Et si Internet était le plus gros pollueur de la planète ? - Le Numérique pour Tous

  • il y a 19 heures
Avec Guillaume Pitron, Journaliste et auteur de "L’enfer numérique : VOYAGE AU BOUT D’UN LIKE" - Ed. Les liens qui libèrent / Pierre Beyssac, Entrepreneur - Co-fondateur de Gandi, fondateur de Eriomem, porte-parole du parti Pirate.
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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2024-10-13##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:04Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous,
00:06l'émission dédiée au digital, à l'innovation et à la tech responsable.
00:10Et aujourd'hui, on va parler de notre empreinte numérique personnelle sur la planète.
00:15Alors, sommes-nous les véritables pollueurs ?
00:17Ou alors, ce rôle doit être attribué à l'industrie ?
00:20Combien costent nos likes et nos téléphones portables ?
00:23Et allons-nous vers une crise écologique du numérique ?
00:25C'est ce que nous tenterons de comprendre avec nos invités.
00:28Le numérique pour tous, spéciale empreinte personnelle du numérique.
00:31C'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:33Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:37Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir d'accueillir un homme
00:39qui a enquêté sur le parcours et l'impact énergétique de nos likes.
00:43Guillaume Pitron, bonjour.
00:44Bonjour.
00:45Vous êtes journaliste, auteur et chercheur à l'Iris.
00:48Et votre dernier livre s'intitule L'Enfer numérique.
00:51Merci d'être parmi nous, Guillaume.
00:53Alors, on va commencer très simplement,
00:55puisque par un geste simple que l'on fait tous presque tous les jours,
00:58c'est-à-dire mettre des likes sur les réseaux sociaux.
01:01Et apparemment, ça pourrait avoir un impact majeur
01:03sur l'empreinte numérique que nous laissons au niveau international.
01:07Un like, c'est rien.
01:08C'est même pas calculable et quantifiable.
01:10Il faut replacer cette action numérique
01:13dans le contexte de toutes les actions numériques qui sont les nôtres.
01:17Et j'irais même dire qu'un email, c'est pas forcément très important.
01:21On se bat beaucoup sur le poids d'un email en termes d'émission de CO2.
01:23Est-ce que c'est 0,5 grammes ? Est-ce que c'est 20 grammes ?
01:25Ça dépend notamment de la pièce jointe, mais pareil.
01:27En ce moment, des emails, c'est pas grand-chose.
01:29Mais effectivement, si on replace tout cela
01:32dans le contexte de notre vie qui est toujours plus cyber,
01:36qui est toujours plus numérique,
01:38ça a évidemment que la vidéo a un fort impact sur l'environnement,
01:44parce qu'on considère que c'est un tiers de la bande passante d'Internet.
01:47Mais ceci est replacé également dans le mouvement de numérisation globale
01:51de nos sociétés portées par les entreprises numériques,
01:56portées par le secteur économique, portées par les États, portées par les armées.
02:00Alors oui, effectivement, il y a un impact.
02:02Moi, je suis parti d'un like,
02:04parce que c'est l'objet, c'est le geste du quotidien auquel on s'associe le plus facilement.
02:08Et j'essaie de savoir ce qui se passait entre moi et vous.
02:10Nous sommes à 1,50 m l'un de l'autre, si jamais je vous adressais un like.
02:13Concrètement, imaginons que je fais un post sur les réseaux sociaux
02:16où je mets une photo sur Facebook et vous mettez un like, ou vice-versa.
02:19Où va aller ce like ?
02:20Là, il va probablement rejoindre l'antenne 4G qui se trouve sur le toit de cet immeuble,
02:24ou en tout cas dans le quartier de Boulogne.
02:26Et puis il va redescendre sous la forme d'un signal lumineux,
02:29puisque la fibre optique, c'est des pulsations lumineuses par les parties communes de l'immeuble.
02:33Il va se glisser sous le trottoir de Boulogne.
02:36Et comme ce like a été probablement émis sur un site social, un réseau social américain,
02:41il va rejoindre, probablement Bordeaux, ou la Vendée, ou Brest,
02:45traverser le sang atlantique par des câbles sous-marins,
02:49puisque 95% des données de nos likes passent par la mer.
