu'au bout, le sang a coulé.
00:31:48Décidément la Marseillaise, bug ! Non mais voilà, je voulais montrer ces initiatives parce que je vois
00:32:01que plusieurs... ça m'a interpellé, je ne sais pas pourquoi, mais ce sont des catholiques qui marchent
00:32:07pour le 11 novembre, ça m'a interpellé, je trouve que personne n'en parle sur aucun média, ces
00:32:12initiatives de catholiques qui valorisent la France en ce 11 novembre. Plusieurs sont allés
00:32:19à la messe aujourd'hui. Bon, les protestants, je ne sais pas ce qu'ils font, mais en tout cas j'espère
00:32:23qu'ils font quelque chose aussi. C'est intéressant quand même à souligner. Marmenon, on va rester
00:32:28toujours avec cet amour pour la France et se poser la question. On va voir avec vous, parce qu'on en
00:32:33a parlé aujourd'hui, de ces larmes de Georges Clémenceau. Et c'est ça qui vous a marqué.
00:32:38Oui, Georges Clémenceau, le tombeur des ministères, l'homme qui était taillé par toute une frange du
00:32:46monde politique, et il est appelé par Poincaré son ennemi en 1917, le 14 novembre. C'est déjà
00:32:56pratiquement un an, jour pour jour, avant. Et il est dans une situation des plus épouvantables. La
00:33:04France est menacée. La France risque de tomber et Poincaré accepte de lui donner les pleins
00:33:12pouvoirs. D'ailleurs, il prend pratiquement que des figurants autour de lui. C'est lui qui prendra
00:33:17toutes les décisions. À ses côtés, il y a quand même des hommes de confiance, dont le général Mordacq,
00:33:25qui sera son conseiller militaire. Il était là de voir. Et ensemble, eh bien, ils seront à côté des
00:33:33soldats pour les soutenir. Mais ça, il avait pris l'habitude dès 1916. N'oubliez pas cet homme-là,
00:33:39en 1918, il a 76 ans. Il est harassé par tous les combats qu'il a menés. Et dès 1916, quand il a
00:33:47vu que la situation était des plus dramatiques pour ceux qui vivaient dans les tranchées, il a dit
00:33:55nous devons donner l'exemple. Et il allait, lui, malgré son grand âge, arrimé à sa canne,
00:34:02son bonnet, sur la tête, rencontrer ces pauvres boucs qui étaient rongés par toute la vermine,
00:34:09les poules, les puces, ces gens qui étaient là pour certains, blessés, qui attendaient je ne sais
00:34:18trop quel espoir. Et avec le chemin des dames, en 1918, c'est-à-dire que lorsque il est nommé,
00:34:27il y a eu ce chemin des dames. Quand je dis 1918, c'est 1917, le chemin des dames. Et Nivelle,
00:34:36qui est remplacé, parce qu'il fulmine contre certains généraux qui ne sont pas à la hauteur
00:34:41depuis le début du conflit. Que d'erreurs ils ont commises. Il va croire, lui, en Foch. Il croira
00:34:48aussi en Pétain, qui a été nommé suite à l'écartement de Nivelle. Et Pétain, qui doit
00:34:56faire face à quoi ? N'oublions pas qu'à un moment donné, oui, ils ont tellement souffert tous ces
00:35:01bougres. Ils ont tellement été dans le désespoir que certains se sont mutinés. Et on a tourné les
00:35:07armes des Français contre les Français, pour l'exemple. Heureusement, Pétain fait en sorte
00:35:12qu'il y ait peu d'exécution véritable. Les condamnations seront plus de principe que d'autre
00:35:19chose. Bref, les Allemands, eux, pendant ce temps-là, sont là, se redressent. Et au mois de
00:35:25juin, ils sont aux portes de Paris. Ils sont à quelques kilomètres de Reims. Et on a l'impression
00:35:32que c'est la submersion, que ça y est, la France, elle est vaincue. Et lui, alors qu'on lui demande
00:35:37de la démission, alors qu'on demande la démission de Foch, de Pétain, il dit « je ferai la guerre,
00:35:43je ferai la guerre, je ferai toujours la guerre ». Nous devons lutter. Et les mois passent et la
00:35:48France se redresse. Et au mois de novembre, eh bien, il est certain qu'on va l'emporter. Mais ça
00:35:55s'est vu. Dès le mois d'octobre et le 8 novembre, il se retrouve pour signer l'armistice, tout du
00:36:02moins, on l'espère, à Rotonde, dans la forêt de Compiègne. Il y a Foch avec à ses côtés les
00:36:08égans, les généraux. Et puis face à eux, eh bien, un ministre sans poste venu de l'Allemagne, c'est
00:36:15Hertzberger. Et il est là, il essaie de montrer qu'il est encore en capacité de résister. Il essaie
00:36:23de négocier, on lui dit « il n'y a pas de négociation, vous êtes là pour l'armistice et
00:36:29uniquement l'armistice, vous signez ou vous ne signez pas ». Et il admet que l'Allemagne a perdu.
