• il y a 5 mois
Avec Aurélien Lopez Liguori, ancien député dans la 7ᵉ circonscription de l'Hérault et Fabrice Epelboin, entrepreneur, enseignant Sciences Po

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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2024-06-23##
Transcription
00:00Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:03Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06Vérissure présente...
00:08Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:12Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous.
00:13C'est aujourd'hui une émission spéciale législative et numérique.
00:17Alors, grande question, si le RN a accès au pouvoir,
00:20la France peut-elle encore garder sa place de leader de l'innovation en Europe ?
00:24Dans un contexte de changement de gouvernement,
00:25nous nous demanderons également si la France est réellement armée
00:28face à la menace cyber pendant les Jeux Olympiques.
00:30Et nous ferons également un détour sur les réseaux sociaux
00:32pour décoder les stratégies des divers partis politiques
00:35et voir jusqu'où peut aller la désinformation.
00:37Le numérique pour tous, spéciale législative et numérique,
00:40c'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:42Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:45Et pour commencer cette émission, je reçois le député RN, Aurélien Lopez-Ligaurie.
00:50Aurélien, bonjour, vous êtes membre de la commission des affaires économiques
00:54de l'Assemblée nationale et vous avez été élu député
00:56dans la septième circonscription de l'Hérault
00:58lors des élections législatives de 2002.
01:01Alors on va commencer par le chapitre innovation, si vous le voulez bien Aurélien.
01:05Donc on entend beaucoup de dirigeants de grandes entreprises technologiques françaises
01:10qui ont mis en garde contre les restrictions à l'immigration
01:12proposées par votre parti, qui semble-t-il menacerait l'ambition du pays
01:16de devenir le principal centre européen d'intelligence artificielle.
01:20Donc Aurélien, si le Rassemblement national venait à sortir de l'Union européenne,
01:24comment garantissez-vous la compétitivité numérique de la France à l'échelle mondiale ?
01:29Alors déjà, oui, le Rassemblement national lutte depuis des dizaines d'années
01:34contre l'immigration, la submersion migratoire.
01:38Par contre, il y a des quotas d'immigration pour des codeurs, pour des data analysts,
01:44pour des spécialistes de l'intelligence artificielle, ça ne pose aucun problème.
01:47Que je sache, on fait rentrer à peu près la ville de Bordeaux tous les ans
01:52en immigration légale et illégale, et ce n'est pas ce qui a permis à nos fleurons de la tech
01:57d'embaucher et d'avoir le nombre d'employés dont ils ont besoin.
02:06Il y a toujours un problème aujourd'hui à aller chercher des data analysts,
02:09il en manque, il manque des spécialistes du cloud, il manque des codeurs, il manque de tout.
02:13Et ce n'est pas l'équivalent de la ville de Bordeaux en immigration légale et illégale par an
02:17qui a changé les choses.
02:18Donc nous, les quotas d'immigration sur ces sujets, il n'y a aucun souci là-dessus.
02:24Mais question pour bien comprendre, on dit souvent...
02:27Ça va prendre quelques milliers de personnes par an, il n'y a pas de problème à ça.
02:30On dit souvent Aurélien que pour permettre aux start-up de passer à l'échelle,
02:34il faut qu'elles pensent leur marché au niveau européen dès le départ.
02:38Est-ce qu'il y a une contradiction avec votre programme
02:40ou l'Europe accueillera bien volontiers l'expansion de ces start-up européennes ?
02:45Non, pour le coup, pas du tout.
02:48Nous, notre principe sur l'Union européenne qu'on met en avant, c'est la subsidiarité,
02:52qui est le principe de base de l'Union européenne en fait.
02:55À la création, le principe de subsidiarité était l'Europe dans sa diversité, etc.
03:02Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:03C'est tout simplement ce qu'on doit faire au niveau européen, on le fait au niveau européen,
03:07ce qu'on doit le faire au niveau national, on le fait au niveau national, etc.
03:10Et on considère que sur le numérique, parce qu'il y a des effets de seuil dans le numérique,
03:14parce qu'il y a plus de 400 millions d'Européens qui sont branchés à Internet,
03:17parce qu'il faut de l'accumulation de données pour faire du deep learning, etc.
