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Menace terroriste : alors que la France commémore les victimes des attentats de janvier 2015, Bruno Retailleau appelle à "la vigilance maximale".
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 07 janvier 2025.

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Transcription
00:00Et tout de suite, l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
00:08Bonjour et bienvenue sur RTL, Bruno Retailleau.
00:10Bonjour Thomas Soto et bonne année à tous vos auditeurs et à l'équipe de RTL bien sûr aussi.
00:15Il y a dix ans, le 7 janvier 2015, la France découvrait dans le sang, l'effroi et les larmes sa grande vulnérabilité face aux terroristes.
00:21C'était Charlie Hebdo, suivi de l'assassinat de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, puis du carnage de l'hypercachère.
00:27Dix ans plus tard, est-ce que vous diriez vous, Bruno Retailleau, je suis Charlie ?
00:30Bien sûr, bien sûr. La liberté d'expression, l'esprit libre, critique français, c'est notre identité qui nous appartient, bien sûr.
00:40Rien n'a changé et les mêmes causes qui ont provoqué un sursaut français contre le terrorisme sont toujours là, je l'espère.
00:48Le sursaut français, il est parfois un peu loin quand on regarde l'explosion de l'antisémitisme.
00:52Des étoiles de David, des inscriptions juifs ont été taguées tout près de l'hypercachère ces derniers jours,
00:58ainsi que sur la synagogue de Rouen qui a été prise pour cible. Que savez-vous de ces affaires-là ce matin ?
01:04Peu de choses pour l'instant puisqu'elles sont très récentes, elles datent d'il y a quelques heures.
01:07Mais déjà, je peux vous dire que les forces de l'ordre sont sur quelques pistes et j'espère que la justice se montrera intraitable.
01:15Simplement, ce que je veux vous dire ici sur RTL, c'est que nos compatriotes juifs représentent moins de 1% de la population.
01:22Et pour autant, les agressions anti-religieuses qui les concernent, c'est 57%. Vous vous rendez compte ?
01:29Moins de 1% d'un côté, 57% de l'autre.
01:31La France est-elle en train de devenir un pays antisémite ?
01:34Je ne le crois pas dans ses traits fonds, mais je pense que l'antisémitisme a muté.
01:40Il y avait, il y a eu, il y a toujours, mais de façon résiduelle, un antisémitisme d'extrême droite.
01:45Aujourd'hui, l'antisémitisme, il a deux visages.
01:48L'islamisme, l'islam politique, mais aussi le visage de celles et de ceux qui, pour des raisons électoralistes,
01:55utilisent la cause, le drame palestinien à des fins électorales pour draguer le vote musulman.
02:02C'est l'extrême gauche, c'est les insoumis. Très clairement, je le dis.
02:06Vous avez envoyé une note, un télégramme au préfet, au patron de la police et de la gendarmerie
02:10pour demander un renforcement de la sécurité autour des grands rassemblements, pour qu'on comprenne bien Bruno Taillot.
02:15On est dans la précaution, en cette période de commémoration des dix ans des attentats,
02:19ou cette demande vient-elle en réponse à une nouvelle menace, à une menace précise ?
02:24On est dans la prévention, mais ce qui s'est passé en Allemagne, ce qui s'est passé à la Nouvelle-Orléans,
02:29montre qu'on doit toujours maintenir un très haut niveau, précisément, de prudence.
02:35Et j'ai tenu à rappeler au préfet de la République, mais aussi aux gendarmes, aux policiers,
02:41les mesures de prévention qu'on doit prendre dès lors qu'il y a des manifestations, des événements festifs ou non.
02:47Vous êtes très inquiet ou pas ce matin ? Parce que je vous écoute, je vous lis,
02:51vous dites que la menace terroriste est un plus haut historique en France aujourd'hui, ça veut dire que c'est pire qu'il y a dix ans ?
02:56Non, je vais vous dire. L'an dernier, on a déjoué, nos services ont déjoué neuf attentats.
03:02C'est plus que depuis 2017.
