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Il y a 9 ans, la capitale était frappée par la plus grande attaque terroriste perpétrée en France : bilan, 130 morts et plus de 400 blessés. Georges Salinas, alors chef-adjoint de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention), dirigeait l'assaut contre les terroristes du Bataclan. Il est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 13 novembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi, Aude Vernoutio, RTL Soir
00:03Bonsoir Georges Salinas, merci de nous rejoindre dans RTL Soir, vous êtes le directeur de la Sécurité du Président de la République Française.
00:10Vous publiez votre troisième roman par le verbe, par le glaive aux éditions Mareuille.
00:14Les premières pages du livre racontent comment le patron de la BRI, Brigade de Recherche et d'Intervention, je le rappelle,
00:19regagne Paris à 200 km heure le soir du 13 novembre 2015.
00:23Je rappelle qu'il s'agit d'un roman, mais cette scène, vous l'avez évidemment vraiment vécue.
00:27Vous étiez le numéro 2 de la BRI, quelle est la première chose qui vous revient en repensant au 13 novembre ?
00:33Je crois que dans un premier temps, c'est l'arrivée.
00:36On est dans un espèce de chaos où il faut essayer de garder la tête froide
00:41et de se dire qu'il faut faire fi de tout ce qu'on peut voir d'horrible pour se concentrer uniquement sur la mission.
00:49Et il faut identifier immédiatement les objectifs,
00:52d'où l'intérêt d'avoir travaillé longuement et longtemps ce type d'intervention avec nos gars,
00:59même si on a été confronté pour la première fois à une attaque de masse aussi importante.
01:03Vous n'êtes plus le même depuis. A l'image de vos personnages, je cite Mathieu, page 91, il avait définitivement changé.
01:11On a tous changé après le 13 novembre. On reste différents.
01:16Après, on apprend tous à vivre avec. On est résilients et c'est pour ça qu'on continue.
01:21On doit continuer à vivre et on doit continuer à travailler et être opérationnels.
01:25Mais l'enchevêtrement des corps, les odeurs, la lumière, tout est en vous pour toujours.
01:30Je n'oublierai pas. Il est clair que je n'oublierai jamais ce que j'ai vu.
01:35Et ça, ça me laisse une image qui va me marquer jusqu'à la fin de ma vie.
01:39Mais après, et c'est aussi peut-être la grandeur des gens qui ont travaillé aussi avec moi,
01:44c'est qu'il faut continuer, il faut poursuivre.
01:47Il y a les gens qui ont travaillé, il y a aussi les gens qui ont subi parce qu'il y a toutes les victimes,
01:52celles qui sont blessées, celles qui ont été prises en otage.
01:55Et tous ces gens-là doivent aussi poursuivre et avoir une vie.
01:59Et il y en a beaucoup qui continuent et qui vivent bien.
02:02Vous deviez absolument préserver le lieu dans tous les sens du terme en tant qu'enquêteur.
02:07On est capable de dire au président de la République non, vous ne rentrez pas ?
02:10Alors, c'est difficile à dire. Il est clair.
02:13Mais je pense que l'opérationnel prime sur tout le reste.
02:17Et donc, on avait déjà vécu un premier assaut avec l'Hypercachère.
02:22Là, on avait une présence médiatique et de personnalités politiques
02:28qui étaient sûrement un peu trop présentes à ce moment-là.
02:32Donc, on n'a pas fait les mêmes erreurs.
02:33Et sur le Bataclan, on avait quand même beaucoup de choses à vérifier
02:37avant que les gens de ce niveau-là puissent, à un moment ou à un autre, accéder.
02:42Ce qui compte d'abord, c'est sécuriser le site.
02:45Et ensuite, ce sont les enquêteurs qui doivent travailler.
02:48Ce sont les gens qui sont aux enquêtes,
02:52même à haut niveau, c'est-à-dire le procureur.
02:55C'est les gens qui dirigent les services de police, le préfet de police.
02:59Et après, ce sont les autres.
03:01Mais il y a une ordre de priorité qui se fait naturellement
03:04et sur lequel, moi, j'ai veillé, même si parfois, je sais que ça ne plaisait pas.
03:08Mais tout ce que vous venez de me citer, du préfet de police au président de la République,
03:13à un moment, vous avez dû leur dire stop.
03:14C'est ce que je retiens, en tout cas, de votre travail, entre autres, ce soir-là.
03:17En tout cas, j'ai fait passer le message qu'il ne fallait pas y aller
03:19et ils n'ont pas cherché à pénétrer dans les lieux.
03:22Vous avez commencé à écrire des romans après les attentats de 2015, si je ne m'abuse.
03:26Pourquoi, à ce moment-là, c'est en partie à cause de votre père,
03:28alors policier à Oran pendant la guerre d'Algérie,
03:31et confronté lui aussi au terrorisme, je le rappelle ?
03:33Il était policier et confronté au terrorisme.
