• l’année dernière
Marine Le Pen est reçue ce lundi 25 novembre à Matignon par le Premier ministre, qui débute des consultations avec les chefs de groupe parlementaires pour éviter le vote d'une motion de censure par les oppositions.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Tout de suite prendre la direction de Matignon, puisque d'ici un quart d'heure maintenant, Marine Le Pen doit arriver à Matignon, où elle va être reçue par Michel Barnier.
00:08Vous savez que le Premier ministre, en fait, reçoit tour à tour tous les présidents des groupes parlementaires pour des consultations.
00:15Mais des consultations pour quoi, Loïc Besson ?
00:20Marine Le Pen, elle vient avec sa liste de revendications, tout ce sur quoi elle s'oppose en matière de pouvoir d'achat, la hausse des taxes sur l'électricité,
00:28l'augmentation des frais de notaire, une nouvelle journée de travail sans être payée ou encore le déremboursement de médicaments.
00:34Elle vient aussi avec des propositions sur l'aide médicale d'État ou encore sur la baisse de contribution à l'Union européenne.
00:40Pour autant, le RN cherche à se montrer responsable. On sait qu'il ne peut pas tout nous donner, confie Marine Le Pen,
00:47qui a quand même besoin de pouvoir justifier de victoire auprès de ses électeurs.
00:51Et pour l'instant, dans son entourage, le compte n'y est pas. En l'État, c'est le bouton rouge pour faire tomber ce gouvernement.
00:57La balle est donc dans le camp du Premier ministre Michel Barnier, ouvert et serein, nous dit son entourage,
01:04prêt, je cite, à prendre toutes les propositions d'où qu'elles viennent, y compris au RN.
01:08Michel Barnier, qui souhaite d'ailleurs élargir les discussions avec Marine Le Pen au-delà du budget, ça tombe bien.
01:13Elle a aussi des propositions, des revendications en matière d'immigration ou encore d'instauration de la proportionnelle.
01:20Le Premier ministre a bien entendu tout ce que dit Marine Le Pen, nous dit-on dans son entourage.
01:25Il sait comment ça marche. Et Matignon, qui rappelle qu'il a jusque-là été un fin négociateur.
01:31Alors ça, c'est intéressant, Naila Latour. Est-ce que ça veut dire, selon les informations de BFMTV,
01:35que le Premier ministre pourrait faire des concessions au Rassemblement national ?
01:38Pour l'instant, vous savez, c'est l'expression politique, rien n'est exclu, mais enfin rien n'est décidé.
01:42Parce que quand on demande à Matignon précisément quelles concessions peuvent être faites,
01:45on entend par la voix, par exemple, de la porte-parole du gouvernement que sur l'électricité, c'est non, qu'il faut rester dans les clous budgétaires.
01:51Et donc, c'est vrai que pour l'instant, on peine à voir sur quel point est-ce que le Premier ministre peut céder au Rassemblement national.
01:57Tiens, je vous parle par exemple de la contribution à l'Union européenne.
02:00Le Rassemblement national l'a fait voter à l'Assemblée nationale en disant que ça fait 5 milliards d'euros d'économie par an.
02:06Est-ce que Michel Barnier peut accepter de toucher à la contribution pour l'Union européenne ?
02:12Il nous dit non. Sur l'électricité, de la même façon, c'est un non.
02:14Donc pour l'instant, effectivement, il y a une posture de dialogue, mais qui n'aboutit pas très concrètement sur des points
02:19où Marine Le Pen, en sortant de Matignon, pourrait dire, moi, président du groupe RN à l'Assemblée nationale, voilà ce que j'ai obtenu.
02:25C'était une demande de mes électeurs.
02:26– Mais Mathieu Croissando, est-ce que le Rassemblement national a de bonnes raisons de se froisser ?
02:31Parce que ça avait plutôt bien commencé entre le Rassemblement national et le Premier ministre.
02:35– Ça avait bien commencé, pas comme une love story, mais ça avait plutôt bien commencé
02:38puisqu'on se souvient que Michel Barnier n'avait pas hésité à recadrer son ministre de l'économie, Antoine Armand,
02:42après que celui-ci avait déclaré ne pas vouloir recevoir Marine Le Pen ni son parti
02:48lors des discussions pré-budgétaires.
02:51Il y avait eu ce coup de fil du Premier ministre et le Rassemblement national, lui-même, n'en revenait pas.
02:55Ses élus disaient, on est traité, on est pris en considération.
02:58Et puis ça s'est lentement dégradé et ça tient à plusieurs choses.
03:01D'abord, le fait que Michel Barnier ait laissé les députés détricoter son budget sans s'en mêler,
03:06en disant, ça implosera tout seul, je n'ai pas besoin d'avoir une présence du gouvernement ferme
03:11et une politique de deal lors de l'élaboration du budget à l'Assemblée.
03:15Et puis, ce sentiment de la part des députés RN de ne pas avoir été considéré, de ne pas avoir été traité.
03:20Michel Barnier a passé plus de temps à dealer avec sa propre majorité.