03:05Ça veut dire que nos services, et la France est réarmée considérablement.
03:09Mais ça veut dire que la menace, elle est toujours là.
03:13Et il faut, non seulement y faire face, mais aussi voir le terreau de cette menace, qui est l'islamisme.
03:19Je veux m'attaquer à ce que je considère comme un véritable danger pour les institutions, pour la cohésion nationale.
03:27Vous vous appelez l'islam politique ?
03:28L'islam politique, cette matrice-là, est portée aujourd'hui en France par les frères musulmans.
03:33Dans cette grande mouvance du jihadisme, il y a en réalité dans ce mouvement, il est très pyramidal,
03:42et il y a une petite confrérie de 400 à 1000 individus.
03:47Mais ces 400 à 1000 individus ont des leviers parce qu'ils pratiquent l'antrisme dans tous les domaines.
03:52Cultuel, pour, comment dirais-je, contrôler des mosquées.
03:56Culturel, sportif, associatif, social.
04:00C'est une stratégie qui n'est pas violente, avec un double discours.
04:03Le discours de respectabilité, un discours très très lisse,
04:06mais cet antrisme qui vise non pas à séparer la communauté des croyants du reste de la société civile,
04:13mais qui vise à terme à faire basculer nos institutions.
04:16Et comment vous allez lutter contre ça ?
04:18Eh bien, je pense qu'il ne faut rien laisser passer.
04:20Lorsque je tape les influenceurs algériens, ça fait partie de l'outillage, ça fait partie de l'haripos.
04:28Il y en a trois qui ont été interpellés ces derniers jours pour apologie du terrorisme en quelque sorte.
04:31Et il y en a trois autres qui m'ont été signalés par la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes récemment.
04:36Il y a sur la plateforme Pharos plusieurs centaines, plus de 300 signalements qui ont été faits ces derniers jours.
04:43Ça veut dire que pour vous, ces influenceurs, c'est de l'antrisme aussi, c'est coordonné, c'est organisé ?
04:47Ce ne sont pas trois individus chacun dans leur camp ?
04:49Non, je ne pense pas que ce soit coordonné.
04:51Quand je vous disais que la menace est toujours présente, qu'elle a muté, c'est que jadis elle venait de l'extérieur.
04:56Elle peut toujours venir de l'extérieur, une menace exogène, mais elle est d'abord endogène.
05:01C'est la radicalisation d'individus de plus en plus jeunes qui se radicalisent sur les réseaux sociaux.
05:06Ce que je veux dire dans l'haripos, c'est qu'il me semble que notamment vis-à-vis des frères musulmans
05:10qui ont une stratégie d'antrisme et de petits pas, il faut opposer la résilience de la République.
05:16Exemple, je pense qu'il faut étendre à de nouveaux champs de l'espace public le principe de neutralité.
05:23Par exemple, le sport.
05:25Vous vous souvenez des hijabeuses qui ont opposé la Fédération Française de Foot, qui a gagné devant le Conseil d'État.
05:31J'avais fait voter moi au Sénat un texte qui n'a pas été repris par l'Assemblée Nationale
05:35pour condamner justement le voilement lors des compétitions sportives, pour préserver le sport qu'on aime.
05:42Ça veut dire qu'aujourd'hui vous voulez moins de voile ?
05:44Vous avez une interview dans le Parisien ce matin, vous dites que vous posez la question du voile pour les accompagnatrices scolaires et aussi à l'université.
05:52Vous voulez les interdire pour dire les choses clairement ?
05:54Moi je pense d'abord sur les accompagnatrices scolaires.
05:57Pour moi c'est l'école hors les murs.
05:59Or, la loi de 2004 concerne l'école dans les murs.
06:02Mais l'extension hors les murs, ce sont justement les sorties scolaires.
06:07Moi je le pense, c'est vous Bruno Retailleau ? Vous parlez au nom du gouvernement ?
06:11C'est Bruno Retailleau, je n'ai pas de schizophrénie, c'est Bruno Retailleau et le ministre de l'Intérieur.
