• il y a 2 semaines
Grâce aux dons des entreprises, A tree for you reforeste des espaces en France et dans le monde pour lutter contre la disparition d'espèces, capter du carbone et développer l'emploi et la qualité de vie des populations locales. Une initiative portée en partie par Samuel Rebulard, ingénieur-agronome.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Samuel Rebulard, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue.
00:11Vous êtes ingénieur agronome, agrégé de sciences de la vie et de la terre, vous travaillez
00:14pour l'université Paris-Saclay et vous êtes membre du comité scientifique de l'association
00:19A Tree for You.
00:20Je veux bien qu'on commence par présenter cette association.
00:23Quelle est sa mission ?
00:24C'est une association loin de 1901 qui collecte des dons d'entreprises ou de particuliers
00:31et qui va sélectionner des projets de plantation d'arbres en France et à l'international,
00:38qui sont sélectionnés par un comité scientifique indépendant et qui va attribuer ces dons
00:45à ces projets avec une traçabilité et une transparence sur le devenir.
00:50Ça veut dire que si on prend une entreprise par exemple qui fait un don à A Tree for
00:54You, elle sait précisément à quel projet ce don va aller contribuer ?
00:59Exactement.
01:00On peut donner des exemples, Safran Group par exemple a organisé un challenge à l'échelle
01:05mondiale.
01:06Ils ont défié leurs employés en leur disant est-ce que vous êtes capables de courir collectivement
01:12de la terre à la lune ? Et puis quand ils ont réussi, ils ont voté pour une association
01:17à qui il y avait un don qui était donné, on a eu la chance d'être élu et ça a permis
01:22de financer un projet sur la mangrove au Mexique et après, deux fois par an en fait,
01:29il y a un compte rendu qui est en ligne et qui est envoyé aux donateurs et qui leur
01:34permet de suivre ce que devient leur argent, les difficultés rencontrées, les succès
01:39et on a des photos, des journées de plantation qui sont toujours un peu festives.
01:42J'imagine que c'est la concrétisation de tous ces efforts.
01:46Vous êtes donc membre de ce comité scientifique.
01:48Quel est le rôle du comité scientifique ? Est-ce que c'est de choisir les bons projets
01:52parce qu'il y a parfois des critiques sur les projets de reforestation en disant on
01:55a fait parfois un peu n'importe quoi en plantant pas forcément les bonnes essences au bon endroit.
01:59Exactement.
02:00Alors c'est vraiment quelque chose d'important pour l'association, ce comité scientifique,
02:04donc ce sont des scientifiques indépendants et bénévoles, c'est-à-dire qu'on n'est
02:08pas du tout intéressé au succès ni l'association ni des projets.
02:10Nous sommes des universitaires, des chercheurs de l'IRD, l'Institut de Recherche pour le
02:16développement ou du CIRAD et puis en fait on va avoir on va dire trois grandes fonctions.
02:22La première c'est d'identifier nos partenaires locaux de plantation puisqu'on ne plante
02:25pas nous-mêmes.
02:26Donc on identifie des partenaires qui sont bien implantés auprès des communautés locales
02:30qui connaissent bien la flore locale, notamment les arbres qu'on peut planter et qui vont
02:35intéresser à la fois les bénéficiaires qui vont être intéressants pour les services
02:38qu'on en attend derrière et puis on va sélectionner les projets que ces partenaires vont planter
02:44et ensuite on va réaliser le suivi.
02:47On a un suivi de 3 à 5 ans sur tous les projets donc on ne plante pas des arbres qu'on laisse
02:52dans la nature.
02:53Il y a un certain nombre de critères, la stabilisation des sols, évidemment la lutte
02:59contre le dérèglement climatique, peut-être aussi l'effet sur les communautés locales.
03:03Vous rentrez tout ça en quelque sorte dans votre grille de lecture ?
03:07Exactement.
03:08En fait on a cinq grands critères.
03:10La biodiversité.
