Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 Non, mais on est en direct, mais je peux continuer quand même.
00:02 Bonjour à tous.
00:05 Je disais à Dimitri que j'allais poser une question supplémentaire,
00:07 à Charlotte aussi.
00:09 On fera notre petite tombouille.
00:10 Bienvenue à tous.
00:11 J'espère que vous allez bien dans un instant.
00:13 Face à l'info avec des sujets très importants ce soir.
00:17 On en parle tout de suite après la minute d'info de Michael Dos Santos.
00:20 Le nombre de victimes du terrible séisme au Maroc continue d'augmenter.
00:27 Un nouveau bilan fait état de plus de 2600 morts et presque autant de blessés.
00:31 Le roi Mohamed Siss est toujours attendu sur les lieux sinistrés
00:34 pour évaluer l'ampleur des dégâts et apporter son soutien à ses concitoyens.
00:38 Une jeune femme de 24 ans blessée grèvement à Marseille
00:41 après des tirs contre un point de deal du quartier de Saint-Is.
00:44 La victime se trouvait chez elle au troisième étage lorsqu'une balle
00:47 l'a touchée à la tête.
00:48 Elle est en état de mort cérébrale.
00:51 Et puis, enfin, Laurent Blanc n'est plus l'entraîneur de l'Olympique lyonnais.
00:54 Selon un communiqué publié par le club rhodanien,
00:56 cette décision a été prise d'un commun accord.
00:58 Ces derniers mois, l'ancien sélectionneur des Bleus a enchaîné les mauvais résultats.
01:02 Loël est actuellement dernier du championnat de France de Ligue 1.
01:05 Et au sommaire ce soir, le bilan du tremblement de terre au Maroc,
01:10 c'est encore alourdi.
01:12 2680 morts, la course contre la montre est bien entamée.
01:16 Les secours n'arrivent pas encore à intervenir partout.
01:19 Tant la situation est complexe sur place.
01:22 Cette catastrophe a suscité une immense émotion en France.
01:25 Les deux peuples sont amis, les deux pays sont amis.
01:29 Tout le monde vit au rythme de la douleur et de la pudeur.
01:32 Tous, dans un élan de solidarité, se demandent de quelle manière
01:37 assurer l'aide humanitaire.
01:38 L'édito de Mathieu Boccotti.
01:41 Derrière la douleur d'un peuple uni,
01:43 comment analyser les relations diplomatiques entre la France et le Maroc ?
01:47 Quels sont les points de tension ?
01:49 L'humanitaire peut-il l'emporter sur la diplomatie ?
01:51 Pourquoi les Français, eux, sont si attachés au Maroc
01:55 et notamment à Marrakech, ces Français qui représentent
01:57 même un certain pouvoir économique sur place ?
02:00 Nous verrons le décryptage de Dimitri Pavlankov.
02:02 Peut-on siffler le président de la République
02:06 lors du coup d'envoi de la Coupe du monde de rugby ?
02:09 Est-ce honteux ou simplement le signe de la liberté d'expression ?
02:13 Est-ce humilier la France à l'international ?
02:15 Doit-on avoir une certaine retenue lors d'un événement sportif mondial ?
02:19 Peut-on être patriote et humilier son président aux yeux du monde ?
02:24 Ou bien au contraire, le regard de Marc Meneau ?
02:27 Mais qui sont ces émeutiers qui ont saccagé la France
02:33 après la mort de Nahel cet été ?
02:35 Quel profil ? Quel lien avec l'immigration ?
02:37 Ou pas ? Quelles sont les raisons réelles de leur geste destructeur ?
02:40 Il y a deux semaines, l'inspection générale de l'administration
02:43 et l'inspection générale de la justice ont rendu une mission qui révèle
02:47 qu'une grande majorité des interpellés sont des jeunes Français
02:51 originaires du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne.
02:54 Pourquoi personne n'est surpris ?
02:57 L'analyse de Charlotte Bernoullis.
02:59 Et puis le rugby est-il d'extrême droite ?
03:02 Alors que la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de rugby
03:04 a été critiquée par la gauche parce que trop sépia, trop franchouillard, trop rance.
03:09 En quoi cette cérémonie ne représente-t-elle pas la France ?
03:12 Pourquoi être choqué ?
03:14 En quoi le rugby serait-il un sport d'extrême droite ?
03:16 Après la viande, classé d'extrême droite, le drapeau, classé d'extrême droite, la police,
03:21 classé d'extrême droite, Michel Sardou, classé d'extrême droite, le puits du fou,
03:25 classé d'ême soldate. Maintenant, on a le sport d'extrême droite.
03:27 Créditeux de Mathieu Beauclottet.
03:29 C'est parti pour une heure d'information avec nos éditorialistes, nos mousquetaires.
03:33 Allez, c'est parti. A tout de suite.
03:34 Ravi de vous retrouver ce soir, les mousquetaires. Ça va ma beauté ?
03:51 Tout va bien.
03:52 Ça va Mathieu ?
03:53 Toujours.
03:54 Dimitri ?
03:55 Pleine forme.
03:56 Marc ? Alors je te disais tout à l'heure que...
03:57 Merci de m'avoir attendu ma réponse.
04:00 Non mais c'est vrai, je vais bien, c'est entendu.
04:03 Pour ne rien vous cacher, on est dans le même bureau avec Marc, donc je connais sa vie par coeur,
04:07 vous allez bien, vous avez passé un bon week-end, vous avez lu des...
04:10 Oh, vous allez nous parler de ça, à la fin de la semaine, quand vous nous préparez en secret.
04:15 Et Mathieu Beauclottet, il nous prépare un petit secret, on en parlera dans un instant.
04:18 D'abord, le tremblement de terre au Maroc a suscité une vive émotion et une douleur en France.
04:25 On a rappelé à Mathieu que malgré les complications dans les relations entre les gouvernements,
04:31 les deux peuples sont amis, les deux pays sont amis,
04:34 et tous se demandent de quelle manière assurer l'aide humanitaire,
04:37 même si le Maroc pour l'instant ne semble pas pressé d'appeler la France à l'aide.
04:43 Que comprendre de cette présente séquence ?
04:46 Qu'elle est extrêmement compliquée.
04:48 Je pense que c'est le mot qui va nous guider tout au long de cette analyse,
04:51 c'est la complication de ces rapports.
04:53 Alors, on a l'habitude de dire, et on doit le dire, qu'il arrive que des peuples soient amis,
04:57 même si leurs gouvernements ne s'entendent pas.
05:00 Par exemple, rappelez-vous les pires moments du conflit entre la France et,
05:04 au moment de la fin des années 90, la décomposition de la Yougoslavie et la Serbie,
05:07 on disait qu'il y a une amitié entre le peuple français et le peuple serbe,
05:10 même si on n'est pas d'accord avec les dirigeants serbes.
05:13 On a une amitié entre les Français et les Américains,
05:15 malgré les désaccords profonds, souvent, avec le gouvernement américain.
05:20 Donc ça, l'idée d'une amitié entre les peuples existe.
05:23 Et l'amitié avec le Maroc, elle est souvent rappelée,
05:25 d'autant qu'elle est marquée d'une histoire très particulière.
05:28 On a quelquefois le réflexe en Occident de dire le Maghreb
05:32 comme une forme de zone à peu près homogène, à peu près unifiée.
05:35 Or, ce n'est pas le cas. Le Maroc n'est pas l'Algérie qui n'est pas la Tunisie.
05:38 Et ces trois pays ont des rapports distincts avec la France.
05:42 Et autant il y a en Algérie un sentiment anti-français,
05:46 reconnu, qui est presque constitutif de l'identité du pays,
05:49 qui est indissociable de ce que l'Algérie est,
05:52 enfin, même pas devenue, de ce qu'elle a été
05:54 dès ses origines politiques, avec la guerre de l'indépendance.
05:57 Ce n'est pas le cas au Maroc, où il y a une toute autre histoire,
05:59 il y a une autre généalogie politique.
06:01 Et il faut garder ça à l'esprit pour voir la suite des choses.
06:05 Ensuite, relation d'amitié ne veut pas dire relation sans problème.
06:10 Et on peut lire sur ça les travaux passionnants de Pierre Wermeren,
06:13 parmi d'autres, mais qui a travaillé sur cette question de manière très fine.
06:17 Et dans les circonstances actuelles,
06:19 trois grands dossiers ont compliqué les relations entre la France et le Maroc.
06:23 Je les évoque rapidement.
06:25 Le dossier Pegasus, c'est-à-dire le logiciel d'espionnage
06:29 qui permettait au Maroc, si on a bien compris,
06:32 d'espionner les dirigeants français, notamment le portable d'Emmanuel Macron,
06:36 ce qui peut être une raison légitime, par exemple, d'en vouloir un pays.
06:39 - C'est un dossier qui a avéré, rappelons-le.
06:41 - Bien sûr, mais ça avait quand même...
06:43 - Bien su.
06:44 - Le récit public laissait croire qu'il y avait des raisons d'être méfiant.
06:47 Ensuite, la question de la question de jour,
06:49 des certificats de reconduite aux frontières, nous le savons,
06:52 et la question du Sahara occidental, c'est-à-dire quelle est la position de Paris
06:56 par rapport à ces provinces qui ont une logique sécessionniste.
07:00 Est-ce qu'il faut soutenir ces provinces?
07:02 Est-ce qu'il faut soutenir l'intégrité du Maroc?
07:05 L'Europe n'a pas une position unanime sur cette question.
07:08 C'est ce que je veux dire.
07:09 Donc, il y a une tension en ce moment entre le Maroc et la France.
07:13 Tension, et le Maroc refuse, je reviendrai, l'aide de la France avec une nuance.
07:18 - Ils n'acceptent pas, on va dire.
07:19 - Oui, ce sont des subtilités jésuitiques et diplomatiques.
07:23 Le Maroc n'accepte pas l'aide de la France, mais le premier des Marocains,
07:28 le roi, accepte l'aide de la France lorsque vient le temps de se faire soigner.
07:32 Ce n'est pas un détail, donc les soins médicaux qu'il recevait
07:35 au moment du tremblement de terre terrible qui a touché son peuple,
07:37 le premier des Marocains était en France pour connaître des traitements médicaux.
07:41 On ne nous reprochera évidemment pas, mais ça nous dit que probablement,
07:44 qu'au-delà des complications diplomatiques, l'aide de la France peut être acceptée
07:47 de temps en temps sur une base personnelle, même par le premier des Marocains.
07:50 Donc, gardons cela à l'esprit.
07:52 - Ce n'est pas la même aide.
07:53 - Ce n'est pas la même aide, bien évidemment.
07:54 Vous avez tout à fait raison de le dire, mais c'est une forme d'aide néanmoins.
07:58 - Je comprends.
07:59 - Alors, l'aide. Plusieurs pays, tous les pays, en fait, veulent t'aider,
08:02 chacun à leur manière.
08:04 La France propose son aide. Pour l'instant, on ne lui dit pas non,
08:07 mais on ne lui dit pas oui.
08:09 Certains, vous avez raison de le dire, il y a une différence à faire,
08:12 mais ce sont néanmoins, à mon avis, subtilités jésuitiques.
