Retrouvez le replay de la chronique "Pourquoi ?" de l'Équipe de Greg du 28/11/2024.
Category
🥇
SportTranscription
00:00Je suis seul au monde
00:09Bah non Adrie on t'aime !
00:10Ah oui l'ambiance là !
00:11Pas moi plutôt les entraîneurs qui sont un peu seuls au monde !
00:13Il arrive en noir déjà !
00:14On va parler de la santé mentale des entraîneurs.
00:16J'espère du cas qu'on va pas vous dégoûter parce que je sais que vous travaillez activement
00:19évidemment à devenir entraîneur un jour.
00:21On a été alerté par une vidéo de Pep Guardiola en crise de résultats avec Manchester City.
00:25Ça se passe après son match face à Feyenoord, il menait 3-0, il a remonté 3-3.
00:29Il se présente en conférence de presse.
00:31Il a le visage mais complètement égratigné.
00:35Oui je me suis griffé avec mon doigt, avec mon ongle.
00:42Je vais me faire du mal.
00:46Il en rigole mais on a presque du mal à en rire parce que ça ressemble à l'automutilation,
00:49ça ressemble à la scarification.
00:51On a pensé aussi à un moment donné à une vidéo qu'avait publiée Jorgen Klopp
00:55au moment où il quitte son club de Liverpool.
00:59Je vais quitter le club à la fin de la saison.
01:08Je comprends que c'est un choc pour beaucoup de gens en ce moment
01:16quand on l'entend pour la première fois.
01:18Mais je peux l'expliquer, ou au moins essayer de l'expliquer.
01:23Je ne peux pas dire que je suis en train de sortir de l'énergie.
01:28Je sais que je ne peux pas faire le travail encore et encore et encore.
01:36Donc on a deux entraîneurs légendaires qui sur ces deux séquences
01:39semblent quand même fragilisés psychologiquement.
01:42Bien fatigués en tout cas.
01:43D'où notre pourquoi aujourd'hui.
01:45Santé mentale, deux points.
01:46Pourquoi les entraîneurs sont en danger ?
01:48D'abord parce que c'est un métier sous une pression constante.
01:50On a mené plein d'interviews aujourd'hui avec Victor Koudrou,
01:53avec plein de coachs différents.
01:55L'un d'entre eux c'est Denis Troche.
01:56Vous le connaissez sûrement.
01:58Sa mythique moustache évidemment.
02:00Adjoint au Paris Saint-Germain.
02:01Entraîneur en Ligue 2, en Ligue 1.
02:03Il a quitté le métier pour accompagner psychologiquement,
02:05mentalement les coachs.
02:06Il a créé une application, par courte parenthèse, dans ce but-là.
02:09Et il s'est vite rendu compte à quel point c'est difficile de coacher.
02:13J'ai commencé à travailler à la sortie du métier d'entraîneur
02:16dans l'entreprise et je me suis rendu compte
02:18que les problématiques qu'avait un entraîneur,
02:20elles étaient dix mille fois plus importantes
02:23que celles que pourrait avoir un dirigeant
02:26ou un manager d'entreprise.
02:27Sans, bien entendu, laisser entendre que c'est facile
02:30de manager ou de diriger une entreprise.
02:32Non, pas du tout.
02:33Mais la pression, elle vient de toutes parts.
02:36On a premier point, la pression qui vient de toutes parts.
02:39Il y a un autre aspect.
02:40Philippe Insbergé, il entraîne depuis 25 ans en national,
02:42en Ligue 2, en Ligue 1.
02:44L'une des premières choses que lui m'a évoquées,
02:46c'est la solitude.
02:48Même si vous êtes très entouré aujourd'hui avec des staffs,
02:51il y a une chose qui appartient au coach,
02:53c'est les décisions quand même finales.
02:55La décision de la composition d'équipe,
02:57la décision de la stratégie,
02:59la décision de ce qu'on va dire à la mi-temps.
03:01Et ça, c'est souvent très compliqué.
03:04Et c'est le fait de se retrouver dans des moments
03:08difficiles, seul.
03:12Et tous ces paramètres, ils ont empiré avec les années,
03:15avec l'évolution forcément de la société.