03:22Le sujet numérique doit être pris au niveau européen,
03:25donc il n'y a aucune contradiction là-dessus.
03:28Par contre, ce qu'on met en avant, c'est que certaines règles,
03:31en particulier les règles du droit de la concurrence,
03:33empêchent notre écosystème de se développer.
03:40Il y a trois règles dans le droit de la concurrence qui, pour nous, doivent être réformées.
03:44C'est, de un, les règles liées à la commande publique.
03:48Il est aujourd'hui impossible pour l'État français ou d'autres États européens
03:52de privilégier leur commande publique vis-à-vis uniquement d'Européens,
03:59parce qu'on ne parle même pas au niveau national, uniquement d'Européens.
04:01Ils sont obligés d'ouvrir leur marché aussi à des entreprises américaines, etc.
04:05Alors, rapidement Aurélien, parce qu'on a beaucoup de questions à vous poser,
04:08on va essayer de faire synthétique.
04:10Après le contrôle des concentrations, les situations de monopole,
04:12aujourd'hui c'est interdit dans l'Union Européenne,
04:14alors qu'on sait qu'il faut créer des GAFA, donc il faut faire de la concentration.
04:17Et puis la dernière chose, c'est le contrôle des investissements étrangers,
04:20de la prédation étrangère.
04:22Concrètement, votre parti compte encourager la recherche et le développement
04:25dans le domaine des technologies de pointe.
04:26On va parler de l'intelligence artificielle.
04:28Vous avez un plan précis sur ce domaine-là ?
04:30Vous avez des perspectives pour l'encourager ?
04:32On voit qu'il y a eu beaucoup d'investissements qui ont été faits.
04:34Il y a aussi de grandes perspectives qui étaient prévues.
04:36Comment vous allez vous positionner par rapport à ce qu'on appelle l'IA ?
04:40Sur l'IA, c'est un enjeu, c'est l'enjeu du XXIe siècle.
04:44Il faut comprendre que si on ne s'y met pas, on terminera comme ce qui s'est passé
04:48avec les Chinois qui brûlaient leurs bateaux au XVe siècle
04:51en disant que la puissance maritime, ce n'était pas important,
04:53et qui se sont retrouvés quelques siècles plus tard avec les guerres de l'opium
04:56et la colonisation.
04:58Ce qu'on risque, c'est une colonisation technologique de l'Europe.
05:02Le sujet, c'est comment on fait pour que nos fleurons deviennent des géants,
05:08au même titre que les GAFAM.
05:10Et ça, c'est la commande publique.
05:12Parce que commande publique, ça veut dire déjà la promesse de carte de commande,
05:17ce qui veut dire derrière des entreprises qui vont pouvoir aller lever des fonds
05:22puisque les banques suivront, puisqu'un marché se crée.
05:25Et la dernière chose, on l'avait dans notre programme en 2022
05:28et on est toujours dessus, c'est la création d'un fonds d'investissement,
05:32enfin un fonds souverain, comme le fait par exemple la Norvège,
05:35avec l'épargne réglementée des Français, donc typiquement l'olive là,
05:40qui pourrait être utilisée avec des stratégies vers certaines technologies,
05:45l'IA, le quantique, le spatial, et on ciblerait ces investissements
05:50pour avoir un écosystème français qui tienne la honte.
05:53Aurélien, pour bien comprendre, vous prenez malgré tout une préférence nationale.
05:57On sait que beaucoup de nos données sont hébergées sur des serveurs
06:01qui sont plutôt des serveurs américains.
06:03Comment vous voyez la réglementation des données ?
06:06Est-ce que vous allez maintenir justement cet hébergement à l'étranger
06:09ou alors vous allez essayer de rapatrier les choses pour gérer cette préférence nationale ?
06:13Alors, il y a un sujet, c'est l'extraterritorialité.
06:16Aujourd'hui, vous avez les données des Européens,
06:19quand elles sont hébergées sur AWS, sur Microsoft, sur Google ou ailleurs,
06:24elles peuvent être utilisées, récupérées par des gouvernements étrangers.
06:28Vous avez par exemple le FISA, le Cloud Act aux États-Unis,
06:31vous avez les lois sur renseignement chinois,
06:33la Russie fait exactement la même chose.
