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Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la mobilisation des agriculteurs, sur l'immigration, sur l'ultra violence et l'état de la justice en France.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Transcription
00:00Bonjour Bruno Rotailleau. Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03Et bienvenue à la grande interview sur CNews Européen.
00:05Vous êtes le ministre de l'Intérieur, un ministre à Beauvau qui fait face à son premier mouvement
00:09depuis votre prise de fonction avec une colère agricole,
00:12monsieur le ministre, qui s'intensifie et se durcit des centrales d'achat de la grande distribution occupée,
00:18les entrées du port commercial de Bordeaux en ce moment entravées,
00:21une promesse de paralysie et même de chaos de la part de certains à la coordination rurale.
00:26Vous aviez prévenu, Bruno Rotailleau, qu'il y aurait une tolérance zéro
00:29en cas de blocage durable, le blocage s'installe.
00:31Est-ce que vous maintenez ce matin votre position ?
00:35Bien sûr que je la maintiens. Je veux dire aux agriculteurs que je connais bien.
00:38Je suis un enfant de la ruralité, je vis dans la ferme que mon grand-père avait achetée avant la guerre
00:44et mes amis sont beaucoup d'agriculteurs. Je connais leurs problèmes.
00:47Et je veux leur dire que leur cause, la cause de la colère, elle est parfaitement justifiée.
00:51On les a enfermés dans une incompatibilité terrible.
00:57On a laissé entrer sur le territoire des produits qu'on interdit de cultiver en France avec des molécules interdites.
01:03C'est-à-dire qu'on suradmistre, on bureaucratise, on leur met de plus en plus de contraintes en France
01:09et en même temps, on laisse passer des produits du monde entier.
01:13Et ça, ce n'est pas supportable.
01:14Donc colère légitime ?
01:15Bien sûr. Par contre, je suis ministre de l'Intérieur.
01:17Et donc ?
01:17Mali, c'est l'ordre républicain. Je ne peux pas faire deux poids, deux mesures.
01:21Parce que si j'autorisais une profession à casser, à bloquer, à faire des atteintes aux personnes,
01:27alors ça ne tiendrait plus.
01:29Et je l'ai dit, d'ailleurs, vous avez pu observer qu'ils l'ont fait volontairement au boulot.
01:35La porte d'entrée, si j'ose dire, de sortie Espagne et France a été libérée.
01:41Il n'y a pas eu de blocage, il n'y a pas d'enquistement au moment où je vous parle.
01:44Et à chaque fois qu'il y aura un blocage qui sera durable, on sera amené à débloquer pour les Français.
01:49Comment débloquer très concrètement ? Tolérance zéro, Bruno Routailleau.
01:52Est-ce que ça veut dire que vous pourriez être amené à mobiliser des forces de l'ordre face à un mouvement,
01:56mais vous l'avez dit vous-même, populaire dans l'opinion,
01:58face à des paysans qui veulent vivre dignement de leur travail et face à la France qui se lève tôt ?
02:03Écoutez, les instructions que j'ai données encore aux préfets de zone que j'ai réunis hier après-midi,
02:09elles ont été claires.
02:10J'aurais dit qu'ils avaient parfaitement le droit de manifester.
02:13Bien.
02:14En revanche, qu'il y avait des lignes rouges, pas d'atteinte aux biens ou personnes, pas d'enquistement.
02:19Quand je vois que sans doute un membre de la coordination rurale a brûlé, a enflammé dans une direction du territoire,
02:28la DTTM à Mont-de-Marsan, alors qu'il y avait du personnel à l'intérieur, ça n'est pas acceptable.
02:33J'ai demandé au préfet, la préfète l'a fait, que systématiquement, quand il y a ce genre d'action,
02:39eh bien, il y ait un signalement à la justice pour que les fautifs soient poursuivis.
02:43Donc, encore une fois, la cause est juste, la manifestation, le droit de manifester est constitutionnel,
02:50mais il y a des limites, et les limites pour les agriculteurs sont les mêmes limites que pour l'ensemble de nos concitoyens.
02:56Je suis ministre...
02:57Je vous pose la question, ce n'avait pas été le cas par rapport à l'ancien ministre de l'Intérieur,
03:00qu'il y avait une forme de géométrie variable, une compréhension différente par rapport aux agriculteurs et d'autres mouvements.
03:06Mais je ne suis pas ministre de l'Intérieur à mi-temps.
03:09Quand on veut rétablir l'ordre républicain, on doit l'imposer avec des règles qui sont justes, une juste fermeté.