03:17Ça, c'est Christian Gourcuff,
03:19le légendaire entraîneur du FC Lorient,
03:21qui a entraîné à Nantes, qui a entraîné à Rennes,
03:23qui nous l'a dit cet après-midi.
03:25Il y a 20 ans, on était encore concentrés par le jeu,
03:30par la nature même du métier,
03:32la passion de l'entraînement.
03:34Maintenant, tout ça est un petit peu secondaire,
03:36avec une pression des dirigeants,
03:39pression économique, pression des joueurs,
03:42des agents, des supporters,
03:44qui ne sont plus les mêmes non plus,
03:46des réseaux sociaux, de la presse.
03:48Tout a été modifié.
03:50Il était en train de faire son footing,
03:52en même temps que vous l'avez eu.
03:54L'évolution dont il parle du métier de coach,
03:56est-ce que c'est forcément négatif ?
03:58Pas forcément.
03:59Justement, c'est Raymond Domenech,
04:00qui a longtemps été sélectionneur de l'équipe de France,
04:02qui me l'a dit.
04:03Lui, il a vu une évolution, justement,
04:05à cette évolution de la société.
04:06Le métier de coach est mieux accompagné.
04:08Et encore maintenant, les entraîneurs,
04:11avec les stars qu'ils ont,
04:13ils ont la possibilité de beaucoup déléguer
04:16le travail de terrain,
04:18pour se consacrer à la gestion,
04:20à la vie des uns et des autres.
04:22C'est un petit peu différent.
04:24Il y a 20 ans, l'entraîneur, il faisait tout.
04:26Il s'occupait du terrain, de nettoyer les vestiaires,
04:29et de gérer les problèmes de cœur des uns et des autres.
04:33Sauf qu'il y a certains staffs en bas de table au Ligue 1
04:36ou en Ligue 2 qui sont parfois réduits.
04:38Et être entraîneur, ce n'est pas forcément le 4K2,
04:41ce n'est pas forcément football manager.
04:42Il y a plein de choses à gérer,
04:44il y a plein de choses à penser, tout le temps.
04:46Quand on arrive le matin, on se demande
04:48qu'est-ce qui va se passer.
04:50Vous avez un joueur qui a été malade la nuit,
04:53vous avez un joueur qui s'est tapé le petit orteil
04:56dans la table de nuit en allant aux toilettes
04:58à 2h du matin.
05:00Vous avez les humeurs des uns et des autres.
05:03Vous avez les agents, vous avez le président
05:06qui vous contacte ou qui vous convoque
05:09parce qu'il ne comprend pas pourquoi
05:11le dernier match vous avez fait tel ou tel remplacement.
05:14C'est tout le temps.
05:15A vrai dire, on a très peu de moments
05:18où on est dans l'inquiétude.
05:20Le fameux coup de la table de nuit, Yohann.
05:23Oui, vous savez ce que c'est le coup de la table de nuit.
05:25On imagine en tout cas pour un coach
05:27que les nuits sont très courtes.
05:29Franck Aize, récemment, en parlait dans les colonnes de l'équipe.
05:32Il disait qu'il avait frôlé le bain.
05:34Il ne le disait pas, mais c'est ce qu'on pouvait sentir dans ses propos.
05:37Vous faites des nuits de plus en plus compliquées,
05:39vous sentez que vous n'avez pas bien récupéré.
05:40Et quand vous vous levez le matin,
05:41l'énergie que vous avez, ce n'est pas celle que vous avez habituellement.
05:45Aller dormir, Benoît, après une défaite 4-0
05:47ou aller dormir même avant un match très important,
05:49compliqué forcément.
05:51Par exemple, si je n'ai pas fait mon choix entre deux latéraux,
05:55je me dis que je verrai demain le jour du match.
05:57Je passe une mauvaise nuit.
05:58Je pense que tous les choix doivent être bouclés, réglés,
06:01terminés à minima la veille du match.
06:03C'est en général des moments
06:07où on est happé aussi.
06:11Il y en a peut-être qui dorment très, très bien.
06:13Je voudrais être à leur place.
06:15Pour pallier à cette anxiété constante,
06:17Raymond Domenech avait l'habitude de très bien dormir avant les matchs.
06:20C'est ce qu'il m'a dit.
06:21Lui, il avait un remède.