00:36:36Et le premier à avoir l'information, on lui téléphone, c'est Mordac qui aussitôt se précipite
00:36:43chez Clémenceau, il lui dit « monsieur le président ». Ça y est, il s'incline et nous avons donc
00:36:53l'armistice qui sera signé. Et ce vieil homme qui est là, devant Mordac, soudain et submergé par les
00:37:04larmes, il prend sa tête, il la tient et puis au bout de quelques secondes, il se redresse et il
00:37:14dit « c'est idiot, je ne sais pas être maître de mes nerfs ». Voilà cet homme, 76 ans. Et là,
00:37:24il faut attendre encore parce qu'avant que l'armistice soit signé, le 9, le 10, il n'y a
00:37:30pas d'information. Et enfin, à 5h45, le 11, il n'a pas dormi de la nuit, il est dans son appartement
00:37:38rue Flanclin et qui jaillit de nouveau ? C'est Mordac qui lui dit « ça y est, tout est signé ». Et
00:37:46là, à nouveau les larmes, il laisse partir Mordac, il veut méditer quelques instants avant de se
00:37:55rendre, ça sera dans la journée, à l'Assemblée pour annoncer l'armistice et puis lire le texte
00:38:02tel qu'il a été rédigé. Alors il fait un petit parcours dans son jardin, il en a l'habitude et
00:38:09il y a sa fille qui vient et lui dit « mais est-ce que tout cela n'a pas été pour rien ? ». Il a
00:38:16peur déjà de l'avenir et puis il se rend rue Saint-Dominique à son bureau et à 11h, les coups
00:38:27de canon, les coups de canon et les toxins partout, de tous les clochers de la capitale et dans toute
00:38:34la France, l'armistice a été signé, c'est la paix, c'est la paix, c'est la paix, il est là tout
00:38:39tremblotant, il y a une foule énorme qui envahit les Champs-Élysées, la Concorde, on déferle vers
00:38:47l'Assemblée où il se rend à 14h et là on l'attend, il n'y a plus d'ennemi, il n'y a plus qu'une
00:38:55Assemblée qui enfin est en communion, il monte tout doucement, les quelques marches qui le dressent
00:39:06sur le devant de l'Assemblée et là il lit article par article l'armistice, puis il ajoute « Messieurs,
00:39:16à cette heure, cette grandeur terrible, magnifique, mon devoir est accompli et puis honneur à nos
00:39:26grands morts qui nous ont fait cette victoire, grâce à eux, la France hier soldat de Dieu,
00:39:36aujourd'hui soldat du droit, sera toujours le soldat de l'idéal ». Avancé dans les tranchées,
00:39:48on lui avait remis un bouquet de fleurs, il s'était présenté à lui, les poilus, il sera
00:39:54enterré plus tard avec ce bouquet qu'il avait gardé précieusement à côté et c'est ainsi
00:40:02qu'aujourd'hui encore l'homme de la victoire, sans aucun signe sur sa tombe, dort sous un
00:40:11énorme chêne à côté de ceux qui sont morts pour la France. Merci mon Marc, merci de nous faire
00:40:21vivre Georges Clémenceau et nous faire vivre l'histoire. L'histoire c'est aussi un an pour
00:40:28Claire, violée par un homme, visée par une OQTF le 11 novembre 2023. Elle a tweeté aujourd'hui
00:40:35« un an aujourd'hui jour pour jour que ma vie a pris un éclat, un détour, un an que je rentrais
00:40:41des courses à la main, inconsciente de l'orage de ce destin soudain, un an que mes pas suivent
00:40:47ce même chemin, ce hall marqué d'ombres, de traces et de chagrins et je termine pourquoi suis-je
00:40:53encore là ? Par quel hasard ? Mais je choisis d'avancer, de croire et d'espoir et de remercier
00:40:59ceux qui m'ont tendu la main pour leur soutien, leur éclat, ce prêt, ce lien. Nous pensons à
00:41:05Claire qui a été violée il y a pile un an et qui fait part de sa fragilité un an plus tard.