08:16 Parce que sur le fond des choses, plus on prend son temps pour dire oui,
08:19 plus on constate que le consentement n'y est pas.
08:22 Et le consentement, notre époque nous l'a appris, c'est important.
08:26 Alors, qu'est-ce qu'on a? Il y a quatre pays néanmoins
08:28 qui ont eu le consentement du Maroc pour l'aider.
08:32 Donc, l'Espagne, relation historique particulière avec le Maroc,
08:35 sans le moindre doute. La Grande-Bretagne, un peu moins.
08:38 Le Qatar et les Émirats arabes unis.
08:40 Mais à la France, on ne dit pas oui.
08:42 Donc, peut-être qu'on va dire oui dans 24 heures,
08:44 peut-être dans 48 heures.
08:46 Une bonne partie des dirigeants français, cela dit,
08:48 cherchent à comprendre parce que c'est un peu humiliant.
08:50 Vous savez, il y a un pays qui a une tragédie terrible,
08:52 ça nous affecte tous. Je dirais, ça affecte, et ça, il faut le redire,
08:54 je pense que ça affecte tous les humains sur Terre.
08:56 Quand on voit ça, quand on l'a vu en Haïti, rappelez-vous,
08:58 quand on voit une tragédie semblable, c'est bouleversant.
09:00 Et ça touche particulièrement la France,
09:02 où il y a une communauté marocaine importante,
09:04 où les Français ont des liens familiaux, des liens amicaux au Maroc.
09:08 Là, c'est compliqué, donc ça nous touche.
09:10 - La mobilisation des Français en termes de...
09:12 - Les Français veulent se mobiliser.
09:14 La France veut se mobiliser, les Français veulent se mobiliser.
09:16 Et pas seulement les Français d'origine marocaine,
09:18 c'est important de le dire.
09:20 Or, c'est une aide qui est refusée.
09:22 Donc, c'est un peu humiliant, c'est un peu choquant.
09:24 À la rigueur, c'est un peu vexant.
09:26 C'est un peu impressionnant.
09:28 Bon, il y a ceux qui disent que ça va passer.
09:30 C'est-à-dire que c'est une forme de...
09:32 Vous savez, de temps en temps, on a besoin d'humilier son prochain.
09:34 Ça fait partie des besoins de la vie.
09:36 Donc, on humilie la France et ensuite, on dit oui.
09:38 C'est un peu ça l'hypothèse optimiste.
09:40 Dominique de Villepin, qui est une grande figure de la diplomatie française,
09:42 dit que l'aide pourrait passer par l'Union européenne.
09:44 Donc, on veut à tout prix... ou de l'aide privée, à la rigueur.
09:46 Donc, on veut à tout prix aider le Maroc,
09:48 quitte à l'aider par des voies détournées,
09:50 par exemple, par l'Union européenne.
09:52 Donc, il y a des politiques diplomatiques qui sont légitimes.
09:54 Gérald Darmanin, quant à lui, a une position
09:56 où il cherche à rationaliser la situation.
09:58 Il dit que le Maroc est un pays indépendant,
10:00 un pays souverain, un pays développé.
10:02 Ce n'est pas un pays du tiers monde qui a une capacité de protection.
10:04 La protection civile est vraiment développée au Maroc.
10:06 Dès lors, s'ils n'ont pas besoin de nous,
10:08 à la différence des Emirats arabes unis,
10:10 du Qatar, de la Grande-Bretagne et de l'Espagne,
10:12 s'ils n'ont pas besoin de nous,
10:14 c'est très bien.
10:16 On accepte ça. On va aller selon le rythme des Marocains.
10:18 La question qu'on peut se poser,
10:20 sans mauvais esprit, c'est
10:22 faudra-t-il remercier le Maroc
10:24 lorsqu'il acceptera l'aide de la France?
10:26 Enfin, vous acceptez notre aide, nous vous remercions.
10:28 Disons qu'on cherche à détricoter
10:30 un peu le traitement médiatique
10:32 et politique de cette
10:34 tension diplomatique.
10:36 Et c'est un peu la conclusion à laquelle on en arrive.
10:38 - Vous me permettez d'assister
10:40 sur le fait que le Maroc ne refuse pas...
10:42 Pardon, c'est juste, effectivement,
10:44 jésuite et un langage diplomatique,
10:46 mais ne refuse pas l'aide,
10:48 ne fait pas appel à la France
10:50 qui s'est portée à sa disposition.
10:52 - Vous avez raison de le dire.
10:54 - Un petit détail, évidemment, tout le monde comprend
10:56 ce que ça veut dire, mais c'est vrai que la façon
10:58 dont ça fonctionne, c'est-à-dire qu'on fait appel
11:00 à l'aide humanitaire, on choisit tel
11:02 ou tel pays, et le Maroc n'a pas effectué.
11:04 - Vous avez tout à fait raison de le dire.
11:06 - Cette réaction n'est pas
11:08 surprenante vu... Est-ce qu'elle n'est pas
11:10 surprenante vu l'ampleur du désastre?
11:12 Est-ce que par rapport à un désastre pareil,
11:14 on ne doit pas peut-être
11:16 mettre de côté... Je vous reposerais aussi
11:18 la question, peut-être, Dimitri, mettre de côté
11:20 les relations diplomatiques face à l'importance
11:22 de la catastrophe humanitaire? C'est la question
11:24 que tout le monde se pose. - Et vous posez ici,
11:26 je pense, la question centrale, c'est la question de l'humanitaire.
11:28 En Occident, je dirais depuis 25 ans,
11:30 30 ans, on a eu l'habitude
11:32 de penser les rapports internationaux
11:34 d'abord en termes humanitaires. Même quand
11:36 ils ne l'étaient pas, on prétendait qu'ils étaient
11:38 humanitaires. Donc, notre grille de lecture
11:40 première est humanitaire.
11:42 Ce que l'on constate, c'est que ce n'est pas
11:44 nécessairement le cas partout dans le monde.
11:46 Et dans d'autres endroits, peut-être
11:48 est-ce le cas au Maroc, la logique nationale,
11:50 la logique de l'orgueil national,
11:52 dirait Moiron. Alors, je me permettrais de faire
11:54 un petit développement là-dessus. La logique de l'orgueil
11:56 national est plus forte que la logique humanitaire.
11:58 C'est-à-dire, les Occidentaux ne voient le monde
12:00 que sous le signe de l'humanité nue.
12:02 C'est-à-dire, vous souffrez, nous vous aidons.
12:04 Mais il y a peut-être des endroits dans le monde où, au-delà de ça,
12:06 on dit, bien, désolé, mais on veut choisir qui nous aidera
12:08 en fonction de nos tensions politiques actuelles,
12:10 de nos tensions diplomatiques, des intérêts que nous avons.
12:12 - Peux-tu t'accliner encore un petit peu?
12:14 - Mais bien sûr.
12:16 - Est-ce qu'honnêtement, peut-être que les pays
12:18 qui ont été choisis sont peut-être meilleurs aussi
12:20 que la France? On peut leur accorder aussi
12:22 le bénéfice du doute.
12:24 - Mais c'est tout à fait possible que le Maroc voit
12:26 les choses ainsi. Ensuite, puisqu'il y a une relation
12:28 historiquement privilégiée entre la France et le Maroc,
12:30 et puisqu'on a tendance à croire que les relations
12:32 qui sont inscrites dans l'histoire ont des effets
12:34 politiques, voilà d'où vient peut-être notre surprise.
12:36 Mais vous noterez, je ne parle qu'au conditionnel,
12:38 parce que cette histoire est fort complexe en ce moment.
12:40 Donc, il n'y a pas toute une question d'orgueil,
12:42 mais il y a aussi, et ça on peut le voir probablement
12:44 partout en Afrique, et j'inclus le Maghreb dans l'Afrique
12:46 sur ce coup-là, c'est-à-dire, soit le Maghreb
12:48 ou l'Afrique subsaharienne, il y a aujourd'hui
12:50 une vague qui est quand même, on pourrait dire,
12:52 anti-occidentale. Je pense que c'est une des données
12:54 centrales de la politique mondiale aujourd'hui.
12:56 C'est une vague qui est anti-occidentale
12:58 et qui fait en sorte que l'aide occidentale
13:00 est souvent perçue comme une façon de faire
13:02 des choses, et qui est en fait,
13:04 une façon de faire des choses.
13:06 L'aide occidentale est souvent perçue
13:08 comme une forme de néocolonialisme.
13:10 Donc, vous voulez nous aider,
13:12 mais en fait, c'est pour reconduire
13:14 un rapport de domination dont on s'était
13:16 libérés. Et qui joue
13:18 sur ce sentiment
13:20 qui est une donnée centrale,
13:22 je le dis, de la géopolitique contemporaine?
13:24 Eh bien, il y a les Russes,
13:26 on en parle souvent, il y a la Chine,
13:28 on en parle souvent aussi. Donc, l'Europe,
13:30 qui a connu une mue, l'Europe qui est fière
13:32 d'avoir permis la décolonisation,
13:34 eh bien, aujourd'hui, il se peut qu'elle ne soit
13:36 plus la bienvenue dans des terres où,
13:38 historiquement, elle se sentait un peu chez elle.
13:40 - Dernière question. La tragédie marocaine
13:42 de Mathieu Bocote s'est transformée en polémique
13:44 intérieure française. Vous voulez nous
13:46 dire un petit mot là-dessus? - Ah oui, oui, absolument.
13:48 Parce qu'on l'a vu, c'est la traque
13:50 à la bonne une
13:52 du journal ou de magazine, dans les circonstances.
13:54 Donc, il y a Françoise Degoy,
13:56 qui est journaliste,
13:58 qui a attaqué le JDD.
14:00 Je cite, parce que vous allez voir, il y a un petit problème
14:02 avec les faits et la vérité. C'est important, mon avis.
14:04 "Mon sentiment est qu'il y avait un drame
14:06 ce quoi notre pays a mis le Maroc.
14:08 Il me semble qu'il y avait 2000 morts,
14:10 selon un bilan toujours provisoire, des centaines de blessés,
14:12 un pays qui souffre dans sa chair, son âme.
14:14 Et bien sûr, le JDD fait sa une sur le rugby,
14:16 défend bec et ongle, puis du fou
14:18 dont on se fout, et ne consacre pas une ligne
14:20 à cette tragédie. Là, ce n'est pas un problème
14:22 d'extrême droite, c'est juste un manque total
14:24 de professionnalisme, des bras cassés,
14:26 doublés d'idéologues." Le problème de Mme Degoy,
14:28 dans les circonstances, c'est qu'elle a oublié de lire
14:30 le journal dont elle parle. Mais vous savez, c'est le cas
14:32 de la plupart des gens qui parlent ainsi du JDD ces temps-ci.
14:34 Donc, il y avait une pleine page consacrée
14:36 au drame du Maroc, à la tragédie du Maroc
14:38 dans le JDD. Mais vous savez, quand il s'agit
14:40 simplement, en société, d'exposer
14:42 votre vertu supérieure, quand il s'agit
14:44 de montrer que vous devez à tout prix...