03:13La dimension biodiversité c'est la plus complète et la plus compliquée aussi, c'est-à-dire
03:20qu'il y a à la fois la biodiversité de ce qu'on plante, qu'est-ce qu'on choisit
03:23comme essence sur place, pour quels bénéfices derrière, il y a parfois des arbres forestiers
03:28donc on va récupérer le bois d'oeuvre au bout de 20-30 ans parfois plus, et puis
03:31des arbres qui vont donner des fruits dans 2-3 ans donc en fait on essaie de regarder
03:35un petit peu tout ça, d'avoir des arbres autochtones le plus possible ou qui sont
03:40bien implantés dans la région parce que les arbres autochtones c'est des arbres
03:43que la faune connaît et donc qui vont pouvoir, voilà, donc il y a pas mal de choses sur
03:46la biodiversité.
03:47Sur le climat, tout le monde ne parle que du carbone, évidemment nos arbres vont stocker
03:51du carbone notamment dans les mangroves par exemple où en fait on va accumuler du carbone
03:57dans les sols mais le carbone n'est qu'un des critères, des nombreux critères climatiques
04:02qu'on prend en compte, notamment on va s'intéresser, j'étais au Togo il y a quelques mois pour
04:07auditer un projet, il y a une vieille dame qui me disait bah en 2 ans j'avais suffisamment
04:12d'ombre pour pouvoir travailler au milieu de la journée, en fait ça paraît rien vu
04:15d'ici mais quand il fait 35 degrés en plein soleil on ne travaille pas au milieu de la
04:19journée, on travaille à 6h du matin, on travaille un peu le soir et là en fait le
04:22seul fait d'avoir des ombrages sur ces cultures de manioc et de maïs et bien ça lui a permis
04:27effectivement de travailler dans la journée.
04:28Il y a aussi un effet par exemple sur le cycle de l'eau, la régulation du cycle de l'eau.
04:32Exactement, l'eau fait partie des critères à part entière donc à la fois régulation
04:36du cycle, à la fois lutte contre la pollution des eaux, les effets de filtration, encore
04:43une fois les mangroves sont pas mal pour ça et puis le sol, l'érosion des sols et puis
04:48bien sûr qui est sans doute un des principaux critères qu'on regarde c'est l'adaptation
04:54aux cultures locales et pour les populations, c'est-à-dire quels bénéfices les populations
04:58locales vont tirer, est-ce que les populations sont demandeuses de ces plantations et vont
05:02participer.
05:03Dans tous nos projets, ce sont les bénéficiaires eux-mêmes qui plantent donc on a vraiment
05:09ces critères sociaux on va dire qui sont très importants.
05:12Il y a des projets en France aussi ? Oui, on a un peu plus de 60 projets dans
05:16le monde, la moitié en France, une trentaine et puis l'autre moitié internationale sur
05:21Amérique du Sud, un petit peu Amérique du Nord, Asie, Afrique.
05:25Alors je vais prendre un exemple en France, un projet pédagogique de forêt mélifère
05:30en lausère, plein de questions, combien d'arbres plantés, quelle ambition ou quel
05:36objectif ? Alors c'est Red Bay SFR qui finance, c'est
05:41une entreprise aussi, à l'origine ils ont un souhait de travailler à la reforestation
05:45en France, donc le projet c'est qu'en fait on a une parcelle en lausère qui a été
05:51plantée avec des pins qui se sentent mal, on est sur du calcaire et donc ces arbres
05:56sont plutôt en train de péricliter et donc l'idée c'est de replanter avec des essences
06:01intéressantes qui vont fonctionner localement, donc on s'est appuyé sur ce que le parc
06:06local des Cévennes plante eux-mêmes et valorise localement et puis avec un autre critère
06:13qui est de nourrir finalement les abeilles le plus possible toute l'année, alors quand
06:17on dit les abeilles ce n'est pas les abeilles domestiques, il y a mille espèces d'abeilles
06:21différentes en France.
06:22Donc là c'est l'abeille noire des Cévennes ?
06:25Exactement, eux ils sont très focalisés sur l'abeille noire des Cévennes parce qu'ils
06:27ont des ruches de ces abeilles-là, mais tout ce qu'ils font ça va aussi bénéficier
06:30à tous les pollinisateurs sauvages qui sont présents dans la région et l'idée c'est
06:34d'avoir des fleurs le plus possible toute l'année du mois de mars au mois d'octobre
06:38pour pouvoir nourrir ces pollinisateurs.
