En organisant un hackhaton, Quest for Change veut accompagner les projets qui participent à la bioéconomie, pilier de l'économie de la région du Grand Est. L'objectif ? Développer ces initiatives en entreprises innovantes et crée une certaine dynamique à long terme.
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Paul Klein, bonjour.
00:09Bonjour Thomas.
00:10Bienvenue, vous êtes le co-fondateur de Quest4Change, réseau d'incubateurs de la région Grand Est.
00:15On va commencer par ça, depuis quand il existe, quelles sont ses missions ?
00:19Oui, merci.
00:20Je suis directeur adjoint de Quest4Change, qui est un réseau d'incubateurs de startups
00:23dans le Grand Est, dont le métier consiste à accompagner des projets de création et
00:27de développement d'entreprises innovantes sur le territoire régional.
00:29Il est composé de sept incubateurs, bientôt huit, dont cinq territoriaux, qui ont pour
00:35mission d'accompagner des projets qui s'inscrivent sur leur territoire de référence, à Reims,
00:39Charleville-Mézières, Epinal, Metz, et puis le cinquième incubateur qui est Sémia, le
00:45doyen d'entre eux, qui couvre Mulhouse et Strasbourg, donc sur la région alsacienne.
00:50Un nouvel incubateur qui va nous amener au cœur de notre débat, puisqu'on va parler
00:55de bioéconomie.
00:56C'est quoi cet incubateur et c'est quoi la bioéconomie ?
00:58La bioéconomie, techniquement, c'est l'économie de la valorisation de la biomasse, donc la
01:04matière organique, la matière créée par des organismes vivants.
01:06La bioéconomie est un pilier de l'économie régionale du Grand Est et on s'est rendu
01:11compte, à l'échelle des 270 projets qui sont actuellement en incubation au sein du
01:15réseau Quest4Change, qu'il y avait matière à créer une dynamique spécifique sur cette
01:20verticale-là, en créant une structure qui a vocation à renforcer l'accompagnement
01:25des projets qui s'inscrivent dans les thématiques de la bioéconomie.
01:28Et donc, il s'appelle Quest4Bioéconomie.
01:30Effectivement, qui sera lancé le 29 novembre prochain.
01:32Le 29 novembre, c'est aussi le point de départ, le démarrage de ce hackathon qui est organisé
01:37à Reims, c'est ça ?
01:38Exactement, le BicoCamp.
01:39Alors, c'est quoi un hackathon ?
01:41Un hackathon, c'est un marathon d'innovation pendant 48 heures, qui rassemble des étudiants
01:46et des professionnels, de manière à les faire travailler sur des solutions innovantes
01:49pour les amener jusqu'à un stade de prototype qui va être présenté à un jury constitué
01:55d'experts de la bioéconomie.
01:56Ce n'est pas le premier que vous organisez ?
01:58Si.
01:59C'est le premier.
02:00Qu'est-ce que vous en attendez ?
02:01On attend que ça crée une dynamique pour stimuler des velléités d'innovation sur
02:05le territoire.
02:06C'est une initiative, certes, qui est portée par Quest4Change, mais qui est organisée
02:08dans le cadre des pôles universitaires d'innovation portés par l'université de Reims-Champagne-Ardenne.
02:13Et l'objectif de ce dispositif, c'est de pouvoir faire émerger des projets de création
02:17d'entreprises innovantes qui, par la suite, pourront être accompagnés par l'écosystème
02:21des partenaires du PUI.
02:22Donc, Quest4Change fait partie.
02:24Alors, cette bioéconomie, j'ai bien compris de quoi on parle, mais j'ai du mal à voir
02:31les innovations et ensuite les applications.
02:34Donc, est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, des pistes ?
02:37J'étais sûr qu'on serait amené à parler d'exemples.
02:40Déjà, la bioéconomie, elle a deux piliers, pour être bien clair.
02:44En tout cas, dans la définition qu'on apprend, la première, c'est toutes les innovations
02:47au service de l'agriculture plus durable.
02:49Donc, dedans, vous allez trouver des agroéquipements innovants, vous allez trouver des intrants
02:52innovants, vous allez trouver aussi des solutions numériques au service du pilotage des exploitations
02:57agricoles.