14:46 Tout le monde doit savoir que votre morale est supérieure,
14:48 vous devez trouver le bouc émissaire, que vous devez
14:50 fustiger, sur lequel vous devez vomir,
14:52 que vous devez insulter en toutes circonstances,
14:54 quitte à son sujet à mentir,
14:56 dans les circonstances, et vous savez,
14:58 les réseaux sociaux sont ce qu'ils sont,
15:00 donc le mensonge et un effet d'épidémie, tout le monde reprend ça
15:02 et tout le monde est désormais convaincu que le JDD
15:04 n'a rien dit sur le Maroc,
15:06 alors que dans les faits, il y avait une pleine page sur la question.
15:08 Mais vous savez, lorsqu'il s'agit de détruire
15:10 une réputation, tous les moyens sont bons,
15:12 même le mensonge. Et si c'est pas du mensonge,
15:14 c'est de l'ignorance, dans son cas, pour rappeler
15:16 les termes de Mme Degoy,
15:18 juste un manque total de professionnalisme,
15:20 des bras cassés, doublés d'idéologues,
15:22 mais peut-être parlait-elle d'elle à ce moment.
15:24 - Charlotte Donéas,
15:26 je me tourne vers vous,
15:28 pour rebondir sur ce qu'a dit Mathieu Beaucotter,
15:30 c'est quand même grave, ça.
15:32 C'est un acharnement,
15:34 mensonger, contre le journal du dimanche,
15:36 parce que j'ai vu le tweet de Geoffroy Lejeune,
15:38 justement, qui dit que non,
15:40 elle dit qu'on n'a pas écrit une ligne,
15:42 et il dit qu'on a écrit 178 lignes.
15:44 Non mais je ne sais pas,
15:46 c'est grave, déontologiquement,
15:48 pour la presse, aujourd'hui.
15:50 - C'est surtout que, grâce à ce tweet, tout le monde a compris
15:52 que depuis la nouvelle direction du JDD,
15:54 toutes les semaines, il y aura une polémique.
15:56 Alors on peut essayer de l'adviner à l'avance,
15:58 on peut essayer de voir, il y a une polémique sur le dos,
16:00 mais ce qui est extrêmement...
16:02 enfin, ce qui est un gros problème,
16:04 c'est un, en effet, le mensonge,
16:06 et surtout, là, je vais vous prendre un exemple.
16:08 Il y a quelques semaines, souvenez-vous,
16:10 il y avait madame Agristi Roubache, ministre d'Emmanuel Macron,
16:12 qui parlait dans le JDD.
16:14 C'était la polémique de la semaine, un ministre du gouvernement
16:16 dans le JDD, donc qui s'assoit sur la grève précédente.
16:18 Et là, cette semaine,
16:20 il y a Marc Fesneau, vous voyez, qui parle,
16:22 qui est ministre de l'Agriculture, qui parle dans le journal.
16:24 Alors là, les gens qui déclenchent une polémique
16:26 tous les dimanches, ils s'en fichent complètement.
16:28 Il y a un ministre dans le journal, c'est plus ça la polémique de la semaine,
16:30 ça va être le Maroc. Alors en effet, il est important
16:32 de rappeler que c'est évidemment un sujet
16:34 qui a été traité dans le journal, donc elle
16:36 conteste, on va dire, un choix éditorial.
16:38 On peut tous contester les choix éditoriaux.
16:40 Je suis juste un peu étonnée que la croisade
16:42 qu'ils ont menée pendant deux mois
16:44 pour défendre le pluralisme
16:46 et la liberté de la presse se termine en une
16:48 obligatoire pour toute la presse. C'est assez étonnant
16:50 comme conclusion de leur part.
16:52 - Merci beaucoup, Charlotte,
16:54 pour votre regard. Dimitri,
16:56 on va retourner au Maroc.
16:58 On vient de le voir avec Mathieu,
17:00 les relations diplomatiques, tout le monde en parle aujourd'hui
17:02 entre la France et le Maroc, qui demeurent
17:04 froides. Le séisme
17:06 dans le haut de l'Atlas n'y changera
17:08 visiblement pas grand-chose. Qu'est-ce qui
17:10 se cache derrière ces tensions ?
17:12 Et je vous demanderai aussi après, pourquoi cet
17:14 attachement viscéral
17:16 de la France avec le Maroc, des Français
17:18 avec le Maroc ? Parce qu'il n'y a pas un Français
17:20 qui n'est pas touché aujourd'hui dans son âme,
17:22 dans son corps, par la
17:24 douleur que vit ce pays.
17:26 - Vous savez, à Cormondes, la première représentation
17:28 diplomatique française au Maroc,
17:30 16e siècle, ça fait plus de 500
17:32 ans. Et la France a été, dans les États
17:34 européens, l'un des premiers à envoyer une
17:36 représentation diplomatique. À leur époque, c'était
17:38 le royaume des Abbasides, etc. Mais vous voyez,
17:40 il y a une longue, longue histoire, sans parler de la
17:42 colonisation, etc. Mais alors, juste
17:44 pour rebondir sur ce que vous disiez sur la fameuse
17:46 "Une comm en salle, JDD a pas fait sa une sur le Maroc,
17:48 c'est pas bien", c'est assez révélateur
17:50 de ce réflexe humanitariste
17:52 qu'on a aujourd'hui en France,
17:54 dont a parlé Mathieu. Et en
17:56 fait, ce que l'on a du mal à comprendre, c'est que le
17:58 Maroc, dans l'affirmation de son identité
18:00 d'État souverain, aujourd'hui,
18:02 récuse cet humanitarisme. Et c'est ça, en fait,
18:04 qu'il faut comprendre. Il faut un peu décentrer.
18:06 Il n'y a pas que vis-à-vis de la France. L'aide
18:08 humanitaire américaine, aussi, a été, pour le moment,
18:10 mise en pause par les Marocains. Et le
18:12 message, c'est "Nous ne sommes plus un
18:14 pays du tiers-monde, comme ça, à la merci
18:16 de votre charité, incapable de s'en sortir
18:18 par lui-même. Donc, merci pour l'aide proposée.
18:20 On va trier, et on vous rappelle."
18:22 - On peut les comprendre, aussi. - Mais vous savez, l'image
18:24 de l'humanitaire, aujourd'hui,
18:26 c'est Bernard Kouchner avec son sac de riz, voyez ?
18:28 Un médecin qui amène à manger.
18:30 Les Marocains, concrètement, ils disent aujourd'hui, "Nous,
18:32 il y a deux choses dont on n'a pas besoin, c'est des médecins et de la nourriture."
18:34 Ça, on a. Par contre, des chiens renifleurs,
18:36 des drones, ce genre de compétences très
18:38 particulières, ça, ils sont très demandeurs.
18:40 Donc, sur le fond, on peut un peu comprendre,
18:42 finalement, le dédain
18:44 marocain à l'égard de la France,
18:46 parce que nous, en France... - L'apparent dédain.
18:48 - Oui. La France, c'est... Nous sommes
18:50 les inventeurs de l'humanitarisme sans frontières.
18:52 C'est Bernard Kouchner,
18:54 le Biafra, dans les années 70, etc.
18:56 La théorie sur le droit d'ingérence
18:58 humanitaire, c'est français. Il faut bien
19:00 comprendre qu'en 2023, dans un pays
19:02 comme le Maroc, ça ne passe plus. Parce que
19:04 c'est vrai qu'on a cette image d'une zone
19:06 extrêmement pauvre qui a été frappée par le séisme.
19:08 C'est vrai. Et on pourrait filer un petit peu
19:10 la comparaison avec la France. Effectivement,
19:12 c'est le Maroc périphérique qui a été touché.
19:14 C'est-à-dire une zone qui est délaissée par le pouvoir central,
19:16 qui est très pauvre,
19:18 qui est extrêmement rurale, qui est mal desservie.
19:20 Ces images, vous avez vu,
19:22 ce sont des maisons empisées qui se sont effondrées sur
19:24 elles-mêmes. Il n'y a même pas, finalement, tellement de survivants
19:26 à retrouver dans des décombres en béton.
19:28 Voyez ? Et le contraste est
19:30 saisissant. Quand vous regardez les images de Marrakech,
19:32 vous avez une ville qui ressemble à une ville occidentale
19:34 où le niveau de vie dans les grandes villes marocaines
19:36 est assez similaire à celui d'un Européen
19:38 d'Europe de l'Est. Voyez ?
19:40 Donc, on se considère en Maroc
19:42 comme une puissance régionale
19:44 et on ne veut pas de cette charité de la France.
19:46 Donc, vous voyez, c'est pour ça qu'il faut penser un peu à décentrer
19:48 son regard. Et puis,
19:50 remarque très intéressante qui était faite
19:52 ce week-end dans le Figaro par la géographe
19:54 Sylvie Brunel, elle dit "Attention,
19:56 une opération humanitaire, c'est pas
19:58 innocent. C'est un cheval de Troie pour
20:00 s'installer. Ça peut s'exploiter
20:02 politiquement. Vous prenez les Américains,
20:04 en 2004, le séisme en Indonésie à Phuket,
20:06 vous vous rappelez ? Les Américains,
20:08 ça fait trois ans qu'ils sont
20:10 extrêmement impopulaires dans
20:12 le monde arabe après l'intervention en
20:14 Afghanistan, mais surtout en Irak.
20:16 Ils sont jugés illégitimes.
20:18 L'Indonésie, premier pays musulman de la planète.
20:20 Évidemment que c'est une occasion
20:22 pour les Américains de quelque part
20:24 rehausser leur blason auprès
20:26 du monde arabe. Et d'ailleurs, Kandolidza Rice
20:28 aura cette expression parlant d'une opportunité
20:30 extraordinaire de l'Amérique.
20:32 Finalement, cette catastrophe lui procurait
20:34 l'occasion comme ça de
20:36 se faire bien voir. Et puis,
20:38 dernière remarque sur l'aide humanitaire, c'est que
20:40 c'est bien beau de vouloir proposer son aide, mais
20:42 voyez, en 2004, le séisme
20:44 d'Al Hoseïma au Maroc,
20:46 les Marocains s'en souviennent que s'était-il passé
20:48 des embouteillages,
20:50 impossibilité pour les secours d'accéder
20:52 aux zones sinistrées,
20:54 et puis une administration nationale
20:56 marocaine monopolisée pour gérer
20:58 les humanitaires plutôt que sa propre population.
21:00 Tout ça fait qu'aujourd'hui, l'opération
21:02 humanitaire, voyez, les
21:04 Marocains entendent la piloter eux-mêmes.
21:06 Quand je pense par exemple, Dimitri, à la France qui a été
21:08 en Turquie, lorsqu'il y a eu le terrible séisme
21:10 il n'y a pas si longtemps,
21:12 avec plusieurs dizaines de
21:14 milliers de morts, quelle opportunité...
21:16 Oui, en Turquie, c'était
21:18 beaucoup plus vaste. Bien sûr, bien sûr, mais quelle opportunité
21:20 la France chercherait-elle
21:22 à saisir en proposant son aide
21:24 au Maroc ? Elle n'a pas peut-être
21:26 proposé...
21:28 Qu'ils éparviraient en Turquie ?
21:30 Oui, alors ça c'est la bonne question.