06:23Un entraîneur travaille 24 heures sur 24.
06:25Il est là en vigilance permanente pour savoir,
06:28pour anticiper, pour imaginer,
06:31pour construire quelque chose.
06:34Lui, il vit qu'avec ça, il n'y a pas de temps mort.
06:38C'est pour ça que c'est vraiment nécessaire
06:40d'être capable de couper complètement une journée.
06:43Il faut apprendre à couper le téléphone.
06:45Il faut être capable d'aller au théâtre, au cinéma,
06:48faire totalement autre chose,
06:49où on ne pense plus à tous les problèmes
06:53qui nous tombent sur la tête
06:54et à cette pression permanente qui ne s'arrête jamais.
06:57C'est facile sur le papier,
06:58mais je dirais que ça ne doit pas être facile à pratiquer
07:00quand il y a l'anxiété qui est là,
07:02au théâtre, au cinéma, au golf.
07:04Déjà, il faut se dire qu'on n'est pas tous égaux
07:06face à l'anxiété.
07:07Et même si les coachs sont souvent armés face à ça,
07:09parce que c'est souvent des personnes
07:11qui ont fait des centres de formation,
07:12qui ont été joueurs professionnels la plupart du temps,
07:14donc ils ont l'habitude de dealer avec cette pression,
07:16mais ce n'est pas évident et c'est primordial
07:18vraiment de trouver une activité,
07:20de faire quelque chose de différent du football.
07:24Chacun a la façon spécifique, particulière,
07:28en fonction de sa personnalité,
07:30il faut trouver des ressources,
07:31quelles qu'elles soient.
07:32Ça peut être auprès d'une communauté,
07:36ou bien s'isoler,
07:37aller au cinéma, aller au théâtre,
07:40mais pourquoi pas faire la collection
07:41de boîtes de camembert, peu importe.
07:43Mais il faut effectivement sortir d'un contexte
07:46qui est vraiment oppressant.
07:47Un autre point très important
07:49que j'avais sous-estimé
07:50et que j'ai presque découvert,
07:51même si évidemment on s'en doute,
07:53en préparant cette chronique,
07:54c'est le vide,
07:55lorsque vous n'êtes plus entraîneur.
07:56La porte du licenciement,
07:57et puis d'un coup forcément,
07:58vous avez une activité hyper soutenue,
08:00et du jour au lendemain,
08:01tout s'arrête.
08:03Notre normalité, c'est d'être sous stress.
08:06Et la normalité,
08:08c'est lorsque l'on est plus sous stress.
08:10Et donc c'est là où, par exemple,
08:12quand on n'a pas de club,
08:13toutes ces choses qui correspondent au vide,
08:16est terrible,
08:17lorsqu'on a eu une activité débordante,
08:21et quand on se retrouve sans club,
08:24on est dans une grosse déprime.
08:26Et ça va créer des souvenirs traumatisants
08:29pour beaucoup de coachs.
08:30Je me rappelle la première fois
08:31que je me suis licencié,
08:32au bout d'un mois,
08:33j'appelais de temps en temps mes enfants
08:35pour savoir si mon téléphone marchait.
08:36Je vous jure que c'est comme ça.
08:38Vous passez d'une suractivité 24-24
08:41à plus rien.
08:42Et ce qui est terrible,
08:43c'est que pour pallier à ça,
08:44on y retourne.
08:45L'entraîneur va devenir addict
08:47à son surmenage.
08:49Il y a une addiction par rapport
08:51au métier en lui-même.
08:52Je dirais que c'est la passion.
08:55Ça, c'est tout à fait positif.
08:57Mais il y a une addiction aussi
08:58par rapport à la médiatisation.
09:00Je pense que quand on a été
09:02devant de l'affiche en permanence,
09:05c'est addictif.
09:06Donc, il faut avoir la capacité
09:08de savoir se retirer de ça,
09:10de ne pas centrer son intérêt là-dessus.
09:12Parce que sinon, ça devient vite,
09:14comme j'ai dit,
09:15une forme d'addiction.
09:16Et donc, avec tous les risques
09:18que ça encouvre.
09:20Vous nous dressez un drôle de portrait,
09:21mais il y a quand même quelque chose
09:22de positif dans ce métier de coach ?
