SMART IMPACT - Micro-méthanisation des biodéchets

  • il y a 7 mois
Focus sur la micro-méthanisation avec Tryon environnement. Ce procédé à petite échelle permet de valoriser, au plus près des territoires, les biodéchets notamment alimentaires. À la clé : la production de biogaz et d’un fertilisant naturel, le digestat. Une solution en adéquation avec l’obligation généralisée de tri à la source des biodéchets, depuis janvier 2024 en application de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire dite Agec.

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00:00 [Musique]
00:06 L'invité de Smart Impact c'est Jimmy Colomiers, bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bienvenue, vous êtes le cofondateur de Trion Environnement Créé 2015 avec Sébastien Gacognol.
00:16 Est-ce que vous étiez un peu pionnier à l'époque, les biodéchets, la méthanisation des biodéchets ?
00:21 Je ne suis pas sûr qu'on en parlait énormément en 2015.
00:23 Oui, plutôt, effectivement.
00:24 En fait, la réglementation est plutôt arrivée en 2016 avec un premier seuil réglementaire qui vise à rendre obligatoire le tri sélectif des biodéchets en vue de leur valorisation à 120 tonnes par an.
00:34 Donc, c'était vraiment les très gros producteurs qui est venu réduire au fur et à mesure des années à 80, 40, 20, 10 en 2016.
00:41 Et en fait, aujourd'hui à peine, on va généraliser justement cette obligation à des plus petits acteurs jusqu'aux particuliers.
00:48 Et à nous, depuis le 1er janvier, on est censés, et je le dis d'ailleurs, on en parlera, tous trier ces biodéchets.
00:54 Donc, c'était novateur à l'époque.
00:56 C'est ça. Il y a plus de 8 ans, peu de gens s'y intéressaient encore. La réglementation venait à peine de sortir, était encore à compléter.
01:02 Et donc, on est un peu arrivé sur un terrain vierge en se disant quand même, il semble qu'il y a des choses à faire puisqu'aujourd'hui, il n'y a rien qui est fait.
01:09 Et finalement, notre pot de bananes, donc notre déchet organique, il part avec le reste des ordures ménagères en voie de destruction, par incinération ou enfouissement.
01:18 Ce qui ne fait aucun sens dans son cas quand on sait qu'il est composé à 80% d'eau.
01:22 Le reste étant de la matière organique, il devrait être restitué aux espaces agricoles plutôt qu'être envoyé aux oiseaux.
01:27 Alors, c'est quoi votre solution ? Qu'est-ce que vous proposez ?
01:29 Et donc, nous, notre solution, c'est de la méthanisation.
01:32 Donc, on connaît tous assez bien le compost qui permet de dégrader la matière et d'en faire justement une matière exploitable pour la plante.
01:40 Là, nous, on va le faire en fait en milieu fermé, ce qui fait qu'on n'est pas à l'air libre.
01:44 Et donc, on va être en mesure de produire du biomethane avec.
01:47 C'est du beugas, c'est le gaz de ville en fait, celui quand on allume notre plaque et qui va pouvoir être valorisé, donc injecté sur les eaux gdrf en remplacement des énergies fossiles.
01:57 Vous parlez de micrométanisation. Pourquoi ?
02:00 Voilà, et donc la méthanisation, ça existe déjà, mais ça existe à très grande échelle.
02:04 Et c'était logique puisqu'au début, on s'est plutôt intéressé aux gros producteurs, comme je disais, des agriculteurs, des industriels.
02:10 Simplement, on va vers des acteurs de plus en plus petits qui ont des volumes de plus en plus petits disséminés sur l'ensemble du territoire.
02:15 Et donc, si on applique ces grosses unités, elles vont devoir rayonner sur des très longues distances avec une logistique assez lourde de collecte.
02:22 Et cette collecte, elle va avoir un impact économique qui va peser sur le coût de gestion du déchet et surtout environnemental et social puisqu'on va générer du trafic, etc.
02:29 Évidemment, ça nous place des centaines, voire des milliers de camions sur les routes.
02:32 C'est ça. Donc nous, on va plutôt le faire à petite échelle, à l'inverse. Donc on va être plutôt 10 à 20 fois plus petit que des unités conventionnelles.
02:38 Et en fait, cette échelle, elle nous confère pas mal d'avantages.
02:41 Ça va nous permettre, par exemple, d'avoir des solutions qui sont un peu standards, modulaires et qui vont être avec une implantation beaucoup plus simple, simple et rapide d'ailleurs.
02:49 Unité habituelle, c'est 4 à 8 ans de projet. Pas mal de projets, malheureusement, ont subi des recours puisque les gens veulent bien faire de l'environnement.
02:57 Mais si c'est pas trop près de chez eux ou du moins, s'il n'y a pas une perception de risque et de nuisance trop élevée.
03:02 Et dans notre cas, en fait, justement, le fait d'avoir tout réduit nous permet d'avoir quelque chose qui est à taille humaine.
03:07 Mais alors quand on dit à taille humaine, ça s'appelle modulo, c'est ça ?
03:10 La technologie s'appelle modulo, exactement.