03:17Voilà, c'est tout.
03:18Et j'observe d'ailleurs qu'un grand syndicat agricole, je le vois bien, est responsable, mesure ses actions.
03:24Il y a de la FNSEA.
03:25Et j'avais rencontré d'ailleurs la semaine dernière son président, Arnaud Rousseau, pour donner les limites, évidemment.
03:31Au sujet de l'immigration à présent, Bruno Rotailleau, les derniers chiffres révélés par le JD News montrent une fermeté
03:37qui porte déjà ses fruits.
03:39Augmentation des expulsions de 586 %, les éloignements augmentent aussi de près de 44 %,
03:44les refus de délivrance de titres pour motifs de trouble à l'ordre public augmentent de 14 %.
03:49Ce sont des chiffres de comparaison, je le précise, entre fin septembre 2023 et fin septembre 2024, lors de votre arrivée à Beauvau.
03:57Alors, ça va dans le sens de la fermeté.
03:58Il peut y avoir aussi l'héritage de l'ancien ministre.
04:01Malgré tout, est-ce que c'est le signe qu'il y a une clarté dans les directives données au préfet ?
04:06La clarté, je pense que c'est le début de l'action politique.
04:09Il y a eu le texte sur l'immigration qui a été très contesté, vous vous souvenez,
04:13et je pense que ce texte nous a donné beaucoup d'outils.
04:16Il faut aller plus loin.
04:17Moi, j'ai donné des consignes très précises au préfet.
04:19J'ai déjà fait une circulaire de pilotage.
04:23Je leur ai dit que mon objectif était de faire reculer, bien entendu, l'immigration.
04:27On lutte contre l'immigration irrégulière et il faut donner des titres de séjour au compte-gouttes.
04:32Voilà, je pense que c'est une demande des Français.
04:35L'an dernier, vous vous rendez compte, on a accueilli, tout compris immigration régulière et irrégulière,
04:40à peu près la population de la ville de Lyon, plus d'un demi-million d'étrangers sur le sol français.
04:46Vous savez, aujourd'hui, nos compatriotes, qu'ils soient de droite ou de gauche, ils ont la même demande.
04:51La demande, c'est d'être fermes, de reprendre le contrôle d'un mouvement migratoire
04:55qui nous a largement échappés et qui crée du désordre en France.
04:58Alors, ces bons chiffres, en tout cas ces premiers chiffres dans le verre,
05:00ne doivent pas masquer aussi ce qui manque, ce qui pêche, ce sont les OQTF.
05:04Est-ce que vous pouvez nous affirmer ce matin, M. le ministre,
05:05que vous arriverez à obtenir la révision de la fameuse directive de retour européenne, justement ?
05:11C'était ma priorité.
05:13J'ai un plan pour l'immigration qui est un plan qui est très articulé,
05:17une défense de l'avant à l'international pour empêcher des flux de venir.
05:22C'est pour ça que je multiplie, nous multiplions des accords bilatéraux.
05:24Par exemple, il y a quelques jours, avec le Kazakhstan, pour éloigner évidemment des Afghans, par exemple.
05:29Ensuite, l'Europe, on a une directive retour, vous l'avez souligné,
05:33elle est mal nommée, c'est une directive anti-retour.
05:36Elle nous empêche les éloignements des étrangers.
05:38J'en ai fait ma priorité.
05:39Je peux vous l'annoncer aujourd'hui, aux derniers conseils des ministres de l'Intérieur,
05:43les 27 ministres de l'Intérieur européen,
05:46j'ai mis le dossier sur la table et à la quasi-unanimité, nous l'avons décidé.
05:50Et donc, ce sera sous la présidence polonaise.
05:53La Pologne prend la présidence de l'Union à partir du mois de janvier prochain.
05:57Ce sera vraiment la priorité des priorités.
05:59Et nous obtiendrons la modification de cette directive retour
06:03pour rendre beaucoup plus facile les éloignements.
06:05Ce sera une grande victoire qui va nous permettre de reprendre cet outil juridique en main
06:11qui est essentiel pour les éloignements.
06:12Encore faut-il qu'il y ait les laissés-passer consulaires de l'autre côté.
06:15Oui, mais justement...
06:16C'est toujours le même sujet.
06:17Oui, mais avec les accords bilatéraux, par exemple,
06:20il suffira de montrer que quelqu'un a transité ou a séjourné dans un pays,
06:24même si ce n'est pas son pays d'origine,
06:26et nous pourrons le renvoyer.
