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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans 15 minutes pour mon avenir.
00:03Vous aimez la mer, le grand air, vous avez envie de travailler avec le vivant,
00:07de nourrir le monde et de préserver les océans.
00:09Et si vous vous lanciez dans les cultures marines ?
00:11Pour en parler aujourd'hui, j'ai invité une ostréicultrice de talent,
00:14Laurence Carrien. Je vous la présente tout de suite.
00:17On y va Laurence ?
00:18On y va, je suis.
00:19Allez, venez.
00:20Je suis donc avec Laurence, ostréicultrice à Cancale, en Bretagne, depuis 35 ans.
00:31Oui, depuis 89, exactement, 1989.
00:36Et comment vous avez eu le déclic pour vous lancer dans l'ostréiculture ?
00:39Alors le déclic, c'est que quand je suis arrivée dans les années 89 à Cancale,
00:43j'étais serveuse et puis j'ai rencontré mon mari, mon amour de ma vie comme on dit.
00:49Et puis comme il était déjà ostréiculteur par ses parents et ses grands-parents,
00:54je me suis mise avec lui dans le métier.
00:56Et vous travaillez encore en famille ?
00:58On travaille toujours en famille.
00:59D'ailleurs, j'ai mon fils qui est avec nous depuis plusieurs années,
01:03qui est la quatrième génération et qui vient de faire un petit garçon.
01:07Et on aimerait la cinquième.
01:09Pas mal, cinquième génération de Carrien.
01:11Ah oui, ça serait beau.
01:13Alors concrètement, comment on cultive les huîtres ?
01:16Alors, il faut savoir que pour faire une huître, il faut trois ans.
01:19La base de l'huître, c'est-à-dire que, vous savez, souvent l'été, les huîtres,
01:22elles sont laiteuses.
01:23Donc moi, souvent, pour expliquer ce que c'est quand elles délaissent,
01:27c'est-à-dire que c'est comme les femmes quand elles sont enceintes.
01:29Au bout de neuf mois, elles accouchent de petites larves, des petits bébés,
01:32qui, à ce moment-là, on pose des collecteurs.
01:36Il faut savoir que ça se passe à La Rochelle,
01:39parce que chez nous à Cancale, la mer, jusqu'à présent, n'était pas encore assez chaude.
01:43Donc le captage, on a des parcs de captage à La Rochelle.
01:46On met nos capteurs et puis les larves se collent dessus.
01:50Les larves, c'est les naissins, c'est ça ?
01:51C'est les naissins, tout à fait.
01:53Et après, vous faites quoi ?
01:55Alors, ça reste à peu près quelques mois sur les parcs à La Rochelle.
02:00Ensuite, on va les chercher, on les récupère, on les ramène chez nous.
02:04Quand ça arrive, si vous voulez, c'est vraiment tout petit, c'est un ongle.
02:10Du coup, on les décolle et là, on commence le travail.
02:14On les met dans des poches, c'est-à-dire qu'on des tout petits trous,
02:18parce qu'il faut savoir quand même qu'il faut que l'eau puisse et qu'il faut que l'huître puisse manger.
02:23Donc, on les met dans des petits maillages et ensuite, on les remet dans nos parcs.
02:29Plusieurs mois après, on ramène parce que les huîtres ont grossi,
02:32ont pris du poids dans les poches.
02:35On appelle ce que ça s'appelle le dédoublage.
02:38Un petit peu plus gros, on met moins d'huîtres pour qu'elles puissent grossir, pouvoir manger.
02:44Et on fait ça continuellement jusqu'à à peu près 3 ans.
02:48Et entre-temps, si vous voulez, on retourne aussi l'été.
02:51Il faut savoir qu'il faut retourner, on retourne les poches pour que l'huître dans le soupe puisse manger.
02:56Donc, toutes nos poches, on les retourne et on fait ça tous les ans.
02:59C'est un travail de longue haleine qui dure à peu près 3 ans, voire 4 ans maintenant des fois.
03:05Et vous parlez de manger. Elles se nourrissent de quoi, les huîtres ?
03:08Alors, elles se nourrissent de plancton.
03:10Et pour avoir ça, il faut savoir, c'est ce qu'on appelle la photosynthèse.