09:23Je me suis posé la question
09:24parce que même au moment de gagner,
09:26même quand on remporte des trophées,
09:28a priori, on n'arrive pas à savourer
09:30quand on est coach.
09:32Pour une Coupe de France gagnée
09:34ou un titre de champion de France,
09:36je crois que j'en profite plus aujourd'hui
09:37que j'en ai profité dans les jours,
09:40les semaines et les mois
09:41qui ont suivi ce titre.
09:42Parce qu'on n'ose pas y croire,
09:43on n'ose pas se relâcher
09:45en sachant très bien que le match
09:47ou la saison prochaine arrive vite.
09:50Et si on commence à baisser
09:52ou se relâcher un petit peu,
09:54on ne sera pas sûr de rebondir derrière.
09:56Branché 24h sur 24,
09:57pression qui vient de tous les côtés
09:59des dirigeants, des agents,
10:00des joueurs, des supporters.
10:01Pas le temps de savourer la peur du vide.
10:03Il y a plein de paramètres
10:04qui montrent quand même
10:05que c'est un métier à très grand risque
10:06pour la santé mentale.
10:07Et je vous rassure quand même,
10:08tous les entraîneurs que j'ai eus aujourd'hui
10:10m'ont tous dit qu'entraîner,
10:11c'est aussi un métier passionnant.
10:13Et c'est aussi pour ça, forcément,
10:14qu'ils y retournent souvent.
10:15Très bien.
10:16On a envie de vous entendre
10:17justement sur le sujet.
10:19Est-ce que c'est dangereux
10:20pour la santé mentale ?
10:21Vikash est en train de se lancer
10:22dans le métier d'entraîneur
10:23donc il va pouvoir nous en parler.
10:24Ce n'est pas dangereux.
10:25C'est hyper dangereux, Vikash.
10:27On parlera de Luis Henrique,
10:28un autre coach.
10:29Sa méthode, justement,
10:30est un échec total dans quelques minutes.
10:32Mais vous restez avec nous.
10:33On reste sur la santé mentale des coachs.
10:34A tout de suite.
10:44Vous venez bien dans l'équipe de Greg
10:45avec Alicia Dobby,
10:46Giovanni Castaldi,
10:47avec Johan Rayou,
10:48avec André Godillon,
10:49avec Vikash Dorasso
10:50et avec Andis Roland.
10:51Et avec, et avec,
10:52le formidable dernier,
10:53Adrien Couraube
10:54qui nous a offert
10:55un très bon pourquoi
10:56sur la santé mentale des coachs.
10:57On est d'entraîneurs qui vous...
10:58Oui, ça nous passionne vraiment
10:59sur la santé mentale des coachs.
11:00Merci à eux d'avoir répondu.
11:01Et merci, bravo en tout cas à vous,
11:02Adrien,
11:03pour cette chronique
11:04qui nous ouvre un débat quand même.
11:05Est-ce que ça devient
11:06un métier dangereux
11:07pour la santé mentale
11:08d'être coach ?
11:09Et tout de suite,
11:10je voudrais me tourner vers Vikash
11:11parce qu'on l'a dit
11:12en rigolant tout à l'heure,
11:13mais Vikash,
11:14vous vous lancez
11:15un peu dans
11:16cette vocation.
11:17Est-ce que vous ressentez
11:18qu'il va falloir vous protéger
11:19en tout cas peut-être ?
11:20Oui, oui.
11:21Alors dangereux
11:22pour la santé mentale,
11:23je ne sais pas,
11:24mais je veux dire,
11:25on est au cœur du système,
11:26quoi.
11:27Je veux dire,
11:28la pression arrive de partout
11:29et quoi qu'il arrive,
11:30même si on délègue,
11:31à un moment,
11:32on prend la responsabilité,
11:33on décide,
11:34donc c'est nous
11:35qui sommes responsables
11:36des décisions
11:37et notamment des défaites.
11:38Et donc,
11:39il faut réussir à se protéger.
11:40Ce qui était...
11:41Alors l'autre fois,
11:42moi j'étais coach adjoint
11:43l'an passé
11:44et je suis devenu
11:45coach principal
11:46et l'autre fois,
11:47j'avais plein de soucis
11:48et puis je me suis dit,
11:49mais quand même,
11:50c'est toi qui vas faire
11:51l'équipe là.
