Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, il revient sur l'arrestation arbitraire de Boualem Sensal en Algérie, depuis 1 semaine.
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00:00Europain, où est Boalem Sansal ? L'inquiétude règne après la disparition de l'écrivain algérien de 75 ans.
00:10Il n'a plus donné de nouvelles depuis plusieurs jours.
00:12Boalem Sansal est l'une des grandes voix de la littérature francophone contemporaine.
00:17Pendant ce temps, vous avez le service public France 5 hier soir,
00:20qui invite des personnes qui donnent une légitimité à cette arrestation.
00:24Ils l'accusent de blesser le sentiment national algérien.
00:27On en est là, aujourd'hui en France. Je vous propose d'écouter François Zimré,
00:33qui est l'avocat de Boalem Sansal, qui était sur Radio-Télé Luxembourg ce matin.
00:38Cette arrestation, elle s'est produite il y a plus d'une semaine,
00:41et nous n'avons eu aucune nouvelle de lui,
00:46ce qui est déjà tout à fait atypique pour une procédure pénale.
00:49Donc, ce que je sais aujourd'hui, c'est que...
00:52Enfin, ce que je crois savoir d'après les informations qui m'ont été transmises,
00:56c'est qu'il sera présenté au parquet cet après-midi.
00:59Il verra un procureur aujourd'hui.
01:01Et vous savez pour quelle raison ou pas ?
01:03Non, parce que jusqu'à présent, il n'a pas eu accès à une défense.
01:07Un avocat devrait lui être désigné par le bâtonnier d'Alger avec lequel je me suis entretenu hier.
01:14Et c'est très important qu'il soit désigné par un avocat,
01:17qu'il soit défendu par un avocat algérien,
01:20et si possible, un avocat de son choix.
01:23Je propose d'écouter une deuxième fois François Zimré,
01:26l'avocat de Boilem Sansal.
01:28Que lui reproche-t-on ?
01:30Ce qui lui est reproché, c'est de toute évidence,
01:34j'ai envie de dire comme on dit souvent dans les prix littéraires,
01:37pour l'ensemble de son œuvre.
01:39C'est-à-dire pour sa liberté de ton, sa liberté d'esprit,
01:44sa grande indépendance,
01:46et évidemment les critiques que cette liberté l'a conduit à formuler,
01:51à exprimer tout au long d'ailleurs de sa vie littéraire,
01:53et sa vie d'homme libre,
01:55sur certains aspects de la société algérienne et de la société politique algérienne.
01:59Qu'il s'agisse de l'islamisme,
02:02qu'il s'agisse de la gouvernance,
02:05et aussi quelques considérations sur l'histoire,
02:08qui n'ont pas plu à certains.
02:10Je dis certains parce que, au fond,
02:12je dois être très prudent dans mon expression,
02:15vous l'avez compris,
02:16certains de ses proches considèrent
02:18qu'il risque jusqu'à une peine extrêmement longue
02:21de perpétuité ou de finir ses jours en prison,
02:23compte tenu d'ailleurs de son âge aussi.
02:25C'est jamais anodin d'arrêter un écrivain
02:28pour délit d'opinion,
02:30et de surcroît un écrivain de 75 ans.
02:33À gauche, on observe un grand silence.
02:36Le gouvernement, et on en parlait ce matin avec Vincent Erwouet,
02:39il n'y a pas de réaction,
02:41mais on peut interpréter ce silence
02:43comme une volonté d'agir peut-être en coulisse.
02:46C'est pourquoi le Président de la République
02:48ne s'est pas exprimé non plus,
02:50mais son entourage a fait évidemment passer l'inquiétude.
02:53Mais je serais mesuré sur la réaction,
02:56par exemple, l'absence de réaction
02:58du ministre de la Culture,
03:00du gouvernement avec Michel Barnier,
03:02parce qu'il est possible que tout cela
03:04soit au nom d'une stratégie,
03:07donc il faut être prudent là-dessus.