02:53Il va être stocké dans plusieurs centres de stockage de données.
02:56Il y a un redondement de l'infrastructure.
03:01L'infrastructure est redondée pour sécuriser nos vies numériques.
03:06Et puis il va faire chemin inverse jusqu'à votre téléphone.
03:08Donc ça ne va prendre même pas une seconde, parce que tout ça, ça va à quasiment la vitesse de la lumière.
03:11Mais pourtant, c'est l'infrastructure qu'il nous faut pour pouvoir vivre nos vies numérisées.
03:16Alors, ces vies, elles sont de plus en plus riches et de plus en plus rapides,
03:20avec notamment l'essor de la 5G et aujourd'hui de l'intelligence artificielle.
03:24Est-ce que tout ça augure, quelque part, une crise environnementale dans quelques années ?
03:30Que ce soit par la consommation numérique ou la consommation électrique que cela va impliquer ?
03:34Alors, d'abord, il faudrait définir ce qu'est le mot crise.
03:36En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a un impact.
03:39D'abord, il y a une consommation d'électricité qui est réelle.
03:42C'est-à-dire que le numérique, ça inclut la mine pour les métaux, pour fabriquer les interfaces,
03:48mais en ajoutant également l'ensemble du fonctionnement de l'infrastructure,
03:51c'est environ 10% de la consommation d'électricité mondiale.
03:54Il faut traduire cela en émissions de CO2.
03:57Il y a un chiffre sur lequel on est relativement d'accord, c'est 3,7% des émissions de CO2,
04:01chiffre de 2019, pas recalculé à ma connaissance depuis.
04:05Donc, c'est un impact qu'il faut avoir en tête en termes d'émissions de CO2.
04:11Mais l'impact du numérique, ce n'est pas un impact en termes d'émissions de CO2.
04:15C'est un impact matériel.
04:17En fait, ce qui coûte à l'environnement, ce n'est pas les émissions de CO2,
04:21c'est la consommation de matière pour le numérique.
04:24De métaux rares, notamment.
04:26Il faut savoir que le monde dématérialisé est un monde très haute matière.
04:31Il faut beaucoup plus de matière première pour un téléphone portable
04:34que pour n'importe quel objet sur Terre.
04:36Parce que ce sont des objets qui sont complexes.
04:38C'est cet impact-là qu'il faut avoir en tête,
04:40c'est-à-dire l'impact associé à la mine et pour tous les métaux du numérique,
04:44c'est-à-dire le téléphone, mais aussi les câbles sous-marins,
04:46les serveurs des centres de stockage de données.
04:49On parle par exemple du cuivre, qui est un des grands métaux du numérique,
04:52mais c'est également l'aluminium, l'acier,
04:57qui font notamment partie des câbles sous-marins,
04:59mais c'est également les petits métaux de spécialité pour les téléphones portables.
05:02L'indium, tungstène, les certaines terres rares, qui sont une famille de métaux,
05:07mais également le gallium et germanium qui sont nécessaires à la fibre optique et au box.
05:11Tout cela sont des métaux dont l'extraction a un impact en termes de l'impact au sol,
05:17l'artificialisation des sols, l'impact sur la biodiversité, la pollution sur les eaux.
05:21Donc ce sont plus que des émissions de CO2.
05:23Il faut avoir conscience de l'ensemble de ces impacts-là qui sont réels.
05:27Et là aujourd'hui on se bat peut-être pour du pétrole,
05:29demain on va se battre pour ces métaux rares d'un point de vue géopolitique ?
05:32On est en train déjà de se battre, pas encore se battre,
05:34et j'espère qu'on ne se battra jamais.
05:36Mais en tout cas, il y a des tensions géopolitiques et un grand jeu géopolitique
05:40qui se noue aujourd'hui autour de la sécurisation de ces matières premières,
05:44les métaux qui sont nécessaires pour la transition énergétique et pour la transition numérique.
05:49Guillaume, on entend souvent les grandes plateformes dire qu'elles utilisent de l'énergie verte.
05:56Alors qu'est-ce qu'on met sous l'énergie verte ?
05:58Et pour vous, est-ce qu'on n'est pas sur une opération de communication ?