03:15C'est-à-dire, il faut du soleil, il faut de la pluie.
03:19En Bretagne, la pluie, on l'a, ce n'est pas un problème, pas trop quand même.
03:24Et il faut savoir qu'il nous faut aussi toujours un petit peu d'eau qui vient des ruisseaux.
03:29Et tout ça, ça vous fait du plancton dans la mer et l'huître, elle mange, c'est sa nourriture.
03:34Donc, c'est vraiment naturel.
03:36Vous n'avez besoin de rien ajouter, c'est complètement naturel.
03:39Non, on ne met pas de petites croquettes. Non, pas du tout, c'est naturel.
03:43Et comment vous savez qu'elles sont prêtes à être consommées ?
03:46Alors, comme je vous l'ai expliqué, il faut savoir à peu près 3 ans.
03:49Donc, au bout de 3 ans, on appelle ça des bonnes avant-dents.
03:53C'est des huîtres qui ont un certain calibre, justement, ce calibre-là.
03:56On les passe dans des calibreuses et on les calibre par numéro.
04:00Donc, elle est numéro 5, 4, 3, 2, 1 et 0.
04:045, c'est la plus petite et 0, c'est la plus grosse ?
04:06Voilà, tout à fait. Le 5, c'est la petite.
04:08Souvent, les gens s'imaginent que 5, c'est une grosse et non, c'est l'inverse.
04:12Et si jamais elle n'est pas encore prête, elle est trop petite, par exemple ?
04:16Elles sont vraiment toutes petites. On appelle ça un petit peu l'herbu, les retours.
04:20On remet ça dans des poches et on essaye d'avoir une année de plus.
04:24C'est pour ça que des fois, on a des huîtres qui ont 4 ans.
04:28Pour les laisser grossir.
04:30Et si ça intéresse les étudiants, quelles formations ils doivent suivre pour être sericulteurs ?
04:35Il faut un minimum du bac professionnel culture marine.
04:41Ce bac-là, il se passe dans les lycées maritimes, en général.
04:45Et il y a de l'alternance ?
04:47Parfois, il y a de l'alternance, mais honnêtement, je regrette qu'il n'y en ait pas un peu plus.
04:53On aimerait, parce qu'on s'aperçoit que quand vous avez un jeune, un étudiant qui vient faire ce bac
05:00et qui fait beaucoup de cours, c'est bien, mais il faut plus de terrain.
05:04Parce qu'on apprend mieux sur le terrain.
05:06Et en plus, quand on passe du temps dans l'entreprise, on sait après si on aime ou on n'aime pas.
05:14Moi, j'ai toujours dit que ce n'est pas dans une classe qu'on va savoir si on aime.
05:19On peut aimer, puis après, on s'aperçoit que non. Il faut être sur le terrain.
05:23Comment on peut s'installer en tant qu'austriculteur ?
05:26En tant que jeune austriculteur, on peut commencer comme employé.
05:31Et ensuite, il y a une possibilité, c'est que souvent, dans certaines boîtes, vous avez le patron qui vend à son employé.
05:39Et sinon, pour quelqu'un qui n'a rien, vous avez des aides au niveau de la région.
05:45C'est des dossiers à remplir, mais il y a des aides financières pour s'installer.
05:51Et qu'est-ce que vous préférez dans votre métier ?
05:53Moi, j'aime tout dans l'austriculture. Les vendre, les travailler, être au grand air.
05:59Et surtout, j'ai un amour inconditionnel.
06:04Et surtout, j'aime que mes clients soient heureux de manger mes huîtres parce que ce sont des moments festifs.
06:10C'est un produit dont vous êtes fière ?
06:12Oui.
06:13On en parle beaucoup, on parle beaucoup d'austriculture, on parle beaucoup de votre métier.
06:17Mais moi, j'ai envie de visualiser tout ça.
06:19Donc, on vous a préparé un petit album photo.
06:21On va se boire un café et on va le regarder ?
06:23Avec plaisir.
06:24Allez.
06:30Et voilà pour vous.
06:31Merci.
06:32Alors, on va commencer cet album photo avec votre tracteur.
06:35Tout à fait. Oui, le tracteur, le porte-lattes et l'alas, ce qui est très important.
06:40L'alas, donc, c'est le bateau ?