06:29Je viens d'organiser dans les dernières semaines, d'ailleurs,
06:32deux vols groupés qu'on appelait Charter avant,
06:34Géorgie, et puis avec des Albanais.
06:38Et je pense que cette politique, je la poursuivrai.
06:40Sur la scène européenne et sur la scène nationale, bien sûr,
06:42il y a une perspective de nouvelle loi immigration.
06:44Mais d'abord, parlons, Bruno Rotailleau, de la précédente.
06:48Sur le site de l'Assemblée nationale,
06:49et j'invite nos téléspectateurs et auditeurs à y aller,
06:52on découvre que seuls 27% des décrets de la loi immigration
06:56ont été promulgués.
06:56En clair, un tiers de la loi immigration seulement est en application.
07:01On entend ce matin votre discours volontariste.
07:03Qu'est-ce que vous comptez faire pour remédier et accélérer les choses à ce niveau-là ?
07:07Vous avez raison, ces chiffres, lors de mon arrivée, je les ai découverts.
07:11Et beaucoup de décrets n'ont pas été publiés
07:14pour des raisons qui tiennent au contexte politique, sans doute.
07:18Simplement, j'ai demandé à mon inspiration
07:20de ce que, pour les décrets qui concernent le ministère de l'Intérieur,
07:23tout soit réalisé, finalisé, publié, avant la fin de cette année.
07:28Et ça le sera.
07:29Avant la fin de cette année ?
07:30Avant la fin de cette année.
07:32Les décrets qui dépendent de mon ministère.
07:34Il y en a qui dépendent, par exemple, du ministère du Travail, de la Santé.
07:36Et je veillerai aussi à ce que mes collègues puissent prendre en charge
07:39cette rapidité, cette réactivité, parce qu'on ne peut pas comprendre.
07:42Lorsqu'il y a une loi qui s'implique, il faut que les décrets suivent.
07:45Sinon, quand on demande une autre loi.
07:46Évidemment.
07:47Dans la lutte contre la délinquance du quotidien, Bruno Rotailleau,
07:50les chiffres, ce matin, de la grande enquête VRS-VQ et ressenti en matière
07:54de sécurité du ministère de l'Intérieur, parlent d'eux-mêmes.
07:57Le ressenti sur l'insécurité, je vais donner quelques chiffres rapidement.
08:01Plus 14% dans son domicile, plus 10% dans les transports.
08:04Et puis, ce chiffre, 10% des interviewés, c'est comme si c'était une grande enquête.
08:08200 000 personnes interrogées renoncent à sortir de chez eux.
08:11C'est une forme de capitulation par rapport à une violence qui devient contrôlable.
08:16C'est une violence qui s'épand sur tout le territoire.
08:18C'est une violence qui devient de plus en plus désinhibée.
08:21Et c'est une violence qui touche de plus en plus des jeunes.
08:24De plus en plus de jeunes sont des victimes.
08:26Et de plus en plus de jeunes sont des tueurs, sont des auteurs.
08:29C'est dramatique.
08:30Ce n'est pas seulement une question de sentiments.
08:32C'est une réalité.
08:33Toutes les 20 minutes, un refus d'obtempérer et tous les jours, au moins 1000 agressions.
08:38C'est la raison pour laquelle j'ai réuni les préfets, les policiers,
08:41les responsables des départements, les gendarmes à l'école de guerre,
08:44dans l'amphi Foch, il y a quelques jours, pour leur donner des instructions qui sont claires.
08:47Je vais leur donner plus de liberté.
08:49Je vais leur dire, écoutez, les préfets de départements,
08:51les directeurs de la police des départements,
08:53les colonels chargés des groupements de gendarmerie des départements,
08:56je vais vous donner cette liberté parce que ce qui se passe en Vendée
09:00n'est pas sans doute la même chose qu'il s'y passe dans le Val-de-Marne ou ailleurs.
09:04Donc vous allez me faire des plans de rétablissement de cette autorité au quotidien.
09:08Je vous donne de la liberté, mais en contrepartie,
09:11c'est des résultats que j'attends.
09:12Et vous allez mettre aussi, vous allez travailler dans ce plan de restauration
09:16de l'ordre public au niveau quotidien.
09:19Les maires, les élus, dans le coup, c'est fondamental.
09:22C'est important. D'ailleurs, vous serez au congrès des maires tout à l'heure.
09:25Les maires face à l'insécurité aussi.
09:27Le plan, pardonnez-moi, Monsieur, le plan d'action, c'est pour le 15 janvier.
