Avec Laurent Lhardit, député des Bouches du Rhône et adjoint au maire de
Marseille et Philippe Latombe, membre du groupe MoDem, Secrétaire
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00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous, l'émission dédiée au digital, à
00:08l'innovation et à la tech responsable.
00:10Cette semaine, c'est achevé le salon des maires et des collectivités locales à Paris,
00:14la grande messe annuelle qui permet de trouver des solutions pour équiper nos villes et
00:18nos campagnes.
00:19On a pu bien sûr y rappeler l'essor du numérique, néanmoins, le temps est venu de rassurer
00:23les citoyens.
00:24En effet, comment éviter que les antennes et autres équipements techniques ne viennent
00:27détruire nos paysages ? Comment accéder aux services publics et payer ses impôts
00:31en ligne quand on n'a pas de réseau ? Et comment les acteurs publics peuvent-ils s'engager
00:34à former les citoyens les plus éloignés du numérique ? C'est ce que nous tenterons
00:38de comprendre avec nos invités.
00:39Le numérique pour tous, spéciale collectivité, c'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:44Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:48Et pour commencer cette émission, nous avons le plaisir de recevoir le député des Bouches
00:52du Rhône et adjoint au maire de Marseille, M.
00:54Laurent Lardi.
00:55Bonjour, on est ravi de vous avoir en plateau aujourd'hui.
00:57Ravi d'être avec vous également.
00:58Merci.
00:59Avant de commencer, Laurent, vous étiez à la grande messe annuelle du Salon des maires
01:02et des collectivités cette semaine.
01:04Il y a toujours une frénésie d'équipements avec l'IA ou alors on commence à avoir une
01:08approche un peu raisonnée et puis la part de voix des citoyens devient un peu plus prégnante,
01:14on va dire ?
01:15Ça se calme.
01:16Je pense qu'on arrive maintenant à une réflexion sur la sobriété qui est extrêmement importante
01:21dans ce qu'on appelle maintenant, de manière globale, le numérique responsable.
01:24C'est de se poser la question de ce dont on a véritablement besoin, de rationaliser
01:28pour ce qui concerne les collectivités, les écoles, les achats pour avoir ce qu'il faut
01:34et pas à l'excès.
01:35Et en tout cas, ce n'est pas en achetant du matériel, du matériel, du matériel.
01:38Il faut mener une réflexion beaucoup plus en profondeur pour répondre aux besoins.
01:42Alors néanmoins, il y a un essor qu'il s'agisse dans l'éducation, l'emploi, les loisirs,
01:47la santé.
01:48Comment on appréhende le sujet quand on est une collectivité avec la variété de sujets
01:51qui existent et puis toutes ces technologies ? Et je pense notamment à l'IA.
01:54Comment on est formé, informé ? Comment on arrive à avoir du recul pour prendre les
01:58bonnes décisions ?
01:59On s'équipe.
02:00Les élus peuvent avoir, c'est mon cas, c'est le cas d'un certain nombre d'élus à la
02:04ville de Marseille, une sorte de culture, mais il faut surtout avoir des services compétents.
02:08Donc on a recruté et puis on avait déjà au sein de la ville de Marseille des ingénieurs,
02:13des gens tout à fait compétents qui font également des stages lorsque de nouvelles
02:16technologies arrivent et qui sont capables de conseiller les élus qui ensuite prennent
02:21les bonnes décisions.
02:22Alors ces évolutions, on les a dit en introduction, elles suscitent quand même chez nos concitoyens
02:26de l'enthousiasme, mais aussi des attentes, voire des inquiétudes.
02:30J'ai envie de vous demander, vous n'avez jamais été partagé quelque part entre le
02:34choix d'une technologie pour son prix, pour son économie et ses effets délétères et
02:38justement elle n'est pas durable.
02:39Comment on arrive à jouer un peu et à mesurer ?
02:42Oui, on a tout à fait, on est allé faire des choix.
02:44Par exemple, je donne un exemple très concret, c'est qu'à un moment on a décidé que pour
02:48alimenter les besoins des écoles en matière informatique pour les enfants, donc pour
02:53les élèves, donc pour des tablettes et des ordinateurs, on allait reconditionner des
02:58matériels qui appartenaient à la ville de Marseille.