03:35Et je l'ai entendu parler de ce qu'il avait vécu.
03:38Et finalement, quand moi, j'ai vécu les attentats de 2015,
03:41je me suis rendu compte que, finalement, c'est ce dont il parlait, je l'ai revécu.
03:46C'est-à-dire l'horreur, mais là aussi la solidarité, le travail,
03:50comment vit la famille aussi, et toute cette souffrance, les victimes,
03:55et aussi l'affrontement des terroristes avec leur mode de pensée,
03:58qui est important à connaître.
04:00Donc, finalement, je me suis rendu compte que rien n'avait disparu
04:04et que tout continuait comme avant.
04:06Vous avez reçu beaucoup de lettres de proches, des familles, des victimes
04:08des attaques terroristes de 2015.
04:11Que vous ont-elles dit ?
04:12Alors, on a reçu beaucoup de courriers, effectivement, à la baierie où j'étais avant.
04:17On a reçu aussi beaucoup de dessins.
04:20Des dessins ?
04:20Oui, des dessins d'enfants.
04:22C'était amusant parce qu'on avait même un enfant qui devait être en primaire
04:27et qui nous a écrit « Vous êtes nos anges, vous nous avez sauvés ».
04:32Mais il y a quelque chose que je voudrais vous dire, c'est que
04:34c'est dommage que vos costumes sont trop sombres.
04:37Il faut avoir plus de couleurs.
04:39Alors, depuis trois ans, vous dirigez la protection de la présidence de la République,
04:42donc celle d'Emmanuel Macron.
04:43Il y a des choses qui ont changé ces dernières années,
04:45qui se modernisent, que vous apprenez par les événements
04:48ou peut-être tout simplement par le matériel que vous avez à votre disposition ?
04:51Alors, on a un service recherche et développement
04:54et on cherche à être toujours à la pointe de la sécurité, de la protection.
05:00Donc, oui, on évolue d'abord parce qu'on voit ce qui se passe ailleurs
05:05et on a des retours d'expérience.
05:07Et à partir de là, on peut effectivement travailler.
05:09Mais le GSPR, je dirais, d'il y a dix ans, n'est pas le GSPR qu'on a maintenant.
05:14Le risque d'attentat sur la personne du président de la République, Emmanuel Macron,
05:18est-il élevé et l'a-t-il déjà été autant ?
05:23Alors ça, je ne pourrais pas vous répondre directement.
05:27Ce qui est clair, c'est que nous, quand on fait notre protection,
05:30on travaille sur le risque le plus élevé.
05:32De toute façon, on ne baisse jamais la garde.
05:35Considérer qu'un déplacement est bénin, c'est une erreur.
05:39Donc, on met...
05:40Il n'y a pas de déplacement bénin pour le président de la République ?
05:43Aucun. Aucun déplacement bénin.
05:46Tout est mis en position, en dispositif, pour que lui puisse faire son travail
05:52et moi, avoir une sécurité complète.
05:54C'est un homme qui a du caractère.
05:55Il l'a compris, lui aussi, qu'il n'y avait rien de bénin dans ses déplacements ?
05:59Alors ça, il faudrait lui demander directement.
06:02Votre sourire me fait penser que peut-être, parfois, c'est difficile.
06:06Ce n'est pas difficile.
06:07La preuve, c'est que ça fait presque six ans que je suis avec lui.
06:10Avant de nous séparer, une dernière question.
06:12Que diriez-vous à un enfant un peu curieux de votre métier ?
06:15Moi, j'encourage tous les enfants,
06:17enfin, en tout cas, s'ils ont envie de faire ce métier,
06:20à le faire parce que c'est un métier qui est au milieu du guet, je dirais.
06:23On voit le haut, on voit le bas.
06:25C'est très enrichissant.
06:27Moi, quand j'étais enfant, j'avais déjà envie d'être policier.
06:29Ah oui, je regardais les feuilletons, je regardais Starsky et Hutch et ça me plaisait bien.
06:33Et je me suis dit, tiens, je vais faire comme eux.
06:35Voilà, donc, pour moi, c'est un très beau métier.
06:38Columbo aussi vous a inspiré ?
06:39Columbo, c'est une autre facette, tout à fait.
06:42Merci, je vous en prie.
06:43Et juste pour la protection, c'est un métier très noble.
06:46Vous protégez une institution.
06:49Et donc, il faut avoir conscience que c'est une mission qui n'est pas simple,
06:52mais qui est importante et que tout le monde a conscience.
06:55Merci beaucoup, Georges Salinas.
06:57Votre livre, par le verbe, par le glaive, est donc publié aux éditions Mareuille.
07:01Et je précise que vos responsabilités auprès du chef de l'État nous ont amené à enregistrer cet entretien
07:05il y a trois semaines, dans un instant, le Breaking News avec Marc-Antoine Lebray, n'est-ce pas ?
07:09Évidemment !
07:10Tant mieux !

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