00:41:12Justement on va voir avec vous Charlotte Darnelas que la France d'aujourd'hui c'est aussi la France
00:41:17de la délinquance. Bruno Retailleau a fait des propositions qui concernent les jeunes mineurs
00:41:22délinquants au point d'en faire hurler certains de l'autre côté de l'échiquier politique. Il
00:41:28parle d'encadrement militaire, de suppression d'allocations pour les familles de délinquants.
00:41:33Que faut-il retenir de la part du ministre de l'Intérieur ? Bruno Retailleau depuis quelques
00:41:40jours, même quelques semaines depuis qu'il est arrivé, a choisi la transparence dans la manière
00:41:44de nous livrer le constat de la délinquance et de la criminalité en France et puis il a une
00:41:49manière d'insister lourdement à partir de ce constat sur ce qu'il faut en faire. Et là en
00:41:55l'occurrence il insiste très lourdement sur le rajeunissement de la criminalité et qu'il qualifie
00:42:01lui-même de terrifiant. Il le résume d'une phrase, ceux qui tuent sont de plus en plus jeunes, ceux
00:42:06qui meurent aussi. Donc c'est ce rajeunissement qui en l'occurrence hante ses propos au moment
00:42:10où il en parle et il situe d'abord d'où vient cette violence. Il dit quand j'entends que c'est
00:42:14la société qui devient ultra violente, non ce n'est pas toute la société, ce sont des individus.
00:42:19Alors en effet il discrimine. Il discrimine en fonction de la criminalité des individus pour
00:42:25éviter l'essentialisation d'une génération entière et il discrimine également en fonction
00:42:32de l'éventuelle responsabilité parentale, familiale, pour éviter d'essentialiser des
00:42:38familles entières. On me dit en permanence, oui attention c'est discriminant, mais il faut savoir
00:42:42si on ne peut pas ni discriminer ni essentialiser, au bout d'un moment on n'entend rien faire.
00:42:46Discriminer ça veut simplement dire traiter différemment des situations différentes
00:42:52en l'occurrence et c'est ce qu'il veut faire pour éviter en effet d'expliquer que toute une
00:42:57génération s'est perdue dans la violence. Alors il revient, vous l'avez dit, sur le serpent de
00:43:02mer absolu quand on parle de la délinquance des mineurs, à savoir la question des allocations et
00:43:06des allocations éventuellement conditionnées. Alors il cite la loi de 2010. En 2010 il y avait
00:43:12une loi en effet qui avait été votée, qui avait ensuite été supprimée sous le quinquennat de
00:43:18François Hollande, mais qui concernait l'absentéisme scolaire. Alors j'ai été me pencher sur la loi,
00:43:23on n'était pas sur un truc non plus, enfin je veux dire ils ont vraiment supprimé un truc qui
00:43:28n'était pas non plus, je ne sais pas comment dire, mais la rigueur absolue. C'est-à-dire que c'était
00:43:36au bout de quatre absences, vous pouviez en effet supprimer les allocations liées à ces
00:43:43absences scolaires, quatre absences en un mois, et si par hasard il y avait un retour à l'école sur
00:43:48un mois continu, il y avait une rétroactivité des allocations qui n'avaient pas été données.