06:15Donc vous souhaitez une loi pour ça qui dise on interdit le port du voile pour les accompagnatrices scolaires et on interdit le voile à l'université ?
06:20Je vois bien qu'il y a une difficulté sur ce genre de choses puisque j'avais fait voter au Sénat, ça n'a jamais été repris à l'Assemblée Nationale.
06:28Et aujourd'hui on n'a pas, vous le savez parfaitement, de majorité à l'Assemblée Nationale.
06:32Mais moi je pense qu'il faut lutter pied à pied, notamment sur tout ce qui constitue notre identité culturelle républicaine, la laïcité.
06:40Il faut être absolument intransigeant.
06:43Et donc pas de maire de famille accompagnatrice voilée ?
06:46Non, puisque pour moi, encore une fois, c'est l'école hors les murs.
06:50Et ça pour moi c'est un principe qui est un principe fondamental.
06:53Vous parlez du hijab, quand on va chez Decathlon ou chez Intersport, on en trouve en vente des hijabs Nike pour pouvoir faire du sport.
06:59C'est un problème ça aujourd'hui ou pas ?
07:00Les compétitions. Attendez, il y a l'espace public.
07:03Je ne prétends pas réduire et je sais parfaitement qu'il y aura des freins constitutionnels.
07:07On est dans un pays qui aime la liberté, évidemment.
07:10Mais dans des espaces, j'ai parlé d'espaces publics, je les ai restreints, par exemple à l'école, aux compétitions sportives.
07:17Pourquoi ? Parce qu'il y a une charte de l'olympisme.
07:19Il y a une charte d'un certain nombre.
07:21Et il y a des règlements sportifs.
07:23Et je pense que pour moi le sport doit être sanctuarisé.
07:26Pour qu'on puisse écarter de ces lieux festifs qui portent des valeurs universelles.
07:31Là encore, tout ce qui concerne l'intrusion par exemple de la politique, du syndicalisme, mais aussi de la religion.
07:38C'est pas inflammable de souffler sur ces braises-là aujourd'hui dans l'état de division de la société française ?
07:44Ce qui est inflammable précisément, c'est de laisser libre cours à toutes celles et ceux qui veulent instrumentaliser une religion.
07:51Et je voudrais dire simplement, je voudrais dire vraiment du fond du cœur à nos compatriotes musulmans qui nous entendent que
07:58mon combat, notre combat de la République, n'est pas le combat contre la religion.
08:02Mais contre une idéologie qui défigure une religion, qui l'instrumentalise.
08:06Et juste pour qu'on comprenne bien, sur les accompagnatrices, il y a des sorties scolaires qui seront organisées aujourd'hui, demain, après-demain.
08:10Vous dites à l'éducation nationale, et au collège, au lycée, aux écoles, à partir de maintenant vous dites non ? Comment ça va se passer ?
08:16Non, mais tant qu'il n'y a pas de loi, ils ne le peuvent pas. Je ne peux pas exiger de ces agents, des fonctionnaires, notamment de l'éducation nationale,
08:23des règles que le Parlement, que le législateur n'a pas inscrites, gravées dans le texte.
08:28Simplement, on va commémorer, j'y serai en fin de journée avec le Président de la République, le Premier ministre, on va commémorer un drame.
08:35Et bien ce drame, c'est le terrorisme. Mais il y a un terreau du terrorisme.
08:40Et le terreau du terrorisme, aujourd'hui, c'est justement cet islamisme politique, cet islamisme conquérant.
08:46Un certain nombre, Hugo Michon d'ailleurs, à force de l'entretien, bien sûr qui est un chercheur, avec des prisonniers, des terroristes,
08:53avait très bien dit que ceci, c'était dit, voilà, la violence ça n'a pas marché, il faut qu'on opère différemment.
08:59Mais l'objectif est le même, c'est d'imposer en France, sur le territoire national, la charia, l'infériorisation des femmes par rapport aux hommes.