03:23Vous connaissez Laurent Wauquiez sur les retraites, Gabriel Attal.
03:26Pour l'instant, ça n'a pas abouti sur les allégements de cotisations sociales.
03:29Donc, il a passé plus de temps à dealer avec sa propre majorité qu'à s'ouvrir avec les autres.
03:32Or, Michel Barnier, il repose sur une tête d'épingle.
03:34Il n'a pas de majorité, il est à la tête d'un parti qui a fait 5 % en législative.
03:37Et Marine Le Pen va se rappeler à lui avec juste deux choses qui ont changé aussi dans le contexte.
03:42La condamnation peut-être de Marine Le Pen en janvier.
03:46C'est le réquisitoire à l'inéligibilité qui pourrait condamner à l'inéligibilité la patronne des députés RN.
03:55Mais ça, ça pèse dans le rapport de force ?
03:57Ça peut peser en tout cas dans le choix du RN.
03:59Le RN avait fait le choix, et je vais laisser Néan parler, mais d'aller jusqu'au printemps en gros
04:03et de voir à partir du printemps s'il voterait une motion de censure ou non.
04:07Là, le calendrier peut s'accélérer parce qu'il y a la base qui dit pourquoi on soutiendrait ce gouvernement Barnier.
04:11Et puis parce qu'il y a aussi la menace courue par Marine Le Pen lors de ce procès,
04:15c'est une bonne occasion de faire diversion, de parler d'autre chose.
04:18Les électeurs du RN, effectivement, souhaitent la censure.
04:23Ça peut peser, ça, dans la décision globale ?
04:26Oui, et ça pèse notamment dans les discussions que les députés du RN ont avec leur patronne Marine Le Pen.
04:32Quand ils vont dans leur circonscription, quand ils ne sont pas à Paris le week-end,
04:36ils rentrent en disant à Marine Le Pen « Écoute, nos électeurs ne comprennent pas,
04:39on apparaît comme les soutiens du gouvernement de Michel Barnier. »
04:42Et ça, c'est une petite musique qui commence à faire son chemin chez Marine Le Pen,
04:45qui est coincée en réalité entre deux impératifs.
04:48Un, satisfaire sa base, donc ce que disent les gens qui ont voté pour elle,
04:51et de l'autre côté, conquérir de nouveaux électeurs.
04:53Parce que ce qu'elle a en tête, c'est que s'il devait y avoir des élections l'année prochaine
04:57et qu'elle n'était pas inéligible, évidemment, elle aimerait que son socle de député grossisse
05:00et donc il faudrait encore plus d'électeurs.
05:01Le problème, c'est que les électeurs potentiels, les prospects, eux, sont très demandeurs de stabilité,
05:08pas de chaos, surtout qu'ils voteront pour un député ou pour une majorité
05:14qui pour eux, au fond, ne basculera pas de manière décisive.
05:18Ils ne renversent pas la table.
05:19Et donc, entre ces électeurs qu'elle cherche, qui eux ne sont pas très pour la motion de censure,
05:24et les électeurs qu'elle a déjà qui sont pour la motion de censure,
05:26ça explique le dilemme de Marine Le Pen, censurer tout de suite ou attendre le printemps prochain.
05:30– Sixième motion de censure, elle serait déposée par qui ?
05:31– Elle sera de toute façon déposée par le nouveau front populaire
05:34qui n'en fait pas mystère depuis l'installation du gouvernement Barnier,
05:37dit dès qu'on aura une occasion, on déposera une motion de censure.
05:40La seule interrogation, c'est qui la votera ?
05:42Alors, est-ce que le RN la votera ou non ?
05:45On vient d'en parler, il y a une autre interrogation aussi,
05:47c'est quel jeu vont jouer les socialistes ?
05:50Jusqu'à présent, le parti socialiste fait partie de la coalition Nouveau Front Populaire
05:53et s'est toujours montré solidaire de cette coalition.
05:56Est-ce que le risque de voir un gouvernement chuté, un budget mis en enjeu
06:02et la France se retrouver dans une espèce de trou noir,
06:05parce qu'on ne connaît pas la situation dans laquelle serait la France
06:07si le gouvernement tombait et le budget n'était pas adopté ?
06:09Est-ce que ça, ça va faire réfléchir les socialistes ?
06:11C'est une interrogation.
06:11– Mais tous les socialistes sont sur cette ligne-là,
06:14le doute quant au vote ou pas de cette motion de censure ?
06:17– La plupart des socialistes, et d'ailleurs c'est ce qui explique
06:18qu'hier, leur patron, le président du groupe socialiste à l'Assemblée,
06:21a dit attention, la censure, ok sur le principe,
06:24mais enfin il faudra dire ce qu'on fait après,
06:25il n'est pas question précisément de se jeter dans cet inconnu,
06:28ça lui a valu des commentaires très acerbes de Jean-Luc Mélenchon
06:32qui soupçonne le parti socialiste de préparer tout simplement la scission
06:36avec ce bloc de gauche, petite précision mathématique,
06:40si le Rassemblement national vote la censure,
06:42tout le bloc de gauche sans le parti socialiste, elle ne passe pas.