03:09En revanche, j'ai découvert hier soir,
03:11comme vous peut-être,
03:13M. Nejib Sidi Moussa,
03:15sur France 5,
03:17qui est un monsieur qui est docteur en sciences politiques
03:19de l'université Panthéon-Sorbonne,
03:21et qui est enseignant
03:23dans plusieurs universités,
03:25et enseignant d'histoire-géographie
03:27en banlieue parisienne.
03:29Et je m'interroge
03:31quand même sur cet homme,
03:33lorsqu'il prend la parole devant des étudiants,
03:35après ce que vous allez entendre,
03:37puisqu'il condamnait
03:39le parcours
03:41littéraire
03:43et intellectuel de
03:45M. Saint-Saël,
03:47et au fond,
03:49il n'est pas allé jusque-là, bien sûr,
03:51à dire que ce qui lui arrive, il l'a bien cherché,
03:53mais que sur un plateau
03:55de télévision du service public,
03:57un homme puisse dire ça
03:59sans être contredit,
04:01alors que sur ce plateau,
04:03il y a Benjamin Stora,
04:05historien mandaté par le président Macron
04:07pour un devoir de mémoire
04:09sur l'Algérie, que
04:11personne ne réagit, y compris le présentateur
04:13Thomas Snegaroff.
04:15Personne ne dit rien
04:17après les mots que vous allez entendre.
04:19Il se trouve que Boalem Saint-Saël,
04:21depuis quelques années, alimente un discours
04:23hostile à l'égard des immigrés,
04:25des musulmans,
04:27et reprend tous les thèmes
04:29d'Éric Zemmour. Vous avez montré
04:31un entretien, on aurait pu prendre un extrait
04:33d'un entretien qu'il a donné à Frontière,
04:35qui est un média d'extrême droite.
04:37C'est quand même choquant.
04:39Je ne dis pas que ça justifie
04:41un emprisonnement. Encore une fois,
04:43je répète, mes principes sont clairs là-dessus.
04:45Quand je vois
04:47que des militants des droits de l'homme,
04:49des militants antiracistes, des intellectuels
04:51du milieu culturel parisien le présentent
04:53comme un homme des lumières,
04:55un homme qui défend les grandes causes,
04:57je suis désolé, mais il se trompe
04:59complètement. Ou alors ils sont aveugles, ou alors ils sont complices.
05:01Pour comprendre aussi le malaise
05:03qui est le mien, mais qui est aussi celui de beaucoup de gens
05:05qui connaissent l'Algérie, qui connaissent la France.
05:07Je pense qu'il faut rétablir les faits.
05:09Et encore une fois, ça ne justifie en aucune manière la répression
05:11de la part d'un État, et je pense qu'il faut
05:13aussi respecter la vérité.
05:15Donc tout ça est dit, je le répète,
05:17sur le service public, sans aucune
05:19opposition, en tout cas du
05:21présentateur dont c'est le travail,
05:23le modérateur. Souvent, vous m'entendez dire
05:25je suis le modérateur, et l'ARCOM nous
05:27poursuit, nous, CNews
05:29et parfois C8, avec les conditions
05:31que vous connaissez, puisque
05:33C8 est annoncé fermé
05:35à partir du 1er mars, et là
05:37ça se passe sur le service public
05:39avec l'impôt des Français.
05:41Et c'est pas la première fois, cette émission
05:43qui s'appelle
05:45Ce soir,
05:47qui est programmée effectivement
05:49tous les jours sur France 5,
05:51je vous invite à la regarder.
05:53Bien évidemment qu'elle est
05:55politiquement extrêmement
05:57engagée. François-Xavier Bédami
05:59est manifestement sur cette
06:01longueur d'onde, puisqu'il était ce matin l'invité
06:03d'Europe 1 et de CNews au micro
06:05de Sonia Mabrouk.
06:07Que certains se fassent le relais de la
06:09propagande de la dictature algérienne
06:11en France, dans nos médias,
06:13et en partie dans des médias de service public, oui,
06:15ça a une particulière gravité.