06:35Donc, il faut se protéger.
06:37Première des choses, c'est de dire hébergement des données critiques en Europe.
06:43Déjà, ça s'est fait, mais ça ne règle pas tout.
06:45Et la deuxième chose, c'est quand les données sont critiques,
06:49qu'elles soient hébergées sur des serveurs, des entreprises,
06:53chez des entreprises qui ne sont pas soumises à cette extraterritorialité.
06:56Donc, typiquement, chez DynamoSpot, chez des Clever Cloud,
07:00chez des Scalway, on a des OVH, des très belles entreprises.
07:04Mais la question, il y a peut-être, aujourd'hui,
07:06elles ne sont peut-être pas prêtes à prendre ces données
07:10par rapport à la concurrence des GAFAM,
07:13je voudrais dire que si, aujourd'hui, on ne fait pas de la commande publique,
07:16si on n'investit pas sur des entreprises,
07:19dans 10 ans, dans 5 ans, vous pouvez être sûrs
07:22qu'on n'aura aucun clouder européen qui sera prêt à le faire.
07:26Et donc, nos données stratégiques seront aux États-Unis, voire en Chine.
07:30On voit la Chine qui est en train de rentrer en Hongrie,
07:32qui est sa porte d'entrée sur l'Union européenne.
07:34Le sujet se pose aussi avec les Chinois.
07:36Aurélien, votre homologue à l'Assemblée nationale
07:38sur le plan de l'innovation et du numérique,
07:40je pense notamment à Paul Midi,
07:42qui passe un plan conséquent pour soutenir l'investissement
07:44dans les startups, en permettant notamment
07:46de flécher l'épargne des Français vers l'investissement.
07:48Ça a été une belle et colossale initiative.
07:50Vous allez continuer à faire fructifier cette initiative ?
07:53Alors, nous, c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
07:56avec notre fonds souverain.
07:58Alors, ce n'est pas exactement la même chose,
08:01c'est plus que nous, c'est un fonds souverain
08:04de l'État français avec de l'épargne réglementée
08:06qui serait utilisé dans une stratégie
08:08pour développer nos startups sur des technologies.
08:12Lui, de ce que je comprends, c'est l'épargne des Français
08:14en général, donc pas uniquement l'épargne réglementée
08:17comme le Livret A, mais ça pourrait aussi aller plus loin.
08:20Je n'ai pas de précision, mais j'ai l'impression
08:23que ça pourrait aller aussi vers les assurances-vie,
08:25ce qui n'est pas du tout notre cas,
08:27de façon sérieuse.
08:29Par contre, ce qu'il faut sur ce soutien des startups,
08:33c'est qu'aujourd'hui, la BPI, France Relance,
08:36l'argent qui est dans France Relance,
08:38il y a un peu plus de 50 milliards qui sont dans ce fonds,
08:40soient utilisés vers des entreprises stratégiques
08:44et vers des entreprises qui ont une importance
08:46stratégique pour nous.
08:47Vous voulez dire qu'on a mis l'argent sur des entreprises
08:49qui n'étaient pas stratégiques, c'est ce que vous évoquez ?
08:51Il y a mille et un projets, avec beaucoup de projets
08:55qui n'ont pas dépassé l'année, un peu plus,
08:58et surtout aussi certains projets
09:00qui ne sont pas des projets technologiques.
09:02Il faudrait que ça soit ciblé sur des projets technologiques.
09:04Quand on voit de l'argent qui est investi par la BPI
09:08dans des places de marché qui vendent
09:11des macramés écoresponsables,
09:13ce n'est pas de la technologie.
09:15On veut que ça soit vers du hardware,
09:17on veut que ça soit vers des technologies brevetées,
09:20et ça, ça peut nous aider à sortir
09:23de notre ornière technologique.
09:25Ce n'est pas un investissement partout,
09:27sans privilégier, sans stratégie,
09:29qu'on va y arriver. Il faut une stratégie.
09:31Très bien, Aurélien.
09:33On va passer à la question de l'éducation
09:34parce qu'il nous reste peu de temps.