09:30Vous leur donnez plus de liberté pour plus de résultats
09:33et vous voulez un diagnostic territoire par territoire.
09:35Mais qu'est-ce que vous demandez précisément, mis à part des résultats ?
09:37Qui ciblez-vous ?
09:38Je cible d'abord ce qu'on appelle les délinquants d'habitude,
09:41ceux qui pourrissent la vie des Français.
09:44Pour être clair, on a une statistique qui est terrible.
09:46Entre 5 et 10 % de ces délinquants d'habitude,
09:49ce qu'on appelle les multirécidivistes, les multiréitérants,
09:52entre 5 et 10 % sont à l'origine cause à peu près au moins 50 % des actes de délinquance.
09:57Donc moi, ce que je veux, c'est que ces gens-là, on les appréhende.
10:01On les met à l'ombre. Ensuite, il faut que la justice fasse son travail.
10:04Parce qu'une fois qu'on a une baisse de 50 % des actes de délinquance,
10:09on respire un peu plus. Donc on va mieux cibler.
10:11Ça ne sert à rien de partir et de se disperser dans tous les sens.
10:15Je pense qu'il faut cibler et c'est ce que je leur demande dans ce plan.
10:18Ils connaissent bien le terrain et ils auront des résultats.
10:20Et il faut que la justice fasse son travail. On aura noté votre phrase.
10:23Il ne sert à rien d'avoir un plan aussi ferme soit-il s'il n'y a pas la composante judiciaire.
10:28D'abord, on ne peut pas me demander d'avoir des résultats
10:31si l'ensemble du continuum et le continuum de sécurité,
10:34c'est la police, c'est la gendarmerie, c'est le ministère à l'intérieur.
10:37Ce sont les élus, le coup, avec les polices municipales.
10:40Je vais conclure ce matin une table ronde avec des maires, des élus,
10:44pour voir comment on peut aller plus loin, pour mieux équiper,
10:46pour donner plus de pouvoir aux policiers municipaux.
10:49Et puis il y a la justice.
10:50J'étais à Meaux, dans la ville dont le maire est Jean-François Copé.
10:54Il y a un travail remarquable et on voit bien que quand l'État,
10:57quand la justice, le procureur, le président du tribunal étaient là,
11:00fantastique, vraiment, c'était remarquable.
11:03Il y a des résultats.
11:04Vous parlez justement des polices municipales, ce bouveau des polices municipales.
11:07Ce sondage, Bruno Retailleau, que je vous livre ce matin sur CNews Europe 1,
11:12sondage CSA pour notre chaîne le JDD Europe 1,
11:1566% des Français estiment qu'il faut systématiser le port d'armes pour les policiers municipaux.
11:20À Poitiers, la maire écologiste fait de la résistance.
11:22Il y a un appel à la grève des policiers municipaux
11:24qui réclament le droit d'être armés après une énième fusillade.
11:28Quel sursaut ? Que faut-il faire ? Systématiser ce port d'armes ?
11:32Moi, je suis attaché, puisque j'ai été élu local, à la liberté des élus locaux.
11:36Parce que la police municipale exprime le pouvoir de police du maire.
11:39Donc, c'est au maire de voir et de décider.
11:42Mais ce que je dis au maire, et y compris à la maire de Poitiers,
11:45c'est qu'aujourd'hui, les policiers municipaux sont confrontés à cette ultra-violence.
11:49En les armant, on les protège.
11:51Mais en les armant, ça permet de protéger beaucoup mieux nos concitoyens.
11:55Encore une fois, j'ai cité l'exemple de Meaux.
11:57Je pourrais citer l'exemple de Metz.
11:58J'étais chez François Gros-Didier, qui est maire de Metz, il y a quelques jours.
12:02À chaque fois, vous voyez, il y a des résultats.
12:04Donc, il n'y a pas de fatalité.
12:06Quand vous avez ce continuum, cette continuité,
12:08l'État, les maires, la justice,
12:11eh bien, ça fonctionne et on obtient des résultats.
12:13Alors, sur les peines, faut-il des peines de prison ferme ?
12:16Par exemple, M. Rotaillos,
12:18pour ceux qui menacent de mort des enseignants ou des chefs d'établissement.
12:20On vient de voir ce qui s'est passé avec la décision de justice
12:23autour de celui qui avait menacé le proviseur du lycée Maurice Ravel.
12:27600 euros d'amende et un séjour de citoyenneté.
12:29Le parquet, il est vrai, a fait appel.