03:12 Et alors quand on dit à taille humaine, ça veut dire quoi ? Quelle emprise au sol, par exemple ? Et puis surtout, quelle quantité de biodéchets vous pouvez traiter ?
03:18 Exactement. Donc nous, ça va être des terrains, on va dire, de l'ordre de 3000 m², ce qui est très petit.
03:24 On parle plutôt en hectares, normalement. Et qui nous permet de traiter l'équivalent de 10 000 tonnes à pleine charge de biodéchets alimentaires.
03:31 Donc vos clients, pardon de interrompre, vos clients, c'est plutôt des collectivités locales ? Ça peut être des entreprises ?
03:38 C'est tout type de producteurs, en fait. Parce qu'initialement, c'est vrai que c'est plutôt les gros producteurs.
03:43 Donc on va dire la grande surface, la restauration collective, puis la restauration traditionnelle.
03:47 Maintenant, on va même vers les petits commerces et les particuliers.
03:50 Et l'enjeu, de toute façon, justement, de notre échelle, c'est qu'on est certes à petite échelle, mais pour tous les acteurs de l'échelle.
03:55 Donc contrairement à des solutions qui vont être individuelles, là on va vraiment avoir une force qui est de proposer ce mode de gestion à tout le monde.
04:03 Et donc ça, c'est une vraie force pour la collectivité, puisqu'aujourd'hui, c'est elle qui est censée mettre en place la solution pour ses administrés.
04:09 Et qui va devoir gérer avec différents types d'acteurs et d'implantations. En zone pavillonnaire, on n'a pas la même gestion qu'en zone rurale ou autre.
04:19 Et donc là, l'idée, justement, c'est de fournir avec un panel de solutions, puisqu'on a notre unité de méthanisation,
04:23 mais ensuite on a tout ce qui va autour de la collecte et du tri sélectif, pour justement fournir une solution à tous ces acteurs-là.
04:29 Un tiers du contenu, un chiffre important des poubelles ménagères des Français est constitué justement de ces biodéchets essentiellement alimentaires.
04:37 Ça représente 83 kilos par habitant et par an.
04:40 Et je rappelle que depuis le 1er janvier, application de la loi AJEC, anti-gaspillage et économie circulaire,
04:45 on est censé les trier et les valoriser. Censé parce que ça se met en place lentement, on va dire ça comme ça ?
04:52 C'est ça. Censé parce que, comme je vous l'ai dit, des projets conventionnels, en tout cas de méthanisation, c'est 4 à 8 ans.
04:57 La loi est sortie autour de 2016. La nouvelle, enfin, je veux dire, pour les nouveaux seuils.
05:03 Et les collectivités n'ont pas forcément pris la mesure de ces délais-là.
05:07 Et donc, un peu comme tout le monde, on s'est dit, si on est à l'avance, on va prendre notre temps.
05:11 Plus on a de temps, plus on en prend. C'est la nature humaine.
05:13 Donc on a un peu attendu le dernier moment. Et aujourd'hui, on se retrouve par contre au pied du mur,
05:17 puisqu'on se rend compte qu'il y a une règle d'augmentation qui est en place, mais que les solutions, elles ne sont pas atteignables si facilement.
05:22 Et donc c'est là où, justement, nous, on vient avec une solution qui va être intéressante pour eux.
05:26 C'est que déjà, on arrive avec une solution qui est clé en main.
05:28 On va, nous, pouvoir leur proposer l'intégralité des prestations depuis le développement du projet, la réalisation, l'exploitation,
05:35 et jusqu'à la collecte, si elles le souhaitent, ou si les acteurs en place ne sont pas encore forcément avancés sur le sujet.
05:41 Donc nous, on est capable d'arriver avec quelque chose de clé en main.
05:43 Et finalement, la seule chose qu'on va attendre de la collectivité, c'est effectivement qu'elle fasse cet effort de pousser le tri sélectif auprès de ses acteurs.
05:51 Et à la rigueur, qu'elle nous aide en nous identifiant, par exemple, un foncier, un terrain d'implantation, en fait,
05:56 puisqu'aujourd'hui, c'est le sujet, en fait, la brique de départ, on va dire, pour lancer un projet, et donc pour commencer toute l'aventure.
06:03 – Ça concerne plutôt des zones rurales, périurbaines, j'imagine quand même que les grandes agglomérations ont anticipé,
06:13 et puis ont déjà des systèmes de collecte et de méthanisation ?
06:16 – Oui, non ? – Certaines, oui.
06:17 – Pas toutes ?
06:18 – Pour certains quartiers, voire pour certains types d'acteurs.
06:21 – D'accord.
06:22 – C'est souvent les plus simples, forcément, on va à l'essentiel au début.
06:26 Mais ça nécessite encore une généralisation qui n'est pas du tout présente.
06:29 Il faut savoir qu'on a dit que c'est un tiers des ordures ménagères, c'est autour de 10 millions de tonnes par an,
06:33 quand on prend tout type d'activité confondue, il n'y en a que 25% qui sont valorisés aujourd'hui,
06:39 donc 75%, trois quarts, qui ne sont pas encore valorisés, qui sont détruits par incinération ou enfouissement.