09:35On a beaucoup décrié récemment
09:37l'impact du contenu des écrans sur les jeunes,
09:39avec notamment les risques de cyberharcèlement,
09:41d'exposition à des images pornographiques.
09:43Comment concrètement vous envisagez l'intégration
09:45des compétences numériques dans le système éducatif,
09:48que ce soit du primaire au collège,
09:50même peut-être un peu plus tard ?
09:52Je pense que pour tout ce qu'on lise,
09:55la fabrique du créateur numérique, tout est dedans.
09:57Oui, l'exposition aux écrans
10:02va créer des problèmes d'ordre mentaux
10:05sur nos enfants.
10:06Donc il y a plusieurs choses.
10:08Concrètement, vous proposez quoi, Aurélien ?
10:10Réglementer.
10:11Il y a déjà des règles dans les collèges
10:13que ce soit appliquées.
10:14Il n'y a plus de téléphone dans les collèges,
10:15voire les lycées.
10:16Il faut qu'on réfléchisse à ça.
10:18Derrière, sur le cyberharcèlement,
10:21il faut plus de moyens dans la police cyber,
10:24dans Pharos.
10:25Ils sont quelques dizaines dans Pharos aujourd'hui.
10:27Et puis des moyens pour la justice aussi,
10:30des cours spécialisés.
10:31Et puis, il y a une chose qui me paraît extrêmement importante,
10:34c'est ce qu'on disait dans le programme numérique de Marine en 2022,
10:37c'est d'instaurer un contrôle parental système.
10:39C'est-à-dire que quand vous achetez une plateforme,
10:42un téléphone, un iPad, n'importe,
10:44le vendeur vous demande qui va l'utiliser.
10:48On rend sa date de naissance à l'intérieur.
10:50Et à la fin, les sites se débloqueront le jour
10:56où il aura sa majorité.
10:57Et après, il y a un sujet aussi qui me paraît important,
11:00c'est l'hygiène numérique.
11:01On le voit, il y a l'exemple d'Israël qui est pour moi admirable.
11:04Pour moi admirable, c'est...
11:06On instruit les enfants dès la primaire à la cybersécurité.
11:12Et vous voulez faire pareil en France ?
11:14Je pense qu'il y a un sujet, oui.
11:16En fait, tout citoyen israélien,
11:18on considère qu'il peut avoir accès à des données sensibles.
11:21Et donc, dès la primaire, en plus des cours d'informatique,
11:25on lui explique comment avoir une hygiène,
11:28ne pas laisser ses mots de passe partout.
11:32Très clair.
11:34Ce que fait Israël est assez intéressant
11:36et je pense qu'il faudrait s'en inspirer.
11:38Pour conclure, Aurélien,
11:40les Jeux Olympiques sont à quelques jours.
11:42Le domaine de la cyber, vous en parlez, est dans le périmètre numérique.
11:45Est-ce que vous avez le sentiment qu'on est prêt
11:47pour affronter ces Jeux Olympiques ?
11:49Est-ce qu'il y a des menaces concrètes pour vous qui pointent le nez ?
11:52Oui, il y a des menaces concrètes.
11:54Après, est-ce qu'on est prêt ? Je l'espère.
11:56Mais j'en doute.
11:58Quand on a eu les grandes attaques contre les hôpitaux,
12:02les fonds qui étaient ciblés sur ces hôpitaux
12:06pour élever leur niveau cyber,
12:08la plupart de ces fonds, à cause des coûts budgétaires,
12:11ne sont pas arrivés dans les hôpitaux.
12:13Donc, il y a ce sujet-là.
12:15J'ai une certaine inquiétude.
12:17Et derrière, on le sait, les attaques vont augmenter
12:23et on n'a malheureusement pas assez de policiers cyber.
12:26Aujourd'hui, l'Annecy, il en manque au minimum 50 TP,
12:29donc emploi à temps plein.
12:31Il manque 50 personnes dans notre autorité de régulation,
12:34notre autorité qui doit nous défendre sur le niveau cyber,
12:38alors que c'est un merveilleux outil et qu'on n'utilise pas assez aujourd'hui.
12:42On a besoin de plus en plus de connaissances,
12:44mais il n'y a personne pour les assumer.