03:00Donc c'est une marque avec laquelle on a pu prendre, un constructeur avec lequel on a
03:04pu prendre un accord, lui nous a autorisé à faire des choses et nous a fourni du matériel
03:09de reconditionnement qui fait qu'aujourd'hui on est capable d'utiliser des ordinateurs
03:13ou des tablettes qui ont entre 5 et 8 ans et qui vont dans les écoles et qui sont
03:17extrêmement performants.
03:18Donc voilà typiquement le genre d'action qu'on peut mener pour plus de sobriété,
03:24pour plus d'économie aussi, parce que c'est du matériel reconditionné, c'est du matériel
03:27qu'on n'achète pas.
03:28Alors justement, à Marseille, il y a une demande citoyenne qui a émergé pour avoir
03:31une réflexion approfondie sur le numérique, pour ce fameux numérique responsable.
03:36Ce sont des mots ou ce sont des réalités très concrètes ?
03:38Non, ce sont des réalités très concrètes, c'est vrai que vous avez eu pendant des années
03:42des chartes entre les villes et les opérateurs, nous on a tenté de passer dans un premier
03:47temps une sorte de charte 2.0, une justement qui intègre toute la réflexion du numérique
03:52responsable, partagée entre les collectivités et les opérateurs.
03:55Bon ça n'a pas été possible dans un premier temps, on a fini quand même par trouver un
03:58opérateur et il se trouve que c'est celui que j'appelle toujours l'opérateur historique
04:02orange qui a accepté de passer cet accord avec nous et donc là ça nous a permis d'avoir
04:07une vraie réflexion, parfois un peu de confrontation, mais en tout cas de construire ensemble une
04:13approche différente du numérique, en particulier sur cette question dans le numérique responsable
04:19qui est celle de citoyens qui n'ont pas spécialement accès à des technologies ou qui n'ont pas
04:23la formation et qui, par exemple, pour remplir leur feuille d'impôt en ligne, ont besoin
04:30d'être aidés et d'être accompagnés, donc c'est ça qu'on met aujourd'hui en place.
04:33Mais c'est quoi les inquiétudes très concrètement ? C'est que les antennes bouleversent le paysage,
04:38de quoi ont peur les citoyens ?
04:39Oui, alors les antennes deviennent de moins en moins un problème parce que les opérateurs
04:43trouvent aussi beaucoup de solutions pour les cacher, et puis je pense qu'il y a de
04:47moins en moins d'inquiétudes par rapport à ce qu'on appelle les ondes radio-électriques,
04:51je pense que les études qui sortent au fur et à mesure permettent de rassurer.
04:54La phobie de la 5G à l'époque, des choses comme ça ?
04:56Oui, mais la Ville, nous on s'est engagé à faire quelque chose, nous on a dit on va
04:59vous donner de l'information, donc on mesure, donc on fait des grandes campagnes de mesure
05:03sur l'ensemble de la Ville, la proximité des antennes, y compris des nouvelles antennes
05:065G, et on rend cette information publique, et donc ça permet déjà de rassurer, parce
05:11que l'information publique, elle permet de voir quand même que ces antennes émettent
05:15largement en deçà des seuils qu'ils ont autorisés.
05:18Alors au-delà des gros équipements d'infrastructures, un numérique responsable, c'est aussi de
05:22permettre l'accès aux citoyens, il y a 30% de citoyens qui sont dans l'électronisme,
05:27c'est-à-dire qui ne se savent pas ou qui n'ont pas d'ordinateur, est-ce que la Ville
05:30a un engagement justement par rapport à ces citoyens ? Parce que c'est difficile de payer
05:33ses impôts quand on n'a pas d'ordinateur.
05:35Oui, et je pense que les collectivités réfléchissent toutes comme ça, c'est-à-dire qu'on a repéré
05:40plusieurs dizaines de grandes associations, petites et grandes associations, qui travaillent
05:44sur justement l'éducation numérique, et on a décidé de les aider, donc on les soutient
05:50sous forme de subventions la plupart du temps de la Ville.