21:32 Je pense que c'est tout simplement de renouer le dialogue
21:34 avec une puissance, le Maroc qui était
21:36 réputé être un très bon
21:38 ami de la France, mais qui objectivement
21:40 ne l'est plus. Nous avons divergé.
21:42 Les Marocains ont fait des choix
21:44 stratégiques, ils se sont alignés beaucoup sur les
21:46 États-Unis, aujourd'hui ils se sont éloignés de la
21:48 France. Et quelque part,
21:50 ils nous boudent un petit peu en ce moment.
21:52 Je voudrais juste aussi mettre un bémol
21:54 à la fable de Maroc,
21:56 le meilleur ami de la France en Afrique du Nord,
21:58 par opposition avec
22:00 l'ombrageuse
22:02 Algérie. C'est plus compliqué que ça.
22:04 Si vous regardez, on l'a oublié, ça c'est de l'histoire
22:06 et finalement on a la mémoire courte. Dans les années
22:08 50, le roi Mohamed V, donc on est en plein
22:10 dans la phase de décolonisation,
22:12 le Maroc
22:14 opère une transition douce vers une
22:16 relation d'interdépendance
22:18 avec la France, et le roi
22:20 Mohamed V nourrit le projet de reconstituer
22:22 ce qu'il appelle le Grand Maroc. Alors vous allez
22:24 voir la carte. C'est quoi le Grand Maroc ?
22:26 C'était ce projet d'un royaume du Maroc, vous voyez,
22:28 qui amputerait un bon quart de l'Algérie,
22:30 un bon tiers nord du Mali, toute la Mauritanie,
22:32 et puis le Sahara occidental.
22:34 Imaginez la France à Paris
22:36 quand le roi du Maroc vient présenter ça. Qu'est-ce qu'on lui
22:38 dit au roi du Maroc, d'après vous ? "Mais non,
22:40 non, c'est pas possible, Mohamed V."
22:42 Et donc, ce qui va se passer, c'est que le Maroc
22:44 va riposter à l'époque en adhérant
22:46 à la Ligue arabe, en se joignant à la
22:48 fondation de l'organisation de l'unité africaine,
22:50 en se dégageant de la parité
22:52 monétaire avec le franc, et
22:54 dans les années 60, en donnant un coup de main clair
22:56 aux FLN algériens, en accueillant des camps d'entraînement.
22:58 Je veux dire, le clan qui prend le pouvoir
23:00 en Algérie après l'indépendance,
23:02 c'est le clan d'Oujda. Oujda, c'est où ?
23:04 C'est au Maroc, vous voyez ? Donc ça n'est
23:06 pas si simple que ça. C'est pas l'ami
23:08 si évident que cela, aujourd'hui,
23:10 le Maroc.
23:12 Évidemment, la relation s'était redressée,
23:14 puis elle s'est dégradée. Au début de l'année,
23:16 nous n'avions pas d'ambassadeur de France
23:18 au Maroc, et au Maroc, il n'y avait plus d'ambassadeur
23:20 du Maroc en France. On en avait parlé ici.
23:22 On en était là.
23:24 La liste des griefs, des dissensions
23:26 avec le Maroc, alors Mathieu l'a un peu donnée,
23:28 vous avez cette affaire. La liste des
23:30 vacheries. C'est ça, c'est qu'on en est au stade des vacheries
23:32 aujourd'hui avec les Marocains. L'affaire
23:34 Begasus. Rapidement, l'affaire d'espionnage
23:36 avec un logiciel
23:38 israélien. 50 000 personnes
23:40 semble-t-il auraient été espionnées, dont Emmanuel
23:42 Macron, et certains
23:44 de ses ministres. Vous me direz, les Américains, la CIA
23:46 a fait exactement la même chose avec Angela Merkel. On n'est pas
23:48 obligés de se brouiller définitivement pour des
23:50 affaires d'espionnage. Entre amis, ça se fait
23:52 volontiers. Je te dirais que ce n'était pas avéré.
23:54 Oui, oui. Voilà, on va mettre un bémol.
23:56 Employons le conditionnel. Il y a eu l'affaire
23:58 du Qatargate aussi. On a dit que le Qatar
24:00 aurait acheté, enfin a acheté, ça a été
24:02 avéré pour le coup, via des pots de
24:04 vin, des députés parlementaires européens, pour
24:06 aller dans son sens lors de résolution
24:08 des votes qui concernaient le Qatar au
24:10 Parlement européen. Semble-t-il, le Maroc aurait fait exactement
24:12 la même chose. Et puis,
24:14 surtout, la grande affaire,
24:16 ça on en a parlé un petit peu, c'est le fameux Sahara
24:18 occidental que le Maroc, historiquement,
24:20 s'arroge, mais ce qui lui est
24:22 contesté depuis une cinquantaine d'années par
24:24 des indépendantistes. Le front
24:26 polisario qui sont soutenus, je vous le donne
24:28 en mille, par le rival, par le frère ennemi
24:30 algérien. Et donc,
24:32 ce que le fond du reproche s'est adressé
24:34 à la France par le Marocain, c'est "votre
24:36 position n'est pas claire". Et en fait, le drame
24:38 français vis-à-vis du Maroc, c'est ça, c'est que sa
24:40 position n'est pas claire.
24:42 En mars dernier,
24:44 le grand changement autour
24:46 de cette question du Sahara occidental, c'est que
24:48 Donald Trump, avec les États-Unis,
24:50 reconnaît
24:52 la souveraineté du Maroc sur le
24:54 Sahara occidental en 2020.
24:56 Et fort de ce succès-là,
24:58 les Marocains attendent que d'autres pays
25:00 suivent ce que vont faire les Espagnols au mois de mars,
25:02 en fait Pedro Sánchez, personnellement,
25:04 mais la France va s'y refuser, ce qui va être
25:06 perçu, vécu comme une trahison
25:08 par les Marocains, et ça explique beaucoup
25:10 de nos dissensions actuelles. Il faut bien comprendre que
25:12 les Marocains, leur diplomatie,
25:14 jugent absolument toutes les relations
25:16 avec leurs voisins au filtre de cette
25:18 affaire du Sahara occidental
25:20 qui nous, pour le moment, c'est vrai que publiquement,
25:22 on en parle très peu, nous indiffère totalement en opinion publique
25:24 française. Mais il faut bien comprendre que pour les Marocains,
25:26 c'est un sujet absolument fondamental.
25:28 On marque une pause et on revient dans un instant pour
25:30 savoir un peu ce que je disais tout à l'heure, la relation
25:32 entre la France et le Maroc, pourquoi cet
25:34 attachement, pourquoi cette douleur ressentie
25:36 jusqu'à Paris, quel est le rapport
25:38 justement entre Marrakech et Paris, comme si c'était une banlieue
25:40 parisienne, en quelque sorte. Le pouvoir
25:42 économique des Français sur place, on en parle dans un instant.
25:44 Je vais vous poser, Marc, maintenant aussi une question
25:46 sur le 11 septembre, et si les islamistes avaient
25:48 gagné. Une question comme ça en plus, parce qu'aujourd'hui,
25:50 rappelons, 22 ans plus tard, à quoi ressemble
25:52 New York, et puis dans un instant, on parlera du rugby,
25:54 est-ce qu'il est d'extrême droite ?
25:56 Enfin, l'extrême droite aurait-il trouvé son sport ?
25:58 On en parle dans un instant, on marque une pause.
26:00 - Il essaie, il essaie.
26:02 - Retour sur le plateau de face à l'info, dans un instant, le rugby est-il d'extrême droite ? Faut-il siffler le président de la République ou pas ? Si on est patriote, est-ce qu'on peut siffler ?
26:14 Non mais, Charlotte, vous en pensez quoi ? Enfin, on fait une petite parenthèse. On peut siffler le président de la République ou pas, si on est patriote ?
26:20 - Euh... - Dilemme.
26:22 - Bon. - Joker.
26:24 - Non mais, oui, oui, non mais je...
26:26 Oui, je m'échapperais de cette question-là, j'avoue.
26:28 Parce que, moi, je me suis plus dit...
26:30 - C'est délicat. - Non mais je me suis plus dit, en voyant, plus que de me dire qu'est-ce qu'il faut faire, pas faire, je me suis dit, il y a un énorme malaise, quand même. Il y a un énorme malaise.
26:36 - C'est ça, c'est ça. Donc on va se poser la question... - Et ben, moi, j'oserais.
26:39 - C'est votre chronique, en même temps. Vous êtes gentil.
26:42 Dimitri, la dernière question sur ce sujet du Maroc. On a parlé de l'émotion, on a parlé de la douleur, on a parlé de la pudeur, on a parlé de relations diplomatiques.
26:51 Et juste ce lien entre la France et le Maroc, dites-nous en plus, par rapport à Marrakech, notamment, et les Français sur place.
26:59 - Marrakech, c'est vrai qu'elle a été plus touchée, sans doute, que ce qu'on a dit au départ. On a dit, finalement, la ville s'en sort bien, il y a très peu de dégâts.
27:06 Malgré tout, vous avez peut-être vu le minaret de cette magnifique ville de la Koutoubia, qui a été très abîmée.
27:13 Comparaison n'est pas raison, mais dans l'esprit des Marocains, la Koutoubia, à Marrakech, c'est Notre-Dame de Paris, pour eux.
27:21 - Bien sûr, bien sûr. - Donc, voilà, il y a beaucoup de dégâts sur les remparts de la Médina, etc.
27:25 Donc, attention, peut-être que ces dégâts sont plus importants. Mais vous avez raison, Marrakech, d'ailleurs, qui a donné son nom au pays du Maroc,
27:32 c'est le refuge de très nombreux retraités, un peu comme le Portugal, parce qu'on peut y maintenir son pouvoir d'achat, c'est vrai.
27:38 Il y a 10 000 riades, vous savez, c'est ces maisons traditionnelles avec patio, magnifiques, typiquement marocaines.
27:44 10 000 riades à Marrakech, la moitié appartiennent à des Français. Un riad, c'est 4 à 25 employés.
27:50 Donc, c'est vous dire l'importance économique de ces riades et des Français aussi, qui ont un rôle macroéconomique assez important pour la ville de Marrakech
27:58 et plus généralement pour le Maroc. Et la question, c'est de savoir, est-ce que ce séisme va freiner l'envie d'aller au Maroc ?
28:08 Ça, c'est une vraie question pour l'avenir du Maroc. Mais tu as vu qu'il n'y aura pas de crise des visas touristiques entre la France et le Maroc dans les mois qui viennent,
28:17 pour tenter de se remettre de ce séisme.
28:21 Oui, j'espère que le tourisme contient un aura. Dimitri, juste une parole.
28:25 N'oublions pas ce qui s'est passé à Gadir en 1960. Et Agadir est aujourd'hui rayonnante en matière de tourisme.
28:31 29 février 1970, 12 à 15 000 morts ce séisme. Faisons une petite parenthèse rapidement sur ce qui s'est passé hier soir à Marseille à propos de la drogue.
28:42 Une femme, 24 ans, tranquillement chez elle, elle reçoit des tirs de kalachnikov. Elle est chez elle à 23 heures et elle est en état de mort cérébrale aujourd'hui.