12:46Merci beaucoup Aurélien Lopez-Ligaurie.
12:48Je rappelle que vous êtes député RN de la 7e circonscription de l'Héros.
12:51Vous étiez, vous étiez.
12:52Restez avec nous, on marque une courte pause
12:54et l'on ira ensemble faire un tour dans la 2e partie de cette émission
12:57sur les réseaux sociaux pour décoder les stratégies des divers partis politiques
13:01et candidats qui les pilotent pour conquérir votre voix.
13:03A tout de suite sur Sud Radio, dans le numérique pour tous.
13:18Et tout de suite, j'ai le plaisir d'accueillir Fabrice Epelboin.
13:20Vous êtes entrepreneur et enseignant à Sciences Po.
13:22Et avec vous, on va décoder les stratégies des candidats sur les réseaux sociaux.
13:26Mais avant de commencer,
13:27comme on fait un peu un grand écart politique entre Aurélien Lopez et vous-même,
13:30Fabrice, j'aimerais savoir de ce que vous avez entendu,
13:33ce que vous retenez et ce que vous aimeriez amender.
13:37Il y a beaucoup de choses séduisantes.
13:38Maintenant, moi, je me souviens de François Hollande,
13:40nous promettant d'abroger Adopi
13:42quand il était en train de préparer sa candidature à l'Élysée.
13:46Depuis cette époque, je prends les promesses avec beaucoup, beaucoup de recul.
13:49Je suis comme Saint-Thomas, je crois que je vois.
13:51J'ai deux petites remarques quand même sur le programme qui nous a été présenté.
13:55La première, c'est que c'est bien gentil la commande publique,
13:57mais il faut éliminer la haute fonction publique en charge du numérique.
14:00Et je n'ai pas l'impression que ce soit dans le programme du RN.
14:03La deuxième, c'est que pour ce qui est du rapport entre l'immigration
14:07et les ressources dans le monde du numérique,
14:10je vais prendre juste un secteur du numérique, qui est le cyber.
14:12On va rappeler qu'il y a un déficit d'environ un demi-million de postes
14:15au niveau européen en matière de compétences cyber.
14:19Et vous pouvez faire l'expérience, si vous êtes dans une grande entreprise
14:22et que vous avez un département cyber,
14:24allez regarder à quoi ressemblent les compétences qui s'y trouvent.
14:27Vous allez voir que sans immigration, on est à poil.
14:29C'est noté.
14:30Alors Fabrice, on va passer aux réseaux sociaux.
14:32Depuis 2012, on le sait, les campagnes électorales se déroulent
14:35de manière croissante sur Internet.
14:37Les législatives vont elles aussi se jouer en ligne.
14:40Quel est votre constat à ce jour sur les stratégies des différents candidats ?
14:44On est dans une situation très cocasse
14:47parce que les seuls à avoir vraiment une intelligence stratégique
14:50en matière d'utilisation des réseaux sociaux à des fins politiques,
14:53c'est LFI.
14:54Et ça ne date pas d'hier, ça date du Front de Gauche.
14:56Ils ont construit vraiment, patiemment, ils ont expérimenté
15:00et ça fait 10 ans qu'ils travaillent
15:02et les responsables du numérique sont au plus haut niveau à l'intérieur de l'appareil.
15:05Antoine Léaumant, qui est le mastermind numérique de LFI,
15:08il est député.
15:09Ce n'est pas juste un webmaster dans un coin.
15:11On prend ça très au sérieux depuis très longtemps.
15:14De l'autre côté du spectre politique,
15:16on a effectivement des têtes pensantes
15:18mais qui sont dans une organisation qui est beaucoup plus floue,
15:20la fameuse fachosphère,
15:21dont les plus gros influenceurs,
15:23je pense à des gens comme Damien Rayu ou Pierre Sottarel,
15:26sont dans le camp d'Éric Zemmour.
15:29Donc ils sont un peu paumés, comme beaucoup de gens à droite.
15:32Ce n'est pas évident du tout qu'ils fassent campagne
15:35de façon coordonnée dans les semaines qui viennent.
15:39L'ERN n'a rien d'extraordinaire,
15:42ils sont à poil comme tous les autres partis politiques.