06:42C'est le bateau, oui.
06:43OK. Là, est-ce que vous pouvez nous expliquer, c'est votre mari ?
06:46Là, c'est mon mari qui est en mer avec l'alas et qui va chercher des poches sur les parcs.
06:52OK. Donc, vous me disiez, l'alas, c'est quand la mer est un peu haute, sinon vous y allez directement en tracteur ?
06:58Sinon, on va directement en tracteur sur les parcs quand on est, comme on dit, à sec.
07:03Et là, on travaille l'alas accroché au tracteur, oui.
07:09OK. Pour ensuite mettre les poches dedans.
07:11Les poches dedans, tout à fait.
07:12Là, c'est votre parc ?
07:13Là, ce sont les parcs à huit, oui.
07:15Magnifique.
07:17Votre mari ?
07:18Mon mari, là, qui est en train de retourner les poches.
07:20Oui.
07:21Comme je vous avais expliqué, tous les étés, il faut retourner les poches pour que les petites puissent grossir et…
07:25C'est ça, pour que les huit du dessous puissent manger.
07:28Manger, tout à fait.
07:29OK.
07:30Là, c'est votre fils ?
07:31Là, c'est mon fils, oui, qui est en train de charger et à la fois de retenir l'alas.
07:37Il prend les poches d'huîtres et il les met dans le bateau ?
07:40Voilà, tout à fait.
07:41Vous voyez, là, on voit le parc.
07:43Il y a les poches et puis ça va dedans.
07:45Et là, on voit que l'eau est un petit peu plus haute.
07:47C'est plus facile pour eux, oui, quand il y a un peu d'eau.
07:49Oui.
07:50Là, c'est votre bâtiment ?
07:51Là, c'est le bâtiment où on travaille, oui.
07:53Donc, plusieurs tracteurs.
07:55Oui, tout à fait.
07:56Alors là, c'est le chargeur.
07:58C'est quand les huit remontent, comme je vous ai expliqué.
08:01On les met dans le chargeur et puis ensuite, ça file à la calibreuse.
08:04OK.
08:05La calibreuse qu'on voit là maintenant ?
08:07Tout à fait.
08:08Juste avant, il y a un tapis où il y a deux, trois personnes qui décollent les huîtres,
08:12qui enlèvent les petites, enfin, qui font déjà un pré-engrossissement.
08:16Et puis ensuite, c'est ce qu'on appelle de la une à une.
08:18L'huître est toute seule et elle monte comme ça et ensuite calibrée.
08:22OK.
08:23Voilà.
08:24Là, c'est une fois qu'elles sont calibrées, on va pouvoir les mettre en bassin pour les stocker.
08:28Vous les stockez.
08:29Là, c'est une vente dans un restaurant.
08:31Les huîtres sont mises à plat et puis il n'y a plus qu'à livrer.
08:34OK.
08:35Vous les conditionnez.
08:36On les conditionne, oui.
08:37Tout à fait.
08:38La vente ?
08:39Alors, la vente, là, c'est le marché aux huîtres à Cancale.
08:42On voit ma vendeuse avec le rose que j'aime beaucoup.
08:48Très belle couleur.
08:49Bien sûr.
08:50Et là, j'adore cette photo.
08:51C'est magnifique.
08:52Ça donne envie.
08:53Vous auriez dû me ramener des huîtres.
08:55Oui, on aurait fait une petite dégustation.
08:57Ça aurait été sympa.
08:58Moi, ça me donne envie.
08:59C'est magnifique.
09:00OK.
09:01Merci pour ces photos.
09:02C'est important, je trouve, de visualiser.
09:04Oui.
09:05Ça explique un petit peu mieux notre beau métier.
09:08Oui.
09:09On continue l'interview avec le vrai faux.
09:11Donc, je vais vous poser des questions, peut-être sur quelques clichés sur votre métier
09:14et puis aussi sur votre parcours personnel et professionnel.
09:17C'est parti.
09:18C'est le vrai faux.
09:22Bon, Laurence, le principe est simple.
09:23Je vous pose des questions.
09:24Vous me répondez par vrai ou par faux.
09:26D'accord.
09:27Première question.
09:28L'élevage de coquillages comestibles s'appelle la coquilliculture.
09:31Alors, faux, c'est la conchiculture.