28:53 Question, Dimitri. Gérald Darmanin, va-t-tu en place encore à Marseille demain ?
28:58 Il y a eu 31 morts liées au trafic de drogue l'année dernière. Là, on est déjà à 40 morts depuis le début de l'année.
29:03 On se rappelle, on en avait parlé avec Charlotte de cette association Conscience qui avait fait un référé pour dire "s'il vous plaît, protégez-nous".
29:10 Mais ça devient de mal en pire.
29:12 Je suis très en colère dans cette histoire parce que finalement, j'ai la chance de ne pas subir ça en bas de chez moi.
29:19 Mais cette femme, vous vous rendez compte, elle subit la loi des dealers au quotidien.
29:23 Des gens qui l'empêchent de rentrer chez elle, qui vont la filtrer, qui vont lui demander ses papiers, qui vont la tyranniser au quotidien.
29:29 Elle est chez elle, elle est rentrée à son domicile, elle subit un couvre-feu et elle meurt d'une balle perdue.
29:35 Elle est en état de mort cérébrale.
29:37 C'est un équipe rivale qui vient sur le point de deal, arrosée comme ça pour effrayer l'équipe qui tient le point de deal.
29:45 C'est-à-dire qu'on donne des moyens à Marseille, on dit qu'on espère que ça sera mieux et puis finalement, il n'y a pas de solution.
29:50 Mais vous voulez faire quoi ? Il faudrait blinder les façades de tous les immeubles, il faudrait mettre des compagnies de la CRS 8 devant chaque bâtiment.
29:56 Matériellement, ça n'est pas possible aujourd'hui.
29:59 L'État est totalement dépassé aujourd'hui face au trafic de drogue et qui se barbarise.
30:04 C'est ça qu'il faut bien comprendre et les civils dans cette histoire-là, c'est comme à la guerre, ce sont les victimes.
30:09 Marc Menand, peut-on siffler le président de la République lors du coup d'envoi de la Coupe du monde de rugby ?
30:17 Est-ce honteux ou est-ce simplement sous le signe de la liberté d'expression ?
30:21 Est-ce s'humilier la France à l'international ?
30:23 Doit-on avoir une certaine retenue lors d'un événement sportif mondial ?
30:27 Et peut-on être patriote et humilier son président de la République là comme ça devant tout le monde ?
30:31 Alors je vais reprendre parce que j'écoute beaucoup mes camarades avec une grande attention.
30:35 Tout à l'heure, Mathieu disait ne pas être d'accord avec les dirigeants, eh bien c'est légitime.
30:41 Alors là, c'est une manifestation, on n'est pas d'accord avec le dirigeant,
30:45 mais ce n'est pas pour autant qu'on ne soit pas d'accord avec la France.
30:49 Ensuite, toujours Mathieu disait, il nous arrive d'avoir comme ça, qui nous taquine, un besoin d'humilier.
30:56 Eh bien peut-être qu'aujourd'hui, on peut avoir un besoin d'humiliation du président de la République
31:03 parce qu'au quotidien, depuis des années, on se sent dans cette situation d'offense,
31:10 même si l'on n'est pas président.
31:12 Alors est-ce qu'il y a eu véritablement un crime de lèse-majesté ?
31:16 Ça va nous permettre de revenir sur les origines même de cette offense politique.
31:21 Mais notons quand même au passage, qu'a-t-on dit de ce public samedi soir ?
31:27 On a dit que c'était un public exemplaire, c'était merveilleux, on sentait une fraternité,
31:32 on sentait une joie, une allégresse.
31:34 Il y a même le capitaine de l'équipe des Blacks qui a dit quoi ?
31:40 Il a dit que c'était fou, c'était incroyable à voir, incroyable à vivre,
31:46 pour eux, pour notre sport, pour nous.
31:49 C'est-à-dire que le public du Parc des Princes a servi quoi ?
31:54 L'image du sport, pardon, à mon âge on est resté au Parc des Princes,
32:01 mais donc on est à Saint-Denis, pardon, on a traversé le périphérique.
32:05 Mais en l'occurrence, ça veut dire quoi ?
32:08 Ça veut dire que ce public a été magistral pour le sport, pour le rugby,
32:13 mais pour l'image de la France aussi.
32:15 Il a rayonné partout, on a dit "regardez comme c'est beau, il y a une fête de la fraternité".
32:21 Alors est-ce que le président doit se sentir offensé ?
32:26 C'est quoi une offense ?
32:27 Est-ce qu'un mouvement d'humeur, or là des sifflets, des "ouh-ouh",
32:32 n'est-ce pas simplement un mouvement d'humeur ?
32:35 Et au nom de quoi le président échapperait à ce qui nous traverse,
32:41 à ce qui nous occupe, à ce qui fait que quand on le voit apparaître à la télévision,
32:45 on ne se sent pas spécialement bien parce qu'on estime qu'il abuse de sa position.
32:51 Est-ce que ça, ce n'est pas le droit de la démocratie ?
32:54 Est-ce qu'en France, il n'y a pas une sorte de perversion qui est née depuis quelques années,
32:58 où on essaie de recréer ce crime de l'aise majesté, l'offense au roi,
33:04 et en particulier depuis 2005, avec cette loi,
33:11 où le président ne peut plus être remis en cause sur le plan de la justice,
33:18 il ne peut pas y avoir de poursuite contre lui tant qu'il occupe sa place.
33:22 Alors on n'a pas le droit de le siffler,
33:24 on n'a pas le droit de reprocher ses attitudes de suspicieux sur ce dont il serait coupable, non.
33:33 Il devient une sorte de déité inattaquable.
33:38 Est-ce que c'est ça, la démocratie ?
33:41 Est-ce qu'à un moment donné, on n'a pas le devoir, si ça nous occupe,
33:46 de manifester un mécontentement ?
33:48 Il n'y a pas qu'en se retrouvant devant les urnes.
33:51 Est-ce qu'il n'y a pas un endroit pour manifester son mécontentement ?
33:54 Est-ce qu'il n'y a pas des limites du mécontentement ?
33:57 C'est-à-dire, est-ce qu'on ne peut pas laver son linge sale en famille et pas devant tout le monde ?
34:01 C'est une question.
34:03 Mais Christine, aujourd'hui, vous faites par exemple les caricatures de Mahomet.
34:08 C'est partie de quoi ? D'un petit journal danois.
34:11 Et ça a embrasé la planète entière.
34:14 C'est-à-dire, il n'y a pas un endroit, il n'y a pas une manifestation
34:18 qui se retrouverait, je dirais, à l'abri du voyeurisme mondial.
34:26 Nous sommes tous en train de nous épier.
34:28 Il y aura toujours un écho de ce que l'on fait.
34:30 Et si l'on pousse cette réflexion un peu plus loin,
34:33 ça signifie qu'il n'y a plus de chansonniers, qu'il n'y a plus de critiques dans la presse.
34:38 Il n'est plus possible de remettre en doute une décision du président de la République.
34:43 Et le président de la République, depuis quelque temps, il nous dit quoi ?
34:46 Il nous parle de référendum.
34:48 Est-ce que là, ce n'est pas le stadium référendum ?
34:51 C'est-à-dire qu'à un moment donné, spontanément, la France,
34:54 elle se donne le droit de montrer son humeur par rapport à ce qu'elle ressent vis-à-vis de cet homme.
35:02 Est-ce que le président incarne à ce point le pouvoir suprême ?
35:06 Ça me rappelle un peu les Ultras.
35:08 Les Ultras, c'était en 1815, au moment de la Restauration.
35:12 Ils disaient quoi, les Ultras ?
35:14 Ils disaient "Tout séditieux, tout cri, eh bien, doit être puni".
35:19 Et à l'époque, crier contre le roi, ça valait 5 ans de prison.
35:24 Faire simplement "ouh ouh ouh", ça valait 5 ans de prison.
35:28 Et ensuite, il y a eu la loi de 1881.
35:34 Et c'est cette loi qui crée ce délit d'offense
35:38 et qui permettait de restreindre une liberté de la presse.
35:44 Que disait Clemenceau par rapport à ça ?
35:46 Il disait "Mais il n'y a pas un président qui soit souverain.
35:50 Le seul souverain qui existe dans notre pays, c'est le peuple.
35:54 Le peuple est souverain, alors on ne peut pas se moquer du peuple.
35:57 Si, on peut se moquer du peuple.
35:59 La dérision, elle doit nous occuper tous au quotidien.
36:02 Nous devons être capables, oui, de nous rayer
36:05 et c'est peut-être ce qui nous permettrait de ne pas avoir cette sursusceptibilité
36:11 qui se manifeste partout et qui ne cesse de nous diviser.
36:15 Toujours dans le cadre de cette restauration du principe de sacralisation,
36:21 que disait le garde des Sceaux en 1819,
36:27 au moment où il y a une loi qui, véritablement, est structurée pour le droit d'offense.
36:32 Il disait "Quand le respect dû à la majesté suprême est méconnu".
36:37 La majesté suprême.
36:39 Le président, donc, devient l'être sacralisé.
36:44 Et à ce moment-là, je dirais "Bah oui, mais sauf que le droit au blasphème, il existe chez nous".
36:49 Alors, si même le président est un dieu,
36:52 je revendique le droit au blasphème pour me moquer de lui.
36:56 Il n'y a pas de raison.
36:57 – Bon, répondez-moi sur le patriotisme.
36:58 – Eh bien, le patriotisme, il est là.
37:00 Moi, je suis français, je vote contre le président Macron.
37:05 Je suis dans la fiction, je ne suis pas en train de dire mon vote.
37:08 Non, non, mais je veux dire par là, contre Mitterrand, contre qui que vous voulez.
37:12 Il est élu, ce n'est pas pour autant que je ne suis pas patriote.
37:16 Je crois en la France et je trouve qu'éventuellement, il ne défend pas bien la France.
37:20 Donc, je suis un patriote viscéral et je m'oppose à celui qui prend le pouvoir
37:25 parce que je pense qu'il nuit, justement, à cette force de la France.
37:29 Il nuit à notre histoire, il nuit à notre culture.
37:32 Est-ce qu'aujourd'hui, on ne nuit pas à notre culture
37:35 en laissant par exemple la langue inclusive se diffuser ?
37:39 Alors, pour conclure, parce qu'il faut conclure,
37:41 il n'y a qu'un seul sifflet qui apparemment serait permis au Stade de France,
37:46 le sifflet de l'arbitre.
37:47 – On a interdit déjà les sifflets, on a interdit les cartes vols.
37:51 – Eh bien voilà, eh bien voilà, eh bien on a le droit à l'humeur.
37:55 – Merci pour votre regard, Marc.
37:57 Maintenant, je vous pose une petite question subsidiaire dans un instant.
37:59 Et si, pour les islamistes, les islamistes avaient gagné 22 ans après le 11 septembre,
38:03 rapidement, parce que vous faites un peu long là.
38:06 Non, une petite question pour vous dans un instant.
38:08 Réfléchissez en rassemblant.
38:10 Charlotte, je me tourne vers vous.
38:12 Dans un instant, on va parler aussi d'un sondage très intéressant, ce sondage.