06:00Parce que de toute façon, toute consommation consomme.
06:03Donc déjà, rien n'est vert, c'est un mot dont il faut absolument se dépolluer,
06:07de le dire ainsi, rien n'est vert.
06:09Par définition, je vous invite, ou je vous invite nos auditeurs,
06:12dans une mine de métaux nécessaires au numérique en Chine,
06:16je peux vous dire que le mot vert n'est absolument pas approprié.
06:20Par ailleurs, ce qui est important, c'est la nature de l'électricité
06:25qui permet de faire tourner l'infrastructure.
06:28Cette électricité, elle est...
06:30D'abord, constatons les mixes électriques aujourd'hui,
06:32dans le monde aujourd'hui, on consomme d'abord...
06:35L'électricité provient d'abord des hydrocarbures et des ressources fossiles,
06:38gaz, pétrole, charbon.
06:40Après, l'industrie numérique, elle est de plus en plus consciente de ces enjeux-là.
06:44Elle en a conscience parce que d'abord, il y a une mauvaise réputation
06:47qui lui est faite par des acteurs externes, type Greenpeace par exemple,
06:50en vous disant, en leur disant, mais comment est-il propre votre nuage ?
06:54Il est propre comment ?
06:55« How clean is your cloud ? » dit Greenpeace à Facebook notamment,
06:57depuis une dizaine d'années.
06:59Ça vient de l'intérieur des industries numériques,
07:01vous savez, des manifestations ou des expressions de mécontentement
07:06de la part notamment d'employés de chez Amazon par exemple,
07:08qui réclament à leur direction davantage d'engagement
07:12en faveur d'un numérique moins polluant.
07:15Donc, elles sont obligées de bouger.
07:16Et donc du coup, leur mix électrique,
07:18quand on regarde les entreprises numériques,
07:19s'est énormément améliorée depuis plusieurs années.
07:22On voit que Facebook, Apple, Microsoft, Amazon,
07:28essayent de verdir leur mix,
07:30quelquefois en intégrant à leurs infrastructures
07:32leur propre production d'électricité,
07:34elles la produisent en interne,
07:35et de façon à pouvoir avoir un mix électrique
07:38qui soit plus vert que la moyenne.
07:39Et encore une fois, je mets toutes les précautions d'usage
07:41autour du mot « vert ».
07:42Après, effectivement, il y a ce qu'on appelle
07:44des jeux de communication, des écritures comptables,
07:47autour des certificats d'énergie verte.
07:49En fait, j'échange ma production polluante
07:51contre ta production non-émettrice de CO2,
07:54et en fait, tu récupères la mienne et c'est toi qui pollue,
07:56c'est toi qui pue, et ce n'est pas moi qui pue.
07:58Donc, il faut avoir cette conscience
07:59que les certificats d'énergie verte,
08:00ce sont aussi des écritures comptables
08:02qui ne reflètent pas réellement les émissions de CO2
08:05d'une entreprise comme Netflix, par exemple,
08:06sur laquelle j'ai enquêté,
08:07qui en fait dépend pour son fonctionnement
08:09des serveurs de Amazon, Amazon Web Services.
08:11Donc, rien n'est vert, tout a un coût,
08:14et je pense qu'on va vers un coût de ce numérique.
08:17Il faut regarder notamment les grandes prévisions de l'ADEME.
08:21Il y a plusieurs scénarios de prévisions de l'ADEME.
08:23Dans un scénario business as usual,
08:25donc si on fait comme on fait actuellement,
08:27on arrive vers un numérique
08:29qui n'est pas, à mon avis, soutenable pour l'environnement.
08:31On a vu apparaître ces 10 ou 15 dernières années
08:34beaucoup de start-up d'entreprises du numérique
08:38qui vous vantaient quelque part un pilotage
08:41des déchets ou une modélisation
08:43qui fait que ça va être miraculeux
08:45et en fait, on consommera beaucoup moins.
08:47Mais toutes ces start-up, justement,
08:48elles n'encouragent pas quelque part
08:49juste à mesurer mais à consommer autant ?
08:51Alors, en fait, d'abord, j'ai envie de vous dire
08:53que le numérique n'est pas ni bon, ni mauvais, ni neutre.