12:31Mais est-ce que là, il faut automatiser le passage par la casse-prison,
12:34sachant que nous n'avons pas de peines planchers ?
12:36Ça reviendra à cela, si vous dites automatisation.
12:40J'ai toujours été favorable aux peines planchers,
12:42mais les peines planchers ne sont pas dans l'arsenal dont dispose la justice.
12:45Et vous le regrettez ?
12:46Un, je le regrette.
12:47Très franchement, la décision et la sanction, elle est trop légère.
12:51J'ai été révolté il y a quelques jours à Marseille.
12:53Je vais vous donner un autre exemple qui m'a vraiment révolté.
12:57Le 11 novembre dernier,
12:59deux individus sans doute reliés à la DZ Mafia
13:02veulent estocker des fonds à un commerçant,
13:058 000 euros, et ils tabassent l'employé.
13:08Heureusement, nos policiers anticriminalités tombent dessus.
13:12Comparution immédiate, malheureusement,
13:14ils sont remis en liberté, certes, sous contrôle judiciaire.
13:17Ils seront jugés, bien entendu, au mois de janvier.
13:21Mais est-ce que vous vous rendez compte ?
13:23Le commerçant, lui, qui a dénoncé ces individus,
13:26qui sans doute sont reliés à la DZ Mafia,
13:28il vit dans quel état aujourd'hui ?
13:30Est-ce qu'il faut le protéger ?
13:32Il faut vraiment que chacun assume ses responsabilités.
13:36Au mieux, on est dans un état où l'ultra-violence
13:38est en train de cangréner nos villes, mais nos campagnes.
13:41Il y a le narcotrafic, et ça, je suis fondamentalement engagé,
13:45parce que, là encore, c'est une des causes racines de cette ultra-violence.
13:48Quand j'ai posé la question il y a quelques jours, ici même,
13:50à votre place, sur CNews et Europe 1, aux gardes d'essau,
13:53il m'a dit qu'il n'y a pas de laxisme de la justice.
13:55Il n'y en a pas.
13:56Non, mais moi, ce que je constate, d'ailleurs, le procureur,
13:58d'ailleurs, le procureur qui est encore relié,
14:00j'espère que ça durera, à la chancellerie ou aux gardes d'essau,
14:02a fait appel de la décision de justice à Marseille.
14:05Donc, attention, il ne faut pas généraliser.
14:08Simplement, moi, parce que j'ai des policiers, des gendarmes
14:11qui sont en première ligne, ils ont des familles.
14:14Ils risquent gros.
14:14Et quand ils arrêtent des individus qui,
14:18otages pour les antécédents judiciaires,
14:20ont 10, 20, etc., ça les déprime.
14:24Voilà, je ne veux pas qu'ils soient démobilisés.
14:26On a besoin de tout le monde, mais je sais que,
14:27très franchement, les magistrats font leur travail.
14:29Et eux aussi, ils subissent un poids,
14:32une contrainte de la lourdeur des procédures.
14:34Vous savez, les mafias qui ont d'excellents avocats,
14:37ils se faufilent.
14:38Plus il y a de complexité dans la procédure judiciaire,
14:41plus ça profite, non pas au plus faible.
14:42Donc, la complexité, ce n'est pas de l'idéologie ?
14:44Ah, il peut y avoir de l'idéologie.
14:46Il peut y avoir de l'idéologie.
14:47Ça, c'est clair.
14:48On le sait très bien.
14:50Alors, que fait-on ?
14:50Parce que vous avez quand même le verbe, si je puis dire,
14:52haut sur certains sujets par rapport aux mafias.
14:55Allez-y, M. Rotailleux, vous avez parlé de mexicanisation,
14:58qui signifie aussi, puisque, rappelons,
15:00le poids des mots est important, un système quand même de corruption
15:03qui pourrait être généralisé dans les ports,
15:05auprès des gardiens de prison, dans nos institutions ?
15:08Généraliser, ne l'est pas encore, mais je l'affirme à ce micro.
15:10Il pourrait l'être ?
15:11La corruption, oui.
15:13C'est pour ça qu'on comprenne bien pourquoi je fais de cette cause,
15:17de la lutte contre le narco-banditisme, la criminalité organisée,
15:20je veux qu'on en fasse une cause et un combat national.
15:22Et de ce point de vue-là, avec Didier Migaud,
15:24on est parfaitement alignés.
15:26Et avec le Premier ministre, Michel Barnier.
15:29Ce qui est fondamental de comprendre,
15:30c'est qu'aujourd'hui, tous les territoires sont gangrénés, tous.