38:16 Vous me direz ce que vous en pensez, puisque c'est un sondage, c'est "Ça pour ces news",
38:19 qui explique comment la gauche est absolument majoritairement, largement majoritaire
38:25 pour les dons de Bernard Arnault au Resto du Coeur,
38:30 alors que ça a fait une polémique incroyable, on en parlera dans un instant.
38:32 Le 25 août dernier, Charlotte Dornelas, l'inspection générale de l'administration
38:36 et l'inspection générale de la justice ont rendu une mission flash
38:40 sur les profils et motivations des délinquants interpellés à l'occasion des violences urbaines
38:45 qui ont suivi la mort de Nahel au début de l'été.
38:48 Que faut-il retenir ?
38:50 – Alors, en effet, Le Figaro a eu ce rapport qui est sorti en août,
38:54 très discrètement, précise-t-il, en effet, on n'en a pas entendu parler.
38:57 Et alors, moi, j'ai lu ce qu'il y avait dans ce rapport,
39:00 et je me suis dit, dans Face à l'Info et auprès des gens qui nous écoutent,
39:03 il ne va pas y avoir de grandes surprises, mais il est bon parfois d'avoir des confirmations
39:06 objectives de ce qu'on voit avec ses yeux.
39:09 Mais par contre, chez ceux qui accusaient Face à l'Info
39:12 ou les gens qui avaient la même lecture que nous,
39:14 alors là, il va y avoir beaucoup de nouvelles et parfois assez désagréables.
39:18 Alors, la première chose, c'est la géographie.
39:20 Parce qu'on nous disait, alors je fais par rapport un peu au discours
39:22 qu'on a entendu pendant les émeutes.
39:24 On nous disait que c'était globalement des jeunes abandonnés,
39:26 dans des quartiers abandonnés, auxquels personne ne fait attention.
39:29 Alors, il y a 66 départements métropolitains qui sont touchés,
39:32 516 communes.
39:33 Pour faire une petite comparaison, en 2005, c'était 25 départements,
39:36 on est passé à 66, c'était 200 communes en 2005,
39:40 516 communes aujourd'hui.
39:42 Et le rapport nous précise des secteurs périurbains,
39:44 des villes moyennes, des petites communes urbaines isolées,
39:47 des communes rurales, mais également des centres-villes.
39:49 Soit tout ce que la France compte d'organisation, on va dire,
39:53 plus ou moins de villes ou de villages.
39:57 15% des infractions qui ont été commises pendant ces émeutes
40:01 l'ont été dans des villes de moins de 50 000 habitants.
40:03 Vous voyez que ça touche même des petites villes.
40:06 Et il y a 18 ans, reprenons, pendant les émeutes de 2005,
40:09 il n'y avait que des quartiers sensibles d'agglomérations urbaines.
40:13 Donc on a eu une extension, on va dire, de ces émeutes,
40:16 partout en France.
40:17 Alors, souvenez-vous, à l'époque, on nous disait,
40:20 à la fois c'est des jeunes abandonnés dans des quartiers abandonnés,
40:22 mais en même temps, vous voyez, ça a touché toute la France,
40:24 parce que la contradiction dans ce genre de débat ne gêne personne.
40:27 Donc comme ça a touché toute la France...
40:29 - On l'a vu il y a quelques instants.
40:30 - On l'a vu, voilà.
40:31 Comme ça a touché toute la France, vous voyez bien qu'il n'y a aucun rapport
40:34 avec l'immigration, puisque l'immigration est concentrée
40:36 dans les fameux quartiers sensibles d'agglomérations urbaines.
40:39 Bon, bah là, mauvaise pioche aussi.
40:41 Le constat, on a vu, même dans le récit, jusqu'à Gérald Darmanin,
40:45 ministre de l'Intérieur, qui nous disait quand même
40:47 auditionner devant l'Assemblée nationale,
40:49 il y avait beaucoup de Kevin et de Matteo, souvenez-vous,
40:51 de manière de dire, de balayer d'un verre de main,
40:53 le poids, on va dire, de l'immigration dans ces émeutes.
40:56 Et là, c'est la préfecture de police de Paris, dans le rapport qui est cité,
40:59 ouvrez les guillemets, "Une grande majorité des émeutiers interpellés
41:02 sont des jeunes individus de nationalité française,
41:04 mais originaire de l'immigration, deuxième ou troisième génération,
41:07 principalement du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne."
41:10 Alors évidemment, les statistiques ethniques n'étant pas permises en France,
41:14 c'est soit fait avec la nationalité des parents,
41:16 une deuxième génération, c'est possible,
41:17 soit avec les prénoms, vous voyez, les prénoms et les noms
41:20 qui signent une origine, évidemment, là, en l'occurrence, extra-européenne.
41:25 Ensuite, on avait le profil plus général de ces émeutiers.
41:28 Alors, pareil, dans le débat, on entendait, bon,
41:31 c'est des mineurs aux parents dépassés,
41:32 qui ne savent pas comment gérer leurs enfants.
41:35 On avait par ailleurs du chômage,
41:36 beaucoup, c'est des jeunes désœuvrés, etc.
41:38 Et par ailleurs, encore une fois, ils sont abandonnés,
41:40 de manière générale, abandonnés par l'État.
41:42 Alors, on apprend quoi ?
41:43 Ils sont majoritairement âgés de 18 à 24 ans.
41:45 Donc, la majorité d'entre eux, d'abord, est majeure.
41:48 Donc, l'éducation des parents à 18 ans,
41:50 on peut essayer de s'en affranchir pour réfléchir soi-même.
41:52 Normalement, l'école y prépare.
41:53 Bon, apparemment, c'est un échec pour certains.
41:55 On a 97 % de célibataires, bon, sans enfants à charge,
41:59 hébergés à titre gratuit.
42:01 Alors, soit par leurs parents, soit, en l'occurrence, par l'État.
42:04 On a 36 % d'inactifs.
42:06 Alors, ça a l'air énorme, présenté comme ça,
42:08 mais à l'inverse, ça fait 64 % de personnes
42:11 qui ne sont pas inactives, qui sont,
42:13 qui ont une occupation, c'est-à-dire un travail, en l'occurrence.
42:15 Et après, on a 29 % sans diplôme, 38 % inférieurs au bac.
42:19 Bon, alors ça, dans ce genre de statistiques,
42:21 je ne vois pas très bien ce que ça nous apporte.
42:22 C'est pas parce qu'on a un CAP ou un BEP
42:24 qu'on est obligé de partir en émeute le samedi soir, mais bon.
42:26 Et ensuite, pour quelle raison ?
42:28 Alors là, c'est extrêmement intéressant aussi,
42:30 parce que là, alors là, le discours de certains,
42:32 notamment politiques, mais repris parfois médiatiquement,
42:34 ils sont extrêmement émus.
42:36 Vous avez vu la vidéo de la mort de Nahel.
42:37 Puis par ailleurs, les violences policières, ça commence à faire beaucoup.
42:40 Alors, l'émotion suite au décès de Nahel
42:42 est invoquée dans moins de 8 % des cas.
42:45 Donc les personnes qui ont été entendues,
42:47 déjà, c'est une petite minorité,
42:49 mais en général, ce sont des gens qui ont été actifs
42:51 dans les émeutes directement.
42:52 Donc moins de 8 % des cas.
42:54 Et par ailleurs, nous précisons...
42:56 - Donc on peut s'en donner la rume sans lien avec Nahel.
42:58 - Oui, les autres, ça n'avait aucun rapport avec Nahel.
43:00 Et par ailleurs, il nous précise, évidemment,
43:03 ce qui est assez logique pour le coup,
43:05 que ceux qui évoquent Nahel sont essentiellement à Nanterre,
43:07 là où est mort Nahel, et dans la région parisienne.
43:10 Donc, pour le coup, la règle de la proximité joue, évidemment.
43:13 Et le rapport nous précise,
43:14 les motivations idéologiques ou politiques
43:16 ne sont exprimées que dans 0,3 % des cas.
43:18 Alors là, j'aurais bien aimé savoir
43:20 ce que sont les motivations idéologiques et politiques,
43:23 comment elles sont exprimées, surtout, et qui les exprime.
43:26 Qui, dans le groupe, qui est arrêté, qui les exprime ?
43:29 Alors ça, on n'a pas cette information-là.
43:31 Mais donc, le rapport conclut à une ultra-violence du désœuvrement.
43:35 C'est l'expression qui est utilisée,
43:37 et ça, ça a été beaucoup repris.
43:39 Et finalement, au reste, ça, ça a été beaucoup repris.
43:41 Alors, finalement, ce rapport, Charles-Arden Elhas,
43:43 nous apprend que c'est simplement l'effet de groupe,
43:46 l'adrénaline, la curiosité,
43:48 qui sont à l'origine de ces émeutes,
43:50 et non des raisons idéologiques,
43:52 comme d'autres ont pu l'affirmer.
43:54 Par exemple, si je peux me permettre, les violences policières.
43:56 Oui, c'est ça, il n'y a pas de...
43:58 Il n'y a pas ni les violences policières,
44:00 et à l'inverse, le rapport a l'air de nous dire
44:02 qu'il n'y a aucune motivation.
44:04 C'est-à-dire, dans les émeutes, il y a simplement...
44:06 On ne sait pas quoi faire, on va les casser,
44:08 on va les mettre, eux, qui nous tombent sous la main,
44:10 ou voler des baskets, s'il y a un magasin, tout proche.
44:12 Le problème, c'est qu'en effet,
44:14 il n'y a pas de motivation idéologique ou politique
44:17 qui sont exprimées en garde à vue.
44:19 En effet, alors, ce n'est ni pour Naël,
44:21 mais ce n'est pas pour autre chose non plus.
44:23 Il n'y a rien qui est exprimé.
44:25 Mais alors, il y a une question essentielle
44:27 qui demeure quand même au milieu de tout ça.
44:29 C'est, un, les profils sont relativement similaires.
44:31 On l'a dit, notamment, par exemple,
44:33 ce sont des profils extrêmement, très majoritairement,
44:35 issus de l'immigration.
44:37 C'est partout en France, puisque c'est dans des villes
44:39 de tailles très différentes, jusque dans des villages
44:41 et dans des communes rurales.
44:43 Vous voyez bien que, pour le coup,
44:45 les populations sont extrêmement diverses.
44:47 Or, les émeutes n'ont touché que, très majoritairement,
44:49 pas que, mais très majoritairement,
44:51 des jeunes issus de l'immigration.
44:53 Qu'est-ce qu'on fait, cette donnée-là ?
44:55 Il n'y a pas de réponse, évidemment.
44:57 Ensuite, qu'est-ce qui est visé dans les émeutes ?
44:59 Moi, je veux bien qu'il n'y ait aucune motivation.
45:01 Alors, les pillages, je mets ça de côté.
45:03 Les pillages, c'est juste pour information,
45:05 parce qu'on nous dit que ce sont des jeunes désoeuvrés.
45:07 Le pillage de magasins n'est pas une occupation,
45:09 c'est du vol, en fait. Ça ne se fait pas, même quand on s'ennuie.
45:11 Déjà, ça, c'est la première chose.