15:44Ils ont vaguement des webmasters,
15:46ils font de la communication digitale,
15:47mais c'est à mille lieux de ce que fait le LFI.
15:51Pourtant, on entend dire que Jordan Bardella
15:53fait un carton sur TikTok.
15:54Comment expliquez-vous cette popularité
15:56auprès d'une cible aussi jeune ?
15:57J'ai envie de dire panique morale.
15:59Oui, il fait un carton,
16:01mais ce n'est pas le résultat d'une stratégie digitale extraordinaire,
16:05c'est juste qu'il a rencontré un public.
16:07Et deux, Mélenchon fait beaucoup mieux que lui,
16:10et il a une demi-douzaine d'élus LFI
16:12qui le talonnent en termes d'influence.
16:13Parce que ces demi-douzaines d'élus LFI,
16:15ils sont accompagnés par des équipes professionnelles,
16:17rodées, intégrées aux partis,
16:19qui sont expérimentées et qui ont fait ça
16:21toute leur vie, mais depuis dix ans.
16:23Alors, expliquez-nous,
16:25suite à l'annonce par Ayioti
16:27de l'alliance entre les Républicains et le RN,
16:29il y a un grand nombre de faux comptes
16:31se présentant comme d'anciens sympathisants LR
16:33qui appellent à voter pour le Front Populaire
16:35sur X Twitter.
16:37Est-ce que vous pourriez un peu nous décoder ce phénomène ?
16:39C'est du trolling, et c'est du trolling très drôle.
16:41C'est des comptes
16:43qui sont là pour faire rigoler
16:45au dépens d'un adversaire
16:47en éventuellement l'interpellant
16:49et profitant d'un quiproquo.
16:51Parce que si vous êtes interpellé par
16:53un ancien militant LR et que vous êtes vous-même LR,
16:55vous allez tenter d'établir un dialogue
16:57et vous allez patauger dans un immense quiproquo
16:59entre des gens de LFI
17:01qui se foutent de votre gueule
17:03et qui sont suivis par tout un tas d'autres gens LFI
17:05et de militants qui vont se foutre de votre gueule
17:07avec tout le monde.
17:09C'est vraiment une opération franchement rigolote
17:11faite pour fédérer un camp
17:13et fédérer un camp
17:15avec autre chose que de la haine,
17:17c'est franchement bienvenu.
17:19C'est organisé depuis des années,
17:21certains de ces comptes ont 3 ou 4 ans,
17:23donc c'est pas du tout fait pour les élections,
17:25c'est fait pour battre tambour entre deux batailles.
17:27Pour vous, il faut s'attendre à
17:29une fois de plus à des vagues de désinformation de masse,
17:31elles ont déjà été orchestrées ?
17:33Alors oui et non.
17:35Oui parce qu'on est dans l'ère de la désinformation de masse
17:37depuis des années.
17:39Oui parce qu'on a plusieurs personnes
17:41identifiées au sein des candidats
17:43qui ont déjà fait appel
17:45à des psyops pour faire de la désinformation
17:47de masse sur le territoire français
17:49dans des campagnes électorales.
17:51Non parce qu'il y a des délais qui sont extrêmement courts.
17:53Donc Vanessa,
17:55vous êtes dans une agence de com, vous imaginez
17:57des délais aussi courts pour mettre en place,
17:59faire signer un client
18:01et exécuter une campagne en 3 semaines.
18:03C'est totalement infaisable.
18:05Donc ça, ça va considérablement limiter
18:07les ingérences étrangères qui elles aussi
18:09fonctionnent sur un mode de gestion de projet.
18:11Les stratégies digitales,
18:13les partis qui n'ont pas intégré
18:15l'intelligence stratégique numérique en interne
18:17et qui n'ont pas cette souplesse là.
18:19Donc au final, la rapidité
18:21de cette campagne
18:23risque plutôt de limiter les choses.
18:25Et pour vous, un parti qui a une approche
18:27sur les réseaux sociaux avec cette intelligence
18:29dont vous parlez, ça veut dire qu'elle a des moyens,
18:31une maturité, est-ce que ça augure aussi
18:33la stratégie d'innovation ? Est-ce que c'est corrélé pour vous ?