06:17Et j'ai été révolté, mais vraiment
06:19révolté, d'entendre hier
06:21sur ce plateau de l'émission Cpolitique
06:23des intellectuels, des
06:25universitaires, qui
06:27rivalisaient de critique à l'égard de
06:29Boilem Sansel. Vous avez donc un écrivain qui est en prison,
06:31qui a été arrêté arbitrairement
06:33par le gouvernement algérien, et
06:35ces intellectuels français
06:37n'ont rien de mieux à faire que de
06:39justifier cette arrestation.
06:41On va saluer Hamid,
06:43qui est un ancien policier qui nous appelle régulièrement
06:45et qui pourra tout à l'heure réagir sur ce
06:47sujet. Bonjour Hamid.
06:49Bonjour Monsieur Pro. Dernier mot
06:51peut-être d'Éric Coquerel avant de
06:53la publicité. Éric Coquerel, député
06:55de la France Insoumise, ce matin sur Sud Radio.
06:57Éric Coquerel, est-ce que vous demandez
06:59la libération immédiate de
07:01Boilem Sansel ?
07:03De qui, excusez-moi ?
07:05De Boilem Sansel.
07:07J'avoue mon ignorance.
07:09Vous ne savez pas qui est Boilem Sansel ?
07:11En Algérie, vous l'avez dit ? Oui.
07:13Qui est Boilem Sansel ? C'est un écrivain, oui.
07:15Moi, je trouve,
07:17j'estime que tout écrivain,
07:19la liberté d'expression est importante, la liberté
07:21de créer d'expression est importante,
07:23et bien évidemment,
07:25il me semble qu'un écrivain n'a rien
07:27à faire dans des géoles d'un État.
07:29Surtout un écrivain qui dénonce
07:31l'islamisme. Qu'il dénonce
07:33l'islamisme ou pas l'islamisme, pour moi la liberté
07:35d'expression est fondamentale. Donc vous demandez
07:37sa libération ? Oui, bien sûr.
07:39Vous vous rendez compte que M. Coquerel
07:41feint de ne pas connaître le nom
07:43de Boilem Sansel, puisque
07:45je n'imagine pas qu'il ne le connaisse
07:47pas. La question de Jean-Jacques
07:49Bourdin, il dit, j'avoue mon ignorance.
07:51On peut le réécouter ? Ou pas juste
07:53le début, juste le début de la
07:55question et le début
07:57de la réponse, parce
07:59que parfois, je vous assure,
08:01je suis le premier étonné, je découvre
08:03ce son à l'instant.
08:05Je suis encore étonné
08:07de la France Insoumise. Écoutez.
08:09Éric Coquerel, est-ce que vous demandez la libération
08:11immédiate de Boilem
08:13Sansel ? De qui,
08:15excusez-moi ? De Boilem
08:17Sansel.
08:19J'avoue mon ignorance.
08:21A qui est Boilem Sansel ?
08:23En Algérie, vous voulez dire ?
08:25Au Maroc ou en Algérie ? Enfin, où
08:27M. Coquerel se moque
08:29du monde ?
08:31Personne n'a la preuve, bien sûr,
08:33mais comment un député
08:35peut-il passer
08:37à côté d'une information
08:39qui est dans tous les médias depuis 3 jours
08:41ou 4 jours ? Enfin, c'est incroyable
08:43sa réponse. Pardonnez-moi
08:45la réponse de M. Coquerel
08:47et je vais dire incroyable et
08:49invraisemblable. Je ne vais pas la qualifier autrement
08:51parce que les mots
08:53pourraient effectivement
08:55être beaucoup plus violents.
08:57Mais je prends à témoin
08:59les auditeurs qui nous écoutent
09:01et on va rester sur cela.
09:03Sa réaction est invraisemblable.