11:52C'est toi qui décides
11:53de faire l'équipe,
11:54mais ça ne doit être
11:55qu'un kiff, quoi.
11:56Déjà,
11:57juste d'être content
11:58d'être là,
11:59d'avoir cette possibilité
12:00de choisir
12:01avec les erreurs possibles
12:02et puis assumer ses choix.
12:03Alors moi,
12:04j'ai un staff
12:05que j'essaie de valoriser
12:06au maximum.
12:07Il participe au maximum,
12:08mais c'est vrai
12:09qu'à la fin,
12:10je vais décider.
12:11Et puis,
12:12il y a un truc...
12:13Moi,
12:14je délègue rien.
12:15Je fais du mytho,
12:16je délègue.
12:17Merci,
12:18la dictature à l'avicache.
12:19On fait mytho,
12:20on fait un peu l'acteur.
12:21Mais un truc important,
12:22c'est vraiment...
12:23Nous,
12:24on travaille beaucoup
12:25là-dessus dans notre formation.
12:26On nous parle beaucoup de ça
12:27parce qu'il se joue vraiment
12:28comment garder l'énergie,
12:29comment donner l'énergie
12:30et donc c'est déjà
12:31bien dormir,
12:32tout faire pour bien dormir
12:33et très vite,
12:34on s'aperçoit
12:35que ce qu'on lâche
12:36en premier,
12:37c'est nos pratiques personnelles.
12:38Courir,
12:39aller au cinéma.
12:40À un moment,
12:41je sais que Tuchel
12:42s'impose tous les jeudis,
12:43je crois.
12:44Il a une soirée
12:45pour lui,
12:46sa famille,
12:47etc.
12:48Et donc derrière
12:49les pratiques personnelles
12:50qu'on lâche,
12:51c'est le relationnel
12:52qui...
12:53Enfin,
12:54la qualité de nos relations
12:55qui s'affaiblissent,
12:56qui deviennent
12:57de plus en plus mauvaises.
12:58Donc,
12:59c'est vraiment
13:00garder son footing,
13:01sa méditation,
13:02son cinéma,
13:03garder tous ces trucs-là,
13:04des moments de respiration.
13:05Il faut faire comprendre
13:06à tout l'entourage
13:07mais aussi
13:08aux décideurs,
13:09aux patrons,
13:10que c'est leur intérêt.
13:11Je veux dire,
13:12si tu es surmené,
13:13tu es moins efficace
13:14et tout le monde
13:15perd de l'argent.
13:16En fait,
13:17c'est votre argent
13:18que vous misez
13:19et vous donnez
13:20à un entraîneur.
13:21Donc,
13:22un bon entraîneur,
13:23c'est un entraîneur
13:24qui va au golf
13:25toutes les après-midi.
13:26Non, mais je crois
13:27vraiment que c'est bien
13:28de caler tout ça
13:29et garder vraiment
13:30ses relations avec sa famille,
13:31avec ses proches,
13:32avec ses amis.
13:33C'est hyper important
13:34et c'est difficile.
13:35Il y a un exemple
13:36d'entraîneur français
13:38c'est Didier Deschamps
13:39à l'Olympique de Marseille.
13:40Didier Deschamps,
13:41lorsqu'il entraîne l'OM
13:42de 2009 à 2012,
13:43souvenez-vous,
13:44ce n'était pas du tout
13:45le même homme.
13:46Regardez ses photos,
13:47c'était quelques kilos en plus
13:49et d'ailleurs,
13:50une apparence physique
13:51dont il a souvent parlé
13:52lorsqu'il revient
13:53sur ce passage
13:54à l'Olympique de Marseille.
13:55J'ai vécu de grands moments
13:56de l'émotion
13:57et j'ai morflé physiquement.
13:58Quand tu es coach
13:59d'un club très médiatisé
14:00comme l'OM,
14:01il y a une usure.
14:03Ou comme quand encore
14:04la France s'apprête
14:05à jouer le Chili
14:06au vélodrome.
14:07Écoutez Didier Deschamps.