02:58Le deuxième pilier, il est là, plus en lien avec la définition que je vous ai donnée,
03:01qui est la valorisation de la biomasse et donc toutes les innovations au service de
03:04l'optimisation de la valorisation de la biomasse.
03:06Et vous allez retrouver là des innovations au service de l'alimentation durable, vous
03:11allez aussi retrouver des innovations au service de nouveaux biomatériaux, de bioénergie
03:14et également de tout ce qui est biochimie.
03:18Et donc, ça, ce sont les principes.
03:21Ce réseau d'incubateurs, il a déjà accompagné un certain nombre d'entreprises ou d'innovations
03:27dans ces domaines-là ?
03:28Exactement.
03:29Donc, on a plus de 40 projets qui s'inscrivent dans ces thématiques-là.
03:31Pour vous donner quelques exemples, si je prends le premier pilier que je vous ai décrit
03:35sur l'agriculture durable, on va retrouver des projets sur le refroidissement des mous,
03:39par exemple, pour la filière viticole, sans consommation d'énergie.
03:45On va retrouver des projets sur la cartographie de la forêt, de manière à pouvoir estimer
03:50son état de santé et surtout la biomasse sur une parcelle donnée.
03:56Et puis, côté de la valorisation de la biomasse, on va retrouver des projets qui ont des capacités
04:00de production de micro-algues multipliées par rapport aux solutions existantes.
04:05On va retrouver des solutions de dégradation de plastique liées à des enzymes issus de
04:11la salive du ver de papillons.
04:14On va retrouver des alternatives au cuir, réellement alternatives au cuir, dans le
04:21sens sans aucun produit pétro-sourcé.
04:24Et si je prends un dernier exemple…
04:26C'est ultra varié.
04:27Oui, c'est ultra varié.
04:28C'est là où on fait un travail passionnant, c'est qu'on est au contact d'une grande
04:32diversité de projets et d'entrepreneurs.
04:34Le dernier exemple que vous vouliez donner, c'était quoi ?
04:36C'est tout simplement une solution qui permet de faire des pelets pour le chauffage à base
04:40de bois non forestiers.
04:41Et là aussi, à chaque fois, il y a des technologies innovantes qui sont derrière tout ça.
04:44Alors, vous nous le disiez, l'un des piliers, c'est une forme de soutien à l'agriculture durable.
04:49On est dans une période où l'agriculture est en crise, il y a des manifestations, notamment
04:57contre l'accord de libre-échange qui doit être signé avec les pays du Mercosur, les
05:01pays sud-américains.
05:02Et puis, il y a aussi des critiques sur les réglementations environnementales européennes, etc.
05:08Comment vous recevez cette inquiétude de ce secteur que vous soutenez finalement ?
05:14Les inquiétudes, elles sont compréhensibles.
05:18Effectivement, on est dans un schéma où le monde agricole est tenu de produire dans
05:22un jeu de contraintes qu'il ne maîtrise pas.
05:24Nous, notre enjeu, c'est de faire émerger des solutions qui vont l'aider à assurer
05:30cette transition vers une agriculture plus durable, durable au sens évidemment environnemental
05:35du terme, mais durable au sens aussi économique du terme.
05:38Ce qui permet aussi d'avoir une filière qui a des exploitations économiquement plus
05:43florissantes et plus faciles à transmettre.
05:45Et ça, c'est tout l'enjeu de l'agriculture qu'on essaye d'adresser au travers de ces solutions.
05:49Surtout qu'il y a un renouvellement de génération qui se prépare et qui est vraiment important.
05:53Donc la transmission, ça va être un enjeu majeur.
05:55Ce sera nécessaire et on se rend compte que justement, ce renouvellement de génération
05:58que vous évoquez, il est le bon moment pour introduire des changements de pratiques et
06:01des innovations au sein de l'agriculture.
06:04Mais est-ce que vous sentez quand même qu'au sein de ce...
06:08Voilà, effectivement, il y a une nouvelle génération qui veut faire les choses différemment.
06:12On pourrait dire ça comme ça.
06:13Mais qu'il y a aussi un peu de frein.
06:15Vous voyez ce que je veux dire ?
06:16Une partie du monde agricole qui dit on a trop de contraintes, ce n'est pas possible.
06:21Des injonctions contradictoires, il faut appuyer sur le frein.