18:35Non, j'ai pas l'impression.
18:37Quand on voit,
18:39parce qu'il n'y en a pas 50, il n'y a que LFI,
18:41il faut être honnête, les seuls à avoir
18:43vraiment une intelligence stratégique. Si on met de côté
18:45Éric Zemmour, qui de toute façon n'a pas beaucoup d'avenir
18:47dans cette campagne-là,
18:49il n'y a que LFI qui a vraiment réfléchi,
18:51qui a de la maturité, qui a de l'intelligence.
18:53Et le problème auquel
18:55ils vont devoir faire face, c'est qu'ils sortent
18:57d'une campagne où leurs troupes
18:59ont craché sur leurs concurrents.
19:01Et leurs concurrents, c'est pas l'ERN.
19:03Leurs concurrents, c'est le Parti Socialiste,
19:05c'est le Parti Communiste. Et leurs concurrents
19:07d'hier ou d'avant-hier sont aujourd'hui
19:09leurs alliés. Donc manœuvrer
19:11un tel bateau va être très compliqué au niveau des militants.
19:13Au niveau des instances numériques,
19:15ils vont le faire d'une seconde à l'autre, il n'y a pas de souci.
19:17Mais arriver à faire en sorte que
19:19les militants qui crachaient sur leurs camarades
19:21communistes, tout d'un coup
19:23marchent de concert avec eux,
19:25ça risque de grincer, ça risque de créer
19:27quelques étincelles.
19:29Vous m'avez partagé, quand on a préparé cette émission,
19:31que les petits tweets
19:33assassins de Sandrine Rousseau,
19:35notamment, avec les sorties de route
19:37féministes sur le barbecue, etc.
19:39étaient purement contrôlées et maîtrisées.
19:41Ce n'était pas le fait du hasard, vous confirmez ?
19:43Non, c'est très contrôlé. Elle a une spin
19:45docteur numérique qui est brillante,
19:47elle a la même stratégie qu'Éric Zemmour, évidemment pas le même positionnement
19:49politique, mais la même stratégie du clash
19:51qui lui a offert, tout comme Éric Zemmour,
19:53une survisibilité sur les réseaux sociaux
19:55et qui lui a permis de lancer des sujets.
19:57Le barbecue masculiniste, effectivement,
19:59s'y provoque, mais ça pose un vrai problème
20:01de traces carbone et traces
20:03écologiques de notre consommation
20:05de viande. Alors, évidemment,
20:07il y aurait eu moyen d'introduire le sujet
20:09de façon plus subtile, mais soyons honnêtes, il aurait été
20:11parfaitement invisibilisé. Là,
20:13elle a réussi à le poser sur la table, et ça, c'est le résultat d'une vraie
20:15réflexion sur le numérique. Après, ça divise
20:17complètement la société. Il y a des effets de bord qui sont
20:19catastrophiques. Je reviens sur les
20:21propos d'Aurélien Lopez-Ligaurie.
20:23Pour vous, les trois mesures fortes
20:25du prochain gouvernement pour une France qui reste
20:27leader sur le plan européen, ça devrait commencer par quoi ?
20:29Ça devrait
20:31commencer par un constat que la colonisation
20:33numérique est là et faite.
20:35Et que si on veut en sortir, il y a un prix
20:37très douloureux. Colonisation par les Américains ?
20:39Par les Américains. On est totalement colonisés.
20:41La plupart des infrastructures françaises
20:43reposent sur de l'AWS
20:45ou du Google
20:47ou du Microsoft,
20:49surtout du Microsoft.
20:51Il y a des relations totalement incestueuses
20:53entre l'État et Microsoft.
20:55Il y a une chasse à la corruption
20:57phénoménale qui doit être faite.
20:59Il faut peut-être réfléchir cinq minutes parce que
21:01la décolonisation,
21:03ça a un coût économique colossal.
21:05Absolument colossal. Ça ne va pas être si simple
21:07que ça à manœuvrer.
21:09La chasse à la licorne, c'est à mon sens
21:11une illusion totale. La licorne,
21:13c'est bien gentil, mais ça ne vit qu'aux
21:15États-Unis, dans un pays où
21:17la capitalisation boursière
21:19des plus grosses sociétés technologiques
21:21représente, pour une seule d'entre elles,
21:23plus que le CAC 40 entier réuni.
