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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse au discours qu'Emmanuel Macron prononcera à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame à l'occasion de sa réouverture.


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Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brézeil.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05Demain, mercredi, Alexis, l'archevêché de Paris doit préciser le déroulement des cérémonies de réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
00:13Ce sera sûrement un grand moment de liesse, mais ce moment pourrait être troublé, Alexis, par un détail qui fait déjà beaucoup parler.
00:20Et oui Dimitri, ce point qui crispe l'épiscopat et qui divise jusqu'au conseiller de l'Élysée,
00:26c'est l'allocution qu'Emmanuel Macron doit prononcer, enfin a priori c'est ce qui devrait être confirmé demain,
00:32doit prononcer donc le samedi 7 décembre sous les voûtes de Notre-Dame.
00:37Et c'est évidemment le lieu de cette prise de parole à l'intérieur de la cathédrale de Paris qui fait débat.
00:43Parce que bon, que le chef de l'État souhaite s'adresser aux Français pour dire « Paris tenu, nous avons reconstruit la cathédrale en cinq ans comme je l'avais promis »,
00:50bon ben ça personne ne s'en offusquera, il n'a pas tout fait tout seul bien sûr,
00:55mais enfin en mobilisant la générosité des mécènes privés, qu'il ne faudrait pas oublier, ce sont eux qui paient, pas l'État,
01:02en faisant tomber un certain nombre d'obstacles administratifs, en choisissant le général Georges Lain, malheureusement disparu, qui fut l'âme de cette résurrection,
01:10Emmanuel Macron a joué un rôle central incontestable, qu'il tire un peu la couverture à lui, après tout c'est le jeu,
01:17il n'a pas tant de satisfaction par les temps qui courent, on ne lui mégottera pas celle-là.
01:22La question donc n'est pas de savoir s'il doit parler, mais s'il peut le faire depuis l'intérieur de cet édifice sacré qu'est Notre-Dame de Paris.
01:32Alors de ce point de vue-là, Alexis, y a-t-il des précédents ?
01:34Ben aucun, absolument aucun. Les rois de France, et Dieu sait qu'ils ont été nombreux à s'achenouiller au pied de l'autel, ne l'auraient même pas imaginé.
01:42Enfin, même au temps de l'absolutisme triomphant, un tel péché d'orgueil eût été inconcevable.
01:48Napoléon, qui n'était pas un monstre d'humilité, ni de respect filial envers la papauté, il n'a pas osé haranguer les foules emplumées le jour de son sacre, le 2 décembre 1804.
01:59Charles de Gaulle, le 2 août 44, lorsqu'il vient entendre le tédéum, plus exactement le Magnificat, pour la libération de Paris, n'a pas un mot, ni un geste d'ailleurs, quand les balles sifflent autour de lui.
02:10Et lors de l'hommage national qui, en 1969, est consacré au fondateur de la Ve République, à Notre-Dame encore, Georges Pompidou est assis au premier rang, mais évidemment, il ne parle pas.
02:22En fait, pour trouver une prise de parole un peu analogue, il faut remonter à 1793, et au discours du citoyen député Pierre Gaspard Chaumette,
02:33procureur général syndique de la commune de Paris, discours qu'il prononça dans la cathédrale, transformé, notamment par lui, en temple de la raison.
02:42Alors évidemment, la référence historique pique un peu, y compris à gauche, où certains rappellent que la loi de 1905 sur la laïcité, dans ses articles 35 et 36, a depuis interdit explicitement les discours politiques dans les édifices religieux.
02:57Et c'est vrai ! Alors qu'on nous bassine avec la laïcité, cette lecture publique, dans une cathédrale, de l'épître d'Emmanuel Macron français, témoigne d'une curieuse conception de la séparation de l'Église et de l'État.
03:09Mais dans ce cas-là, pourquoi Mgr Ulrich, l'archevêque de Paris, a-t-il accepté, Alexis ?
03:14Ça faudra lui demander, parce que c'est vrai qu'en tant qu'affectataire de la cathédrale, il n'était pas du tout obligé de laisser la parole au propriétaire.
03:21Bon, en même temps, c'est pas simple, il faut du courage pour oser dire non au président de la République.
03:26Un qui n'a pas hésité à le faire, en tout cas, c'est le pape François.
03:29C'est aussi l'avantage d'avoir mauvais caractère.
03:31Parce qu'Emmanuel Macron rêvait que le pape assiste à sa fête, avec les chefs d'État, les people, les mécènes du monde entier.
03:38Et bien, non seulement le pape a dit non au révérend père Macron, mais il a fait savoir, camouflé, qu'il irait encore, ce huit jours plus tard, à l'invitation du cardinal Bustillot.
03:49Alors, on nous dit que c'est parce que le pape François n'aime pas la France, c'est possible.
03:53Mais peut-être aussi qu'il n'a pas voulu cautionner, par sa présence, une cérémonie mondaine, organisée ad maiorem macroni gloriam, pour la plus grande gloire d'Emmanuel Macron.
04:05L'édito politique sur Europe 1. Merci Alexis Brezet.
04:08Et je signale la une du Figaro ce matin.
04:10La fiscalité, les entreprises anticipent déjà le choc d'un alourdissement de leurs impôts.
04:15Merci beaucoup Alexis.

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