14:09J'ai passé 8 ans
14:10de ma vie ici
14:12et 8 ans à Marseille,
14:15c'est au moins
14:16multiplié par 2,
14:17voire par 3.
14:18Pas que sur les années,
14:19quand je vois les photos
14:20quand je suis parti,
14:24j'avais une corpulence
14:25un peu différente aussi.
14:27Alors là,
14:28il en parle avec le sourire,
14:29peut-être avec le recul,
14:31mais 4 ans plus tôt,
14:32Didier Deschamps
14:33s'était confié pour l'équipe,
14:34l'équipe enquête
14:35de Sébastien Tarrago.
14:37Il était revenu
14:38sur sa métamorphose.
14:40Sur le thème,
14:41brièvement,
14:42de la santé,
14:43quand vous faisiez
14:4415 ou 20 kilos de plus
14:45à l'Olympique de Marseille ?
14:4625.
14:4725 kilos de plus ?
14:48Oui, quand même.
14:49Je me suis mis en danger, oui.
14:50Oui, oui.
14:51Parce que c'est une influence
14:52déjà sur l'état physique,
14:53parce que vous dormez moins bien,
14:54vous récupérez moins bien,
14:57vous n'avez pas de temps,
14:58vous mangez plus.
15:00Après, je me suis repris
15:01en main
15:02parce que j'ai décidé aussi.
15:04Après, c'est une question
15:05de volonté.
15:06Même quand ça se passe bien,
15:08il n'y a pas un entraîneur
15:09qui peut finir
15:10une saison sportive
15:12sans être carbon.
15:14Sans être carbonisé.
15:15Et comme il explique aussi
15:16dans ce même documentaire,
15:18un changement de vie
15:19depuis qu'il est sélectionneur.
15:21C'est différent.
15:23Ce n'est pas le même métier.
15:24Je ne suis pas dans le quotidien.
15:25Moi, c'est dans des périodes
15:27denses.
15:28Par contre,
15:29je les ai H24,
15:30ce que les entraîneurs
15:31en club n'ont pas.
15:34Mais à côté de ça,
15:35oui, j'ai la liberté
15:38de choisir
15:39la liberté totale.
15:41Libéré, on le sent
15:42et on voit bien la comparaison.
15:43C'est plus le même homme.
15:45Vous les croisez souvent
15:46les coachs.
15:49Vous les voyez,
15:50vous sentez justement
15:51parfois des hommes
15:52blessés, usés,
15:53fatigués peut-être ?
15:55Bien sûr,
15:56des hommes nerveux surtout.
15:57C'est un peu tout ce que disait
15:58Adrien Danson.
15:59Pourquoi ?
16:00Je trouve que ça résume très bien.
16:01Mais il y a quelque chose
16:02que Raymond dit,
16:03il compare beaucoup
16:04avec avant.
16:05Et avant, il faisait tout,
16:06etc.
16:07Mais avant,
16:08il y a quelque chose
16:09qu'il n'avait pas.
16:10Les réseaux sociaux,
16:11c'est ô combien important.
16:12On est dans la culture
16:13de l'instantané aussi aujourd'hui.
16:14La pression que ça exige
16:15aujourd'hui,
16:16je trouve qu'être entraîneur
16:17aujourd'hui,
16:18avec tout le monde,
16:19des agents qu'il y a autour,
16:20etc.
16:21C'est une pression
16:22qui est constante
16:23et c'est aussi un métier
16:24où il y a une forme de précarité.
16:25Je ne parle pas
16:26de précarité financière.
16:27Je vous arrête.
16:28Bien sûr,
16:29on avait compris.
16:30On peut sauter du jour au lendemain.
16:33Et ça,
16:34on sent que c'est très dur.
16:35Et quelque chose
16:36qu'il n'y avait pas avant non plus,
16:37c'est la cadence.
16:38Aujourd'hui,
16:39quand vous dites
16:40qu'on n'a pas le temps
16:41d'aller au cinéma
16:42ou d'aller faire un footing,
16:43c'est parce qu'aujourd'hui,
16:44il y a des matchs tous les trois jours.
16:45Quand est-ce qu'on souffle ?
16:46Quand est-ce qu'on respire ?
16:47Quand est-ce qu'on sort de l'apnée ?
16:48Il y a Jean-Marc Furlan
16:49qui en parlait.