15:35Le rapport sénatorial a été très, très clair.
15:38Et on a bien vu qu'un certain nombre de professions,
15:41publiques comme privées,
15:42commençaient à être atteintes par des phénomènes de corruption.
15:46Donc, il faut prendre le taureau par les cornes.
15:49Il y aura un texte qui sera examiné au Sénat,
15:51qui est le fruit d'ailleurs du travail de la commission d'enquête,
15:53que j'avais moi-même, quand j'étais président du groupe LR,
15:56au Sénat diligenté.
15:57Je crois qu'on va se donner les mêmes instruments
16:00qu'on s'est donnés il y a dix ans avec le terrorisme.
16:02C'est la même chose.
16:03Moi, je veux que le sursaut que l'on a eu,
16:05le réarmement de l'État régalien,
16:06qu'on a opéré pour lutter contre le terrorisme,
16:09cette année, on aura sans doute une petite dizaine d'attentats
16:11qu'on aura déjoués.
16:12Peut-être que demain, il y en aura.
16:14Mais croyez-moi, on n'en est plus du tout au même point.
16:16Je veux maintenant qu'on réarme l'État aussi
16:19pour et contre la lutte.
16:21On peut noter d'ailleurs que dans cette lutte,
16:23vous avez à vos côtés peut-être des soutiens inattendus,
16:25comme des maires communistes.
16:27Je pense aux maires communistes de Montreuil,
16:29qui a dit qu'il y avait certaines idées positives
16:31que vous portiez.
16:32Est-ce que vous pourriez aussi, Bruno Rotailleux,
16:33vous inspirer de certains pays dans le monde ?
16:35Alors évidemment, il y a un côté autoritaire
16:37qu'il faut mettre de côté, voire antidémocratique.
16:40Mais par exemple, pourquoi le Salvador a-t-il réussi
16:42justement à lutter et à mettre fin à certains trafics ?
16:46J'observe déjà, vous citez le maire de Montreuil.
16:50Je suis persuadé que sur ce texte,
16:53sur cette lutte contre la criminalité organisée,
16:55on aura une forme d'unité nationale.
16:58Combat national, unité nationale.
17:00Je l'espère vraiment.
17:01Mais certains sont pour la légalisation du cannabis.
17:02Je sais, je sais.
17:03Mais voyez, qu'un maire communiste et beaucoup d'autres.
17:06J'ai reçu des témoignages de soutien de maires de gauche,
17:10vous voyez, sur l'action que je mène,
17:12qui est une action de fermeté.
17:13Bien sûr, il y a l'exemple que vous citez.
17:15Il y a aussi l'exemple italien.
17:16Un seul, un seul point.
17:18On a, par exemple, on sait...
17:19Pardonnez-moi, quand vous dites, bien sûr,
17:20l'exemple que vous citez, le Salvador peut-être...
17:22Non, l'Italie.
17:23L'Italie.
17:24Par exemple, le statut des repentis.
17:25On sait qu'on n'a pas ce statut-là en France.
17:29Il le faut parce que c'est comme ça que l'Italie
17:31a gagné des points contre les mafias.
17:33Un autre exemple.
17:35Moi, j'ai un commissaire de police
17:36qui a failli être condamné il y a quelques semaines.
17:38Pourquoi ?
17:38Parce qu'il y avait eu un travail avec des indicateurs.
17:41Il faut donner un cadre, un cadre légal.
17:43Parce que si nos policiers et nos gendarmes
17:45ne peuvent pas travailler avec des indicateurs,
17:47jamais on n'arrivera, précisément,
17:49à porter des coups fatals sur ces réseaux
17:52qui sont extrêmement puissants.
17:53Alors, vous nous direz tout à l'heure
17:54si vous avez les moyens politiques de vos ambitions, Bruno Rotoy.
17:57Mais tout d'abord, est-ce que comme le ministre de l'Économie,
17:58ce matin, dans le Parisien, Antoine Armand,
18:00vous dites au Premier ministre
18:02« Attention, attention à l'impôt de trop ? »
18:05Non, mais bien sûr.
18:06J'ai toujours...
18:07C'est quand même une pression sur le Premier ministre.
18:09Ce n'est pas une pression.
18:10Simplement, Michel Barnier, en 15 jours,
18:12il a dû faire un des budgets les plus exigeants
18:15qu'on ait jamais fait sous la Ve République.
18:17Jamais.
18:17Vous le qualifiez d'exigeant
18:18ou vous le qualifiez d'équation totalement insoluble ?