00:43:54Je le précise et je fais une parenthèse pour qu'on comprenne que ce n'est pas ceux qui veulent
00:43:57supprimer tout argent d'un côté, et ceux qui veulent en distribuer quoi qu'il arrive. Alors en
00:44:03effet les hurlements sont immédiats, mais on va écouter en entier. Bruno Retailleau dit
00:44:07il y a des familles de bonne volonté et débordées. Il y a des familles qui ne remplissent pas leurs
00:44:13devoirs, notamment concernant l'assiduité à l'école, ce que je vous disais. Donc on va poser
00:44:18la question beaucoup plus simplement. Est-ce que la mère débordée qui s'occupe parfaitement de ses
00:44:23enfants et qui en voit un lui échapper, par exemple dans le trafic, est comparable à deux
00:44:29parents qui sont eux-mêmes en prison au détriment de l'éducation de leurs enfants, ou comparable à
00:44:34des parents qui inventent un faux alibi pour sortir leur enfant de l'ornière, comme on l'avait vu à
00:44:40Cannes, souvenez-vous, avec ces gamins qui avaient renversé une vieille dame. C'est dans la famille
00:44:45de l'un d'eux qu'ils avaient inventé un faux alibi pour essayer de lui faire échapper, en l'occurrence
00:44:51à la justice. Dans ces cas-là, non, le mérite n'est pas le même. Et oui, il est injuste de traiter de
00:44:58la même manière tous ses parents. Certains sont littéralement débordés et ne méritent pas d'être
00:45:03punis pour quelque chose qui les a dépassés, d'autres méritent de l'être parce que ces allocations ne
00:45:09sont pas simplement une distribution automatique, c'est une manière pour l'État de reconnaître la
00:45:15délégation de services publics qu'il donne aux parents pour son propre avenir. C'est parce que
00:45:22vous, parents, êtes premièrement responsables de l'éducation des enfants que nous, État, avons un
00:45:26intérêt à ce qu'il soit bien élevé et que donc on va vous soutenir. Si les parents ne le font pas
00:45:31correctement, il est normal que l'État s'interroge sur cet argent qui, encore une fois, n'est pas un
00:45:35dû. Et donc, quand on se soustrait à ses devoirs, nous dit Bruno Retailleau, il peut y avoir des
00:45:41sanctions. Il peut y avoir des sanctions. Et là, simplement, pour regarder ce débat par rapport à
00:45:49ce que sont déjà nos textes. On a l'impression que c'est la révolution absolue d'imaginer quelque
00:45:53chose comme ça. Alors j'ai regardé ce qui était déjà en place. On pourrait peut-être commencer par là.
00:45:57Déjà, un, le code civil dispose la responsabilité civile des parents, ouvrez les guillemets, le père
00:46:03et la mère, en tant qu'ils exercent l'autorité parentale, sont solidairement responsables du
00:46:08dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux. Voilà pour la responsabilité civile. Il
00:46:13est évident qu'il y a un lien entre les deux. Le code pénal, par ailleurs, sur la responsabilité pénale,
00:46:18dit nul n'est responsable pénalement que de son propre fait. Évidemment, si votre enfant tue
00:46:23quelqu'un, vous n'êtes pas vous responsable, comme si vous l'aviez tué. Mais le code pénal, toujours,
00:46:28dit le fait par le père ou la mère de se soustraire sans motif légitime à ses obligations légales au
00:46:35point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant mineur,
00:46:42est puni de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Voilà quel est l'état du code
00:46:47pénal aujourd'hui. Donc c'est précisément au nom de l'individualisation des peines appliquées aux
00:46:54parents selon leurs responsabilités engagées qu'il faut prendre au sérieux la proposition de Bruno
00:47:00Retailleau et de tant d'autres avant lui, enfin. Mais ce n'est pas la seule proposition de sanction
00:47:06qu'il évoque Charlotte, puisqu'il envisage également un cadre militaire pour les jeunes délinquants.