16:50Sa femme,
16:51son épouse,
16:52elle est docteur en psychologie
16:53et il en parlait souvent.
16:54Il disait,
16:55sans elle,
16:56j'aurais pété un plomb.
16:57Mais les coaches
16:58qui pètent des câbles
16:59sur l'arbitrage,
17:00c'est parce qu'ils sont
17:01beaucoup à être
17:02à bout de nerfs
17:03pour le coup.
17:04La précarité
17:05avec justement un chiffre
17:06qui est étonnant
17:07en tout cas en Ligue 1
17:08cette saison,
17:09deux tiers des entraîneurs
17:10qui sont sur les bancs
17:11de Ligue 1
17:12le sont depuis moins d'un an.
17:13Et regardez,
17:14le recordman finalement,
17:16c'est Christophe Pellissier
17:17à Auxerre,
17:18ça fait deux ans.
17:19C'est lui qui est en poste
17:20depuis le plus longtemps
17:21en cours.
17:22C'est vraiment un poste
17:23où vous pouvez sauter
17:24à tout moment.
17:25Moi, je trouve quand même
17:26qu'il y a deux métiers
17:27qui sont totalement différents.
17:29Quand je vois Jurgen Klopp
17:31et Pep Guardiola
17:32se mettre dans des états pareils,
17:34eux, ils ont
17:35la stabilité financière
17:36qui font qu'ils ont la chance
17:37de pouvoir se concentrer
17:38uniquement sur leur métier
17:40et la performance.
17:41Quand on est coach
17:42en national,
17:43quand on est coach
17:44en Ligue 2,
17:45à côté du stress
17:47que tous vous avez évoqué
17:48du métier d'entraîneur,
17:50tu te dois
17:51parce que les salaires
17:52sont beaucoup moins importants.
17:53Mais la pression médiatique,
17:54Jo, elle n'est pas pareil non plus.
17:55Je pense que le stress
17:56de savoir
17:57comment tu vas
17:58peut-être pas te loger
17:59mais nourrir ta famille, etc.
18:00C'est un stress
18:01qui est un peu plus important
18:02que le stress médiatique.
18:03C'est un peu l'histoire
18:04des calendriers
18:05quand il y a Rodry,
18:06Allende, etc.
18:07On les compare
18:08à l'Attaquant National
18:09et Kylian Mbappé.
18:10La santé mentale,
18:11elle n'est pas exposée pareil
18:12pour les mêmes raisons
18:13mais les deux se valent.
18:14Dans les deux,
18:15il y a des mauvais côtés.
18:16Et à mon avis,
18:17ça c'est un ressenti personnel,
18:19je pense que le stress
18:20du quotidien
18:21un peu plus alimentaire
18:23que les méga-stars,
18:24et plus difficilement supportable
18:25que des gens
18:26qui ont les finances
18:27et le staff
18:28pour se concentrer
18:29sur leur performance.
18:30Ils ne minimisent pas
18:31le fait que c'est très dur
18:32d'être un athlète
18:33ou un coach
18:34de très haut niveau.
18:35Mais je trouve
18:36que c'est deux métiers différents.
18:37Il y avait Antoine Comboré
18:38qui était en conférence de presse
18:39aujourd'hui.
18:40Charles Guyard lui a posé
18:41la question justement.
18:42Est-ce qu'il disait
18:43Antoine Comboré
18:44c'est ce qui aide,
18:45c'est l'âge
18:46et l'expérience ?
18:47Quand j'avais 39 ans,
18:4840 ans,
18:49à Valenciennes,
18:50je pouvais être encore là.
18:51Maintenant peut-être
18:52avec l'expérience aussi
18:53et le recul.
18:54Mais chacun vit son métier
18:55aussi différemment.
18:56Moi j'adore mon métier,
18:57je suis passionné
18:58par ce que je fais
18:59et aujourd'hui,
19:00bien sûr,
19:01je ne peux pas vous mentir,
19:02peut-être que je dors
19:03un peu moins bien
19:04mais quand j'arrive
19:05à la maison,
19:06j'essaie de couper.
19:07Je ne prends pas la tête
19:08à mon épouse,
19:09à mes enfants,
19:10à mon travail.
19:11On sépare.