08:56Il est ambigu, comme toute technologie.
08:58Finalement, il est aussi impactant que l'usage
09:02qu'on voudra faire de cette technologie-là.
09:04Et il offre comme un effet de levier de toutes nos actions.
09:07Si le numérique, par exemple,
09:09permet d'installer des poubelles connectées
09:11partout à Boulogne et que c'est bien géré,
09:14alors il va amplifier notre conversion écologique.
09:18Si, inversement, il me permet d'amplifier
09:22les usines à faux like de trolls,
09:25alors il va amplifier, en fait,
09:27toute cette pollution sociale que génèrent les usines de trolls.
09:30Donc, en fait, le numérique, encore une fois,
09:32il n'est ni bon, ni mauvais.
09:33Il est ambigu et tout dépend de ce que j'en fais.
09:35Donc, je ne suis pas, évidemment, contre le numérique.
09:37J'ai besoin du numérique pour mes activités
09:39et tout ce que nous faisons ici est physique et numérique
09:42puisque nous allons être probablement diffusés en ligne.
09:44Et on va être likés.
09:45Et on va être likés.
09:46Et donc, en fait, la question,
09:47ça va être plutôt de savoir quel est le solde
09:49entre les impacts négatifs et les impacts positifs.
09:51Il y a des gens qui disent le solde est négatif.
09:53Il y a des gens qui disent le solde est positif.
09:55Moi, je pense que ces gens-là, les deux, ne savent pas.
09:58Pour conclure, 30 secondes, Guillaume,
09:59dans votre livre L'Enfer numérique,
10:00vous terminez en évoquant la nécessité
10:02d'une révolution des modes de pensée
10:03parce que derrière tout ça, il y a des hommes et des femmes.
10:05Pour vous, si vous deviez résumer en trois points clés
10:08les nouveaux modes de pensée
10:09ou alors un état d'esprit un peu différent à adopter.
10:13Écoutez, j'en dirais juste un et qui est...
10:15Je reste dans mon couloir.
10:17Je pense que cette discussion
10:22autour de la virtualisation, de l'impact zéro, du cloud,
10:26à mon avis, sont dangereuses.
10:29Et je pense qu'il faut avoir vraiment
10:30établement conscience de ces enjeux-là.
10:32Et je pense que c'est un sujet qui notamment interpelle,
10:36qui devrait davantage interpeller la génération Greta.
10:38D'abord, la génération Greta n'existe pas.
10:40C'est un concept marketing et médias.
10:42Parce qu'en fait, dans la génération Greta,
10:44vous avez plein de choses.
10:45C'est comme l'NFP aujourd'hui.
10:46Vous avez plein de courants différents
10:47et des gens qui s'engueulent.
10:49C'est pareil avec la génération Greta.
10:51C'est complexe.
10:52Et vous avez la génération Greta
10:53qui représente plutôt des jeunes CSP, CSP+,
10:57et puis vous avez des tas de jeunes
10:58de la génération Greta
10:59qui n'en ont rien à carrer
11:00de ce que représente la pollution d'un téléphone portable,
11:02de nos vies numériques,
11:04de l'électricité qui est nécessaire
11:06pour faire tourner le bidule
11:07et qui achètera avec son téléphone portable
11:10un t-shirt chine qui durera trois semaines.
11:12Donc cette génération Greta,
11:14elle se trouve aujourd'hui face à un enjeu
11:16qui est celui de sa cohérence.
11:18Très bien pour se débarrasser du plastique,
11:19moins manger de viande et pas voler en avion,
11:22mais quid de cette nouvelle pollution
11:24avec tous les effets rebonds,
11:25les effets induits, etc.,
11:27qui est celle de la pollution numérique
11:29et qui peut-être interroge la cohérence
11:32de votre message
11:33quand vous manifestez le vendredi après-midi.
11:35La cohérence, on restera sur ce mot-clé.
11:37Merci beaucoup, Guillaume Pitron.
11:38Je rappelle le titre de votre ouvrage,
11:40L'Enfer numérique.
11:42Restez avec nous.
11:43On marque une courte pause
11:44avant de découvrir
11:45qui des industriels ou de nous-mêmes
11:48sont les plus gros pollueurs.