00:47:11Là encore, il y a de quoi faire réagir. Alors là, il y a quelque chose qui m'a amusée, puisque Bruno
00:47:16Retailleau explique, il dit oui d'accord, il y a la police et la justice, mais il faut se poser la
00:47:20question de l'éducation. Donc quand on parle de la répression, de l'autre côté de l'échec qui est
00:47:25politique, en général, on hurle en disant vous ne pensez que répression, pensez prévention. Quand
00:47:30on parle de la prévention, ils disent oui, alors la prévention répressive, c'est bien, mais la
00:47:33prévention éducative, c'est mieux. Et quand Bruno Retailleau arrive et dit voilà, il faut solidifier
00:47:39la chaîne pénale, mais il faut aussi se poser la question de la prévention par le biais de
00:47:42l'éducation, ça ne va toujours pas et c'est encore un discours qui devrait pourtant être fédérateur.
00:47:49Alors après, on peut se débattre à l'infini sur les moyens utilisés, mais au minimum, la question
00:47:53de la prise en compte de la prévention devrait l'être. Or, certaines familles, c'est factuel, sont
00:48:00criminogènes, d'autres sont débordées, on les a déjà évoquées, mais certaines sont criminogènes.
00:48:05Donc il faut se poser la question de l'accompagnement de ces enfants, non pas en raison d'une mauvaise
00:48:10éducation, on n'est pas en train de détecter une mauvaise éducation et donc on va arracher les
00:48:14enfants à leurs parents parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir l'éducation qu'on voudrait qu'ils
00:48:18aient pour leurs enfants, non, en raison de la criminalité que ça engendre. C'est quand même
00:48:22deux choses extrêmement différentes en l'occurrence. Et il y a également une nécessité vis-à-vis de
00:48:27l'école. On parle extrêmement souvent des violences qui sont commises à l'école, de leurs conséquences
00:48:32absolument dramatiques pour les autres élèves et de tous ces établissements scolaires qui disent
00:48:38« bah oui, vous êtes gentils, mais on ne peut pas les virer » ou alors si on les vire, ils vont dans
00:48:40l'établissement d'à côté et on récupère ceux que l'établissement d'à côté a voulu virer. Donc c'est
00:48:44le cercle infernal d'une violence qui ne peut pas être expurgée au détriment de l'ensemble des autres
00:48:50élèves. Donc évidemment, à partir du moment où certains parents échouent à donner une éducation
00:48:56qui préserve de la délinquance, voire de la criminalité, que l'école n'est clairement pas
00:49:01faite pour rattraper cette défaillance quand elle est sur le terrain de la violence, alors que faire,
00:49:06pose en l'occurrence, enfin c'est la question que pose Bruno Retailleau, de ces enfants, puisqu'il
00:49:12parle de 10, 11, 12 ans, de ces enfants qui sont en rupture de banc comme il dit. Alors il dit « moi
00:49:19j'envisage une solution éducative militarisée dans des établissements qui auraient une discipline
00:49:23militaire pour les encadrer strictement dès le premier délit grave ». Et il évoque cette
00:49:29proposition dans le cadre du narcotrafic. Vous savez, au moment de son déplacement avec Didier
00:49:33Migaud, il parle de l'implication de ces gamins et il révèle au passage, ça n'a pas fait énormément
00:49:38de bruit, que les narcotrafiquants marseillais sont impliqués dans la mort du gamin de 15 ans
00:49:43à Poitiers et dans la mort de Nicolas. Vous saviez, on l'avait évoqué, cette piste-là. Il dit
00:49:48clairement, et les ministres de l'Intérieur avaient des informations que nous n'avons pas, qu'ils sont
00:49:51impliqués dans ces deux morts-là. Donc évidemment on comprend qu'il faut prendre ça au sérieux. On
00:49:58parle donc de jeunes impliqués dans des réseaux qui manient à l'envie, et nos téléspectateurs le
00:50:03savent par cœur, l'intimidation évidemment, la sanction autrement plus énervée que la suppression
00:50:09d'une allocation une fois de temps en temps, et un fonctionnement absolument ignoble dans la
00:50:13manière de gérer. Donc ces gamins sont peut-être attirés par l'argent facile, sont peut-être livrés
00:50:18à eux-mêmes dans une famille défectueuse ou dans une éducation nationale défectueuse, puisque en
00:50:24l'occurrence l'absentéisme scolaire n'est pas exactement prévu au programme. Mais ils sont
00:50:28surtout les pions d'une organisation criminelle sans aucune limite, dramatique pour tous les
00:50:33congénères de leur génération, on l'a déjà vu, et qui ne respectent aucune vie, même pas la leur
00:50:38évidemment. Donc pour toutes ces raisons-là, ces gamins, il faut trouver un moyen de les extraire
00:50:42du milieu criminel dans lequel ils sont, et qui est évidemment dangereux pour nous tous, et pour
00:50:47eux-mêmes en particulier. Donc que ceux qui hurlent nous expliquent quelle est leur solution,
00:50:51à la limite on pourra en discuter. Mais ils ne peuvent pas se contenter de hurler, me semble-t-il.
