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Une île, un habitant, une boulangerie.
On est bien en France, au beau milieu de la France même, sur le lac de Vassivière. Benoît y est boulanger et avec son four datant de 1780, il régale les habitants du coin, les touristes, les curieux… toujours avec le sourire.

Brut au plateau de Millevaches 1/4
Transcription
00:00Je pense que je suis une des boulangeries les plus isolées peut-être de France
00:03puisque je suis sur une île, le tour fait 5 km, il y a un seul habitant, c'est moi.
00:07Et il faut marcher 2 km pour venir à ma boulangerie.
00:09Donc ouais, quand même, ça paraît pas si simple que ça.
00:19Ça va faire 10 ans.
00:20Ils cherchaient quelqu'un pour faire vivre le four, mais plutôt une fois par semaine.
00:24Et moi, j'avais vraiment un projet de venir faire une boulangerie
00:26parce que j'avais aussi envie de pratiquer tous les jours sur ce type de four.
00:30C'était une réflexion sur l'énergie, c'était être maître de son énergie.
00:36Il y a toute une technique pour le chauffer.
00:39En fait, je me sens plus créateur, artiste avec un four comme ça.
00:43Ah oui, ben là, je suis même ouvert aujourd'hui.
00:46Et à partir d'aujourd'hui, c'est tous les jours, sauf le mardi.
00:49C'est un four existant ?
00:51Ah, c'est le four historique.
00:53Bonne journée.
00:54Merci.
00:56Une boulangerie, ici, ça paraît quand même pas évident.
00:58Et en fait, ça a très bien marché tout de suite.
01:01Il n'y a pas tant de pains que ça autour du lac.
01:04Et puis, je ne sais pas, les gens, ça leur raconte une histoire.
01:06Et ceux qui aiment cette histoire, ils ont juste à revenir acheter du pain.
01:10Et ils auront à nouveau cette histoire.
01:13Ça fait quoi d'être le seul habitant ?
01:15Eh ben, le soir, je m'ennuie un peu.
01:18Heureusement, je vois beaucoup de monde la journée.
01:20Non, c'est vraiment incroyablement calme.
01:21Le soir, on se prendrait pour Robinson Crusoé.
01:25Alors qu'en journée, il y a un monde fou.
01:27Mais à 6 heures, c'est comme si l'île se refermait,
01:29comme si ses pétales se refermaient sur elle.
01:32Et ça devient un lieu, mon lieu.
01:34J'ai l'impression que c'est ma petite île.
01:37Si vous voulez se battre, c'est celui-ci.
01:41Celui-ci est vraiment important avec le château.
01:43J'imagine qu'il y a des gens aussi, quand ils arrivent,
01:45ils hallucinent de voir une boulangerie ici.
01:47Oui, oui, c'est à peu près 30% des gens.
01:50Ils sont complètement surpris.
01:51C'est complètement inattendu.
01:52Surtout qu'ils croisent plein de gens avec du pain.
01:56Et donc, c'est comme un espèce de jeu de piste
01:58où ils voient, ils ont du pain, ils ont du pain, ils ont du pain.
02:01Et à un moment, ils trouvent les origines du pain.
02:03C'est touchant parce que les représentations des gens,
02:07c'est que ça ne peut pas marcher ici, une boulangerie.
02:09C'est que c'est impossible qu'on puisse faire du pain
02:10et le vendre sur cette île déserte.
02:11Alors que dans la réalité, j'ai plutôt du mal à fournir.
02:15Pierre, c'est le four qui s'appelle, enfin, qui est en pierre.
02:19Voilà, c'est la pierre à pain dans ce sens-là.
02:22D'accord, d'accord.
02:25Au revoir.
02:26Ce qui est très particulier ici,
02:27c'est que c'est beaucoup de gens qui viennent pour la première fois
02:30et donc, à qui il faut expliquer le projet.
02:32C'est comme si un boulanger, tous les jours,
02:34il devait expliquer à tous ses clients
02:36pourquoi il a ouvert sa boulangerie, qu'est-ce qu'il a fait comme pain.
02:38Et moi, c'est vraiment mon quotidien.
02:40Mon travail, c'est ça, mon travail.
02:42Tu vas le mettre à l'époque ?
02:43Il a été refait il y a presque deux siècles.
02:46Mais il était déjà là en 1780.
02:49Je suis le seul habitant de l'île quand je travaille,
02:51mais il y a quand même une résidence d'artistes.
02:53On est voisins.
02:55Et à force, il y a pas mal d'artistes qui sont venus m'influencer,
03:00essayer de révéler des choses en moi, des choses dans le pain.
03:05M'accompagner aussi pour mieux en parler, pour mieux comprendre.
03:08Et maintenant, j'ai un regard complètement différent sur le pain.
03:11C'est vraiment un objet qui se transforme.
03:14Tu travailles ici de quand à quand ?
03:15De mai à septembre, sur les week-ends.
03:17Et sur l'été, j'essaye de faire quasiment tous les jours,
03:20de juillet à mi-septembre.
03:22On est presque à 700 mètres d'altitude.
03:24Donc l'été, il ne fait pas trop chaud.
03:26Par contre, l'hiver, oui, l'hiver, je ne pourrais pas faire du pain,
03:29même si j'en avais la volonté.
03:31Il fait trop froid, le pain ne voudrait pas lever.
03:34Et le reste de l'année, tu fais quoi ?
03:36Le reste, la vie, les projets.
03:39Je suis scénographe aussi.
03:41L'hiver, je fais de la déco d'événementiel.
03:43C'est pratiquement vrai, c'est un pain.
03:45Oui, là, on ne peut pas faire beaucoup plus loin.
03:47J'ai eu la Vendée tout à l'heure.
03:49Donc là, vous voulez batter.
03:52Tu n'es pas, entre guillemets, un simple boulanger.
03:54J'essaye d'être un boulanger sérieux,
03:57de vraiment m'intéresser à mon métier.
03:59Mais c'est vraiment l'autre facette qui me captive,
04:03qui me stimule, qui me rend très heureux d'être ici.
04:06C'est quoi cette facette ?
04:08Cette facette de création, d'interaction, d'interpeller.
04:12C'est assez dur de mettre des mots sur cette partie.
04:15C'est vraiment propre à Lille.
04:16C'est comme l'identité de Lille.
04:18C'est la force de Lille.

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