05:53Dans le cadre de l'accord qu'on a passé avec Orange, Orange a fait une magnifique opération
05:58sur Marseille avec nous, c'est-à-dire qu'ils nous ont demandé d'identifier ces associations
06:03pour pouvoir leur distribuer des matériels très récents qu'ils avaient, qu'ils avaient
06:07reconditionnés.
06:08En fait, je crois qu'ils avaient changé le matériel de leurs salariés au moment du
06:12confinement, ils leur avaient donné des portables plutôt que des fixes, et là on a pu récupérer
06:16mille ordinateurs, plus de mille ordinateurs qui ont pu être distribués à ces associations
06:19à Marseille.
06:20J'aimerais quand même ajouter une chose, c'est qu'en parallèle, nous ne sommes pas
06:23dupes, on sait très bien qu'il y a beaucoup de gens qui n'arriveront jamais, on peut leur
06:26donner du matériel, de la formation, ils auront toujours du mal, donc la Ville continue à
06:31développer par exemple les bureaux municipaux de proximité, c'est là par contre des lieux
06:34bien physiques dans lesquels les gens peuvent venir pour faire toutes leurs démarches administratives
06:39parce que le numérique aujourd'hui ne peut pas se substituer à 100% des besoins.
06:44Laurent, on en vient à l'IA qui est incontournable, qui a une consommation exponentielle, vous
06:50arrivez à avoir une visibilité pour que la facture ne soit pas elle aussi exponentielle
06:54dans les années à venir ou pour l'instant vous apprenez en avançant ?
06:59C'est moins une question de facture qu'une question de disponibilité de l'énergie.
07:02Aujourd'hui, si je prends le cas de Marseille, on a des besoins pour par exemple électrifier
07:06les navires de croisière à quai, on a des besoins pour développer des réseaux de bus
07:10électriques, on a des besoins pour alimenter des centres de données, des data centers
07:14qui sont très nombreux sur la Ville et les opérateurs historiques, distributeurs énergéticiens
07:21nous expliquent qu'aujourd'hui ils ne sont pas capables de fournir, donc il va falloir
07:25faire des choix, parce qu'aujourd'hui on ne dispose pas de l'énergie électrique
07:29en quantité suffisante pour tout alimenter.
07:31Vous évoquiez tout à l'heure la montée en compétences de vos équipes et vous recrutez
07:36des ingénieurs, mais on sait qu'on manque d'ingénieurs en France aujourd'hui, comment
07:40les services publics arrivent justement à y remédier ? Vous avez une force de frappe
07:44qui est aussi importante qu'une entreprise privée ?
07:46Oui, largement.
07:47Vous savez, il y a 17 000 personnes qui travaillent à la Ville de Marseille, on a une politique
07:52de recrutement qui est extrêmement agressive parce qu'on est en concurrence avec d'autres
07:56collectivités et donc Marseille possède quand même pas mal d'atouts pour attirer
08:02du monde si vous voulez, puis on est une ville qui depuis quelques années est en train de
08:06se régénérer complètement, donc on se rend compte qu'on arrive à attirer des talents
08:10parce qu'ils ont envie de participer à cette aventure d'une ville qui est en train de renaître
08:15mais en conservant des valeurs profondes, ancrées, une ville tournée vers la Méditerranée,
08:21sans aller même dans les atouts du soleil plus de 300 jours par an et des températures
08:25agréables.
08:26Qui vous accompagne, qui vous forme vraiment au quotidien pour avoir cette vision prospective ?
08:31Il y a des cabinets de conseil, il y a justement ces ingénieurs dont vous parlez, ces jeunes
08:34générations, comment vous arrivez justement à avoir un coup d'avance aujourd'hui dans
08:37les services publics ?
08:38Écoutez, alors là oui, pour le coup, moi je sais par exemple qu'on a parmi les adjoints
08:42au maire, Christophe Hugon qui vient du Parti Pirate et qui est arrivé avec une formation
08:48d'ingénieur, de chercheur et qui a par exemple été le premier à aller convaincre
08:54les services, qu'il n'y était pas totalement, qu'il fallait travailler encore plus à fond
08:58sur les logiciels libres et c'est sous son impulsion qu'on a développé ça.