45:13 Et la deuxième chose, quels sont les symboles qui sont visés ?
45:15 Pour le coup, Emmanuel Macron incarne la France
45:17 en tant qu'il est président de la République,
45:19 mais, en revanche, les symboles, eux,
45:21 l'incarnent sur la durée et sur le long terme.
45:23 C'est beaucoup plus grave, sachant que, là, en l'occurrence,
45:25 on parle de sifflement et pas d'attaque physique.
45:27 Mais, simplement, là, on a quoi ?
45:29 Des écoles, des commissariats, des élus
45:31 qui sont visés en tant qu'élus, des mairies
45:33 qui sont attaquées. Alors, moi, je veux bien
45:35 qu'il n'y ait aucune motivation,
45:37 mais comment on lit que ce sont
45:39 ces bâtiments-là qui sont
45:41 brûlés et non pas
45:43 d'autres bâtiments qui sont choisis, qui existent pourtant
45:45 dans les villes ? On n'a pas été brûler une piscine.
45:47 C'est peut-être plus difficile qu'une piscine, mais...
45:49 Très mauvais exemple, mais...
45:51 Mais vous voyez ce que je veux dire ?
45:53 C'est quand même des bâtiments...
45:55 Tout est possible. Voilà. Ce sont des bâtiments
45:57 très symboliques. Et,
45:59 par ailleurs, on n'a pas de...
46:01 Voilà, c'est ça. On nous dit que c'est le désoeuvrement,
46:03 l'ultra-violence du désoeuvrement.
46:05 Je répète, il n'y a que 36% d'inactifs.
46:07 Et si on touche
46:09 l'éventuelle absence d'activités proposées,
46:11 parce qu'on nous dit encore, dans certains quartiers,
46:13 il n'y a rien qui est proposé, mais cette inactivité,
46:15 ce manque de proposition, d'abord,
46:17 ce n'est pas vrai partout du tout, et par ailleurs,
46:19 ça concerne toute la population.
46:21 Or, encore une fois, on a des profils assez
46:23 précis
46:25 et qui se retrouvent, on va dire,
46:27 dans ces émeutes. Donc la question qui demeure
46:29 et qui devrait occuper tous les hommes politiques
46:31 et tous les Français devraient avoir la réponse
46:33 de tous les hommes politiques sur cette question,
46:35 parce qu'il peut y avoir des réponses diverses,
46:37 c'est pourquoi trouve-t-on dans ces émeutes
46:39 une majorité de jeunes Français ?
46:41 Pour la plupart d'entre eux, ils sont de nationalité française,
46:43 d'origine extra-européenne.
46:45 Pourquoi ? Et moi, j'aimerais bien avoir la réponse
46:47 de tous les hommes politiques sur cette question.
46:49 Qu'est-ce qu'ils comptent faire de ça ? Parce qu'évidemment,
46:51 ça pose la question de l'intégration, la question
46:53 de la dispersion, vous savez,
46:55 la répartition de l'immigration en France,
46:57 parce qu'apparemment, si on n'y arrive pas avec des jeunes
46:59 qui sont déjà français, et pour la plupart d'entre eux,
47:01 probablement nés en France, on va peut-être,
47:03 par prudence, commencer par là
47:05 avant de continuer. Ensuite, la question
47:07 de l'immigration tout court, on continue à accueillir
47:09 alors qu'on a des gamins nés en France
47:11 qui, à la première occasion
47:13 et même sans être capable de l'expliquer,
47:15 se retrouvent dans des émeutes. C'est la vraie question.
47:17 Elle n'est pas dans le rapport, mais en revanche,
47:19 elle objective ce constat-là
47:21 et donc tous les hommes politiques devraient
47:23 le saisir, parce que maintenant, ils ne peuvent plus s'échapper.
47:25 - Nous avions parlé, Charlotte Dornelas,
47:27 à l'époque, d'une réponse judiciaire sérieuse.
47:29 Qu'en est-il justement ?
47:31 - Alors oui, déjà, la question judiciaire,
47:33 c'est très intéressant parce que ça fait voler en éclats
47:35 l'autre mythe de ces émeutes, à savoir
47:37 les 7000 émeutiers sur toute la France.
47:39 Alors là, on apprend qu'il y a eu
47:41 58 297, je vais être précise,
47:43 infractions constatées dans le pays
47:45 et 12 233 personnes
47:47 mises en cause, trouvées ou non.
47:49 Mais vous avez déjà 12 000 personnes mises en cause,
47:51 donc ça va être compliqué d'expliquer qu'il y a 7000 émeutiers,
47:53 sachant qu'évidemment, dans des émeutes qui sont
47:55 pour la plupart 80%, c'est fait en groupe,
47:57 vous n'attrapez pas
47:59 ou vous ne constatez pas la présence de 100%
48:01 des personnes.
48:03 Et en l'espace d'un mois, les parquets ont été saisis
48:05 de 4 164 auteurs, donc vous voyez que c'est
48:07 peu par rapport à l'ampleur
48:09 des choses, mais c'est quand même beaucoup, parce que
48:11 la justice s'est occupée de beaucoup d'auteurs
48:13 en même temps. Et alors là, c'est très intéressant.
48:15 On a 65% des auteurs
48:17 qui sont passés par le tribunal correctionnel,
48:19 dont 60% de comparution immédiate.
48:21 Donc là, qu'est-ce qu'on a fait ? On s'est dit,
48:23 devant l'ampleur, la gravité des émeutes,
48:25 on va élargir les conditions de la comparution
48:27 immédiate. Par exemple, normalement,
48:29 il faut que vous ayez des antécédents
48:31 judiciaires. Mais là, ils ont dit, pas forcément. Vous allez passer
48:33 en comparution immédiate, vous aurez une réponse
48:35 immédiate, puisque c'est ça l'intérêt de la comparution immédiate.
48:37 Évidemment. Et on a
48:39 83% de majeurs
48:41 dans ces procédures-là,
48:43 qui ont déjà été jugés, qui ont été
48:45 condamnés, 60% à une peine
48:47 d'emprisonnement ferme. Sur l'année
48:49 2022, la moyenne en France, c'était 38%.
48:51 On est passés à 60%
48:53 dans les émeutes. Et,
48:55 sur ces personnes condamnées, on a 50%
48:57 de mandat de dépôt, c'est-à-dire,
48:59 vous sortez du tribunal, vous allez directement effectuer
49:01 votre peine de prison, ou de maintien
49:03 en détention. Là encore, le taux
49:05 d'aménagement des peines, il est inférieur
49:07 à ce qu'on pratique d'habitude. Parce que vous savez, vous pouvez
49:09 être condamné à un an de prison ferme, c'est
49:11 aménager, vous ne mettez jamais les pieds en prison.
49:13 Et bien là, il y a eu des mandats de dépôt et du maintien
49:15 en détention. Et je m'attarde là-dessus, pourquoi ? Parce que
49:17 chez les émeutiers dans ce rapport, on
49:19 apprend que quand on leur dit, à votre avis,
49:21 qu'est-ce qui a mis un terme à ces émeutes,
49:23 il y a plusieurs réponses, mais il y en a beaucoup qui disent
49:25 peut-être la publicité qui a été faite sur la sévérité
49:27 de la justice.
49:29 A méditer.
49:31 Ça n'explique sans doute pas tout, mais peut-être que certains
49:33 se sont arrêtés à cause de ça, ou grâce
49:35 à ça, plus exactement, autant en profiter.
49:37 - Merci infiniment, Charlotte. Dans un instant,
49:39 on se demandera, est-ce que
49:41 le rugby, c'est le sport d'extrême droite ?
49:43 On parlera de la cérémonie d'ouverture.
49:45 On parlera aussi d'un sondage à propos de
49:47 Bernard Arnault. Vous verrez comment la gauche applaudit
49:49 le don de Bernard Arnault. Je vous pose une question
49:51 juste avant, marquant rapidement, parce que
49:53 on est le 11 septembre.
49:55 Tout le monde a vécu le 11 septembre.
49:57 Le 11 septembre 2001.
49:59 Le monde a basculé.
50:01 Avec 2 977 victimes,
50:03 19 terroristes,
50:05 blessés, entre 6 000 et 25 000
50:07 blessés. Aujourd'hui,
50:09 une question, et si
50:11 les islamistes avaient gagné, pourquoi ?
50:13 Nous avons parlé avec Mathieu Bocoté
50:15 de l'appel à la prière qui est autorisé
50:17 à New York aujourd'hui. Nous avons parlé aussi,
50:19 nous avons parlé, mais c'est Le Figaro qui a parlé
50:21 du maire de New York démocrate qui dit que
50:23 avec la subvention migratoire,
50:25 aujourd'hui à New York, la ville
50:27 pourrait disparaître. - Non mais, ce qui est
50:29 extraordinaire, c'est que
50:31 les Américains ne cessent d'être
50:33 dans la contrition. Ils ont raison pour
50:35 beaucoup de domaines, parce qu'ils n'avaient pas accordé
50:37 spécialement de droits aux
50:39 populations noires, en particulier.
50:41 Là, ce qui est
50:43 épouvantable, c'est que ce drame
50:45 qui a lieu il y a 20
50:47 ans maintenant, devrait
50:49 nous mettre
50:51 en suspicion
50:53 légitime par rapport à ces
50:55 courants islamistes qui osent
50:57 la barbarie la plus extrême
50:59 et de là, s'interroger
51:01 sur la capacité
51:03 à s'ouvrir à une religion
51:05 qui, quand elle s'exprime de cette manière-là,
51:07 n'est pas du tout démocratique.
51:09 Or là, que voit-on ? Eh bien, alors
51:11 qu'on espérait que
51:13 ces représentants
51:15 de cette religion fassent eux aussi
51:17 preuve de contrition, ils
51:19 ont lutté pour obtenir quoi ?
51:21 De pouvoir être d'autant plus présents
51:23 dans la vie américaine et au nom
51:25 du multiculturalisme, on leur
51:27 accorde ça. Donc, l'antrisme fonctionne
51:29 parfaitement. - Merci pour votre
51:31 regard. Regardez ce sondage
51:33 CSA.
51:35 70%
51:37 - quelle image avez-vous de Bernard Arnault, après
51:39 le don au resto du coeur ?
51:41 Souvenez-vous, la grande polémique, tout le monde qui
51:43 critique, "mais pourquoi est-ce qu'il donne de l'argent, Isra ?
51:45 C'est pas normal."
51:47 La gauche, précisément.
51:49 70% des Français
51:51 gardent une bonne image et ont une bonne image.
51:53 30% seulement ont une mauvaise image.
51:55 Mathieu Bocoté, donnez-moi une petite réaction rapide en regardant
51:57 ceci. La réaction de la
51:59 gauche. 80% de la
52:01 gauche radicale juste cette démarche
52:03 positive. 83%
52:05 des LFistes
52:07 jugent cette démarche positive.
52:09 89%
52:11 des supporters,
52:13 des sympathisants PS,
52:15 jugent cette démarche positive.
52:17 85% des LFistes,
52:19 pas des LFistes, des Europe Écologie
52:21 Les Verts, jugent cette démarche
52:23 de Bernard Arnault positive.