06:40Alors je cherchais le chiffre sur ce que représentent les forêts en France, 31% du territoire
06:47métropolitain aujourd'hui, est-ce qu'on est plutôt dans une augmentation ? Est-ce
06:53que pour autant la forêt française, alors c'est une question peut-être un peu trop
06:55vaste et je m'en excuse, mais elle va bien ? Ou est-ce qu'elle souffre finalement de
06:59ce dérèglement ?
07:00Alors il y a des inquiétudes vis-à-vis du changement climatique, le changement climatique
07:04provoque des sécheresses et puis favorise certains parasites, on pense que le scolite
07:09qui est en train de détruire la forêt vaugienne, il est favorisé par le changement climatique,
07:14l'encre sur le châtaignier dans les forêts parisiennes d'Ile-de-France c'est la même
07:17chose, donc voilà il y a des inquiétudes pour l'avenir, donc l'idée c'est de comment
07:21on va adapter cette forêt-là et une des réponses c'est d'éviter absolument la monoculture
07:26qui a été majoritairement réalisée au XXe siècle où on avait une essence qui fonctionnait
07:31bien et puis on plantait ça, voilà.
07:34Donc l'idée c'est de diversifier au maximum, quand on diversifie on réduit en fait le
07:39risque d'avoir un aléa qui affecte toute la forêt, c'est-à-dire qu'on va affecter
07:42qu'une essence parmi les nombreuses qu'on essaye de planter.
07:46D'où l'importance de ces programmes de reforestation sur lesquels vous travaillez
07:50en France, on va voyager avec vous, on va partir en Colombie avec un projet pour la
07:56conservation des paramos, alors j'avoue je ne sais pas de quoi on parle, c'est quoi
08:00les paramos ?
08:01Alors en fait ce sont des systèmes agricoles locaux qui en fait vont permettre, qui sont
08:08agroforestiers, c'est-à-dire qu'on va à la fois avoir des arbres qui vont être plantés
08:12pour produire du bois d'oeuvre dans quelques années, donc plutôt des décennies, 10 ans,
08:1720 ans, c'est plutôt pour les enfants ou les petits-enfants qu'on plante ces arbres,
08:20on les plante plutôt en bord de parcelles agricoles et puis on va avoir des projets
08:26plus agroforestiers, c'est-à-dire avec des fruits qui vont être immédiatement commercialisables.
08:30Alors quand je dis immédiatement c'est 2-3 ans pour le début de production de fruits
08:35et assez rapidement en fait on va avoir des fruits effectivement qui vont pouvoir venir
08:40soit en autoconsommation, donc pour améliorer l'alimentation quotidienne, soit pour améliorer
08:46les revenus quand ils vont être vendus sur les marchés.
08:48Alors justement je voudrais qu'on termine là-dessus, il nous reste un peu plus d'une
08:51minute sur le défi social aussi parce qu'on parlait des populations locales, l'idée
08:57c'est aussi de réduire parfois les inégalités qui peuvent exister ?
09:01Oui et puis surtout de créer des compléments de revenus et tout un tas d'autres facteurs
09:06qui sont positifs, on va parler des conditions de travail tout à l'heure avec l'effet
09:09microclimatique, mais au Togo pour reprendre cet exemple, je rencontre un couple qui m'explique
09:16qu'en coupant 3 arbres plantés il y a 20 ans avec notre partenaire local, ils vont
09:21financer les études de leurs enfants à l'université, parce qu'en fait ce sont des arbres semi-précieux
09:27qui sont très recherchés localement et qu'en réalité les arbres poussent vite au Togo
09:32et donc on a ces bénéfices très très rapides et on voit qu'on change la vie des gens,
09:37c'est-à-dire que l'effet de levier par rapport à notre investissement à nous, l'effet
09:42de levier il est considérable.
09:44Merci beaucoup Samuel Ruggelhardt et bon vent à 3foryou et donc les entreprises, celles
09:50et ceux qui nous écoutent peuvent, on l'a bien compris, participer à vos programmes.
09:54Allez, on continue de parler de la lutte contre la déforestation dans notre débat.

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