09:03Mais lui-même est en dialogue avec des gens qui ont été recrutés à l'intérieur des
09:06services de la ville de Marseille, qui sont d'un très haut niveau de compétence et c'est
09:10ça, je pense que pour rendre un bon service public, il faut être au top de l'information
09:14et je pense qu'aujourd'hui à Marseille en tout cas c'est le cas sur ce sujet.
09:17On va conclure sur la souveraineté, on sait que nos données circulent, on sait que beaucoup
09:22de matériel vient d'outre-Atlantique, c'est aussi un choix et un débat et une posture
09:25de votre côté ? Ou alors le sujet n'est plus d'actualité aujourd'hui ?
09:28Ah si, il l'est, on a un débat sur Marseille avec le développement des datacenters puisqu'on
09:33a un opérateur principal, on a besoin de développer les centres de données en France,
09:38qui sont construits un petit peu partout, la question qui se pose aujourd'hui c'est
09:41que lorsque ce sont des entreprises étrangères, en particulier une entreprise américaine,
09:45c'est le cas, attention parce qu'elle est soumise au Patriot Act, c'est-à-dire qu'elle
09:51peut faire à peu près n'importe quoi à partir du moment où l'État...
09:54Du moins ce qu'elle veut.
09:55Voilà, la NSA lui demande par exemple de fournir des données, elle est obligée de
09:59le faire.
10:00Donc voilà, il est important aujourd'hui de mener une réflexion, et ça c'est plutôt
10:02dans ma peau de député et de parlementaire que je le dis, de mener une réflexion approfondie
10:07sur l'indépendance française, l'indépendance européenne, il faut qu'on crée des champions
10:12français et européens parce que cette guerre-là, et c'est une vraie guerre sur le numérique,
10:17elle va continuer de se développer et il faut qu'on ait les armes pour se battre.
10:20C'est une belle intention, vous y croyez encore, vous êtes optimiste ? On s'est donné les
10:24moyens de le faire ou c'est trop tard ?
10:25J'y crois, j'étais l'autre jour dans une conférence avec le fondateur de Mistral,
10:29Dia, et oui, je crois qu'on peut créer des champions français, on peut créer des champions
10:34européens.
10:35Voilà, il ne faut juste pas louper la marche.
10:38Merci beaucoup Laurent Lardy, j'appelle que vous êtes député des Bouches-du-Rhône
10:41et adjoint au maire de Marseille.
10:43Restez avec nous, on marque une courte pause et dans quelques instants, on vous fera découvrir
10:46les choix cornéliens auxquels nos élus sont confrontés pour équiper des dernières technologies
10:50leur territoire de manière durable et responsable.
10:53Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants et c'est sur Sud Radio.
10:56Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
11:00Et pour continuer cette émission spéciale numérique et territoire, nous avons le plaisir
11:04de recevoir Philippe Latombe, député, membre du groupe Modem, secrétaire de la commission
11:09des lois.
11:10Philippe Latombe, bonjour.
11:11Ravie de vous avoir en plateau.
11:12Alors Philippe, on l'a compris avec Laurent Lardy, député des Bouches-du-Rhône, c'est
11:17pas évident pour nos élus de s'assurer que les infrastructures numériques déployées
11:21respectent systématiquement les normes de souveraineté, de sécurité de données ou
11:24de frugalité énergétique.
11:25Comment on peut s'assurer quand on est un élu qu'on fait les beaux choix ? Qui vous
11:30conseille ?
11:31D'abord, et puis il y a eu le salon des maires cette semaine, un grand satisfait cite aux
11:36collectivités, notamment les agglomérations, les départements et les régions, qu'on fait
11:39des très bons choix depuis quelques années sur l'ensemble des domaines que vous avez
11:44indiqués, notamment souveraineté et frugalité.
11:47La cybersécurité reste un sujet qui est à part entière.