11:50Le numérique pour tous,
11:51spécial empreinte carbone du numérique,
11:52ça continue dans quelques instants
11:53et c'est sur Sud Radio.
11:58Et pour continuer cette émission
11:59spéciale empreinte carbone du numérique,
12:01j'ai le plaisir de recevoir Pierre Bessac.
12:03Pierre, bonjour.
12:04Vous êtes ingénieur, entrepreneur,
12:06cofondateur de Gandhi
12:07et porte-parole du parti Pirates.
12:10Pierre, on a parlé effectivement
12:11de la mesure de cette empreinte.
12:13Vous, de votre côté,
12:14en tant qu'ingénieur,
12:15concrètement,
12:16l'impact environnemental
12:17des appareils électroniques
12:19s'en dépend de l'étude des fabricants,
12:21est-ce qu'on peut la mesurer ou non ?
12:23Alors, il y a une chose
12:24qu'on peut mesurer assez facilement,
12:25c'est leur consommation électrique.
12:26Avec un appareil à 15 euros,
12:28on peut facilement vérifier
12:30les chiffres qui sont donnés ici et là.
12:32Et puis, soi-même,
12:33dans son utilisation journalière, quotidienne,
12:36voir ce qu'ils consomment plus ou moins,
12:38le frigo, la box,
12:39le téléphone portable, l'ordinateur.
12:41Donc, ça permet d'avoir une idée assez claire.
12:43Il y a aussi des études.
12:45Ce n'est pas forcément nécessaire
12:47que chacun mesure son propre usage,
12:48mais ça permet déjà
12:49de clarifier un petit peu les idées.
12:51Il y a également des études qui sont faites.
12:53Alors, il y a eu beaucoup d'études
12:54assez mauvaises
12:56et assez catastrophistes
12:58dans les années qui passent.
12:59Là, ça commence un petit peu
13:00à percoler vers des chiffres
13:02un peu plus corrects.
13:03En début de semaine,
13:04il y a eu une étude de l'ARCOM,
13:06ARCEP, ADEME,
13:08qui commence un peu
13:09à remettre les points sur les i
13:10de manière un peu...
13:11On ne vous dit pas vraiment la vérité.
13:12En plus, il y a pas mal de produits étrangers.
13:14Donc, on n'a pas les bonnes informations,
13:15on va dire, sur la mesure de l'impact.
13:17Oui, il y a eu beaucoup d'erreurs méthodologiques,
13:18notamment sur le poids du courrier électronique,
13:20par exemple, qui a été fortement exagéré,
13:22où on mélangeait un petit peu tout.
13:23L'usage de l'ordinateur
13:24sur lequel on les écrit, etc.
13:26On mélangeait spam et non-spam.
13:28Enfin, il y a eu des comparaisons
13:30avec des fours électriques
13:31suite à des erreurs d'analyse
13:33et d'ordre de grandeur.
13:34Donc, il y a eu beaucoup de chiffres
13:36énormissimes
13:37qui ont été complètement retoqués.
13:40Aujourd'hui, on arrive à des chiffres
13:42un petit peu plus raisonnables,
13:43qui correspondent plus
13:44à une vision claire de la réalité
13:46et qui montrent que, en fait,
13:47le numérique est relativement peu,
13:50en électricité,
13:51relativement économe
13:53par rapport à d'autres usages courants
13:55dans notre vie de tous les jours.
13:56Très concrètement,
13:57ça intéresse vraiment les Français
13:58de savoir combien ils consomment,
13:59honnêtement ?
14:00Alors, je pense...
14:01Ils ont été sensibilisés
14:02parce qu'on leur demande des gestes,
14:03en fait.
14:04Donc, il faut comprendre
14:05quels sont les gestes qu'on nous demande
14:07et quels sont ceux
14:08qui sont impactants ou non.
14:10Et, effectivement,
14:11ce dont on s'aperçoit,
14:12c'est que, déjà, en France,
14:13on a une électricité
14:14extrêmement peu carbonée,
14:15l'une des moins carbonées du monde.
14:17Donc, là, au niveau urgence climatique,
14:19on est plutôt bien placé
14:20et le numérique, en France,
14:21n'est pas très impactant
14:22par ses usages,
14:24ce qui n'est pas forcément
14:25le cas dans d'autres pays.