09:06C'est ce que signifie d'ailleurs le voile.
09:09Un de vos combats aussi, c'est la lutte contre l'immigration. Est-ce que vous souhaitez un référendum sur l'immigration, vous ?
09:14Oui.
09:15Donc il faut modifier la constitution ?
09:16Oui.
09:17Et comment vous faites ?
09:18On ne peut pas le modifier aujourd'hui, évidemment, puisque pour modifier la constitution, il faut 3,5ème, il y a des conditions que donne l'article 89 de notre constitution.
09:27Mais je pense qu'un jour ou un autre, on devra dire aux Français, c'est à vous de dire.
09:33Ce serait quoi la question que vous poseriez sur l'immigration ?
09:35Ce n'est pas une seule question. L'article 11 est clair, c'est un projet.
09:39Vous vous souvenez d'ailleurs en 2005, malheureusement, le traité constitutionnel qui avait été inversé par un vote parlementaire, au passage le traité de Lisbonne.
09:47J'avais été le seul parlementaire de droite à dire non, pour ne pas trahir la voix du peuple de France.
09:53Mais ce que je pense pour ce qui concerne l'immigration, ce serait un texte avec sans doute une quinzaine, une vingtaine de dispositions
10:01pour qu'enfin on puisse reprendre le contrôle de l'immigration.
10:04Qu'on puisse dire aux Français, ça vous a tellement concerné, il n'y a pas un phénomène qui a le plus bouleversé la société française depuis un demi-siècle.
10:12Et bien maintenant, on vous écoute.
10:14Et, deuxième chose, le résultat du référendum s'imposerait notamment au conseil constitutionnel.
10:20Le général De Gaulle l'avait dit, en France, la seule cour suprême, c'est le peuple.
10:24C'est presque un programme de candidats ça que vous nous faites là, Bruno Retailleau, non ?
10:27De candidats, vous voulez dire ?
10:29Je ne sais pas, pour la suite, pour la présidence ?
10:31Non, mais moi j'habite le présent et je sais que le temps qui m'est donné est court.
10:35Et j'essaie d'agir, d'abord de parler vrai, sincèrement, on peut être pour, on peut être contre mes convictions,
10:41mais en tout cas je les ai, je les affirme, parler vrai et agir vite.
10:44J'ai une dernière question rapidement en ce 7 janvier, dix ans après les massacres de Charlie Hebdo.
10:49Il y a un grand sujet de colère chez les victimes de terrorisme et leur proche, c'est l'abandon, pour des raisons budgétaires, du mémorial du terrorisme.
10:55Les familles de victimes et tous ceux qui sont investis depuis cinq ans dans ce projet sont ulcérés, se sentent méprisés.
11:00Faut-il revenir sur cette décision, Bruno Retailleau ?
11:03En tout cas, moi je voudrais m'adresser d'abord à toutes ces victimes, puisque j'en ai rencontré il y a quelques semaines,
11:11lorsque nous avions été avec Michel Barnier nous recueillir auprès du Bataclan.
11:15Vous avez encore des hommes et des femmes qui souffrent dans leur chair, dans leur esprit,
11:19et vous avez des familles dont la perte d'un être cher est parfaitement irréparable.
11:23Et là ils nous vivent comme une blessure supplémentaire.
11:25Bien sûr, donc j'y suis favorable, simplement.
11:29Je pense que, pour ce qui est de ma responsabilité, de la responsabilité des législateurs, de ceux qui gouvernent,
11:35je pense que le plus beau monument, c'est de faire en sorte qu'on puisse lutter contre tous les germes
11:41qui peuvent demain entraîner de nouveaux actes terroristes.
11:45C'est ça je pense qu'on nous demande aujourd'hui.
11:47Bien sûr, il y a des gestes qui sont mémoriels,
11:50mais je pense qu'on est nous dans l'action,
11:53et il faut que chaque minute on l'utilise à ne rien céder, à ne rien laisser passer.
11:57Et ne pas faire d'économie sur ce mémorial du Théâtre.

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