11:52Comment on fait un choix ? Je pense qu'ils ont fait des bons choix parce qu'un certain
11:56nombre de ces chantiers ont été portés par des élus très engagés dans le numérique
12:00et qui donc se sont acculturés complètement au numérique et sont généralement dans le
12:05secteur privé des gens issus du numérique.
12:09Il y a une sorte d'intuitu personae entre la collectivité et cet élu qui fait ensuite
12:13pousser les bons choix.
12:14Vous vouliez dire qu'il y a une nouvelle génération d'élus qui ont fait une suite
12:16à temps où il n'y avait pas une grande connaissance du numérique en politique ?
12:19Ça reste vrai au niveau exécutif à la tête des conseils municipaux, des conseils d'agglomération,
12:25mais il s'appuie sur des vice-présidents ou sur des élus qui sont en charge de ces
12:28dossiers-là, qui les connaissent et ça aide beaucoup.
12:30Et puis les collectivités ont toujours une grande culture de la proximité avec leurs
12:34fournisseurs et ce n'est pas pour rien que les collectivités achètent assez régulièrement
12:39pour les cantines scolaires de la nourriture bio et en circuit court, pour le numérique
12:43ils font pareil, ils s'appuient sur des compétences locales et qui sont des compétences qui sont
12:47assez ouvertes à ces sujets de souveraineté, de frugalité et de cybersécurité.
12:53Compétences locales, quand on ne peut pas faire autrement qu'acheter américain, la
12:57souveraineté on la bypasse ?
12:58Les collectivités ne sont pas encore allées beaucoup dans le cloud, qui est l'endroit
13:03où les hyperscalers et donc les américains sont très présents, oui il y a des solutions
13:06techniques américaines forcément, on utilise tous ou les collectivités utilisent beaucoup
13:09du Microsoft, de l'Office 365, ce genre de choses, mais globalement sur les architectures,
13:16ce sont plutôt des architectures souveraines, ils s'appuient sur des industriels européens
13:20et français en particulier qui sont de bon niveau, que ce soit des opérateurs de télécom
13:24ou que ce soit des cloud providers français.
13:28Et puis les régions ont tendance depuis quelques mois à vouloir mutualiser des systèmes de
13:34cloud en construisant leurs propres data centers et en les ouvrant ensuite aux autres collectivités
13:38autour et aux entreprises qui sont sur leur territoire.
13:42Ce qui donne une forme de souveraineté et ce qui permet aussi de s'assurer de la frugalité
13:45des systèmes.
13:46Mais quand on est un élu, on n'est pas un peu schizophrène entre la sécurité et l'économie
13:51quand on fait un choix au service du budget de sa localité on va dire ?
13:55C'est de plus en plus vrai, en plus avec la question des restrictions budgétaires pour
13:59les collectivités.
14:00Mais il n'empêche que les collectivités ont compris d'abord qu'elles pourraient faire
14:04des gains de productivité dans leur système d'information et dans les moyens généraux
14:09qu'elles mettent au profit de nos concitoyens en mutualisant des choses, en rationalisant
14:14les choses, en utilisant le numérique comme une source d'amélioration du service public.
14:18Ce sont des services publics de proximité, il ne faut pas l'oublier, donc ils sont à
14:21portée d'engueulades de nos concitoyens, donc ils ont compris que le numérique allait
14:25les aider.
14:26Et puis ils se sont rendus compte aussi qu'ils avaient absolument besoin, dans le cadre de
14:30la lutte contre la cybercriminalité, de se muscler et la seule façon de se muscler c'était
14:34de faire une cartographie de leur système d'information, de les modifier, de les faire
14:38monter en compétences et donc de faire des investissements.
14:40Et aujourd'hui on voit bien que des communes, quand elles se sont fait attaquer, ont tendance
14:44ensuite à très fortement monter en compétences et autour d'elles toutes les autres communes
14:49montent en compétences aussi.
14:50On va parler de l'intelligence artificielle, on sait qu'elle est de plus en plus utilisée
14:53mais surtout que la conséquence c'est qu'elle va utiliser de plus en plus d'électricité,
14:57donc un jour ou l'autre la facture va tomber.