00:50:54Alors Charlotte Dornelas, l'armée est de plus en plus souvent envisagée comme solution contre le
00:50:59trafic de drogue pour ces jeunes, voire même au pouvoir pour restaurer l'autorité. Comment le
00:51:05comprendre ? Alors moi il y a une question que j'aurais bien posée à Bruno Rotailleux, c'est pas
00:51:07moi qui faisais l'interview mais... On va l'appeler, on va l'appeler. Voilà, il parle d'établissements dans
00:51:12lesquels il y aurait une discipline militaire. Est-ce qu'il veut qu'elle soit rendue par des
00:51:15militaires ? Les deux questions sont très différentes parce que les militaires ne sont
00:51:19pas des éducateurs, ce n'est pas leur métier. Premièrement, qu'est-ce que ça veut dire une
00:51:23discipline militaire ? Ça veut dire des journées avec des horaires contraintes, une obligation d'horaires
00:51:27dans l'imaginaire collectif, c'est évidemment ça que l'on entend quand on veut faire appel à l'armée.
00:51:33Des ordres à respecter, beaucoup de sports, des sanctions immédiates et pas vraiment discutables,
00:51:38il n'y a pas de remise de chance 14 fois avant qu'éventuellement peut-être vous soyez privé
00:51:42de goûter. Un esprit de corps évidemment et un but commun, un but commun. Peut-être qu'il faudrait
00:51:49commencer évidemment par là, c'est une des raisons du succès de l'armée avec des profils extrêmement
00:51:55différents et c'est ça peut-être que tout le monde cherche avec nostalgie dans le service militaire
00:51:58qui, je le rappelle, n'avait pas d'abord pour but de donner une cohésion à la société. C'est peut-être
00:52:03parce qu'il y avait une cohésion initiale qu'il y avait une cohésion inter-classe sociale qui se
00:52:09passait très correctement. Il y avait des gens en effet issus de milieux et de sociologies extrêmement
00:52:14différentes qui se retrouvaient, mais on n'avait pas les mêmes problèmes de fracturation de la société
00:52:19notamment sur le terrain culturel. Le but dit-il est de les reciviliser, c'est-à-dire à l'âge qu'ils
00:52:24ont, de leur redonner ou de leur donner tout simplement une éducation, de leur montrer la
00:52:29différence à coup de sanctions s'il le faut, la différence entre le bien et le mal dans leurs actes.
00:52:34Les pédopsychiatres nous disent qu'ils en sont là ces gamins-là, ils ne sont même pas capables eux-mêmes
00:52:39de faire cette différence-là. Alors en effet les militaires ne sont pas des éducateurs, pas plus
00:52:43qu'ils ne sont responsables des moyens intermédiaires mis en place dans le maintien de l'ordre dans les
00:52:48rues. Souvent on veut faire appel à l'armée pour par exemple dans les quartiers, on entend beaucoup
00:52:53ça évidemment, ce week-end, alors c'était dans le JDD, Cocorico, mais le ministre des armées Sébastien
00:53:00Lecornu a répondu, il dit les militaires peuvent être amenés à tuer sur ordre pour remplir leur
00:53:04mission, le militaire tient un rôle à part dans la société pour cette raison et les armées ne peuvent
00:53:10donc pas être considérées comme la béquille de la société et le chef d'état-major de l'armée de
00:53:14terre le disait à son tour, nous sommes organisés, équipés pour affronter et détruire un ennemi.
