Bruno Retailleau à Calais : les forces de l'ordre dénoncent le manque de moyen humain pour faire face à la situation sur place face à l'afflux de migrants. Écoutez Marc Allègre, délégué permanent Unité Police.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 29 novembre 2024.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 29 novembre 2024.
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00:00RTL, au coeur de l'actu.
00:04Il est 6h13, merci de commencer la journée avec RTL.
00:06Ce sera l'une des images du jour.
00:08Bruno Retailleau dans le Pas-de-Calèpre, tout à l'heure.
00:11Premier déplacement du ministre de l'Intérieur sur la crise migratoire sans fin
00:15entre la France et l'Angleterre, et alors que les maires de la région demandent des mesures d'urgence.
00:20Bonjour Marc Allaigre.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes délégué permanent en unité police, ancien CRS,
00:25et j'ai envie de dire, c'est la énième visite d'un ministre de l'Intérieur sur place.
00:29Vous les avez tous vus défiler quasiment, et le problème n'est pas réglé.
00:33Il y a toujours des dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui, chaque année,
00:37font la traversée pour rejoindre les côtes anglaises, avec souvent des drames à la clé.
00:41Vous n'avez pas un sentiment d'impuissance ?
00:43Je vais dire qu'on a un sentiment de déjà-vu.
00:47Le dernier ministre qui est venu nous rendre visite, c'était M. Darmanin, en début d'année,
00:52sur Calais, avec une promesse de nouvelle création de commissariat,
00:56en espérant que notre nouveau ministre pourra tenir cet engagement, dans un premier temps.
01:02Et effectivement, ça prouve bien que la venue de tous les ministres de l'Intérieur sur la côte d'Opale
01:07prouve qu'il y a une nécessité et un besoin de force sur ce secteur.
01:13Qu'est-ce que vous demandez à Bruno Retailleau aujourd'hui ?
01:16Alors, cette journée de visite qu'il va effectuer, j'espère que ça lui permettra de se rendre compte
01:22de la tâche indu que nous avons au quotidien.
01:25La première chose que nous avons besoin, c'est de fonctionnaires titulaires.
01:30Je veux dire qu'actuellement, on joue avec des remplaçants,
01:34c'est-à-dire que les CRS sont là sur des déplacements de 15 à 20 jours.
01:38Mais s'il y a une autre mission prioritaire, comme on a eu avec les Jeux olympiques ou le mondial de rugby,
01:44on se retrouve sans force mobile pendant un certain temps.
01:47Et on ne se retrouve qu'avec les fonctionnaires locaux, que ce soit de Dunkerque à Lille-Boulogne.
01:53Et on n'a pas assez d'effectifs pour assurer la mission de migration
01:57et assurer la mission sécuritaire publique sur la côte d'Opale.
02:00Donc, vous demandez plus d'effectifs, mais il y a déjà eu une augmentation de moyens au fil des années
02:04et ça n'a pas empêché les traversées.
02:06Les moyens supplémentaires ont été alloués par le budget des Anglais.
02:11Forcément, on obtient des nouveaux véhicules, des nouveaux matériels.
02:15Je pense que notre direction fait au mieux, que ce soit le département 59 ou 62,
02:19pour nous aider au niveau du matériel.
02:22Mais ce qui serait bien, c'est que les hommes de terrain soient plus écoutés
02:27pour qu'on puisse allouer au mieux nos missions et nos matériels.
02:31Et je ne suis pas d'accord.
02:33Le personnel sur la côte d'Opale est en perte, on perd du personnel.
02:40Surtout au service des enquêtes, parce que c'est bien d'avoir des hommes sur le terrain,
02:45sur les plages, pour couvrir 200 kilomètres de plage, jour et nuit, 7 jours sur 7, toute l'année.
02:51Il faut du monde pour cela.
02:54Donc, il n'y a pas assez de monde, Marc-Alègue, on l'a bien compris.
02:57Est-ce qu'il faut aussi un changement de méthode ?
02:59Parce qu'aujourd'hui, la police ne peut pas intervenir dans l'eau pour éviter les noyades.
03:03Donc, ces embarquements, ils se font sous vos yeux, à quelques mètres de la plage
03:07et vous ne pouvez rien faire, ça paraît absurde.
03:10C'est absurde, oui et non.
03:12On réagit dans le cadre légal.
03:14On ne veut surtout pas qu'il y ait de blessés d'une part, d'un côté et de l'autre.
03:17Du moment qu'il y a des enfants, des femmes ou des familles sur les bateaux,
03:21l'intervention est un peu plus délicate et un peu plus risquée.
03:24C'est vrai qu'on est toujours dans le cadre légal.
03:27On sait que quand ils sont dans l'eau, on fait appel aux forces maritimes,
03:32aux affaires maritimes, à la gendarmerie nationale, à la brigade maritime,
03:36à la police nationale pour qu'ils prennent le relais au cas où il y a besoin de secours.
03:39Et donc, on appelle le CROSS et on appelle la préfecture pour dire la position des bateaux
03:43quand ils sont en mer.
03:45Vous avez 20 ans d'expérience de terrain au contact des migrants,
03:48comme CRS d'abord, puis au sein de la police aux frontières.
03:50Est-ce que vous avez vu les méthodes des passeurs changer,
03:53s'adapter à chaque fois aux nouvelles mesures annoncées par les gouvernements successifs ?
03:57Tout à fait.
03:59Leur façon de faire a évolué.
04:02On essaie de suivre leur évolution et leur stratégie des passeurs.
04:08Ils emploient les migrants de n'importe quelle façon.
04:12Pour eux, leur but, c'est que le bateau puisse partir et qu'il arrive à bon port
04:16pour qu'ils puissent toucher leur dû.
04:19Donc, c'est une histoire sans fin.
04:21Mais depuis le début de l'année, on voit une pression, une agression,
04:25une agressivité qui augmente crescendo.
04:28On est souvent attendu par des pluies de pierres, de jets de pierres.
04:33Il y a des embuscades qui sont tenues.
04:36On nous fait des faux départs.
04:38On se rend sur un point.
04:39Mais en fait, de l'autre côté, les bateaux peuvent partir.
04:42Parce que vous savez, une patrouille de trois fonctionnaires,
04:45et si on met deux patrouilles dans la nuit sur un point de départ,
04:48on n'a plus de fonctionnaires.
04:49Donc, ça fait six fonctionnaires avec une cinquantaine de migrants en face.
04:53Que voulez-vous qu'on fasse ?
04:54Donc, je reviens, il nous manque du monde.
04:56Donc, plus d'effectifs.
04:57C'est ce que vous demanderez tout à l'heure au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
05:01attendu sur la Côte d'Opale.
05:02Merci beaucoup, Marc Allaigre.
05:04Merci à vous, bonne journée.
05:05Délégué permanent, unité poliste.
05:07Merci d'avoir été avec nous.