06:44 Donc on est encore loin du compte, et justement parce que les collectivités ont commencé à mettre en place des solutions,
06:51 certaines qui sont un peu simples et rapides, comme par exemple des petits composteurs, etc.,
06:54 qui ne répondent pas à tout le besoin, donc à tous les acteurs, à tous les flux et à tous les volumes qui sont représentés.
07:01 Et nous, là, on leur propose de pouvoir accélérer sur cette partie-là,
07:04 avec au contraire une solution qui est générale pour tout type d'acteurs, tout type de flux,
07:08 et surtout avec une valorisation qui est économique, parce que le but, c'est quand même que les gens fassent le tri,
07:12 et pas qu'à la fin ils se retrouvent avec un coût qui soit plus important.
07:15 – Évidemment. Le biogaz que vous produisez, il repart dans le circuit GRDF tout simplement ?
07:21 – Exactement, on va l'épurer, le rendre aux caractéristiques qui sont attendues par le réseau,
07:26 pour pouvoir l'injecter de manière naturelle, du coup,
07:29 et le substituer finalement à tout le gaz qu'on va pouvoir importer par ailleurs.
07:32 – Et de ce côté-là, à ce bout de la chaîne, la demande, tout le monde vient du biogaz aujourd'hui.
07:37 Donc il n'y a aucun souci de ce côté-là, j'imagine ?
07:39 – C'est assez marrant l'évolution, parce qu'au début on venait beaucoup nous voir pour le biodéchet,
07:44 puisque la réglementation, etc., il y a eu une crise énergétique qu'on a tous vécue.
07:48 Depuis, tout le monde nous a dit "Ah, mais vous faites aussi du biogaz, c'est assez intéressant".
07:52 C'est l'ensemble qu'il faut regarder, parce que l'un ne va pas sans l'autre, et que les deux sont intéressants.
07:56 Mais effectivement, ce biogaz est très regardé et attendu pour compléter l'énergie fossile.
08:01 – Au mois de janvier, vous avez annoncé une levée de fonds de 6 millions d'euros.
08:06 Avec quelle ambition ? C'est de passer à l'échelle, j'imagine ?
08:09 – Exactement. Donc nous, on a déployé une première unité qui est en fonctionnement
08:12 depuis début 2022 à Caire-sous-Poissy dans les Yvelines.
08:16 Elle a démontré en plus d'un an ses performances, on va dire, techniques, économiques et environnementales.
08:22 Et donc là, maintenant que cette référence est avérée, le but c'est vraiment de pouvoir la dupliquer.
08:26 C'était tout l'objet de notre conception standard modulaire,
08:29 de pouvoir la répliquer à grande échelle partout en France et à terme en Europe ou dans le monde,
08:34 puisque de toute façon, c'est une directive européenne.
08:36 – Donc l'objectif, c'est une production de ces unités de méthanisation un peu plus industrialisées, c'est ça ?
08:41 – Un développement dans un premier temps, on a parlé du sujet de l'implantation et du foncier.
08:45 Ensuite, effectivement, donc une production, une réalisation et ensuite une mise en service
08:49 avec notamment tout ce qui va autour, puisque avoir des très belles unités de traitement, c'est une chose.
08:55 Si les gens ne font pas le tri sélectif, ça ne sert à rien.
08:57 Et donc nous, l'enjeu, c'est vraiment de pousser encore une fois cet effort-là
09:00 pour aussi sensibiliser et fournir les moyens adaptés à tout type de producteur
09:04 pour capter un maximum de flux.
09:05 – Un méthaniseur, c'est une ICPE, installation classée pour la protection de l'environnement.
09:09 Ça suppose un certain nombre d'obligations ?
09:11 – C'est ça, on a des contraintes et en fait l'avantage quand on a une unité standard comme la nôtre,
09:15 c'est qu'on va les avoir nativement intégrées dans la conception.
09:17 Donc en fait pour nous, aujourd'hui, ça n'est plus une contrainte, ça veut dire qu'on a intégré tous les…
09:21 – Tout ce cahier des charges, il est dans l'unité ?
09:23 – Tous les sujets de sécurité, même de nuisance, ça veut dire qu'il y a…
09:28 et je vous invite à venir visiter notre installation, il n'y a absolument aucune odeur,
09:32 pas réellement de risque, très peu de trafic est généré par ça, etc.
09:36 Donc on a vraiment quelque chose qui peut s'implanter en zone périurbaine,
09:39 sur des zones industrielles ou commerciales et qui vont faire justement la transition entre…
09:45 le milieu urbain, c'est quand même 80% de la population française aujourd'hui,
09:48 et le milieu rural qui, si on ne restitue pas cette matière, on va appauvrir les sols.
09:53 Donc là l'enjeu c'est vraiment d'être au milieu, de faire cette transition-là,
09:56 de permettre à ces deux mondes de communiquer et surtout de faire du circulaire
09:59 en restituant cette matière organique aux espaces agricoles.
10:01 – Merci beaucoup Jimmy Colomiers et à bientôt sur Bismarck.
10:05 On passe à notre débat "L'aide sociale à l'enfance" au programme.
10:09 !

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