14:58Sachant que les moyens des collectivités ne sont pas non plus extensibles, est-ce qu'on
15:03est en mesure d'anticiper et d'avoir des chiffres ou pour l'instant on se laisse porter
15:06et on subit ?
15:07On n'a pas vraiment de chiffres encore parce que c'est très récent, l'IA est peu utilisé
15:12par les collectivités encore mais ça commence à venir parce qu'elles ont beaucoup de données
15:15sur nos concitoyens, des données circulation, des données financières, des données d'état
15:20civil, un certain nombre de choses et donc elles vont beaucoup les utiliser, beaucoup
15:23faire fonctionner l'IA.
15:24Les collectivités ont commencé la transition écologique beaucoup plus tôt que beaucoup
15:29de monde, non seulement parce que l'énergie coûte cher mais aussi parce qu'elles ont
15:32beaucoup de bâtiments publics à chauffer et donc elles sont entrées dans des cercles
15:37vertueux de création de panneaux photovoltaïques sur tous les bâtiments publics, d'éoliennes
15:42là où elles peuvent le mettre et donc elles sont de plus en plus assez autonomes en termes
15:46d'énergie et une vision de l'énergie qui est une vision territoriale et propre.
15:50Et ça c'est valable sur l'ensemble du territoire national, ce ne sont pas eux qui consomment
15:55le plus d'énergie nucléaire aujourd'hui ou d'énergie carbonée, c'est plutôt de
15:59l'énergie décarbonée qui est utilisée par les collectivités.
16:02En vous écoutant on a le sentiment qu'il y a de plus en plus d'ingénieurs qui viennent
16:06remplir les rangs des collectivités pour travailler mais la face cachée c'est qu'il y a aussi
16:1030% de la population qui est dans l'électronisme, on n'est pas en train de créer une fracture
16:14sociale parce que ce n'est pas possible de former l'intégralité des gens qui sont
16:18dans cette transition et qui seront toujours hostiles on va dire aux numériques.
16:22C'est la vraie difficulté, la fracture numérique est là, il y a eu des progrès
16:26et des progrès qu'il faut quand même souligner, la création des guichets France, c'est des
16:34guichets qui sont aujourd'hui ouverts dans les milieux ruraux, qui permettent à toutes
16:39les personnes d'avoir un référent et une personne qui vient les aider à faire les démarches
16:43en ligne.
16:44Et ça aujourd'hui ça marche très très bien, les maisons France Service sont plébiscitées
16:48par les personnes qui sont loin du numérique, notamment les personnes âgées qui aujourd'hui
16:53ne savent pas comment changer une carte grise, comment faire une déclaration de revenu,
16:56faire une demande d'aide sociale et les personnes sont là pour le faire à leur place, elles
17:00le font à leur place en leur apprenant et au fur et à mesure de la répétition elles
17:03commencent à devenir de plus en plus acculturées aux choses mais c'est vrai que ça reste la
17:08difficulté, les collectivités en ont conscience et conservent des guichets physiques.
17:12Vous évoquiez tout à l'heure que chaque collectivité peut avoir justement ses moyens
17:15locaux, mais là une fois de plus ça veut dire qu'on va multiplier autant de solutions
17:21que de collectivités, là on pourrait rationaliser et avoir une sorte de cohérence et de totale
17:25interopérabilité entre les collectivités, il n'y a pas un paradoxe ?
17:27Je ne suis pas sûr que ça soit vraiment des couches supplémentaires ou des systèmes
17:31différents.
17:32La plupart des collectivités, des grandes collectivités, mutualisent leurs infrastructures,
17:37ils utilisent leurs solutions informatiques et les proposent aux communes qui sont à
17:40côté d'elles.