14:26On a une électricité,
14:27si ça a dix fois moins carboné
14:29que celle de l'Allemagne
14:30ou des USA, par exemple.
14:31Donc, ça veut dire aussi
14:32qu'on a intérêt à avoir
14:33des data centers en France
14:34plutôt qu'ailleurs.
14:35Ça sera plus économe pour le climat.
14:38Par contre, il y a un consensus
14:40sur le fait qu'il faut économiser
14:42au maximum
14:43le renouvellement du matériel.
14:45Il ne faut pas gaspiller son matériel,
14:46il ne faut pas changer de téléphone
14:47pour un oui ou pour un non.
14:48Il faut essayer au maximum
14:49de le faire réparer
14:50quand on le peut.
14:51Il y a même des aides publiques
14:52pour ça, maintenant,
14:53qui participent à la réparation
14:55d'un téléphone,
14:56un changement d'écran,
14:57un changement de batterie.
14:58Donc, il faut faire
15:01Il y a eu beaucoup de gaspillage.
15:02Il y a eu une époque
15:03dans les années 90
15:04où le numérique progressait
15:06tellement en performance
15:07qu'un de nos ordinateurs
15:08devenait obsolète
15:09au bout de deux ans.
15:10Là, on est dans un marché
15:12beaucoup plus stabilisé.
15:13Donc, il y a beaucoup moins
15:14de justifications à changer
15:15de matériel tout le temps.
15:16Après, Pierre,
15:17on a beaucoup de chiffres
15:18qui viennent de ce qu'on appelle
15:19les think tanks.
15:20C'est ce qu'on entend beaucoup
15:21dans les médias.
15:22En même temps, j'ai le sentiment
15:23que moi-même,
15:24quand j'entends un chiffre macro,
15:25je ne comprends pas vraiment
15:26à quoi ça correspond.
15:27En fait, ça ne me donne pas
15:28d'indication sur mon comportement
15:29personnel.
15:30Est-ce que c'est une volonté
15:31de donner des chiffres
15:32que l'on ne comprenne pas
15:33ou qu'est-ce qu'il y a derrière ?
15:34Non.
15:35La volonté, ce n'est pas...
15:36Déjà, les analyses macro
15:38pour donner un exemple,
15:40ça consiste à regarder
15:41la consommation complète
15:42des data centers
15:43dans le monde entier
15:44sachant qu'on ne sait pas
15:45vraiment ce qu'il y a forcément
15:46dans les data centers
15:47vu la façon dont ils sont organisés.
15:48On sait qu'un data center de Google
15:50va donner des services Google.
15:51Mais il y a beaucoup de data centers
15:52qui sont des partages
15:53entre différents acteurs.
15:54Donc, les data centers eux-mêmes
15:56ne peuvent pas exactement dire
15:57ce qui se passe dans leurs locaux.
16:00Il y a des divisions
16:04entre des consommations électriques agrégées,
16:06des trafics mondiaux agrégés
16:08où on ne sait pas exactement
16:10sur quoi on travaille.
16:11Et il y a aussi ce qu'on appelle
16:12le modèle attributif.
16:13Donc, c'est un peu l'équivalent
16:14d'un syndic de propriété
16:15qui va vous donner...
16:17Si vous êtes au quatrième,
16:18vous allez avoir plus de tantièmes
16:19dans l'usage de l'ascenseur.
16:21Donc, il va y avoir
16:22une répartition approximative
16:23des impacts.
16:24Mais ce sont des réseaux
16:26à coût fixe.
16:27C'est-à-dire que je n'utilise pas
16:28Internet ou que je l'utilise,
16:30ma box va faire à peu près
16:31la même consommation électrique.
16:32Mais quand on va l'imputer
16:34par rapport au trafic
16:35que j'ai réalisé,
16:36c'est ce qu'on appelle
16:37le modèle attributif,
16:38on va découper ça
16:39par rapport au trafic
16:40que j'ai réalisé.
16:41Donc, ça donne des résultats
16:42contre-intuitifs parce qu'en fait,
16:43plus je fais de trafic sur ma box
16:44et moins l'unité individuelle
16:47de trafic aura un impact
16:49CO2 élevé puisqu'il sera divisé
16:51par le coût fixe de la box.