09:33C'est huître, moule, palourde et coque.
09:37Donc, huître, ostréiculture.
09:39Moule, mythiculture.
09:41Et palourde, vénériculture.
09:43Vrai ou faux, ostréiculteur, c'est un métier difficile.
09:46Je dirais faux, parce que d'abord, c'est un super métier.
09:51C'est vrai qu'il faut être physique parce qu'on souhaite des poches, mais autrement, non.
09:56Vrai ou faux, c'est un secteur majoritairement masculin.
09:59Il y a des années, oui.
10:00Je dirais faux maintenant, parce qu'on commence à avoir des femmes patronnes.
10:05Comme vous ?
10:06Voilà, tout à fait.
10:07Vous êtes un bon exemple.
10:09Vrai ou faux, la coquilliculture, c'est une culture durable.
10:12Oui, c'est vrai, parce que nous travaillons avec la mer.
10:16Les huîtres se nourrissent de plantons.
10:19Donc, c'est vraiment naturel et c'est surtout un métier vertueux.
10:25Oui, on ne donne pas de la nourriture en plus, il n'y a pas de traitement additionnel.
10:29Non, il n'y a aucun traitement.
10:31Tout est naturel.
10:32Et elles filtrent l'eau aussi, me semblent les huîtres.
10:35Les huîtres filtrent l'eau, oui, tout à fait.
10:37Elles filtrent du CO2, d'ailleurs.
10:39Oui, c'est vrai qu'elles captent, j'ai lu, qu'elles captaient le CO2 pour construire leurs coquilles.
10:44Donc, du coup, ça limite les gaz à effet de serre.
10:46Donc, c'est vertueux pour la planète aussi.
10:47Donc, c'est vraiment vertueux.
10:48Vrai ou faux, vous pouvez produire jusqu'à 20 tonnes les bonnes années.
10:51Non, c'est faux.
10:53On ne produit pas 20 tonnes, mais 200 tonnes.
10:55Ah oui, quand même.
10:56Ou 10 fois plus.
10:57Grosse production.
10:59Dans la moyenne.
11:00OK.
11:01Il y a beaucoup plus gros.
11:03Vrai ou faux, si on choisit une formation dans ce domaine, on est sûr de trouver un emploi après ?
11:07Oui, c'est vrai.
11:09Moi, justement, on attend, on a besoin de jeunes pour continuer et pérenniser nos métiers.
11:18Et dernière question, vrai ou faux, vous avez été décorée à deux reprises de l'ordre du mérite ?
11:23Oui, c'est vrai.
11:24La première, c'est le mérite maritime.
11:27Et la deuxième, le mérite national.
11:29Et comment ?
11:30Comment ça se fait que vous ayez reçu cette tendance ?
11:33Eh bien, c'est pour ce que je représente, la femme, dans le milieu de l'ostriculture,
11:39et mes actions pour ce beau métier.
11:42Bien.
11:43Bon, mais ça y est, l'émission est presque terminée.
11:45On arrive à la fin de l'émission.
11:46Et c'est le mot de la fin.
11:50Laurence, est-ce que vous avez un dernier message à faire passer aux étudiants ?
11:53Vous pouvez vous adresser à la caméra.
11:55Oui, alors, moi, j'ai juste un petit mot.
11:58Nous avons un beau métier.
12:00Venez.
12:02Vous êtes dans un milieu où tous les jours, c'est différent, avec la mer, le temps,
12:08les aléas, la pluie, le soleil.
12:10Et surtout, c'est un métier que moi, j'aime et qui est très passionnant.
12:15Et je pense que si vous venez, vous allez l'aimer comme moi.
12:17Un métier de passion, ça résume bien cet interview.
12:20Voilà, tout à fait, un métier de passion.
12:22Et si vous voulez plus d'informations sur les métiers et les formations de ce secteur
12:25des cultures marines, vous pouvez aller sur le site ocapiat.fr
12:29slash Jeunes des Terres et sur tous les réseaux sociaux des Jeunes des Terres.
12:33Merci, Laurence, d'avoir été avec nous aujourd'hui.
12:35Merci à vous.
12:36Et merci à vous de nous avoir suivis.
12:37On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de 15 minutes pour mon avenir.
12:40À bientôt.