06:24En fait, les freins, ils peuvent s'expliquer par le fait que l'intégration d'innovation
06:28dans l'agriculture, en fait, prend du temps.
06:31Et ça, c'est quelque chose qu'on sous-estime.
06:33D'abord parce que la R&D, la recherche et le développement nécessitent des cycles longs.
06:37On est sur des essais qui nécessitent forcément d'être sur plusieurs années.
06:39Et ensuite, l'intégration dans les pratiques nécessite aussi plusieurs années.
06:42Et donc ça, c'est quelque chose qu'on a tendance à minimiser.
06:44Mais oui, l'intégration des innovations prend du temps dans l'agriculture.
06:47Et donc, effectivement, on est sur des cycles longs où on va passer par des étapes transitoires.
06:51On va avoir des agriculteurs pionnés, on va les appeler comme ça, qui vont pouvoir
06:54faire la preuve de concept technico-économique d'une innovation pour ensuite démontrer
06:58à ses pairs que ça fonctionne et que ça peut aller plus loin.
07:01Et ensuite, il y a un certain nombre de structures, les chambres d'agriculture,
07:04des centres techniques d'innovation qui sont en capacité ensuite de prendre le relais
07:07de ces innovations. Je pense aussi aux expertises qui sont portées par les coopératives
07:11qui ont un rôle très important là-dedans.
07:13Et donc, c'est pour sensibiliser le monde agricole au fait que certaines pratiques
07:17sont possibles et intégrables dans leurs pratiques.
07:21Je reviens à ce marathon d'innovation organisé à Reims.
07:25Cette région Grand Est, elle a des particularités dans le domaine de l'impact,
07:31de la recherche d'un impact positif ou de la réduction des externalités négatives ?
07:36Elle a beaucoup de choses à dire et là, une ambition surtout, c'est d'être une région
07:39de référence à l'échelle européenne en matière de bioéconomie.
07:42Le conseil régional du Grand Est mène beaucoup d'actions dans ce sens.
07:47Il y a le mois de la bioéconomie qui se déroule maintenant chaque année en septembre
07:50et qui rassemble beaucoup d'actions.
07:52On a une région qui a d'abord un département économie du vivant
07:56qui s'est structuré au sein de cette structure.
07:58On a le club des start-up de la bioéconomie du Grand Est qui a été lancé également
08:03fin août à l'initiative du président de région, Franck Leroy.
08:06On a une ambition sur cette région, des contrats de filière.
08:10Et il se trouve qu'elle a aussi des filières fortes agricoles.
08:13Évidemment, la viticulture avec la Champagne et l'Alsace.
08:16Vous avez évidemment la sylviculture avec la forêt et notamment les Vosges.
08:20Et puis vous avez les grandes cultures avec des acteurs importants,
08:23notamment des grosses coopératives.
08:25Donc oui, il y a des atouts pour faire venir des projets
08:28et être un terrain d'expérimentation, si vous voulez, pour ces projets dans le Grand Est.
08:32Et dernière question.
08:34Là, on s'est concentré sur la bioéconomie.
08:38Mais dans d'autres secteurs d'activité, il y a aussi une volonté de pousser comme ça les innovations ?
08:45Oui, alors en fait, Quest4Change, c'est un réseau, comme je le disais,
08:48de 7 incubateurs, bientôt 8, dont 5 territoriaux.
08:51Donc il y a déjà 2 incubateurs thématiques qui existent.
08:54Quest4Health qui a été créé en 2022 et qui, comme son nom l'indique,
08:57s'intéresse à toutes les innovations dans le domaine de la santé.
08:59Biotech, Medtech, e-santé.
09:01Et Quest4Industrie qui a été lancée l'année dernière
09:04et qui s'adresse à toutes les innovations au service de l'industrie
09:07ou tous les projets qui ont un projet de production d'un produit ou d'un service.
09:12Merci beaucoup Paul Klein, à bientôt sur BeSmart4Change.
09:15Et bon, à Caton, c'est du 29 novembre au 1er décembre à Reims.
09:20Exactement, il est encore temps de s'inscrire.
09:22Et bien voilà, on passe à notre débat.
09:24Que peuvent attendre les entreprises de la COP29 à Bakou ?