00:53:19Donc leur métier n'est pas ni l'éducation des délinquants, ni le maintien de l'ordre, mais que
00:53:25révèle le plébiscite permanent de l'armée ? C'est un plébiscite un peu désespéré en réalité. Qu'est-ce
00:53:31qu'on attend dans l'armée ? Qu'est-ce qu'on imagine dans l'armée ? L'autorité, la hiérarchie,
00:53:34l'obéissance, l'exigence, les sanctions, la rigueur et l'attachement viscéral à la France. Alors peut-être
00:53:41qu'il serait temps que le monde politique récupère, parce que c'est un mot à la mode, récupère toutes
00:53:45ces valeurs-là en constatant qu'elles ont disparu partout, sauf dans l'armée, et que c'est peut-être
00:53:50tout simplement ça que les Français attendent.
00:54:15L'attachement viscéral à la France, merci Charlotte pour vos mots. Une semaine après son élection,
00:54:40toujours l'attachement viscéral à la France, c'est ce dont on va parler avec vous, Mathieu Bocoté. Une
00:54:44semaine après son élection, Donald Trump suscite encore les passions. Invité à commenter sa victoire,
00:54:49Nicolas Sarkozy a donné son explication. Il a dit que la candidate démocrate a parlé aux différentes
00:54:54communautés de leur communauté, alors que Donald Trump a parlé de l'Amérique aux Américains. Nicolas
00:55:01Sarkozy nous met-il ici sur une fausse ou une bonne piste ? Je crois qu'il a globalement raison. C'est
00:55:07une analyse politique, pas sociologique, mais c'est une analyse politique qui me semble fondée et
00:55:12surtout nécessaire. Je regardais hier sur la 5, à chacun sa manière de se martyriser, une collection
00:55:17d'experts de la politique américaine ou des Etats-Unis qui cherchaient à expliquer la victoire
00:55:24de Trump et la défaite d'Harris, et on était surtout devant une forme d'effondrement psychologique
00:55:28généralisé de gens qui faisaient une thérapie à l'écran. C'était catastrophique. Donc Nicolas
00:55:32Sarkozy, une explication qui se veut moins sophistiquée mais beaucoup plus claire, nous dit
00:55:35que les démocrates étaient dans la logique communautariste. Trump, malgré tout ce qu'on
00:55:39peut lui reprocher, peut-on lui reprocher des choses ? Il disait « nous allons vous parler de
00:55:42quelque chose qui vous dépasse » et de ce point de vue, il a réussi à capter l'imaginaire patriotique
00:55:47des Américains. Alors la question qu'on se posera, c'est est-ce que une logique semblable est possible
00:55:54ou désirable pour la France ? Alors la question se pose autrement, je pense, en France. D'un côté,
00:56:00effectivement, il y a la France insoumise, la gauche radicale qui est dans une logique
00:56:03multiculturaliste, les socialistes aussi, autant de Terra Nova, donc on va clientéliser, on va
00:56:08segmenter la France en différentes identités, on va additionner les identités victimaires
00:56:14rassemblées contre le noyau central pour créer une nouvelle majorité. On voit là où ce nous a conduit.
00:56:20Mais le principal problème pour la France est peut-être autre, je me permets de faire cette
00:56:24hypothèse, c'est peut-être moins dans une forme de fractionnement communautariste sans cesse que
00:56:29dans le fait que la France que l'on donne à aimer, parce que la France n'est pas aussi communautariste
00:56:33que les États-Unis, il faut le savoir, la France qu'on donne à aimer publiquement est souvent une
00:56:37France qui, certes, se veut positive, mais est terriblement aseptisée. Elle porte très rarement ce nom
00:56:43d'ailleurs. Elle s'appelle plutôt république. Elle s'appelle laïcité. Elle s'appelle modèle social.