16:53Il semblerait que depuis
16:54ces dernières années
16:55où il y a beaucoup de rapports
16:56qui sont produits,
16:57il y a eu vraiment
16:58des véritables erreurs
16:59d'évaluation qui ont été observées
17:01par des grands cabinets.
17:02Et donc, ces discussions
17:03ont influencé quelque part
17:05l'impact et l'orientation
17:06du numérique à court terme.
17:07Absolument.
17:08Concrètement.
17:09Par exemple, en 2018,
17:10le Sheet Project a comparé
17:12une heure de vidéo
17:13avec un four électrique,
17:14une demi-heure de four électrique.
17:16Ce qu'il faut savoir,
17:17c'est que dans nos appareils
17:18électroniques,
17:19l'énergie consommée
17:21est transformée en chaleur.
17:24100% de ce que nous consommons
17:26en électricité
17:27dans un appareil numérique habituel,
17:29c'est de la chaleur.
17:31Si votre appareil chauffe,
17:32ça veut dire qu'il consomme plus
17:33que s'il ne chauffe pas, en clair.
17:35Ce qui chauffe le plus
17:36dans nos usages électriques,
17:37c'est les radiateurs,
17:38les appareils à raclette,
17:39les choses comme ça.
17:41Un téléphone, ça chauffe peu.
17:43Quand on entend
17:44qu'une heure de vidéo
17:46correspond à 30 minutes de four,
17:48on doit se poser la question
17:50est-ce que ça correspond
17:51à la réalité ?
17:52Derrière le téléphone
17:53ou l'appareil de télévision,
17:55il y a bien entendu
17:56des serveurs du réseau
17:57dont on ne voit pas l'impact
17:59directement dans notre usage.
18:01Mais le chiffre a été faux, en fait.
18:03C'est un chiffre qui, pourtant,
18:05est encore sur le site
18:07et le rapport correspondant
18:09sans errata.
18:10Il est repris régulièrement
18:11par des médias
18:12qui pensent que la source
18:14est de confiance,
18:15ce qu'elle est souvent,
18:17mais qui ne vérifient pas forcément
18:19les chiffres.
18:20Ce qu'il faut essayer de voir,
18:21c'est qu'un chiffre surprenant,
18:22alors qu'il soit extrêmement élevé
18:24ou extrêmement bas,
18:25est toujours à questionner.
18:26Il faut toujours se poser
18:27la question de la méthodologie
18:28derrière qui a mené au résultat.
18:30On en vient à d'autres chiffres.
18:32Là aussi,
18:33il n'y a pas un paradoxe.
18:34On accuse, par exemple,
18:35plus certains secteurs industriels.
18:36Je pense à l'automobile
18:37par rapport à d'autres secteurs
18:38qui sont polluants,
18:39ceux des plateformes
18:40et des GAFAM.
18:41Comment se retrouver ?
18:42Comment un citoyen
18:43peut se retrouver là-dessus ?
18:44Est-ce qu'on lui dit la vérité
18:45ou alors il y a
18:46des enjeux économiques derrière
18:47qui conditionnent la médiatisation
18:48qu'on en fait ?
18:49L'automobile,
18:50c'est une part non négligeable
18:51de notre impact carbone.
18:52Le transport, en général,
18:53c'est à peu près 40 %
18:54du CO2 français.
18:55Le numérique,
18:56c'est 2-3 %.
18:57Pourquoi cette différence
18:58de mise en valeur ?
18:59On a vu avec les gilets jaunes
19:00que la voiture,
19:01déjà,
19:02ça pèse beaucoup
19:03dans le budget des Français
19:04qui utilisent leur voiture.
19:05C'est peut-être
19:06dix fois le budget numérique.
19:07Le calcul est assez simple à faire.
19:08Quand on voit
19:09ce qu'on consomme en essence,
19:10en assurance,
19:11en vie,
19:12c'est peut-être
19:13dix fois
19:14le budget numérique.
19:15Le calcul est assez simple à faire.