09:05Il est 11h27 et c'est tellement
09:07triste. Voyez-vous,
09:09il y a beaucoup de tristesse souvent sur
09:11l'état de la France, sur la société
09:13française et quand j'entends des députés,
09:15tu aurais envie d'être fier des députés
09:17français, même si tu ne penses pas comme eux.
09:19Bien sûr, tu aurais envie
09:21que ces gens-là, ils se forment
09:23de grandeur,
09:25de quelque chose qui les dépasse eux-mêmes dans leurs
09:27idées. Quelle médiocrité !
09:29Quelle vilainie !
09:31Il est 11h27, à tout de suite.
09:33Restez bien avec nous la suite de Pascal Praud et vous, c'est dans un instant.
09:35Vous pouvez réagir bien sûr au 0180
09:3729 21.
09:3911h13
09:41Pascal Praud
09:43sur Europe 1.
09:45Est-ce que Hamid est là ? Bonjour Hamid.
09:47Oui, monsieur Praud,
09:49rebonjour. Merci d'être avec nous.
09:51C'est vrai qu'on est
09:53choqués
09:55des réactions
09:57d'abord du service public, choqués
09:59de l'absence de réaction
10:01du camp de la gauche.
10:03J'ai vu qu'il y avait quand même une tribune qui avait été écrite par
10:05des écrivains dans le Figaro ce matin
10:07et ce sont les lauréats
10:09du Grand Prix de l'Académie française
10:11qui ont signé une tribune pour Boilem
10:13Sansal. Nous ne pouvons concevoir
10:15qu'un écrivain soit arrêté. Votre avis ?
10:17Déjà, moi je trouve ça scandaleux.
10:19Alors déjà aussi, moi je voudrais répondre.
10:21Tout à l'heure vous avez parlé de monsieur Coquerel.
10:23Pour moi, monsieur Coquerel, il est abject.
10:25Qui plus est, vu ce qu'il a déclaré sur monsieur Retailleau la semaine
10:27dernière. Mais pour revenir à nos moutons,
10:29c'est absolument scandaleux.
10:31Monsieur Boilem Sansal
10:33dit des vérités
10:35et des évidences.
10:37Donc on veut museler les vérités
10:39et les évidences.
10:41Donc autrement dit, museler la démocratie.
10:43Et je pense aussi qu'il y a
10:45une chose, moi c'est mon opinion personnelle,
10:47je pense que l'attitude de l'Algérie
10:49aussi, ça pourrait être une revanche
10:51qu'elle pourrait avoir vue. Les positions
10:53qu'on a en France
10:55d'un parti
10:57qui fait toujours des siennes. LFI pour ne pas
10:59le nommer. Donc
11:01pour l'Algérie,
11:03en ayant cette attitude face à monsieur Sansal,
11:05pourrait faire des courbettes à LFI
11:07justement qui veut nous islamiser.
11:09N'ayons pas peur des mots.
11:11Et justement ça serait peut-être une revanche de l'Algérie
11:13face à la colonisation qui a duré
11:15150 ans, si ma mémoire est bonne.
11:17Moi c'est mon idée
11:19propre. Mais je pense que quelque part
11:21elle tient la route.
11:23On n'a pas écouté d'ailleurs Dominique Devillepin
11:25qui s'est exprimé ce matin chez nos amis
11:27de BFM. Fabrice Laffitte, est-ce que nous
11:29pouvons l'écouter ? Oui.
11:31Il faut se mobiliser. Nous devons défendre la liberté
11:33d'expression. Boilem Sansal
11:35a été naturalisé par le président
11:37de la République il y a quelques mois.
11:39C'est un écrivain
11:41reconnu,
11:43salué en France.
11:45Il est donc essentiel de
11:47travailler à cette libération.
11:49Ce qui est intéressant, Hamid, de souligner
11:51c'est que ça n'arrive pas à n'importe quel moment.
11:53Ça arrive aussi quelques semaines après un voyage
11:55d'Emmanuel Macron
11:57au Maroc où le président
11:59de la République a reconnu la
12:01marocanité
12:03du Sahara occidental.