00:56:49Donc ce qu'on propose finalement, c'est soit un mode de gestionner religion, soit une conception
00:56:54très désincarnée du lien politique, soit une forme de sociale démocratie étendue,
00:56:59des choses qui sont honorables en elles-mêmes, mais qui semblent épuiser dans l'espace public
00:57:04la forme légitime du sentiment national. La France historique, la France charnelle, la France organique,
00:57:11la France vivante, la France qui vient du fond des âges, continue d'exister elle, mais seulement de
00:57:16manière négative. C'est la France dont on doit s'extraire, dont on doit s'arracher, qu'on doit
00:57:21repousser pour qu'advienne enfin la France purement républicaine. Et c'est le problème probablement
00:57:26de cette rhétorique républicaine dans l'espace public, c'est qu'elle ne sert pas à désigner le
00:57:30régime politique actuel de la France, fort désirable par ailleurs, mais c'est comme si la
00:57:35République pour devenir pleinement elle-même devait finir par effacer complètement la France
00:57:41charnelle, la France historique, la France de la continuité historique. Et de ce point de vue,
00:57:46il est peut-être difficile de faire aimer des entités abstraites plutôt qu'un pays concret.
00:57:51On écoute juste Nicolas Sarkozy avant ma dernière question, et on continue.
00:57:56Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais c'est très simple. Trump a parlé à la nation américaine de la
00:58:07nation. Kamala a parlé aux communautés américaines des communautés. Or une nation n'est pas une
00:58:14addition de communauté. Trump a été élu parce qu'il a parlé de l'Amérique aux américains. Kamala
00:58:23Harris a parlé aux noirs des noirs, aux homosexuels des homosexuels, aux femmes de l'avortement,
00:58:27aux latinos des latinos. Où est-elle pays ? Alors que voudrait dire parler de la France
00:58:34de manière à rejoindre les français ? Alors je ne prétendrais pas donner une
00:58:37leçon de patriotisme aux français de l'intérieur, mais de l'extérieur. C'est-à-dire que la France
00:58:41qui fascine, la France qui suscite un désir à travers le monde, ce n'est pas, je le redis,
00:58:46la France absolument désincarnée qui se contemple dans le miroir républicain. D'abord,
00:58:50c'est l'histoire. La longue histoire de France. Vu de l'extérieur de France, on continue de penser
00:58:54qu'elle commence à éclever sa bien des égards. C'est la longue histoire de France qui mérite
00:58:59d'être embrassée. Ce n'est pas seulement l'histoire révolutionnaire, même si elle compte. C'est une
00:59:05France qui doit assumer, si je peux me permettre encore une fois, tout son passé, même les pages
00:59:08lumineuses de son passé colonial. Il fut un temps où la France était capable d'occuper tout l'Amérique
00:59:13avant d'en être chassé, alas. Mais quoi qu'il en soit, l'histoire coloniale française ne s'épuise
00:59:18pas dans les pages sombres de la guerre d'Algérie et se déploie à la grandeur du monde et a fait
00:59:22la grandeur de la France aussi. C'est une France de la gastronomie, de l'art de vivre, des rapports
00:59:26entre les hommes et les femmes, de la littérature, du sang. Ça, c'est le modèle social. Ça, c'est une
00:59:32trahison. C'est la littérature, le sens du débat, la France charnelle. Je terminerai finalement en me
00:59:38faisant féminin pour un instant. C'est la France, à certains égards, d'Emilie in Paris. C'est-à-dire
00:59:42que ce n'est pas pour rien que cette France-là fait autant rêver. C'est que c'est une France
00:59:45sans insécurité, culturelle, civilisée, raffinée, délicieuse. Ça peut être caricatural, mais ce n'est
00:59:50pas si mauvais que ça. Et je terminerai peut-être avec Philippe Devilliers, c'est une référence plus
00:59:54recommandable, qui nous dit de la France, du patriotisme aujourd'hui, qu'il doit avoir une
00:59:59charge poétique. En la France, il faut offrir une France à aimer. Je dirais que le patriotisme de
01:00:03demain sera poétique ou ne sera pas. Offrir une France à aimer. Excellente suite de programme.