19:12L'expérience d'Antoine Comboré
19:13là maintenant,
19:14c'est génial.
19:15Il y a Pierre Sage
19:16dans le même registre
19:17qui a l'air de prendre
19:18son coup.
19:19Il y a Pierre Sage
19:20dans le même registre
19:21qui a l'air de prendre
19:22son pied dans son rôle aussi
19:23et ça fait plaisir à voir.
19:24Justement,
19:25le conseil que c'est facile
19:26de leur dire
19:27mais quand on les voit
19:28tellement souffrir,
19:29tellement ce qu'ils vivent,
19:30c'est un enfer
19:31avec la durée de vie
19:32sur les bancs
19:33qui est aujourd'hui
19:34intenable,
19:35c'est justement
19:36d'accepter aussi
19:37de lâcher prise
19:38et de ne pas tout maîtriser.
19:39Ça ne dépend pas que de toi
19:40le coach.
19:41Il y a tellement de trucs
19:42et donc d'accepter,
19:43Évica,
19:44je t'en ai très bien parlé,
19:45de garder cette vie,
19:46de garder cette vie de famille.
19:47C'est très facile
19:48que je dise à dire évidemment
19:49mais il y a un moment,
19:50c'est la décision
19:51de tes choix tactiques.
19:52Est-ce que parfois,
19:53regarder 25 vidéos,
19:54ça va changer la vie,
19:55la chose par rapport
19:56à regarder 23.
19:57Comme ils savent
19:58qu'ils vont sauter,
19:59qu'il y a une ingratitude totale.
20:00C'est bien ce que vous dites
20:01mais il y a toujours
20:02des journalistes
20:03pour leur rappeler
20:04que c'est de leur faute aussi
20:05et nous on fait notre métier
20:06et souvent on leur dit
20:07que c'est de leur faute.
20:08Tu as tellement raison
20:09mais je pense qu'on est
20:10tellement aujourd'hui,
20:11même les coachs,
20:12je trouve qu'ils en font trop
20:13quand tu vois sur le banc de touche
20:14et ils le font payer aux arbitres,
20:15ils le font payer au corps arbitral,
20:16que finalement tu n'es pas le roi,
20:17que tu ne maîtrises pas tout,
20:18que tu dois accepter aussi
20:19que le sport,
20:20que ton attaquant,
20:21peut-être il va tirer
20:22sur le poteau ou pas.
20:23Et moi je leur dis,
20:24c'est pour eux,
20:25que peut-être aussi
20:26que certains aujourd'hui
20:27veulent tout maîtriser,
20:28veulent être les rois absolus
20:29de se dire
20:30mais il y a la glorieuse
20:31incertitude du sport.
20:32Donc la prochaine fois,
20:33tu seras sans tes fiches
20:34en cabine pour commencer les matchs.
20:35Le meilleur remède,
20:36c'est de faire
20:37une Léonardo Jardim.
20:38Je pense que lui,
20:39il ne souffre pas.
20:40Tu fais un back to back,
20:42Il y en a un,
20:43on ne sait pas s'il souffre ou pas
20:44mais on sait que la santé mentale,
20:46certainement,
20:47doit être un peu fragile.
20:48C'est Luis Henrique
20:49qui dort même au centre d'entraînement
20:50je crois.
20:51Enfin lui,
20:52il est complètement immergé.
20:53On va en parler de Luis Henrique,
20:54justement,
20:55sa méthode.
20:56La méthode Henrique,
20:57justement.
20:58Et c'est un échec total.
20:59Ce sera notre débat
21:00dans quelques instants.
21:01On a du foutoir,
21:02attention,
21:03commission de discipline,
21:04il y a Madame Candice
21:05qui va nous informer,
21:06l'avenir de Colomogne également
21:07et puis Antoine Pinault
21:08viendra nous rejoindre
21:09pour le petit filet.
21:11Bravo, bravo.
21:12Merci.
21:14Vous pouvez aller
21:15rejoindre vos coachs,
21:16adorez,
21:17donc allez remonter le moral
21:18des coachs.
21:19Courte pause,
21:20on revient dans quelques instants.
21:21J'ai un petit jeu aussi
21:22qui traîne,
21:23qui va arriver tout de suite.