19:16Quand on voit
19:17ce qu'on consomme en essence,
19:18en assurance,
19:19en assurance,
19:20en vie,
19:21enfin, plus en vignettes mais
19:22en entretien du véhicule,
19:25le budget numérique
19:26est finalement moins important,
19:27beaucoup moins important
19:28et donc beaucoup moins sensible
19:29aux augmentations.
19:30Vous augmentez
19:31le prix de l'essence
19:32ou vous réduisez
19:33les taxes dessus,
19:34tout de suite,
19:35vous avez des gens
19:36qui vont applaudir
19:37ou qui vont être dans la rue
19:38sur le sujet.
19:39Les budgets pub,
19:40c'est un peu pareil.
19:41Il y a des énormes budgets pub
19:42pour l'automobile.
19:43On l'entend régulièrement
19:44dans les publicités
19:45et sur les médias.
19:46Il y a très peu
19:47de budgets publicitaire
19:48peu de budget publicité sur le numérique. Donc il est assez facile de taper sur le numérique à
19:54moins d'argent. Les gros acteurs sont étrangers, donc ils ne sont pas ici forcément pour éventuellement
19:59se défendre. On n'a pas forcément non plus envie de les défendre d'ailleurs, vu leur poids économique
20:05colossal chez nous. Pour conclure, pour un citoyen Pierre, un citoyen comme nous sommes tous, sur une
20:13journée type, si on veut apporter sa contribution et être dans une forme de raisonnabilité,
20:17entre le numérique, l'automobile et d'autres consommations, ça serait quoi vos trois
20:21recommandations ? Déjà éviter de prendre sa voiture pour un oui ou pour un non. Les grosses économies
20:29à faire sont sur le transport spécialement, et le transport avec les voitures thermiques
20:33notamment. Ce qu'il faut voir c'est qu'une heure de vidéo c'est à peu près 50 mètres,
20:40ou entre 50 et 100 mètres en voiture. Donc les impacts sont extrêmement... On a beaucoup plus
20:46d'efficacité à décarboner en économisant les transports, en convertissant en numérique,
20:52donc en faisant la visioconférence par exemple, plutôt que se déplacer loin pour aller à une
20:56réunion. Très clair. Si on veut une source d'information un peu vérifiée pour aller plus
21:02loin dans cette observation, je poserai aussi la question à Guillaume, où est-ce qu'on peut
21:07trouver des sources fiables ? Alors les derniers rapports Arcom et Arcep sont plutôt pas mal. Il y
21:13a un gros rapport qui est sorti en début de semaine qui fait 330 pages et avec beaucoup
21:17de chiffres. Il faut avoir envie de le lire mais on peut déjà le parcourir en diagonale,
21:22voir un petit peu les chiffres, les ordres de grandeur. Et je me tourne vers Guillaume. Au-delà
21:26de lire votre livre, Guillaume, où est-ce qu'on peut trouver des sources fiables et accessibles
21:30et intelligibles pour le grand public ? Alors Arcom et Arcep ça fait des années qu'ils produisent
21:34des chiffres qui font autorité. L'ADEME, parce que l'ADEME produit énormément de choses également.
21:38Très intéressant, le livre blanc de l'ADEME sur le numérique. Autorité. Et puis je citerai
21:43également l'Institut du numérique responsable qui a produit un livre pour les entreprises,
21:48un livre blanc sur la transformation numérique qui est très intéressant. Moi, un geste,
21:53gardez votre téléphone portable le plus longtemps possible. En fait c'est ça l'enjeu autour du
21:58numérique. C'est le principal impact du numérique sur l'environnement, c'est l'impact matière. Et
22:03donc ne jetez pas votre téléphone au bout de 18 mois. Moi j'ai un iPhone 7 que j'ai acheté sur
22:08BackMarket d'occasion et que j'ai réparé 15 fois. Et vous contribuez au quotidien justement à ne pas
22:13agrandir. Ça c'est concret au quotidien. Merci beaucoup Guillaume Pitron, Pierre Bessac. Le
22:16numérique pour tous c'est fini pour aujourd'hui. On retrouve nos podcasts même s'ils consomment un
22:20tout petit peu et on peut se retrouver également sur les réseaux sociaux. Je vous souhaite une
22:23excellente fin de week-end et je vous dis à la semaine prochaine.

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