18:20Exigeant.
18:21C'était insoluble.
18:22Et la copie, elle n'est pas parfaite.
18:23Ce n'est même pas moi qui le dis.
18:24J'utilise les mots même du Premier ministre.
18:26On est bien conscients.
18:28Deux tiers d'économie, un tiers de dépenses.
18:31Est-ce que tout cela nous réjouit ?
18:33Eh bien, non.
18:33Simplement, si ça n'était pas ça,
18:36c'était la crise financière.
18:37On va voir dans quelques jours,
18:38une grande agence de notation va donner une note
18:41en matière de dette française.
18:43Mais croyez-moi, si Michel Barnier n'avait pas eu ce courage
18:47de prendre encore le taureau par les cornes
18:49et d'avoir un budget très, très, très exigeant,
18:51la crise financière...
18:52J'ai regardé ce qu'il en avait été en Grèce.
18:55C'est moins 20 à moins 50 % pour les retraites publiques ou privées.
18:59C'est une baisse de salaire qui touche les plus petits salaires,
19:02de moins 15 à moins 20 à moins 30 %.
19:04Donc, s'il ne passe pas à crise financière,
19:07hier, le ministre des Affaires étrangères a affirmé sur ce plateau
19:11que si Marine Le Pen votait la motion de censure,
19:14ce serait la chienlit ?
19:16Ce n'est pas déjà le cas ?
19:17C'est la crise politique,
19:19mais c'est immédiatement la bascule dans une crise financière.
19:22C'est vous le chaos, monsieur le ministre de l'Intérieur ?
19:25Ce n'est pas ça du tout.
19:26Mais ce que je peux dire, et je l'affirme à ce micro,
19:29c'est que demain, si le gouvernement tombait sur le budget,
19:32il y aurait immédiatement une crise financière.
19:34Et les mécanismes de crise financière, je les ai étudiés,
19:38on voit comment ça se passe.
19:39Ne croyez pas que la France soit exempte, justement,
19:42et puisse être à l'écart de tout ça.
19:44Crise financière et crise de régime ?
19:46Crise financière et crise politique.
19:48Vous savez que la dissolution...
19:49De régime politique, oui.
19:51De régime et politique, pourquoi ?
19:53Parce que la dissolution, on ne peut en faire une nouvelle
19:57que dans un an, que à l'été prochain,
19:59avec des élections au mois de septembre.
20:01Ça sert à quoi de faire tomber un gouvernement sur un budget ?
20:05Ça sert précisément à mettre le chaos financier.
20:08A bon entendeur Marine Le Pen.
20:09C'est-à-dire Marine Le Pen, si elle appuie sur le bouton,
20:11elle met le chaos, c'est elle qui serait comptable de la situation financière.
20:15Moi, je respecte chacun sa propre politique.
20:19Mais faire tomber le gouvernement, très bien.
20:22Pour mettre un Premier ministre de gauche ?
20:25Pour mettre à ma place Mme Pannot comme ministre de l'Intérieur ?
20:29C'est ce que veut le Rassemblement national ?
20:32Faire tomber un gouvernement où il y a des gens de bonne volonté ?
20:36C'est l'union des bonnes volontés.
20:37Tout n'est pas parfait.
20:39J'en suis parfaitement conscient.
20:40Les Français nous ont donné une situation qui est compliquée.
20:43Il n'y a pas de majorité au Parlement.
20:44Vous avez imprimé votre marque Bruno Rotaillot au ministère de l'Intérieur.
20:48Votre nom est désormais cité comme potentiel présidentiable.
20:51Reste à savoir si vous aurez les moyens de vos ambitions si tel n'était pas le cas.
20:54Est-ce que vous assumeriez de dire je ne peux pas agir comme je souhaite ?
20:58Je ne peux pas tenir les promesses que j'ai faites,
21:00notamment sur CNews et Europe 1 ce matin.
21:02Je quitte donc mes fonctions.
21:03Ah non, mais je pense que la règle est claire.
21:06Je crois que quand Michel Barnier m'a choisi pour ce poste
21:10qui est un poste très exigeant, très difficile de Beauvau,
21:14il a choisi un style, il a choisi des convictions, il a choisi un homme.
21:18Chacun sait que je n'ai jamais reculé sur mes convictions.
21:21Chacun sait, et vous l'imaginez, que si demain on m'entravait,
21:26et si demain on me demandait ou on m'imposait des contraintes
21:30qui rendraient impossible la politique,
21:32le cap que le Premier ministre lui-même m'a donné d'ailleurs,
21:35j'en tirerais les conséquences.