17:41J'étais avec le vice-président de Toulouse Métropole qui est aussi dans nos régions
17:46de France hier au salon des maires et qui nous disait on est en train de proposer des
17:51solutions pour l'ensemble du territoire et ce n'est pas simplement Toulouse Métropole,
17:55c'est l'ensemble des communes qui sont autour, c'est l'ensemble de la région
17:58qui va pouvoir basculer sur ces systèmes et les pays de la Loire font la même chose
18:02et Rhône-Alpes fait la même chose et la plupart des régions le font, je pense que
18:06c'est la bonne taille pour pouvoir proposer à des collectivités plus petites des systèmes
18:09qui sont totalement intéropérables et qui sont en plus à l'état de l'art parce
18:13qu'il faut bien en permanence les maintenir et c'est quelque chose que la région peut
18:17faire beaucoup plus facilement avec beaucoup moins de coûts que des communes ou des communautés
18:21de communes de 30 000 habitants.
18:23J'entends, mais une seule solution coûterait moins cher qu'un tas de petites solutions
18:27locales en termes de rationalisation des coûts ?
18:29Alors, je ne sais pas si ça coûterait plus cher, avoir une seule solution qui serait
18:34plus agile, les communautés de communes, les collectivités ont envie aussi de faire
18:40travail des prestataires locaux parce que c'est quand même de l'argent des territoires
18:43qui doit aller vers les territoires et ça poserait un problème constitutionnel, c'est
18:47que nous ne pourrions pas imposer une seule solution à toutes les collectivités, il
18:50y a une liberté de choix des collectivités, une liberté d'administration des collectivités
18:53et globalement elles le font bien, ce n'est pas contrairement à ce qui a été dit assez
18:57fréquemment, ce n'est pas elles qui contribuent le plus au déficit budgétaire, elles ont
19:00un budget de fonctionnement qui doit être à l'équilibre et elles font de l'investissement
19:03qui est limité à une capacité de remboursement qui est comptabilisée en années et c'est
19:08des limites qui sont aux alentours de 8 à 10 années grand maximum, donc il n'y a pas
19:11de risque particulier.
19:12La multiplication des systèmes est effectivement un problème d'interopérabilité mais c'est
19:18aussi une façon de s'assurer que tout n'est pas totalement ouvert s'il y a une faille.
19:23Philippe, on va faire un peu de sémantique, on aime bien mettre les mots après numérique
19:26de durable, de responsable, d'inclusif, est-ce que ce n'est pas une forme d'hypocrisie
19:32pour se donner bonne conscience et est-ce que vous n'avez pas le sentiment, vous qui
19:35êtes au contact des citoyens, qu'il y a une vraie maturité qui commence à émerger
19:39et les citoyens ne sont plus prêts à accepter tout et n'importe quoi ? On n'est plus dans
19:43l'euphorie d'il y a une dizaine d'années, une vingtaine d'années même sur le numérique.
19:47Non, le numérique est rentré comme étant une industrie ou une forme de service comme
19:51les autres et qui nécessite de réduire son empreinte écologique, qui nécessite d'être
19:55le plus éthique possible, qui pose des questions d'ailleurs en termes de protection des données,
19:59en termes d'utilisation de l'IA. Et donc oui, ça commence à devenir quelque chose
20:04qui est regardé par nos concitoyens de façon très approfondie sur la question de l'utilisation
20:09de l'énergie, de la décarbonation, de l'éthique. Les collectivités sont en première ligne
20:13et elles le font plutôt pas trop mal. Je suis plus inquiet sur tout ce qui est étatique
20:18et paraitatique qui lui encore reste trop centralisé et un peu en dehors des réflexions
20:22de nos concitoyens. Un maire, quand il croise quelqu'un dans sa commune et que cette personne
20:27lui en parle, on peut légitimement penser que, et je suis prêt à parier qu'au conseil
20:31municipal suivant, il va en parler à ses conseillers municipaux. Donc il y a vraiment
20:35une proximité avec nos concitoyens, avec les usagers, qui fait que ces remarques-là
20:40sont remontées, sont prises en compte par les élus.
20:42Donc le dialogue est ouvert. Philippe Latombe, Laurent Lardy, merci beaucoup pour vos éclairages.
20:46Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui. Et pour prolonger la discussion, on se retrouve
20:50sur vos réseaux sociaux préférés et en podcast sur l'application Sud Radio. Je vous
20:55souhaite une excellente fin de week-end et je vous dis à la semaine prochaine.