52:25 Non mais, ils sont déconnectés.
52:27 - Le commun est mortel qu'il soit de gauche, de droite ou
52:29 d'ailleurs, on a pas perdu la tête. Dans les appareils
52:31 de gauche, plus on monte, moins
52:33 il y a d'oxygène. Le résultat est là.
52:35 - Tu voulais dire ?
52:37 - Mais oui, il y avait exactement le même
52:39 déconnexion la
52:41 semaine dernière avec le sondage de Charlie Hebdo sur
52:43 la question de la BAYA. C'est quand même,
52:45 je pense, très inquiétant pour les états-majors de la
52:47 France Insoumise et d'Europe Écologie
52:49 et des Verts qui feraient bien de se remettre en question parce que
52:51 il faut monter des polémiques mais qui
52:53 n'intéressent pas finalement leur électorat.
52:55 - C'est incroyable et qui se coupe de la base.
52:57 Mathieu Bocoté, on peut pas, on peut pas, on peut pas
52:59 en parler. C'est incroyable
53:01 quand même comment le rugby pourrait
53:03 devenir, ou devrait pour certains,
53:05 et est devenu un sport d'extrême droite,
53:07 un symbole de la France qui se lève
53:09 tôt, patriote, travaillante
53:11 et qui pour cela est conspué
53:13 par une partie de la gauche. C'est sur
53:15 ce terrain que vous avez envie de nous emmener ce soir.
53:17 - Oui, alors c'est intéressant. Donc on a vu le spectacle
53:19 dont la grande figure était
53:21 Jean Dujardin, bien évidemment. Spectacle d'ouverture
53:23 qui offre
53:25 le visage de la France au monde entier.
53:27 Or pour offrir
53:29 une représentation de la France qui soit comprise par
53:31 le monde entier, vous noterez qu'on doit se dégager
53:33 des années présentes, on doit se tourner
53:35 vers la France antérieure.
53:37 La France d'avant les temps présents qui sont si
53:39 merveilleux. Donc la France d'avant la Baïa,
53:41 la France d'avant l'islam radical,
53:43 la France d'avant les cheveux bleus,
53:45 la France d'avant les antifas.
53:47 Et ça, donc c'est la France d'hier,
53:49 pour reprendre ainsi. Mais c'est la France de toujours aussi
53:51 parce que la France d'hier était aussi à sa manière
53:53 la France de toujours. Quoi qu'il en soit,
53:55 c'est intéressant le grand contraste par ailleurs de l'imaginaire
53:57 du foot, qui est très américanisé, quoi qu'on en dise,
53:59 et l'imaginaire du rugby qui semble davantage
54:01 enraciné dans la culture des peuples.
54:03 Donc on regardait ça et on a
54:05 tous applaudi spontanément.
54:07 Il y avait quelque chose, c'était la France des artisans,
54:09 la France des travailleurs. C'est une représentation
54:11 de la France qui correspond au sentiment
54:13 de la France perdue et qu'il faudrait retrouver.
54:15 Mais nos amis de Libé,
54:17 eux, n'ont pas hésité à dire à quel point ça les
54:19 dégoûtait. Je vais les citer à trois moments.
54:21 « Le village gaulois
54:23 en place sous vos yeux, cela joue
54:25 album d'astérix décomplexé.
54:27 On reste entre nous et c'est
54:29 pas plus mal. On peut rôter
54:31 à table si on veut. C'est la
54:33 famille. » Donc on comprend que pour
54:35 Libé, lorsque la France s'exprime dans ses traditions,
54:37 c'est la France qui rôte
54:39 à table. Ce qui nous rappelle par ailleurs
54:41 qu'à la contribution de Libé dans le paysage public, c'est la gauche
54:43 pétomane. Deuxième
54:45 élément. - C'était bouton tout ça ?
54:47 - Oui, je cite Libé, j'ai plus rien.
54:49 - Ils essaient d'être dans le vent.
54:51 - Le triporteur, le Marcel,
54:53 le béret, la moustache,
54:55 la miche de pain, le petit
54:57 marché d'antan, les petites tables de café
54:59 d'antan, la petite place de village
55:01 d'antan, c'est d'antan et c'est tentant.
55:03 C'est le fantasme et le souvenir
55:05 en même temps. C'est la France qu'on regrette
55:07 et qu'on aimerait revoir, des terroirs de la
55:09 modernité qu'on saisit, des traditions qu'on respecte,
55:11 où tout le monde s'aime mais que personne
55:13 n'a connu. Et ça, là, Libé
55:15 appelle ça la France rance. Mais c'est dégoûtant
55:17 une telle France où les gens sont respectueux,
55:19 où les gens sont cordiaux, où les gens se
55:21 reconnaissent dans leur culture. Mais vous imaginez à quel point c'est dégoûtant
55:23 une telle image de la France. C'est pas ça
55:25 qui plaît à Libé. Et ce qui est
55:27 assez fascinant, c'est
55:29 que Libé, finalement, nous dit, la représentation
55:31 de la France qui nous était proposée, c'est ce que nous
55:33 refusons exactement
55:35 de redevenir la France
55:37 à laquelle nous rêvons. C'est une toute autre
55:39 France. Et de ce point de vue, Libé a
55:41 clarifié son jeu, a clarifié la situation
55:43 et on comprend ce qu'est l'extrême-droite
55:45 pour Libé. C'est une France
55:47 finalement qui est un peu culturellement
55:49 française. - La France quoi.
55:51 - Oui, et c'est détestable.
55:53 - Alors le rubis ne risque-t-il pas de devenir,
55:55 pense-là, un sport symbole
55:57 de l'extrême-droite? - Mais oui, évidemment,
55:59 un sport sans racaille, sans violence,
56:01 où on brûle pas de voiture, c'est un sport dont on doit se méfier.
56:03 Ça va de soi. Si il y a des voitures qui brûlent,
56:05 au moins c'est une protestation sociale qui s'exprime.
56:07 Là, les gens détruisent rien. Mais c'est
56:09 manquer de respect envers cette tradition révolutionnaire
56:11 qui consiste à tout casser.
56:13 Cela dit, moi, ce qui me frappe là-dedans,
56:15 c'est une question sur laquelle je vais revenir de plus en plus souvent
56:17 parce qu'elle m'obsède, c'est la question de l'esthétique.
56:19 Tout régime produit son
56:21 esthétique. Tout régime produit
56:23 son image du beau, son image de l'excellence
56:25 humaine, son image de ce qui est la
56:27 communauté "révée".
56:29 Or, trop longtemps, le camp patriote
56:31 s'est contenté d'une esthétique
56:33 patrimoniale, d'une esthétique dont
56:35 on disait que la France est tellement belle, nos pays sont tellement
56:37 beaux qu'ils n'ont pas besoin d'être
56:39 célébrés ou mis de l'avant, leur beauté s'impose
56:41 de soi, nul besoin de la merde de l'avant.
56:43 Alors qu'à gauche, en guillemets,
56:45 cette partie de la gauche, c'est une esthétique
56:47 de la déconstruction, mais c'est une esthétique active
56:49 de la déconstruction. Avec ce paradoxe
56:51 que dans leur esprit, il fallait enlédir
56:53 le pays pour se l'approprier.
56:55 Cette France trop belle et trop verticale
56:57 devait être enlédie et humiliée
56:59 pour être enfin ramenée à bonne hauteur,
57:01 c'est-à-dire à hauteur du plancher, à hauteur du bitume.
57:03 Et je pense que la guerre de l'imaginaire
57:05 est centrale ici. Dans la capacité...
57:07 Cette capacité qu'ont eues les concepteurs
57:09 du spectacle, dont Jean Dujardin, qui est un type
57:11 formidable, il faut bien le dire, tout à fait exceptionnel,
57:13 qui incarne la France bien souvent. Rappelez-vous,
57:15 soit dite en passant aux Oscars, quand il avait décidé
57:17 de parler français, tout simplement, je suis français,
57:19 je parle français. C'est merveilleux, ça,
57:21 quoi qu'il en soit. Ce qu'on voit à ce moment-là,
57:23 c'est la guerre esthétique se mène
57:25 et tant que le camp patriote,
57:27 puis ça, au-delà de la gauche, de la droite et tout ça,
57:29 ne prendra pas en charge la question esthétique,
57:31 tant qu'on ne proposera pas notre propre image
57:33 du beau et du bien, du vrai,
57:35 eh bien, on va être en position
57:37 très défensive. Et c'est probablement pour ça
57:39 que vous me permettrez ce dernier clin d'oeil,
57:41 que le Puy-du-Fou et Philippe Devilliers
57:43 choquent autant la gauche,
57:45 c'est que c'est une proposition esthétique,
57:47 c'est une proposition métaphysique, c'est une proposition
57:49 culturelle qui emporte le coeur, qui emporte
57:51 les âmes, et ça, c'est impardonnable
57:53 parce que ça fait aimer la France, et ça, on ne le pardonne pas.
57:55 Parce qu'on peut roter à table.
57:57 - On aurait pu en parler aussi, mais il y avait
57:59 tellement de sujets ce soir. En tout cas, je disais,
58:01 la viande est classée d'extrême droite, le drapeau,
58:03 extrême droite, la police, extrême droite,
58:05 le Puy-du-Fou, extrême droite, le rugby, extrême droite.
58:07 - Allez les bleus quand même.
58:09 - Allez les... Oui, la victoire des bleus, bien sûr.
58:11 On se retrouve demain dans un instant.
58:13 Pascal Protout, Michael De Santos,
58:15 pour La Minute Info.
58:17 - Le nombre de victimes du terrible séisme au Maroc
58:19 continue d'augmenter. Un nouveau bilan fait état
58:21 de plus de 2600 morts et presque autant de blessés.
58:23 Le roi Mohamed VI est toujours attendu sur les lieux
58:25 sinistrés pour évaluer l'ampleur des dégâts
58:27 et les conséquences sur les populations.
58:29 - Le roi Mohamed VI est toujours attendu sur les lieux
58:31 sinistrés pour évaluer l'ampleur des dégâts
58:33 et les conséquences sur les populations.
58:35 - Le roi Mohamed VI est toujours attendu sur les lieux
58:37 sinistrés pour évaluer l'ampleur des dégâts
58:39 et apporter son soutien à ses concitoyens.
58:41 Opportunisme, curiosité, ce sont les mots employés
58:43 dans un rapport gouvernemental pour décrire
58:45 les actions des émeutiers en juin dernier.
58:47 Rares sont ceux qui ont agi pour venger la mort
58:49 du jeune Nahel. La majorité des personnes
58:51 interpellées ont entre 18 et 24 ans et sont des Français
58:53 issus d'immigration, principalement du Maghreb
58:55 et d'Afrique subsaharienne.
58:57 Enfin, Paul Pogba suspendu à titre provisoire
58:59 pour dopage. L'International français de la Juvénie
59:01 a été testé positif à la testostérone.
59:03 Le contrôle de l'agence italienne antidopage
59:05 a été réalisé le 20 août dernier.
59:07 Une rencontre face à L'Oudinese où le milieu
59:09 de terrain était remplaçant.
59:11 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
59:14 ♪ ♪ ♪