12:05Et qui est un sujet
12:07de controverse entre l'Algérie
12:09et le Maroc. Et
12:11certains peuvent voir une manière
12:13de faire pression sur l'état français, voire
12:15de l'humilier une nouvelle fois
12:17puisque nous sommes en position de
12:19demandeurs.
12:21Et effectivement depuis 1962,
12:23il y a des gens qui considèrent
12:25que les accords des viandes n'ont jamais été signés.
12:27Qu'on est encore dans la guerre d'Algérie.
12:29Et beaucoup font
12:31de ce conflit une sorte de rente
12:33victimaire, notamment de l'autre
12:35côté de la Méditerranée, bien sûr.
12:37Et puis des intellectuels en France. Je disais tout à l'heure
12:39que M. Stora, il est hier sur le
12:41plateau, et à aucun
12:43moment il ne prend la défense
12:45de Boalem Sansal.
12:47Et non seulement ça, mais même sur Kamel Daoud
12:49qui a eu le prix Goncourt
12:51cette année, ils sont
12:53l'un et l'autre parfois, souvent même,
12:55par cette intelligentsia,
12:57taxés d'extrême gauche.
12:59Et vous avez ce climat donc
13:01qui existe en France,
13:03qui est sans doute minoritaire d'ailleurs
13:05dans le pays, mais majoritaire dans les médias.
13:07Et France 5 en est
13:09l'illustration, Hamid. Voilà, c'est une émission
13:11qui, tous les soirs, qui est présentée
13:13je le répète, par
13:15M. Snegaroff,
13:17Thomas Snegaroff,
13:19d'ailleurs s'il nous écoute, il peut nous appeler
13:21s'il veut nous donner sa version.
13:23Mais moi je trouve ça choquant. Et je le dis.
13:25Et de toute façon maintenant,
13:27M. Poirot, il y a une chose que vous savez maintenant,
13:29de toute façon maintenant, dès que vous ne pensez pas au
13:31comme et les filles, ou comme une certaine gauche,
13:33vous êtes tout de suite taxé d'extrême droite.
13:35Même le centre maintenant, le taxe d'extrême droite.
13:37Alors quand vous voyez ça, vous avez tout compris. Donc M.
13:39Sansal, qui a justement
13:41des propos et des écrits très sensés,
13:43il est taxé d'extrême droite et il ne plaît pas.
13:45Voilà. C'est un homme de 75 ans,
13:47il y a de l'inquiétude évidemment pour lui,
13:49il y a de l'inquiétude de ce qui va se passer.
13:51Mais je vous dis,
13:53il y a quand même,
13:55pour le gouvernement français, une manière de
13:57faire pression. C'est important ce qu'a dit
13:59M. Deville, c'est un citoyen français
14:01aujourd'hui, la nationalité française.
14:03Mais on sait que toute une nomenclature
14:05algérienne vient
14:07se faire soigner à Paris,
14:09il y a des moyens de faire pression
14:11sur le gouvernement algérien. Et en tout cas,
14:13j'interprète le silence des autorités
14:15comme ça. Je pense qu'en coulisses,
14:17les uns et les autres s'agitent.
14:19Je l'espère en tout cas, Hamid.
14:21Oui, moi aussi.
14:23Hamid, vous êtes de quelle origine ?
14:25Je suis d'origine algérienne
14:27de par mon père, mon père qui était
14:29né en Grande-Cabilly,
14:31qui est arrivé en France en 1952,
14:33qui a épousé ma maman en
14:351955, qui était française, et moi je suis né
14:37en 1956. Mon père a voulu repartir là-bas
14:39à un moment donné dans les années 60,
14:41puis finalement on n'est pas resté là-bas,
14:43on est revenu ici en France.
14:45Mon père est décédé,
14:47il est enterré ici d'ailleurs, du
14:4993, et puis voilà.
14:51Vous allez régulièrement en Algérie ?