06:45Donc les socialistes, leur voix est aussi déterminante
06:47que celle des députés de Marine Le Pen.
06:48– Et l'ERN n'a aucun problème avec le fait de voter une motion de censure
06:51déposée par le Nouveau Front Populaire ?
06:53– Sur le papier non, d'ailleurs le Rassemblement national
06:56a voté un certain nombre de mesures avancées par le Nouveau Front Populaire,
06:58il s'apprête à voter l'abrogation de la réforme des retraites jeudi,
07:01après une motion de censure c'est aussi un texte,
07:03ce n'est pas que le dépôt d'une intention,
07:06et donc dans le texte généralement la gauche s'arrange
07:08pour mettre un certain nombre de propos
07:10qui ne peuvent pas être acceptables par l'extrême droite,
07:12faudra voir est-ce qu'ils iront jusque là
07:14ou est-ce que la gauche tout simplement, et c'est déjà arrivé,
07:17fera une motion de censure ERN compatible pour s'assurer d'un maximum de voix.
07:21– Alors si le gouvernement est renversé,
07:22quels seraient le risque, les conséquences pour la France ?
07:25Voilà ce que disait François Bayrou, le président du MoDem hier soir sur BFM.
07:30– Il n'y a personne de responsable dans le pays
07:33qui puisse souhaiter que tombe, que chute,
07:37un gouvernement qui a été nommé il y a deux mois,
07:40mis à part les oppositions,
07:41mais sur le fond c'est un risque qu'on ne doit pas prendre.
07:44Un grand pays comme la France, dans le moment de crise que nous vivons,
07:47ne peut pas se permettre des chutes de gouvernements successives,
07:52ça serait une crise de la vie politique française
07:55et il n'y a rien de plus souhaitable que de l'éviter.
08:00– Faisons un peu de fiction, si le gouvernement est renversé,
08:03qui vient à Matignon ?
08:03– Alors il y a plusieurs possibilités.
08:05– Comme le dit Mathilde Panot hier chez vous d'ailleurs.
08:08– Il y a plusieurs possibilités, la première c'est qu'Emmanuel Macron
08:11renomme par exemple Michel Barnier, en lui disant oui,
08:13elle charge pour lui, le journal de Gaulle l'avait fait,
08:16donc on peut renommer Michel Barnier,
08:17elle charge pour lui de refaire un gouvernement.
08:19– Et une mouche qui n'est pas d'accord.
08:20– Une mouche qui n'est pas d'accord,
08:21en tout cas cette mouche ne sera vraisemblablement pas la seule
08:25et ce scénario n'est pas forcément celui qui a le plus de chances de se réaliser.
08:30– Parce qu'on réécrit la même histoire.
08:31– Parce qu'on réécrit la même histoire
08:32et là il s'agit de trouver de nouveaux accords politiques,
08:34ça serait plus facile si Emmanuel Macron décidait de nommer
08:37un nouveau Premier ministre issu de l'autre côté de l'échiquier,
08:40de la gauche par exemple, un socialiste compatible,
08:42il y avait eu le profil de Bernard Cazeneuve
08:43dont on avait beaucoup parlé cet été, ça c'est une autre option.
08:46Il y a une troisième option qui serait de nommer en cas d'échec
08:50ou de chute de gouvernement successif,
08:52une forme de gouvernement de technicien,
08:55on parle de ça avec cet exemple de l'Italie
08:57qui avait nommé dans un moment de crise politique,
08:59des technos dont le calendrier serait annoncé à l'avance,
09:03en gros on pourrait dire à ce moment-là,
09:04enfin le Président pourrait dire, il y aura des solutions l'été prochain,
09:07d'ici là, six mois, on nomme un gouvernement technicien
09:10pour gérer les affaires courantes.
09:11– Mais ça veut dire, vous n'allez pas dans l'unité ?
09:15– Non, mais il y a un scénario en tout cas qui n'est vraiment pas certain
09:19et qui même exclut en tout cas au sommet de l'État,
09:21c'est la démission du Président de la République,
09:24autant le dire, Jean-Luc Mélenchon n'arrête pas de dire,
09:26il faut que le gouvernement tombe et après ça,
09:28Emmanuel Macron n'aura qu'une solution, démissionner,
09:31non, ça ne se passera pas comme ça.
09:32– Mais Naila, ça veut donc dire nouvelle équipe,
09:34nouveau gouvernement et tout ce qui a été ébauché depuis deux mois,
09:39eh bien, est oublié.
09:40– Ce sera le choix de la nouvelle équipe,
09:41soit effectivement de faire table rase,
09:43soit, et c'est possible, si nous nous projetions dans cette hypothèse
09:47où le budget ne serait pas voté,
09:48il y aurait R49-3 et une motion de censure passe,
09:51le prochain gouvernement peut très bien faire
09:53un projet de loi de finances rectificative
09:55et reprendre un certain nombre des éléments
09:57qui ont abondé le débat.

Recommandations