21:25On peut construire des licornes
21:27parce qu'il y a des possibilités.
21:29Les licornes, rappelez-nous, c'est une capitalisation boursière
21:31pour une start-up qui dépasse le milliard.
21:33Ce qui paraît délirant en France,
21:35mais aux États-Unis,
21:37Apple fait 3 000 fois ça.
21:39Ce n'est pas totalement délirant aux États-Unis.
21:41Ça l'est en France.
21:43La décolonisation,
21:45c'est quelque chose qui se réfléchit.
21:47La commande publique, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
21:49Le rôle de l'immigration
21:51dans la main-d'oeuvre
21:53numérique, c'est catastrophique,
21:55mais cataclysmique.
21:57C'est bien gentil de prévoir des quotas,
21:59mais il faut aussi prévoir d'être séduisant.
22:01On va perdre en séduction si on arrive dans ce scénario.
22:03On a affaire à une main-d'oeuvre
22:05qui est très grassement payée
22:07et qui est demandée dans le monde entier,
22:09pas qu'en France.
22:11Il faudra aussi anticiper des conséquences
22:13qui ne peuvent se traduire qu'en un effondrement
22:15des ressources disponibles.
22:17Sur le cyber, ça va poser d'énormes problèmes.
22:19Aurélien disait tout à l'heure
22:21qu'on n'est pas tout à fait prêt
22:23en termes de menaces cyber.
22:25On va bien voir.
22:27Je n'ai pas d'informations particulières.
22:29Je pense que la grande crainte
22:31cyber à l'occasion des Jeux Olympiques
22:33est un peu disproportionnée.
22:35Certes, on va avoir
22:37une multitude de tentatives
22:39pour plus ridiculiser la France
22:41que porter un réel préjudice,
22:43mais les réelles menaces cyber qui menacent la France
22:45ne sont pas liées aux Jeux Olympiques.
22:47Elles sont liées à la sécurisation des systèmes bancaires,
22:49aux réseaux électriques,
22:51à des choses comme ça qui sont infiniment plus graves
22:53que juste des Jeux Olympiques qui pourraient mal se passer.
22:55De toute façon, ils vont mal se passer.
22:57On est déjà ridicule aux yeux du monde.
22:59Ce ne sont pas les Jeux Olympiques qui vont redorer quoi que ce soit.
23:01Une minute pour conclure, Fabrice.
23:03Si l'on a un parti des extrêmes, pour vous,
23:05la France s'est appelée à ne plus être leader
23:07sur le marché de la technologie et de l'innovation
23:09au niveau européen ?
23:11Au niveau européen, on peut continuer à s'en sortir.
23:13Au niveau européen et au niveau mondial,
23:15on a déjà largement décroché en termes de PIB par habitant
23:17depuis dix ans par rapport aux Etats-Unis.
23:19Ce qu'on cherche à rattraper,
23:21ce qui est complètement idiot,
23:25c'est les Etats-Unis.
23:27Là-dessus, la course est perdue depuis dix ans.
23:29C'est fini.
23:31Au niveau européen, il y a d'autres stratégies
23:33à mon sens à explorer.
23:35Typiquement, investir dans un tissu de PME du numérique
23:37plutôt que de tout miser sur le rouge
23:39avec une licorne qui, dans le meilleur des cas,
23:41terminera effectivement avec une valorisation
23:43à un milliard rachetée par des Américains.
23:45Ça ne mène à rien.
23:47Le crédit impôt recherche sert pour l'essentiel
23:49à financer de la R&D américaine.
23:51On est aujourd'hui l'arrière-boutique,
23:53le sweatshop des Etats-Unis en termes numériques.
23:55Et j'insiste, sortir de ça
23:57est loin d'être évident et peut s'avérer être une catastrophe.
23:59Merci beaucoup Fabrice Eppel-Bouin,
24:01Aurélien Lopez-Ligaurie, merci également.
24:03Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui.
24:05Je vous souhaite une excellente fin de week-end
24:07et je vous dis à la semaine prochaine
24:09et n'oubliez pas d'aller voter !

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