14:53Oh là,
14:55j'y suis allé en 1960,
14:57à peu près j'avais 4 ans,
14:59j'y suis retourné en 1966 en vacances,
15:01et j'y suis retourné en 1972,
15:03et depuis 1972,
15:05donc ça fait 52 ans, je n'y suis pas retourné.
15:07Vous avez envie
15:09d'y retourner sur la terre quand même de vos
15:11ancêtres, puisque j'imagine vous avez remonté
15:13comme on fait tous les
15:15ancêtres, et votre père était
15:17algérien, votre grand-père, donc j'imagine
15:19vos grands-parents, etc.
15:21Ah oui, j'ai connu ma grand-mère,
15:23qui est décédée en 85, mais pas mon grand-père.
15:25Mon grand-père est décédé en 48, donc j'ai pas connu.
15:27Mais oui, j'ai toujours d'ailleurs,
15:29je converse toujours avec
15:31une de mes cousines qui est là-bas,
15:33qui est restée là-bas dans le village d'origine
15:35de mon père, en Grande-Cablie,
15:37peut-être qu'un jour j'irai,
15:39mais bon, j'ai malheureusement
15:41quelques problèmes
15:43ici qui font que
15:45je ne peux pas y aller
15:47pour l'instant, j'ai quelques problèmes
15:49avec Fabio, quoi, voilà.
15:51Et vous avez des enfants, peut-être, Amid, j'imagine,
15:53quels rapports ont-ils avec cette
15:55histoire ? Non, vous n'avez pas d'enfants ?
15:57Non, non, non, je n'ai pas eu d'enfants,
15:59j'ai été marié, mais je n'ai jamais eu d'enfants.
16:01Mais bon,
16:03ce qui se passe actuellement, de toute façon,
16:05vous savez, même en Algérie, malheureusement,
16:07le FLN, sur certaines
16:09choses, là-bas, moi je ne veux pas les critiquer,
16:11je ne connais pas, vu que
16:13sur certaines choses, ce n'est pas la panacée,
16:15il faut reconnaître ce qu'il y a.
16:17Cette histoire qui est mal connue, par exemple,
16:19même la position de De Gaulle, elle est
16:21ambiguë, parce que les gens restent sur
16:23« je vous ai compris », alors que
16:25De Gaulle s'est toujours prononcée pour la
16:27décolonisation. De Gaulle a même
16:29dit des mots comme « l'Algérie n'a jamais été
16:31française ». C'est ce qu'a
16:33rapporté Perfit
16:35dans le fameux « C'était De Gaulle ».
16:37Cette phrase, elle est forte, quand même. « L'Algérie
16:39n'a jamais été française ».
16:41Il dit ça, pourquoi,
16:43De Gaulle ? Parce que c'était un département
16:45à l'époque, donc vous pouvez considérer que
16:47l'Algérie était française, c'était un département.
16:49Mais ce que veut dire De Gaulle, c'est que c'était
16:51à ses yeux une colonie, et que toujours
16:53il s'est prononcé sans
16:55ambiguïté pour la décolonisation.
16:57Et il faut rappeler ça, la position de De Gaulle
16:59elle est sans ambiguïté vis-à-vis de l'Algérie.
17:01Quoi, sans ambiguïté ?
17:03Il y a effectivement ce « je vous ai compris »,
17:05et puis un jour il avait dit
17:07« vive l'Algérie française », mais il avait dit que ça lui avait
17:09échappé, pour tout dire. Mais c'est une histoire
17:11qui est passionnante, parce que de 1954
17:13à la Toussaint-Rouge,
17:15qu'on appelle la Toussaint-Rouge, à partir du 1er novembre
17:17avec ses instituteurs qui sont tués
17:19jusqu'à 1962,
17:21et les accords
17:23déviants, en passant par le putsch
17:25des généraux, avec ces 4 généraux
17:27pronunciamentaux de généraux
17:29en retraite, etc. C'est une histoire passionnante
17:31pour les...
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