21:37Évidemment.
21:39N'êtes-vous pas en train de préparer les conditions de votre départ ?
21:41Mais non.
21:42Ne vaut-il pas mieux partir seul, choisir son départ,
21:45que partir emporté par une mission de censure ?
21:47Je veux démontrer... Non, non.
21:49Très franchement, d'abord, vous avez parlé de la présidentielle.
21:52Moi, ma force, c'est ma liberté.
21:54Moi, je ne suis pas dévoré par le virus de la présidentielle.
21:58Je ne suis pas dans le coup d'après,
22:00ce qui me donne une forme de force et de liberté.
22:03Vous êtes une anomalie dans l'orchestre politique, M. Retaillez.
22:06Peut-être, mais en tout cas, je suis là pour accomplir une mission.
22:10Pour moi, la politique, c'est un idéal.
22:12Voilà, c'est un idéal.
22:13Cet idéal, je m'y consacre.
22:15Et je veux montrer, et je le montrerai, si j'ai du temps,
22:17je le montrerai, que la politique, elle peut faire quelque chose.
22:21Si vous avez du temps, vous avez tout dit.
22:22Est-ce qu'il y a des lignes rouges ?
22:23Je pense, par exemple, et je connais, on connaît vos convictions
22:26depuis très longtemps sur l'euthanasie, sur le suicide assisté.
22:29Si le gouvernement ne tombe pas avant,
22:31est-ce que vous pourriez rester au sein d'un exécutif
22:33qui fait passer une telle loi ?
22:36Un projet de loi, ça me poserait des questions, c'est clair.
22:40Des questions existentielles, j'ai supposé.
22:41Des questions qui sont importantes.
22:43Encore une fois, j'ai des convictions et qu'on ne me demande pas de les changer.
22:46Je me suis déjà exprimé à multes reprises.
22:49Je pense que l'objectif et la priorité, ça doit être de permettre
22:54aux Françaises, aux Françaises, au moment où ils vont mourir,
22:56de les soulager.
22:57Mais on peut les soulager avec des soins palliatifs.
23:00C'est ce que je veux.
23:01Et je pense que le gouvernement serait bien inspiré
23:03d'avoir un grand plan massif, massif de déploiement
23:07des services de soins palliatifs.
23:08Parce qu'il y a, au moment où je vous parle, 20 départements
23:11qui en sont privés, des centaines de personnes qui vont mourir
23:14sans qu'on puisse soulager la douleur.
23:15C'est ce que moi, je veux.
23:17Et je pense que l'euthanasie est une mauvaise solution.
23:20Qui est le chef de la droite aujourd'hui, M. Retailleau ?
23:22Vous serez demain en déplacement avec Laurent Wauquiez.
23:24Évidemment, cette image va beaucoup faire parler.
23:27Je suis très heureux de me rendre en haute loi.
23:29Je m'imagine. Ma question, c'est qui le chef de la droite ?
23:32Laurent Wauquiez est le patron de notre groupe,
23:36LR à l'Assemblée nationale.
23:37Qui est le patron du patron ?
23:39Le patron du patron, aujourd'hui, il y a un parti
23:42qui n'a pas de président.
23:44Vous savez pourquoi ?
23:45Je pense que Laurent peut jouer à l'avenir un rôle important.
23:47Et vous aussi ?
23:49J'imagine que les Français vous voient comme candidat
23:52potentiel et présidentiable.
23:53Ça doit aussi...
23:54Non, je ne suis pas sûr qu'ils me voient...
23:56Moi, les Français, j'en suis sûr, parce que je suis moi-même
23:58surpris du soutien de mes mesures de fermeté.
24:01Parfois, j'ai pu créer des polémiques.
24:02Je m'en fiche.
24:03C'est en fait, en réalité, ce que pensent, par bon sens, les Français.
24:06Un homme d'action, donc ?
24:08Totalement.
24:08Je veux démontrer que la politique n'est pas impuissante,
24:11qu'on peut bousculer la fatalité.
24:13Et ça, c'est fondamental.
24:14Qu'on soit de droite ou qu'on soit de gauche,
24:15on devrait essayer de croire encore à la politique.
24:17Pour croire en la politique, il faut des actes et des résultats.
24:20Mais j'en aurai, si on me donne du temps.
24:22Merci, M. Rotailleau.
24:23C'était votre grande interview.
24:24Je vous dis à bientôt sur CNews 0.

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